De l'exutoire du dépit - Lavande



 
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De l'exutoire du dépit - Lavande

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Desiderata Rosier
Desiderata Rosier
Âge : 11 ans
Sang : Sang-Pure
Nationalité : Franco-Anglaise
Patronus : Une hermine
Baguette : 27,5 centimètres, peu flexible, bois d'orme et ventricule de dragon
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MessageSujet: De l'exutoire du dépit - Lavande  De l'exutoire du dépit - Lavande Icon_minitimeMar 4 Aoû - 13:49



De l'exutoire du dépit

« Entrée du château »

Septembre 1942

Desiderata achevait son café au lait à petites gorgées, avalant ce qui lui restait de sa tartine couverte d’une fine pellicule de beurre. La lanière de son sac de cuir flambant neuf pendait à son épaule lorsqu’elle se leva de table avec un soupir désenchanté, glissant le petit plan de Poudlard soigneusement plié en quatre dans la poche gauche de son uniforme. La fillette n’attendait plus rien de cette école qui était au moins parvenue à la surprendre, de par la brièveté et la violence de la déception qu’elle avait infligé à son insatiable ambition de sorcière en devenir. La bourrasque l’avait fouetté avec l’aigreur de ces bises marines qui cinglaient son visage poupin et balayaient le sable fin des plages bretonnes au cœur de l’hiver. La toute jeune élève avait surmonté la désillusion du cours de Défense Contre les Forces du Mal, sachant par avance à quoi s’en tenir, la réputation du nouveau Professeur, couplée à son apparence tendre et grâcile, laissait porte close à toute forme d’espoir, même le plus mince, d’un apprentissage digne de ce nom. Et Belladone Raven s’était au moins montré la hauteur de cette inaptitude déjà trop connue, en inaugurant son premier cours de théories défensives idiotes pour lutter contre ces créatures insignifiantes et inutiles qu’étaient les goules, les gnomes de jardin et autres espèces de lutins.

Le coup de grâce avait été le cours de Potions. Voilà une matière qui fascinait Desiderata, et dont elle attendait beaucoup. De plus, contrairement à ce bellâtre de Raven, Horace Slughorn avait laissé sur le sillage de sa brillante carrière une image d’excellent Maître des Potions. Plus encore, il semblait avoir ce don étrange, qui ne l’avait jamais trahi, de dénicher les talents prometteurs dans leur prime jeunesse encore, et de déceler parmi le champ fangeux d’élèves indignes d’intérêt la rareté du pouvoir et du don chez l’élite, dont l’éclosion serait glorieuse et admirable. Et Desiderata s’était surprise à arquer ses sourcils de cet air dédaigneux qui collait à sa peau d’enfant trop sûre d’elle, rechignant à rejoindre ce prétendu club trié sur le volet, que dirigeait un vieil homme qui lui enseignait les rudiments de la Potion d’Amnésie et les remèdes contre les Furoncles, quand la fillette maîtrisait déjà la Solution de Force et s’essayait au Veritaserum et au Philtre de Mort Vivante. Que ce vieil homme et le peu de crédit qu’il avait désormais aux yeux de Desiderata garde donc les places restreintes de son club ridicule, quand il y accueillait tous les sangs sans distinction, et quand il se drapait de cet air indigné qui lui faisait offense, chaque fois que l’on évoquait la Magie Noire devant lui.

Alors qu’attendre d’un cours aussi stupide que la Botanique, quand deux matières aussi fascinantes se trouvaient ainsi bâclées par des Professeurs bien-pensants et sans intérêt ? Une irrépressible envie de préserver une heure de son précieux temps en s’exemptant de cette corvée ralentissait les pas traînants de la fillette, qui était à deux doigts de rebrousser chemin pour les Cachots, rêvant soudain de s’installer au fond d’une de ces banquettes de cuir pour y poursuivre la lecture de son ouvrage favori. Ce caprice de paresse et de provocation éhontée tenailla un instant l’esprit de la fillette, qui resta plantée un moment, hagarde, immobile sous l’arcade de l’immense porte d’entrée du Château. L’enfant semblait insensible à la fraîche caresse de la brise automnale sur ses joues blanches, et à ses boucles blondes qui dansaient une valse légère au gré des caprices du vent, pour retomber avec une grâce inconsciente sur les petites épaules roides de mutisme et de dépit, devant l’alternative qui s’offrait à elle.

Car elle le savait bien, Desiderata, qu’elle prenait ses désirs pour ses réalités. Et, engoncée dans les tréfonds de l’irrépressible envie de s’adonner au confort et au plaisir d’une lecture paisible, le sentiment de perte de temps et la contrainte de la stupide leçon qui s’annonçait ne faisait qu’accroître son exaspération. L’enfant capricieuse supportait bien mal les contrariétés que ses aïeuls avaient pris soin de lui éviter ces onze premières années. Aujourd’hui à Poudlard, Desiderata devait bien admettre qu’elle avait un mal fou à se conformer à tout un tas de règles idiotes, dont elle ne partageait ni l’éthique ni la logique, et vivait fort mal cette infantilisation à laquelle le soumettait le corps enseignant, quand elle était traitée et respectée presque comme une adulte, au sein du Manoir Rosier dont elle était la petite reine, despote et incontestée. Et le dépit, insidieux, se muait en colère, et les petits poings blancs se serraient malgré elle, devant cette école maudite qui se moquait d’elle, devant la médiocrité de l’éducation dispensée par une des plus anciennes et prestigieuses écoles du monde de la sorcellerie, de par l’ignominieuse doctrine que la direction clamait haut et fort, scandant que les enfants de Moldus, les Sang-Mêlés et autres hybrides, pouvaient se croire légitimes d’étudier la Magie, et se prétendre les égaux de sorciers véritables dont ils entâchaient le quotidien de la souillure de leurs pas.

Pourtant c’était bien une des leurs qui arrivait à point nommé. La pire de toutes peut-être, catalyseur de toutes les engeances qui faisaient le mépris de la fillette qui semblait soudain sortir de sa torpeur, comme cinglée en plein visage par l’apparition de cette sombre fille, dont la présence en ces murs ancestraux frisait l’injure. Desiderata elle-même ignorait ce qu’elle reprochait le plus à son aînée qui s’avançait la tête basse, ses longs cheveux noirs battant son visage de craie au rythme de la brise et de sa démarche incertaine. Son origine honteuse, bien sûr, qui aurait dû la condamner à la réclusion au fond de cette campagne anglaise qui avait vu sa naissance contre nature ; cette indécence qu’elle affichait en se montrant ouvertement entre ces murs ; cette mine constamment affligée et résignée de fille qui souffre sans rien dire, comme muette et imperméable aux tourments légitimes infligés par tous qui supportaient l’affront de sa présence comme une gifle, répercutée à eux, à tous leurs ancêtres, ainsi qu’aux illustres fondateurs d’une école qui était tombée plus bas que terre ; c’était son inaptitude à la Magie aussi, cette nullité confondante, cette médiocrité qui ajoutait à l’injure de sa naissance, cette incapacité notoire à contrôler ce qui ne lui appartenait pas, comme si la nature reprenait ses droits immuables, malgré l’odieux larcin que cette créature lui avait arrachée ; mais c’était surtout l’orgueil bafoué de celle qui avait vénéré la seule maison digne de ce nom de Poudlard, et qui abritait désormais en son sein cette pauvresse dénuée d’ascendance magique, sur la simple volonté d’un objet millénaire enchanté qui avait scandé sa décision sans paraître se soucier de la plaie béante qu’il infligeait à la mémoire du grand Salazar Serpentard. Et celle-ci s’accommodait d’un sort qui ne lui revenait pas, se complaisant dans cette odieuse mascarade, paradant avec l’air de quelqu’un qui subit une vie que la décence aurait dû la sommer de refuser.

Mais non. Elle était là, encore, toujours, jusque dans sa salle commune, jusque dans sa chambre, à lui infliger la présence nauséabonde de sa nature et de sa médiocrité qu’elle étalait sur ce visage résigné de tout. C’en était presque frustrant, de ne pas la voir réagir aux tourments et diverses humiliations que Desiderata affûtait avec soin, ayant trouvé là la victime parfaite à l’épanchement d’une cruauté raffinée qu’elle se découvrait chaque jour un peu plus vivace, à mesure que des ombres impies comme celle-ci croisaient son chemin trop souvent.

- Diffindo !

Murmuré plus qu’articulé, le maléfice avait pourtant atteint sa cible, visée discrètement par Desiderata qui avait dissimulé sa baguette sous sa robe. Les coutures déjà élimées du sac de toile usé jusqu’à la corde craquèrent d’un coup sec, éparpillant avec fracas son contenu brouillon sur le seuil du château. Tous plus rapiécés les uns que les autres, les livres gisaient, sens dessus dessous, certains s’étant ouverts dans leur chute, laissant claquer au vent d’automne leurs pages défraichies et rendues jaunâtres par l’outrage du temps. Un flacon d’encre s’était brisé dans ce charivari provoqué, et une flaque noirâtre, brillante, s’élargissait dangereusement sur la pierre, inondant les notes brouillonnes qui gisaient éparses, au hasard du vent et de la chute, rendues illisibles par le contenu du flacon qui souillaient la blancheur déjà toute relative des parchemins.

- Tu pourrais faire attention !

Desiderata s’était exclamée de façon faussement surprise et indignée, un sourire sardonique à demi dissimulé s’esquissant sur ses lèvres. La jeune fille s’était déjà agenouillée pour tenter de sauver ses affaires du désastre causé par le vent et le flacon brisé qui répandait son encre noire sur ses parchemins, mais dans la précipitation, et grâce au concours de la brise aigre, les feuilles s’envolaient de ses doigts crispés avec maladresse, et les livres et plumes s’échappaient de ses bras surchargés. La fillette en profita pour examiner à loisir la créature qui lui inspirait un tel dédain, s’étonnant ce matin de trouver un certain réconfort à sa frustration en s’en épanchant sur cette Moldue qu’elle détestait cordialement. Elle ne parvenait jamais vraiment à scruter le visage de son ennemie à sa guise, celle-ci le gardant toujours baissé, rasant les murs, ses longs cheveux noirs en dissimulant les traits, comme pour fondre l’insulte de sa présence dans la pierre d’un château qui ne voulait pas d’elle. La fillette toussota pour attirer l’attention de son aînée agenouillée sur la pierre froide, et c’est avec un ton presque doucereux qu’elle pointa l’horizon du doigt :

- Où étais-tu fourrée à cette heure-ci ? Tu as passé la nuit dehors ? Ce serait une bonne idée, ceci dit, de nous soulager de ta présence, au moins pour dormir. Mais tu devrais faire attention à ne pas aller n’importe où toute seule ; tu sais, je ne suis pas la seule à détester les Moldus imposteurs dans ton genre.

Le sourire de Desiderata s’élargit, cruel, son pied repoussant d’un geste dégoûté un des livres racornis vers la silhouette agenouillée, suffisamment fort pour que le coin s’entrechoque contre un des genoux cagneux. La menace était fondée et très claire. La fillette et plusieurs de ses comparses ne rateraient pas l’occasion de laver l’affront qui était fait à leur sang et à leur ascendance, si Lavande venait à les croiser en un coin reculé du Parc, ou dans les couloirs en pleine nuit.

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Lavande Huntergrunt
Lavande Huntergrunt
Âge : 17 ans.
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MessageSujet: Re: De l'exutoire du dépit - Lavande  De l'exutoire du dépit - Lavande Icon_minitimeJeu 13 Aoû - 14:50



De l'exutoire du dépit

« et ça continue, encore et encore »

Septembre 1942

Il ne restait plus que deux ans. Deux ans avant de retourner dans l’immensité absurde et dégoûtante de sa piètre existence. Où elle retournerait dans un insupportable entre-deux, un monde sans but et où son existence même n’aurait moins d’importance encore qu’une chèvre. Au moins les animaux étaient utiles. Aurait-elle le droit de récupérer la maison de sa mère ? La population vieillissante du village finirait par l’oublier et la jeunesse irait en ville. Peut-être y aura-t-il un jour où le sang neuf de la campagne lui permettrait de refaire une vie sereine, loin de ses traumatismes et pourtant vivant sous le toit où ils naquirent. Elle songeait à une vie solitaire, avec des poules et des canards qu’elle entretiendrait dans un petit enclos juxtaposant la fenêtre de sa chambre, qui donnait autrefois sur un joli jardin. Loin des humains qui s’agitaient comme des asticots dans une carcasse liquéfiée. Moldus comme sorciers, ils lui donnaient tous la gerbe. Ils se haïssaient autant qu’ils se ressemblaient. Alors il y avait elle, entre les deux. Un furoncle d’imbécillité morbide qui avait grandi dans la haine, celle de soi et celle des autres.

Lavande regardait nonchalamment sa baguette tordue. Si elle détruisait Poudlard, elle ne pourrait pas repartir tranquillement dans son oubli. La née-moldue mourrait dans l’acte, si elle n’était pas envoyée à Azkaban. Elle avait entendu parler des Détraqueurs, avait lu des choses sur eux. Des choses qui la faisaient bien rire. Peut-être était-ce ses expériences dans la Forêt Interdite qui la faisait imaginer cela, mais la serpentard s’estimait orgueilleusement capable de faire ami-ami avec ces créatures des ténèbres. Elle n’avait nul joie dont ils pouvaient se nourrir.

Ce n’était que le début de sa sixième année, mais Lavande savait déjà que rien ne changerait. C’était peine perdu. Elle avait vu les nouveaux venus de Serpentard être pris à parti par les autres élèves, dans une tradition séculaire de mépris qui se transmettait d’années en années. La née-moldue savait même qu’une démonstration de ce qu’il fallait faire en sa présence avait été amorcé. Le souvenir de sa cuillère brûlante, le jour de la Répartition, restait vivace dans sa main. Elle en avait fait disparaître la cicatrice à l’infirmerie, pour une fois qu’il servait à quelque chose. Et pourtant, quelque chose avait changé durant ce repas. Elle qui ne regardait jamais la table des professeurs, ni les autres élèves, rien ni personne d’autre que son potage, avait pour une fois lever les yeux vers les immenses candélabres d’or… et l’avait vu. Ce petit ange aux yeux qui souriaient, l’innocence et la propreté d’un prince, ses joues rougies par l’excitation de l’instant ; il respirait quelque chose de chaleureux et d’inaltéré, tout le contraire d’elle. Cette simple pensée lui fit baisser les yeux. Son coeur battait aussi vite qu’il se resserrait sous la peine. Non… ce n’était pas de la peine, c’était de l’espoir. Ce sentiment qu’elle n’avait pas ressenti depuis si longtemps, qu’elle avait réprimé, refusé, enfermé à double tour ; car c’était cela, la douleur subite qu’elle ressentait, celle qui la força à relever les yeux vers le nouveau professeur de défense contre les forces du mal. C’était de l’espoir. Elle avait perdu le souffle. C’était ridicule. Le sentiment qu’elle ressentait n’était certainement pas de l’amour, mais de la curiosité, de la tendresse peut-être, tout du moins une impression de rêverie. Durant la semaine qui suivit, Lavande l’attendit pourtant à chaque tournant de couloirs et durant les repas, le couvrant de son regard comme le dévorant en lieu et place du repas. Elle se détestait de faire preuve d’aussi peu de maturité, se pâmer comme la dernière des gamines devant un prince charmant. C’était risible, totalement illogique. Rien ne pourrait les rapprocher, à moins d’une coincidence auquel Lavande ne croyait plus depuis longtemps.

N’en était la preuve que durant le premier cours où elle avait eu la joie de pouvoir l’observer sans honte, elle s’était faite remarquée de la pire des façons, se moquant involontairement son professeur en le mettant dans l’embarras, faisant voler cette plume de ses mains alors qu’il travaillait. Au-delà d’avoir fait perdre des points à sa maison, s’accusant l’acharnement de celle-ci pendant une bonne semaine, elle passait pour une petite délinquante. Pendant le reste du cours, et de tout ceux qui avaient suivi, la jeune fille avait savamment fait profil bas. Rester invisible était encore ce qu’elle savait faire de mieux, et c’était toujours ça plutôt que de se ridiculiser.

Lavande repensait pourtant souvent à cet incident, et s’en voulait toujours plus à chaque fois. Elle y repensait en mangeant, avant d’aller s’endormir, en allant en cours et comme aujourd’hui, en revenant de sa clairière. Aussi marchait-elle comme un fantôme, absente de tout ce qui se passait autour d’elle, ses songes l’absorbant plus que le son des battements de son propre coeur… quand soudainement son sac se déchira, faisant couler son contenu sur le sol. Une pomme qu’elle avait gardé du petit déjeuner pour son goûter se mit à rouler jusqu’aux pieds d’une première année. Celle-ci avait l’apparence de la parfaite petite peste, le blond de ses cheveux allant à merveille avec son uniforme vert et argent. Mais la née-moldue n’y faisait pas attention, essayant de récupérer les feuilles volantes qui disparaissaient déjà plusieurs mètres plus loin dans le vent chaud, la flaque d’encre menaçant de tremper ce qui en restait. Tandis que la petite fille la narguait d’une phrase qu’elle avait assez entendu pour savoir ironique, Lavande mit tous ses efforts pour récupérer ses prises de notes.

Au bout d’un moment, dérangée par ses cheveux qui se plaquaient contre ses yeux et dans sa bouche, Lavande abandonna les feuilles dans le lointain. Elle cessa de s’agiter et après un long soupir, entama de récupérer au moins ses livres et sa plume. A quoi bon. Qu’elle récupère ses notes ou non, la sorcière était vouée à échouer. Elle se démenait contre le vent, lutter dans une mélasse sombre où tous les éléments se jouaient de sa détresse et de sa volonté de bien faire. Lentement, elle posa les livres sains d’un côté et ceux souillés de l’autre. Il lui faudrait demander à Jasper de les nettoyer avec un sort… elle s’en voulait déjà, mais il lui faudrait également lui demander de lui prêter une nouvelle fiole d’encre… et ses prises de notes. C’était de nouvelles heures à la salle d’études, à recopier et à recopier… Mais déjà la petite blonde essayait faussement d’attirer son attention par un toussotement digne des plus grands, avant de pointer la Forêt Interdite de son doigt accusateur. Que faisait-elle à cette heure-là dehors, que de toute façon elle ferait mieux d’y rester, afin de ne pas avoir à leur imposer sa présence – et certainement sa puanteur de paysanne – à leurs délicats sommeils de princesse. Contre toute attente, sa dernière phrase fit sourire Lavande. Faire attention à elle hein ? Ça les arrangerait pourtant bien, tous autant qu’ils étaient, de savoir son cadavre dévorer dans un coin de la nature, offert aux corbeaux et aux mouches, une poubelle ouverte. La petite fille acheva son discours en frappant un des tas de livres du bout de son soulier reluisant, le tas s’effondrant sur les genoux de Lavande. Cette dernière restreint la colère qui commençait à vrombir en elle, ce souffle glacé qui pétrifiait son corps, un grognement naquit du fond de sa gorge, changeant son visage à l’image d’une bête sauvage, à deux doigt de montrer ses canines.

Là où je vais, ils détestent tout le monde. Souviens-toi de ça, si jamais tu essaies de me suivre.

Oui, la personne qui la suivrait dans la Forêt Interdite sans y avoir été invité risquerait de regretter amèrement son geste. Lavande termina de ranger les livres propres et les quelques feuilles de cours qu’elle avait pu sauver du désastre, sa plume dans une petite poche intérieur, et se leva en tenant le sac par en-dessous. A cette heure, les Gryffondor de sixième année devait avoir cours de potions avec les Serpentard, voilà qui arrangeait un peu ses affaires. Elle pourrait aussi demander à Jasper de retirer la tâche d’encre qui avait salit sa jupe ; quant à ce qui était de la tâche sur ses genoux, elle passerait aux toilettes durant une pause. Les gens comme cette petite peste de blondasse avariée, et tous ces autres agresseurs, ne valaient pas la peine de s’y attarder ; son tour viendrait, où elle crierait à l’agonie, quand le château brûlera des flammes de l’enfer. En attendant, Lavande passa à côté d’elle, la suivant intensément du regard, un œil troublé de haine qui faisait bouillir l’eau verte de ses iris, la seule chose que l’on pouvait bien discerner derrière ses cheveux sauvages. Les présentations étaient faites.

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Desiderata Rosier
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MessageSujet: Re: De l'exutoire du dépit - Lavande  De l'exutoire du dépit - Lavande Icon_minitimeJeu 20 Aoû - 16:14



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« Entrée du château »

Septembre 1942

Il se dégageait un tel pathétisme de cette silhouette roide aux cheveux pendants, agenouillée au beau milieu du fatras de ses affaires sans âge, que la haine de Desiderata se ravivait un peu plus, fouettée par la perversité du plaisir manifeste qui étirait ses lèvres d’un sourire carnassier. Les fournitures éparses étalaient leur fange ignominieuse aux pieds des deux élèves, virevoltant autour de la pitoyable figure à genoux, se moquant des vains efforts de ses doigts gourds qui tâchaient de se resserrer autour des feuilles de parchemin qui la narguaient de leur impitoyable danse au gré du vent capricieux. La fillette surplombait son aînée recroquevillée sur l’asphalte, son regard de châtaigne mûre durci par une colère féroce, larvée, qui faisait tressaillir sa silhouette d’enfant égarée dans la contemplation des pathétiques efforts de la Moldue qui s’échinait à rattraper des affaires qui ne valaient pas une noise. Un désir sombre, d’une violence inouïe, soulevait la poitrine de la petite fille, troublant l’immobilisme glacial qui la plantait devant le spectacle désolant que son fourbe sortilège avait orchestré. Ce cœur d’enfant, pour sûr n’était pas de pierre, et pire encore que l’indifférence, il martelait ses petites côtes frêles pour l’assouvissement d’un désir brutal, imminent, qui n’admettait aucune demi-mesure. Il fallait qu’elle cesse. Ce même besoin violent de faire arrêter la jeune fille de manger à gestes goûlus, le jour de la Répartition, par la force de sa baguette, la tenaillait aujourd’hui, en la voyant ainsi se débattre avec ses feuilles jaunies et rapiécées qui s’échappaient de ses doigts, et d’écarter ses longs cheveux sans grâce qui obstruaient son visage grisâtre.

La créature révoltante cessa brusquement de se débattre ; et il fut difficile pour Desiderata de démêler le soulagement de la déception latente de n’avoir pas eu le temps de lui faire cesser d’elle-même sa piteuse lutte contre un méfait dont elle était l’auteure. La résignation semblait avoir enfin conféré un semblant de dignité à la pauvresse Moldue qui s’activait à gestes plus lents et plus mesurés à trier ses livres en deux piles, une sauvée du flot noirâtre de l’encre qui s’étalait sur la pierre, une autre souillée déjà, les pages sèches, assoiffées, rassasiées de l’écume de jais qu’elles avaient bu trop vite, sous le regard d’eau sale de leur propriétaire impuissante.

C’est la première pile, celle sauvée des eaux sombres déversées par la magie rageuse de Desiderata, que la fillette poussa d’un orteil révulsé, ce petit pied chaussé d’un soulier au cuir si brillamment verni qu’il semblait lui répugner d’effleurer ces manuels propres, certes, mais vétustes et sans âge. La petite pile déjà branlante vint s’effondrer sur les genoux de la jeune fille, que recouvrait sa jupe visiblement devenue trop courte au fil des ans et dont les plis semblaient s’effacer. Quelque chose changea soudain, à la seconde précise ou le coin racorni du livre d’Histoire de la Magie vint cogner contre le genou osseux de la Sang-de-Bourbe. La douleur avait dû être négligeable, risible même ; aucun stigmate de souffrance n’avait d’ailleurs déformé le visage de brebis égarée au milieu d’un chenil que cette Lavande semblait arborer en toutes circonstances.

Non. Cela avait semblé la goutte d’eau qui brisait la digue de contenance et d’asservissement dont la jeune fille semblait user comme d’un bouclier, que Desiderata, dans une provocation ultime, venait de faire voler en éclats. L’enfant lui avait pourtant fait bien pire lors de cette fameuse Cérémonie de Répartition ; elle lui avait fait du mal, sciemment, gratuitement. Ses lèvres s’étaient retroussées de plaisir, carnassières, sur ses petites dents blanches et proprettes, quand son aînée avait laissé s’échapper une exclamation de douleur. Elle avait jubilé devant cette larme que l’œil d’eau sale avait vite refoulée, et s’était délectée de son triomphe lorsque les vivats de l’école toute entière avaient salué le malheur de la pauvresse. Ce jour-là Lavande n’avait rien dit. Et aujourd’hui, la pointe d’un soulier contre une pile de livres était l’outrage ultime, la provocation dédaigneuse de trop, celle qui faisait fondre soudain la docilité farouche, savamment travaillé, de celle qui n’avait sans doute pas attendu l’arrivée de Desiderata pour cristalliser toutes les haines et les mépris de ceux qui se refusaient à l’injustice de sa présence.

La Sang-de-Bourbe était en colère. Cela crevait les yeux, et le visage de Desiderata s’illuminait d’une joie sadique, parce qu’il est lassant de battre une poupée de chiffon que rien n’extirpe de sa mollesse, et que sans doute c’était là le plan de cette Lavande, de laisser sur leur faim ses bourreaux qui réclamaient un semblant de réaction ou d’affrontement, pour que l’assouvissement de la cruauté soit à son comble. Une joie malsaine étira les lèvres pâles de Desiderata, toisant sans aucune crainte cette fille de Moldue visiblement incapable de Magie se muer sous ses yeux en l’animal que l’enfant l’avait toujours considéré. Un grognement sourd, réprimé, s’étouffa dans la gorge de la créature primitive, tandis que ses traits résolument dociles se transformaient sous une rage froide mais indicible, qui, non loin d’effrayer la cruelle fillette, avait plutôt tendance à attiser le plaisir de la tourmenter. Elle s’y essaya pourtant, ses lèvres retroussées sur dents, sa bouche un peu trop proéminente grimaçant sous la glaciale colère qu’elle tentait d’insuffler à ces quelques mots qu’elle daignait enfin adresser à son malfaiteur juvénile à boucles blondes.

Desiderata ricana, mais son regard étincelant du plaisir cruel de faire du mal s’éteignit soudain, brusquement durci par les propos de son aînée, qui avait échoué à l’effrayer. La fillette n’avait pas peur, mais cette Sang-de-Bourbe était parvenue à la mettre en colère, autant par cette menace sous-jacente, à peine voilée qu’elle avait l’audace de jeter au petit visage roide de Desiderata, qu’à ce ton misérable, faussement raffermi par la colère, d’où perçait un accent rustre que jamais la fillette n’avait eu l’occasion d’entendre. Dans sa petite voix trop solennelle perçait aussi des intonations françaises, de celles qui ne voulaient pas s’effacer et restaient là, ressurgissant, inconscientes, malgré les efforts de l’enfant. Mais il y’avait quelque chose dans les effluves paysannes, grossières, qui s’échappait de la conversation laconique et audacieusement menaçante de la jeune fille, quelque chose qui exacerbait un peu plus sa colère, comme si on avait envoyé sur son sillage une créature qui réunirait tous ces critères de mépris, dans le seul but de lui gâcher l’existence.

Le sourire de Desiderata avait complètement disparu quand la Sang-de-Bourbe se leva, s’apprêtant à partir, sans même s’essayer à un sortilège de réparation sur son sac qu’elle tenait maladroitement dans le creux, sans même paraître capable de nettoyer la tâche d’encre qui étalait sa souillure sur la jupe d’uniforme qui portait pourtant déjà suffisamment d’outrages du temps. Les petits poings de Desiderata se serrèrent devant cette souillon qui vivait à la Moldue à son aise depuis six années à Poudlard, sans que personne ne trouve quoi que ce soit à redire, sans que personne ne s’offusque qu’un être qui ne savait pas se servir de Magie n’avait rien à faire ici. La menace frontale de l’audacieuse Sang-de-Bourbe revint bourdonner aux oreilles de Desiderata, qui restait immobile, usant d’efforts herculéens pour ne pas laisser transparaître la colère qui écumait sous sa chère petite tête blonde d’enfant sage, devant l’effronterie de cette créature, devant l’injustice de sa présence ici, devant l’injure faite au monde sorcier et à la pureté de son sang, devant cette silhouette qui dédaignait la fillette au point de lui tourner le dos et de passer son chemin. Desiderata, la main fixée sur sa baguette, était désormais trop en colère pour accomplir ses méfaits à couvert ;

- Immobilus !

La silhouette se figea de manière instantanée, et Desiderata prit son temps pour amorcer les quelques pas qui la séparait de la fuyarde, se postant avec toute l’insolence de sa petite taille devant la Sang-de-Bourbe réduite à l’immobilité.

- Menace-moi encore et c’est ta langue que je bloquerai, sale Sang-de-Bourbe ! Regarde, pourquoi en six ans tu n’as même pas su faire ça ? Récurvite ! La baguette pointée sur la jupe et le genou de Lavande, les tâches disparurent instantanément sous le moulinet du poignet de l’enfant qui lui faisait face. Tu n’as pas l’impression d’être une insulte ici ? Tu n’as pas l’impression que tu offenses tous les vrais sorciers ? Regarde ! Reparo ! Les coutures du sac se rassemblèrent et, bien qu’encore usé, pouvait de nouveau accueillir son contenu sans que l’élève ait besoin de le soutenir de ses bras. Tu trouves normal de vivre comme une Moldue ici ? Pourquoi est-ce que tu n’es pas restée terrée dans ta campagne crasseuse, hein ? Tu n’as rien à faire ici !

Desiderata n’élevait pas la voix, jetant sournoisement des regards alentours pour s’assurer que personne ne la voyait. Mais la fureur était réelle, et la révolte gonflait son cœur, devant cette aînée incapable de se défendre tant elle n’avait pas sa place ici, et dont la vue la révulsait au même titre qu’une injure qu’on lui jetait en plein visage. L’endroit étant désert, la fillette continua de s’acharner sur sa cible, ne dissimulant pas le dégout qu’elle lui inspirait :

- Je suis en première année et tu ne peux même pas te défendre contre moi, mais ne t’inquiète pas, je ne te suivrais pas, nous arriverons à te trouver ailleurs que dans ces endroits où tu vas te perdre…Furunculus !

Des furoncles et des verrues énormes, de la taille d’une balle de golf, vint défigurer la face grisâtre de la Sang-de-Bourbe réduite à l’immobilité, devant le sourire de la fillette qui s’élargissait, cherchant un autre sortilège lui permettant d’étayer sa théorie, en plus d’humilier un peu plus son aînée qui se permettait de se défendre, lorsque l’on osait lui souligner que sa présence était une insulte ici. L’enfant trouva vite son bonheur lorsque ses yeux se posèrent sur un seau d’eau abandonné plus loin près d’un puits du Parc, sans doute oublié là par le garde-chasse. Il fallut quelques secondes pour que le sort de Lévitation amène l’objet jusqu’à la malheureuse victime de Desiderata qui ne pouvait que regarder sa trajectoire avec une impuissance frustrante, quand, après une brève attente et un sourire plus large encore, l’enfant laissa tomber le contenu sur la tête de sa victime immobile, qui se retrouva soudain trempée jusqu’aux os, frissonnante de l’eau glacée et sale qui devait se répandre jusque dans ses chaussettes. Desiderata la regarda un instant, l’air hésitant, se complaisant de cette attente dans laquelle elle laissait la jeune fille. Puis, après quelques secondes de fausse réflexion, sa baguette se leva et le sortilège d’immobilité fut rompu, laissant à son aîné le loisir de répliquer et de laisser libre court à une fureur, que Desiderata en était sûre, elle n’aurait aucun mal à réprimer.


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Lavande Huntergrunt
Lavande Huntergrunt
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MessageSujet: Re: De l'exutoire du dépit - Lavande  De l'exutoire du dépit - Lavande Icon_minitimeJeu 27 Aoû - 14:15



De l'exutoire du dépit

« et ça continue, encore et encore »

Septembre 1942

Les freluquets de bas étage, les petites midinettes bien coiffés, les fils de et les princesses du vendredi soir, les adolescents frustrés et les intellos bien pensants, Lavande les connaissait mieux que personne. Elle savait la rage qui dormait dans leur complexe d’infériorité, la joie de se trouver une victime innocente, une tête de turc sur laquelle on pouvait dédouaner tout l’inconfort de sa transition hormonale. Le mieux étant que le sentiment était universel. Les uniformes les mieux entretenus aux petits frappes qui se vantaient de ne pas porter leur cravate, tout le monde était venu une fois mater – avec ce petit sourire curieux et sarcastique – le visage amphibien de Lavande à travers ses longs cheveux luisants. Il fallait toujours quelqu’un, et toujours une raison, aussi limité était-elle. Elle était née-moldue, mais si ce n’était pas ça, elle aurait été pauvre paysanne arriérée. Mais la jeune fille enchaînait les fautes au bon goût jusqu’à les imposer aux yeux de ceux qui les haïssaient le plus. Elle n’avait pas choisi d’aller à Serpentard et n’avait jamais eu la preuve qu’elle y méritait véritablement sa place. En première année, une partie d’elle aurait tout donné pour être transféré à Gryffondor, mais ce n’était pas ainsi que les choses fonctionnaient ; les années lui avaient appris que le mal ne se limitait pas aux cœurs des cachots. Il se trouvait en tout être humain, suffisamment libéré des carcans de la politesse pour les exprimer. Aussi Lavande avait-elle fini par se résigner à l’anomalie de son existence, que l’on supportait avec dépit.

Mais qu’il était difficile de se retenir devant des créatures comme cette fillette. Elles finissaient toutes par s’ennuyer, la trouvant flasque et sourde, emplie d’un marasme morbide qui les outraient profondément. La née-moldue, apathique et disciplinée, semblait accepter les punitions obligées à sa condition, alors où était l’amusement ? Ils passaient tous une fois devant elle, comme un sacerdoce, y allant de leur petit sortilège humiliant comme pour tester la solidité de son esprit, et s’en allaient. Lavande, finalement, n’était qu’un jouet pour ses camarades. Sur la centaine d’élèves à Poudlard, il n’y en avait qu’une petite poignée qui revenait à la charge, las de s’acharner sur des premières années pour revenir à leur premier amour d’agresseur, une fois de temps en temps, parfois presque sans la regarder. C’était le plaisir simple de savoir que d’un mouvement de la baguette, lui faire goûter la poussière du sol, ricaner tous ensemble avant de reparler du prochain contrôle du professeur Slughorn. Mais cette fillette-là… Lavande pouvait le sentir dans l’aura qui l’entourait… elle était différente. Elle était profondément mauvaise. Elle était de ces rares individus dont la présence même faisait gronder un monstre dans ses veines, le même qui s’échappait par un long grognement bestial de sa bouche. C’était ces êtres-ci qui frappaient le plus fort, lorgnant avec sadisme sur leurs actes, ressentant un plaisir sincère et sans filtre sur l’humiliation de la bâtarde. Plus les années passaient, et plus Lavande éprouvait une rage s’effilant le long de sa fierté émoussée. Il devenait de plus en plus difficile d’accepter que des gamines de onze ans, des enfants, soient capables de la traîner dans la boue plus facilement qu’une pichenette. Il était difficile d’accepter qu’elle-même n’était que le fantôme de son elle de cinq ans. Cette peine la meurtrissait, la plongeant dans le doute : parviendrait-elle à se retenir de tout exploser avant sa dernière année ?

Son esprit avait développé la capacité extraordinaire de se renfermer sur lui-même, la rendant imperméable à tout ce qui voulait lui faire du mal. Il lui fallait tout de même quelques minutes pour enclencher l’interrupteur. Les agressions se faisaient parfois si soudaine et brutale qu’elle n’avait pas le temps de s’en protéger. À ce moment précis, alors qu’elle s’occupait à séparer les livres comme on sépare le bon grain de l’ivraie, Lavande ne pensait pas en avoir besoin. La fillette se lasserait si elle l’ignorait. Très naïvement, Lavande s’imaginait que cette petite princesse, blonde avec son petit minois blanc toute propre sur elle, prendrait peur sous la menace. C’était le genre de gamine qui n’était pas vraiment capable d’aller au bout de quoi que ce soit, trop assistée par les siens ; une petite bourgeoise insupportable à qui l’on avait toujours tout offert, capricieuse et sucrée. Mais son regard… ce regard avait une expression acérée, d’une haine qui n’avait plus rien de la fine couche de mépris versatile. Elle ne la détestait pas.

Ce n’était pas le désir de simplement la voir disparaître, ni même le plaisir de la martyriser jusqu’à ce qu’elle se brise elle-même… c’était beaucoup plus intense et pernicieux. Cette petite boule de marbre voulait sa mort, et en relevant la tête après avoir fini de remplir son sac, Lavande croisa son regard : un frisson encore inconnu parcourut sa colonne vertébrale. Plus noir qu’une nuit sans lune, plus incisif qu’une lame, plus désespérément mauvais qu’un détraqueur, ce fut une évidence. Cette petite voulait plus que sa mort ; elle voulait en être l’investigatrice. Lavande eut, pour la première fois, la peur de l’herbivore dans ses poumons, manqua de souffle tandis qu’elle se reculait pour mieux repartir vers son cours. Si elle voulait l’affronter ici et maintenant, Lavande ne mourrait pas sans se battre ; elle n’était pas une cracmol. Ce fut pourtant avec un pas pressé, incontrôlable, qu’elle s’avançait jusqu’aux portes du Hall… jusqu’à ce qu’un sort bien connu ne l’immobilise. La panique la pénétra, glaçant ses membres. Inspirer, expirer. Le moment était venu de disparaître ; bientôt son esprit se cacha auprès du voile noir de la bête inconnue qui rongeait son ventre. Pas un son ne s’échappa de ses lèvres, pas une expression de son visage ne dévoila l’insupportable mélange des émotions qui creusaient de longs sillons dans le cœur de Lavande. Des sillons crées par une main se plongeant dans la terre meuble, quelques secondes avant qu’elle ne soit trainée dans la tombe. Lavande vit la fillette revenir vers elle, les traits de son minois de poupée déformés par une dégoûtante colère. C’était une princesse, que l’on ne pouvait menacer sans en subir les conséquences. Elle usa alors de l’humiliation la plus vicieuse ; nettoya d’un coup de baguette magique les taches d’encre, répara son sac déchiré. En moins d’une minute, elle avait réparé tous les dégâts qu’elle avait causé sur ses affaires, insistant sur le fait que Lavande n’était même pas capable d’en faire le quart après six ans d’études à Poudlard… qu’elle n’était qu’une insulte pour les sorciers. Ce qui était sûr, c’est que Lavande la trouvait plus douée et originale dans ses actes que dans ses paroles.

Si bien que la née-moldue ne parvenait pas à se concentrer, son esprit revenant sans cesse, surprise et déconcertée par la situation, sa fierté mise à mal d’être ainsi « aidée » par son ennemie. Ses doigts immobilisés se mirent à trembler imperceptiblement. Que faire ? Elle ne pouvait plus rester comme ça, c’était impossible. Fuir n’était plus une option, mais parler n’en était pas une non plus. Alors la fillette lui rappelait qu’elle était incapable de se défendre face à elle, et qu’elle parviendrait à ses fins. Oui, Lavande était sans défense, tandis qu’elle sentait son visage se déformait d’épais furoncles juteux qui lui gâchèrent bientôt la vue, gonflant ses paupières et les commissures de ses lèvres. Elle ne put que vaguement voir le seau d’eau venir jusqu’à elle, aussitôt suivi d’une sensation glacée qui frappa son corps. L’eau s’égoutta de ses cheveux, s’infiltra dans ses habits et forma une flaque à ses pieds. Elle coula le long de son visage, emportant un peu du pus des furoncles qui se déversèrent calmement jusque dans son décolleté. Son cerveau s’éteignit l’espace d’une seconde, observant la scène d’un œil extérieur, songeant à quel point elle devait être pathétique. Beaucoup lui disaient ces choses ; qu’elle ne valait rien, qu’elle n’était qu’un déchet, une insulte, une honte, un monstre. Mais elle était trop importante comme bouc-émissaire à leurs yeux pour être tuée. Maintenant elle savait que pour cette fillette, il fallait qu’elle meure. Le sentiment était terrifiant. Lavande fut si abasourdie par la sophistication savante avec laquelle cette sorcière aimait l’humilier, qu’elle ne sentit même pas le sort d’immobilisme s’arrêter, affaissant son corps dans la flaque de boue. Elle tomba à genou, les fesses sur les talons ; reprenant une respiration sifflante à cause des furoncles. La née-moldue connaissait le sort pour se libérer de cette plaie, mais elle avait peur de comment cela pourrait dégénérer. Lentement elle sortit de son apathie, reprenant le contrôle de son corps, sentant ses muscles la brûlaient d’envie de vengeance. Lavande se retourna vers la gamine, la fixant du morceau de l’unique œil valide qui lui restait.

Soudainement, la lumière s’assombrit, jusqu’à ce que l’on remarque que les nuages avaient recouvert le ciel ; des nuages d’un noir brouillon. L’air était devenu lourd, électrique, l’appel d’un orage d’été. La chaleur se fit étouffante, collant la sueur au corps. Devant elle, ce petit morceau de fille, qui lui arrivait en bas du torse ; cette enfant précieuse dont les mèches blondes farfouillaient son visage avec délicatesse. On lui aurait donné le bon dieu sans confession, tant elle paraissait angélique. Mais cette haine qui transpirait dans son sourire la rendait hideuse.

- Je suis sincèrement désolée pour toi, tu es si laide, parvint-elle à siffler entre ses dents, mais tes parents doivent être si fffiers de toi.

Lavande s’approcha de quelques pas vers elle, calme. C’était en tout cas l’impression qu’elle donnait, car au fond d’elle, ses muscles bouillonnaient, son estomac creux rendait son esprit groggy d’une rage qui ne parvenait à s’éteindre. Une telle frustration, qui se répercutait sur le ciel, aux nuages si bas qu’ils semblaient se fondre en brouillard autour d’eux. Les couleurs chaudes se transformaient en aigreur désaturée, rendant l’apparence de Lavande encore plus monstrueuse.

- Tu te crois exceptionnelle? T’es pas la première à essayer de me faire du mal, et tu ne seras pas la dernière. Essaye, continue, humilie-moi, détruis-moi, anéantis-moi, avec ta tête de bébé.

Un grondement sinistre chuintant au-dessus de leur tête, levant un vent glacial alors qu’ils étaient encore en été. La nature s’était tue. C’était la première fois que Lavande utilisait la provocation comme réponse. Mais cette petite garce avait ce quelque chose que la née-moldue ne pouvait laisser passer. Personne ne remarqua qu’à l’ancienne position de Lavande, de toutes petites fleurs blanches avaient poussé à l’état de bourgeon.

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Desiderata Rosier
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MessageSujet: Re: De l'exutoire du dépit - Lavande  De l'exutoire du dépit - Lavande Icon_minitimeLun 31 Aoû - 16:20



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« Entrée du château »

Septembre 1942

La Née-Moldue subissait, immobile et impuissante, le déferlement de rage de sa terrible cadette. Et c’était cette paralysie contrainte, ce stoïcisme incapable, qui, précisément, rendaient Desiderata folle de colère. Loin d’annihiler la haine sourde que la fillette ne contrôlait qu’avec une peine immense, l’humiliation qu’elle infligeait à son aînée n’ayant finalement pas l’effet de satisfaction cruelle escompté, la haine de Desiderata se décuplait dangereusement. Ecumant de ses yeux de châtaigne mûre devenus presque noirs, de ses petits poings crispés avec tant de force que les jointures blanchissaient à vue d’œil, sans doute devait-elle être méconnaissable, cette petite poupée roide aux joues rosies par la rage et aux boucles rendues électriques qui virevoltaient éparses sous l’impulsion de cette fureur innommable qui la défigurait. Alors quoi, cette grande fille qui la dépassait de deux bonnes têtes se laisserait donc tuer sans sourciller ? Alors quoi, Desiderata avait-elle eu à ce point raison sur son compte que la magie qui coulait dans ses veines se révélait donc insuffisante même à la plus primaire des légitimes défenses ? C’en était décevant, presque, et la fillette en aurait ouvert la bouche de stupéfaction, tant elle avait cru impossible de dédaigner un peu plus cette pauvresse à l’ascendance plus miséreuse encore que les frusques qui lui collaient à la peau et lui conféraient un air si déplorable.

Lavande ne pouvait rien contre elle, et la pitoyable Moldue montrait là l’étendue de son pathétisme en se laissant infliger le sortilège de sa cadette sans broncher. Voir fleurir ces furoncles purulents sur le visage grossier et sans grâce de la paysanne eut cet effet paradoxal et assez incroyable de susciter une tempête indescriptible d’émotions chez l’impétueuse enfant, au caractère entier, peu coutumier des vents contraires. Le moindre sentiment chez Desiderata prenait une ampleur affolante, brutal, violent, lui dévorant les sens jusqu’à la rendre aveugle au monde et aux autres, inaccessible aux autres émotions qui se heurtaient à sa jeune âme toute entière à la merci de l’émoi qui l’accaparait. Mais ici la colère devant l’indifférence résignée de sa misérable victime prenait le pas sur le plaisir de la voir ainsi défigurée, fut-ce temporaire, fut-ce privée de l’exquise humiliation d’un auditoire moqueur et braillard. Ce n’était plus la rage sourde de tout à l’heure, c’était le dépit amer de constater à quel point elle avait eu raison, à quel point cette Moldue usurpait sa place et injuriait les vrais sorciers de sa présence, étrangement adouci par la lueur de crainte presque imperceptible qu’elle crut apercevoir dans le regard tuméfié de sa victime, lorsque le seau d’eau glacé s’approcha.

Desiderata prenait un plaisir évident à ralentir la lévitation, laissant planer l’ustensile et son eau sale, gelée, à la surface recouverte des feuilles mordorées que l’automne laissait choir. Lavande semblait pourtant mettre un point d’honneur à ne pas faire entendre le son de sa voix, à ne pas laisser s’extirper un quelconque gémissement, le moindre cri ou la plus petite des supplications. Non, la Moldue infâme semblait décidée à subir son sort, mutique, gâchant sciemment le plaisir de bourreaux qui la tourmentaient aussi pour le plaisir de voir sur son visage les stigmates craquelés et las des humiliations qui avaient pour but de la briser. Un très léger mouvement de la main, presque imperceptible, et le seau se déversa d’un coup sec, laissant choir son contenu répugnant sur la chevelure pendante de Lavande, de minces filets putrides se mêlant au pus humide des furoncles que l’eau avait crevé sur son violent passage. La fillette réprima une grimace de dégoût devant l’odeur âcre des abcès qui avaient crevé, et dont le pus brunâtre se mêlait à l’eau dégoûtante pour se frayer un chemin sous la chemise de sa cadette, déjà grise et élimée jusqu’à la corde.

Le plaisir sans joie, la satisfaction de cruauté avide de la fillette atteint son apogée lorsque, d’un nouveau mouvement de la main, elle libéra son aînée de l’immobilité dans laquelle elle l’avait recluse. Malgré ce dépit devant cette médiocrité ambulante qui osait errer et fouler les mêmes couloirs que les plus grands sorciers que le millénaire avait connu, il y’avait cette enivrante sensation de pouvoir qui la comblait d’une euphorie malfaisante, la repaissant d’une incroyable sensation de puissance qui confinait dangereusement à la tyrannie. Cette Lavande était désormais libre de ses mouvements, mais uniquement parce qu’elle en avait décidé ainsi, et cette souveraineté sur les faits et gestes de la pitoyable Sang-de-Bourbe lui conférait une allégresse lugubre, la contemplant choir sur ses genoux cagneux, dans toute la laideur de son humiliation et de son impuissance, dont Desiderata était la seule instigatrice. De fait, la misérable élève, souillon et dépenaillée, n’avait jamais paru si laide que gisant ainsi dans l’ignominie fangeuse de son impuissance, de la mascarade de son existence entre ces murs sacrés, de l’injure de ces veines qui ne trouvaient pas même une seule goutte de sang de Sorcier pour s’extirper du bourbier putride au fond duquel elle pataugeait sans rien dire. De minces filets d’eau coulaient de ses cheveux trempés, agrandissant la flaque qui encerclait sa silhouette défaite et agenouillée aux pieds de son bourreau, la respiration difficile, suffocante, éborgnée par les furoncles appliqués par Desiderata avec un peu trop d’enthousiasme, et qui donnait à cette Lavande l’air grossier et comique d’un troll des montagnes.

Desiderata aurait avalé le flacon entier de Poussos -dont elle avait violemment recraché la grande cuillère administrée par grand-mère lorsqu’elle s’était cassée le poignet à sept ans-, plutôt que d’avouer le certain courage qu’avait la pauvresse sans pouvoirs, trouvant encore la hardiesse de se retourner vers elle et de la toiser de son œil unique, avec un air de défi au fond duquel brillait un sombre désir de vengeance. Ses lèvres déformées par les furoncles et par la rage se décrispèrent non sans peine, et c’est toujours avec un certain tempérament, que Desiderata aurait admiré en d’autres circonstances, ou chez une moins lamentable personne, que s’extirpa difficilement la réplique acerbe, insolente, qui fit tressaillir d’indignation la fillette victorieuse plantée devant elle. Etait-ce vraiment la jeune fille crasseuse, dégoulinant d’eau putride et de pus, défigurée par les furoncles, attifée de haillons à la vague odeur de rance et de moisi, qui parlait de laideur ? Etait-ce vraiment cette enfant de Moldus misérables, cette moins que rien, qui parlait de ses parents ? Sa réplique furieuse, pourtant, mourut dans sa gorge, et ce fut son propre poignet à elle, qui s’apprêtait à laver l’injure, qui fut frappé d’immobilisme cette fois. Car Desiderata n’entraperçut qu’à cette seconde même le déclin brutal du chétif soleil d’automne, qui avait enfin réussi à percer les brumes qui subsistaient de l’aurore, et qui, subitement, s’était vu engloutir par de lourds nuages d’acier, invisibles à l’horizon quelques secondes auparavant. Ils semblaient avoir fait irruption comme par Magie, appesantissant soudain le Parc d’une noirceur d’encre de tombée de la nuit. Par Magie. Desiderata fixa d’un œil incertain la créature à ses pieds, qui se relevait non sans peine.

Non, c’était impossible. Toutefois, l’enfant ne put réprimer cette lueur vacillante d’incertitude qui étincelait faiblement dans son regard obscurci par la folie, lui conférant un aspect plus humain, mais trahissant également la faille qui ébréchait soudain son petit pouvoir qu’elle avait cru infaillible. Une inquiétude qu’elle ne s’avouait pas, réelle pourtant, fit vaciller les certitudes de Desiderata, et le plaisir de l’ascendant qu’elle avait sur la Moldue. L’idée qu’elle puisse être l’auteur d’une si formidable Magie lui était inconcevable, inimaginable encore à son esprit trop persuadé de l’infertilité des veines de Lavande, inaptes à la Sorcellerie. Et pourtant, il n’y avait personne d’autre alentours, ami ou ennemi. L’un se serait manifesté en applaudissant les tourments qu’infligeaient la fillette à sa victime, tandis que l’autre se serait rué sur le bourreau avec une punition ou une retenue à la hauteur de son méfait. Non, il n’y avait qu’elles deux, et ce phénomène qui n’avait rien de naturel, et qui ne pouvait pas venir de Desiderata. L’enfant maîtrisait trop sa Magie pour se laisser aller à un sortilège qu’elle n’avait pas décidé, et, bien qu’elle ne l’admettrait jamais, elle n’avait pas et n’aurait sans doute jamais le niveau pour une pareille Magie.

Le regard de châtaigne mure de l’enfant devenait indécis, à mesure que Lavande approchait, créature des enfers, hideuse, défigurée, trempée, semblant nimbée par ces cieux d’aciers qui l’encerclaient dans une aura sinistre, lui conférant un air proprement terrifiant qui, peut-être, aurait fait fuir à toutes jambes une autre élève que Desiderata. Si la fillette ne fuyait pas, elle avait pourtant perdu de sa superbe, et elle restait plantée par toute la force de sa haine et de son mépris, regardant s’avancer cette silhouette monstrueuse, fondue dans l’acier d’un horizon qu’elle semblait avoir mué sans armes et sans incantation. Lavande s’était plantée face à elle, la tête baissée pour pouvoir la regarder. Le flot éhonté de provocation s’extirpait de ses lèvres tuméfiées, sur lesquelles s’écoulait un filet brunâtre d’un abcès qui avait crevé, les crachant à la face poupine de la fillette que l’indécision et la stupeur avaient rendu muette, un moment. L’indignation et la colère, pourtant, reprirent un instant le dessus sur l’effroi passager de la fillette qui releva un menton roide et tremblotant de colère :

- Ma tête de bébé pourrait devenir ton pire cauchemar, si tu t’entêtes à m’insulter ou à parler de mes parents, quand les tiens sont sûrement de sales Moldus crasseux qui ont dû te jeter dès ton arrivée ici !

Mais un vent aigre, tourbillonnant, presque un cataclysme, avait clôturé le flot de haine de la fillette, éclatant en une détonation lugubre, qui fit sursauter l’enfant sur ses pieds, dont le visage, soudain, s’assombrit, perdant de cette superbe et de ce dédain outragé qui semblait la rendre plus grande qu’elle n’était. Desiderata semblait redevenir une enfant, confrontée à une peur rationnelle, à l’effroi réel d’une Magie qui dépassait tout ce qu’elle avait pu imaginer, et qu’elle ne pouvait concevoir émanant de cette créature qui se comportait en Moldu et qui, de surcroit, était désarmée et en position de faiblesse. L’œil vacillant et la voix au chevrotement mesuré, presque imperceptible, la fillette tenta de dissimuler sa peur et son incertitude naissantes par cette insolence outragée qui la caractérisait :

- C’est toi qui est en train de faire ça ?

D’un œil qu’elle s’efforçait de garder assuré, Desiderata désigna les cieux tourmentés, subitement orageux, grondant d’un sombre présage qui n’augurait rien de bon. Elle ne voulait pas y croire, alors que la certitude s’étalait sous ses yeux, terrifiante et inconcevable, les englobant toutes deux, elle et la silhouette monstrueuse de celle qu’elle avait elle-même défiguré, et qu’elle ne voulait pas croire avoir sous-estimé à ce point. Il y’avait une explication, une autre, rationnelle, à l’effroi que lui procurait cette grandiose et terrible magie, mais la pitoyable Moldue ne pouvait pas en être à l’origine. Il y’avait de ces vérités immuables qui se passaient d’explications, malgré la preuve irréfutable qui s’étalait devant des yeux incrédules, sciemment aveugles, qui se refusaient à voir l’évidence. Non, Desiderata n’y croyait pas. Elle n’y croirait jamais. La Magie, la vraie, aussi pure, aussi grandiose, ne se révélait qu’aux sorciers dignes de ce nom.


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MessageSujet: Re: De l'exutoire du dépit - Lavande  De l'exutoire du dépit - Lavande Icon_minitimeVen 4 Sep - 14:37



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« et ça continue, encore et encore »

Septembre 1942

Lavande regrettait que sa figure ne soit qu’un amoncellement de chair en cloque putride, même si cela renforçait sa soudaine aura de colère qui enveloppait son être. Elle regrettait qu’au moment de se rapprocher de la petite fille, la seule chose que celle-ci pouvait voir, c’était l’apparence d’un monstre. Si ce n’était pas réellement ce qu’elle était, alors le stéréotype continuerait de s’imposer à la petite blonde comme une évidence ; sinon, alors à quoi bon guérir, à quoi bon faire semblant, peut-être était-ce un sort qui révélait sa véritable nature – la pourriture sous le masque humain. Peut-être n’était-elle qu’un œil flasque, engoncée dans un visage hideux, témoin malgré elle de la vie. Peut-être que cette première année avait raison, comme tous les autres. Elle n’était qu’un erreur, un monstre, un être sans intérêt, quelque chose qui n’aurait jamais du voir le jour. Après tout, n’était-ce pas déjà ce que sa mère lui avait longuement répété ? Crapaud n’était que le quolibet le plus agréable qu’elle ait pu avoir dans la vie. Comment faisait-elle pour continuer ; se lever chaque matin en sachant que ce jour ne serait pas meilleur que le précédent ? Lavande n’était pourtant pas un être apathique ; se laisser mourir, très peu pour elle. Chaque seconde de sa vie était une lutte interminable contre elle-même. Ce serait pourtant si simple, d’abandonner. S’allonger sur le sol, laisser le trouble, la pourriture et la tempête s’ébattre en elle jusqu’à exploser : en une seconde, tout serait fini.

Chaque insulte, chaque pierre, chaque sortilège, chaque goutte de mépris, avaient fini par souder en son coeur une rage indescriptible ensommeillé. Elle ne mourrait pas avant d’avoir pu expurger cette colère. Les tempêtes qu’elle déclenchait -presque involontairement- n’en étaient que le reflet. Elles grondaient aux même rythmes que son ventre, chantaient le sifflement du vent au même ton que les cris qui saignaient son esprit. Lavande s’avança jusqu’à moins de deux mètres de la petite serpentard : pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ? En quoi ce qu’elle lui faisait subir était-il différent des autres ? La née-moldue avait connu des agresseurs de toute maison, de tout sexe, de tout âge. Des suiveurs qu’elle méprisait aux meneurs qu’elle ignorait. Mais cette toute petite poupée, au nez retroussé, à la belle peau blanche qui n’avait pas encore subi les sévices de la puberté, ces délicates boucles blondes – tout le contraire d’elle, attisait tout ce qui était mauvais chez Lavande. Peut-être parce qu’elles étaient si différentes ; peut-être par une jalousie tout ce qu’il y avait de plus humain. Si cela était avéré, alors la jeune fille serait encore plus dégoûtée : être jalouse d’une enfant de onze ans, c’était cruellement immature. Elle avait pourtant déjà été harcelé par des filles bien plus belle qu’elle : ce n’était d’ailleurs pas bien difficile. Mais cette figure de poupon atrophiée qui avait peur d’elle, synthétisait à la perfection le concept même de l’angélique… et ce n’était qu’un mensonge. Un sadisme effronté, une soif de sang inextinguible frappait ses traits mignonnets et convulsait à l’atroce la moindre de ses paroles. Tout ce qu’elle disait passait sous un prisme cauchemardesque. A n’en point douter, c’était une serpentard de sang-pur venant d’une famille bien riche qui l’avait dorloté, et qui vénérait le moindre de ses ordres. Tout ce qu’elle n’avait jamais eu et qu’elle n’aurait jamais.

Pour la première fois, Lavande rencontrait un être sans regret, sans conscience, d’une intelligence morbide qui savait frapper là où il fallait pour faire le plus de dégât. Cette joute mentale lui plaisait – c’était son meilleur jeu. La née-moldue ne s’était jamais imaginé être une bonne personne, loin de là. Si elle pouvait, elle les tuerait tous sans la moindre hésitation. Mais cette gamine-là, elle avait des amis, était apprécié d’eux – peut-être même avait-elle des admirateurs. Elle était capable de lancer des sorts simples, même si c’était pour faire le mal. Elle avait de beaux vêtements, une cape bien noir. Dans ses tiroirs devaient se trouver des multitudes de barrettes, de nœuds papillons et de bijoux pour seoir ses beaux cheveux. Mais dans son temps libre, elle ressentait le besoin de lancer un furonculus sur une pauvre élève qui portait déjà le fardeau de son mauvais sang, l’ingratitude d’un visage amphibien, la courbure d’un cou voûté et une incapacité magique qui signait les oubliables. Une telle volonté d’insister, de forcer le destin déjà malheureux, dans le simple plaisir de la voir s’effondrer au sol et de lui refuser le repos. Un telle sadisme était méprisable, quel qu’en soit la victime.

Alors la petite blonde se prit en pleine face les gouttelettes de sa propre exaction, avant de répondre qu’elle deviendrait son pire cauchemar si elle continuait à se moquer de ses parents et d’elle. Que les siens devaient l’avoir abandonné à son arrivée ici. Cette derrière phrase déclencha un frisson glacé qui secoua les épaules de la née-moldue. Peut-être. Elle se pencha sur la poupée fière et arrogante, avant de siffler dans un murmure :

Mes « moldus crasseux » m’ont abandonné depuis bien plus longtemps que ççça.

Plus fort résonna le tonnerre. La nature était à son écoute. Elle mettait son oreille sur son coeur et en reproduisait le tempo par l’eau, l’air et la terre. Elle créait des tempêtes quand elle était frustrée, des fleurs pour soulager sa peine. Cela allait plus loin que la simple botanique : elle pouvait créer la vie. Même si ce n’était que de très anciennes graines, dans les tréfonds des sédiments de la terre, qu’elle faisait revenir à la surface ; l’exploit était quand même doux.

Quand la petite blonde demanda, la gorge nouée par une peur qui se devinait viscéral malgré son aplomb – incroyable pour son âge - , si c’était elle qui faisait ça. Lavande sourit. En tout cas essaya-t-elle d’étendre ses lèvres par la force de ses muscles, luttant contre la masse des furoncles. Ses larges dents apparurent, créant une fissure blanchâtre au milieu de la chair. Si elle avait voulu apparaître plus laide et terrifiante encore, c’était le moment. Mais l’ignorance de l’enfant était si délectable, car si tout le monde s’en prenait à elle de loin, usant de la magie pour lui faire se prendre les pieds dans ses propres chaussettes, ce n’était pas pour rien. Si on murmurait à son passage, s’il lui arrivait de parfois ne même pas pouvoir mettre un visage sur ses agresseurs, c’était pour ça. Mine de rien, très peu de personnes n’avaient le cran de parier sur le contrôle de la née-moldue. Ceux-là même qui la narguaient en lui disant « de toute façon, si tu te venges, tu vas être viré ». Le reste s’amusait à ses dépens.

Quoi, ça ? (elle regarda vers le ciel, et baissa à nouveau la tête pour répondre, amusée:) Aaah… peut-être. On ne t’a pas dit ? Je sais faire de la magie.

Même si Lavande ne savait pas la contrôler, elle était là. Infinie, douloureuse. Avec un arrière goût acre dans le fond de la gorge, à moins que ce ne fut le pus de ses furoncles. Les fleurs qui avaient poussé dans la flaque ouvrait des pétales qui rapidement disparurent dans le vent, fragile comme des coquelicots. Mais de nouvelles poussèrent, à chaque empreinte de la jeune fille. Lui faire mal. Lui faire peur. Non pas calmer sa haine et son dégoût, Lavande savait que c’était impossible. Mais si elle devait être tuer, si elle devait devenir sa bête noire, son cauchemar, alors Lavande voulait que ce soit justifié. Qu’elle ne puisse se rouler dans ses draps la nuit, obsédée par sa némésis, pleurant silencieusement « mais je n’ai rien fait... ». Les fleurs, sans qu’elle ne s’en aperçoivent, sortir du sol en dépassant les pieds de la née-moldue. D’une graine à une autre, c’était un court tapis de blancheur qui s’élevait des mauvaises herbes. Elles s’approchèrent des jolis souliers noirs, poussèrent d’abord sur son cuir lustré, puis sur la chaussette… avant d’atteindre la peau de ses tout petits genoux.

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Desiderata Rosier
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MessageSujet: Re: De l'exutoire du dépit - Lavande  De l'exutoire du dépit - Lavande Icon_minitimeVen 11 Sep - 13:57



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« Entrée du château »

Septembre 1942

Le vrombissement d’une défaillance, imperceptible d’abord, prenait de l’ampleur à chaque seconde. Le glas terrible retentissait avec la force du tonnerre, avec l’écho terrible d’une fanfare assourdissante, sinistre présage d’un vent qui tournait dans une direction qui ne plaisait pas du tout à Desiderata. Et l’humiliation que la fillette avait infligée avec une satisfaction cruelle virait en l’élaboration d’un tableau terrible, monstrueux, qui n’avait plus rien du ridicule et du grotesque dont elle avait voulu affubler la Sang-de-Bourbe qui lui faisait face. La fadeur commune de son aspect dépenaillé contribuait à insuffler ces relents de pathétisme dégouté qu’elle inspirait aux gens, elle et ses haillons grisâtres, et ses longs cheveux sans grâce qui pendaient autour d’un visage qu’elle cherchait constamment à dissimuler. Mais la laideur lui conférait une certaine aura, comme un hâlo terrible dont les ombres mortifères se découpaient sur les cieux d’acier qui avaient soudain recouvert Poudlard d’une chape de plomb. Et la piteuse paysanne Moldue avait des allures de reine des Enfers, trônant au beau milieu de sa fange, imposant sa suprématie trempée, boursouflée, abominable, au cœur de cette paisible matinée ensoleillée qui avait pris des allures de tempête.

Desiderata était suffisamment intelligente pour commencer à avoir peur. Seuls les idiots avaient l’inconscience du danger. Pourtant elle restait roide, une partie d’elle toujours accrochée, tenace, au portrait que l’on avait dressé de cette Moldue incapable de recourir à la Magie. C’était beaucoup plus confortable, beaucoup plus acceptable, que de tolérer qu’une Sang-de-Bourbe infâme, qu’elle mêlait à la fange du caniveau, soit l’auteure désarmée d’une magie telle qu’elle ne pourrait pas même rêver d’un tel pouvoir, un jour. L’être humain est ainsi fait, qu’il n’accepte que péniblement ce qui ne l’arrange guère. Et l’idée que cette magie primaire, incontrôlée, émotionnelle, réalisée sans arme, soit l’œuvre d’une enfant de Moldus perdus au fin fond d’une miteuse campagne anglaise n’arrangeait définitivement pas la fillette à l’ascendance irréprochable, bercée par l’idéologie de la pureté du sang.

Desiderata n’était ni une enfant peureuse, ni impressionnable. Mais il fallait la voir, cette grande fille stoïque à tous les tourments d’ordinaire, au visage résigné et soumis d’Elfe de Maison qui cherche à se fondre dans la grisaille de la pierre. Aujourd’hui le spectacle était proprement terrifiant, et si la fillette, opiniâtre, obstinée, se refusait à admettre cette créature infâme plus puissante qu’elle, son instinct et sa raison le lui hurlaient, que c’était elle. Qu’il n’y avait certes pas de baguette magique, pas d’incantation, pas de but ni de cible, mais que c’était de la Magie, sous sa forme la plus brute, la plus sauvage et la plus primaire, celle des premiers chamanes d’Afrique et des Druides celtes, qui avaient façonné l’histoire Moldue. Alors quand le visage informe, éborgné par des furoncles de la taille d’un vif d’or, les plaies de ceux qui avaient crevé béant, laids, horrible, suppurant le liquide jaunâtre qui coulait dans la gorge de Lavande, s’approcha de Desiderata, la fillette ne put réprimer un frisson qui lui traversa l’échine. La réponse à l’injure suivit dans un chuintement reptilien, sifflement sinistre, résigné et tout aussi terrifiant que l’apparence sordide de l’adolescente fangeuse qui trônait au milieu de sa magie instable qui se déchaînait sous son déferlement d’émotions.

La fin de la tirade extirpée de la bouche déformée fut sonnée par le glas vrombissant du tonnerre qui martelait de plus belle les cieux qui s’assombrissaient encore. Et il semblait à Desiderata qu’on lui avait jeté brutalement au cœur de la nuit, tant la tempête faisait rage, tant la magie obscure et impétueuse de l’élève à l’apparence monstrueuse avait dénaturé les prémices de matinée radieuse qui s’annonçaient. Desiderata n’était pas suffisamment bête pour ne pas sentir les effluves âcres du danger s’immiscer sous sa chair, dans ses veines, glaçant son sang et son cœur, tout à l’heure chauds de la satisfaction cruelle, avide, de tourmenter cette créature qui souillait son sillage, en l’empruntant derrière elle. Mais lorsque l’aînée sourit, la peur se mua en rage. Ce n’était pas tout à vrai. Desiderata avait toujours peur. Mais que cette Lavande ait pu s’en apercevoir, qu’elle puisse s’en repaître de ce petit sourire insolent qui la narguait, suffisait à annihiler cette crainte, et les traits de la fillette se déformaient sous une colère sourde, dont les origines les plus profondes et les plus inavouées trouvaient leur source dans l’expression d’une magie désordonnée mais telle qu’en n’en accomplirait jamais. Et lorsque l’adolescente leva un regard faussement surpris, et que s’éleva une voix d’une candeur feinte qui ne seyait que trop peu à son apparence monstrueuse, la colère de Desiderata fut à son comble.

- Ce n’est pas toi…Non…C’est impossible…Tu n’es qu’une…Tu n’es qu’une…Moldue ! Tu ne sais même pas reproduire le moindre sortilège !

La fillette, pour sûr, avait perdu de sa superbe. Elle s’enfonçait dans son déni quand Lavande s’enfonçait dans sa fange, quand le tonnerre grondait un peu plus et que les cieux s’obscurcissaient encore sous les émois de son aînée. Et là ou elle n’avait vu que de la fange, au creux de laquelle barbotaient les souliers crasseux de la Sang-de-Bourbe, Desiderata, trop occupée tout à l’heure à river son regard de châtaigne mûre dans les tréfonds désormais insondables des cieux, y voyait fleurir, comme dans un terreau fertile, d’innombrables fleurs, celles dépouillées de leurs pétales par le vent tout de suite remplacées par d’autres, à la blancheur immaculée contrastant avec le ciel d’encre. Et celles qui survivaient à la brise terrible croissaient avec une rapidité déconcertante, s’approchant dangereusement des petits souliers vernis de Desiderata, glissant sur la chaussette grise, courant sur la peau immaculée de ses petites jambes. Le contact froid arracha un frisson à l’enfant, qui n’était pourtant pas peureuse. Ce n’étaient que des fleurs, après tout, et leur contact n’était pas douloureux, pas même désagréable. Pourtant elles arrivaient, nombreuses, invasives, s’enroulant autour des genoux blancs, glissant à la manière d’un reptile, insufflant une panique sourde, instinctive, infondée, au creux de la poitrine de Desiderata. Il fallait qu’elle se débarrasse de ces fleurs du malheur qu’avaient osé envoyer sur elle cette créature répugnante. Pour sûr, elle lui paierait très cher un tel affront. D’un air qu’elle voulait digne et calme, mais qui ne trompait plus personne, la main de Desiderata se resserra sur sa baguette, pointa vers les racines des fleurs, au creux de la fange aux pieds de Lavande, là où elles trouvaient leurs origines ;

- Diffindo !

Le sortilège fut répété deux ou trois fois. Et il réussissait à chaque fois, mais à chaque fleur réduite à néant, deux autres repoussaient, semblant plus virulentes, plus vindicatives à chaque repousse. Une panique légitime, combinée à la lassitude de voir ses sortilèges insuffler un regain d’énergie au florilège qui poussait à même la pierre, Desiderata, dans un élan un peu désespéré, changea de sortilège :

- Reducto !

La tige qui s’enroulait autour de son genou desserra son emprise, mais le prix à payer de cette liberté retrouvée fut la contemplation stupéfaite de trois nouvelles têtes qui pointaient à travers la flaque de boue, semblant dérouler leurs tiges et s’armer autour de leur maîtresse qui dévoilait sans pudeur la satisfaction d’être parvenue à effrayer la fillette, sur son visage déformé et boursouflé de ces furoncles purulents qui restaient tenaces. Une tige serra la cheville gauche de la fillette, tandis que deux autres grimpaient sur son genou droit, s’engouffrant dans la chaussette de laine grise réglementaire. Perdant son calme, les dents serrées, écumant d’une rage impuissante et d’une panique à laquelle elle tâchait de ne pas céder, Desiderata son regard brutalement redevenu enfantin sous l’attaque, vers le visage terrifiant de son aînée :

- ARRÊTES CA !

Et dans ces iris de fillette apeurée, pourtant, on pouvait lire la promesse rageuse d’une vengeance au centuple, la quête encore inassouvie du prix qu’elle ferait payer à cette Moldue pour l’innommable offense qu’elle lui faisait subir à cet instant.


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MessageSujet: Re: De l'exutoire du dépit - Lavande  De l'exutoire du dépit - Lavande Icon_minitimeMer 16 Sep - 10:08



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« et ça continue, encore et encore »

Septembre 1942

Qu’il était surprenant et incroyablement plaisant de répandre la peur autour de soi. Lorsque l’on est une victime à qui rien n’a jamais été dû, cette sensation de pouvoir était juste jouissive. Lavande savourait la tempête qui se préparait au-dessus d’eux, la météo suivant toujours les ordres de ses émotions les plus violentes. Qu’il était doux et agréable de remettre à sa place une petite princesse capricieuse et pourrie gâtée jusqu’à la moelle de ses os noirs, avec ce minois de rat et ses cheveux de paille. De sentir une incompréhension remonter le long de sa colonne vertébrale, jusqu’à gagner ses yeux d’une question qui n’osait se dire, car la poser revaudrait à admettre son ignorance face à cette créature méprisable, diabolique et purulente. Pourtant elle était devant elle, ce fantôme couvert de boue, l’oeil torve caché sous les impitoyables furoncles, immobile et si grande comparée à sa petite taille d’enfant. Elle la dominait de sa stature monstrueuse, avec le ciel noir pour seul maître. Impossible de discerner de véritables expressions de faciès tant les traits de son visage étaient malmené, ce qui renforçait son horreur. Impossible de lire en elle autre chose que le reflet de l’atrocité et le dégoût – tout ce que la petite blonde ressentait contre elle. Lavande la fixait, elle et rien d’autre, tentant de reprendre le contrôle de cette fameuse magie qui lui échappait sous la colère. Il y avait une limite à ne pas franchir, une ligne qui ne devait être dépasser, et celle-ci était cruellement floue. Il ne suffirait que d’un cri, lui semblait-elle, pour qu’un éclair ne frappe sauvagement la petite fille, grillant ses chairs et la tuant sur le coup. Pourtant, elle n’avait guère agi plus violemment que certains de ses agresseurs les plus tenaces.

Mais il y avait une haine en cette gamine, qui dépassait toutes les moqueries vicieuses et les injures – et elle allait vite découvrir une adversaire de taille dans celle, contenue, restreinte, figée, bouillonnante de la Lavande aux milles tourments. Cette dernière avait toujours tout fait pour être au-dessus de tout ça, se retenant avec parcimonie et faisant de son mieux pour enfermer ses excès. Mais à travers cette agression purement gratuite, cette acharnement volontaire pour la traîner dans la boue, on lui avait ouvert une porte, une fenêtre vers cette colère, cette tempête qu’elle affichait sans honte à la petite fille dont elle ne connaissait même pas le nom. La née-moldue fixait cette princesse, scrutant le moindre soubresaut de son expression, rictus d’effroi et tremblement de son corps. Tous les indices pouvant laisser transparaître sa peur. Lavande voulait être sûre qu’elle comprenne à qui elle avait affaire. Cinq ans passés dans cette prison dorée, elle commençait à perdre patience. Les autres pouvaient se moquer d’elle, l’humilier, se servir d’elle comme d’une bonne blague entre deux discussions sans aucun rapport. Mais il fallait qu’ils commencent à se rendre compte des conséquences… c’était une déclaration de guerre.

Le désir de vengeance asséchait ses veines, si bien qu’elle en oubliait même qu’il ne s’agissait que d’une enfant de onze ans en face d’elle : mais elle aussi avait eu onze ans. Elle aussi, était entrée à Poudlard avec des étoiles pleins les yeux et c’était rendu compte des horreurs qui s’y tramaient en secret, cette discrimination qui ne se cachait même pas et qui était même « l’apanage de sa maison » comme si c’était normal. Parce que les serpentard sont des méchants, c’est écrit. Pitoyable. Pour Lavande, ce fut sa désillusion – pour cette gamine, c’était l’existence même de la née-moldue qui semblait la maintenir éveillée la nuit, faire bouder son minois et taper le pied sur le sol. Comment des êtres différents d’elle osaient exister ? Les êtres comme Lavande étaient fait pour lui servir de paillasson. Est-ce que cette démonstration de pouvoir allait la calmer ? Certainement pas. Lavande n’était plus aussi naïve, elle savait que chacune de ses journées seraient un combat jusqu’au lendemain matin. Mais elle aurait au moins l’impression de se battre. Alors elle lui avait répondu, d’une mystérieuse légèreté, sous-entendant qu’elle était bien l’investigatrice de cette soudaine nuit grondant son désespoir, chacun de ses tonnerres hurlant la peur et la colère. Elle en était fière. C’était presque la seule chose dont elle avait fini par comprendre le fonctionnement, à force d’en faire les frais. Le souffle du vent suivait la mélodie dans sa tête, une sorte de transe émotionnelle brutale, où elle finissait par se confondre corps et âme dans l’air – au bord du précipice. « Tu ne sais pas reproduire le moindre sortilège » s’écriait la gamine d’un ton qui se voulait toujours aussi méprisant, déclarant qu’elle n’était qu’une moldue sur un ton tristement pathétique. Lavande haussa les sourcils et eut un très large sourire brisé sous les furoncles, dévoilant ses larges dents. Elle transpirait la peur et la née-moldue s’en délectait avec une soif qu’elle ne s’était jamais connue ; c’était de l’hydromel chaud et sucrée, qui l’irradiait et saoulait sa perception. Le chaos de la tempête lui ressemblait, enthousiaste et cruel.

Elle restait parfaitement silencieuse, tandis que la petite blonde baissait la tête. Lavande suivit malgré elle son regard et fut déstabilisée de voir des fleurs s’emparer de ses jambes, grimpant le long de ses jambes et poussant à travers sa peau. Mais cela ne dura pas longtemps, et très vite son sourire revint, plus grand encore. Ses yeux scintillaient d’un vrai bonheur qui n’avait objectivement pas sa place dans cette situation. Mais les fleurs lui revenaient, belles et gracieuses, luttant contre la tempête et son ennemie. Lavande sentit une profonde chaleur soulager son coeur. Voir son ennemi se débattre dans la magie de la née-moldue, présente, flamboyante, tournoyante, ces fleurs innocentes du miroir de sa peine… était la chose la plus délectable au monde.

Car la petite fille était comme prise dans une toile d’araignée, les fleurs revenant toujours plus fort et le tonnerre qui recouvrait la voix de certains de ses sorts. Toujours les mêmes, mais rien ne pouvait arrêter la marche de la nature vengeresse. Lavande fixait sa détresse qui se mêlait de colère, et quand elle lui demanda d’arrêter, elle se mit à rire. Un immense rire, glauque et maladroit, déployé à pleine gorge, amusé et libérateur. Elle ne pouvait plus s’arrêter, d’un grandiose hystérie qui la laissait sans le souffle. Cette petite fille qui se vantait de pouvoir réparer sa jupe et effacer les tâches d’encre de ses genoux ne pouvait donc pas stopper la menace ? Qui était la faible désormais ? Mais non, Lavande ne pouvait rien faire. Elle savait comment déchaîner la menace, mais une fois que le train était en route, il fallait un mur solide pour le freiner – et fallait-il encore qu’elle en ait envie. Mais elle ne le voulait pas. Son coeur battait douloureusement fort, et des tâches lumineuses se mirent à apparaître devant son regard. Sa gorge riait encore quand elle posa une main sur sa tempe douloureuse. Une imposante voix, solennelle et impérieuse, résonna dans la cour :

FINITE INCANTATEM !

Les furoncles de Lavande se résorbèrent d’un seul coup ; le ciel avala ses nuages, retrouvant la grâce bleu clair d’un matin d’été, et les fleurs qui grimpaient sur la petite fille vit leurs pétales se flétrir et tombèrent toutes au sol. La magie avait disparu. La née-moldue déglutit péniblement et lentement, se retourna vers l’intervenant.

Le professeur Dumbledore s’avançait vers eux, la démarche furieuse. Une aura sombre l’entourait, observant froidement la scène qui s’était pitoyablement affiché devant lui. Une dispute d’élèves qui avait pris des proportions gigantesques – si bien que des étudiants avaient pu voir la scène et étaient parti chercher le professeur le plus adéquat pour sauver la situation. La baguette à la main, sa solide silhouette s’approchait, le regard dur et interrogateur. Il n’avait pas besoin de parler pour que les deux filles comprennent qu’il voulait savoir de quoi il en retournait.

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MessageSujet: Re: De l'exutoire du dépit - Lavande  De l'exutoire du dépit - Lavande Icon_minitimeMar 22 Sep - 14:32



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« Entrée du château »

Septembre 1942

La Sang-de-Bourbe exultait. C’était indéniable. Et l’assurance de cette indécente réalité prenait des allures de déclaration de guerre pour la fillette étourdie par la rage, contrainte à la contemplation horrifiée de cette adolescente qui semblait pouvoir maîtriser les éléments. Et cette joie grossière ajoutait encore à la laideur du visage défiguré, éborgné, son œil unique perçant l’amas purulent de chair pour laisser éclater sa haine jubilatoire face à cette petite fille sur laquelle elle avait le dessus. Desiderata n’aimait pas perdre. Il s’agissait là d’un doux euphémisme en réalité. Et la colère brûlante, acide, de se voir vaincue prenait des allures de tempête, attisée par l’origine infâme de la rivale, par son extraction dépenaillée de fille de paysans, par la largesse de ce sourire victorieux qui laissait apparaitre ses dents qu’elle avait trop larges. Certes, les genoux de la petite Rosier tremblaient d’effroi, un peu. Mais la rage, aussi, une rage froide, indicible, faisait s’entrechoquer les petits membres frêles entre eux. Desiderata n’oubliait jamais rien. Cette monstrueuse Lavande lui paierait cet affront au centuple.

Le sens des priorités, pourtant, l’incitait à baisser de nouveau les yeux vers ce parterre de fleurs invasif, non dénué d’une certaine beauté mortifère qui exacerbait le vice de ce sortilège inconnu, de cette magie primitive, sans paroles ni apprentissage, dont ne se servaient plus que quelques sauvages autochtones qui ne méritaient pas l’appellation de sorciers civilisés. Les fleurs aux pétales immaculés se mourraient sous la baguette de Desiderata, mais leur résurrection n’en était que plus grandiose, rejaillissant, multipliées, de la mare fangeuse qui baignait les pieds du monstre instigateur d’une magie aussi farouche.

Le cri de Desiderata n’avait trompé personne. Péremptoire, asséné à la manière d’un ordre à un subalterne, il s’était voulu déclamé avec une dignité orgueilleuse qui ne suffisait à dissimuler le parfum de supplication qui avait légèrement fait tressaillir la petite voix. Parce que les tiges s’enroulaient, toujours plus nombreuses, infatigables, autour des chevilles de la fillette, comme cherchant à s’emparer d’une proie que les crocs béants de leur maîtresse réclamaient à corps et à cris. Cette reine monstrueuse des éléments et de la nature, qui trônait là dans sa fange, se repaissant du pouvoir insoupçonné de ses veines Moldues et de ses six années d’échec magique cuisant ; elle semblait exulter de la puissance qu’elle détenait dans le creux de sa main, de la peur, palpable désormais, sous le joug de laquelle elle imposait le respect à une fillette de onze ans.

La bouche de la Sang-de-Bourbe fendit la bouillie informe de chair gonflée qui lui tenait lieu de visage. Des tréfonds de sa gorge cave de fille qui ne parlait pas, s’extirpa ce qui sembla d’abord un râle aux oreilles aux aguets de la petite Desiderata. Mais non. C’était un rire. Un rire comme la petite Rosier n’en avait encore jamais entendu. C’est qu’elle s’était aguerri dans l’art des rires sans joie, de l’hypocrisie des gloussements enjôleurs et autres minauderies. Mais jamais elle n’avait rien entendu de tel. Ce rire exultant des entrailles de cette pauvresse qui semblait découvrir la joie dans la détresse rageuse de sa rivale cadette. Son écho vrombissait contre la pierre, résonnait de son glas mortifère tout autour de la petite silhouette blonde plantée là sur l’asphalte, l’orgueil ainsi que les innombrables fleurs immaculés la retenant de prendre ses jambes à son cou. Desiderata leva un regard vers Lavande, dont le visage s’était décomposé sous la crise de joie qui résonnait de son aura sordide tout autour du couloir, se mêlant au tonnerre tonitruant qui s’abattait sur le Parc. Peut-être avait-elle trouvé plus folle qu’elle. Il lui semblait qu’elle n’avait encore jamais ri, cette grande fille là, et qu’elle en découvrait là les délices, qui s’étalaient sur son visage atrophié et exultant.

Rire monstrueux, car cette fille, à n’en pas douter, en était un. Et si Desiderata se retrouvait là asservie, soumise à la frénésie indomptable d’un pouvoir que cette créature ne semblait pas même pouvoir contrôler, ce n’était que partie remise. La fillette ourdissait déjà sa vengeance, rendue au centuple, se délectant à l’avance du rachat de l’opprobre que cette Moldue pouilleuse osait lui infliger. La flétrissure serait tenace, et elle la laverait par l’humiliation de cette Lavande, ce monstre audacieux, grossier, indécent, qui avait osé traiter l’unique héritière au Sang-Pur comme une égale. Desiderata tressaillit, consciente qu’il n’y aurait aucune trêve, aucun répit à attendre de cette créature qui se délectait d’une Magie qu’elle semblait découvrir en sixième année. Son regard se riva sur le visage monstrueux et exultant de sa rivale, se figeant de concert avec sa petite silhouette frêle qui tentait de rester roide, fière et digne sous le déferlement de magie sauvage de la créature qui se délectait d’une frayeur mal dissimulée.

La formule d’Antisort avait été déclamée d’une voix empreinte d’un calme furieux, d’une colère placide réprimée par l’urgence de la situation. Le couperet était tombé, cessant là l’hystérie incontrôlable de la Sang-de-Bourbe monstrueuse qui continuait à rire à gorge déployée, et des efforts de plus en plus pénibles de Desiderata de ne pas céder à la panique. La laideur infâme de Lavande s’estompa aussi vite qu’elle était apparue, et son visage de craie retrouva cet air de fantôme terne qui lui collait à la peau. La chape de plomb qui avait recouvert les cieux céda la place à la douce lueur d’une matinée d’automne avec une brusquerie telle que la fillette battit des cils un instant, pour s’accoutumer à la lumière. Desiderata baissa les yeux. Les fleurs avaient disparu, comme dévorées par l’asphalte. Au bout du couloir, on pouvait entendre le gazouillis des oiseaux, tout à l’heure dissimulé par l’éclat tempétueux d’un tonnerre créé de toutes pièces.

Le Professeur Dumbledore approchait, la mine sévère, professorale. Il semblait furieux. Desiderata manqua de lever les yeux au ciel en l’apercevant. Pourtant elle se composa un air de circonstances, comme elle ne savait que trop bien le faire. Au moins la Sang-de-Bourbe avait-elle perdu son sourire triomphal. Quelques élèves, horrifiés et alertés par la puissance magique de l’attaque, contemplaient la scène d’un œil rond. Desiderata semblait seulement les découvrir, comme si elle et la créature avaient été seules au monde, durant ces instants fatidiques. Le Professeur Dumbledore, dans un ordre mutique, qui n’admettait aucune protestation, semblait les exhorter aux explications, de son regard d’azur empreint d’une rage froide, indicible. Les fleurs avaient disparu. Le soleil était bleu. Lavande n’était plus une menace, et la fillette reprenait bien trop vite contenance, saisissant au vol l’occasion qui se présentait :

- Professeur Dumbledore ! Vous avez-vu comme cette fille m’a attaquée ! Elle a changé le ciel bleu en orage et a fait pousser des fleurs à même le sol qui m’ont attaquée ! Ils sont tous témoins !

Desiderata pointait d’un doigt éhonté le public qu’elle n’apercevait que maintenant. Après tout, c’était plus que jouable. Elle s’était bien avisée que personne n’assiste à son attaque, tandis que cette grande gourde étalait ses pouvoirs à l’aveugle, sans contrôle aucun. Elle avait endossé son habit de petite poupée innocente. Elle était en première année, l’adolescente en sixième. Tout le monde avait vu le déferlement de sa magie de sauvage, personne n’avait vu les prémisses du Duel improvisé. Desiderata retint un rictus à l’adresse de Lavande, qui avait déchanté. Elle avait bon espoir que les ennuis s’abattent sur la tête de cette créature Moldue qui avait eu l’audace de la défier.

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Lavande Huntergrunt
Lavande Huntergrunt
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MessageSujet: Re: De l'exutoire du dépit - Lavande  De l'exutoire du dépit - Lavande Icon_minitimeVen 9 Oct - 11:03



De l'exutoire du dépit

« et ça continue, encore et encore »

Septembre 1942

Le soleil de cette matinée de cours était revenu, flamboyant timidement à l’horizon. Les fleurs avaient disparu, laissant leur place à l’herbe grasse et les graviers de cette cour intérieure. Les flaques d’eau glacée et de pus, évaporés, de même que les furoncles baveux avaient laissé place à la peau fantomatique de Lavande. Comme si rien n’avait été, la dispute magique entre la première et la sixième année n’était plus que l’écho de leurs paroles, le souvenir de l’humiliation partagée, confrontée. Ce n’était que maintenant que la née-moldue remarqua la rangée d’élèves qui attendaient, cachés maladroitement derrière les colonnades, une dizaine de mètre plus loin. Trop peureux pour agir, ils avaient fait appel au merveilleux Professeur Dumbledore. Aveu de faiblesse de leur part ? Même le plus aguerri des préfets en chef n’aurait pu mettre un terme à leur affrontement. Lavande eut un mouvement de recul instinctif devant l’avancé sévère du sorcier, dont l’imposante aura n’attendait pas l’envergure de sa carrure pour se déployer. Elle siffla entre ses dents, vexée et frustrée de ne pas avoir pu profiter pleinement des effets de sa magie. Il y avait toujours quelqu’un pour l’arrêter avant qu’elle ne grandisse. Qu’aurait pu donné ces fleurs qui on les avait laissé consumé la sang-pur jusqu’à la moelle ? Il n’y avait finalement pas que le Avada Kedavra qui pouvait tuer. Lavande resta en retrait, silencieusement, prête à recevoir un sermon supplémentaire sans conséquence.

Cela dit, Dumbledore semblait véritablement furieux. Une panique grondait dans ses yeux clairs, par dessus ses lunettes qu’il n’avait quitté sous la précipitation. Il y avait une ombre derrière son regard qui fustigeait aussi bien la née-moldue que la petite Rosier. Cette dernière se précipitait pourtant déjà vers lui, prenant un visage doucereux et peiné qui donnait à sa stature une insupportable innocence. C’était une figure que Lavande ne pouvait plus emprunter, la souffrance ayant cruellement creusée ses traits jusqu’à les effacer. Elle s’approchait de lui, plaignante, l’accusa de l’avoir sciemment attaqué, décrivant ses actes jusqu’à en appeler aux yeux de la rangée d’élèves attendant patiemment que le couperet tombe sur Miss Huntergrunt. Silencieusement, Dumbledore leva un sourcil et observa l’un après l’autre les deux jeunes filles. Il hocha lentement la tête, la mine de celui qui réfléchissait intensivement, analysant la situation. Rosier, cette famille qui avait collaboré avec Grindelwald. Comment ne pas ressentir une pointe d’horreur face à ces bouclettes dorées, ce minois de rat qui quémandait la sympathie et la pitié sans la moindre décence, prête à faire valoir sa jeunesse comme une carte maître. Il était évident que personne ne l’avait vu se moquer de Lavande, car c’était chose commune et que la seule chose ayant attiré l’attention, c’était sa contre-attaque. La née-moldue leva précautionneusement la tête en direction de Dumbledore, fixant le clair de son œil d’aigle avec le morne éclat de ses yeux de triste reptile. Ce fut une conversation silencieuse qui s’installa entre les deux sorciers : alors seulement, Lavande hocha imperceptiblement la tête. Elle s’était défendue, c’était la vérité. Mais dans le vert glaçant de son regard, il y avait un éternel reproche qui saignait la conscience de Dumbledore – et contre toute attente, ce dernier sourit.

Vraiment ? C’est étrange, j’aurai pourtant juré que Mlle Huntergrunt n’était pas connu comme étant quelqu’un capable d’une aussi grande magie. Peut-être vous sous-estimez vous, Rosier. Après tout, la panique peut nous faire faire de ces erreurs que nous ne pouvons ensuite que constater.

Il glissa un regard tranchant à l’adresse de la petite blondinette. Cela arrangeait soudainement ses affaires que la née-moldue qu’ils rabaissaient tous soit finalement capable de les faire taire. Il ne croyait pas une seule seconde que Lavande Huntergrunt ait pu sciemment déferler les éléments sur une pauvre première année par simple cruauté. Quand bien même il avait des doutes quant à la pureté de ses intentions, il suffisait de connaître un minimum Desiderata Rosier pour comprendre que cette coïncidence n’avait pas lieu d’être. Il ne pouvait que lui-même ressentir la joie malsaine (et complètement, outrageusement immature) d’éteindre la mine rassurée de cette jeune fille, descendante d’une mage noir.

Enfin, Lavande haussa le menton, surprise. Est-ce qu’Albus Dumbledore était bien en train de prendre sa défense ? Alors qu’il était évident qu’elle était investigatrice de toute cette cacophonie ? Il se servait de sa mauvaise réputation pour lui venir en aide, et c’était bien là, la seule chose pertinente à faire. Il poursuivit avec un petit sourire narquois :

Mais si vous y tenez, je pense pouvoir enlever 40 points à Serpentard pour cette preuve flagrante d’un manque de savoir-vivre ensemble.

Lavande ne put s’empêcher de glousser derrière le revers de sa main. Elle se moquait pertinemment des points de sa maison, et de cette stupide course pour une coupe ridicule qui n’était là que pour les monter les uns contre les autres. Les deux filles étant toutes les deux dans la maison de Serpentard, alors c’était une double peine. Peut-être que cela n’allait pas arrangé ses affaires, car beaucoup penseraient qu’elle avait entraîné Rosier là dedans et que cette dernière était innocente. Mais sur l’instant, elle appréciait beaucoup trop leurs mines défaites. Pour enfoncer le clou, jubilant de cette punition, Lavande s’approcha du professeur Dumbledore et fit une petite révérence – suffisamment exagéré pour être compris comme ironique et répondit, d’un visage qui se voulait à la fois contrit et repentant, mais qui ne pouvait se départir d’un sourire grimaçant de joie vengeresse, à l’idée d’avoir tout de même pu terrifié ces camarades par le soupçon de sa puissance restreinte :

Cela ne se reproduira plus Professeur.

Je le sais Lavande, je le sais.

La douceur de sa voix, et toute l’amitié sincère qui s’en dégageait, de celui qui se cachait sous un sourire mutin, choqua la née-moldue qui redressa précipitamment la tête. Toute sourire ou toute tentative de remord avait quitté son visage, fixant dans l’incompréhension la plus totale le sage visage du professeur, qui ponctua sa phrase d’un hochement de tête. Que savait-il ? Lavande voulut ouvrir la bouche, mais c’était inutile. Il ne lui répondrait pas, car c’était tout ce qu’il savait faire : être mystérieux et se croire au-dessus de tous, parlant de choses qu’il ne connaissait pas. Faire le bienveillant avant de s’enfuir, la forcer à se sentir redevable en usant de banalité, de circonvolutions juridiques et froide. Il avait sauvé Desiderata de son sort, et les punissait tous les deux pour sauver les apparences. Non, il ne savait pas. Cela se reproduirait. Ce n’était pas la première fois qu’elle était agressée et ce ne serait pas la dernière – et dans deux ans c’est lui qu’elle serait capable de tuer. Dumbledore détourna le regard et leva la main tout en disant :

Mais il est temps pour vous d’aller à vos cours respectifs, ne faites pas plus attendre vos professeurs.

Sur ces quelques mots, il se retourna complètement et disparut dans le couloir bondé d’élèves, les faisant se disperser au passage. Le silence revint, ponctué par les chuchotements et les regards. Lavande baissa la tête vers ses pieds, puis son sac réparé et s’avança à son tour, suivant le sillon de Dumbledore. Elle n’accordait plus une seule seconde de son attention à Desiderata qui avait été complètement et sciemment punie, ignorée, reléguée au rang d’insecte nuisible ; sa digne place.

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