Les tambours de la colère - Albus



 
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Les tambours de la colère - Albus

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Belladone Raven
Belladone Raven
Âge : 28 ans
Sang : Sang-Pur
Nationalité : Anglaise
Patronus : Un corbeau
Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal
Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et crin de licorne
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MessageSujet: Les tambours de la colère - Albus  Les tambours de la colère - Albus Icon_minitimeMer 7 Oct - 13:24



Les tambours de la colère

Salle d'Etude des Runes

Automne 1942

Le tonnerre creva la chape de plomb qui pesait sur les cieux, couvrant là le fracas chétif des coups qu’assénaient le poing fébrile de Belladone à la porte du bureau. La voix d’Albus Dumbledore, pourtant, l’invita à entrer, perçant le vacarme tonitruant de la colère des cieux, indifférente aux dieux et aux tempêtes dont il semblait pouvoir réclamer l’accalmie, chaque fois que ses lèvres s’entrouvraient. Les doigts indécis de Belladone se crispèrent sur la poignée glacée qui lui gela les os et l’échine. L’écho de l’assentiment furtif, concis, du Professeur de Métamorphoses martelait ses tempes et sa poitrine, au creux de laquelle son cœur battait à tout rompre. Il y’avait dans la mélopée un peu grave de la voix de Dumbledore cette autorité paternaliste qui jamais ne se déparait de cette bienveillance doucereuse, lui conférant cette autorité étrange de maître à penser et d’idole sacrosainte dont s’extirpait des lèvres le souffle divin d’une réalité immuable empreinte d’une sagesse inégalée. Aujourd’hui, dans ces prémisses d’entrevue, dans cette convocation trop officielle pour n’être qu’une rencontre d’agrément, le jeune homme ressentait dans le creux de son échine le pressentiment funeste de réprimandes qu’il n’était pas certain de vouloir essuyer.

Le soulier ciré de la veille franchit toutefois le seuil du bureau, avec l’aplomb fébrile et résigné d’un condamné à mort qui s’efforce de ne pas regarder le billot, y fonçant pourtant pour achever au plus vite le tourment de l’insupportable attente qui lui rongeait les tripes. Son œil rivé sur la pointe de ses chaussures vernies distinguait vaguement l’ombre de l’auguste mage qui, dans la dignité coutumière de sa posture de grand sage, semblait devoir traiter quelques menues affaires qui gisaient sur son bureau, sous la forme de parchemins jaunis aux cachets de cire très officiels, brisés par les doigts assurés du professeur émérite. Les dalles boisées de l’asphalte luisaient tant qu’elles semblaient vouloir faire affront au cirage soigné des souliers qui les foulaient avec la prudence anxieuse de ceux qui attendent l’échine courbée la sentence d’une faute qui ne leur a pas encore été exposée.

C’était cela, peut-être, le pire. Le doute, l’incertitude et l’attente. Belladone n’était pas idiot. Cette convocation relevait forcément de l’incident du couloir. Quoi d’autre, sinon ? La quiétude de sa petite existence réglée comme du papier à musique n’avait guère de quoi étioler le temps précieux du plus grand sorcier dont les pas foulaient le monde. Cette mésaventure aux allures d’apocalypse, qui avait crevé l’Eden tranquille du quotidien de Belladone, pouvait être la seule cause d’une telle formalité. Le jeune homme déglutit, ses frêles épaules alourdies de son propre destin et de celui de la jeune Lavande, pour laquelle il craignait les répercussions des réprimandes à venir. Une culpabilité vague mais acérée, aiguisée par cette empathie trop lourde et cette capacité à s’auto flageller, tandis qu’il s’était tourné et retourné au creux de ses draps cette nuit-là, comme pour deviner les tréfonds des pensées de Dumbledore, qu’il savait pourtant insondables et hors de sa portée.

De longues heures d’insomnie trépignante, innombrables erreurs ressassées et passage en revues des potentiels comptes-rendus des Aurors. Trouvait-il sa défense de Lavande trop chevronnée ? Pas lui, en tout cas, et sans doute est-ce la seule chose qu’il referait sans sourciller, malgré les réprimandes et les châtiments qui allaient suivre cette entrevue. L’initiative d’aller reporter l’incident au Professeur Dippet avait-elle été vécu comme une trahison ? Lui en voulait-il de ne pas l’avoir consulté de prime abord ? S’était-il senti spolié de cette autorité maîtresse, officieuse, de ces fils de soie enchevêtrés, innombrables, qui s’emmêlaient entre ses doigts, et grâce auxquels il régissait chaque âme de pantin désarticulé dont il tenait le destin entre ses paumes ? Y’avait-il quelque chose de pire que l’incertitude ? Se préparer à affronter une tempête dont on ne connaissait ni l’origine ni les moyens de s’en défendre. Le laisser planté là face au torrent bouillonnant d’incertitudes et de suppositions qui lui mortifiaient l’âme de craintes qui ne restaient que de vagues soupçons, apposées pourtant par le sceau cruel de la crainte dans l’esprit fébrile d’un Belladone pressentant les prémisses d’une terrible tempête.

Comme un écho au sourd et funeste pressentiment de Belladone, un éclair vint nimber la pièce d’une aura aveuglante, éthérée, auréolant la silhouette roide, impassible du Professeur Dumbledore qui n’eut pas le moindre battement de cil lorsque le tonnerre vint tambouriner sa colère contre les vitres auxquelles il tournait le dos. La majesté immobile, dont la silhouette impassible se découpait à la lueur grisâtre des vitres giflées par une pluie cinglante, achevèrent d’intimider Belladone qui manqua de s’empêtrer dans les impeccables plis du tapis de velours qui gisait à ses pieds. Le grand Albus Dumbledore leva enfin les yeux vers lui. Le jeune homme se rattrapait tant bien que mal et, sous le regard d’azur de celui à qui il devait sa fulgurante ascension et sa brillante scolarité, Belladone n’eut d’autre choix que d’enfin lever le sien, timoré, timide et certes un peu craintif, amorçant dans son salut les prémisses de la tempête qu’il s’imaginait déjà houleuse, cuisante et douloureuse à sa petite âme avide de paix :

- Bonjour Professeur…

Sa voix s’éteignit dans ce souffle agonisant qui se brisait sous le silence azuré des prunelles insondables de Dumbledore. Sa nuque se plia de nouveau, soumise déjà par la présence muette de son mentor dont l’aplomb plein d’une majesté sage courbait le dos de Belladone, dans une domination paternaliste qui lui donnait la désagréable impression d’être redevenu cet enfant joufflu et bredouillant qui le regardait de tout en bas. Feuille automnale frémissant au souffle glacial de la présence immobile de Dumbledore sous le joug duquel sa silhouette fébrile se complaisait avec une crainte recroquevillée, soumis corps et âme à un jugement qui avait à ses yeux d’encre des allures divines. Planté à quelques pas du bureau sacralisé du Directeur officieux, les yeux d’encre se complaisaient dans la contemplation des doigts de Belladone qui se trituraient entre eux sous la nervosité et la torture de l’attente, les ovales des ongles taillés avec soin se plantant dans la chair tendre de ses paumes, tandis ses dents s’attaquaient à sa lèvre inférieure mangée de barbe qu’elles mordillaient avec application.

Le silence pesait plus lourd encore que la chape d’acier qui plombait les cieux. Dumbledore semblait perdu dans les tréfonds des hautes sphères de cette intelligence hors du commun que le commun des mortels ne pouvait que regarder d’en bas une lecture incompréhensible à leurs yeux trop ordinaires. Et Belladone restait là, tremblant et soumis par ce silence qui valait la colère de tant d’autres, ses craintes s’exacerbant à chaque seconde passée à contempler la silhouette roide de son mentor et l’immobilité qui scellait ses lèvres. Un élan de courage, bref, timoré, lui secoua l’échine. Il le saisit au vol, se racla la gorge avec timidité :

- Vous avez demandé à me voir, Professeur ?

Un regard qui se figeait de nouveau sur des doigts plus fébriles, plus agités que jamais. Et la mine basse, torturée et suppliante de celui qui semblait implorer la délivrance, le répit d’un châtiment qu’il attendait à l’aveugle depuis la veille et qui lui rongeait tant l’esprit que les cernes violacés trahissaient son insomnie et creusaient ces joues d’une pâleur de cire, tandis que ses lèvres pâlies tremblotaient de l’insupportable attente du verdict quasi-divin de Dumbledore.


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Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
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MessageSujet: Re: Les tambours de la colère - Albus  Les tambours de la colère - Albus Icon_minitimeJeu 12 Nov - 13:26



Les tambours de la colère

Salle d'Etude des Runes

Automne 1942

Albus Dumbledore n'était pas que l'enfant prodige d'une vie tragique, ni le sorcier le plus prestigieux, à l'intellect le plus fin, à la fois possesseur de l'orgueil le plus délicat et de l'humilité la plus majestueuse, il n'était pas que le directeur des Gryffondor, ni même le professeur de Défense Contre les Forces du Mal de toutes une glorieuse génération de sorcière, ni l'actuel professeur de métamorphose, habile et patient, ni l'être le plus à même de passer Directeur une fois que Dippet aurait raccroché sa cape. Il était tout ça à la fois. Mais il était également un collègue, un mentor, un ami. Quelqu'un auprès de qui on aimait se confier. Il avait aidé de nombreux élèves dans sa carrière, et beaucoup étaient devenus de glorieux sorciers, parfois très importants dans la communauté magique. Mais, contrairement à Slughorn, il n'en prenait pas une odieuse fierté. Ce n'était que le devoir d'un enseignant que d'amener ses eleves à un tel niveau, s'en glorifier, c'était ne pas avoir confiance en ses talents pédagogues. Et parmi tous ces élèves, il y en avait un que Dumbledore avait estimé entre tous: Belladone Raven.

Il était certes d'une puissance magique insignifiante, mais sa bienveillance, la sagesse et la sagacité de son esprit, l'avaient rendu incontournable aux yeux du professeur. Il avait ce petit quelque chose des sorciers de l'ombre, qui brillent davantage par leur absence et le contrôle que par leurs éclatants pouvoirs magiques. Le plus grand des pouvoirs venait, paraît-il, de la connaissance. En quel cas, Belladone Raven était l'un des êtres les plus secrètement puissant sur lequel on puisse compter. Sa bonté en faisait un être d'une force intérieur incommensurable, mais représentait également sa plus douloureuse et sa plus insupportable faiblesse. La gentillesse, sans le recul nécessaire, était asphyxiante et empoisonnée. Elle dévore son possesseur, se faisant son propre ennemi. Aussi, les forces de Belladone agissaient comme un éternel siphon, s'eblouissant, se battant, luttant en lui-même pour ne finalement jamais dévoiler son potentiel. Ce n'était pas une question de puissance, nous ne parlons pas ici de magie. Nous parlons de cœur. Albus Dumbledore avait très souvent craint pour l'intégrité de l'un de ses élèves favoris. Mais s'il y avait une seule chose qu'il n'eut jamais craint, c'était de le voir se noyer dans la magie noire et de s'y faire manipuler. Sa bonté l'en prévenait, et c'était l'avantage qui faisait de lui un homme sur qui l'on pouvait compter.

Jusqu'à aujourd'hui. Ce que lui avait avoué Gellert Grindelwald changeait le soudain paradigme de l'histoire. Malgré qu'il eut prévenu que ce n'était que pour protéger cette fille. Ce qu'il y a avait sous cette acte, il fallait que Dumbledore le découvre. Il ne pouvait laisser cela impuni, incompris. C'était inacceptable. Laisser sa baguette à un mage noir, qui plus est au sein de Poudlard... De qui devait-il protéger Mlle Huntergrunt ? Des Aurors ? Aurait-il bravé l'absolu autorité du ministere, pour empêcher qu'il arrive du mal à la née moldue ? Et quel mal pouvait-il arriver à une élève ayant fait une monumentale faute ? Il en allait de l'autorité de l'école que de punir les étudiants.  La réaction de Gellert et de Belladone dépassait les bornes. Il fallait tirer cela au clair. Quelque chose ne sonnait pas juste derrière tout ça. Aussi, après avoir passé la soirée avec le mage noir, envoya-t-il une missive au professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Le plus tôt serait le mieux.

Quand le jour fatidique parvint, Albus attendait à son bureau. Il espérait parvenir à démêler cette question – il ne supportait que difficilement ces choses qu'il ne connaissait pas, car ce qu'il ne savait pas ne pouvait pas être maîtrisé. Ceux qui se laissent bercer par le monde, sans le prendre à mains le corps, étaient destinés à subir la fatalité de l'existence. Il était alors peut-être temps de fournir à Belladone Raven l'une de ses plus importantes leçons, de celle que l'on apprenait pas à l'école. Ce n'était qu'un échange de bon procédé entre collègues. Ainsi attendait-il, debout en face de la vite, observant mélancoliquement l'horizon indiscernable par-delà les cimes de la Forêt Interdite. Il songeait, depuis les méandres des toiles d'araignées de son esprit, quand Belladone survint.

Poli, indubitablement soumis et terrifié des paroles à venir du professeur de métamorphose, Belladone se tenait droit, pâle, défait. Il n'y avait plus une once de confiance dans sa posture, si tant est qu'il y en ait jamais eu. Il ressemblait encore au petit enfant de onze ans qui, jadis, ne savait pas faire un simple expelliarmus. Albus répondit à son salut d'un hochement de tête, se retournant à son entrée. Il s'approcha de son bureau, pensif. Par où commencer.

Tu sais pourquoi je t'ai fait venir ici. Tu le sais parce que tu trembles plus qu'un flan au sirop de grenadine le jour du repas de Noël.

Dumbledore déplaça le fauteuil de son bureau et s'y installa, retenant un petit rire sarcastique. Son sourire était mutin, le regard brillant au-desssus de ses lunettes en demi-lune. Un air qui ne dura malheureusement pas, le sérieux revenant au galop face à la gravité de la situation. Son visage se renferma, de cet air strict et professoral dont il savait parer dans les moments importants. Il porta ses coudes sur la table et joignit ses doigts devant sa bouche. En contre-jour, sa silhouette carrée s'affichait, imposante,s'imprégnait sur la rétine. Son regard se fixa, lumineux, sur celui de Belladone ; le moment était grave :

Belladone Raven, je vais être direct et concis. As-tu effectivement prêté par deux fois depuis le mois de Septembre ta baguette au criminel et mage noir Gellert Grindelwald ? Tu as cinq minutes pour t'expliquer.

A ces mots, il fit magiquement apparaître un sablier qui s'éleva dans les airs, étincellant à la lumière à la lumière du soleil. Son sable blanc se déversait dans le néant. La pression était volontaire, il fallait tirer les choses au clair. Recevoir le témoignage le plus direct.Albus savait le professeur Raven comme n'étant pas un homme capable de tenir une pression pareil.

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Belladone Raven
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MessageSujet: Re: Les tambours de la colère - Albus  Les tambours de la colère - Albus Icon_minitimeMar 24 Nov - 15:46



Les tambours de la colère

Salle d'Etude des Runes

Automne 1942

Existait-il au monde un sorcier capable de tromper la vivacité d’esprit du grand Albus Dumbledore ? Si d’aventure un tel pouvoir subsistait dans les veines d’un quelconque mage, il resterait à jamais inaccessible, hors de l’insignifiante portée de la médiocrité de Belladone Raven. Que le jeune Professeur s’essaye donc à feindre l’ignorance, la candeur exacerbée de l’enfant d’autrefois auquel le plus grand sorcier de son ère avait tendu une main confiante ! Aujourd’hui la paume de soie se roidissait, et Dumbledore enfilait son gant de fer pour le poser sur la nuque du protégé tremblant, chape de plomb qui lui courbait l’échine, dans ce poids de l’ingratitude qui semblait lui briser les os. Et le chagrin de la désillusion surpassait la terreur de l’ire tue, secrète, dissimulée avec une farouche amertume dans l’éclat mutin du regard éternellement jeune. Et dans le reflet des lunettes en demi-lune miroitait la silhouette floue, grossière, minuscule, du pantin grelottant qui attendait là, immobile, pathétique, le couperet du bourreau, conscient que la sentence se trouvait là, dans ces mains qui ne tremblaient pas, dans cette voix qu’une infime lueur de malice teintait encore, dans ces lèvres qui paraissaient sur le point d’esquisser un de ces sourires complices que ses élèves accueillaient d’un rire franc.

Belladone ne répondit rien. Le pantin désarticulé et sans voix, aux fils comme brisés par l’autorité souveraine du précepteur, laissa glisser le sarcasme le long de son échine frissonnante, les griffes acérées du persifflage enfonçant leur goguenardise au creux de l’âme tendre du jeune sorcier, avec une délicatesse dans la cruauté qu’il ne connaissait pas chez Dumbledore. Et le feu allègre dont les flammes, lascives, crépitaient en dansant dans l’âtre, semblaient avoir projeté leur silhouette cramoisie à la face roidie par l’insupportable attente, dont la pâleur de cire, soudain, s’embrasa sous la chaleur écarlate qui les empourprèrent avec une violence abrupte.

Etait-ce vraiment là la semonce qu’il voulait infliger à l’élève trop sage d’autrefois, vacillant de sa faiblesse de mage médiocre, écroulant sa petite silhouette pantoise sur l’asphalte témoin de l’échec de ses espoirs grandiloquents, écrasée par le rire des autres, vaincue par l’injustice du berceau ? Voulait-il vraiment s’appliquer à railler la tendresse fébrile de l’enfant penaud et mal assuré dont il avait jadis été le sauveur ? Ne pouvait-il se contenter de hurler sa déception à sa face déconfite, d’admonester la sévérité implacable d’une quelconque sentence, plutôt que ce ton sardonique qui lui crevait le cœur ? Que sa colère exulte, aussi terrible puisse-elle être ! Car oui, Albus Dumbledore avait raison. Belladone savait pourquoi il était ici. Il savait la puissance de sa rage méritée, et ô combien il aurait préféré le déferlement de l’écume furieuse contenue au creux de l’écrin impassible de Dumbledore, plutôt que cette déception ravalée, amère, goguenarde, qui le rendait presque méchant.

A l’humiliation succéda l’effroi, devant cette assise que Dumbledore prenait soudain sur son siège aux allures de trône, son visage mutin se scellant soudain dans la mine impitoyable du juge qui s’apprête à marteler son verdict. Et le couperet tomba devant le visage figé d’horreur, et à peine avait-il accusé le poids des mots qui s’écrasaient sur ses frêles épaules, fardeau insurmontable à cette âme trop bonne qui avait soin d’éviter les ennuis comme la dragoncelle, qu’un sablier en argent, magnifique, vint imposer sa lourde présence entre les deux acteurs de la tragique scénette, concrétisant là ce que Belladone ne savait déjà que trop ; Albus Dumbledore ne parlait jamais à la légère.

Le dilemme était cruel, savamment calculé, sans nul doute, par le Professeur qui connaissait sans doute le mieux l’âme profondément tendre du jeune sorcier grelottant qu’il avait hissé au rang de collègue de travail. Car Belladone aurait voulu parler très vite, épancher auprès de Dumbledore le récit véridique qui l’avait poussé à une telle extrémité, réfuter ces accusations mensongères –il n’avait sciemment laissé sa baguette à Gellert qu’une seule et unique fois-, laisser s’écouler la litanie bredouillante qui fonderait là sa piteuse défense. Pourtant, le sable blanc, semblable à de la poussière d’étoiles, s’égrenait si vite qu’il lui scellait les lèvres, le rendait muet d’effroi, le pouvoir du temps qui paraissait se rire de lui défilant sous ses yeux à une vitesse affolante qui l’empêchait de réfléchir. Une seconde, ses lèvres s’entrouvrirent, et se refermèrent sans un bruit, cloué par la mélopée chuintante du sable qui semblait murmurer contre lui en retombant en un petit monceau accusateur dans le réceptacle de cristal. Le jeune homme déglutit, conscient que rien le sauverait du regard d’azur qui s’était durci, impitoyable, derrière l’éclat des verres en demi-lune ;

- Je…Non…Enfin oui…Je…C’est…C’est vrai que, que…je lui ai prêté une fois…Mais…Mais la première fois…Gellert…Enfin…Le Professeur Grindelwald me l’a prise…Parce que nous étions devant…devant un Epouvantard et que…Enfin, le mien avait changé de forme alors…J’étais bouleversé et…Il l’a mal interprété…Mais la deuxième fois, oui, c’est vrai…Je l’ai laissé me la prendre, parce que…Mademoiselle Lavande s’est défendue et que les Auror…Ils étaient là…Ils l’accusaient déjà, ils ne voulaient rien entendre, alors que…J’ai reconnu l’agresseur…Ils s’étaient réunis en pleine nuit pour lui faire du mal, ils y seraient arrivés si je n’étais pas passé par là…Alors…C’était tellement injuste…J’ai accepté qu’il prenne ma baguette…Au cas où…Pour qu’il se dénonce à sa place…Juste au cas où…Et comme il avait eu l’occasion de me tuer ou de me faire du mal devant l’Epouvantard…Cette fois-là, et qu’il ne l’a pas fait…Alors…Alors je lui ai fait confiance…

Jamais l’azur du regard de Dumbledore n’avait paru si insondable, si insoutenable à Belladone qui parlait la tête basse, d’une voix rapide et inintelligible presque, bredouillante et pénible, dans une piètre défense digne d’un enfant pris en train de voler une sucette à un camarade. Plus que bancals, ces arguments avaient de quoi exacerber un peu plus la colère de son mentor, et la flamme cramoisie qui avait marqué ses joues s’étiolait de nouveau, le masque livide reprenant sa place sur le visage de l’élève trop sage, de l’adulte trop docile, qui peinait à essuyer une colère qu’il s’était toujours évertuée, de tous temps, à éviter le plus possible. Aujourd’hui le soufflet qui n’avait jamais marqué sa joue de son sceau cuisant laissait planer sa menace dans la chaleur douceâtre du bureau qui prenait des allures de geôle glacée, et lui s’immolait au regard d’azur qui le figeait là, mieux qu’une stupéfixion encore, soumis à la langueur goguenarde du temps qui s’écoulait devant ses yeux d’encre révulsés d’angoisse, désireux d’en finir coûte que coûte avec l’entrevue pénible que lui coûtait la confiance qu’il avait voué en Gellert, dont la trahison lui brûlait la gorge et menaçait une fois encore d’embuer de larmes son regard écarquillé par l’attente terrible de la décision de Dumbledore.



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MessageSujet: Re: Les tambours de la colère - Albus  Les tambours de la colère - Albus Icon_minitimeVen 18 Déc - 18:47



Les tambours de la colère

Bureau du Professeur Dumbledore

Automne 1942

La vitre du sablier se reflétait dans la lueur du crépuscule ; brillance sur les lunettes en demi-lunes du professeur. Le temps s’écoulait, impitoyable. Albus n’avait de toute façon pas la patience d’attendre davantage. L’inlassable écoulement du sable s’égrenait au même rythme que son humeur. Il n’était pas satisfait de ce qu’il se passait dans son dos, d’autant plus qu’il s’agissait d’un élève pour lequel il avait haute estime – il ne l’aurait pas nommé professeur de défense contre les forces du mal si cela n’avait pas été le cas.

Mais ce dernier s’était acoquiné la fois de trop près des ténèbres. Albus souhaitait au moins qu’il fut conscient de son erreur, même s’il commençait lentement à redistribuer les cartes du paradigme dans son esprit. Belladone était certes trop bon, mais également beaucoup trop influençable pour son propre bien. Il jouait à un jeu dangereux dont il croyait maîtriser les codes, et  s’en tirait sous couvert de sa trop grande bonté d’âme. Un jour, cela pourrait se retourner contre lui. Le professeur de métamorphose fixa ce petit bout d’homme se décomposer devant le sablier. Il devenait plus pâle qu’un os, se confondait en des phrases qui n’avaient aucun sens, bredouillait des morceaux de mots. Il s’effondrait sur lui-même, sa glorieuse rhétorique sombrant au néant tandis qu’Albus attendait, impassible.

Belladone évoqua une première fois, où Grindelwald se serait emparé de sa baguette car… l’Épouvantard du professeur aurait changé, il en aurait été bouleversé et le mage noir l’aurait mal interprété ? Mais que la deuxième fois, il lui avait confié de bon coeur pour… protéger Mademoiselle Huntergrunt ? Car les Aurors chargés de la protection du château et de toutes les âmes qui s’y trouvaient ne voulaient rien entendre quant à son innocence ? La jeune fille n’avait eu qu’une malencontreuse mauvaise réaction face à un agresseur qu’elle avait déjà rencontré, en pleine nuit, tout juste protégé par le professeur liquéfié devant lui. Sa diatribe avait l’air sincère, mais d’une stupidité sans nom. Albus écouta tout d’une oreille avertie, mais d’un œil éberlué, les sourcils haussés. Comment était-ce possible d’avoir l’ascendant du QI d’une Mandragore à l’air libre ? Le sablier s’arrêta en même temps que le flot de paroles décousues de Belladone. Un silence s’imprégna de l’air, sec et lourd. Le sage sorcier prit une profonde respiration et se tint les tempes du bout de ses index avant de prononcer :

Laissez moi donc répéter… alors vous avez préféré défié l’autorité des Aurors… qui n’en ont d’ailleurs absolument aucune en ce qui concerne les châtiments à infliger à nos étudiants, pour confier votre baguette au plus grand criminel du monde sorcier… avec l’espoir qu’il se dénonce à sa place, en sachant pertinemment que s’il le faisait, il aurait été renvoyé immédiatement à Azkaban ? Parce qu’il ne vous a pas tué une fois, il ne vous tuerait jamais ?

Nous marchions sur la tête. Tout était si absurde, résumer à haute voix, cela parut encore plus insoupçonnable de bêtise pour le professeur de métamorphose. Ici, le choix était vite fait entre un courage sans nom et une inconscience morbide. Cet homme fragile, fébrile, qui ne tenait qu’à peine sur ses genoux devant l’aura solennelle  de son ancien professeur, aurait pu par deux fois causer la fin de l’établissement.

Vous avez décidé de faire confiance à un mage noir, calculateur, manipulateur, pour les beaux yeux d’une étudiante ?

Albus, à bout de patience, balaya l’image du sablier du revers de sa main, celui-ci disparaissant en fumée déchirée, pour disparaître, lointaine dans les embruns des bougies. Il frappa le bureau du plat de ses paumes, d’un coup sec qui résonna dans tout le bureau, tout en se relevant :

Je ne vous pensais pas aussi faible, Belladone Raven. Je vous ai fait confiance, et voilà comment vous me remerciez ? En vous donnant corps et âme à un criminel ? Les paroles de Gellert Grindelwald peuvent paraître attirantes, même, intéressantes. Mais elles ne sont que trompeuses, surtout pour un homme aussi stupidement généreux que vous. Vous n’avez pas les épaules pour tenir les ambitions et l’emprise d’un mage qui est allé aussi loin pour obtenir ce qu’il désire. Avez-vous donc oublier ? Où sont passés les prodigieuses connaissances de votre voyage ?! Je pensais que…

Le professeur soupira, passant une main fatiguée sur ses yeux. Oui, il était profondément déçu. L’un de ses poulains, pourtant intelligent, promis à un brillant avenir professoral, se laissait ainsi chanter du clairon par un mage noir. Prétextant que celui-ci était de confiance pour ne pas l’avoir tuer.

Vous ne savez pas tout ce qui est en jeu tout autour de vous. Et il vaut visiblement mieux pour votre bien qu’il n’en soit rien de plus. Gellert Grindelwald est un homme intelligent, et tout mage noir qu’il est, il a construit son pouvoir sur celui qu’il avait sur les autres.

Albus se rassit, soudainement épuisé. Les lames écarlates du soleil filtraient entre les carreaux obliques de sa fenêtre, venant le frapper dans le dos, l’auréolant dans toute sa splendeur. Mais il était si fatigué. Sa main tapota le bureau d’un air profondément inquiet. Les choses s’échappaient à son contrôle. Il avait peut-être sous-estimé l’attrait du professeur Raven pour les arts obscures. Peut-être avait-il également sous-estimé le pouvoir de persuasion et le charisme du mage Grindelwald. Tout ceci s’était réuni autour d’une seule idée : protéger la fameuse serpentard. Ses craintes s’accentuaient, les confortant quelque part. Cette jeune fille était bien étrange. Elle dévastait les passions de ces hommes de l’ombre et cela ne pouvait être pour rien. Gellert lui enseignait à se servir de sa magie, et voilà que Belladone se souciait de sa sécurité au point de donner sa baguette à un mage noir, signant là même l’arrêt de mort potentiel de bien plus qu’une élève.

Je ne peux vous empêcher d’offrir votre amitié à un mage noir officiellement repenti. Mais je peux, de mon côté, vous offrir un seul conseil : ne donnez pas votre confiance à Gellert Grindelwald, car un jour, il s’enfuira avec.

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Belladone Raven
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MessageSujet: Re: Les tambours de la colère - Albus  Les tambours de la colère - Albus Icon_minitimeJeu 24 Déc - 11:53



Les tambours de la colère

Salle d'Etude des Runes

Automne 1942

L’impitoyable loi du temps, imposée par Dumbledore, poursuivait son chemin, imperturbable, les secondes écoulées s’amoncelant en un amas de poussière d’étoiles qui enflait à chaque battement de cils du pauvre Belladone. Petit animal traqué, aux abois, dont le cafouillage pathétique n’étiolait pas un instant la dureté qu’il n’avait encore jamais vu dans l’azur clair des yeux que cerclaient les lunettes en demi-lune, et au jugement duquel il semblait soumis de force, sans promesse d’échappatoire. Ses grands yeux noirs, écarquillés par cette panique coupable, affolante, déchiré de lire la déception acérer les traits d’ordinaire mutins de Dumbledore, semblaient fouiller la pièce, dans l’espoir d’une fuite qui ne viendrait pas. Belladone l’avait su, à l’instant même où son poing fébrile avait martelé la porte ; à l’instant même où son soulier verni avait passé le seuil du bureau ; à l’instant même où les cernes traîtresses, stigmates de sa nuit d’incertitude, avaient rencontré l’intransigeance azurée du Professeur furieux. Cette entrevue serait sa punition la plus pénible, peut-être la plus douloureuse à braver, rituel expiatoire de cette confiance trop maltraitée, trahie dans toute l’inconscience de sa faiblesse, de sa trop grande bonté d’âme, de sa bêtise en somme.

L’étendue de la stupidité de ses actes prenaient toute son ampleur ainsi déballée. Déconfiture pathétique du théoricien serein et paisible qui pouvait, des heures durant, laisser s’écouler en une litanie tranquille le fruit de ses longues heures de recherche. Concours de circonstances improbables, incongrues, qui avaient mené à ces dénouements actés sous l’urgence de la panique, mais dont on pouvait dénoter la stupidité formulée ainsi, au creux du boudoir serein du bureau Professoral. Les grands yeux noirs, résignés à plier sous la rudesse du châtiment, s’étaient, de nouveau, rivés vers le sol, fixant vaguement et sans les voir la pointe vernie de ses souliers. Le poids de l’azur déçu du regard de Dumbledore ne le quittait pas pourtant, chape de plomb sur ses frêles épaules, sur son échine courbée par la seule force de la désillusion chez le seul homme qu’il aurait voulu ne jamais décevoir.

La dernière poussière retombée en une fine pluie d’or au creux du sablier sonna le glas de la défense décousue, piteuse, humiliante d’un Belladone brisé, conscient de la stupidité d’agissements orchestrés sous la panique et qui, à présent, lui valait le pire sermon qu’il ait eu à essuyer tout au long du fleuve tranquille de son existence placée sur l’autel de la docilité et de l’obéissance. Belladone tressaillit lorsque le fracas d’un long soupir vint briser le silence pénible, pour seul et unique accueil de cette litanie pitoyable de gamin pris en faute. Le jeune homme s’osa enfin à relever son visage brouillon, froissé d’une nuit d’insomnie et mangé d’une barbe mal rasée, vers cet homme qui avait tant fait pour lui et qui aujourd’hui semblait avoir revêtu l’habit du bourreau. Pourtant l’image du grand Dumbledore se massant les tempes, exaspéré par sa faute, acheva de lui briser le cœur. Un instant, une seconde, il lui sembla fatigué, vieilli. Par sa faute, par ce choix de lui insuffler une confiance dont il avait soudain la pleine conscience de n’avoir pas mérité. La bonté de Dumbledore creuserait-elle les stigmates de l’âge et de la lassitude dans un outrage précoce sur son visage à la bienveillance mutine qui avait tant donné à Belladone ?

Et Belladone n’en finissait plus de se décomposer, à mesure que Dumbledore réitérait à voix haute l’inconcevable danger sous le joug duquel il avait laissé en jeu la vie de centaines d’élèves. Belladone avait honte, plus que Dumbledore ne pourrait sans doute l’imaginer, plus que peut-être il ne pouvait en supporter. Et toute sa brillante verve, tout son talent d’orateur lettré et savant était balayée du revers de la main potelée de l’enfant malheureux et déconfit de douze ans, auquel le grand Albus Dumbledore avait tendu la main. Il voudrait clamer ô combien il avait eu peur, ô combien le dessein tragique d’une Lavande renvoyée à sa campagne hostile l’avait frappé de plein fouet, dans toute la crudité de son injustice, ô combien son faible esprit n’avait eu aucune chance, face aux décisions impérieuses du non moins grand Gellert Grindelwald. Mais Albus ne comprendrait pas. Comment un si brillant esprit pourrait-il comprendre la soumission aux impérieuses volontés d’un sorcier tel que Grindelwald ? De bien meilleurs sorciers que Belladone y avaient succombé corps et âme et malgré tout, malgré le dépit qui lui embrasait le cœur, malgré l’affection qu’il portait au mage noir repenti qui semblait marquer au fer rouge son âme flagellée par une telle trahison, l’envie de lui faire endosser cette responsabilité lui répugnait. Et pourtant que dire d’autre ? Ce sacrifice potentiel, au profit du destin de la jeune et malheureuse élève, avait bel et bien été la décision de Grindelwald. Et l’idée d’un renvoi à Azkaban l’avait tant révulsé qu’il avait bel et bien eu le désir de l’en dissuader, mais on revenait ainsi au point de départ ; qu’était la volonté d’un esprit aussi faible que Belladone face à la décision ferme et actée de Gellert Grindelwald ?

- Professeur je…Je n’étais pas pour…Cette idée…Et que Gell…Le Professeur Grindelwald retourne à Azkaban pour un méfait qu’il…Qu’il n’avait pas commis cela…Cela aurait été affreux mais…Les Aurors…Nous ne voulions pas les défier mais ils étaient si…Si…Virulents…Si eux-mêmes ne pouvaient pas la punir, nous savons que…Que le poids de leurs témoignages aurait été suffisants pour motiver le renvoi de Mademoiselle Huntergrunt, qui est déjà très marginalisée…Et c’était tellement injuste…Que serait-elle devenue ? Quant à Gell…Quant au Professeur Grindelwald, oui, c’est vrai, j’ai pensé que s’il avait voulu me tuer, il aurait profité des occasions précédentes…

Belladone n’eut guère le temps d’apprécier ou de redouter les conséquences de son petit accès d’audace inconscient, ravivé par l’injustice du quotidien de la malheureuse étudiante aux yeux d’émeraude terne. Pire qu’une injure, plus acérée qu’une arme, la réalité inconcevable que le jeune homme n’avait pas encore trouvé le courage d’affronter ou d’appréhender, vint s’extirper des lèvres impitoyables de Dumbledore pour frapper le misérable repentant d’une gifle féroce. Belladone accusa le choc, écarquillant ses grands yeux noirs frappés d’horreur, son visage froissé et brouillon devenu soudain livide, vide de sang, s’efforçant de ne pas reculer d’un pas. Lorsque ses lèvres s’entrouvrirent la première fois, il n’en sortit rien. Quelques secondes plus tard, le cafouillage juvénile et pitoyable subsistait, tenace, collant à la peau fébrile du pauvre Belladone ainsi malmené ;

- Non…Ce n’était pas pour…Oh…Par Merlin…Oui c’est vrai que le destin de cette élève me touche…Peut-être plus que de raison…Mais cela n’a rien de…Oh, non…Professeur, vous avez raison, je veux aider cette élève…Mais parce que Poudlard, cela a été une seconde maison pour moi…Et je pensais qu’elle l’était pour tous…Et le quotidien de cette élève ici me brise le cœur…Comment est-ce possible ?

Belladone baissa son regard d’encre et la menace des larmes qui affleuraient à ses paupières et à ses longs cils noirs. L’occasion lui fut donner de les refouler, dans le sursaut qui l’extirpa de son désarroi déchiré, provoqué par le coup sec donné du plat des deux paumes de Dumbledore sur le bois du bureau. Le sablier avait disparu, et avait laissé seul dans son crève-cœur le pauvre Belladone qui n’en avait pas fini avec l’irrévocable sentence du seul mage qu’il aurait voulu ne jamais décevoir. Oui, il était déçu, oui il attendait mieux, oui, il ne pensait pas Belladone pouvoir être séduit par les attraits maléfiques du plus grand criminel de l’époque. Dumbledore, peut-être pour la première fois de son existence, semblait n’avoir pas compris. Belladone n’avait pas oublié. Faible, idiot, fragile, il l’était assurément. Corruptible aux forces du mal, cela n’arriverait pas. Belladone déglutit, effondré, anéanti, lâchant ses doigts qu’il triturait, laissant ses mains pendre, pathétique, le long de son corps comme désarticulé ;

- Je…Je vous demande sincèrement pardon…Trahir votre confiance est la dernière chose que je souhaitais…J’en suis effondré…Je sais que je suis un idiot, parfois…Souvent…Mais je n’ai pas oublié…Je n’approuve rien des agissements criminels du Professeur Grindelwald, je les connais. Le Professeur Grindelwald n’a rien tenté pour me tromper ou m’attirer…Et cela aurait été vain. Il n’a rien à me proposer qui puisse m’attirer. Le pouvoir ne m’intéresse pas…

Belladone se tût, sans savoir ce qui lui faisait le plus mal, de la trahison de Gellert, de la déception qu’il infligeait à Dumbledore qui semblait plus fatigué que jamais, d’avoir cru son âme docile de suiveur si aisément corruptible à un pouvoir auquel il n’avait jamais rêvé une seconde. Ses yeux penauds se levèrent une fois encore face à la voix pleine d’une rage froide, contenue, pire encore qu’une tempête de fureur ou des cris, sa crainte amoindrie par le chagrin qui l’anéantissait déjà, comme mettant au défi Dumbledore de parvenir à lui faire un peu plus de peine encore. Cette fois-ci, Belladone ne répondit pas, courba de nouveau l’échine. Parce que c’était beaucoup trop vrai, et parce que sa piteuse défense s’était étiolée vainement, dans le désespoir pathétique de faire comprendre et excuser l’étendue de sa faiblesse au plus grand sorcier qui foulait la terre depuis Merlin.

Le ton de Dumbledore était plus calme, moins empreint de l’ire désillusionnée et froide qui avait frappé Belladone avec l’aigreur d’une bise. C’était une mise en garde. Il était le mieux placé, après tout, pour présumer de la confiance accordée à son ancien amant. Ployant la nuque, le jeune homme, d’une voix docile, répliqua ;

- Je vous remercie…Et vous avez raison, beaucoup de choses m’échappent, et m’échapperont toujours, sans doute…J’ignore bien entendu les raisons qui vous ont poussé à libérer le Professeur Grindelwald d’Azkaban et je ne cherche pas à les connaître, parce qu’elles me dépassent, et parce que vous connaissez la foi aveugle que je voue en votre jugement. Croyez-bien que je ne saurais cautionner, jamais, le crime, la violence, le mal commis, quel qu’il soit. Simplement je…J’ai offert mon affection à un repenti il est vrai parce que…Parce que…Et bien…J’ai pensé que ce n’était sans doute pas votre but, de réinsérer un prisonnier au sein de la société, et que tout le monde lui tourne le dos…Que ce serait terriblement contre-productif…Comment insuffler des remords à quelqu’un en ne lui offrant que de la haine et du mépris ? Je suis convaincu que l’affection peut aider au repentir du Professeur Grindelwald mais je vous assure de ma loyauté à votre égard…Jamais, mes actes, aussi stupides aient-ils été, n’ont été faits contre vous…

Belladone eut un soupir, vidé de forces, las de se débattre dans ses propres vérités qu’il ne parvenait pas à exprimer. A présent que sa défense s’était extirpée non sans mal de ses lèvres tremblantes, que Dumbledore fasse de lui ce qu’il voulait. Il ne pourrait guère lui offrir un meilleur plaidoyer.



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MessageSujet: Re: Les tambours de la colère - Albus  Les tambours de la colère - Albus Icon_minitimeLun 1 Fév - 10:11



Les tambours de la colère

Bureau du Professeur Dumbledore

Automne 1942

Belladone Raven n’était qu’un être particulier, qu'Albus ne pouvait objectivement rapproché de personne, un homme unique en son genre dont la générosité et la bienveillance n'avaient comme limite que celle de sa propre bêtise. Un élève aux grosses joues roses qui n'était assoiffé que d'apprendre, mais se complaisant dans une innocence qui n'était plus de son âge – signe de ceux qui n’avaient jamais eu à faire face à la dure réalité de la vie (et fallait-il être chanceux à ce point pour en avoir esquiver tous les désagréments durant son voyage). Et si c'était pour cette qualité qu'il l'avait longuement complimenter devant le directeur Dippet, pour le promouvoir sans aucune autre expérience qu’une thèse d’étudiant au poste le plus léché de Poudlard, cela devenait dangereux pour son propre bien. Sa gentillesse devait le prémunir des vaines tentatives obscurs, des ennemis qui dans l'ombre voudraient le manipuler, le ramener à leur cause, l'emporter sur de terribles territoires. Peut-être aussi Dumbledore dramatisait très légèrement l'amitié qui liait le jeune homme et le mage noir. Peut-être y avait-il même une pointe de jalousie, car Belladone n’en restait pas moins un garçon d’intelligence et qu’il était agréable de parler avec lui. Il avait le verbe facile et se livrait avec une innocence ingénue et toute curieuse. Un reflet de ce qu’il eut été par le passé, en plus simple, en moins sombre. Et même s’il y avait une inquiétude particulièrement sincère venant du professeur de métamorphoses pour une amitié aussi suspicieuse, lui-même doutait de la pureté de ce sentiment. Car il était tout aussi vain de se croire soi-même aussi blanc que le néant que de croire l’âme d’autrui noir à jamais. Incapable de faire le premier pas dans un passé trop lointain et trop tâché de sang, le jeune homme était celui qui faisait le lien entre les deux vieux sorciers, qu’on l’eut voulut ou non.

Néanmoins, c’était une chose que de faire ami-ami au coin d’un feu après une rude journée de travail et défier l’autorité d’Aurors compétents pour une vague idée de la justice et une panique éminemment exagérée. Prêter sa baguette à un mage noir n’en restait pas moins une erreur monumentale et qu’il fallait payer à sa juste valeur. Albus aurait du deviner que derrière la pureté et l’innocence de Belladone se cachait un esprit complètement dominé par ses émotions, soumis à la mélancolie et à la franchise d’une âme chevaleresque. La voix du jeune homme se brouillait à elle-même, peinant à aligne les mots pour sa défense. Il n’y avait de toute façon que peu de choses à dire, mais cela ne l’empêcha pas de partir pour un long monologue sourd, rempli de silence et de respiration entrecoupé de mots hagards tandis qu’il tendait vers une justification purement émotive de ses actes. Qu’il était contre l’idée que Gellert Grindelwald puisse retourner à Azkaban pour un crime qu’il n’aurait pas commis – idée qu’au moins, ils partageaient tous les deux. Il se plaignit de la véhémence des Aurors dont le poids des accusations auraient sans nul doute fait pencher la balance en la défaveur de cette jeune demoiselle aux yeux tristes, et qu’il aurait été injuste que cela fut ainsi, pour cette pauvre âme qui n’avait eu que le malheur dans son existence, qui était déjà tant marginalisé, que cela aurait été atroce, innommable, qu’il lui était impossible d’envisager cette option, mais qu’elle semblait déjà tant inévitable. Que Gellert eut pu le tuer était finalement le cadet de ses soucis car « il aurait profité des occasions précédentes ». C’était là tout le malheur des âmes aussi petites mais aussi lumineuses que celles façonnées dans le même cristal que celui de Belladone Raven, à qui tout est dû au premier regard, au premier acte et à la première parole. Tant incapable de mesquineries et de tromperies qu’il n’envisageait rien sur le long terme mais ne vivait que d’amour et de l’eau clair d’une source au jour le jour. N’avait-il donc jamais été trahi de sa vie ? A bien des tournures de ses phrases, Albus haussa des sourcils faussement surpris, interrogateur.

Vous avez donc craint que la parole d’Aurors vaille plus que la mienne ?

Il n’était malheureusement pas étonné, tant tous semblaient s’être mis d’accord sur le fait qu’il eut abandonné cette jeune fille. Mais bien plus que la remontrance d’un professeur émérite à son ancien élève, ce qui fit blanchir jusqu’aux os ce dernier, et blêmir l’horreur sur ces traits délicats, ce fut bien cette simple remarque ; qu’il n’ait fait tout cela que pour une élève. Pas n’importe quel élève. Albus lia lentement ses doigts sous son menton, l’observant plus attentivement qu’auparavant au-dessus de ses lunettes en demi-lune. Sa justification se fit plus hasardeuse, sa voix frissonnante et ses yeux perdant le compte des secondes, son visage s’abaissant presque en signe d’abandon. Il déclara combien cette malheureuse élève avait tourmenté son tendre coeur par la dureté de son destin, qu’il souhaitait certes l’aider plus que tout autre, pour que cette jeune fille puisse à son tour considérer Poudlard comme lui, sa deuxième maison ; sa détresse était flagrante, d’une rage déroutante que jamais le professeur n’avait vu poindre sur le visage de son élève. Lui d’ordinaire si passif, qui se laissait couler à la mélancolie et à la tristesse plus qu’à la colère et à la vengeance, montrait des signes de pourfendeur, de protecteur, grandissait un peu plus – lui l’éternel enfant.

Albus le fixait, cachant son sourire derrière ses mains. Il aimait ce qu’il entendait de la part du jeune homme. Sa sincérité n’était plus à prouver. Aucunes arrières-pensées ne pouvaient se cacher derrière son bégaiement candide, derrière l’abandon de ses mains qui tombaient sur ses cuisses, du seul abandon de sa culpabilité défaite sur le sol. Il lui demandait pardon, déclarant qu’il n’ignorait ni ne cautionnait rien des actes de Gellert Grindelwald, que trahir la confiance du professeur Dumbledore était bien la dernière chose à laquelle il pensait, et que le pouvoir ne l’intéressait pas. Cette dernière phrase avait été prononcé avec un tel dénouement, d’une voix si pesante, qu’elle foulait la terre avec reconnaissance et lucidité. A tel point qu’Albus en sentit un frisson lui parcourir l’échine.

Il n’a eu qu’une seule chose à vous proposer que vous avez accepté sans hésiter, rebondit-il ; non pas le pouvoir, mais son pouvoir. Pour protéger un être cher, quand vous ne pouviez le faire. Il n’avait besoin que d’une baguette ; et vous avez menacé un établissement entier, l’Europe et peut-être le monde tout entier, pour sauver la réputation d’une seule femme…

Le professeur déclara ses paroles d’un ton songeur, ayant lui-même perdu le fil de sa vision, sa tête posée sur l’une de ses paumes et fixant l’horizon quelque part derrière le jeune homme. Qu’était douce l’innocence et la fougue de la jeunesse, qui, dans un frénétique égoïsme, vendrait son âme pour sauver un seul être. D’un murmure, sans savoir si Belladone pouvait l’entendre ou non, Albus poursuivit :

Comment pourrai-je vous le reprocher… ?

Cette abnégation qui confinait à la cruauté, sans aucune limite ni réflexion. Les paroles de Belladone le remerciant de son conseil le réveillèrent ; celui-ci se montrait soumis, comprenant parfaitement les enjeux qui le dépassaient et assumant son ignorance. Il évoqua le principe même de réinsertion qui ne pouvait se faire si l’on ne montrait pas un tant soit peu d’acceptation et de bienveillance envers l’être en question. Un dernier plaidoyer si beau en faveur de la gentillesse comme nul autre que Belladone Raven ne pouvait en faire, avouant sa confiance aveugle en Dumbledore et son mépris des vilenies et de la bassesse des hommes. Albus l’écoutait en ramenant ses mains devant lui, son œil bleu et vif revenant se fixer sur la pâle figure de son ancien élève. Quand le silence revint entre eux, le professeur de métamorphoses le laissa paître, laissant comme une brise humée l’air, le temps d’apprécier ce dernier monologue, cet ode à la fidélité de sa pensée et de ses convictions. Enfin, abaissant ses mains pour laisser dévoiler un très léger sourire énigmatique, ses yeux pétillants – à moins que ce ne fut un léger voile humide qui passait pour de la malice – répondirent :

C’est tout à votre honneur. Il reste cependant une légère différence entre montrer de la bienveillance à un mage noir et lui laisser impunément votre baguette, je souhaite simplement que vous en soyez conscient. Autrement, vous avez parfaitement raison. Il faut toujours voir la lumière en chacun de nous, garder l’espoir que cette lumière jamais ne meurt ou même ne puisse mourir, chacun la gardant plus ou moins profondément au creux de soit. Pour certains, il est parfois trop tard… mais je ne pense effectivement pas que ce soit le cas de Grindelwald. Soyez rassuré, je ne remets nullement en cause votre sympathie. Mais votre confiance, elle, doit être parcimonieusement offerte ; celui qui m’a mis au courant de cette échange, vous vous en doutez, est bien Grindelwald lui-même. Sans doute un parfait gage de sa propre sincérité, mais ne nous méprenons pas encore : la méfiance est de mise. Je dois admettre que j’ignore moi-même quoi du temps, des actes ou des mots nous permettrons de lever le voile sur ces inquiétudes, mais en attendant de le savoir, restons prudent. Le voulez-vous bien, Belladone ?

Un petit silence s’installa, et qu’il eut voulu ou non s’en aller après cet interlude, Albus le rattrapa d’un toussotement :

Et quant à Mademoiselle Huntergrunt... Veuillez ne pas vous compromettre. Il y a des choses que même le président sorcier du Magenmagot ne peut couvrir. Cela dit, car je sais pertinemment que cette mise en garde-ci n’a aucune valeur… je souhaitais vous dire une seule chose : ne revenez jamais en arrière.  

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MessageSujet: Re: Les tambours de la colère - Albus  Les tambours de la colère - Albus Icon_minitimeVen 26 Fév - 12:20



Les tambours de la colère

Salle d'Etude des Runes

Automne 1942


L’humiliation, plus que tout autre chose, pouvait se révéler épuisante. Lassitude accablante, fardeau qui lui écrasait les épaules, soudain, avachissant un peu plus la poupée de chiffon qui se froissait là, un peu plus à chaque seconde qui s’étiolait, sous le joug azuré d’un regard qu’il ne reconnaissait plus. Désillusion qui valait tous les châtiments du monde. Jugement, doute peut-être, dans les yeux jadis mutins d’un mentor qui semblait accuser la déception insufflée par sa propre erreur. Et si la main tendue au garçonnet joufflu et craintif ne s’était révélée que pure perte de temps ? Et si l’élévation au rang de protégé de l’enfant au grands yeux d’encre écarquillés par les larmes n’avait été voué qu’au dépit et à l’échec ? Combat vain d’avoir surestimé cette âme trop tendre, aujourd’hui le fiasco froissait les abîmes d’eau claire du regard du plus grand sorcier du monde, dans cette stupeur interloquée de s’être trompé.

Et il s’agissait là, peut-être, de l’unique chose que Belladone ne saurait jamais mieux que le grand Albus Dumbledore. La douleur de l’échec. L’amertume de l’erreur. Le dépit, cuisant, qui ronge l’âme jusqu’à ne plus laisser qu’une résignation apathique, roidissement stoïque d’un esprit et des sens que le trop tendre Belladone était encore bien jeune et bien trop choyé par la vie pouvait prétendre effleurer, même du bout du doigt.

C’est pourquoi l’accusation lui fit trembler l’échine. Enoncée à la manière d’une recette de potions ou d’un passage ennuyeux d’un manuel quelconque, on n’y percevait nulle aura de menace, nul sombre de nuage de colère qui aurait pu couver dans l’azur de ses yeux. Et peut-être était-ce pire encore. Dumbledore avait ce don étrange d’insuffler par la bienveillance plus d’impact que dans la colère de beaucoup. Sans doute était-ce cela, ce pouvoir de l’amour dont il déplorait la raillerie et la négligence de la part de sorciers qui ne lui arrivaient pas à la cheville. En veillant sur Belladone, il se l’était attaché plus qu’à n’importe qui d’autre. Indéfectible lien, de soie pour les sceptiques, de fer pour les amoureux de cette magie plus forte que tout, faiseuse de miracles à qui voulait bien la prodiguer. Car seul l’amour que Belladone portait à Dumbledore aurait pu lui arracher cette vérité tremblante, extirpée avec peine de ses lèvres frémissantes qui, pour n’importe quelle autre âme, se serait peut-être laissées aller au confort d’un mensonge trop facile.

- Oui, Professeur. Une seconde, je l’ai cru.

Il y’avait les gens sans principe. Et il y’avait Dumbledore. Dumbledore qui affichait sans honte le piédestal sur lequel il hissait la tendresse, l’amour, l’indéfectible loyauté. La vérité aussi. Dumbledore qui prônait le pardon et le repentir, dans la digne indifférence de la goguenardise des autres. L’injure du mensonge n’effleurerait pas les lèvres de Belladone, quand il se montrait trop bienveillant encore, quand il semblait passer à son protégé ce qui aurait mille fois valu une exclusion sans préavis.

Ce soubresaut d’honnêteté lui fit relever la tête. Albus rivait sur lui l’immensité de son regard de source claire. Songeur. Les cieux de nouveau semblaient clairs. La chape tonitruante de colère et de désillusion crevée comme par miracle par la défense bancale, bégayante et somme toute piteuse d’un Belladone au trente-sixième dessous. Semi-victoire au goût amer, dont il ne se repaissait pas, son âme chagrine trouvant plus opportun de se lamenter sur la déception que jamais, il n’aurait dû voir chez un mentor vénéré.

Mentor qui ne le connaissait que trop bien. Bien entendu, le pouvoir ne l’intéressait guère. Et Belladone soupçonnait même cette qualité, -méprisée à tort par tant d’autres- d’être à l’origine du choix de Dumbledore pour le poste de Défense Contre les Forces du Mal, pour lequel se seraient battus nombre de sorciers bien plus puissants et expérimentés que lui. Mais le pouvoir pouvait prendre différentes formes. Le pouvoir de protéger l’âme qu’il se refusait à admettre si chère avait armé le bras de Grindelwald. Le pouvoir de l’amour. Encore, toujours. Belladone riva l’abîme de son regard d’encre écarquillé sur le visage de son mentor qui, une fois de plus, avait bien trop compris. Mieux que lui-même, tant et si bien que Belladone se retrouvait coi devant le portrait de ses propres sentiments brossés à son inconscience, refoulés derrière le cœur d’un Professeur néophyte qui se targuait de vouloir se montrer irréprochable. Dumbledore étalait là l’étendue de sa déconfiture, de cette affection scandaleuse qu’il ne s’admettait pas vouer à la jeune poupée de brouillard aux grands yeux d’émeraude polie par l’outrage des autres.

Avait-il rêvé le murmure qui s’échappa des lèvres de l’immense sorcier ? Avait-il fantasmé cette acceptation du sacrifice ultime au nom du sentiment commun qu’ils plaçaient tous deux plus haut que le soleil, plus haut que la lune à la lueur de laquelle ils se complaisent dans la délectation de ce pouvoir méprisé qui, pourtant, pouvait faire s’effondrer d’une brise les fondations branlantes d’un monde qui n’y croyait pas.

- Vous avez raison.

Il n’y avait plus à démentir. Pas quand Dumbledore exécrait le mensonge plus que de raison ; pas quand sa clairvoyance avait mis à jour des sentiments inavoués que les grands yeux écarquillés de Belladone n’avaient plus la force de nier. Ses mains devenaient trop petites pour dissimuler à son regard qui s’écarquillait un peu plus sur la réalité. Lavande n’était pas que la jeune fille déchûe dont sa tendresse raillée voulait panser les plaies. Non. Elle comptait plus qu’une autre élève, plus que n’importe quelle autre âme dont les pas foulaient l’asphalte millénaire de la plus prestigieuse école de sorcellerie du monde. L’écume d’une tempête houleuse, dévastatrice affleure à son cœur trop grand. La honte. Elle ne fait que prévenir. Elle aurait bien le temps d’en submerger l’âme du pauvre hère, aux affres de la nuit et à la claire lueur de jours trop radieux.

Car le sujet Grindelwald affleurait de nouveau. Et dans ce cas précis, Dumbledore semblait rejoindre son jeune protégé. Oui à l’affection au plus grand mage noir de son époque. Oui au soutien dans son repentir, qu’il fallait croire sincère. Non à l’opprobre contre-productive, non à la haine, non au dédain farouche d’un rejet qui ne mènerait à rien. Et pourtant ! La prudence restait de mise. Albus la lui soulignait, toute sa bienveillance pour son ancien élève retrouvée, croyant lui aussi au repentir de Grindelwald mais sans l’inconscience de lui mettre l’arme à la main. Et tout était bien trop sage, bien plus trop lumineux, bien trop clair pour que Belladone ne se permette la moindre objection. Revigoré, pourtant, par la tendresse presque paternaliste que Dumbledore semblait avoir recouvré à son égard, c’est plus serein et avec plus d’aisance que sa langue se délia ;

- J’en suis conscient et vous entend bien. Je vous réitère mes excuses, et ma promesse qu’une telle chose n’arrivera plus. Je vous promets d’être plus prudent et de continuer malgré tout à procurer mon affection au Professeur Grindelwald, bien que je dois vous confier que sa dénonciation me blesse. L’unique consolation que j’y trouve est que l’on peut sans doute y voir, si vous me le permettez, une marque de loyauté à votre égard.

L’entrevue épuisait ses sens trop exacerbés. Ses os fébriles tremblaient encore de la hâte d’échapper au joug bienveillant de son trop clairvoyant mentor. Le congé tardait, et les souliers vernis du trop poli Belladone ne s’esquiveraient pas sans. Et pourtant ! Le plus grand mage depuis Merlin n’en avait pas fini avec lui, loin s’en faut. La mise en garde à peine voilée concernant son affectation tue en vain pour Lavande le fit de nouveau rougir jusqu’à la racine de ses cheveux, jusqu’à la pointe de ses oreilles. Il était impératif de mettre au clair ce à quoi Dumbledore songeait sans doute, et dont la simple évocation suffisait à lui faire trembler l’échine et à faire pâlir les joues cramoisies.

- Je puis vous assurer que je ne me rendrais coupable de rien d’autre que d’octroyer à cette élève la protection que sa délicate posture réclame. Vous savez mieux que personne que je ne suis capable d’aucun mal, de cette nature ci qui plus est. Cette élève n’a rien à craindre de moi.


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Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
Âge : 61 ans.
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MessageSujet: Re: Les tambours de la colère - Albus  Les tambours de la colère - Albus Icon_minitimeJeu 1 Avr - 23:56



Les tambours de la colère

Bureau du Professeur Dumbledore

Automne 1942

Pour un professeur, le désaveu de la confiance de ses élèves était une effroyable sensation : l’idée seule qu’ils aient pu perdre de vue la lumière de son enseignement. Albus aimait savoir que ses élèves, même les plus récalcitrants, se souvenaient de ses conseils pendant parfois toute leur vie. Il n’était pas aussi démonstrativement orgueilleux de cette fierté que le professeur Slughorn, mais c’était tout de même important pour lui. Le fait qu’il s’agisse aujourd’hui de son plus fidèle élève, le timide et frêle Belladone Raven, qui aujourd’hui baissait la tête devant son joug, luttant contre une mortifiante honte qui saignait ses vêtements entre ses doigts serrés, avouant solennellement que oui, il avait cru l’autorité des Aurors plus puissante que la sienne. Plus que de la colère, du ressentiment face au rabaissement éhonté de la part d’un ancien petit joufflu qui avait manqué de peu à l’étiquette déshonorante de « cracmol », ou même de la tristesse… Dumbledore ressentit un amusant inconsidéré. Un rictus vint décorer la façade de son visage, sculptant petit à petit un sourire qui s’étendit de chaque côté de son oreille, tandis qu’il ramenait son dos contre le dossier de son fauteuil, et que sa main vint arranger nonchalamment la position de quelques feuilles sur son bureau. Il restait cette impressionnante statue grec, dont la chevelure rousse étouffait des gerbes de lumière au contour de son crâne, plongeant son regard bleu dans cette nomenclature faite humaine qu’était son trop piètre méchant collègue.

Prenez ceci comme… une sorte de mémo, un pense-bête : votre serviteur ici présent n’est pas seulement professeur de métamorphose au sein de cet établissement. Je ne referai pas l’outrage, à vous comme à moi, de rappeler ici mon impressionnant pedigree, mais sachez que les Aurors ont très peu de choses à m’apprendre sur comment ils doivent faire leur travail.

Un petit rire s’échappa entre ses lèvres fines, tandis qu’il remit ses lunettes au bout de son nez pour mieux observer la réaction de son interlocuteur. Peut-être était-ce mal d’éternellement instauré entre eux cette sorte de distance, de mur insaisissable. Ainsi Belladone resterait l’élève d’Albus Dumbledore, et n’aurait très certainement jamais l’occasion de s’élever à ses côtés comme un véritable collège – cela n’avait d’ailleurs jamais été évoqué ni même réfléchi par les principaux intéressés. Mais la vérité était là : si Belladone avait vieilli et voyagé dans le monde entier, suivi les traces de la magie noire et en avait gagné un fantôme de maturité, il restait l’enfant caché sous un masque d’adulte. Il semblait encore incapable de prendre de véritables décisions, se laissant dominer par la puissance d’un tiers – et Albus savait que cela aurait pu être n’importe qui – le hasard avait fait qu’il s’agissait de Gellert Grindelwald et que cet écart aurait pu être terrible. Dominé, manipulé, se laissant bercer par les vagues, sous le prisme d’une insondable et terrifiante bienveillance qui avait autant de reflet que les rayons de la lune derrière un diamant d’innocence. Cela ne plaisait pas à Albus de devoir mettre un frein à cette bonté, bien qu’en observant le regard de Belladone, même la puissance insoupçonnée de Dumbledore en semblait incapable.

Parlant de la gentillesse démesurée du pauvre Belladone Raven, ce dernier se garda bien de rebondir sur l’implacable vérité qu’Albus dévoilait sous ses pieds : celle derrière ses agissements, le sentiment qui motivait ses prises de risque. Il rebondit immédiatement sur les dernières paroles du professeur de métamorphose sur Gellert Grindelwald, et semblait même vouloir faire table rase de ce matraquage moralisateur, esquiver la conversation, partant de phrases faite de bons sens, d’excuses sans saveur mais avec une véritable sincérité venant du plus profond de son grand coeur. Il osa même aller jusqu’à comparer la dénonciation du mage noir à de la loyauté, chose qu’Albus accueillit avec un haussement de sourcil interrogateur. Voilà lui-même une question qu’il évitait, et dont il ne fit aucun écho dans l’immense et soudain silence régnant dans le bureau. Chacun avait sa question qu’il évitait, et leur dénominateur commun était bien trop flagrant pour n’être aperçu par l’esprit le plus simple. Mais par chance, ou par un indicible chantage par les regards fugaces et fuyants d’Albus et les mains tremblantes de Belladone, aucun se sembla mettre la suite de la conversation sur la ligne des règlements de comptes. Il déclara le plus doctement et le plus professionnellement du monde que ses intérêts envers cette élève n’était que bienveillant et que jamais de la vie il ne lui ferait volontairement du mal, et à cette litanie, on lui aurait donné le bon dieu sans confession. Albus le croyait d’ailleurs sans mal, bien au contraire, il ne le croyait que trop. C’était le centre névralgique de son inquiétude le concernant. Cette petite boule de sucre qu’était Belladone Raven n’avait pas le force de venir en aide à cette pauvre fille ; trop fragile, trop simple, trop heureux, trop doux, trop attentionné. Tant de choses qui paraissaient aberrantes à voir comme néfastes pour le développement d’une jeune fille. Mais c’était malheureusement le cas : il n’était pas assez solide pour soutenir les crocs de cette pauvresse. La douleur de cette dernière était de celles qui ne pouvaient être partagé, et si le professeur y tenait, alors ses os s’y briseraient.

Mais pouvait-il le mettre en garde ? Belladone n’avait aucune idée de ce qu’il touchait du bout des doigts ; Albus aurait pu y mettre les mots, il s’y était engouffré, des lunes de cela. Ces mêmes mots restaient pourtant coincés dans sa gorge. Il parvint à dire :

Très bien. Je tiens votre parole. Je sais pertinemment que votre âme est incapable de faire volontairement le mal. Mais encore une fois, j’espère que vous m’excuserez de prononcer des paroles évidentes : l’Enfer est pavé de bonnes intentions. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dis, votre soutien lui est sans nul doute essentiel… rappelez-vous simplement que ce que la raison songe n’est pas ce dont le cœur a besoin.

De son acte, Albus avait pu déblayé les ruines d’une problématique plus sournoise encore, et dont il ignorait la façon d’en tenir les ficelles. Une chemin se discernait, mais entre les élucubrations de l’esprit et les envolés des sentiments, une ombre se mouvait sinueuse.

Si tu souhaites parler de quelque chose… n’hésites pas.

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