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Vengeance - Kanaeko

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Solveig A. Asbjørnsen
Solveig A. Asbjørnsen
Âge : 18 ans.
Sang : Née-Moldue.
Nationalité : Norvégienne.
Patronus : Un loup.
Épouvantard : La silhouette de Grindelwald souriant, baguette pointée sur ses parents, une lumière verte jaillissant sur eux.
Reflet du Riséd : Le même jet de lumière verte qui a tué ses parents, mais qui s'extirpe de sa baguette à elle, frappant la poitrine de Grindelwald. Retour à l'envoyeur.
Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et ventricule de dragon.
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MessageSujet: Re: Vengeance - Kanaeko  Vengeance - Kanaeko - Page 2 Icon_minitimeVen 17 Sep - 14:18



Vengeance

« Couloirs du deuxième étage »

Automne 1942

Il y’avait tant, dans ce simple merci. La compréhension, l’empathie. La compassion mutuelle à un chagrin dont l’une d’elles ne pouvait qu’imaginer les affres. Pourtant, la donne avait changé. Ce n’était plus en chiens de faïence que les deux jeunes filles se toisaient. Un ange semblait être passé ; et, dans les tréfonds de leurs yeux dont chacune s’abreuvait sans pudeur ni effroi, l’on sentait la volonté indicible de vouloir se comprendre, s’appréhender à la manière de deux fortes âmes qui s’imposent le respect et la sympathie. Comme la naissance d’une sincère et véritable affection, émergée du terreau infertile de la fureur vengeresse, de la méfiance et de sourdes envies de sang et de larmes. Comme le sourd désir de ce qu’elle s’était toujours refusé ; étouffé sous la cendre d’une amertume et d’une intransigeance de vieille femme ; âme desséchée par le chagrin juvénile de l’orpheline que la vengeance fait tenir debout. Là, sous les chétives lueurs de l’aurore qui perçaient l’insondable nuit qui agonisait, c’est comme si elle ne se découvrait plus seule. Comme si cette retraite farouche, acharnée, n’avait eu pour but que la confronter à l’âme de celle qui paraissait, pour une raison inconnue et une bonté d’âme qu’elle ignorait exister, compatir à la sourde douleur qui avait conduit ses pas jusqu’ici.

Aussi se découvrait-elle d’étranges émotions, dont elle n’avait eu que faire autrefois. Jadis, l’idée d’avoir blessé la fauteuse de trouble qui l’avait empêché de mener à bien le seul et unique dessein qui ait régi sa vie ne lui aurait procuré qu’une indifférence placide. Aujourd’hui l’idée d’avoir pu faire du mal à la seule qui se soit jamais souciée de ses états d’âme lui pinçait étrangement le cœur, culpabilité sourde, aigre, dont l’invasion soudaine la rendait plus gourde, plus maladroite, plus humaine surtout. Kanaeko eut tôt fait de la rassurer pourtant. Elle n’était que fatiguée. Fatiguée. Voici une autre de ces émotions que Solveig s’était refusée ces derniers jours. Et, devant la piteuse défaite de son plan ourdi avec soin, devant ces longues nuits d’insomnie à concocter la mixture qui ne servirait pas, devant cette poignée de gallions économisée pour cet hydromel hors de prix qu’elle avait rendu imbuvable, la fière scandinave céda au découragement. Et, soudain, elle prit conscience d’à quel point elle était fatiguée elle aussi. A quel point la douleur l’avait aigrie, à quel point la main sur son épaule abattait, dans sa douceur ineffable, cette âme qu’elle avait crû inflexible accueillant la fragilité de se surprendre à avoir besoin d’affection.

Un hochement de tête, ne se déparant pas du mutisme forcené qui avait régi les six premières années de sa scolarité à Poudlard. Solveig se contenta d’acquiescer. Après tout, elle était fatiguée elle aussi. Les muscles et les membres endoloris par les trop nombreux repas oubliés, les nerfs l’avaient tenue debout, mais l’effondrement de l’édifice complexe qu’avait été son plan, mêlé à la soudaine douceur avec laquelle ses états d’âme étaient traités, lui insufflaient le coup de grâce, et ses genoux menaçaient de fléchir sous le déferlement de lassitude qui souffletait sa frêle silhouette.

A peine s’était-elle aperçue que Kanaeko la fixait d’un air étrange. Statue de sel comme impassible, roidie d’une torpeur qui l’abrutissait, elle restait là, son épaule maigre sous la paume de la jeune fille qui plongeait son étrange regard au fond de l’abîme insondable du sien. Solveig ne sembla s’apercevoir de cette curieuse fixation que lorsque la Verte et Argent s’en excusa, n’arguant rien de concret pour l’expliquer. La fatigue, peut-être. Encore. De sa main libre, la scandinave battit l’air, comme pour lui faire comprendre que cela n’avait aucune importance.

Mais Kanaeko semblait préoccupée par cette invitation que Solveig avait accepté sans raison apparente. Les bals et autres festivités où l’étalage de coquetterie et les cancanages de poulailler étaient légion ne l’intéressaient guère. La stupidité des garçons de Poudlard non plus. Alors quoi ? Un imbroglio indéfinissable d’émotions ; comme l’appréhension du regret de n’avoir pas su profiter de sa scolarité qu’elle achevait cette année, et qu’elle ne retrouverait jamais. Comme l’instinct de ne pas vouloir rejeter la trop rare main tendue qui s’offrait à elle. Comme l’envie de découvrir celle qu’elle avait longtemps pris pour une écervelée insolente, et qui se révélait une intelligente et courageuse sorcière. Alors Solveig avait accepté comme on accepte la compagnie d’une bonne amie, comme elle aurait accepté d’accompagner Lavande. Aussi avait-elle quelques difficultés à saisir l’émotion de Kanaeko qui la rendait hésitante et embrouillée, quand elle avait montré tant de sang-froid à s’opposer à une meurtrière en devenir, armée et menaçante. Darragh…Elle était amie avec Darragh. Une fois de plus, Solveig eut la surprise d’avoir mésestimé la Verte et Argent. Un des garçons qu’elle méprisait le moins, ils se partageaient tous deux les fonctions de Préfet au sein de de leur maison commune et, à part un manque d’autorité et une incapacité à infliger des réprimandes bien méritées, il avait le mérite d’être un camarade sérieux, silencieux et agréable. Un garçon tel que lui n’aurait pas pour amie une de ces dindes stupides et braillardes dont le babillage frivole avait le don de vriller les oreilles de l’austère jeune fille.

Mais l’incompréhension, aiguisée par la fatigue physique et nerveuse, lui fit froncer les sourcils, l’encre insondable de ses yeux toujours noyés au fond du regard vairon, comme inconsciente de cette main qu’elle serrait toujours au creux de la sienne. Pourquoi cette invitation, si elle avait déjà un cavalier ? Pourquoi s’encombrer d’un garçon duquel elle ne tenait pas vraiment à être accompagnée ? Pourquoi y’aller avec elle revêtait-il tant d’importance à ses yeux ? Le puits insondable de leurs regards s’entremêlait toujours, comme pour se fondre l’un à l’autre, tandis que le scepticisme de Solveig s’étiolait à la faveur de cette fatigue qui l’abattait. Après tout, était-ce vraiment son problème ? Kanaeko comptait lui expliquer les raisons en temps voulu. En attendant, elle acceptait de participer au premier et unique Bal de sa scolarité en sa compagnie ;

- De mes espérances ? Non, je n’espérais rien, je ne comptais même pas venir, mais avec toi nous pourrons sans doute passer une soirée agréable. Mais je ne comprends pas très bien, Darragh ne va-t-il pas mal prendre le fait de partager sa cavalière ? Je ne dis pas non à ta proposition d’explications, mais plus tard, si tu le veux bien. Il semblerait que je sois fatiguée moi aussi. En tout cas considère que c’est fait. Je ne reviens jamais sur ma parole.

Solveig avait balayé l’air du revers de sa main libre, comme pour lui signifier que c’était chose faite, et qu’elle ne reviendrait pas en arrière. Et, à défaut d’avoir le sourire facile, elle s’était contentée d’affermir quelque peu sa poigne sur la main de la jeune fille, dans une étreinte destinée à la rassurer. Les yeux toujours dans les siens, la scandinave étouffa un bâillement, qui sembla l’extirper de la torpeur au creux de laquelle elles semblaient s’être embrumées, toutes les deux ;

- Nous devrions y’aller…

Dehors, le soleil goguenard avait fini, avec force courage et résolution, à pointer le bout de son nez, et à percer le fog automnal qui parsemait son épaisse brume sur les lacs d’Ecosse. Dans un quart d’heure, la marée grouillante d’élèves braillards qu’elle exécrait tant pullulerait au creux du couloir, désert, qui abritait leur étrange étreinte et la découverte de la plus improbable des affections que, jamais, elle n’aurait pu croire possible.

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Kanaeko Hantsuki
Kanaeko Hantsuki
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MessageSujet: Re: Vengeance - Kanaeko  Vengeance - Kanaeko - Page 2 Icon_minitimeMar 28 Sep - 17:57



Vengeance

« Couloirs du deuxième étage »

Automne 1942

Kanaeko avait cherchée à s'expliquer auprès de Solveig... Etrangement, cette fille lui faisait presque plus peur maintenant que durant sa tentative de meurtre. Cela pouvait sembler étrange quand on pensait que, plus tôt, elle lui faisait fasse sans la moindre peur et que, là, pour une simple histoire d'invitation à un bal, la téméraire Serpentard semblait perdre tous ses moyens. Surtout lorsqu'elle se mit à froncer les sourcils à la fin de son explication concernant Darragh, ce qui donnait à la jeune Serdaigle un regard cinglant. Kana se rendit tout juste compte que cette femme était, peut-être, la personne la plus intimidante qu’elle n’ait jamais rencontré. Pourtant, elle n'avait aucune raison de l'être. Il faut dire ce qui est, Solveig devait peser dans les 45kilogrammes à tous casser et n'avait pas grand-chose d’impressionnant physiquement parlant. Mais ce regard... Ce regard plein de caractère, imprégné des hivers glacés de Norvèges, mais aussi empli de savoir et d'intelligence aurait pu avoir la capacité de faire passer le regard hétérochrome de Grindelwald pour une douce caresse. Pourtant, comble du paradoxe, cela ne fit que faire s’emballer son cœur un peu plus. Cette fille était effrayante et dangereuse… mais elle plaisait indéniablement à sa comparse de Serpentard.

Néanmoins, chose surprenante, elle ne refusa pas de venir, même en sachant qu’elle y allait avec un autre. Cette fille est vraiment surprenante. Ses réactions étaient imprévisibles et elle ne semblait pas raisonner comme les autres. Mais, plus surprenant encore : ses paroles. Elle lui a clairement dit qu’elle pensait passer une soirée agréable avec elle plus qu'avec n'importe qui d'autre ?... Les joues de la jeune brune s’empourprèrent un peu plus et, durant un instant, elle cru qu’elle allait s’évanouir... (ou est-ce juste la fatigue ?) En tous cas, cette fille l'intriguait de plus en plus et elle n’espérait vraiment pas le décevoir.

Mais la fatigue les gagnait toutes deux et l’heure des séparations avaient sonnée... Pour le coup, elle fut tentée de la conduire à la salle sur demande histoire de passer la nuit avec elle... Mais, encore une fois, il n’y eut pas d’arrière-pensée ! Elle voulait juste garder un œil sur Solveig, veiller sur son repos et son bien-être. Mais ce n’était pas quelque chose de raisonnable. Cette fille, elle ne la connaissait qu'à peine et bien que son instinct lui hurlait que c'était quelqu'un de bien, elle venait, quand même, d’effectuer une tentative de meurtre sur un professeur. Non, il fallait rester raisonnable et la laisser retourner dans son dortoir où elle se sentirait, surement, plus à l’aise que seule, dans une pièce, avec une quasi-inconnue.

Pourtant, malgré la situation, elle serra un peu plus sa poigne sur sa main, ce qui fit frissonner Kana. Solveig avait conscience de cette main, mais elle ne la lâchait pas pour autant, au contraire... Elle serrait un peu plus, comme pour lui montrer qu’elle ne changerait pas d'avis. Quoi qu’il arrive, Sol irait au bal avec Kanaeko. Puis, comme pour les ramener à la réalité, la norvégienne laissa échapper un bâillement. La brunette ne put s'empêcher de sourire en la voyant... enfin un court instant du moins car elle lâcha un profond bâillement à son tour.

Le moment des séparations était arrivé. Doucement, Kanaeko lâcha la prise sur la main de Solveig, un peu à regret. Elle aurait souhaité la raccompagner, mais le temps de monter dans la tour des Serdaigle et de redescendre dans les cachots, elle se ferait happer par la foule d’élèves qui irait prendre son petit déjeuner dans la Grande Salle.

« Oui... Tu as raison. Par contre, ne m'en veut pas, mais je vais récupérer la bouteille... »

Dit-elle d’un ton désolé en tendant la main. C’était à Solveig de venir la poser dans sa main, même si cela revenait à déposer ouvertement les armes. Ce geste lui sera, probablement, particulièrement difficile, mais elle devait le faire. Malgré tout, elle ne put s’empêcher de lui dire :

« Si tu le souhaites, je peux te raccompagner à la tour de Serdaigle… »

Qu’est-ce qui l’a fait changer d’avis ?... Eh bien, l’inquiétude principalement. Sol avait, soudain l’air particulièrement fatiguée et cela l’inquiétait. Mais, elle ne comptait pas insister pour autant, se doutant que la jolie Serdaigle allait réfuter cette proposition. Néanmoins, qui ne tente rien n’a rien, non ?


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Solveig A. Asbjørnsen
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MessageSujet: Re: Vengeance - Kanaeko  Vengeance - Kanaeko - Page 2 Icon_minitimeMer 20 Oct - 12:07



Vengeance

« Couloirs du deuxième étage »

Automne 1942

Dehors, doucement, le soleil se levait. A tâtons d’abord, il avait pointé le bout de son nez, en une lueur tamisée, chétive, peut-être plus pâle encore que la longue chevelure de Solveig qui l’avait accueilli avec une superbe indifférence. A présent il se rappelait à elle, tout à l’heure à genoux, pudibond et docile, à présent triomphal et debout, à mesure que les minutes s’égrenaient. Et, dans la vivacité de son éclat, Solveig semblait entendre le grouillement annonciateur des troupeaux d’élèves qui martèleraient le couloir d’ici quelques fatidiques instants. Elle les entendait déjà, les cris suraigus des adolescentes surexcitées, et la sonorité braillarde des rires des garçons. Elle pouvait déjà s’imaginer les diverses réactions de l’assemblée face à la trop étrange petite scénette ; les plus jeunes qui montrent du doigt en ouvrant des yeux ronds. Les autres qui marmonnent à mi-voix, désapprobateurs, enthousiasmés ou simplement curieux. Décidément, le soleil lui rappelait qu’il fallait partir. Plus que sa fatigue écrasante, plus que les doigts qu’elle serrait au creux de sa main blanche, plus que ces étranges yeux au fond desquels elle était immergée depuis trop longtemps.

Les insistantes lueurs du jour semblèrent également lui ramener les pieds sur terre ; la rappeler à cette contemplation inconsciente de la jeune fille qui lui faisait face, à la trop longue étreinte, à ces confidences impromptues qui s’était écoulées avec le naturel d’une source libérée des longs mois de gel d’un hiver trop rude. Pourquoi l’écluse s’était brisée spécialement devant elle, devant cette silhouette farouche, au courage inébranlable, un brin insolent ? Pourquoi avoir d’emblée accepté cette trop étrange invitation qu’elle ne comprenait pas ? Solveig n’aimait pas ce qu’elle ne pouvait comprendre. Et pourtant, sans sourciller, tout à la noyade au fond de cet invraisemblable regard, elle avait acquiescé, sans savoir pourquoi, ce qu’elle aurait refusé à n’importe quel garçon de Poudlard.

Il n’y avait plus grand-chose à ajouter. En la contraignant à abandonner ses plans, Kanaeko avait réussi là où tant d’autres avaient échoué. Ruse et manigance, qualités de la maison du Serpent sans les infâmes défauts qu’elle ne voyait que trop chez ses congénères, qu’elle avait fini par fuir comme la dragoncelle. Et l’implacable Solveig se surprenait à se soumettre de moins mauvaise grâce à l’humble triomphe de sa bienveillante adversaire. Pourquoi ? Parce qu’elle avait raison, sans doute ? Amère pilule, difficile à avaler, qui néanmoins traçait son chemin douloureux au creux de sa gorge, ses tripes et son estomac.

Et lorsque l’étreinte se desserra, la main trop blanche retomba mollement le long du corps de la fière scandinave abattue. Comme vidée de son énergie, il lui semblait que c’était la force de la batteuse qui l’avait fait tenir debout tout ce temps. A présent il lui fallait dormir. Oublier dans le repos salvateur qu’elle avait failli, pour son plus grand bien sans doute. D’un geste vaincu, trahissant de la lassitude immense qui s’était soudain emparé de ses os, Solveig lui tendit la bouteille de nectar hors de prix pour l’achat duquel elle s’était sacrifiée tant de semaines. Et pourtant, le sacrifice du plan ourdi de sa vengeance, du seul dessein viable de toute sa courte existence, représentait tant, bien plus que la poignée de Gallions définitivement perdue au déversement meurtrier du poison au creux de l’hydromel délicat ! Dans cette renonciation, il y’avait ce qu’ici, elle n’avait jamais accordé à personne ; de la confiance. Une gratitude non avouée aussi, refoulée encore, pour cette souillure meurtrière, indélébile, épargnée à son âme sauvée de justesse.

Il était toutefois plus que l’heure d’offrir un ultime regard sans sourire à sa sauveuse de conscience. L’encre des yeux se détourna résolument de ce qui avait manqué de peu de devenir une arme de crime. Vaguement honteuse d’avoir perdu, n’admettant pas ce soulagement qui l’envahirait bien plus tard, lorsqu’elle réaliserait que la batteuse l’avait irrémédiablement sauvée du destin d’assassin qu’elle s’était dessinée là. Désirait-elle vraiment partager cet affreux point commun avec le mage noir honni dont elle avait voulu la perte plus que toute autre chose ? Non. En son âme et conscience, en son for intérieur, le non se gravait, implacable, brute d’une honnêteté que la haine aveuglait trop encore pour la percevoir dans toute sa réalité. Plus tard, peut-être aurait-elle la gratitude de remercier Kanaeko. Pour le moment, la colère prenait le pas sur la reconnaissance. Ses iris plus noirs que jamais, ses lèvres fines toujours résolument pincées, Solveig s’apprêtait à tourner les talons, abandonnant définitivement son entreprise ourdie avec tant de soins, sous la seule volonté de la Serpentard, au moins aussi farouche qu’elle. Kanaeko lui proposait de la raccompagner à la Tour de Serdaigle. Pourquoi ? Avait-elle peur qu’elle ne revienne sur ses pas ? Privée de son arme de crime, pourtant, Solveig ne risquait pas de revenir sur sa décision. Etait-elle inquiète ? Avait-elle si mauvaise mine que cela ?

La fière scandinave n’aurait pas réellement su dire si elle refusait par orgueil ou par lassitude. Toutefois, sa main blanche fendit l’air dans un geste de désapprobation polie, tandis qu’elle secouait la tête, ne s’imaginant que trop bien l’ascension inutile que devrait gravir Kanaeko de sa propre salle commune située dans les tréfonds du château à celle des Serdaigle, située presque à ses cimes. Elle n’était pas encore suffisamment fatiguée pour menacer de s’écrouler sur les marches ;

- Non, ça ira…Tu as tes cours et ta salle commune est à l’opposé…Alors…Je te dis à bientôt.

Des bruits de rires résonnaient comme un écho à l’angle du couloir. Décidée cette fois, Solveig tourna définitivement les talons à la plus étrange des rencontres de sa scolarité, qui deviendrait aussi sa plus improbable et son unique cavalière de bal qu’elle ait jamais accepté d’accompagner.

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