Pas simple la vie d’étudiante… Même à Poudlard. Qui aurait pu croire que la discrimination était aussi présente dans une école basée sur la magie ? Après tout, là-bas, tous ont des pouvoirs et sont tous des sorciers. Pourtant, à une table, sont assis deux personnes considérées plus ou moins comme des phénomènes de foire : Rubeus Hagrid et Mimi Geignarde. Un demi géant et une fillette née-moldus, cela amusait, semblerait-il, deux élèves de Serpentard de sang pur. Heureusement, pour eux, ils se tenaient plutôt à carreau car le professeur était bien trop intimidant. Grindelwald, en plus d’être un repris de justice, n’avait, semblerait-il, pas de souci pour faire régner le calme dans la salle de cours. Cependant, tout les cours ont une fin. A peine sortit de la salle de classe, Mimi s’était pris une boulette de papier ensorcelé derrière la tête.


« Aïe ! »

Agacée, elle se retourna, le visage déformé par la colère, dévisageant les deux Serpentard. Mais ces derniers s’était plié de rire par l’expression du visage de la fillette aux couettes. D’autant plus énervée, Mimi monta sur ses grands chevaux.

« AH C’EST DRÔLE HEIN ?! VRAIMENT SI DRÔLE QUE ÇA DE ME JETER DES TRUCS ?! »

Mais ils n’en riaient que plus, ne lui répondant même pas. Mais l’un d’eux lança à son ami. « Comme quoi, les sangs-de-bourbes peuvent être utiles ! » Et l’autre y répondit, plié de rire…  « Ouais… En plus comme-ci Mimi La-Moche faisait peur… »

D’autant plus énervée, Mimi serra fort sa baguette, la veine de son front ressortant affreusement. Mais les larmes perlaient déjà à ses yeux. Trop de colère, trop d’émotion. Quel sort lancer ?!


« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! »

Elle lâcha son légendaire cri strident qui s’était probablement entendu jusqu’à Pré-Au-Lard. Elle leva sa baguette en tremblant de colère. Agitant sa baguette, elle lance alors :


« DIFFINDO ! »

Mais elle trembla tellement que, au lieu de trancher les vêtements d’un des élèves qui la harcelait, elle trancha net en deux la porte de la salle de cour. Cela ne fit que rajouter une couche à la crise de rire des compères. Mimi, désemparée, prit la fuite en se remettant à hurler, se dirigeant droit vers les toilettes des filles. Elle partit tel un boulet de canon, regardant à peine où elle mettait les pieds. Tout ce qu’elle voulait, c’était fuir dans un endroit tranquille, là où personne ne la harcèlerait, où elle connaitrait enfin le calme.

Grindelwald regardait les élèves de son cours partir avec indifférence, pas mécontent cela dit que cela soit terminé pour la journée. Ni pédagogue, ni patient, ce statut de professeur sous surveillance ne lui convenait que très peu, d’autant plus vu l’intérêt qu’avait sa matière. Il aurait été mentir de dire qu’il n’aurait pas souhaité un poste un peu plus enthousiasmant, comme les Défenses Contre les Forces du Mal. Bien évidemment cela lui avait été refusé, jugé beaucoup trop dangereux pour qu’on l’assigne à une telle responsabilité. Il n’était pourtant pas de cet avis : quoi de mieux pour se protéger du Mal que d’apprendre par un mage noir. Mais bon, il n’avait clairement aucun poids sur les décisions de l’école et il n’avait guère le choix que d’être la marionnette du Ministère et de la Direction de Poudlard. Quoiqu’il en soit, les pieds sur le bureau comme à son habitude, il croisa les bras et ferma les yeux, profitant du calme revenu dans la salle de classe. Rares étaient ceux qui bronchaient dans son cours, mais une salle remplie de trente personnes contre juste une avait une ambiance particulièrement différente. Il profita de ce moment de répit même si les Aurors n’allaient pas tarder à venir le chercher.

L’avantage était qu’après certains cours où Grindelwald s’entichait docilement de son rôle, les représentants de la justice magique cessèrent d’être au fond de la classe afin de le surveiller pendant ses leçons. La confiance était quelque chose de difficile à gagner et il n’était pas assez fou pour semer la pagaille et terminer une nouvelle fois Azkaban. Poudlard était certes une nouvelle forme d’emprisonnement mais l’air de l’Écosse était pur et il pouvait au moins apercevoir les rayons du Soleil. Cependant, avant qu’un Auror eusse le temps de venir, il entendit des cris à l’extérieur de sa salle de cours puis entendit un craquement de bois retentissant. À contre-cœur, il ouvrit un œil et vit la porte de la salle de cours coupée en deux. Las et agacé, se disant que cette histoire allait sûrement lui retomber dessus et que, dans son rôle de bon instituteur, il se devait d’intervenir, histoire de montrer qu’il se prenait au jeu, même sans grandes convictions. Il se leva alors et se dirigea vers l’entrée de la salle de cours afin de constater les dégâts. Son regard tomba sur deux élèves de Serpentard, ce qui suffit à les faire déguerpir rapidement. Affligé devant ce spectacle pathétique, Grindelwald avait cependant eu le temps d’apercevoir la Serdaigle Miss Warren s’enfuir en courant.

Ayant les oreilles qui traînaient, il avait entendu parler de cette élève par ces chers « collègues ». Il savait donc à quel point elle pouvait être émotive et explosive et savait exactement où elle allait se réfugier pour pleurer. Ne voulant clairement pas se retrouver dans des ennuis sans nom et ne désirant pas se justifier auprès d’Albus au sujet de la porte, il partit en direction des toilettes des filles, bien déterminé à faire réparer à Miss Warren sa bêtise. En réalité, s’il n’avait pas été privé de baguette, il aurait laissé filer passivement et l’aurait fait lui-même. Le travail aurait d’ailleurs été de meilleure qualité que par cette élève de troisième année. Malheureusement, ce n’était pas le cas et il n’avait donc guère le choix que d’obliger l’élève à corriger son excès de colère. Contrarié et ayant autre chose à faire que la police au sein d’adolescents, il tambourina à la porte non sans agacement. Il ne parlait que très peu aux élèves et détestait le faire. Pour dire, il ne leur disait même pas bonjour quand ils arrivaient dans sa salle de cours. À vrai dire, cette taciturnité, il l’appliquait également avec le personnel du château. Comprenant qu’elle ne sortirait pas sans qu’il la presse un peu, il prit finalement la parole :

— Sortez de là. Tout de suite.

Si un jour à l’époque où il ralliait les foules pour la conquête de son idéologie en Europe, on lui avait dit qu’il finirait à essayer de déloger une gamine chouineuse des toilettes pour venir réparer une porte, il aurait tout simplement pris son interlocuteur pour un fou, à tel point qu’il aurait plus été inquiet par l’état mental de l’homme qu’amusé par l’absurdité de la situation.

La petite femme s’était donc enfui dans les toilettes. Elle s’enferme dans l’un d’eux et se mit à pleurer à chaude larme. Oh pensez ce que vous voulez. D’accord, il est vrai qu’elle chouine pour un oui ou pour un non, mais il faut se mettre un peu à sa place. Quand toute votre vie vous êtes martyrisée, critiqué pour tout ce qui fait de vous ce que vous êtes, il y a de quoi finir par péter un câble. Et puis il faut dire ce qui est. Mimi est assez fragile d’esprit et ce n’est pas aller en s’arrangeant au fur et à mesure des années qui ont passé. Elle veut juste être acceptée telle qu’elle est, c’est tout. En pleurant, elle repense à l’année passée… Quand elle a vu son épouvantard pour la première fois. Elle a vu le peu de personne qu’elle appréciait se moquer d’elle. Sa famille, le Professeur Slughorn et même le professeur Dumbledore… C’était trop, elle n’avait pas pu affronter son épouvantard ce jour là… Encore une fois, elle avait fuit ici même.

Quand on y pense, de moins en moins de filles viennent ici, lasse de ne pouvoir être en paix car, il faut le dire, Mimi y est plus souvent qu’elle ne le devrait et le faite qu’il y ait de moins en moins de personne, ça l’encourage encore plus à s’en servir comme lieu où pleurer ou, où méditer voir étudier ! Au moins, elle, elle y connaît la paix. En entendant frapper à la porte, elle lâcha un puissant.

« FICHEZ LE CAMP ! »

Bien entendu, elle ne savait pas qui se trouvait derrière à ce moment là… C’est en reconnaissant la voix du professeur de rune qu’elle se mit à pâlir et s’exécuta, sortant, penaude, tête baissée, tapotant ses indexes l’un contre l’autre. Grindelwald lui faisait une peur bleu et pas seulement à cause de sa réputation. Car oui, il était connu comme étant un des mages noirs les plus dangereux de tout les temps, mais surtout, il était… Effrayant. Mimi n’arrivait pas à regarder ces yeux vairons effrayants. Tout bas, ayant peur, vraiment peur, elle lui dit :

« Pardon monsieur… Je ne voulais… Vraiment pas… Vous contrarier… »

Nerveusement, elle retire ses lunettes afin d’essayer de sécher ses larmes. De toute manière, ses yeux étaient tellement embué qu’elle n’y voyait presque rien. Dans le fond, elle aurait préférée que ce soit le professeur Dippet lui même qui vienne la gronder.

Grindelwald se demandait vraiment ce qu’il fabriquait ici, à attendre qu’une gamine finisse de faire sa crise de nerfs dans les toilettes. Si quelqu’un le voyait ici, il pourrait se poser des questions assez embarrassantes pour le professeur d’Étude des Runes. Ce dernier s’inquiéta également du temps qui passait et des Aurors qui arriveraient d’un instant à l’autre. S’il n’était pas présent dans la salle de cours, il aurait des problèmes bien inutiles et dispensables. Il croisa les bras, en espérant qu’elle serait docile et sortirait de suite après son ordre. Cependant, ce fut tout l’inverse qu’il entendit : un hurlement fou de rage, grossier, résonna des cabines privatisées. Tiqué, Grindelwald eut une moue de colère contenue sur son visage et serra les poings, essayant de garder son calme face à cette insulte. Il ferma sa mâchoire également, tentant d’évacuer cette pulsion violente qui était montée brusquement en lui. Heureusement qu’il n’avait pas de baguette. Ce n’était pas cela qui l’empêchait réellement de faire la magie, mais cela lui évitait de dégainer trop rapidement pour se débarrasser définitivement de celle qui venait de l’insulter. Il ne bougea pourtant pas, essayant de ne pas faire trembler les murs tel un vulgaire gamin ne parvenant pas à se contrôler.

Il ferma les yeux quelques secondes, histoire de refaire descendre la pression. Le meurtre d’une élève viendrait sur un coup de sang le condamnerait. Rien que lever la main sur elle pouvait l’entraîner vers le Détraqueur. Il soupira alors en entendant la porte des toilettes grincer tandis que la gamine effrayée et confuse s’approcha de lui pour se morfondre en excuses. Grindelwald la toisa, restant silencieux, braquant ses yeux hétérochromes, noir et blanc, sur elle, se demandant s’il devait la punir également pour cet affront. Cependant, il n’était pas certain de pouvoir infliger des sanctions aux élèves, ou du moins, d’en avoir le droit. Les bras toujours croisés, il réfléchit alors un moyen de bien lui faire comprendre ne plus jamais lui adresser la parole sur ce ton, peu importe la situation. Cependant l’heure tournait et il ne voulait pas avoir de problèmes à cause d’une abrutie qui ne savait pas contrôler ses émotions. À vrai dire, il aurait presque pu la prendre en pitié face aux insultes qu’elle subissait mais le peu de compassion qu’il avait pour elle s’était envolée. Et Gellert Grindelwald n’était pas réputé pour sa grande miséricorde. Ainsi, il se pencha vers elle pour la forcer à la regarder droit dans les yeux. D’un ton glacial et de sa voix grave, il dit à mi-voix :

— J’ai tué de mes mains des gens, hommes, femmes ou enfants, pour bien moins que cela. Je te conseille de ne plus jamais recommencer cela, mmh…?

Il la regarda un peu plus par en-dessous, haussant les sourcils pour lui demander silencieusement si le message était bien clair et imprégné dans sa cervelle. Il la dévisagea encore quelques secondes avant de se redresser pour la toiser de toute de sa hauteur. Il attendit qu’elle eût remis ses lunettes pour lui dire d’une voix plus posée, plus calme :

— Tu vas aller réparer la porte que tu as brisé. Cela te fera un bon exercice de pratique. Tu as appris le sortilège de Reparo, n’est-ce pas ?

Il espérait sérieusement pour sa vie à elle qu’elle savait maîtriser le sort de réparation ou il ne pourrait pas dire ce qu’il lui ferait si elle s’en montrait incapable.

— Et dépêche-toi, je n’ai pas que cela à faire.

Il croisa les bras dans son dos, la suivant d’un regard dur, et attendit qu’elle commence sa marche vers le devant de la salle de cours pour lui emboîter le pas, espérant que les Aurors n’étaient pas en train de l’attendre, se doutant qu’ils seraient méfiants sur la raison de son absence.

Allez savoir ce qu’il y a de pire entre se faire gronder ou être sonder en silence comme le Professeur le fit un long moment… Un trop long moment pour la petite Serdaigle qui croyait vraiment qu’elle allait y laisser la vie. Parfois, elle se dit qu’elle devrait laisser courir. Après tout, elle n’est pas la seule Née-Moldu à se faire harceler au sein de l’école. Elle devrait prendre exemple sur ces garçon ou filles qui laissent courir. Mais, c’est plus fort qu’elle. Cette sensation d’écrasement, d’oppression, lui est insupportable. C’est tant demander que cela d’être apprécié et respecté ?

Bref, enfin, il bougea, se mit en face d’elle et la menaça… gentiment ? Non, ce n’est pas le mot. Il n’a pas haussé le ton justement et cela le rendit encore plus effrayant. La petite Mimi rentra sa tête dans ses épaule, perdant toute couleur au visage (hormis le tour de ses yeux rouge qui contrastait justement avec la pâleur de son visage). A se demande, elle ouvrit la bouche… Mais elle était tellement effrayée que ses lèvres bougeaient, mais son souffle coupé par la peur fit qu’aucun son ne sortit. Elle se reprit un instant plus tard et, hocha la tête :

« O… Oui monsieur… Pardon encore, monsieur… Je… Ce n’était pas à vous… que j’en voulais… »

Elle tenta un sourire, mais cela ressembla plus à une grimace qu’à autre chose… Elle avait vraiment eu peur au point qu’elle en avait envie de vomir… Elle remit ses lunettes avec ses mains tremblantes et écouta sa demande.

« Oui… C’est même un des premiers sors que j’ai appris, monsieur… »

Quand on est aussi maladroit qu’elle, il faut bien. Le vrai premier sort qu’elle a appris fut « Oculus Reparo ». En toute logique, c’est l’un des sors qu’elle maitrise le mieux. Malgré tout, son Professeur lui faisant toujours aussi peur, elle doutait d’elle plus que jamais. A sa demande, et à son regard dur, elle couru vers la salle… mais s’arrêta rapidement derrière un pilier, laissant une meute d’élève passer. Elle ne voulait pas être vu, les yeux rouges, suivit par le Professeur de Runes. Finalement, elle sortit de sa cachette et couru vers la salle, dégainant sa baguette. Mimi se racle la gorge et essaye de se concentrer, faisant de son mieux pour oublier la présence du criminel repentit derrière elle qui lui mettait une pression considérable.

« REPARO ! »

Le coin tranché s’éleva dans les airs et se plaça à sa juste place. Le sort était réussi dans l’ensemble bien que pas vraiment parfait. La porte est énorme à réparer et la petite Sorcière n’a pas l’habitude de réparer des objets aussi gros. En y regardant de près, on pouvait voir que certaines planches n’étaient pas toutes complètement soudées… Mais Mimi était plutôt fière de son travail. Elle se tourne vers Grindelwald, toujours autant intimidée.

« C’est bon, Professeur ?... Je ne suis pas punis ?... »

En voyant l’air déconfit de l’adolescente, Grindewald resta droit, le regard toujours courroucé mais certains que le message était passé. Elle s’excusa alors, tout naturellement et c’était la moindre des choses qu’en attendait Gellert. La bougresse n’avait pas l’air ni méchante, ni irrespectueuse, juste un peu émotive. Cependant, il ne réagit pas à son sourire pourtant ampli de bonne volonté. Même s’il ne lui en voulait pas personnellement, il n’avait aucune intention de rester plus longtemps avec cette élève. Elle allait peut-être déjà lui causer des ennuis et il n’était guère d’humeur à vouloir sympathiser avec la demoiselle. Sans plus attendre, il commença à marcher en direction de la salle des Runes mais fut dépasser par l’élève qui y allait en courant. Toujours d’un pas tranquille, les sourcils légèrement froncés et les mains jointes dans le dos, il regarda l’étrange adolescente s’arrêter net pour se cacher derrière un pilier. Gellert la dépassa à son tour, de sa marche tranquille, presque lente, la regardant sans trop savoir ce qu’elle fabriquait. Ne voulant pas s’embêter à essayer de la comprendre, il poursuivit sa route sans s’arrêter, regardant un groupe d’élèves déguerpir en courant. Que les adolescents pouvaient être vifs et chahutant… C’en était fatigant.

Il se posta en retrait, attendant que la miss sorte de sa cachette en courant pour venir se mettre devant l’objet brisé. Il observa avec attention son geste, curieux de voir si l’élève était douée, ou non. Le sort fut lancé et Grindelwald en fut presque désespéré à tel point qu’il poussa un profond soupir. Il s’approcha de la porte et inspecta le coin qui venait d’être replacé. Il passa ses doigts, sentant très distinctement la marque de la coupure. Il se redressa et la regarda droit dans les yeux tandis qu’elle demandait poliment si c’était bien fait. Cependant, Gellert n’était pas là pour être aimable. Il était là pour être professeur et apprendre des choses aux élèves. Visiblement, cette gamine n’avait pas bien appris son geste ou quelque chose n’allait pas. Quoiqu’il en soit, le travail était mal fait et le sorcier n’aurait pas la langue dans sa poche. Restait à savoir s’il lui faisait recommencer ou non. Le Mage Noir aimait le travail propre et bien fait, il avait toujours fait en sorte pour s’entourer de ceux qui partageaient sa vision des choses. La négligence n’avait pas de place dans son monde et dans idéologie. Il la regarda droit dans les yeux et lui dit alors :

— C’est mal fait.

Il replaça ses bras dans son dos, relevant le menton.

— Libre à toi de recommencer ou non. Si tu te contentes que du minimum, tu ne progresseras jamais et tu ne réaliseras rien. Cependant, je te laisse le choix. Si tu te contentes que de cela, je le ferai à ta place, mais sache que j’aurai préféré m’abstenir.

Il marqua une pause, baissant légèrement la tête.

— Ton geste était trop imprécis, c’est cela qui ne t’a pas permis de réussir parfaitement ton sortilège.

Il resta à côté de la porte, regardant le couloir pour voir si l’Auror qui devait le chercher devait arriver. Bon, il n’était pas dans sa salle de cours, mais il était juste à côté en train de faire réparer une porte à une élève. Rien de bien belliqueux en soi. Du moins l’espérait-il. Il n’avait juste pas envie de s’attirer des problèmes en ce moment. De toute façon, les Aurors étaient visiblement en retard, chose qui ne le déplaisait pas, appréciant le fait de n’avoir personne d’autre sur le dos. C’était pour cela qu’il avait hâte que la gamine se dépêche de réparer correctement cette fichue porte.

La petite sorcière aux couettes était vraiment fière de son travail. Elle était assez confiante lorsque le mage noir s’est approché de la porte pour observer son état final. Mais il est difficile de satisfaire le professeur de rune qui n’acceptait rien de moins que la perfection. Alors lorsqu’il lui dit que s’était mal fait, elle sursauta et fronça les sourcils. Elle s’avança elle aussi doucement vers la porte et observa… Bah ce n’était pas si mal fait ! La porte aurait tenue même ci cet endroit restait, en effet, fragilisé.

Malgré tout le franc-parlé de Grindelwald qui faisait bouillir Mimi au font d’elle (et ça se ressentait par son expression du visage), elle même devait bien le reconnaître, il restait pédagogue. D’abords en l’encourageant à recommencer sans pour autant l’y forcer et puis, après une courte pause, à lui donner des conseils pour se perfectionner. La petite Sorcière était agacée par les remarques du professeur, sa susceptibilité étant mise à rude épreuve. Après tout, zut ! Elle n’a que quatorze ans. Sa maîtrise est encore loin d’être parfaite, ce qui est légitime. C’est à se demander si l’exigence du professeur de rune était légitime. Mais, la peur du mage noir l’emportait sur tout. Si elle partait, maintenant, en lui disant de se débrouiller, c’était obligé, elle allait se retrouver dans son collimateur pour l’année à venir et elle avait déjà assez d’ennemi comme cela ! Du coup, dos au mur, elle n’eut d’autre choix que de répondre :

« Eh bien… Je vais réessayer alors ! »

Elle se recule à nouveau, souffle un coup et se concentre sur le mouvement de son poignet.

« REPARO ! »

On entends à nouveau le bois de la porte craquer doucement alors que les quelques planches qui ne s’étaient pas soudées entre elles fusionnèrent, réparant complètement la porte. Satisfaite, la petite fille aux couettes sourit grandement et retourne vers la porte, l’observant de haut en bas, en faisant le tour.

« C’est bon, monsieur ! Là je crois qu’elle est complètement réparée ! »

Dit-elle en souriant. Là, franchement, il n’avait rien de plus à redire sur sa réparation ! Bon, mise à part qu’il lui a fallu se reprendre à deux fois pour y arriver. Mais bon, ce n’est pas si simple à réparer une porte après tout, non ? Dans tout les cas, cette fois, Mimi était vraiment fière de son travail et elle espérait recevoir ne serais-ce qu’un semblant de compliment de la part de Grindelwald même ci elle rêvait sans doute un peu trop.

Les paroles de Grindelwald semblaient avoir fait mouche. En effet, rapidement, son élève entreprit de recommencer son erreur, voulant corriger son imperfection. Le Mage Noir la regardait faire sous un regard peu enclin à la sympathie ni aux compliments. Même s’il jouait son rôle de professeur, il avait cette autorité naturelle qu’il n’avait nul besoin de travailler (quitte à passer pour un enseignement rude et cruel) mais n’avait cependant pas la bienveillance de son collègue Albus Dumbledore. Pourtant, comme ce dernier, il poussait ses élèves vers les hauts, attendant mieux d’eux, toujours. Que ce qu’ils réussissent soient bien n’est pas suffisant : c’est le niveau que l’on attend d’eux. Qu’ils les surprennent en allant au-delà, montrant de la curiosité, de l’envie, du perfectionnisme et créativité, ne pouvait être que du bonus. Mais en attendant, Grindelwald ne tolérerait pas la médiocrité paresseuse de certains élèves qui se contentaient juste du minimum. Aucune ambition, aucun orgueil. C’était d’un dégoût sans nom. L’ambition pouvait prendre beaucoup de formes : certains élèves voulaient apprendre toujours plus, certains voulaient que leur nom soit auréolé de gloire. Ceux qui ne souhaitent rien, qui participaient juste de manière passive pour faire acte de présence n’avaient tout simplement rien à faire ici à ses yeux.

Avec cette mentalité qui le suivait depuis Durmustrang, il regarda la jeune Warren inspecter son œuvre. Il s’en rapprocha à son tour afin de donner son envie. Il inspecta les nervures du bois, la séparation des planches, même les différentes teintes de couleurs. C’était comme si rien ne s’était passé. Du travail fait, tout simplement. Au moins, il n’aurait pas à se salir les mains, quelque part. Il fit glisser ses doigts pâles sur le bois, essayant de sentir la moindre irrégularité qui passerait sous son épiderme. Rien d’anormal non plus. Il se redressa alors et planta de nouveau son regard glacial dans les yeux de la petite Serdaigle. Étant encore au début d’année, il ne savait pas encore ce que cette fille valait en cours. Mais visiblement, elle semblait plus qu’émotive. Il se demandait s’il était capable de pleurer pour une mauvaise note ou encore de taper un scandale. Cependant, il noterait justement, en fonction de ce que vaut son devoir. Il ne s’amuserait pas à casser un élève par pure sadisme. Albus ne lui permettrait pas de toute façon. Il eut une moue, ne cherchant pas bien longtemps les mots pour son verdict :

— C’est tout juste passable. Tu as quand même dû t’y reprendre à deux fois. C’est presque insuffisant.

Les mains croisées devant lui, il continua de la toiser, sans l’ombre d’un sourire bienveillant, ce qui faisait un bon contraste avec celui, enthousiaste mais très probablement éphémère, de l’élève. Il n’avait clairement pas envie de la faciliter. D’abord parce qu’elle n’aurait jamais dû saccager cette porte, mais en plus car ses réparations n’avaient pas été à la hauteur des dégâts. C’était donc médiocre, mais sûrement plus instructif et pédagogue à ses yeux qu’une simple retenue sans intérêt. Certains ne partageaient son point de vue mais il avait l’habitude de ce cas de figure, de rencontrer des gens qui voyaient les choses d’une différente manière. Cependant, il ne chercherait pas à l’imposer, surtout ici, il savait que ce serait vain. En revanche, rien ni personne ne lui interdisait, pour l’instant, de sanctionner ses élèves comme il l’entendait. Il lui fit alors un petit geste bref de la tête pour l’inviter à détaler au plus vite, sentant sa patience s’effriter au fur et à mesure des minutes avec elle. Il espérait juste qu’elle ne soit pas aussi impertinente en classe que lors de leur bref échange devant les toilettes des filles.

La petite née-Moldus l’observe alors inspecter la porte. Le professeur met, cette fois-ci, beaucoup de temps à la regarder, à la toucher. Ceci conforta la petite Mimi qui sentait au fond d’elle comme un fort sentiment de satisfaction. S’il mettait autant de temps à trouver un défaut, cela veut donc dire qu’elle s’est littéralement surpassée ! Et pourtant…

La réponse du mage noir fit fondre le sourire satisfait de la petite sorcière en une moue d’incompréhension totale. Elle n’en croyait pas ses oreilles… Bien entendu, elle connaissait la réputation de Grindelwald, mais là, on était vraiment dans la mauvaise foi ! Elle-même retourna inspecter la porte. Tout était propre et personne ne pourrait croire qu’elle venait d’être tranchée en deux à l’aide du sortilège de tranchage. Elle se tourne à nouveau vers lui, les larmes au bord des yeux à nouveau, ne comprenant visiblement pas ce qui le forçait à être aussi dur.

« Vous êtes… vous êtes… »

Tout un tas de mots peu gratifiant lui traversait l’esprit à ce moment-là. D’habitude, elle prends le premier qui lui passe par l’esprit et le lance à la figure de son interlocuteur. Mais là, face à une telle personnalité, mieux valait faire attention. Elle fini par lacher dans un sanglot :

« Vous êtes injuste ! »

Puis elle part en courant, en pleurant à nouveau, vers les toilettes des filles. Retour à la case départ nous dirons. Beaucoup trop d’émotion. Une journée bien sombre pour la petite Mimi Geignarde qui n’a rien demander à personne à la base. Malgré tout, elle aura retenu ici une leçon. Celle de se donner à fond dès le départ pour éviter de se prendre des réprimandes par la suite. Mimi est susceptible, oui. Mais elle n’est pas forcément idiote pour autant et essaie de retenir les leçons, juste pour éviter de souffrir par la suite. Elle aura désormais appris que pour contenter un minimum ce professeur, il faudra se donner à fond dès le départ.