De l'amertume des faibles - Albus - Flashback



 
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De l'amertume des faibles - Albus - Flashback

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Belladone Raven
Belladone Raven
Âge : 28 ans
Sang : Sang-Pur
Nationalité : Anglaise
Patronus : Un corbeau
Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal
Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et crin de licorne
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MessageSujet: De l'amertume des faibles - Albus - Flashback  De l'amertume des faibles - Albus - Flashback Icon_minitimeJeu 27 Fév - 13:01



De l'amertume des faibles

Salle de Défense Contre les Forces du Mal

Septembre 1926

Le bruissement d’ailes d’Eurydice fit lever le regard du garçonnet de l’assiette qu’il avait remplie avec un peu trop d’enthousiasme, ne se lassant guère de l’abondance et de la délicatesse des mets qui recouvraient les tables de la Grande Salle trois fois par jour. La fourchette encore pleine d’œufs brouillés retomba dans l’assiette avec un tintement léger, qui dissimulait mal cet enthousiasme débordant que l’arrivée de la chouette familiale procurait à Belladone, mêlé au dépit d’avoir à délaisser son succulent petit-déjeuner. Les doigts malhabiles du benjamin Raven délacèrent tant bien que mal le cordon qui reliait la patte d’Eurydice au colis beaucoup trop imposant pour n’être destiné qu’à lui seul, et en défit le papier brun avec une certaine impatience.

- Il y’a quelque chose pour moi ? Maman m’a promis de me faire ses biscuits au miel !

Une fillette guère plus âgée que Belladone s’était approchée et, sans attendre de réponse, avait plongé les mains au fond du paquet, et il n’avait lui-même pas eu le temps encore de jeter un œil au contenu que les doigts empressés de sa sœur étaient ressortis, agrippant un petit sac de papier blanc. Le visage pâle, dont la ressemblance avec son frère cadet était frappant, s’illumina d’un sourire triomphal, tandis qu’elle s’enfuyait déjà, mordant à la va-vite dans un des biscuits qu’elle venait de dénicher :

- A plus tard Bella ! J’ai Histoire de la Magie, et je suis déjà presque en retard !

Le regard du jeune garçon s’était posé sur le petit ouvrage à la reliure de cuir qu’il attendait, et ses mains fébriles s’en saisissaient déjà lorsque la main d’un adolescent aux épaules larges se posa sur son épaule. Belladone tourna la tête vers la haute stature de son frère Hazel en tenue de Quidditch, sans doute prêt pour un énième entraînement, prenant très à cœur son rôle de batteur au sein de l’Equipe de Serdaigle. Deux filles attendaient derrière lui, tandis que son charmant et populaire grand frère lui décochait un immense sourire et que sa main plongeait par-dessus l’épaule du jeune garçon et se saisissait avec une agilité déconcertante d’une enveloppe à son nom, tracé à l’encre par l’élégante calligraphie maternelle.

- Ah ! J’attendais cette carte du capitaine des Tornades de Tutshill, Maman avait promis de me l’envoyer ! Tu as reçu ta livre de Patacitrouilles hebdomadaire ? Quel cours as-tu en premier, ce matin ?

Belladone riva son regard sur le sourire bienveillant d’Hazel, qui, depuis le départ de Poudlard de Narcisse, semblait prendre son rôle de grand frère très au sérieux. Le timide garçon leva le regard vers les deux ravissantes jeunes filles qui dévoraient le populaire batteur des yeux, puis se détourna, gêné mais peu surprit de ce succès auquel il s’était habitué depuis l’an dernier. Hazel était beau, populaire et extraverti, et le jeune garçon timide, lunaire et renfermé regardait ce succès de loin et à la dérobée, ne lui enviant pas une seconde cette sensation de tournis qui le prenait à voir cette sphère de bruit et de lumière graviter autour de lui. Ne relevant pas le trait d’humour qui soulignait la gloutonnerie avec laquelle Belladone engloutissait ses confiseries favorites, le jeune garçon sourit lui aussi, le cœur toujours réchauffé par les interactions familiales que Poudlard permettait en le réunissant à ses frères et sœurs :

- Oui, je les ai. Et aussi Maman m’a renvoyé mes Contes de Beedle le Barde. Je les avais oubliés à la maison. J’ai cours de Défense Contre les Forces du Mal, avec le Professeur Dumbledore ! Tu sais Hazel, il a dit lors de notre dernier cours que nous passerions à la pratique aujourd’hui !

L’enthousiasme naïf éclaira les traits du jeune garçon, qui vouait une admiration totale au Professeur Dumbledore, et ce depuis son tout premier cours, l’an dernier. Et celui qui montrait une assiduité et une attention exemplaires à l’intégralité de ses études consacrait plus de temps et d’énergie à la Défense Contre les Forces du Mal, parce que la matière était fascinante, et surtout parce que le charismatique et auguste Professeur faisait, sur son esprit juvénile et tendre, une impression si forte qu’il le vénérait autant que Merlin lui-même. Cette admiration sans failles n’avait échappé à aucun des membres de sa famille, aussi le sourire d’Hazel s’élargit, taquin devant l’enthousiasme exacerbé de son jeune frère :

- Et bien files donc, ne risque pas d’être en retard au cours de ton cher Professeur Dumbledore ! Bon courage pour la pratique, et n’hésite pas à venir me trouver si quelqu’un t’ennuie !

Belladone balbutia une promesse vague, décidé à ne surtout pas faire appel à son grand frère si d’aventure quelqu’un lui cherchait des noises. Hazel ébouriffa d’une main affectueuse les cheveux d’encre et s’engagea vers la sortie, les deux superbes jeunes filles sur ses talons, tandis que Belladone engloutissait soudain son assiette à la va-vite, paniqué par l’éventualité d’infliger au Professeur Dumbledore l’impolitesse terrible d’un retard.

C’est essoufflé et avec un quart d’heure d’avance que le jeune garçon se posta sur le seuil de la salle de cours, conscient soudain de l’idiotie de son affolement. Et il était le premier de la rangée d’élèves qui attendait plus ou sagement lorsque le Professeur Dumbledore fit son apparition, avec toujours ce sempiternel sourire bienveillant et cet éclat rieur dans ses yeux clairs. Belladone eut un sourire timide et baissa la tête vers ses chaussures lorsque le grand homme le salua avec cette politesse pleine de chaleur à laquelle succombait la quasi-totalité de ses élèves. Et l’auguste sorcier attendait patiemment, surplombant de toute son aura grandiose les élèves qui s’affairaient autour de leur pupitre, à déballer plumes, manuels et encriers de leurs cartables neufs de la rentrée et déjà pleins à craquer. Lorsqu’enfin le silence se fit, et que tous les regards juvéniles s’étaient posés, interrogateurs et admiratifs vers lui, que Dumbledore attendit encore quelques secondes, semblant savourer l’impatience dévorante de ses élèves auxquels il avait promis leurs premiers travaux pratiques, ce matin. Et lorsqu’enfin il fut repu de cet enthousiasme réfréné tant bien que mal, le Professeur ouvrit la bouche, et au grand désarroi des jeunes âmes, leur dicta l’histoire et les origines du désarmement, expliquant à l’aide de détails précis et concis son utilité et ses vertus.

L’on n’entendait rien d’autre que les plumes qui crissaient sur les parchemins, et au premier rang Belladone ne levait plus le nez de ses notes, s’appliquant à soigner sa calligraphie déjà gracieuse mais qu’il souhaitait parfaite pour sa matière favorite. Et lorsqu’enfin le Professeur Dumbledore dégaina sa propre baguette, ce fut un élan de joie générale qui s’empara de la jeune classe, et qui extirpa un rire amusé des lèvres de l’immense sorcier, qui couvait les élèves de son regard paternel que Belladone ressentait comme profondément bon. C’est après avoir rappelé d’insuffler à son esprit la concentration nécessaire à un tel sortilège, et après avoir mimé une ultime fois le mouvement de poignet à effectuer que Dumbledore réclama qu’on ne l’amoche pas trop, d’autres cours lui restant à assurer après eux, déclenchant de nouveau une salve de rires ravis et enthousiastes. De fait, une ligne fébrile d’enfants se formait, tremblant d’excitation et d’impatience à l’idée qu’ils allaient d’une minute à l’autre obtenir l’exceptionnelle aubaine de tenter de désarmer le plus grand sorcier du monde.

Les premiers s’en sortaient plutôt bien. Quelques fois la baguette de l’auguste mage tomba au sol, plus ou moins loin en fonction de la réussite du sortilège, et même une élève de Gryffondor parvint, la première, à arracher la baguette du grand Albus Dumbledore de sa main droite, qui vint se nicher dans sa propre main à elle, tremblant soudain de ce qu’elle sembla considérer comme une insolence. Pourtant le sourire du Professeur s’élargissait tandis qu’il félicitait la jeune fille rougissante qui, d’un coup, reprit ses esprits et parût très fière de sa prouesse, et lorsque ce fut le tour de Belladone, il rendit distraitement son sourire à Dumbledore qui le regardait d’un air encourageant, consacrant toute son énergie dans la concentration nécessaire à l’exécution du sortilège le plus compliqué qu’il ait eu à apprendre depuis l’an dernier.

- Expelliarmus !

Il y’eut quelques secondes gênantes, au beau milieu desquelles le monde semblait s’être figé. La respiration de Belladone semblait s’être interrompue elle aussi, et il reprit son souffle un peu bruyamment, avec la panique d’un noyé qu’on extirpe de l’eau. Un coup d’œil hagard, un peu stupide à sa baguette, fit comprendre à l’enfant qu’il avait échoué. Il lui fallut quelques secondes de plus pour s’extirper de cette torpeur glacée qui le paralysait, et pour enfin lever de nouveau les yeux vers le Professeur Dumbledore, dont il craignait la déception plus encore que la moquerie de ses camarades, qui commençait déjà à s’élever en nuées funestes, révélatrices d’une cruauté juvénile qui ne laissait passer aucun échec. Pourtant l’auguste sorcier ne se déparait pas de son sourire bienveillant, ni même de la lueur encourageante qui brillait dans l’azur de son regard, et c’est cet assentiment mutique, qui, plus que tout autre chose, poussa le jeune Belladone à se ridiculiser une fois de plus :

- Expelliarmus !

Cela n’aurait pas été grave de ne pas contrôler sa magie. Après tout il ne s’agissait que d’un deuxième essai. Si la baguette était tombée violemment au sol, si le sort avait fait reculer d’un ou deux pas le grand Albus Dumbledore, si des étincelles un peu folles avaient mis le feu à un des pupitres de la classe. Mais rien. Rien d’autre qu’un crachin pitoyable, blafard et chétif, s’était avec peine extirpé de sa baguette, si peu visible que peut être seuls lui et Dumbledore l’avaient aperçu, pour s’étioler quasi instantanément, sous le regard bouleversé du jeune garçon. Belladone avait-il compris ce jour-là qu’il ne serait jamais un grand sorcier ? Avait-il compris que son impuissance ne réduirait désormais ses aspirations et ses rêves qu’à regarder son modèle de tout en bas, avec cette vénération fragile et toute entière de celui qui ne pourrait jamais qu’imaginer l’étendue de ses pouvoirs ? Toujours est-il que le cadet de la tribu pourtant brillante des Raven baissa sur ses chaussures son visage écarlate de honte et ses yeux qui brillaient déjà de larmes sous les moqueries et, plus que tout, sous l’effroi lancinant d’avoir pu causer de la déception à son Professeur vénéré.

- Raven est un Cracmol !

Les rires fusèrent, et l’insulte fut répétée, la cruauté des élèves s’en donnant à cœur joie, ayant l’air d’avoir trouvé là une blague particulièrement savoureuse. Tous le savaient pourtant bien, qu’il n’était pas un Cracmol, parce qu’ils l’avaient tous vus user de magie en sortilèges et en métamorphoses, magie certes faible et médiocre, mais qui révélait l’étendue de sa nullité lors de la pratique d’enchantements défensifs. Et c’est sous les huées de « Cracmol ! Cracmol ! Cracmol ! » dont il pressentait la répétition funeste pour le long de sa scolarité qu’enfin le jeune garçon leva son regard dépité et plein de larmes vers son Professeur, prêt à affronter la déception dans le regard rieur de celui qu’il considérait comme le plus grand sorcier du monde ;

- J’essaye Professeur…Je vous jure que j’essaye de toutes mes forces…

Belladone avait beau chercher, il ne trouvait pas la lueur sinistre, sépulcrale d’une déception tant redoutée dans le regard de Dumbledore. En réalité son expression ne semblait guère avoir changé, comme s’il n’avait pas assisté à l’échec cuisant de son élève qui lui jurait les yeux pleins de larmes qu’il avait usé de tous les moyens dont il disposait pour réussir. Et l’éventualité que le Professeur Dumbledore songe qu’il avait échoué par négligence, alors qu’il mettait tout son cœur à suivre son enseignement avec passion, mortifia soudain un peu plus l’enfant déjà immobilisé par la honte et l’amertume de l’échec cuisant qui le clouait sur place, à la merci du jugement décisif de son Professeur favori et des brimades dont ses camarades le couvraient. Précipitamment, Belladone se hâta de bafouiller, en guise d’excuses contre cet échec qu’il considérait presque comme un affront fait aux vertus pédagogiques de Dumbledore :

- Je…Pourtant vous avez très bien expliqué…J’ai tout fait comme vous m’avez dit, mais ça ne marche pas…

Les yeux d’encre se remplirent de larmes de nouveau, parce que cette bienveillance qu’il ne croyait pas mériter le touchait bien trop de la part d’un si grand sorcier, dont il attendait avec effroi le mépris mutique, la déception visible, voire la colère pour ce qu’il aurait pu prendre pour la distraction. Mais non, Dumbledore lui souriait toujours, à lui, cet enfant gourd et incapable, et cela, c’était beaucoup trop gentil pour la petite âme bouleversée de Belladone.

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Albus Dumbledore
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MessageSujet: Re: De l'amertume des faibles - Albus - Flashback  De l'amertume des faibles - Albus - Flashback Icon_minitimeJeu 5 Mar - 23:34



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Salle de Défense Contre les Forces du Mal

Septembre 1926

Enseigner était un plaisir incroyable – jamais de sa vie d’étudiant, Albus Dumbledore ne se le serait imaginer. Lui qui se consacrait par-delà les meilleurs de l’établissement pour un destin hors du commun… d’aucuns diraient qu’il avait tout de même réussi son coup. Il était vivant, libre de ses mouvements et de ses pensées, et content de pouvoir mener toutes les expériences qu’il voulait pour améliorer le monde grâce à ses découvertes magiques. Il avait trouvé le réconfort dans la recherche, le recueillement d’une retraite amère mais chaleureuse, et par-dessus tout, la satisfaction de voir mûrir de nouvelles petites têtes. Ceux-là, les voir grandir et s’épanouir, certains dans un glorieux destin, d’autres dans une vie simple mais qui leur fournira – il en était sûr – tous les acquis que l’on pouvait demander à une vie. Ils étaient l’avenir de la société magique, et le directeur des Gryffondor faisait de son mieux pour qu’ils se sentent le mieux possible à Poudlard, qu’elle fut une deuxième maison… avant d’affronter la dure réalité de l’extérieur. Car le monde au dehors de ces murs n’étaient plus celui qu’il avait connu, et malheureusement il avait aidé à le changer pour le pire. Survivant au coude à coude de ses regrets, essayant de ne pas jeter un œil trop attentif à l’extérieur, aux luttes qui se déroulaient cyniquement dans le nouveau monde et à la terrible menace du mage noir Grindelwald, Albus maintenait un point d’honneur à enseigner. Ses élèves étaient le centre de sa nouvelle existence, de celle qu’il s’était juré fidélité pour essuyer les traces de brûlure de l’ancienne. Mais à qui essayait-il de faire croire cela, alors que dans son placard se trouvait un condensé en petite couture des différents crimes de Grindelwald, rangé par ordre chronologique du début des enfers jusqu’à présent ? Il savait qu’on allait bientôt venir lui sonner le clairon du passé. Il ne le voulait pas.

Peut-être était-ce pour cela, son humeur légèrement morose, ce silence que tous prirent pour un silence attentif, tandis que lui cherchait le bon mot, le bon ton pour commencer la journée. Il souriait à sa classe de deuxième année, de ce sourire distinctif, fier de leur simple existence. Après tout, naître sorcier était malgré tout une chance – ils étaient si peu. Tous restaient silencieux, avides de l’entendre clamer son cours comme s’il répondait la bonne parole par un sermon dominicale. Cela n’avait finalement jamais changé. Il se posa contre le bureau et les regarda tous un par un. Chacun avait son petit détail, sa petite bizarrerie qui n’était peut-être pas remarquable à cet âge mais qui finirait par les définir. Des talents pour des versants particuliers de la magie, parfois pas de talents du tout – mais une formidable persévérance. Des cerveaux emmitouflés de sommeil qui prenaient leur temps pour assimiler l’information, et des cerveaux d’une rapidité exemplaire, dont la sagacité n’avait d’égale que l’incroyable capacité mémorielle de ces neurones tant en ébullition qu’ils étaient perpétuellement anxieux et inquiets. Le petit Belladone Raven était de ces derniers-ci. D’une sensibilité exacerbée qui préoccupait nombre de collègues, l’enfant était tout simplement brillant. Il retenait tout ce qu’il écrivait avec une facilité que le professeur Dumbledore lui enviait presque avec un certain amusement. Mais ce qui le démarquait le plus des autres, c’était cet enthousiasme qu’il ne pouvait s’empêcher d’irradier alors même que la timidité baissait sa tête au sol. Cela, plus le fait que son écriture était particulièrement agréable à relire. Au milieu d’un tas de copies, la sienne était immédiatement identifiable, à cette écriture fine et déliée – à l’image de son maître. Quand Albus commença finalement le cours, trouvant le bon mot pour le sortilège en question : « Expelliarmus », tous les nez se penchèrent sur la copie et l’on n’entendit bientôt plus que le grattement persistant de la plume sur le parchemin, ces pattes de souris qui courent le long de la pierre pour tremper le bout de leur queue dans l’encre.

L’éloge de la théorie ne dura point longtemps, car le mieux pour retenir quelque chose, c’était encore de le faire. Il y avait toujours un petit éclat d’admiration dans l’oeil du jeune élève quand Dumbledore sortait sa baguette ; voilà ce qu’était l’émerveillement naturel pour cette chose semblant si peu naturelle qu’était la magie. L’enseignant accepta d’être le cobaye d’expérimentation : c’était même un privilège que de pouvoir accompagner le premier pas des élèves dans cette matière si particulière et si exigeante qu’était la Défense contre les Forces du Mal. Un bien vaste sujet, où l’on pouvait se noyer avec une extrême facilité si l’on perdait pied… Albus observa, enjoué, la profusion d’enfants se mettre en ligne pour l’affronter docilement. Dès que le départ fut prononcé, les premiers s’essayèrent. Aux expelliarmus se succédait les accios que le professeur accomplissait pour récupérer sa baguette. A chaque tentative, il les encourageait à poursuivre, validait leur réussite, conseillait le mouvement de leur baguette. Chacun eut son petit mot gentil avec lequel repartir à son bureau. Albus était persuadé de l’importance de l’encouragement dans l’enseignement ; on ne peut apprendre en étant brimé par le savoir. Il faut se sentir accompagner par lui, guider l’enfant, montrer les possibilités qui s’offrent à lui, à travers un langage à construire, à découvrir, celui par lequel l’élève finira par défaire la tour de son ignorance et par atteindre la lumière. C’était un travail long et parfois difficile, mais Dumbledore n’en était plus à son coup d’essai, et il était fier de ce qu’il était parvenu à accomplir.

— A vous, Belladone.

Le professeur appelait le petit Raven par son prénom pour la simple et bonne raison qu’il avait eu à enseigner aux six autres enfants de la fratrie. Il n’y avait rien de plus impersonnel que d’être appeler par son nom de famille, surtout quand on était le petit dernier d’une enseigne qui se révélait depuis six fois brillantes. Son sort retentit de sa petite voix fluette… mais ne produit aucun effet. Ou pas exactement, parce qu’un peu de poussière fut toussé par la baguette. L’expression du visage de l’enfant fut dévastatrice : de l’innocente joie, l’excitante appréhension de faire ses preuves… vint l’angoisse de l’attente, l’horreur de l’échec, une tristesse qui n’était qu’euphémisme face à la panique dans ses yeux noirs, allant de sa baguette jusqu’au professeur. C’était le ciel qui tombait sur la tête du jeune garçon. Il n’était pas besoin d’être un grand legilimens pour le voir, tout était écrit sur sa figure. Bien évidemment, il ne fallut pas attendre longtemps pour que les premières moqueries ne fusent. La cruauté des enfants n’avait aucune limite, prompt à cracher sur tout ce qui pouvait exciter un tant soit peu leurs esprits malicieux. Belladone leva des yeux luisant de larmes devant le professeur qui l’observait, inquiet. L’élève lui jura qu’il essayait mais qu’il n’y arrivait tout simplement pas. Autour de lui ne cessait les chuchotements sarcastiques, singeant l’enfant qui avait les meilleures notes de théories mais qui prouvait aujourd’hui son incompétence à la limite de la décence. En prouvait cette recrudescence de « cracmol » qu’on lui servait sous toutes les formes. Dumbledore toussota et regarda l’un des élèves – le premier à avoir lancer l’insulte :

Fleamont, je ne voudrais pas être obligé de vous rappeler votre premiers cours de mémorphoses, où, me semble-t-il, vous avez été si peu à l’aise avec votre magie que vous avez transformé votre jambe droite en jambe de bouquetin nain ? N’avez-vous pas boiter pendant plusieurs jours même après votre passage à l’infirmerie ?

L’élève en question se tut immédiatement, le visage rouge pourpre engoncé dans le col serré de sa chemise. Autour de lui, la cible des railleries avait changé. On lui tapa dans le dos, se rappelant soudainement de l’événement comme d’une chose qui fut effectivement particulièrement risible. Mais Albus n’en termina pas là, car les autres aussi ne devaient pas se sentir légitime de se moquer – fusse-t-il de Belladone ou de Fleamont. Aussi le professeur tapa dans ses mains pour appeler au silence – chose qui fut religieusement accordé, et se déplaça en direction du petit Raven pour lui poser sa main sur son épaule et regarder l’assistance :

La magie n’est pas qu’un simple outil pratique, c’est un art, une discipline. Et comme toute discipline, elle demande de l’entraînement. Vous passerez également par des désillusions et des déconvenues, mais également par des moments de félicité et de fierté, quand vous parviendrez à surmonter les obstacles. Certains d’entre vous auront des facilités dans certains versants de cet art, parfois dans d’autres. Tout ce que je vous demanderai, c’est de conserver du respect les uns les autres, car vous êtes tous égaux face à l’apprentissage.

Dumbledore se tourna alors vers le petit Belladone aux joues rondes, aux grands yeux humides et au nez rouge, dont l’expression béate et éploré se levait vers le professeur comme s’il attendait le Messie. Albus lui sourit et tapota son épaule sur laquelle il avait toujours sa main :

Quant à toi, tu es beaucoup trop crispé. Tu n’es pas un Cracmol, car ta baguette a réagi, mais je pense que comme toi, elle est plutôt timide. Respire profondément et fait le vide dans ton esprit. Entraines-toi au mouvement, sans prononcer le sort, une fois que tu auras imprégné le mouvement, tu n’auras plus besoin d’y penser, il se sera inscrit dans la mémoire musculaire de ton poignet. Tu n’auras plus qu’à mettre toute ta concentration dans ton intention. Cela vaut également pour vous tous, précisa-t-il au reste de la classe juste avant que la cloche ne sonne. Pour la prochaine fois, je veux que vous vous entraîniez au mouvement du poignet et que vous me fassiez un écrit sur les cinq moments où le sortilège peut vous sortir d’un mauvais pas.

Tous les élèves maugréèrent quant à ce devoir surprise mais rangèrent leurs affaires rapidement. Belladone s’apprêtait certainement à faire de même mais Dumbledore l’arrêta :

J’ai quelque chose à te demander, reste minutes.

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Belladone Raven
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MessageSujet: Re: De l'amertume des faibles - Albus - Flashback  De l'amertume des faibles - Albus - Flashback Icon_minitimeMer 11 Mar - 15:19



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Salle de Défense Contre les Forces du Mal

Septembre 1926

Le temps semblait comme suspendu dans l’air, qui avait des allures de chape de plomb, figé ainsi par l’échec cuisant du garçonnet plein d’espoir dont les braises se mourraient dans le regard d’encre empli de larmes. Dumbledore ne disait rien, son sempiternel sourire faisant face au prunelles luisantes de son élève qui accusait la déception cruelle de n’avoir pas su rendre fier le Professeur qu’il avait admiré dès la première leçon. Aujourd’hui la certitude de s’être humilié devant celui qu’il considérait comme le plus grand sorcier du monde rendait l’enfant honteux, mortifié et le cœur poignardé par une tristesse innommable, persuadé de l’incapacité magique inéluctable qui coulait dans ses veines au Sang-Pur. La révélation de sa nullité étalait ses tentacules brumeuses, sépulcrales, étouffant la petite âme fragile de Belladone, brisant sans scrupules cette volonté de bien faire qui l’avait animé toute la matinée. L’excitation était retombée comme un soufflet, et le jeune élève semblait ne pas devoir se remettre de cette chute violente, cette déchéance d’espoirs qui avaient là le goût de cendres, l’autel de ses rêves de gloire calciné, évaporé déjà devant la piètre étendue de pouvoirs qu’il pressentait ne jamais pouvoir aiguiser.

Le cœur du petit garçon se serra, et son corps tout entier se raidit lorsque le Professeur Dumbledore émit un léger toussotement, prémices d’une prise de parole qui se faisait tarder. Pourtant ce n’est pas au jeune visage défait par les espoirs déchus qu’il s’adressa, mais au boute-en-train qui, le premier, avait cru hilarant de s’esclaffer de l’injure que tous répétaient en chœur, ravis de cette cruauté juvénile qui les réunissaient autour du benjamin des Raven. Le petit Belladone entrouvrit la bouche, stupéfait, conférant à sa silhouette roide et figée par l’humiliation une mine plus risible et plus pathétique encore, si cela était toutefois possible. Le grand, le formidable, le vénérable Albus Dumbledore était-il réellement en train de prendre la défense d’un si piètre élève que lui, qui venait d’étaler là, aux yeux de tous, la pauvreté de sa puissance magique ? De même que le ton des railleries avait changé, les yeux du jeune garçon s’emplirent de larmes nouvelles, qui trouvaient leur origine dans une gratitude profonde, inespérée, et qu’il savait imméritée. Quelqu’un d’aussi puissant et auguste qu’Albus Dumbledore pouvait-il également se révéler la bonté incarnée, inégalée par le moindre de ses collègues qui jamais, ne lui arriverait à la cheville ?

Lorsque le Professeur le plus respecté de Poudlard frappa dans ses mains, plus aucun rire, pas même le moindre murmure ne se fit entendre au sein de l’assistance juvénile, qui s’était empressée d’accéder à la requête mutique du vénérable Albus Dumbledore. Belladone le vit avancer vers lui, et ne put retenir un frisson ému lorsque la main de l’auguste mage se posa, bienveillante, sur son épaule, tandis qu’il reprenait la fermeté sereine de son ton professoral qui forçait le respect chez tous les étudiants, même mes plus récalcitrants. Et la sagesse de ce discours était si poignante, si vraie et si rassurante pour la médiocrité des exploits de Belladone ce jour, que son cœur se gonfla d’une reconnaissance immense, infinie, pour le grand homme qui était là et qui tentait tant bien que mal de redresser l’édifice des espoirs du petit garçon, qui s’étaient écroulés plus bas que terre ce matin, et dont il ne restait là que des décombres, éparpillées à ses pieds sous les rires de ses camarades. Et son visage écarlate s’était baissé sur la pointe de ses chaussures, sur lesquelles une ou deux larmes s’étaient écrasées, sa timidité coutumière, atroce, lui ayant fait ployer la nuque sous ce sermon professoral dont il était la cause, conscient de tous ces regards juvéniles qui pesaient sur son dos courbé par la honte.

Il lui fallut bien pourtant lever ses yeux encore humides, lorsque la main du Professeur Dumbledore tapota son épaule rondelette, et qu’il lui offrait de ces sourires paternels qui réchauffaient l’âme, de par la bonté vertueuse qui en émanait, et dans les tréfonds de laquelle s’insufflait une autorité naturelle, chaleureuse, qui avait raison de toutes les jeunes âmes auxquelles il enseignait. Les quelques larmes, tenaces, qui s’accrochaient encore à ses cils bruns tombèrent sur le petit visage pâli par l’amertume de la défaite, tandis que le discours de Dumbledore menaçait d’en faire couler de nouvelles. Méritait-il une telle bienveillance, de la part d’un sorcier aussi merveilleux que son Professeur de Défense Contre les Forces du Mal ? Un frisson de gratitude lui parcourut l’échine, tandis qu’il hochait la tête, imprimant dans les tréfonds d’une mémoire qu’il avait vive les consignes que lui offrait le grand Albus Dumbledore, bien décidé à les conserver en son esprit avec la pudeur et la religion de la relique sacrée qu’elles revêtaient à ses yeux admiratifs. Et c’est en prenant soudain conscience de l’impolitesse de son mutisme que le jeune garçon eut un sursaut, et s’empressa de répondre en bafouillant à son Professeur souriant qui l’avait bercé de si rassurants espoirs relatifs à une médiocrité magique qu’il considérait déjà comme inéluctable :

- De…D’accord…Je…Merci beaucoup, Professeur…

Et tandis que la cloche retentissait, sonnant là le glas de l’admiration éperdue qui fixait irrémédiablement les pieds de Belladone au sol, le petit garçon s’arracha au lumineux sourire du Professeur Dumbledore, dont le discours et la chaleur avaient contribué à insuffler un léger et nouveau souffle d’espoir au fond de son âme mortifiée, et s’en retournait à son pupitre, s’attelant au rangement minutieux de ses affaires qu’il avait étalé avec soin. Il n’avait guère besoin de noter les devoirs réclamés par son Professeur, sa mémoire vivace ayant tôt fait de conserver l’information, et le jeune homme studieux ayant tôt fait de s’acquitter de cette tâche. Peut-être même s’y pencherait-il le soir-même, quand les autres n’avaient pu réprimer un profond soupir, et que lui sortait enthousiasmé par l’idée de s’épancher un peu plus sur la théorie d’un sortilège de défense qui le passionnait, et de présenter comme une offrande à son Professeur favori le fruit d’un long et rigoureux travail, couché sur plusieurs feuilles de parchemin en une calligraphie fine et grâcieuse, à laquelle il s’appliquait particulièrement pour lui.

Sa petite main s’était déjà refermée sur son encrier lorsque la voix de Dumbledore le coupa dans son élan, évoquant une requête qu’il aurait à lui soumettre. Le jeune garçon fit volteface de manière un peu brusque, et l’encrier qu’il détenait dans le creux de sa paume maladroite s’échappa. Le verre explosa en mille morceaux sur l’asphalte de la salle de classe, répandant l’encre sombre à ses pieds qui ressemblait, à s’y méprendre, à la couleur de ses yeux. L’enfant bouleversé eut un regard stupide vers son encre répandue sur le sol, vers le réceptacle brisé, éparpillé sur l’asphalte de la salle de classe de son Professeur favori. Dumbledore lui demandait-il de rester pour le morigéner en privé ? Avait-il simplement voulu lui épargner une humiliation publique, en enfonçant ainsi le clou de sa médiocrité face à une assistance déjà railleuse et hilare ?

- Oh…Bien…Bien sûr, Professeur…Je suis désolé, je vais nettoyer cela mais…

Mais j’ai peur d’échouer mon sortilège de réparation ? Mais je suis trop bouleversé ? Mais je risque de me ridiculiser de nouveau à vos yeux ? Belladone avait de nouveau pâli, et ses doigts se crispaient nerveusement dans l’attente du jugement du grand Albus Dumbledore, qui lui demandait de rester un instant à la fin du cours. Allait-il lui avouer son immense déception ? Allait-il se mettre en colère ? Allait-il se refuser à lui faire cours désormais, arguant la médiocrité inéluctable de sa magie ? Allait l’astreindre à l’unique théorie, pour laquelle il excellait, le contraignant à ne plus s’humilier à une pratique qui n’était pas faite pour lui ? Belladone baissa de nouveau son regard, terrifié et conscient qu’un mot, un seul, extirpé des lèvres bienveillantes de l’immense sorcier qu’était Dumbledore pourrait réduire à néant ses espoirs, ses rêves, ainsi que la motivation passionnée qu’il insufflait à sa scolarité. Le regard rivé au sol, le jeune garçon avait les yeux rivés sur l’étendue de son désastre, de sa maladresse, de son incapacité inutile qui l’empêchait de nettoyer ses propres dégâts qu’il infligeait à la salle de cours du Professeur qu’il vénérait tant. Peut-être qu’Albus Dumbledore aurait raison en se refusant à perdre son temps précieux et inestimable à former un incapable tel que lui. N’était-il pas qu’un idiot, finalement, maladroit et gourd, qui pleurait ses échecs quand les autres y parvenaient avec une simplicité insultante ? Pourquoi le grand Albus Dumbledore s’encombrerait-il d’un élève aussi peu dégourdi ? Les doigts de sa main droite se crispèrent sur sa baguette, dans un geste de désespoir anxieux. Comme il l’aimait pourtant sa baguette. Elle était souple et fine, et avait cette élégance simpliste et sobre qui seyait si bien au jeune homme. Le bois de sorbier luisait à la lueur des torches de Poudlard, parce qu’il la cirait avec un soin religieux, et qu’il la traitait en ami, parce qu’il l’aimait de tout son cœur, parce qu’elle restait fidèle et loyale, et qu’elle l’accompagnait dans l’échec sans rien réclamer de lui, quand elle aurait mérité un maître bien plus capable que lui. Le cœur soudain gonflé de chagrin et de mélancolie, le petit Belladone leva les yeux doucement, s’arrachant à la contemplation de sa propre bêtise qui gisait au sol, lâchant sa fidèle alliée du regard, pour poser ses prunelles désolées et timides sur le visage toujours bienveillant d’Albus qui attendait que les derniers élèves aient fermé la porte de la salle de classe.

- Professeur…Je vous demande pardon…

Pardon de l’avoir déçu ? Pardon de se révéler un élève si médiocre ? Pardon d’avoir sali sa salle de classe ? Peut-être un peu des trois. Belladone n’en savait rien, finalement. Simplement ce pardon lui avait été soufflé par son instinct désolé, comme si il devait réparer l’affront qui était fait à Dumbledore, d’avoir à s’occuper d’un élève si mauvais et inutile.


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Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
Âge : 61 ans.
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MessageSujet: Re: De l'amertume des faibles - Albus - Flashback  De l'amertume des faibles - Albus - Flashback Icon_minitimeMer 18 Mar - 23:54



De l'amertume des faibles

Salle de Défense Contre les Forces du Mal

Septembre 1926

La tristesse du jeune enfant était touchante à voir. Toute cette volonté de bien faire, à l’excès, conduisant à un blocage certain de ces pouvoirs. Il avait peur de mal faire, et cette peur l’empêchait de faire tout court. Ce n’était un secret pour personne qu’à force de couvrir nos œillères de ces inquiétudes mortifères, il ne restait plus aucune énergie à notre corps pour fournir nos doigts créateurs. Le calme était revenu dans la salle de classe, à mesure que les élèves rangeaient leurs sacs de leurs parchemins roulés et de leurs plumes sèches. Les rires se terminaient dans le couloir, avec cette suffisance et cette bienveillance entrelacés, que ce fut envers le malheureux Raven ou contre le premier lanceur d’insulte. C’était la fin d’un cours, et d’ordinaire, Albus se demandait si tout s’était bien passé comme il l’espérait. Il restait à son bureau, attendant la venue de la prochaine fournée d’élèves, grattant sur le papier des prises de notes sur les devoirs qu’il venait de donner, ou sur les faiblesses qu’il faudrait songer à combler dans les cours prochains. Le métier de professeur est aléatoire et n’est jamais constant : certaines classes étaient exceptionnelles, tandis que d’autres avaient parfois besoin d’une attention plus sérieux et d’une présence bienveillante. Aujourd’hui, il savait pertinemment qu’il s’était heurté à un écueil. A travers l’échec de Belladone, il y avait quelque chose de l’ordre d’un échec professoral à lui. N’avait-il pas créer un ambiance chaleureuse et calme, où personne ne devait avoir peur d’être juger de ces sorts ? Qu’avait-il dit qui avait pu mettre l’enfant dans une telle détresse à la seconde où il avait compris qu’il ne réussirait pas le sort ? Il semblait si désespéré, Albus avait eu l’impression d’être une terrible personne d’inspirer un pareil sentiment à une personne encore si jeune, cela ne lui ressemblait pas. Il voyait encore ses yeux ronds qui se remplissaient de larmes à la vitesse de la lumière, d’un simple clignement d’oeil, rongeant une mine enthousiaste d’une déception larmoyante.

Cette même mine dévasté qui rangeait lentement ses affaires, le dépit contaminant le reste de son corps. Belladone était incapable de cacher ses émotions et de faire semblant. Et tandis que le professeur l’interpeller, l’élève se retourna brutalement et fit se briser en milles morceaux le joli encrier d’ébène. Les bouts de verre brillèrent de toute part, plongés dans une encre dont la tâche s’élargissait sur le parquet ciré. Imperturbable, Albus leva doucement la tête pour regarder la scène : un petit garçon rondouillard, la tête penchée vers le sol puis vers lui, le regard benêt et bêta du môme qui ne comprenait pas ce qu’il venait de se passer, un peu comme si la malchance s’était décidé à se poser ses serres sur lui. Il bredouilla vainement entre ses lèvres qu’il allait nettoyer mais… sa phrase resta dans le néant, tandis que tous les élèves étaient déjà partis et n’avaient pas fait attention à l’ultime bévue de leur camarade. Camarade qui fixait le sol, sa baguette entre les mains, silencieux pendant de très longues secondes. Avait-il oublié le sort pour réparer les objets cassés ? Impossible, le professeur n’y croyait pas une seule seconde. Il reconnaissait la mémoire de son jeune élève comme déjà légendaire malgré son jeune âge. Ses yeux se fixèrent sur les mains de son élève, roides, tremblantes sur la fine baguette d’un classicisme tout aussi remarquable que l’apparence du garçon. Il était pétrifié, c’était évident. Son échec avait dû le traumatiser bien plus profondément qu’Albus ne se l’était imaginé ; heureusement qu’il s’était décidé à le faire rester après les cours. Il fallait résoudre ce blocage qui était en train de se créer, conforter par la peur et la panique. Tandis qu’il se levait de sa chaise, Belladone lui demanda pardon – d’une voix blanche, déchirée par la crainte. Une sorte de terreur incompréhensible touchant Dumbledore en plein coeur.

Voyons Belladone, ce n’est rien…

Il fit le tour de son bureau (celui-là même qu’il n’aurait pu imaginer devenir le bureau du futur-professeur qu’il avait là sous les yeux) et remua très légèrement les doigts. Un sorcier de sa trempe n’avait plus besoin de baguette depuis un moment, ni même de prononcer le sortilège dont il avait besoin. Peut-être faisait-il preuve de bien trop de compétences pour les yeux humides de Belladone qui ne semblait plus s’émerveiller de la magie comme avant. Albus s’en voulut. Comment pouvait-on réagir si mal à un premier échec… y avait-il si peu de détermination dans ce petit gamin ? Bientôt l’encrier fut réparé comme si de rien n’était, rejoignant sa place sur le bureau de l’élève ; l’encre y était retourné également, remuant de douces vaguelettes dans le recueil transparent. Plus une seule tâche ne perlait sur l’ancien parquet, tout était comme neuf. D’une main douce et tranquille, Albus invita son élève à s’asseoir à sa place, espérant qu’il parvienne à reprendre son calme du même temps. Lui-même se rapprocha de la table et s’assit d’une jambe sur celle-ci, après s’être assuré que l’encrier ne manquerait pas d’être renversé à nouveau. Il se pencha vers Belladone :

Il ne faut pas que cela te tourmente à ce point. C’était ton premier cours de pratique sur ce sort. Tu as tout simplement besoin de plus de temps, ce n’est pas un mal. Il ne faut pas que cela te bloque sur le reste. Tu es un de mes meilleurs élèves, et je le pense vraiment.

Albus lui offrit un grand sourire, son regard étincelant de cette lumière qui pliait les âmes les plus récalcitrantes à ses côtés. Il craignait par-dessus tout qu’un blocage de longue-durée ne s’installe dans l’esprit de son élève, car c’était dans les premiers années d’une vie que l’on créait ce genre de traumatisme qui ne vous lâche plus d’une semelle. Il s’installa plus confortablement sur la table, rajustant les manches de sa chemise et rit :

Si tu avais réussi du premier coup, où serait le plaisir de l’apprentissage ? Souviens-toi de cette petite fumée qui est sorti de ta baguette, c’est léger, mais c’est de la magie. Et personne ne peut te retirer ça, d’accord ?

Le professeur posa une main paternelle sur l’épaule de Belladone, tapotant ce corps un peu flasque qui se laissait faire tel une motte de gélatine inconsistante. Tellement d’esprit dans une figure si honnête. Il se fit alors plus sérieux, croisant les mains sur sa cuisse et fronçant légèrement les sourcils – signe d’inquiétude :

Je ne voudrais pas que mes cours soient une source d’angoisse pour toi, dis-moi, tu n’as pas de soucis à l’école… ? En dehors des cours j’entends.

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MessageSujet: Re: De l'amertume des faibles - Albus - Flashback  De l'amertume des faibles - Albus - Flashback Icon_minitimeLun 23 Mar - 14:20



De l'amertume des faibles

Salle de Défense Contre les Forces du Mal

Septembre 1926

L’encre larmoyante des yeux de Belladone semblait se mêler à la mare obscure qui luisait sur l’asphalte, parsemée çà et là d’étoiles de verre qui étincelaient au creux de la flaque sombre qui souillait la classe du Professeur Dumbledore. Le jeune garçon s’arracha avec peine de la contemplation morne de sa maladresse piteuse, qui faisait écho à l’échec cuisant qui avait rendu ses doigts gourds. Peut-être serait-il resté des heures ainsi, immobile, figé dans cette révérence idiote, l’échine ployée, les yeux baissés vers le désastre engendré par cette incapacité médiocre qui le rendait selon lui indigne de suivre les cours d’un si auguste et vénérable sorcier qu’Albus Dumbledore. La honte, indicible, faisait gonfler de nouvelles larmes au bord des paupières de Belladone. Luisantes, elles s’accrochaient à ses longs cils noirs, pour tomber enfin comme un fruit mûr sur les joues rondes, blanchies par l’amertume et l’horreur d’une déception que Dumbledore, sans nul doute, serait suffisamment bienveillant pour dissimuler.

C’est cette bienveillance que Belladone admirait peut-être le plus chez le Professeur Dumbledore, plus encore que son savoir intarissable, sa pédagogie subtile et la puissance irréfutable de sa magie. Aussi n’était-ce pas une injure de le craindre ainsi, lui et sa patience paternaliste, lui et sa fermeté placide qui avait le don de faire planer un respect admiratif dans les yeux de ses élèves ? Le plus fervent de ses étudiants manquait-il à ce point de confiance en lui, pour ne pas oser lever le regard vers celui dont la bonté était telle que toujours, il parvenait à trouver du beau en chacun, peut-être même dans l’indécrottable nullité magique de Belladone ? N’était-ce pas une hérésie que le croire suffisamment cruel pour se repaître du chagrin honteux de son élève déjà au plus bas, et d’appuyer par des paroles acerbes sur la blessure vive, béante encore, d’espoirs qui avaient été si grands que la chute était terrible et que la plaie, sanguinolente, s’étalait là, sans pudeur ni dignité ?

C’est cela plus qu’autre chose qui fit lever les yeux éplorés du garçonnet vers l’auguste figure professorale qui se tenait là sans rien dire, détaillant son élève aux membres roidis par l’attente atroce d’un jugement qui ne se faisait que trop tarder. Dumbledore semblait réfléchir, et son visage n’exprimait rien lorsqu’enfin sa voix s’éleva, toujours étonnement calme, et ici apaisante, presque tendre, tandis qu’il tranquillisait l’élève figé par l’effroi, lui indiquant que sa bévue n’était rien. Cette manière qu’il avait de l’appeler par son prénom –Dumbledore étant le seul Professeur à user de cette pratique- lui plaisait, parce qu’enfin il semblait autre chose qu’un Raven parmi tant d’autres, évitant ainsi les sous-entendus à peine voilés qu’il savait courir sur lui, le dernier des Raven, le plus petit et le plus incapable, le moins rusé et le moins dégourdi. Dumbledore avait ce don de faire sentir à autrui qu’il était unique, même aux faibles, même aux malheureux. Et en cela, aux yeux de Belladone, il était meilleur que n’importe qui.

Le jeune garçon tenta de reprendre courage, et s’essaya à une ombre de sourire qui avorta. Les commissures de ses lèvres restèrent crispées tandis que son Professeur approchait à pas mesurés. Sous l’impulsion d’un mouvement léger, presque imperceptible de ses doigts, les débris étincelants de l’encrier de verre s’extirpèrent de la mare d’encre, pour s’unir de nouveau sous la forme originelle de l’ustensile que Belladone avait brisé l’instant d’avant. Docile, il reprit sa place sur le pupitre, suivi par la flaque d’encre qui avait suivi le sillage du réceptacle, s’y engouffrant avec douceur, pour retrouver l’exact posture de l’objet avant la bévue de son propriétaire. Belladone ouvrit des yeux ronds, estomaqué par la démonstration de cette incroyable magie qui semblait une seconde nature chez Dumbledore, presque aussi instinctive que de respirer. Toutefois, son admiration n’était aujourd’hui pas exempte d’un certain chagrin, toujours perceptible au fond de ses yeux dont les larmes ne semblaient pas devoir se tarir. Une résignation certaine, surtout, l’avait assailli à la seconde même où le filet éthéré, blafard et ridicule, s’était extirpé de sa baguette, plutôt que l’éclair de lumière qui jaillissait de celles de presque tous ses camarades. Jamais il ne serait un grand sorcier. Il serait de ceux qui se contentent de regarder les mages de prestige d’en bas. Jamais il ne pourrait converser d’égal à égal avec quelqu’un comme Albus Dumbledore, dont la puissance même devait dépasser de loin tout ce qu’il avait pu imaginer. Sa puissance à lui, bien réelle, dépassait ne serait-ce que ses rêves les plus fous, aussi comment pourrait-il se croire légitime en ne suivant ne serait-ce que son cours en silence, conscient qu’avec la meilleure volonté du monde et malgré ses conseils, il ne reproduirait pas un centième des exploits qu’il accomplissait sans baguette, et en levant à peine le petit doigt.

Sur l’ordre mutique de son Professeur, Belladone se rassit docilement à sa place, tandis que son interlocuteur prenait nonchalamment place à même le bureau, sans se déparer de cette élégance qui seyait au moindre de ses mouvements, même le plus distrait. Et le jeune garçon avait de nouveau rivé ses yeux sur son pupitre, ses mains à plat, la droite triturant nerveusement sa baguette de sorbier qui avait eu l’infortune de tomber sur un partenaire aussi mauvais. Pourtant il lui fallut bien prendre à pleines mains les maigres réserves de courage dont il disposait, parce que son Professeur s’évertuait, dans un discours plein de compassion, de pédagogie et de bienveillance, à rassurer l’enfant sur son échec qu’il ne semblait pas considérer comme inéluctable, le gratifiant au passage du meilleur compliment dont il aurait pu rêver de la part de l’admirable Albus Dumbledore. Le cœur encore gros de larmes, bercé par la chaleur de la bienveillance du Professeur de Défense Contre les Forces du Mal, Belladone, enfin, leva son visage rond et désolé vers lui. Un immense sourire éclairait cette mine auguste et paternelle, au creux de laquelle trônait deux prunelles d’azur, que faisait étinceler cette lueur bonne, douce, un brin taquine, qui n’appartenait qu’à lui. Le jeune garçon se surprit enfin à esquisser un pâle sourire lui aussi, devant la chaleur du réconfort que lui insufflait son Professeur favori, se surprenant un peu à y croire, ne pouvant se résoudre à imaginer le mensonge franchir ces lèvres saintes. Le cœur gros d’une immense gratitude, l’enfant quelque peu rasséréné tenta de répondre, la voix toujours bredouillante de sanglots étouffés et de cette honte qui se mourrait dans sa gorge :

- Le croyez-vous vraiment, Professeur ? Que je puisse m’améliorer ? Cela m’a paru si…Si décevant…J’ai pourtant essayé très fort, j’ai retenu vos mouvements ainsi que l’incantation…Ne croyez-vous pas que je suis simplement mauvais ? Et je…Je suis très…Enfin…Je vous remercie…Mais…Votre cours me passionne alors…Enfin…C’est facile d’être assidu…

Et tandis que Belladone bredouillait piteusement des paroles qui paraissaient à peu près claires à son esprit pourtant troublé, Albus Dumbledore, lui, prenait ses aises, ne se déparant pas de son sourire, toujours nonchalamment installé sur son bureau. C’est après avoir remonté les manches de sa chemise qu’un léger rire s’exclama des lèvres de l’auguste, rire et posture distraite sans doute savamment étudiés pour dédramatiser la situation que le jeune homme prenait beaucoup trop à cœur. Et le sourire juvénile de Belladone vint de nouveau étirer sa face ronde qui reprenait peu à peu quelques couleurs, tandis que Dumbledore lui signifiait qu’il n’y aurait plus aucun plaisir à apprendre, s’il parvenait à tout du premier coup. Mais surtout, ce qui mis le plus de baume au cœur du jeune garçon, fut sa manière d’évoquer la présence de sa magie. C’est tout de même un peu triste que Belladone hocha la tête. Oui, il était certes un sorcier. C’était irréfutable. Mais un médiocre sorcier, cela était tout aussi certain. Dumbledore, seulement, était beaucoup trop bon pour lui en faire l’aveu.

- Oui, vous avez raison, je vous remercie Professeur.

Car Dumbledore avait certes raison, malgré l’amertume de son jeune et faible élève. Il parvenait à faire de la magie, aussi chétive et pitoyable soit-elle. L’insulte qui venait de se déverser en pluie cinglantes sur ses épaules juvéniles ne devaient pas avoir un tel impact sur son esprit. Belladone était un sorcier. Un sorcier peu puissant, certes, mais issu d’une famille brillante et d’une lignée ancestrâle de sorciers. S’il pouvait douter de ses capacités, il était certes idiot de se laisser affliger par une injure pareille, ayant prouvé à de maintes fois qu’il savait servir de sa baguette, même si ce n’était que pour en extirper un misérable crachin. La main du Professeur sur son épaule, en plus de son discours, avaient quelque peu rasséréné le jeune garçon, dont les yeux étaient désormais secs, et dont le sourire, plus franc désormais, s’adressa en guise de remerciements à Dumbledore qui venait de prouver, une fois de plus, combien il valait ce piédestal sur lequel Belladone le dressait. Pourtant quand sa mine devint sérieuse, presque grave, le jeune garçon se rembrunit quelque peu, s’attendant au pire. Et Belladone s’alarma soudain à l’idée que son Professeur favori et vénéré puisse s’imaginer une seule seconde que ses cours étaient source d’angoisse, alors qu’ils les attendaient toujours avec une impatience fébrile qui le rendait nerveux et agité, lui d’ordinaire si calme et si paisible. Aussi c’est peut-être avec un peu trop d’enthousiasme que Belladone se hâta de se justifier :

- Oh non ! Je…Professeur…J’aime beaucoup vos cours, ce sont même mes préférés…Simplement voilà…Je…J’avais peur de vous avoir déçu et…A l’école, non…Je n’ai pas de soucis…Simplement, cet incident…Enfin ce n’est pas la première fois…Mais aujourd’hui c’était pire…Bien pire qu’en Métarmophoses ou en Sortilèges…

Belladone baissa les yeux. Il avait honte, il paraissait passer pour un ingrat, en plus de faire perdre le temps si précieux d’un homme tel qu’Albus Dumbledore par sa médiocrité qu’il considérait comme inéluctable. Le nez baissé vers le soulier verni du Professeur qui se balançait dans le vide, Belladone songeait, morose, que sans doute la cheville était déjà trop surélevée, que cette chaussure serait le sommet, la consécration de toute une vie de labeur et d’efforts, pour l’immense honneur d’enfin être arrivé à la semelle brune et vernie d’Albus Dumbledore qui, sans nul doute, serait l’homme qu’il admirerait toujours le plus, tout au long de sa brève ou longue existence.


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MessageSujet: Re: De l'amertume des faibles - Albus - Flashback  De l'amertume des faibles - Albus - Flashback Icon_minitimeDim 5 Avr - 14:12



De l'amertume des faibles

Salle de Défense Contre les Forces du Mal

Septembre 1926

Fragile, l’innocence dans toute sa splendeur, mais toujours soucieux de bien faire et d’être à l’écoute, il était difficile de ne pas apprécier le jeune élève Belladone. Beaucoup d’enseignants rêveraient de faire cours à un enfant comme lui, ou même à des classes comportant ne serait-ce que la moitié de son assiduité et de sa passion pour les études. Bien heureusement, il était rare de voir des élèves particulièrement turbulent et réfractaire durant les cours, tant la magie avait ce côté impressionnant et captivant, et la plupart des enfants reconnaissaient son caractère exceptionnel et profitaient de chaque instant pour s’en abreuver. L’opposition qu’on leur inculquait éternellement avec les « moldus » y était pour beaucoup. Toujours était-il que pour un enfant magique, Belladone Raven dépassait de loin toutes les attentes qu’un professeur pouvait poser sur les épaules d’un élève. Albus ne pouvait s’empêcher de penser à sa propre éducation à Poudlard, où l’étude de la magie s’accaparait tous ses sens jusqu’à la limite de l’obsession. Cela dit, il aurait été mentir que de dire qu’il n’était pas plus doué que le pauvre bougre en pratique. Qu’aurait-il ressenti si lui-aussi, la faiblesse de ses pouvoirs avait limité sa soif de connaissances ? Il n’arrivait pas à se l’imaginer. Alors comment pouvait-il comprendre, ou ne serait-ce qu’effleurer du bout des doigts la vague de désespoir qui s’emparait visiblement de son élève ? Ses paroles ne manquaient pas de sagesse, mais n’étaient-elles pas grossièrement généraliste et allant du bon sens le plus commun ? Même si parfois, il ne manquait que de ces idées allant de soi pour réconforter le coeur le plus abîmé, Albus comprenait qu’on puisse les rejeter en bloc. La logique est douloureuse ; elle demande de prendre sur soi et de ne pas se laisser traîner dans ses propres ténèbres, ce qui est paradoxalement moins blessant, alors même que l’on se noie dans nos pensées. Aussi, il était compréhensible de voir le petit Belladone se morfondre dans sa faiblesse plutôt que d’imaginer que ce n’était pas une fin en soi, que le chemin ne s’arrêtait pas ici et qu’il y avait encore d’infinis possibilités à sa portée. Difficile de voir la lumière au bout du chemin quand la porte qui nous obsédait se referme sur nous… Dumbledore ne le savait que trop.

En face de lui, l’enfant s’asseyait sans poser de questions, abasourdi par le sort que son professeur venait d’effectuer devant lui. Ce n’était qu’un simple reparo, avec un autre sortilège pour remettre du liquide dans un récipient. Rien de bien exceptionnel, mais c’était déjà suffisant pour le rendre impressionnant aux yeux d’un débutant en la matière. Mais le fait de voir sa bévue être corrigé ne sembla pas améliorer l’humeur de Belladone, qui se flagellait de ne pouvoir le faire lui-même. Sa mine était encore rouge et ses yeux gonflés de larmes scintillantes, la bouche en moue qui le faisait ressemblait à un triste chiot. Mais en lui souriant, l’élève lui sourit à son tour et c’était déjà la plus belle récompense que l’on pouvait faire à Albus. Nul enfant dont le coeur aussi pur et innocent ne devait voir son visage être souillé par le désespoir – surtout en ces temps de paix fragiles qui pouvaient à tout moment s’effondrer sur eux. Le malheur était un oiseau terrible qui surplombe de l’ombre de ses ailes tant de personnes, sans aucune distinction. Mais s’il pouvait apporter ne serait-ce qu’un rayon de soleil pour écarter cet ombre, alors il s’en faisait un devoir. C’était devenu sa raison de vivre au cours de ces nombreuses années où il avait perdu pied face à l’immensité du monde, au déchirement de sa famille et du départ de celui qu’il avait tant aimé.

La petite voix fluette et timide de Belladone l’arracha à ses pensées. Il lui demandait s’il croyait véritablement en ce qu’il disait, s’il pouvait vraiment faire quelque chose pour s’améliorer ou s’il ne serait jamais qu’un boulet, son sort étant décevant comparé à d’autres, malgré qu’il eut fait preuve de l’attention la plus concentrée et de la volonté la plus heureuse. Il ajouta qu’il était facile d’être assidu à son cours tant il était bien, ce à quoi Albus répondit par un petit rire. C’était si triste d’entendre de la bouche d’un enfant d’ordinaire si joyeux, tant de tristesse et si peu d’espoir. Il bredouillait ses paroles entre deux trois reniflements et le professeur de défense contre les forces du mal finit par lui tendre un mouchoir sortit de la poche de son veston ocre. Belladone ne mentait pas, et même à présent écoutait le moindre de ses conseils avec l’abnégation et l’aveuglement d’un désespéré qui cherchait un messie, un mentor. C’était tout naturel pour un enfant, de chercher une figure sous laquelle se protéger de la pluie, là pour l’encourager quand les choses vont mal. Rares étaient les enfants tant imbus d’eux-même qu’ils étaient toujours capable de se constituer maître de leur confiance en toute circonstance, à s’encourager quand les choses ne vont pas. Mais Albus n’avait pas son mot à dire, car il avait été de ceux-là. L’attention de ses parents avait toujours été porté en direction de sa jeune sœur. Durant sa scolarité, les professeurs étaient des auges desquelles il fallait s’abreuver pour grandir, et il n’avait jamais compté que sur lui-même pour avancer. Il n’avait pas de mentor, mais des alliés avec qui avancer, se mettre au défi dans des challenges visant à développer davantage leurs capacités, car être le premier était une lutte de tous les instants avec la patience et la rage de vaincre qui déliait toutes les petites erreurs… Mais visiblement, Belladone ne possédait pas en lui cette colère qui poussait les plus aguerris à surmonter leurs échecs. Ceux-ci, il les voyait telles des vagues insurmontables, prêtes à le dévorer et à le laisser lessivé sur la plage.

Était-ce le fait d’être le petit dernier d’une famille si prestigieuse, qui lui avait donné le sentiment choyé d’être indestructible, protégé et sans avoir besoin de faire le moindre effort pour être bon ? Avait-il été piégé par ses propres facilités d’apprentissage et se voyait-il désormais anéanti par la première difficulté ? C’était, en tout bon pédagogue qu’il souhaitait être, des choses auxquelles il fallait penser pour comprendre et trouver une solution au problème. Il ne fallait pas avoir peur de regarder la réalité en face et de trouver des défauts – fut-il minime, à quelqu’un d’aussi apparemment intellectuellement parfait que Belladone Raven. Mais petit à petit, son discours parvenait à frayer son chemin dans la tête du jeune garçon, lui procurant un peu de courage à mesure des mots. Un courage qui lui permet de se redresser et de prendre son parti quand Albus émit l’hypothèse que ses cours pouvaient être anxiogène. L’enfant alors mit tous les efforts du monde à répéter que ses cours étaient ses préférés, qu’il avait tout simplement peur de l’avoir déçu et qu’il n’avait jamais échoué de manière si éclatante dans les autres cours. Cela mit la puce à l’oreille de Dumbledore, ce dernier songeant qu’effectivement, il semblait y avoir un lien avec l’intérêt porté par Belladone au cours et sa capacité à effectuer un sort concret. Mais la défense que le garçon prenait soin de construire pour le rassurer était désarmant de gentillesse et de sincérité, aussi Albus eut un grand sourire bienveillant et tapota les cheveux de son élève pour le faire taire, tandis que celui-ci baissait la tête, à nouveau tristounet d’avoir dû dévoiler d’autres de ses fragilités à son professeur préféré. Aussi lui répondit-il après quelques secondes :

Ne penses-tu pas que c’est cette passion que tu mets à mon cours qui te bloque pour la pratique ? Tu es un admirable élève en théorie, et beaucoup de ceux qui ont réussi la pratique aujourd’hui ne t’arriveront jamais à la cheville en terme d’apprentissage, c’est un fait. Mais tu te mets une immense pression sur les épaules… cette peur de me décevoir n’a-t-il pas fini par t’étouffer, empêchant ton pouvoir de sortir pleinement plutôt que d’apparaître comme faible ? Nos cœurs sont souvent empli d’une pétrifiante contradiction. A trop vouloir bien faire, tu as inconsciemment préféré ne rien faire plutôt que d’échouer.

Sa voix était sérieuse, grave et posé avec toute la maturité d’un adulte. Chaque mots, déliés de ses syllabes pour que chacun entre dans l’esprit malléable du jeune garçon. Il fallait que ce dernier soit mis face à certaines choses. Hors, Albus savait pertinemment que ce qui venait de se passer aujourd’hui et l’explication qu’il en sortait n’était pas quelque chose de forcément centré sur la magie et que cela poserait un problème au futur jeune homme qu’il avait devant lui : nul besoin d’être un devin pour cela. Mais Albus n’était pas dans la punition, sa voix n’était pas sévère ni cassante ; il ne portait aucun jugement sur cette vision des choses, mais les exprimait le plus simplement du monde, comme des faits. Que ces derniers furent implacables ne changeaient pas le fait qu’ils ne fussent point immuables.

Je crois me rappeler que vous avez une petit pause de quinze minutes avant le prochain cours…

Rester sur un échec serait trop cruel pour le petit Belladone, et il était évident qu’aucunes paroles aussi belles furent-elles, ne parviendraient à sortir le garçon du tourbillon empoisonné de ses pensées maladives. Aussi Albus se leva après avoir tapoter une nouvelle fois son épaule, et s’avança vers son bureau avant de sortir sa baguette et de faire face à son élève :

Tu ne seras pas contre un petit supplément ? Lance autant de fois qu’il faudra le sort jusqu’à me retirer cette baguette des mains. Prends une profonde respiration, plus personne n’est là pour se moquer de toi.

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Belladone Raven
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MessageSujet: Re: De l'amertume des faibles - Albus - Flashback  De l'amertume des faibles - Albus - Flashback Icon_minitimeLun 20 Avr - 15:05



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Salle de Défense Contre les Forces du Mal

Septembre 1926

La flagornerie sincère et éplorée du garçonnet arracha au Professeur Dumbledore un de ces rires légers et cristallins dont il gratifiait parfois ses élèves. Il n’y avait pas la moindre once de calcul, ni même de préméditation dans ce compliment qui criait sa véracité à travers l’âme de l’enfant admiratif de celui qui, sans doute, restait le plus grand sorcier de son temps. De fait, de par ce rire qui avait heurté les vitres de la salle de classe baignée de soleil, avec cette douceur élégante qui en caractérisait les notes mélodieuses et quelque peu teintées de ce flegme tout britannique, Albus Dumbledore ne semblait ni fâché, ni déçu d’avoir eu à contempler le pathétique désastre de l’étendue de la médiocrité magique de Belladone. Même, il paraissait compatir à sa douleur, avec la distance teintée d’incompréhension de celui qui prend en pitié ce qu’il ignore, les facultés magiques de l’auguste ayant sans doute, dès son plus jeune âge, surpassé toutes ses espérances.

C’était d’autant plus généreux, de la part du brillant Professeur, de compatir à un malheur qu’il n’avait jamais eu à connaître, son remarquable esprit s’égarant un instant à l’éventualité à laquelle jamais il n’aurait dû avoir à songer. Belladone n’eut pas besoin de lever pour voir le petit mouchoir en tissu s’extirper du veston du Professeur Dumbledore, le costume trois pièces façonnant cette image d’élégance naturelle dont il avait le secret, et dont il ne se déparait jamais. A la vérité, il était également le modèle de Belladone en la matière, qui considérait l’exemplarité de sa mise comme une marque de respect dont on gratifiait son entourage. Aussi le garçonnet, trop jeune encore pour prétendre au port de la cravate ou du costume, veillait toutefois à ne jamais laisser dépasser un pan de la chemise de son uniforme, et lissait du plat de la main sa cravate striée de bleu et d’argent, ce geste automatique accentué par la nervosité ou la timidité extrêmes au fond desquels de nombreux évènements du quotidien parvenaient à le plonger.

Le jeune garçon se saisit du mouchoir que lui tendait son Professeur d’une main rendue tremblante par l’émotion qu’une telle bienveillance insufflait à sa petite âme qui, peut-être, avait tendance à sur réagir un peu trop. S’il ne s’agissait certes que d’un mouchoir et de quelques paroles réconfortantes, elles venaient du grand Albus Dumbledore, qui aurait pu, en toute légitimité, réprimander sa médiocrité en public, l’humilier peut-être en se joignant aux moqueries, ou tout simplement renvoyer l’élève faible, larmoyant et inutile qu’était Belladone d’un revers de main au mépris indifférent. Aussi le jeune garçon avait beaucoup de défauts, dont la fragilité et le manque de volonté n’étaient pas les moindres, mais il mettait point d’honneur à ne pas laisser l’ombre de l’ingratitude effleurer sa bonne petite âme. Il était reconnaissant que le Professeur Dumbledore soit là à l’écouter, à demi-assis sur son bureau dans une posture qui n’aurait rendu élégant que lui seul, et à chercher ses mots pour apaiser des tourments qu’il ne connaîtrait jamais.

Belladone avait bredouillé un « Merci » sans lever le nez du sol, tamponnant ses yeux gonflés à l’aide du mouchoir de tissu qui exhalait des effluves musqués, qui auraient pu vaguement rappeler l’odeur du parfum paternel qui subsistait jusque tard le matin dans la salle de bains du Manoir Raven, sans ce je-ne-ne-sais-quoi de plus, ces notes boisées, épicées presque, qui ne ressemblaient qu’à Dumbledore. Le jeune garçon se moucha le plus discrètement possible, fourrant ensuite le mouchoir dans la poche de son pantalon, se demandant vaguement ce que penserait son Professeur penserait de l’odeur de rose qui émanerait de son bien, une fois que son élève le lui aurait rendu, propre et lavé. Une main ébouriffa soudain ses cheveux, lui faisant lever les yeux, qui se heurtèrent à l’éclat du franc sourire que lui offrait Albus Dumbledore, dans la grande mansuétude qui ne le caractérisait que trop. Sa lumière éclaira quelques instants les ténèbres désespérées qui avait envahi l’âme triste du jeune garçon, avant que la voix sereine, professorale, ne s’élève à nouveau.

Le jeune garçon se fit attentif, buvant les paroles et la théorie de son brillant Professeur, selon laquelle son immense volonté de bien faire et l’effroi glaçant de lui inspirer la plus infime once de déception seraient sans doute les coupables de cette vaine tentative de produire autre chose qu’une mince fumée blanchâtre, évaporée avant même que Belladone ait eu le temps de reprendre son souffle. De nouveau il baissa les yeux, et ses joues rosirent sous le compliment incroyable, d’autant plus ému qu’il le savait sincère. Peut-être sa médiocrité magique était-elle le revers de la médaille, après tout. N’était-il pas ingrat et présomptueux, d’exiger ainsi la prédominance dans tous les domaines, quand un immense sorcier comme Albus Dumbledore admettait déjà sa supériorité théorique ? Cette reconnaissance d’un des plus grands mages de ce temps pour ses prédispositions à l’apprentissage ne devraient-elles pas le combler déjà, satisfait de se surélever à quelque domaine, fut-ce l’unique, fut-il médiocre dans les autres ? Belladone leva un visage ému, plein de gratitude. Les déductions de son Professeur étaient criantes de vérité, et il lui semblait qu’elles apparaissaient comme une lueur salvatrice, pleines d’un espoir qui renaissait de ses cendres, sous le flot de paroles bienveillantes de son Professeur favori. Un sourire pâle, ému plus que de raison peut-être, mais plein de gratitude, illuminé le visage rond et triste du jeune garçon. Ils pouvaient tous le railler. Belladone ne s’était pas trompé en offrant à Albus Dumbledore cette admiration toute juvénile qu’il méritait plus que n’importe quel autre Professeur.

- Je…Je vous remercie, ça…ça me touche beaucoup…c’est simplement que j’aime ça…Etudier, enfin…J’y passe du temps…Mais je crois que vous avez raison…J’aurais tellement aimé bien faire…C’est idiot, d’avoir si peur de ne pas y arriver…

C’était idiot et orgueilleux. Certes, la symphonie grave et mélodieuse qui s’échappait des lèvres du Professeur Dumbledore ne vibrait d’aucune note amère de reproche ou de jugement. Pourtant le jeune garçon, quelque peu délesté du fardeau insoutenable qu’avait été son désespoir durant de longues minutes, s’accablait à l’instant de la honte de s’être montré si présomptueux. Il n’avait que douze ans et commençait à peine son éducation magique. Avait-il vraiment crû que le chemin de l’apprentissage se déroulerait à ses pieds, sans embûches d’aucune sorte, sans ronces auxquelles s’égratigner, sans racines sur lesquelles trébucher ? Peut-être sa déconfiture était-elle méritée, après tout. Peut-être même était-elle salvatrice, ayant eu le bon goût de remettre les pieds sur terre à l’enfant qui voulait se croire humble mais qui, tout au fond de son inconscience, avait rêvé à des prouesses qu’il ne pouvait atteindre sans chuter. La chute avait été rude, certes, mais Belladone grandissait, et apprenait que ses rêves de grandeur, soudain, se confronteraient à la cruelle réalité de ses limites. Et tout cela était bien amer à avaler, parce que Dumbledore avait raison ; il était déjà, du haut de ses douze années, beaucoup trop sage, beaucoup trop lucide et beaucoup trop clairvoyant pour n’avoir pas compris que sa faiblesse magie était inéluctable.

Cela ne semblait pourtant pas l’avis du Professeur Dumbledore. Auquel cas, pourquoi cette proposition ? Pourquoi un sorcier si renommé et si brillant se proposerait-il à gaspiller son temps si précieux à entraîner un élève, s’il était persuadé que ses capacités magiques, aujourd’hui proches du néant, resteraient inéluctables ? Malgré la confiance aveugle qui éblouissait le petit Belladone, la part d’ombre qui se nichait en sa petite âme pure, cette petite voix méchante qui le rendait pessimiste et abattu, s’acharnait pourtant, lui murmurant qu’Albus Dumbledore était bien trop bon, que son jeune élève ne valait rien, qu’il le prenait simplement en pitié. Pourtant il avait envie d’y croire. Il y’avait des désirs d’espoir au fond de cet esprit juvénile, qui ne voulait pas encore se soumettre à la médiocrité inéluctable qu’il venait de prouver ce jour-là. Aussi son sourire s’élargit, et c’est mi- rasséréné, mi- inquiet de montrer une fois de plus l’étendue de sa nullité aux yeux du Professeur auquel il vouait une admiration sans bornes que Belladone se leva, la gratitude d’avoir une seconde chance insufflait une once de courage dans ses veines qui n’avaient que trop coutume d’en être exemptes. C’est donc enthousiaste mais la voix toujours un peu chevrotante d’émotion que le jeune homme empoigna sa baguette en acquiesçant :

- C’est avec plaisir…Je vous remercie de m’accorder un peu de votre temps…En plus j’ai Métamorphoses après, et c’est juste l’étage en dessous…

Trêve de bavardage. L’occasion inespérée de redorer quelque peu la médiocrité de son échec lui était offerte, par la grande mansuétude du brillant Professeur qui le regardait avec un sourire bienveillant. De fait, plus personne n’était là pour se moquer de lui. Mais cette aura sacrée que dégageait l’éminent Professeur, seul face à lui, était peut-être plus éprouvante pour les nerfs encore qu’une salle de classe immature qui riait aux éclats de l’injure que Belladone n’avait déjà que trop entendue. Il était là, debout, bienveillant, armé, prêt à attendre le miracle de voir le jeune et incapable garçon s’emparer de sa baguette par la seule force de sa magie, et Belladone était tiraillé entre le désir de se lancer –sachant qu’il ne pouvait guère faire pire que sa piteuse prestation- et la peur désespérée, inéluctable, de se ridiculiser un peu plus, et de faire perdre son temps à son précieux Professeur. Décidant une seconde d’arrêter de réfléchir et de prendre son courage à deux mains, Belladone leva les yeux, offrant un sourire à Albus Dumbledore qui l’encourageait lui, bien plus que l’intéressé. Poussant un soupir à fendre l’âme, fermant les paupières un instant, le jeune garçon usa de toutes ses capacités de concentration et de mémoire que l’on s’accordait à trouver exceptionnelles, pour se représenter le mouvement du poignet, la prononciation de l’incantation et la ferveur à y insuffler :

- Expelliarmus !

Les yeux de Belladone s’écarquillèrent brusquement, plus qu’ils ne se rouvrirent, pour entr’apercevoir une fumée qui n’avait plus cette pâleur blanchâtre, éthérée, traîtresse, de tout à l’heure. Il eut été optimiste de qualifier ce rai toujours mince et vaporeux de rouge, mais toutefois, il était teinté de réelles lueurs rosâtres qu’on ne pouvait nier. Pas de rires, pas d’injure. Si le résultat était encore loin d’être glorieux, il semblait évident que l’absence d’un public railleur jouait pour beaucoup dans l’amélioration manifeste du jeune garçon, et dans la confiance qu’il semblait –très légèrement et à tâtons- reprendre en lui. Il ne serait sans doute jamais un grand sorcier, mais les sortilèges simples et basiques resteront sans nul doute à sa portée, pourvu qu’il ne se laisse pas gagner par cette émotion à fleur qui le caractérisait depuis sa plus tendre enfance. Albus Dumbledore souriait toujours, et Belladone, ragaillardi par cette lueur pâlichonne aux tristes reflets roses clairs, s’enhardit au point de retenter une seconde fois l’expérience, se sachant en sécurité auprès de son Professeur qui venait de prouver qu’il n’avait pas le moindre de se moquer de lui. Un seconde pire, un battement de paupières…

- Expelliarmus !

Cette fois-ci Belladone avait gardé les yeux ouverts, et si le rai encore brumeux et quelque peu éthéré de son sortilège avait pris une couleur presque rougeâtre, c’est ce tressaillement infime, presque imperceptible de la baguette dans la paume de Dumbledore, qui entrouvrit les lèvres du jeune homme, ravi et surprit de ce progrès pourtant bien faible, mais qui était une grande réussite, en comparaison de sa première et désastreuse tentative. Le Professeur Dumbledore avait mille fois raison, comme à son habitude. Le public juvénile, cruel et goguenard qui avait assisté à la représentation de Belladone ne l’avait sans doute guère à améliorer des compétences qui ne paraissaient déjà guère fameuses au naturel. Et c’est ragaillardi d’un infime espoir, celle de ne jamais être un grand sorcier, mais de pouvoir réaliser la majorité des sortilèges, avec plus d’entrainement, de travail et de confiance que les autres, que le jeune garçon, ravi, s’exclama :

- Professeur, avez-vous vu ? Je crois que j’ai fait trembler votre baguette ! Oh, ce n’était pas grand-chose, mais vous aviez raison…En étant un peu plus détendu, et avec plus de travail, j’y arriverais peut-être…

Avec un léger sourire, presque enthousiaste, Belladone rougit un instant, conscient d’abuser quelque peu de la gentillesse de son Professeur, malgré que la proposition vienne pourtant de lui :

- M’autorisez-vous à réessayer, Professeur ?


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Albus Dumbledore
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MessageSujet: Re: De l'amertume des faibles - Albus - Flashback  De l'amertume des faibles - Albus - Flashback Icon_minitimeVen 1 Mai - 23:38



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Salle de Défense Contre les Forces du Mal

Septembre 1926

Albus n’avait pas peur d’être le cobaye des sortilèges hasardeux du pauvre petit dernier des Raven. Il en avait vu d’autres, et il avait confiance en lui. Il savait pertinemment que l’élève ne voulait pas lui faire le moindre mal. Le petit garçon était si doux et si timide, dans toute sa passion de l’étude qu’il peinait à avouer au grand jour. Le professeur le voyait sans peine se perdre dans les tréfonds de la bibliothèque, passant des heures entières le nez plongé dans la poussière, à respirer les âges anciens de ces puits de science lointaine. Albus fut lui-même de ce genre, alors il pouvait entièrement comprendre la fougue qui animait son esprit vaillant, son désir d’apprendre. Il pouvait même comprendre sa peur d’échouer, après s’être tant préparé, car l’échec aurait remis en question l’entièreté de son travail si durement acquis. Mais ce qu’Albus se refusait à accepter, c’était que l’on puisse se retenir sur ses capacités : il n’y avait pas pire échec que celui qui ne s’était donné à 99 % pour réussir. Ce petit pourcentage qui manquait à la conviction, à la motivation ou à la moindre pensée parasite, cet horrible grain de sable dans le rouage si parfait de l’entraînement. Là était la crainte empoisonnée qu’il fallait combattre et c’était bien contre celle-là qu’Albus souhaitait aider Belladone. Lui offrir cette petite impulsion qui lui serait vitale dans la vie de tous les jours, et pas seulement aux études. Aussi lui sourit-il de son plus bienveillant visage, l’invitant à s’approcher comme on apaise un animal apeuré, intimidé. Ce que le garçon fit, requinqué d’énergie et de courage, baguette fermement en main ; il se descendit de sa chaise et le remercia de lui céder un peu du sable de son temps si précieux. Albus rit doucement, amusé de sa langue si pendue que l’on ne pouvait facilement arrêter. Il écarta les bras, tenant également sa baguette mais d’un poignet leste et avec des doigts souples. Il se posa contre son bureau, le plus tranquillement du monde pour ne pas embarrasser le jeune élève avec plus de protocole qui ne tarderait pas à faire remonter son angoisse.

N’oublie pas que tu as le droit d’échouer… seulement si tu ne regrettes rien. Donne tout ce qu’il y a au fond de toi, et petit à petit, tu débloqueras toutes ces craintes qui t’empêches d’avancer.

Alors après quelques secondes de concentration, Belladone lança son nouvel essai. Un jet de fumée rouge, aussi fugace et léger qu’une brume d’hiver, s’éleva dans les airs. Ce n’était pas vraiment un très bon résultat, loin de là même. Mais c’était déjà mieux que le précédent essai. Aucun bruit ne vint ponctuer ce tendre filet rouge qui bientôt termina de se dissoudre au plafond. Cela ne découragea pas l’élève qui lança à nouveau le sort. Aussi attentif qu’il fut de la lumière absolument minuscule fut-elle au bout de la baguette, laissant encore s’échappait une volute virevoltante et écarlate, Albus ne put s’empêcher de hausser un sourcil en regardant sa propre baguette. Oui, il l’avait senti tressaillir entre ses doigts qui la tenaient à peine. C’était une considérable avancée et ce fut un sourire redoublant d’enthousiasme qu’Albus offrit à Belladone, que ce dernier lui rendit au quintuple. Il semblait avoir définitivement repris confiance en lui, voyant pertinemment la preuve d’un entraînement soumis à la patience et à la tolérance de soi-même. Belladone lui demanda même s’il pouvait réessayer une nouvelle fois. C’était bien évidemment convenu, Albus ne pouvait et ne voulait pas refuser une telle demande, surtout avec une bouille si timide et si adorable. Le dernier Raven était un oisillon auquel on ne pouvait rien refuser. Un enfant tout ce qu’il y avait de plus normal, avec un regard lumineux et innocent, pleins d’espoir pour l’avenir, et dont les éclats de tristesse se ressentait avec la sincérité d’une dague entre les omoplates. Il ne cachait rien, et c’était ce qui lui plaisait le plus à travers ce petit bout de gosse… Rien à voir avec ce qu’il pourrait rencontrer dans le futur, cette Serpentard au visage mort dont le regard resplendissait d’un sombre nuage.

Bien sûr que tu peux, essaie autant de fois que tu le souhaites jusqu’à ce qu’il soit l’heure d’aller à ton cours de Métamorphoses.

Albus lui sourit et ne bougea pas d’un iota contre le bureau. Et il réessaya, encore et encore, chaque fois un peu plus précis dans son geste, prenant l’habitude du mouvement et de la perception de sa propre énergie. Le professeur le sentait, au fond de lui creusait un petit puits de magie qui ne demandait qu’à être excaver, mais il fallait du temps pour en sortir suffisamment de pouvoir. Il était encore jeune, il avait le temps. Personne ne devenait bon du premier coup. Albus sentit plusieurs fois sa baguette lui trembler entre les doigts, même une fois glissa-t-elle lentement vers le sol, avant qu’il n’ait pu resserrer la main pour l’empêcher de partir. Ce n’était pas encore très fort, pas assez pour lui arracher la baguette, mais le geste était là, la volonté également. Il fallait recommencer. Aussi Dumbledore ne quittait jamais son précieux sourire, celui qui semblait donner tant de courage au petit garçon. Il hochait la tête à chaque nouvel tentative, poussant son élève à recommencer et à ne jamais abandonner. Il fallait à tout prix qu’en moins de dix minutes, sa baguette s’échappe de ses mains, ne fusse que pour rencontrer le sol à quelques mètres de là. Il croyait en son élève, à sa fougue enthousiaste qui ne méritait pas d’être ainsi torturé par un si petit obstacle.

Finalement, à force de courage et de patience, une belle lumière – vive et rougeoyante, néanmoins presque toujours comme timidement caché derrière le baguette même, sortit de celle-ci est parvint à arracher la baguette des doigts de Dumbledore. Elle vint tomber mollement sur le carrelage à équidistance. Mais qu’importe, car le sortilège avait réussi ! Pour le moment, c’était tout ce qui comptait. Rien d’autre ne devait avoir d’importance. Alors se succéda aux injures de la toute première fois, les applaudissements délicats et bienveillants de Dumbledore qui salua la performance de son élève. Lentement, il vint récupérer sa baguette et termina devant son élève, s’agenouillant devant lui :

Tu vois ? Tu as donné tout ce que tu avais, tu as cherché au plus profond de toi ce puits de magie qui ne demande qu’à être utilisé. Tu n’en possèdes peut-être pas une immense source, mais même le plus petit ruisseau peut rassasier la soif d’un aventurier épuisé, ne l’oublie jamais.

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MessageSujet: Re: De l'amertume des faibles - Albus - Flashback  De l'amertume des faibles - Albus - Flashback Icon_minitimeMer 13 Mai - 16:28


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De l'amertume des faibles

Salle de Défense Contre les Forces du Mal

Septembre 1926

Le Professeur Dumbledore était là, debout, bienveillant et serein face à l’imminence inoffensive du sortilège de son élève. Et il était si grand, si auguste et d’un calme toujours si déroutant, sans moqueries ni dédain pour son petit adversaire, que le jeune garçon s’en trouva un instant tout troublé, hésitant un instant encore à commettre le blasphème de s’attaquer à celui qui était devenu son modèle, tous domaines confondus. Toujours animé de ce flegme empathique déconcertant, Dumbledore ouvrit la bouche, pour laisser s’extirper une de ces litanies rassurantes et revigorantes dont il avait le secret, en plus de briser la glace que le petit garçon timide et échaudé reforgeait inconsciemment, comme un rempart entre eux, sa peur de l’échec et son effroi du ridicule. Le jeune élève offrit un sourire plein de gratitude à son Professeur, sa petite main se crispant sur sa baguette de sorbier, fidèle alliée de ses plus cuisantes humiliations dont elle partageait avec lui l’amertume.

Le temps n’était plus à la réflexion, devenue inutilement douloureuse. Albus Dumbledore ne se moquerait pas, en plus de lui avoir signifié clairement que le nombre de ses échecs n’aurait aucune espèce d’importance. Qui était donc Belladone, du haut de ses douze années et de son inexpérience, pour douter de la parole du plus grand sorcier du monde ? Une profonde inspiration, et la baguette se leva pour s’essayer à la pratique sur la silhouette nonchalante et gracieuse de l’immense mage qui s’offrait en victime des piteuses expérimentations de son élève.

Le premier essai retentit à travers les murs de pierre froide de la salle de cours, pour avorter presque instantanément dans une volute de fumée d’un rose pâle, qui illustrait bien là la qualité de la magie et la tendresse faiblarde du caractère du petit garçon. Belladone, cette fois-ci, ne laissa guère le temps à son esprit trop délicat de se décourager, parce que ces minces reflets rosâtres, qui auraient représenté l’échec pour beaucoup de ses camarades, signifiaient pour lui l’espoir d’une magie très mince, fugace mais existante, lui offrant comme un salut la promesse de s’aiguiser à l’aide d’un travail acharné. Ce n’était rien pour d’autres, mais combien cela représentait pour celui qui avait crû sombrer dans le néant ! La promesse d’un dur labeur ne l’effrayait pas, au contraire. Il y’avait quelque chose de rassurant dans le fait d’obtenir quelque chose par le travail, pour quelqu’un comme lui qui aimait à s’acharner à l’étude, peu importe l’injustice que cela représentait, peu importe la masse de travail qu’il aurait à fournir pour obtenir le tiers de ce que les autres parviendraient sans effort à accomplir.

Le deuxième essai était plus déterminé, assuré par la perspective que Belladone sauverait peut-être par sa compétence innée à la scolarité et à l’étude ses faibles capacités magiques du naufrage qu’il avait cru certain un instant auparavant. Si la lueur écarlate était faible et terne, toujours, elle n’en demeurait pas moins plus rouge que le rose précédemment extirpé dans un souffle timide du bois de sorbier de sa baguette. Mais c’était surtout ce frémissement. Avoir vu tressaillir la baguette du grand Albus Dumbledore au creux de sa paume auguste, du simple fait de sa magie, avait quelque chose d’enivrant, de fascinant, et d’incroyablement flatteur pour le tendre orgueil blessé de Belladone, dont la plaie béait toujours, lancinante et à vif, malgré les sutures opérées par la douceur pédagogue du meilleur Professeur de Poudlard.

Peut-être était-ce ce tressaillement qui lui redonnait autant d’espoir, cette preuve inéluctable que la magie, quoique faible, coulait bel et bien dans ses veines, peut-être le démenti aussi, de l’invulnérabilité de Dumbledore, qu’il avait cru immuable, et qui finalement se découvrait humain, soumis aux mêmes lois de la sorcellerie, sa baguette pouvant frémir au creux de sa paume puissante, sous les efforts fébriles d’un faible garçonnet. Peut-être venait-elle de là, cette hardiesse peu commune, cette requête audacieuse de continuer son entraînement sur son vénérable Professeur, abusant là de la bonté sans failles et du temps précieux d’un si grand sorcier. Pourtant Dumbledore accepta immédiatement, avec cette nonchalance pleine d’une grâce naturelle qui déconcertait et charmait les foules d’élèves, ayant raison même des plus récalcitrants. Alors le petit Belladone redoubla d’entrain, ragaillardi par cette confiance que Dumbledore insufflait en ses capacités, et qui lui donnait des ailes. Aussi le garçonnet réessaya. Une fois, deux fois, trois fois. Les rais de lueur pâle s’illuminaient un peu plus à chaque tentative, chaque fois un peu plus rouge, chaque fois un peu plus éclatant, sans jamais parvenir toutefois à l’incandescence qui s’était extirpée de la baguette des autres élèves qui s’étaient gaussés de lui ce jour-là. Et quand enfin, la baguette du Professeur Dumbledore s’échappa de sa main pour choir sur l’asphalte, à mi-chemin entre les adversaires, il s’en fallut de peu que le jeune garçon batte des mains, tant son enthousiasme pour son demi-succès l’avait enhardi. Peut-être était-ce là le plus grand des pouvoirs d’Albus Dumbledore. Remonter à la surface un élève qui se noie, faible et époumoné, déjà vaincu et las, d’une main vigoureuse et bienveillante, presque paternaliste, appuyée d’un sourire et de ces discours mystérieux, dont il avait le secret, qui redonnaient l’espoir aux plus désespérés.

Un large sourire s’étalait sur la face ronde du garçonnet, et dans ses yeux d’encre étincelaient de ces lueurs d’espoir, de joie et de fierté, de celles qui avaient agonisé quelques instants plus tôt devant le spectacle de sa déchéance, saluée par les rires et les injures de ceux qui avaient bien peu fait honneur à leur statut de camarades. Le bruit d’un battement de mains lui fit lever timidement la tête. Albus Dumbledore l’applaudissait. Le grand Albus Dumbledore saluait le pâle reflet de sa réussite, le gratifiant toujours de ce sourire plein de flegme indulgent, et battant des mains de l’air calme et satisfait de celui qui ne doutait pas de la victoire du petit garçon sur sa peur de l’échec qu’il jugeait insurmontable. La bouche de Belladone s’entrouvrit sous la surprise, lui conférant cet air niais et ébahi qui lui était coutumier chaque fois que l’émotion le submergeait. Et ses yeux brillaient déjà de grosses larmes, tandis qu’il ne trouvait rien à dire, s’étouffant dans sa gratitude, retenant ses larmes qu’il se refusait à laisser couler une énième fois. Ses yeux baissés virent les pieds élégamment chaussés du Professeur s’avancer vers lui pour récupérer de lui-même sa baguette restée au sol.

Le jeune garçon s’apprêtait à se flageller de nouveau, d’avoir laissé ainsi le grand Dumbledore s’agenouiller sur l’asphalte pour récupérer la baguette que l’élève avait tant peiné à lui arracher. Mais l’immense sorcier semblait n’en avoir cure. Toujours agenouillé, Albus Dumbledore jeta un regard à son élève, qui déglutit, fermant la bouche soudainement et ravalant ses larmes. Converser avec Albus Dumbledore à la même hauteur que lui venait soudain de faire voler en éclats la belle adrénaline et la folle hardiesse que son succès lui avait infligé. Ses joues s’empourprèrent de nouveau, et il rangeait sa baguette dans la poche de son uniforme, pour éviter d’avoir à croiser trop directement le regard bleu vif de son mentor. Lentement, pleine d’une reconnaissance infinie, Belladone hocha la tête. Dumbledore ne cherchait pas à lui faire croire qu’il pourrait devenir un grand sorcier. Non, il étayait seulement sa théorie, -qu’il venait de prouver en encourageant le petit Belladone à retenter l’expérience jusqu’à son aboutissement-, que la persévérance pouvait accomplir des miracles. Le petit garçon était intelligent. Il avait compris, et travaillerait plus dur que les autres, pour des résultats moindres, pourvu qu’il soit capable de magie, et que les sortilèges de base fussent à sa portée. Le menton tremblotant et la voix chevrotante, Belladone, enfin, leva les yeux qu’il avait rivés sur la pointe de ses chaussures, triturant ses mains potelées qu’il avait libres :

- Mais tout cela, c’est grâce à vous. Merci infiniment Professeur. Je crois que vous êtes le seul qui aurait fait cela, et je n’y serais pas parvenu sans votre aide, alors, merci encore, vraiment…

Belladone baissa de nouveau le regard, n’osant se saisir de la montre en gousset en argent que son grand-père favori avait confectionnée rien que pour lui, s’effrayant de ce que le Professeur Dumbledore ne prenne ce genre pour de l’impolitesse où de l’impatience. En réalité le jeune garçon ne craignait pas pour lui, car il lui suffirait pour justifier un retard d’évoquer un entretien avec le Professeur Dumbledore pour être immédiatement excusé, mais plutôt pour lui qui, à cause de son piètre élève et de sa magie fébrile, risquait de se retrouver devant une nouvelle fournée d’élèves, alors même qu’il n’aurait pas eu le temps de se préparer à son prochain cours. Sans nul doute le Professeur Dumbledore serait trop bienveillant pour lui signifier qu’il dérangeait, à présent. Belladone toussota timidement, prenant les devants :

- Professeur, je ne vais pas vous faire perdre plus de temps, j’ai déjà beaucoup abusé. Je…Merci encore, pour tout…ça m’a vraiment…vraiment beaucoup aidé…

Ses doigts blancs et potelés trituraient nerveusement le bout de sa cravate, attendant poliment le congé du grand Professeur, qui, il en était sûr, avait hâte désormais de le voir partir.



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Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
Âge : 61 ans.
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Nationalité : Anglaise.
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MessageSujet: Re: De l'amertume des faibles - Albus - Flashback  De l'amertume des faibles - Albus - Flashback Icon_minitimeDim 24 Mai - 22:06



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Septembre 1926

Il n’existait nul maux qui ne puissent être régler avec de la patience, voilà ce qu’aimait croire le Professeur Dumbledore. Peut-être avait-il raison, peut-être avait-il tort. Ce n’était pas le genre de question qu’il se posait, trop imbu de ses présomptions qu’il estimait bien trop large et généreuse pour être fausse. Lutter pour le bien confiait un certain petit côté mégalomane. Devant lui, le petit dernier des Raven avait fait preuve de la plus sage des patiences, prêt à recommencer le sort autant de fois qu’il le faudrait pour parvenir à dévoiler sa magie. Sa peur avait été grande, mais il avait réussi à la surpasser et la baguette tombée entre eux en était la preuve. Albus s’était approché, avait récupéré la baguette entre ses longs doigts avant de s’agenouiller auprès de son fier élève. Non, il ne pouvait lui raconter de mensonges. Belladone ne respirait pas une puissance incroyable, seulement scellé sous quelques amoncellements de poussières ; et lui faire croire le contraire serait criminel. On ne pouvait faire croire à un petit chien qu’il serait capable de voler s’il sautait de la bonne falaise. Mais il était bon de faire valoir tout type de magie, non pas car « il faut de tout pour faire un monde », mais parce qu’il suffisait d’une âme, d’une bonne âme, pour faire le bien autour de soi. Albus était profondément sincère dans son discours. Sa théorie sonnait peut-être un glas. Celui de la fin d’un rêve que tout petit sorcier se figure un jour : devenir le meilleur. Mais cela n’était offert qu’à une poignet d’esprits, et ceux-ci n’en faisaient pas toujours le meilleur usage. Être puissant ne voulait finalement rien dire. Mais comment aurait-il pu l’expliquer au petit Belladone ? Comment lui faire comprendre que ce rêve de gosse, qu’il avait lui-même partagé, n’était finalement qu’une chimère ridicule dont il n’avait pas lui-même su faire honneur ?

Mais devant lui, Belladone perdait à nouveau la joie et la surprise pour reprendre l’aspect recroquevillé et timide du garçon grassouillet qui le remerciait mille fois de lui avoir montrer le bon chemin. Qu’il était le seul qui aurait pu faire cela. Albus pencha la tête sur le côté et fit une petite moue tendre en tapotant la tête de Belladone. Non, il ne pouvait définitivement pas lui expliquer. Le petit Serdaigle tremblait d’une panique que son professeur ne s’expliquait pas. Le professeur Dumbledore se leva donc, et posa sa baguette sur la table avant de jeter un coup d’oeil à l’horloge incrusté dans un hibou en or qui se trouvait là. En effet, la récréation allait bientôt se terminer. Sans doute le petit Belladone redoutait d’arriver en retard pour son prochain cours. L’élève obséqieux continuait par ailleurs de le remercier, indiquant du même temps ô combien il avait trop abusé de son temps si précieux. Albus soupira doucement, ne souhaitant pas brusquer le garçon, avant de lui répondre :

—  N’ai crainte, tu ne me déranges absolument pas. Quel professeur serais-je donc, si m’occuper d’un élève en difficulté était une perte de temps pour moi ? Si jamais tu as la moindre question, ou le moindre problème, tu ne dois jamais hésiter à venir m’en parler. Aller Belladone, va. Tu as été parfait aujourd’hui.

Ainsi, il le laissa partir, tout rouge et boursouflé de fierté et de timidité condensés. Une fois seul, Albus jeta un nouveau regard à l’horloge. Son rendez-vous avec le Ministre ne devrait pas tarder, peut-être même était-il déjà en retard.

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