Anthelme de Musset Âge : 17 ans Sang : Sang-Mêlé Nationalité : Franco-Écossaise Patronus : Hippogriffe Épouvantard : Ses parents le répudiant. Reflet du Riséd : Lui, reprenant avec succès la ferme de ses parents. Baguette : 27 centimètres, bois d'orme et plume d'hippogriffe Avatar : Pierre Niney Messages : 10 Double-Compte : Lavande Huntergrunt Date d'inscription : 12/11/2020
| Sujet: Red Sun ○ ft Jasper Blake Lun 14 Déc - 22:54 | | |
| Red Sun
« Today I will transformed into a ideal person. » Septembre 1942.
Nouvelle année. Dernière année. Il ne suffirait plus de longtemps avant qu’il puisse partir, sans trop savoir ce qu’il ferait de sa piètre vie. La logique voulait qu’il continue jusqu’à la voix qu’il avait crier bien fort pendant toutes ces années. C’était le plus raisonné, le plus sain. Économiquement, socialement. Seul un idiot aurait dit le contraire. En entrant dans sa septième année à l’établissement magique de Poudlard, Anthelme avait la tête haute ; il n’était pas un idiot. Ses camarades l’encerclèrent, tapant sur son épaule avec joie de retrouver leur grand ami. L’année prochaine, ils seraient tous considérés comme des adultes – mais ce n’était qu’une illusion. Il ne retrouva aucune saveur dans son vieux dortoir, alla aux cours avec ce même air profondément studieux et rendit dès le début d’excellentes notes. Il regrettait pourtant déjà cet été radieux, là-bas dans ce village que l'on pouvait apercevoir depuis la Tour d'Astronomie de Poudlard. Souvent, il y retournait, prétextant un besoin de réviser au plus près des constellations et autres instruments de mesures, que l'élévation de l'homme passe également par l'élévation du corps - une des raisons pour laquelle le manoir dans lequel vivait prétendument sa famille avait été construite au sommet d'une montagne de Bavière. Que des prétextes, toujours des prétextes. Mais lorsqu'il allait là-haut, c'était pour respirer l'air glacé, presque brûlant des plaines écossaises, laissant reposer sur sa peau une brume douce et clair, calme et sereine; il fermait les yeux et se laissait porter dans les courants du vent fugace qui courait dans les verrières de la tour. Mais ce jour-là, l'étudiant en mal de son pays ne souhaita pas monter les centaines de marches qui le séparait d'une vision mélancolique et lointaine de son véritable lui. Après tout, il était revenu à Poudlard - et tout ce que cela impliquait.
Oui, ce matin-là, Anthelme s'était rendu comme tous les autres élèves dans les salles de bain; il avait soigné sa coiffure à la perfection, peigna maladroitement sa moustache qui avait poussé durant l'année dernière, remonta le col de sa chemise et resserra professionnellement le noeud de sa cravate verte. Tous ses camarades quittaient le lieu avec précipitation, prêt à rejoindre la salle de cours à l'approche du son des cloches. Il resta. Son reflet dans le miroir le targuait, hautain, profondément disgracieux, éteint. Il ne parvenait toujours pas à croire comment, six ans plus tard, ce visage n'avait jamais éveillé le moindre soupçon. Mais le paysan était si doué à mimer le bonheur, l'horreur et l'ennui. Ce masque était peu à peu devenu sincère. Ce qu'il voyait devant lui, c'était bien de l'arrogance, celle d'être parvenu à tromper son monde et lui-même pendant si longtemps. Ce reflet si fier dont il avait si honte. Mais il n'y pouvait plus rien.
Dans cette salle de bain, il ne restait plus que le clapotis d'un évier mal refermé. Ce son régulier, infini, qui s'évertuait en écho dans toute la pièce jusqu'à le rendre fou. Gaspiller l'eau. Pourquoi est-ce que cela devenait si difficile ? Qu'est-ce qui avait changé ? Était-ce l'approche, l'inéluctable fin qui devait les mettre tous au pied du mur ? Cet autre lui le regardait d'un air si goguenard, et pourtant il se sentait emprisonné dans une spirale infernale, encore, toujours plus bas, les jambes pris dans des sables mouvants, quand ses mensonges devaient lui permettre de prendre son envol vers une vie meilleure. Cette goutte. Les mains sur les tempes, Anthelme était prêt à défaire ses cheveux, les brouiller, retirer ce soupçon de bienséance qui le tenait tel une laisse, ne serait-ce qu'un instant, une seconde, loin de tout ça. Il était sur le point... mais non. L'élève se redressa, calmement, partit refermer le robinet oublié et réajusta une courte mèche qui était descendu sur son front, le tout en prenant une profonde inspiration. Ce n'était finalement pas si grave; une nouvelle fois, il se rendait compte de sa stupidité. Après tout que valait un nouveau visage, qui n'était pas si désagréable que cela ? Il était craint, apprécié, adulé pour des mirages. On vantait son maintien et la beauté du gentleman qu'il représentait. Cela faisait toujours du baume au coeur à entendre. Ce n'était qu'un jeu, tout n'était qu'un jeu. Il s'était tellement amusé à les entourlouper, aux premiers mois de sa scolarité, à leur faire croire des histoires qu'il songeait invraisemblable. Mais tout était possible, et plus c'était gros, mieux ça passait. Impressionnant. Même si ce n'était pas sans soucis... il s'était fait des amis puissants, parmi les membres de Serpentard - et même parmi quelques autres familles de Sang-Pur des autres maisons, mais cela n'allait pas sans son lot d'ennemi. Néanmoins, sa mère était si fière de lui, alors c'était tout ce qui comptait.
Alors il alla en cours, une nouvelle fois, dans cette nouvelle semaine de la nouvelle année. Il brilla, de sa verve, de sa sagacité qui elle, lui appartenait réellement. En cours, il reprenait un peu le dessus sur ce masque qui pourrissait son intérieur; il se gorgeait de la soif d'apprendre, jusqu'à paraître quelque peu fayot par moment. Ceux qui le détestaient déjà ne pouvaient que s'en plaindre, tandis que ses "amis" l'en excusaient, car après tout, ils s'amusaient de voir ce garçon, ressemblant déjà à un homme, tiré à quatre épingles, doté de manières tout à fait parfaites et délicates, jouer les premiers de la classe. Cela rajoutait au mythe.
Après les cours, à la fin d'une journée plutôt tranquille comparée à d'autres, Anthelme salua ses camarades et prit son sac pour aller dans le parc. Plutôt que de finir sur une visite de la Tour d'Astronomie, et revivre une soirée triste, pleine de mélancolies, ses pensées se tournant inlassablement dans un mélange de passé et d'avenir, il se choisit un petit coin près du lac. Un endroit où la terre descendait en contre-bas sous un hêtre, ses racines émergeant du sol pour créer un banc sauvage et naturel. Il était entouré de quelques buissons qui le protégerait des yeux curieux des promeneurs; le coin parfait pour un espion campagnard comme lui. Là-bas, la boue salissait ses belles chaussures de ville en cuir. Il s'assit sur ce bois qui mit de la poussière sur son beau pantalon noir. Il défit sa cravate et la jeta à côté de lui, en même temps qu'il posa son impeccable sac sur la terre humide. Les deux s'imprégnèrent de l'humidité. Il se permit d'ouvrir un à deux boutons de sa chemise, laissant apparaître son débardeur de coton blanc. Une apparence débraillée que personne ne lui connaissait; une certaine appréhension s'empara aussitôt de lui: si jamais il devait être découvert, quel excuse offrirait-il à ses camarades ? Après tout, est-ce que les riches avaient le droit de se prélasser dans la nature comme de... simples promeneurs ? Il ne savait pas. Mmh... peut-être pouvait-il justement expliquer qu'il était en train de réfléchir à... un devoir à rendre pour la professeur de botanique, sur une certaine espèce qui ne vivait que dans le lac noir ! Non, aucun devoir n'était à rendre. A moins que ce ne soit des recherches personnelles pour être encore mieux vu de la professeur ? Il pouvait même faire planer l'idée qu'il avait des vues sur elle, rendant ses attentions plus crédibles... mais il n'avait pas envie de faire semblant d'être à fond sur cette pauvre femme à demi-sourde. Il lui faudrait rapidement trouver une excuse pour déclarer qu'il s'était lassé... après tout, les riches se lassent vite de leurs jouets non ? Il poussa un profond soupir, se massant le front: après tout, même les riches devaient aimer s'allonger dans l'herbe de leurs immenses propriétés, sur une nappe avec un pique-nique.
Anthelme laissa reposer son dos contre le tronc du hêtre. Il faisait encore si bon, en ce début septembre, rien qui ne pouvait laisser présager des mystères, des ennuis et autre retournements de situations. Son esprit fut libre de voguer, amusé et libre. Les mains sur son ventre, ses yeux fixaient le vague du lac, un sourire presque imperceptible sur son visage.
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