Échec et Mat - Gellert



 
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Échec et Mat - Gellert

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Solveig A. Asbjørnsen
Solveig A. Asbjørnsen
Âge : 18 ans.
Sang : Née-Moldue.
Nationalité : Norvégienne.
Patronus : Un loup.
Épouvantard : La silhouette de Grindelwald souriant, baguette pointée sur ses parents, une lumière verte jaillissant sur eux.
Reflet du Riséd : Le même jet de lumière verte qui a tué ses parents, mais qui s'extirpe de sa baguette à elle, frappant la poitrine de Grindelwald. Retour à l'envoyeur.
Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et ventricule de dragon.
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MessageSujet: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert Icon_minitimeMar 28 Juin - 14:22



Échec et Mat

« Grande Salle »

Décembre  1942

Les vacances scolaires étaient le seul moment où la Grande Salle trouvait grâce aux yeux de Solveig. La poignée d’élèves qui séjournaient à Poudlard de façon permanente ne suffisait pas à rendre insupportable de tumulte la pièce immense dont les cris et les éructations d’enthousiasme se répercutaient aux hautes alcôves qui soutenaient le merveilleux ciel magique. Ce matin il était froid et clair, comme le matin d’hiver qui pointait au dehors. Il était encore tôt, et le bol de porridge vide de Solveig gisait à côté d’elle, vide, tandis que sa main gauche tenait encore la tartine à demi-mangée recouverte de beurre et de jambon qu’elle achevait distraitement, les yeux rivés sur l’échiquier magique avec lequel elle s’entraînait en solitaire. Elle aurait aimé convier Darragh à se joindre à elle, mais elle n’était pas parvenue à lui mettre la main dessus, et n’aurait pas eu l’incorrection d’aller le chercher dans les dortoirs masculins, d’autant plus que la mixité dans les chambres était prohibée par le règlement, fut-ce pour aller se dégoter un compagnon d’échecs.

Et puis l’accalmie était si rare, entre ces murs qui grouillaient d’ordinaire d’élèves surexcités, que la taciturne jeune fille comptait bien en profiter, malgré qu’elle avait confiance en son mutique comparse de Maison pour ne pas troubler la paix matinale qui régnait dans la grande salle. Ce silence miraculeux et bienvenu lui permettait d’évaluer à tête reposée les évènements du Bal. Au cœur de sa petite vie réglée avec une minutie et une austérité militaires, cette soirée en compagnie de Kanaeko avait eu des allures de cataclysme. Et son âme, qui d’ordinaire avait la sérénité froide et tranquille d’une mer d’huile, s’ébrouait en vagues affolantes, dont le raz-de-marée et l’écume tourbillonnante parvenaient à l’exploit de troubler la glaciale jeune fille, qui s’était donnée pour adage de toujours rester maîtresse d’elle-même.

Aussi les échecs, ce n’était pas seulement un divertissement ou un moyen de tuer calmement le temps libre que pour une fois elle se consacrait. C’était se concentrer sur quelque chose de terre à terre, d’oublier l’effet étrange que la tempétueuse jeune fille inspirait à Solveig, cette incompréhension devant le pouvoir qu’avait le courage un brin abrupt de Kanaeko sur son esprit d’ordinaire imperméable à tout. Elle avait de toute façon prévu de se perfectionner. Voilà trop longtemps qu’elle avait délaissé les échecs, et son niveau s’en ressentait. Tout en mâchonnant sa tartine, Solveig déplaçait son cavalier blanc d’un air songeur, retournant l’échiquier pour se trouver du côté de l’adversaire qui n’existait pas. La dernière bouchée de sa tartine avalée, elle se saisit de sa tasse de café noir, délicieusement chaud, dont les volutes âcres lui enivraient les papilles, tandis qu’elle réfléchissait à son coup suivant.

Si elle faillit avaler sa gorgée de café de travers, elle parvint toutefois à rester impassible, lorsque la silhouette sinistre de Gellert Grindelwald apparut sur le seuil. La pâleur diaphane de ses cheveux formait une auréole étrange, se mêlait à la lueur chétive du soleil d’hiver. La blancheur laiteuse de sa peau tranchait de manière surnaturelle avec ses habits d’un noir d’encre, et ses yeux étranges semblaient ne rien darder, comme indifférents au monde qui l’entourait. Lorsqu’il s’avança, pénétrant de son air de prince méprisant dans la grande salle, Solveig riva son regard sur son échiquier, bien décidée à faire comme s’il n’existait pas. Kanaeko, son étrange et immédiat pouvoir qu’elle avait sur elle, l’avait empêché de faire une grosse bêtise ce matin-là. Mais en le voyant ainsi parader, si fier et si sûr de lui, une bouffée de rage lui monta au visage, lui crispant les lèvres, le regard obstinément baissés vers les petites pièces du jeu emprunté à la bibliothèque de l’école en attendant que son insupportable silhouette de criminel ne s’efface à ses yeux.

Malheureusement, une ombre semblait planer au-dessus du plateau de jeu. Les éclairs dans les yeux de Solveig se concentrèrent sur l’échiquier. Non content d’imposer sa présence assassine, il restait là, immobile, à l’importuner par son silence, à attendre on ne savait quoi d’elle, quand elle n’avait rien à lui dire, et que déjà elle devait lutter de toutes ses forces pour ne pas éructer sa colère à la face du responsable de son orphelinat. Après un imperceptible soupir destiné à lui faire garder son calme, Solveig compta mentalement jusqu’à dix, puis, l’ombre désagréable toujours là, leva un regard d’une encre insondable sur l’impudent :

- Bonjour, Professeur Grindelwald.

Que faites-vous ici ? Partez. Laissez-moi tranquille. Je vous déteste. J’ai essayé de vous tuer. Je ne le regrette pas. Cette politesse impeccable dans les tréfonds de laquelle transparaissait sa haine, sa rancœur et son amertume de voir l’assassin de ses parents ici, fouler le même sol qu’elle, manger la même nourriture, lui enseigner et dormir sous le même toit. Cette-fois ci elle avait levé le menton, sa longue queue de cheval lui retombant au creux du dos. Le toisant sans crainte aucune, avec un certain défi même, elle avala une gorgée de café, droite et impassible dans sa robe de laine bleu pâle, attendant qu’il veuille bien la libérer de sa néfaste présence, et, paradoxalement, avec le désir inconscient qu’il reste, qu’il la provoque, et qu’elle puisse répliquer, lui éructer ses griefs à sa face trop tranquille, lui qui semblait se sentir tout puissant, et intouchable. Qu’elle lui montre qu’il y’avait des gens qu’il n’impressionnait pas, qu’elle n’avait pas peur de lui, qu’elle ne ferait pas semblant de l’aimer, qu’elle savait ce qu’il avait fait et qu’elle ne lui pardonnerait jamais.
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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert Icon_minitimeMar 28 Juin - 17:16



Échec et Mat

« THE GAME IS ON »

Grande Salle, 22 décembre 1942.

Gellert avait salué Albus d’un baiser distrait sur la joue avant que ce dernier ne retourne à ses obligations de directeur adjoint. Ils s’étaient donnés rendez-vous plus tard dans la journée afin de déjeuner paisiblement. L’ancien mage noir avait déjà hâte. Hâte de retrouver la sérénité que dégageait son amant, hâte de retrouver la chaleur de ses bras et de son sourire. Il lui faudrait prendre son mal en patience pour affronter ces quelques heures. Mais il était hors de question de rester cloitré dans son bureau à attendre que le Soleil tourne dans le ciel. Il devait se changer les idées. Respirer un peu et oublier cette entrevue désagréable avec Minerva. Il erra, sans but dans les couloirs, croisant quelques fantômes qui discutaient mais personne d’autres. Le château était tristement désert, sans âme qui vive, sans Premières Années qui courent dans les couloirs en essayant de se lancer des boules puantes avant de se faire attraper et réprimander. Gellert était soudainement blasé par ce silence pesant, par l’absence d’Albus, bien que temporaire. Cette déambulation sans but lui rappelait ses insomnies des premières semaines, qu’il avait passé à errer dans l’espoir de s’acclimater un jour à ce que représentait Poudlard.

Ses pérégrinations le guidèrent jusqu’à la Grande Salle. Peut-être parviendrait-il à se changer les idées. Dans le cas contraire, il irait vers le terrain de Quidditch qui devait être tout aussi désert que le reste du château. Peut-être aurait-il le droit de monter sur un balai. Ou alors, il retournerait embêter Albus. C’était une option également. Il serait sage mais aurait au moins le luxe de pouvoir poser ses yeux sur la seule chose qui comptait actuellement à ses yeux. Pourtant, il poussa tout de même les larges battants en bois de la Grande Salle avant d’y pénétrer. Il y avait bien quelques élèves mais rien de vraiment distrayant. Il aperçut alors Solveig Asbjørnsen, au fond, près de la table des professeurs, qui jouait seule aux échecs. Leurs regards se croisèrent et l’élève semblait vouloir foudroyer son professeur sur place. Mais celui-ci, trop blasé pour la laisser tranquille, s’approcha tout de même. Il savait les griefs qu’avait Solveig à son égard et il ne pouvait pas lui en vouloir. Pourtant, il se posa devant son échiquier et regarda le plateau quelques instants, sans rien dire. Peut-être avait-il pris trop son temps car la jeune Serdaigle ne tarda pas à le saluer d’un ton presque acerbe et pressant.

— Bonjour, Solveig.

Il n’avait même pas daigné lever un regard sur elle, concentré sur l’échiquier placé devant lui, analysant la position des différentes pièces. Jouer seul était toujours compliqué car il ne fallait pas anticiper sa propre pensée. Il fallait réussir à se dédoubler, se créer un alter ego afin de garder sa capacité de réaction.

— Si tu places le cavalier blanc ici, dans deux coups, le fou noir le prend et mettra le roi blanc en échec. Si tu ne déplaces pas ce pion blanc ici, les noirs remporteront la partie.

Il ne leva pas tout de suite les yeux, relisant sa propre stratégie. Il ignorait le niveau d’échecs de Solveig mais se l’imaginait plutôt douée pour être motivée à y jouer seule ainsi. Finalement, au bout de quelques secondes, il releva son regard vers elle. Ses yeux, aussi noirs que le sien, dégageaient toujours cette fureur bouillonnante à son égard. Et comment lui en vouloir. Ses collègues lui avaient expliqué le tragique destin de ses parents, assassinés par un de ses sbires trop zélé qui n’avait eu aucun respect pour la vie de ces moldus et de leur famille. Gellert s’en souvenait très bien, de ce moment où il avait appris la nouvelle. De la colère qui l’avait envahie à ce moment. De ce sentiment d’injustice et d’impuissance en s’imaginant les orphelins ou orphelines que cet acte de barbarie avait laissé derrière lui. Dépité, furieux, il l’avait fait exécuter froidement, de sang froid. Il avait détesté faire cela. Détester demander de mettre à mort un de ses partisans. Mais cet homme, il ne l’avait jamais porté dans son corps de toute façon. En réalité, Grindelwald avait regretté de ne pas avoir mis fin aux jours d’Arsakov plus tôt. Mais Solveig était le fruit de cette génération détruite par sa faute. Elle était la colère justifiée à son égard. La matérialisation vivante de sa culpabilité et de ses fautes. Il aurait voulu lui rendre ses parents. Réparer ses fautes. Mais la moindre chose qu’il lui dirait serait déplacée. Déjà qu’il la dérangeait sans lui demander son avis juste parce qu’il s’ennuyait profondément et que l’angoisse pernicieuse lui rongeait le cœur.

Et pourtant, il désirait faire une partie avec elle. À l’instar de Minerva, il appréciait son esprit vif et son incroyable intelligence et maturité pour son jeune âge. Il savait également que cela était dû à des épreuves affrontées trop tôt et trop jeune. Si Minerva devait son austérité à son éducation pastorale, Solveig devait sa carapace à une enfance brisée. Continuant de la regarder, il finit par soupirer et regarda autour de lui. Les autres élèves présents dans la Grande Salle avaient disparu. Il ne restait plus que Solveig, les cheveux aussi pâles que les siens, l’œil torve et mauvais. Il ne voulait pas l’importunait plus. Il lui adressa un sourire désolé, ne sachant trop quoi lui dire de plus. Il jeta un dernier regard au plateau et dit :

— Si tu veux éviter la situation que je t’ai décrite, mets ta reine blanche là. Elle viendra mettre une menace sur le roi noir si jamais le fou blanc venait à bouger.

De son long doigt blanc, il montra les pièces et les mouvements à faire. Puis, il replaça ses mains dans son dos.

— Cela me fait plaisir de t’affronter un jour aux échecs si un jour tu recherches un adversaire. En attendant, bonne journée Solveig.

L’air impassible mais détaché, il lui tourna le dos et commença à aller se diriger vers la sortie de la Grande Salle, bien décidé à aller voir Albus afin de cesser le tourment de cette pauvre élève qui ne souhaitait que sa mort.
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Solveig A. Asbjørnsen
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert Icon_minitimeJeu 30 Juin - 17:09



Échec et Mat

« Grande Salle »

Décembre  1942

Grindelwald était tout sauf dupe. Le salut inflexible de l’austère étudiante équivalait à le congédier. Aussi, s’il ne prit pas le parti de l’exaucer immédiatement, son regard étrange, reflet gémellaire de son âme dévoyée et assassine, se riva sur l’échiquier que Solveig manipulait toute seule, sa tasse de café à la main. Pourtant, un instant, ses yeux se levèrent, surpris. Elle en darda les tréfonds d’encre insondables sur la silhouette roidi dans une immobilité de glace. A part le Professeur Dumbledore, jamais personne ici n’avait su prononcer son prénom correctement. Ce qui n’avait rien d’étonnant puisque celui qui ne parlait pas Norvégien ne pouvait pas l’inventer. Elle reprenait lorsqu’on lui demandait, sinon laissait couler, indifférente, consciente que l’anglais se prêtait mal aux intonations gutturales de sa langue d’origine. Sans même avoir réfléchi, sans même véritablement l’avoir voulu, les mots s’échappèrent de ses lèvres pincées, sa langue maternelle affleurant inconsciemment, d’avoir entendu son prénom si bien prononcé :

- Snakker du Norsk ? *

Après la stupeur, la suspicion. Ses sourcils se froncèrent soudain, de colère contre lui, mais surtout contre elle-même. Evidemment qu’il baragouinait le Norvégien, puisqu’il avait sillonné le pays de ses pas de criminels, sous lesquels ses parents, entre autres, avaient succombé. Combien de temps avait-il souillé sa mère patrie de ses avanies ? Elle ne lui demanderait pas. L’ignorance lui permettait la spéculation, exacerbait sa haine, qui la tenait debout et lui permettait de ne pas flancher. Pourtant, l’envie de savoir était là, viscérale, oppressante. La haine se prêtait mal à l’indifférence. Le personnage la révulsait, et pourtant, lui inspirait cette fascination malsaine, un peu obsessionnelle, qu’elle ne s’avouait pas. C’était aussi cela, haïr les gens. Si la haine était une force qui le tenait debout, elle était paradoxalement un poison qui rongeait ses jeunes veines, l’usait déjà, aigrissait son âme juvénile qui vieillissait trop vite. Connaître l’ennemi, c’était s’emparer de ses faiblesses, lui conférer un visage humain, derrière le monstre aux traits vagues qu’elle s’était imaginée depuis l’enfance. Et quand bien même la réalité était pire que ce qu’elle s’était forgée comme image de lui –ce qui l’étonnerait grandement-, une colère un peu plus exacerbée encore lui insufflerait peut-être la force nécessaire pour débarrasser la terre de ce fléau assassin.

Lorsqu’il lui asséna ces conseils qu’elle n’avait pas demandé, et qui avaient des allures de directives, Solveig leva d’abord un sourcil méprisant, lui conférant une insolence envers le corps professoral qu’elle ne se connaissait pas. Un œil sur l’échiquier, et elle sembla réfléchir quelques secondes. Il avait raison. A contrecœur, la jeune fille l’admit, baissa ses sourcils. Mais, quand ses yeux se levèrent de nouveau sur le mage noir, ils n’avaient rien perdu de leur fermeté insondable et intransigeante. Paraissant mal à l’aise, ou décontenancé, ou préparant peut-être tout simplement un mauvais coup –ce qui lui ressemblait bien-, Grindelwald embrassa la grande salle de son regard qui en effrayait tant. Mais pas elle. Elle entendit son soupir indéfinissable avant que ses yeux hétérochromes et glacials ne se posent de nouveau sur elle. Et puis, un petit sourire, presque empreint d’humilité. A quoi jouait-il ? Avait-il des remords ? Mieux valait tard que jamais, cela dit. Solveig, quant à elle, n’avait pas le pardon facile, surtout lorsqu’on ne lui exprimait pas ouvertement.

Puis, de nouveau, vint le conseil qu’elle n’avait pas demandé. Avisé, pourtant, et, pédagogue, Grindelwald vint même lui montrer le mouvement de ses longs doigts blancs, avant de croiser de nouveau ses mains dans son dos, dans cette posture coutumière insupportable qui lui donnait l’air si arrogant. Le fixant d’un œil noir, l’autre sur l’échiquier, Solveig déplaça les pièces comme conseillé. Puis, il évoqua son désir de jouer avec elle un jour prochain. Une seconde, la jeune fille resta interdite, dissimulant sa stupeur sous un masque d’impassibilité. La foule de sentiments qui la submergeait restait invisible, tant que cela était possible. L’envie de lui crier de décamper, qu’elle le détestait. La fascination mortifère qui aurait aimé le voir rester. Accepter pour trouver un prétexte pour lui exposer ses griefs. Présager qu’il pourrait dévoiler des bribes de lui et de ses faiblesses, l’air de rien, lors d’un divertissement. La curiosité de son jeune âge et des inconnues de son passé qui étaient les plus fortes, ne connaissant rien du monstre, finalement, qui l’avait privé de parents qu’elle n’avait pas connu par sa faute. Lançant un regard à la grande salle vide, ses sourcils se haussèrent de nouveau lorsqu’elle l’invectiva :

- Les adversaires ne semblent pas se bousculer ce matin, Professeur. Aussi, si vous y tenez, vous n’avez qu’à vous asseoir. Vous prendrez les blancs. Vous me montre votre stratégie de vous-même.

D’un mouvement sec du poignet, Solveig avala sa dernière gorgée de café. Qu’il s’installe donc, lui et son âme pétrie de crimes, qui portait sans doute sans aucun remords l’assassinat de ses parents. Qu’il s’installe donc pour la narguer, elle le soutiendrait sans faiblir. Elle n’avait pas peur, elle n’avait pas honte, elle ne baisserait pas les armes. Elle était digne et fière par sa faute, parce qu’il lui avait arraché son enfance, qu’il lui paierait ce vol un jour ou l’autre, parce qu’elle s’en était fait la promesse, parce qu’elle pouvait bien attendre. Elle aurait sa vengeance, non sans explications, non sans qu’il sache à quel point elle n’était pas une victime, qu’il l’avait brisée mais pas anéantie, qu’elle se sortirait de la malédiction dans les tréfonds de laquelle il avait précipité son innocence qui n’existait plus.

* Vous parlez Norvégien ?
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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert Icon_minitimeVen 1 Juil - 9:18



Échec et Mat

« THE GAME IS ON »

Grande Salle, 22 décembre 1942.

Il n’était pas difficile de sentir la colère qui animait le cœur de la jeune fille. Sa rage l’entourait tel un halo si présent qu’il en devenait presque visible à l’œil nu. Et encore une fois, tout ceci était parfaitement justifié. Il n’avait même pas essayé de se dédouaner de ce gâchis, de cette enfance ruinée, bien qu’il n’eut jamais donné l’ordre de commettre un tel crime gratuit. Pourtant, des atrocités avaient été faites sous ses directives, des vies innocentes retirées au nom du plus grand bien. Et il n’en était pas fier. Déjà à l’époque, cela ne lui plaisait pas mais estimait que ces sacrifices étaient nécessaires. Mais Asbjørnsen avait perdu ses parents pour rien. Au simple nom d’une barbarie injustifiée, qui se cachait lâchement derrière une cause que Grindelwald avait voulu juste. Ainsi, il ne pouvait la blâmer de le haïr. D’avoir cherché à se venger en empoisonnant son verre. Il espérait juste qu’une sorcière aussi brillante et puissante qu’elle ne gâche pas sa vie et son énergie à vouloir l’abattre absolument, se détournant de tout ce qu’elle pourrait accomplir à côté. Il espérait seulement qu’elle ne suive pas le même chemin accidenté qu’était celui de la haine.

— Ja litt. Jeg studerte tross alt på Durmstrang.*

Son norvégien devait être un peu rouillé. Cela faisait des années qu’il ne l’avait pas pratiqué. Cela s’entendait certainement dans son accent allemand, qu’il avait perdu à force de parler anglais. Cependant, les autres langues qu’il parlait presque couramment devait toujours avait ces quelques défauts de prononciation qui lui restaient de ses origines. Solveig l’avait sûrement relevé. Et si elle était aussi haineuse que son regard, peut-être lui en ferait-elle la remarque. Mais elle semblait s’être brutalement agacée, envers lui, bien évidemment, mais aussi envers elle-même. Regrettait-elle d’avoir posé cette question pourtant innocente ? Avait-il tellement perdu son norvégien qu’il avait dit tout autre chose ? Cela lui paraissait improbable. Il avait dû oublier certaines règles de grammaire et du vocabulaire mais peut-être pas au point de confondre des mots. Il ne dit rien de plus à ce sujet, se contenant de lui donner ses conseils qu’elle n’avait pas demandé, son regard insolent lui faisant bien sentir. Pourtant, elle sembla l’écouter attentivement et Gellert ne releva pas l’affront de ses yeux sombres. Cela ne servait à rien de la reprendre. Il imaginait déjà Minerva s’insurger de ce manque de respect flagrant envers le corps professoral de la part d’une élève qui ne faisait pourtant pas de vague mais le repenti se disait qu’il l’avait bien mérité après tout. Puis, il n’était pas ici pour forcer un respect qu’il n’avait aucune raison d’avoir.

Tandis qu’il estima l’avoir suffisamment dérangé, tournant les talons afin de commencer sa nouvelle errance sans but dans les couloirs de Poudlard, la jeune fille l’invita à rester jouer avec lui. Son ton était dur, rêche, lui ordonnait presque de revenir. Un bref sourire se dessina sur les lèvres pâles du mage noir avant de disparaître instantanément. Il refit face à la jeune fille aux cheveux clairs et au regard de charbon et regarda le plateau un instant. Sans dire un mot, il s’assit en face de son adversaire et, d’un geste de poignet, replaçant les pièces à leur emplacement de départ. Il lui jeta pourtant un bref regard, essayant de savoir ce à quoi elle pensait. Il ne voulait pas user de la Légilimancie. Tout d’abord parce que c’était parfaitement interdit et que lui-même se le refusait dans un tel contexte, mais qu’en plus avec un caractère aussi buté que le sien, la jeune fille avait dû développé malgré elle une Occlumancie digne de ce nom. Cela n’aurait servi à rien de forcer, l’idée même le révulsait. Non, il préférait essayer de lire ses yeux sombres, impassibles dans leur colère. Et pourtant, il semblait qu’elle s’était faite violence pour accepter l’invitation à la partie.

Sans ajouter un mot, il commença donc et bougea un pion, vers le centre de l’échiquier. La partie avança doucement, jouant quelques coups, dans un silence pesant. Gellert avait gardé ses yeux rivés sur l’échiquier de tout le début de la partie, impassible, les mains jointes sur ses lèvres durant sa réflexion. Il entreprit d’entamer une stratégie qui avait déjà fonctionné avec Kanaeko Hantsuki quelques semaines auparavant : attirer l’adversaire dans un piège en sacrifiant sa reine. Le fait d’exposer sa meilleure pièce incitait son adversaire un peu téméraire à s’en emparer, ouvrant généralement sa ligne arrière et exposant donc son roi. Après un bref regard à Solveig, il avança donc sa reine, prenant un pion noir au passage mais l’exposant à une mort quasiment certaine. Curieux de voir ce qu’elle allait faire, céder à la précipitation et ainsi tomber dans le piège, ou temporiser et essayer d’anticiper près de trois ou quatre scénarii possibles, il ne dit rien, se redressant sur sa chaise, feignant la naïveté et le manque de prudence, attendant patiemment que son adversaire joue. Cependant, sa fougue insolente commença à le chatouiller. Si elle semblait empreinte à une sorte de duel intérieur à son égard, Gellert ne se gêna pour dire :

— Au fait, si tu cherches à me tuer, dose mieux ton poison. Je sais que le professeur Slughorn ne vous apprend pas à assassiner les gens, même ceux qui le méritent, mais fais attention aux odeurs. Même si la bouteille d’hydromel n’était plus là, je sais que toi et Kanaeko êtes rentrées dans mon bureau l’autre soir.

Il eut un sourire qui se voulait taquin et innocent.

— Je te conseille de trouver un livre sur les Borgia. Le Pape Alexandre VI et sa famille ont empoisonné leurs opposants avant de s’entre-tuer de la même façon, durant la Renaissance. Mais ne copie pas leur recette mortelle, je saurai à quoi m’attendre.

Ce n’était nullement une menace. Ses yeux asymétriques ne présentaient aucune colère. Le léger sourire sur ses lèvres l’invitait plus à un jeu qu’autre chose. Il savait néanmoins que la jeune fille, gonflée de rage et de vengeance qu’elle était, prendrait cela pour une provocation. Son regard singulier se pencha sur l’échiquier aux mêmes couleurs que ses iris.

— S’il te plaît, je sais que ma mort est importante pour toi, mais n’en fais pas le seul but de ta vie. Ne fais pas de la haine ton seul moteur. Kanaeko est une fille bien, concentre-toi sur elle et ton amitié. Cela te sera bénéfique si un jour tu parviens à me tuer.

Il eut un nouveau un léger sourire, toujours dépourvu de haine ou de colère. La regardant toujours dans les yeux, il ajouta :

— Je n’ai dit à personne tes intentions à mon égard. Mais j’aimerais que tu sois consciente que tuer quelqu’un te change à jamais et qu’il est difficile de revenir en arrière. Tu y prends rapidement goût et cela devient extrêmement destructeur pour ton entourage, tes victimes et toi-même. Après, si tu veux le faire, fais-le. Je le mérite.

Son air était redevenu grave. En réalité, il était inquiet pour la jeune fille qu’il poussait peut-être un peu trop à bout. Mais son enfance avait déjà été gâchée par sa faute, il ne voulait pas non plus que toute sa vie soit ruinée par sa simple existence ou sa mort. La colère pouvait l’aveugler et Gellert était bien placé pour connaître le côté destructeur de ces œillères. La haine était pernicieuse et réconfortante mais emmenait tellement de souffrance qu’on ne ressentait pas sur le coup mais dont on portait tout de même le fardeau. Silencieux, le dos droit sur le banc de la Grande Salle, il regardait Solveig directement dans ses yeux sombres, sans ajouter quoique ce soit, conscient de l’affront qu’il venait sûrement de lui faire.


* — Oui, un peu. J'ai étudié à Durmstrang, après tout.
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert Icon_minitimeVen 1 Juil - 21:59



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« Grande Salle »

Décembre  1942

La docilité de Grindewald ne pouvait qu'inspirer la méfiance. Bien qu'elle ne le connaisse que très peu, sa réputation de charisme, de harangueur des foules, de manipuleur émmérite, n'était plus à faire. Il y'avait chez Solveig la sage lucidité de son intelligence et de sa position au sein du monde sorcier. Oui, elle était une élève très douée. Oui, elle ferait une puissante sorcière, une fois sa maturité émotionnelle parachevée, une fois sa scolarité pleinement terminée. Parce qu'elle pouvait se donner des airs de grande dame indifférente à tout, aux préoccupations lointaines des futilités qui occupaient ses comparses adolescentes. Tenir debout par la seule puissance de la haine était l'antithèse de la sagesse, de la force et de d'une santé mentale à la sagesse réfléchie. Non, ce n'était qu'une béquille, empoisonnée de surcroît, dont le venin, d'abord apaisant, viendrait se distiller dans ses veines, insidieux, enivrant, en réclamant encore, irrésistible, mauvais, dévastateur mais obsédant, à l'instar d'une drogue dure dont elle ne pourrait plus se passer. Mais cela, Solveig ne l'avait pas encore compris. Les yeux dardés sur Grindelwald, elle se sentait faiblir, et c'est pourquoi elle redoublait de hargne, comme le noyé qui agonise mais qui se débat à la toute dernière seconde, n'acceptant pas la défaite et la mort, usant de ses dernières forces à tenter l'impossible :

- Vous êtes chanceux. J'aurais préféré y'aller, mais je n'étais pas la bienvenue. Mais ne croyez pas que je crache dans la soupe. Je suis reconnaissante envers Poudlard, qui est la seule école à accueillir les gens comme moi.

Plusieurs choses l'avaient fait parler ainsi. Déjà, elle avait abandonné le Norvégien. Avec lui, c'était trop intime, trop perturbant. C'était comme une offense à l'image de carte postale qu'elle gardait de ses contrées natales, comme une offense faite à ses parents, d'user de ce langage qui paraissait sacré et, de fait, innoportun dans sa bouche à lui. Force était d'admettre qu'il le parlait très bien, pourtant. Des intonations germaniques en pointaient, comme si le peu d'usage qu'il faisait de cette langue en avait érodé l'utilisation, mais il le parlait parfaitement bien. Et si elle avait évoqué Durmstrang, c'était pour plusieurs raisons. Parce que cette école l'avait toujours fascinée, qu'elle aurait donné beaucoup pour y aller, et que, qu'elle le veuille ou non, Gellert Grindelwald était le seul témoin qui puisse y narrer sa scolarité en ces murs. Surtout, c'était le moyen d'épier sur le visage du mage noir sa réaction face à sa définition des gens comme elle. Elle s'attendait à un sourire narquois, pétri de condescendance, voire à l'aveu qu'il était tout à fait d'accord avec les règles de Durmstrang qui n'acceptaient pas la vermine issue de famille Moldue.

En attendant, elle aurait juré qu'il avait eu un pâle sourire, à l'invitation abrupte, qu'il avait acceptée sans mot dire. Solveig se concentra sur sa partie, ses yeux noirs attirés comme un aimant vers les doigts blancs qui avaient pointé l'arme du crime sur ses parents et qui aujourd'hui bougeaient les pièces de l'échiquier avec une lenteur réfléchie. Elle parvint presque à se détacher, comme si elle survolait la pièce et le jeu, le regardant exposer imprudemment sa reine, pour la maigre satisfaction de lui arracher un pion. Solveig lui lança un regard assassin. Toutes les occasions étaient bonnes pour exposer sa colère, et lorsque le cavalier noir vint enfoncer son épée au creux de la reine miniature en ivoire, la jeune fille contempla avec un plaisir féroce la petite statuette blanche s'écrouler sur l'échiquier. Et comme aucun des protagonistes n'était effrayé par l'autre, ce qui devait arriver arriva. L'acier de leurs regards s'entrechoqua. Et là, la douche froide. Si Solveig était restée droite et ne tremblait, il était irréfutable qu'elle avait du perdre de sa superbe. A la froideur de ses joues, elle devait avoir pâli. Ses doigts se crispèrent sur la tasse de café vide, si fort que les jointures blanchirent elles aussi. Elle parvint à garder les lèvres pincées un instant. Le temps de réfléchir, le temps de recouvrer un semblant d'esprit, pour ne pas s'humilier à l'opprobre de bredouiller et balbutier devant l'assassin de ses parents :

- Kanaeko m'a empêchée. Elle n'a rien à voir là dedans, bien au contraire. Elle m'a trouvée par hasard et m'a convaincue de ne pas faire ça. C'est moi l'entière responsable.

Son sourire ne la rassura pas du tout. Il semblait presque amusé. Mais tout cela n'avait rien de rassérénant. Il avait tué bien des gens, pour bien moins que cet affront. Qu'il ne l'ait pas dénoncé était certes une bonne chose sur une vision à court terme, mais après réflexion, ne paraissait pas si rassurant que cela. Qu'était un renvoi potentiel face à la vengeance personnelle de Gellert Grindelwald contre une atteinte à sa personne ? D'une voix détachée, ne semblant même pas avoir conscience d'avoir parlé à voix haute, sa voix se fit presque murmure tandis qu'elle avouait :

- La canterella ? J'y avais également pensé, me fiant à l'idée que les sorciers ne connaissaient pas ce poison. Mais si vous connaissez même les armes Moldues...

Elle ne s'affola pas vraiment de cet aveu explicite. Dans un état second, elle tentait d'assimiler le choc d'être démasquée depuis des semaines déjà, et n'avoir pas fini sous un éclair de lumière verte, étranglée, renvoyée ou à Azkaban. Comment pouvait-il bien prévoir sa vengeance ? Puis, il lui parla de Kanaeko. Et son discours l'étonna. Il ne semblait pas offusqué qu'elle le veuille voir mort, comme si il était conscient d'à quel point il avait mérité son trépas, l'avait assimilé et l'acceptait. Les assassins et les despotes pouvaient-ils atteindre une certaine forme de sagesse ? Mieux valait tard que jamais, mais Solveig n'avait pas envie de baisser la garde. Et si ce n'était qu'une menace sous-jacente de s'en prendre à Kanaeko qu'elle semblait apprécier, si elle s'avisait de recommencer ? Pourtant, après un nouveau et toujours aussi étrange sourire, il avoua avoir gardé le secret. Il tentait de la détourner du chemin du crime et de la colère. Là encore, Solveig aurait pu répliquer qu'il ne savait que trop de quoi il parlait, qu'il s'agissait du dernier homme légitime à dissuader quelqu'un de se tourner vers le crime. Mais la stupeur, l'inquiétude, l'incompréhension quant au fait qu'il ne lui ait pas fait payer cet outrage, lui fit abandonner cette hargne stupide qui semblait glisser sur lui comme l'averse sur un parapluie :

- Qu'attendez-vous de moi ? Vous allez me faire chanter ? Me menacer ? Vous me tuerez quand je m'y attendrais le moins ? Ou faire en sorte que je sois jetée à Azkaban ? Je ne regrette pas ce que j'ai fait. Vous avez fait du mal aux miens, et je suis certaine que vous ne vous en souvenez même pas. Que sont un ou deux Moldus sacrifiés dans votre quête du pouvoir ? Ils ne sont sûrement que deux cadavres sans visages amoncelés avec tous les autres Moldus tués de votre main et qui ne compte pas plus que du bétail, pour les gens comme vous.

Cette fois-ci, plus de langue de bois. Que risquait-elle ? Il savait déjà le pire qu'elle ait pu lui faire. Si elle devait affronter le courroux du plus dangereux mage noir de son ère, ce serait pour l'affront qu'elle avait intenté à sa personne. Aussi pouvait-elle au moins lui vider son sac à sa face de despote indifférent, avant qu'il ne décide du sort qu'il allait lui réserver.
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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert Icon_minitimeSam 2 Juil - 7:42



Échec et Mat

« THE GAME IS ON »

Grande Salle, 22 décembre 1942.

Gellert ne releva pas le commentaire de la jeune élève concernant Durmstrang. Il ne s’estimait pas chanceux d’y avoir été étudié. Au contraire même, il tenait l’école responsable de la plupart des mauvais choix de sa vie. Il aurait voulu lui dire que c’était elle, la chanceuse, qui de par la nature de son sang, lui avait évité un cauchemar. Cependant, avec sa rigidité austère, son sérieux glacial, elle se serait fort bien acclimaté au caractère militaire de l’école de sorcellerie d’Europe du Nord et de l’Est. Il ne réagit donc pas, le visage grave mais nullement dédaigneux. Il avait l’impression que Solveig le testait sur ses opinions. Il était quelque peu las que tout le monde l’imaginait suprémaciste de la pureté du sang ou autre. Il la regarda droit dans les yeux, ses iris hétérochromes impassibles mais franches, ne cillant pas. Pour lui, les Nés-Moldus étaient des sorciers autant que les Sang-Purs. Il avait envie de lui dire, qu’en plus d’avoir une mère moldue, son père était également un hybride mais il préféra garder ces informations pour lui pour le moment. De plus, il craignait que Solveig ne prenne cela pour des mensonges afin de s’attirer la sympathie de cette élève qui le haïssait.

Tandis qu’il jouait, il sentit le regard de la jeune fille sur lui, qui épiait le moindre de ses faits et gestes. Malgré le sentiment d’être légèrement une bête de foire, il ne broncha pas, mettant doucement en place sa stratégie d’appât. À laquelle elle mordit. À nouveau, il sentit le regard sombre d’Asbjørnsen se poser sur lui, entre la fureur et le triomphe. Gellert la laissa jubiler avant d’avouer ce qu’il savait à son sujet. Elle sembla déchanter rapidement. Par le simple fait de la mettre devant le fait accompli, il sentit qu’elle était devenue nerveuse instantanément. Que craignait-elle ? Qu’après tout ce temps, il se décide à la livrer aux Aurors ? De demander son renvoi immédiat de Poudlard ? Peut-être qu’Albus accepterait. Après tout, la sécurité d’un de ses professeurs étaient en jeu. La jeune élève tenta de reprendre contenance, malgré la poigne toujours aussi franche sur le manche de sa tasse. Elle défendit alors Kanaeko, lui disant que c’était elle qui l’avait arrêté dans son geste et qu’elle n’avait rien à voir là-dedans. Avec un sourire, il finit par lever pour la faire arrêter sa plaidoirie en l’honneur de la Serpentard. Finalement, avec un ton posé, il dit :

— Je sais que Kanaeko n’y est pour rien. Je ne l’ai jamais accusée.

Le dos droit sur son banc, il regarda la jeune fille qui semblait réfléchir à toute allure, visiblement en proie à une sorte de panique mêlée à de l’instinct de survie. Pourtant, Gellert n’avait pas nullement voulu la menacer mais il pouvait comprendre que l’exposer à ses tentatives de meurtre avait de quoi l’ébranler. Il ne broncha pas pourtant, la laissant mettre de l’ordre dans sa tête, faire un commentaire sur la cantarella qui le fit sourire. Elle s’y connaissait donc à ce point. Il ne sut s’il trouvait cela amusant, un tel savoir à son jeune âge, ou s’il devait s’inquiéter pour sa propre sécurité. Il n’était pas spécialement anxieux cela dit. Le poison, lorsque l’on y était habitué, était facilement détectable. Il suffisait juste de faire attention à chaque boisson arrivée un peu insolitement à ses mains. De plus, il avait gentiment demandé au Professeur Slughorn un bézaord, efficace contre la plupart des poisons. Ainsi, si jamais un « accident » devait arriver, il pourrait au moins tenter de sauver sa vie s’il parvenait à ingérer la petite pierre qui était soigneusement restée dans son bureau. Après, il ne comptait pas boire quoique ce soit dans la Grande Salle et il aurait fallu que Solveig soit incroyablement habile et discrète pour glisser quelque chose dans son verre alors qu’ils se regardaient dans le blanc des yeux depuis plusieurs minutes.

Puis elle s’embarqua dans un monologue un peu précipité, sûrement influencé par cette panique qu’il pouvait lire dans ses yeux. Elle l’accusa d’avoir de mauvais desseins à son égard, d’attendre le bon moment pour lui faire le plus mal. Les sourcils de Gellert se froncèrent légèrement sous ce fatras de questions colériques. Il ne l’interrompit pas, pourtant, la laissant éructer sa haine, sa frustration, affirma que le mage noir devait se moquer de vies qu’il avait enlevé, l’accusa une nouvelle fois d’être un suprémaciste Sang-Pur qui se moquait bien des victimes qu’il faisait. Le regard dur, le visage froid, il garda le silence suite à cette éruption de colère de la part de la jeune élève qui semblait perdre son sang-froid. Gellert la regarda droit dans les yeux avant de soupirer légèrement. Comme si de rien était, il baissa ses yeux hétérochromes sur l’échiquier et resta interdit une poignée de secondes. Infranchissable, son visage n’exprimait rien, malgré la dureté de son regard. Puis finalement, lentement, il leva la main et vient placer son fou à la place du cavalier noir qui avait assassiné sa reine. Il se redressa à nouveau et reporta son regard impassible sur la jeune fille. Il dit alors :

— Je ne compte rien faire. Comme je te l’ai dit, j’estime ta colère parfaitement légitime. Te renvoyer, t’envoyer en prison, n’arrangerait rien et ne ferait qu’aggraver les choses – crois-moi, je sais ce que je dis. J’ai fait du mal au monde sorcier et moldu d’Europe, il est vrai. Je n’en suis pas fier pour autant. Mais là n’est pas le sujet. En revanche, concernant ta famille, ils n’ont pas été sacrifiés. Ils sont morts gratuitement par l’un de mes hommes sans que je ne donne une seule consigne les concernant. Même si j’ai pris les sanctions qu’il fallait suite à cela – le coupable est mort – j’endosse l’entière responsabilité de la perte de ta famille. Ne crois pas que je me fiche des familles que j’ai détruites. Si j’étais aveuglé par ma propre cause, je ne prenais aucun plaisir à retirer des vies. Moldus ou non. Car, malgré tout ce que l’on peut dire sur moi, je me moque de savoir la nature de son sang. Je me moque de savoir si tu es capable de faire de la magie ou non. Si j’avais réussi à faire ce que je voulais, tu aurais pu aller à Durmstrang parce que le fait que tes parents soient des sorciers ou non n’auraient eu aucune importance. Si tu avais voulu épouser un Moldu, tu aurais pu parce que tu n’aurais plus eu à te cacher de la plus grande partie de l’Humanité.

Il marqua une pause et la regarda, toujours impassible, sans colère.

— J’ai cru, à 20 ans, que la fin pouvait justifier les moyens. J’ai cru que tous ceux qui étaient différents pourraient vivre en ayant le sentiment d’être comme tout le monde, « normaux ». Je me suis trompé. Et j’ai été aveuglé par la haine et la colère. J’ai voulu me venger du monde qui m’avait pris déjà beaucoup. Et après, quand la rage est ton seul moteur, il est difficile de l’arrêter. Mais dis-toi que tu es bien mieux à Poudlard qu’à Durmstrang.

Il soupira doucement.

— Tu n’es pas obligée de me croire et je ne cherche pas à me défendre non plus. Jamais je ne serai excusable pour le mal que j’ai fait directement ou indirectement. Je suis sincèrement désolé de ce qui est arrivé à tes parents. C’est pour cela que je ne dirai rien. Tue-moi si tu le souhaites, mais cela ne t’apportera qu’une soif inextinguible de rage. Tu seras satisfaite sur le coup puis tu seras frustrée. Frustrée que ce soit déjà fini et ta haine se déportera sur autre chose, quelque chose de plus grand.

Les yeux baissés sur l’échiquier, les bras croisés sur sa poitrine, il renchérit :

— Donc non, je ne compte pas te faire chanter, ni m’en prendre à Kanaeko, ni t’envoyer à Azkaban. J’ai déjà assez interféré dans ta vie, j’aimerais éviter de l’influer plus. En revanche, tu es échec et mat en deux coups.

Il ne la regarda pas, conscient qu’il s’était sûrement répété dans son petit discours qui allait sûrement mettre de l’huile sur le feu. Au-delà de leur ressemblance physique qui s’avérait être une étrange coïncidence, il avait l’impression de se revoir au même âge, à quelques détails près. Si Durmstrang avait alimenté la haine et la colère de Grindelwald, Asbjørnsen, dans son cas, était un souvenir traumatique par sa faute. Poudlard devait être le lieu qui apaiserait son âme avant qu’elle ne commence à suivre les traces, malgré elle, de l’ancien mage noir.
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Solveig A. Asbjørnsen
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert Icon_minitimeVen 15 Juil - 13:41



Échec et Mat

« Grande Salle »

Décembre  1942

La jeune fille n’avait à l’évidence pas évoqué la nature de son sang par hasard. Guettant la moindre réaction de dédain, le moindre spasme de dégoût ou de haine sur le masque impassible de Grindelwald qui n’en fit rien. Sa prétendue indifférence, pourtant, ne prouvait pas grand-chose. Le plus terrifiant mage noir de son époque avait, après tout, été réputé pour son exceptionnelle maîtrise de l’Occlumancie. Contrôler ses émotions face à la colère d’une étudiante, si prometteuse soit-elle, n’était sans doute pas son exploit dont il aurait le plus à se vanter. Quoi qu’il en soit, il ne fit aucun commentaire, se concentrant sur l’échiquier, ses longs doigts blancs maculés du sang invisible des parents de Solveig s’agitant avec une grâce étrange au-dessus des pièces, à mesure qu’il réfléchissait. Il le sentait forcément, le regard de la gamine sauvage sur lui, orpheline pleine de rage accumulée dans ses yeux noirs qui fusillaient l’assassin qui courbait l’échine, feignant de ne pas voir cette contemplation impolie à laquelle elle s’adonnait, avec une complaisance inquiétante qui ne ressemblait guère aux agissements pour lesquels il était tristement connu.


Son sourire non plus n’avait rien de rassurant. Il avait forcément perçu l’inquiétude de Solveig, qui était devenue palpable. Il détenait entre ses mains le pouvoir de faire basculer sa vie, le savait et semblait s’amuser de la savoir ainsi à son bon vouloir. Pourtant, c’était un masque serein et tranquille qu’il s’était façonné. Celui d’un vieux sage qui pardonne la colère légitime d’une enfant marquée par l’horreur, et non le sourire sadique d’un assassin qui se repaît de sa vengeance à venir. Lorsqu’il leva la main, Solveig se tut sans même s’en rendre compte, inconsciemment docile face à l’autorité naturelle et ce charisme étrange qui lui avait valu l’attention et la fascination de foules entières. Elle ne dit rien mais hocha la tête d’un air sinistre, signifiant qu’elle avait compris qu’il savait que Kanaeko n’avait joué aucun rôle offensif dans cette affaire, sur ses gardes malgré tout suite à son évocation, qui planait comme une menace indirecte qu’il aurait pu lui faire, à elle, si l’envie lui prenait de recommencer ses tentatives de crime avec préméditation.

Il écouta son discours décousu et plein de colère sans sourciller. Il ne manquait pas de courage, mais il était brouillon et entrecoupé par les émotions qu’elle ne laissait jamais affluer d’ordinaire. Déstabilisée, effrayée malgré tout, elle se défendait comme elle le pouvait, crachant enfin à la face de l’assassin de ses parents et de son innocence tout ce qu’elle avait ruminé et pensé de lui toutes ces années, parce qu’il avait de toute façon bien trop de raisons de la tuer désormais, pour qu’elle se prive d’éructer à sa face assassine tout le mal qu’elle pensait de lui, de sa présence ici, à Poudlard, de l’indécence de se trouver sous le même toit que l’orpheline qu’il avait fait d’elle. Et lorsqu’il lui répondit, Solveig sentait fondre le peu d’impassibilité et de haine fondre dans son regard, muée en intérêt et fascination sinistres, mourant soudain de l’envie de le croire, qu’elle combattait de toutes ses forces, sachant à quel point l’art de la manipulation était manié chez lui comme une seconde nature, sachant à quel point il en avait déjà berné des bien plus puissants et plus expérimentés qu’elle.

Et pourtant, elle avait tellement envie d’y croire, à son beau repentir ! A sa prétendue indulgence, concernant sa tentative d’assassinat, quand il avait enlevé la vie à tant de gens pour tellement moins que ce qu’elle avait osé lui faire. A la prétendue vengeance de ses parents. Grindelwald sacrifiant un de ses généraux pour deux vies de Moldus sans valeur ? Cette fois-ci, le regard de Solveig se durcit, ses yeux s’écarquillèrent devant son beau discours sur son indifférence relative à la pureté du sang. Les jointures des doigts qui tenaient l’anse de la tasse blanchirent, tant elle la serrait, et de nouveau elle le regardait droit dans les yeux ;

- Je ne vous crois pas. Sacrifier un de vos hommes pour deux paysans Moldus ? Vous croyez vraiment que je vais avaler ça ? Ainsi que votre indulgence à mon égard ? Vous avez tué pour bien moins que ça… Solveig déglutit un instant, consciente de jouer avec la patience et les nerfs d’un assassin véritable, avant d’ajouter, par pure bravade, comme pour rattraper cette fragilité qu’elle exposait et qui lui déplaisait : - Et puis, personne ne m’empêchera d’épouser un Moldu si j’en ai envie.

Grindelwald avait également enchaîné avec une petite litanie sur l’inutilité de la rage, la rendant responsable du chemin funeste qu’il avait emprunté, accusant ses tourments et ses maux du passé, comme pour la renvoyer au vide et à la propre inutilité de l’assouvissement de sa vengeance au fond de laquelle elle ne trouverait rien d’autre que ce marasme béant qui, selon Grindelwald, était désormais son quotidien. Elle lui lança toutefois une œillade qui mêlait courroux et fascination lorsqu’il évoqua Durmstrang. Courroucée qu’il se permette de décider à sa place à quelle école elle se serait sentie le mieux, fascinée parce que cela laissait supposer des mauvais traitements de la part d’un établissement dont elle avait rêvé, mais que sa fierté lui empêchait de demander des détails.

Solveig ne répondit rien, laissant Grindelwald soupirer tandis qu’il lui faisait l’affront de s’excuser et de se prétendre peiné pour la mort de ses parents. L’orpheline fut prise au dépourvu, parce qu’il mentait réellement bien, parce que son aura était magnétique, parce que finalement sa plus grosse erreur était de l’avoir laissé ouvrir la bouche. Il semblait qu’il puisse lui faire croire qu’un plus qu’un n’était pas égal à deux, tant il bonimentait, avec sa voix suave et tranquille, ses yeux qui n’exprimaient rien, ses longues mains blanches qui survolait l’échiquier avec grâce. Clou du spectacle, lorsqu’il lui annonçait qu’elle avait perdu, déjà, si vite, elle qui n’était pourtant pas mauvaise, et qui donnait du fil à retordre à pas mal de camarades. Elle ouvrit de grands yeux ronds lorsque son roi vola en éclats, avec un air ébahi et stupide que sans doute personne ne lui avait jamais vu auparavant et qu’elle détestait. Au bout de quelques secondes, elle leva des yeux hagards sur Grindelwald, comprenant qu’elle avait perdu, sur toute la ligne, à quel point elle avait été mauvaise, à quel point il était plus fort qu’elle, à quel point cette évidence qu’elle n’avait pas voulu voir la heurtait de plein fouet dans sa susceptibilité et son orgueil, ravivant sa colère en fouettant un sentiment de fascination étrange, morbide, pour ce qu’elle mourrait d’envie de savoir :

- Parlez-moi de Durmstrang.

Solveig avait compris qu’elle avait été directive et impolie à la seconde même ou elle avait achevé sa phrase. L’autorité et l’insolence n’était guère le meilleur moyen de plier Grindelwald à faire quelque chose qu’il ne voulait pas. A parler de son intimité, encore moins. Se raclant la gorge, son orgueil affleurant à ses lèvres, elle parvint à passer outre, difficilement, mais suffisamment pour desserrer ses lèvres pincées dans une moue qui pouvait faire penser à son Professeur d’Arithmancie :

- S’il vous plaît, Professeur.
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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert Icon_minitimeSam 16 Juil - 13:11



Échec et Mat

« THE GAME IS ON »

Grande Salle, 22 décembre 1942.

Asbjørnsen resta silencieuse pendant tout le monologue de Grindelwald. Celui-ci n’avait pas arrêté sa plaidoirie malgré les regards interdits et sombres de la jeune élève, orpheline à cause de lui. Bien sûr qu’elle ne le croirait pas. Le chemin du mage noir était parcouru de mensonges et de manipulations en tout genre, de petites phrases bien placées pour s’attirer les bonnes grâces de certains sorciers. Il était évident que Solveig s’était intéressée à son passé, connaissait sûrement ses plus hauts faits et que cela n’avait fait qu’attiser la haine à son égard. Et encore une fois, comment pouvait-il l’en blâmer ? Il ne s’arrêta pas, malgré les doutes de la jeune élève. Elle n’avait pas tort après tout, l’histoire était difficile à croire. Pourquoi Grindelwald se serait-il privé d’un homme qui le suivait depuis des années pour un couple de Moldus qu’il ne connaissait ni d’Ève ni d’Adam ? L’impulsivité n’était pas une réponse suffisante, ni tout à fait vrai. En effet, en haute stature autoritaire, le mage noir ne supportait pas l’insubordination. De plus, il existait également des griefs personnels et de longues dates entre l’assassin des parents de Solveig et Grindelwald. Des griefs qui remontaient à Durmstrang mais qui ne concernaient pas la jeune élève.

Son commentaire sur le mariage sang-mêlé l’intrigua, comme si elle cherchait à le convaincre alors que c’était inutile. S’il fronça brièvement les sourcils, surpris, il eut une rapidement une fierté discrète dans le regard, satisfait de voir qu’une partie de la jeunesse refusait les cases et les mariages intracommunautaires. Bien sûr qu’elle avait le droit d’épouser qui elle voulait. Un léger et discret sourire aux lèvres, il marqua un temps d’arrêt avant de reprendre sa plaidoirie et de mettre un terme à la partie d’échecs. Il regarda le plateau un instant, silencieux, laissant Solveig seule avec ses pensées. Il sentait son regard noir et interloqué d’avoir certainement perdu aussi rapidement. Gellert n’avait d’ailleurs pas cherché à l’humilier. Non, il n’était pas venu provoquer la jeune Serdaigle qui était probablement mieux toute seule. Il avait jouer normalement, avait réfléchi à certaines stratégies et notamment celle du piège de donner sa reine en appât. Solveig semblait avoir le même côté téméraire que Kanaeko, cela s’avérait amusant. Il se surprit presque à vouloir assister à une partie d’échecs entre les deux camarades. D’un mouvement de poignet, les pièces se reformèrent de leurs propres ruines et vinrent se replacer docilement sur l’échiquier. Tandis qu’il allait lui proposer une autre partie, elle le coupa et lui demanda d’un ton brut de parler de Durmstrang.

Gellert releva les yeux vers elle, interdit. Peut-être son regard avait-il était trop dur car Asbjørnsen se montra moins téméraire, plus docile, utilisant la politesse plutôt que l’autorité abrupte. Pourtant, il continua de la regarder quelques secondes, sans rien dire, perdu dans ses pensées. La Née-Moldue semblait s’être fait une image enjolivée de Durmstrang. Ce qui était assez ironique puisqu’elle n’avait pu y rentrer à cause de la nature de son sang. Peut-être aussi l’avait-il intrigué en lui soutenant qu’elle était bien mieux à Poudlard que dans le Grand Nord ? Le regard dichotomique de l’ancien mage noir s’assombrit tandis qu’il baissa les yeux sur l’échiquier avec un profond soupir. Décidément, cela était déjà la deuxième fois qu’il ressassait les souvenirs de sa scolarité en peu de temps. Et si Albus avait eu les souvenirs sous les yeux, Solveig semblait bien moins ouverte à l’honnêteté et la sincérité du repenti. Pourtant, il n’avait rien d’autre à lui offrir. Maintenant qu’il avait longuement parlé sur ses excuses, il ne pouvait pas lui refuser de satisfaire sa curiosité. Il eut un sourire taquin et finit par relever les yeux vers elle, malicieux et innocents. Sur un ton léger, il finit par lui dire :

— C’est toi qui as perdu pourtant, cela devrait être à moi de te demander quelque chose.

Son sourire s’élargit légèrement et se fit plus doux. Il marqua une pause quelques secondes avant de reprendre :

— Durmstrang est situé dans le Grand Nord, je pense que tu le sais. Là-bas ne sont autorisés que les sorciers de Sang-Purs et ceux de Sang-Mêlés. Bien évidemment, plus ton ascendance est « pure » mieux c’est. À ton arrivée, chaque année, tu reçois un sortilège d’Amnésie car l’endroit doit rester secret, même des anciens élèves.

Il marqua une pause, réfléchissant.

— L’éducation magique est à peu près la même qu’à Poudlard, bien qu’il soit plus martiale : il y a des cours de duels régulièrement, des affrontements entre élèves. Les professeurs suivent une méthode de cours propres à l’école, contrairement à ici où chacun a une façon d’enseigner bien singulière. L’avantage, c’est que si tu trouves la pédagogie de Durmstrang intéressante, tu t’ennuies moins.

Il haussa les épaules.

— Concernant les conditions de vie des élèves, imagine quelque chose, tu t’en doutes, de très militaire. Il n’y a pas de maisons là-bas. Il y a simplement deux dortoirs : un pour les garçons, l’autre pour les filles. Tous les niveaux sont mélangés. Les douches sont communes avec juste un jet d’eau froide que les responsables te lancent dessus. On les appelait les « matons ». Contrairement à Poudlard, il s’agit d’un groupe qui ne fait pas partie du corps professoral mais qui se charge de faire régner la discipline, se charge des sanctions, etc. Les punitions parlons-en. Si se faire suspendre par les poignets peut paraître un peu barbare et très peu moderne, à Durmstrang, ils en sont encore au fouet. Enfin, c’était il y a quarante ans, cela a peut-être changé depuis.

Son dos encore marqué s’en souvenait encore. Il baissa les yeux, perdu dans ses souvenirs.

— Tu dois connaître les hivers scandinaves. Et bien l’école y était soumise, évidemment. Cependant, elle n’était pas chauffée, même la nuit. J’ignore les températures dans les dortoirs mais cela visait à nous « endurcir ». Bien sûr, certains élèves avaient trouvé un maigre moyen de se réchauffer en buvant de l’alcool fort. Sauf que comme je te l’ai dit, tous les élèves étaient mélangés : les premières années comme les dernières.

Il marqua un nouveau temps de silence, le regard dans le vague.

— Ma scolarité à Durmstrang ne s’est pas bien passée. C’est notamment pour cela que j’ai été renvoyé. Quelque part, je me dis que j’aurai dû l’être bien avant.

Il eut un léger sourire malgré la mélancolique et la colère qui avaient voilé ses yeux. Il repensa à son père et sa promesse de l’envoyer à Poudlard. Au lieu d’y rencontrer Hjalmarson et Arsakov, il aurait fait la connaissance d’Albus. Le cœur lourd, il soupira à nouveau, fatigué d’être ainsi la proie de remords et de regrets, sachant pourtant pertinemment que le passé ne pourrait pas être changé. D’un geste de la main, il fit venir à lui une tasse ainsi que du café qu’il se servit. Puis, il regarda l’élève.

— Tu en veux ?

Il avait certainement raconté son histoire dans le vide, la jeune fille allait certainement nier son histoire, refusant que son école de cœur puisse être aussi désagréable à vivre. Tant pis. Il n’avait pas menti.
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Solveig A. Asbjørnsen
Solveig A. Asbjørnsen
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert Icon_minitimeSam 23 Juil - 10:19



Échec et Mat

« Grande Salle »

Décembre  1942

Solveig n’avait jamais eu la bêtise de nier que Grindelwald était un immense sorcier. Ses nombreux talents, plus ou moins avouables, étaient indiscutables, et l’orgueilleux mage noir s’était plu à en faire étalage au monde et aux foules qu’il avait haranguées en ses heures de gloire. A présent déchu, despote vaincu et relégué au rang de petit professeur optionnel à l’ombre suivie par le Ministère et Dumbledore, il parvenait pourtant à rendre la fière Solveig ridicule. L’impassible jeune fille se sentait soudainement stupide et honteuse, sa petite bravade sur sa liberté à choisir ses unions ayant esquissé un pâle sourire qu’elle identifia comme moqueur, sur le visage étrange de Grindelwald. Cette fois-ci et contre toute attente elle ne lui en voulut même pas. Mais la vague impression d’avoir sous-estimé celui qu’elle considérait en adversaire, ou de s’être surestimée, lui fouetta l’orgueil un instant. Comme il était désagréable de constater que celui qu’on avait érigé comme ennemi était à ce point supérieur à nous, et qu’à tous nos efforts les plus valeureux il n’avait qu’à opposer une bienveillance compréhensive, confiant et persuadé que la jeune fille pouvait laisser éclater sa colère sur le roc qu’il était, sans dommage aucun. Et un imbroglio de sentiments contradictoires assaillait l’adolescente qu’elle n’était plus vraiment, l’adulte qu’elle n’était pas encore, érodant l’image de grande dame impassible qu’elle s’était forgée. Comme il avait été facile de haïr un homme que l’on avait jamais vu ! Mais aujourd’hui qu’il était là, devant elle, avec sa voix veloutée, ses mensonges pleins de fiel auxquels elle mourait d’envie de croire, ce charisme irrésistible qui avait plié tant de sorciers plus aguerris qu’elle à son bon vouloir, elle se sentait faillir, et elle détestait cela. Se sentir vulnérable face à l’homme quelle avait haï depuis sa plus tendre enfance, et devant lequel elle était clouée sur sa chaise, dans un mélange de fascination, de curiosité et d’une forme de respect étrange et non assumée.

Qu’auraient pensé ses parents d’elle, eux dont le trépas avait forgé l’acier de sa colère, dont le sang avait cimenté ses promesses vengeresses, en la voyant ainsi plier l’échine et converser avec leur assassin d’un air tranquille ? Auraient-ils honte, la renieraient-elle ? Solveig secoua la tête. Elle cherchait seulement à connaître son ennemi. Ne parvenait plus vraiment à s’en convaincre, mais s’enfonçait, obstinée dans son opiniâtre déni qui lui faisait rejeter la fascination qu’il exerçait indéniablement sur elle. Toute sa petite intransigeance d’apparat disparaissait soudain, et celle qui ne se dévoilait jamais devant personne se surprenait à faire étalage de ses faiblesses comme une de ces dindes ridicules qu’elle méprisait ouvertement. Une seconde elle eut une pensée pour Darragh, son cavalier d’un soir au réveillon du Club de Slugh, avec qui il lui arrivait de ne pas toujours être très gentille, toujours un peu abrupte, manquant de délicatesse. Elle l’aimait bien malgré tout, cet élève studieux et taciturne, et il semblait si triste de n’avoir pas pu inviter cette écervelée de Bishop, et il était si naïf, parfois, que Solveig, qui ne pouvait pas y aller avec la seule personne qu’elle aurait voulu comme cavalière, avait trouvé cette solution idéale. Cela avait évité aux deux membres de se retrouver seuls, permis à Solveig d’être accompagnée d’un des seuls garçons dont elle supportait la compagnie, et à Darragh de trop broyer du noir, et aussi de se faire empoisonner à son insu. La mine dépitée des trois idiotes qu’elle avait surpris en train d’ourdir un plan pour piéger Darragh lui avait arraché un sourire satisfait et mesquin, sans aucun scrupules pour ce genre de manipulatrice.

Ce matin, c’était Grindelwald qui souriait, visiblement moqueur et satisfait de la curiosité qu’il éveillait chez la jeune fille, tant qu’elle dépassait sa haine de lui, qu’elle avait pourtant nourrir des années durant. Il lui lança même une petite réplique incrédule, qu’elle sentait plus proche de la taquinerie, pourtant, que de l’humiliation véritable. Solveig ne trouva rien à répondre, fronçant les sourcils tandis qu’ils se regardaient. Pourtant, contre toute attente, Grindelwald ne se fâcha pas. Il ne se moqua pas d’elle et ne tourna pas les talons d’un air indifférent. Non. Il s’exécuta, docile, tant et si bien que Solveig eut le temps de se demander une seconde qu’est-ce que cette prétendue docilité dissimulait. Ensuite, elle fut toute ouïe.

La pureté du sang. Elle était bien placée pour connaître la loi anti enfants de moldus, puisqu’elle s’était vue refuser l’accès à Durmstrang pour son ascendance. Mais la hiérarchie décrite par Grindelwald en termes de qualité de sang, à la manière d’une de ces cours Moldues qui esquissaient des arbres généalogiques longs de plusieurs siècles pour déterminer sa proximité avec le roi. Solveig savait à quoi s’attendre, pourtant une vague nausée lui fit esquisser une moue dégoûtée. Pourtant, Grindelwald en parlait sans plaisir ou fierté dans la voix, d’un ton morne d’automate, comme si il partageait le déplaisir de ces règles nauséabondes avec son élève. Le sortilège d’Amnésie, pourtant, lui fit écarquiller les yeux. C’était évident, logique, limpide. Comment une école si connue aurait-elle ou survivre au secret, après tant d’années et de générations sorcières qui avaient défilé en ses murs ? Pourtant elle n’y avait jamais pensé. Et cette méthode, sans confiner à la véritable cruauté, lui paraissait déplacée.

Puis, il avoua qu’il n’y avait pas de fossé entre la pédagogie de Durmstrang et celle de Poudlard. Simplement, quand chaque professeur avait ici la liberté de diriger son cours à sa guise, ceux de Durmstrang se devaient, toujours selon Grindelwald, de suivre une ligne directrice érigée par l’école. Puis, coopératif, il enchaîna sur la vie en elle même et le traitement des élèves. Le côté spartiate qu’il énonçait était conforme à ce qu’avait imaginé Solveig et que, étrangement, elle regrettait, à côté de la chaleur de boudoir de l’école britannique. Élevée dans la rudesse scandinave du cercle polaire, elle avait pour adage de s’endurcir en s’entourant du strict nécessaire, combattant l’aigreur du froid pour n’y être plus sensible, s’imposer une rigueur et une régularité dans le travail, le sommeil et l’appétit. Un petit pincement d’injustice lui traversa le cœur un bref instant, avant que Grindelwald n’évoque les sévices, la cruauté de la privation du feu, la contrainte de s’enivrer à onze ans pour pallier la rudesse de cette règle. Si Solveig aimait la vie à la spartiate, elle estimait qu’il y avait une limite entre être résistant et priver d’un feu élémentaire des enfants de onze ans en plein cercle polaire. Puis Grindelwald avoua que sa scolarité s’était mal passée, qu’il avait été renvoyé pour cela. Solveig ne fit aucun commentaire, regardant le pâle sourire étrange de l’assassin, comme si il n’était plus vraiment là. Lorsqu’il lui proposa du café, elle accepta en le remerciant, plongée dans ses réflexions, fascinée par plus de révélations qu’elle n’en aurait espéré ;

- Il y’a plusieurs choses qui me laissent perplexe…Pourquoi tiennent-ils tant à leur anonymat si la pédagogie  est sensiblement  la même qu’à Poudlard ? Au point d’user du sortilège d’Amnésie sur les élèves ? C’est qu’ils ont bien des choses à cacher ne croyez vous pas ? J’ai entendu parler de Magie Noire, mais après réflexion je me demande si ce n’était pas vous qui y étiez mêlé. Et je trouve étrange aussi personne ne se soit jamais plaint des mauvais traitements et de l’amnésie ? Il doit y avoir des enfants de familles riches, prestigieuses ? Tout le monde trouvait normal que leurs enfants soient traités ainsi ? Vos parents à vous n’ont rien dit lorsque vous avez été renvoyé ?

Il n’y avait aucune provocation dans les paroles de Solveig. C’était simplement une curiosité profonde qui lui avait presque fait oublier la nature de son interlocuteur, qui venait de lui servir une nouvelle tasse de café chaud. Solveig en avala une gorgée, une once de mépris dans la voix ;

- Je vous envie au moins les cours de Duel. Ici nous n’en avons pas, ou alors de manière occasionnelle, et il n’y a pas vraiment d’élèves brillants en la matière ici. C’est dommage, il paraît que les Professeurs Dumbledore et McGonagall sont de brillants duellistes, par exemple.
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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert Icon_minitimeDim 24 Juil - 12:27



Échec et Mat

« THE GAME IS ON »

Grande Salle, 22 décembre 1942.

Solveig avait laissé parler l’ancien mage noir sans l’interrompre. Se replonger une nouvelle fois dans sa scolarité n’était pas une chose si facile pour Gellert dont le regard s’était voilé d’une étrange expression entre l’indifférence automatisée et une colère presque mélancolique. Il revoyait les fantômes de son passé, ceux qui essayaient de lui chercher des ennuis gratuitement, d’autres à qui il faisait peur et qui préférait se cacher derrière lui, trop faibles pour oser ses rebeller contre les tortionnaires de l’école. Plusieurs fois Gellert s’était battu, pour diverses raisons. Souvent il avait été puni. Sa réputation catastrophique à Durmstrang était certainement renforcée par son ascendance peut académique, qui ne rentrait pas vraiment dans l’élitisme du sang si important pour l’école scandinave. Il avait été un bouc émissaire presque parfait. Car son insurgence l’avait rendu indocile et colérique, n’hésitant à utiliser la force pour se défendre. Lui qui n’avait jamais eu l’intention de causer du tort, malgré son enfance perturbé, s’était retrouvé à apprécier jouer les fauteurs de troubles, à ne pas respecter l’autorité en place et à s’affranchir des règles qu’on lui avait imposées. Il s’en était moqué jusqu’au bout. D’une part pour défier l’autorité, de l’autre car rien de tout cela ne lui convenait.

Une fois qu’il eut fini son monologue concernant Durmstrang, une avalanche de questions de la part de Solveig arriva. Ne prenant pas le temps de respirer, elle lança un grand nombre d’interrogations que Gellert craignait d’en oublier la moitié en cours de route. Puis la curiosité de l’élève dépassa peut-être sa pensée et sa propre prudence, le questionna éhontément sur ce qu’avait dit ses parents au moment de son renvoi. Involontairement, l’ancien mage noir se figea et plongea un regard plus dur qu’il ne l’aurait voulu dans le regard de la pauvre élève qui voulait simplement savoir. Il voyait pourtant bien qu’il ne s’agissait pas d’une provocation défiante mais bien d’une naïve curiosité inoffensive. Puis, il imagina ses parents le réprimander pour s’être fait renvoyé. Peut-être l’auraient-ils renier à cause de sa nature ? De la véritable raison de son renvoi ? Non, il ne pouvait l’imaginer. Il savait que son père l’aurait soutenu, compris. Il en était même certain. Quant à sa mère, malgré la colère qu’il avait à son encontre, il espérait qu’elle suive la mentalité de son père également. Ils auraient été inquiets de savoir que leur fils avait eu des tels ennuis et soulagés que cela soit enfin terminé. Oui, de cela il en était convaincu.

Il finit par sourire doucement, silencieux pour l’instant, tandis qu’il remplissait à nouveau la tasse de Solveig et la sienne. Il profita de ce temps pour organiser ses pensées et ses souvenirs afin de proposer une réponse pas trop décousue à la jeune fille. Cependant, avant qu’il n’ait pu commencer à répondre, elle reprit la parole, déplorant seulement le manque de cours de duels au sein de Poudlard. Il continua de fixer son regard, impassible et songeur. Il avait déjà eu l’idée de proposer une sorte de club de duels à Albus. Mais il se doutait que le Ministère ne lui laisserait pas enseigner une telle matière, même en guise d’option. Afin d’assurer la sécurité des élèves, il fallait pouvoir user de la magie. De plus, le professeur de Métamorphoses était bien trop occupé pour organiser son emploi du temps à nouveau. Quant à Minerva McGonagall, il semblait évident qu’elle refuse de participer à cette initiative venant de Grindelwald. Méfiante comme elle était, elle allait certainement s’imaginer que le repenti prépare un mauvais coup, formant ces futurs disciples à la guerre ou une idée saugrenue dans ce genre-là. Et pourtant non, les intentions de l’ancien mage noir étaient vraiment innocentes.

—Je n’ai jamais eu l’honneur d’affronter le professeur McGonagall en duel, malheureusement. Mais le professeur Dumbledore n’a pas cessé de me louer ses talents de duelliste. J’ai songé à créer une sorte de club de duels, ici, à Poudlard. Je pense que c’est voué à l’échec pour des raisons que tu imagines mais cela vaudrait peut-être le coup d’essayer. L’Étude des Runes m’octroie beaucoup de temps libre que je ne sais pas trop comment combler encore.

Il prit une gorgée de son café, son regard se perdant dans les vagues, son esprit cherchant des réponses à donner à son interlocutrice. Après quelques secondes, il dit finalement :

— Mes parents sont morts peu de temps après mes onze ans, avant que je ne rentre à Durmstrang.

Il eut un léger sourire, ne cherchant pas la pitié de cette élève qui le haïssait de toute façon. Il hésita à lui en dire plus mais préféra garder cela pour lui pour l’instant.

— Quant au sortilège d’Amnésie, cela ne choque pas plus que cela, car c’est ancré dans la politique de l’école. Tout le monde sait que cela se passe ainsi. Les parents sont passés par là également donc pourquoi pas leur progéniture ? De plus, beaucoup doivent penser que cela va renforcer leurs fils et faire d’eux des hommes, j’imagine.

Il haussa les épaules avec indifférence. Il n’approuvait pas vraiment les techniques de l’école et n’avait pas l’impression que les élèves devenaient des adultes responsables mais plutôt des individus froids et implacables. Ce qu’il avait été également, ironiquement. Lui aussi avait été inflexible et déterminé, intraitable et expéditif. Une machine qui ne se souciait pas de ce qui se passait autour de lui ni trop de conséquences, enfermé dans ce tunnel avec pour moteur seulement sa cause. Libérer les opprimés, le monde sorcier du joug injuste des Moldus, tout en écartant fatalement ceux qui osaient s’opposer à lui. Oui, certainement qu’il partageait cette caractéristique avec les autres élèves de Durmstrang, celle d’oublier l’empathie.

— La pratique de la magie noire à Durmstrang est une légende urbaine mais tu as raison, il se peut que j’y ai contribué. Elle n’y était pas enseignée ni explicitement encouragée. Cependant, comme la direction est assez partisane du dicton « la fin justifie les moyens », ils fermaient les yeux quand un élève s’y intéressait. Car je n’étais pas le seul, loin de là. En revanche, on peut dire que j’ai été celui qui ait le mieux réussi dans cette voie.

Il eut à nouveau un sourire, un peu gêné cette fois-ci. Il n’était pas fier ce qu’il avait accompli. Cependant, la magie noire avait des aspects indéniablement intéressants. Et pour l’avoir pratiqué pendant des décennies, il n’était pas certain de vouloir complètement l’abandonner. Seulement, il ne l’utiliserait certainement pas à tout bout de champ. Si la rumeur sur l’ascension d’un nouveau mage noir était vraie, il n’hésiterait pas un seul instant à combattre le mal par le mal. Il reprit une gorgée de café avant de dire innocemment :

— Tu veux prendre ta revanche ?

Il désigna l’échiquier du menton. Il espérait seulement qu’elle cesse de poser des questions un peu personnelles à son sujet. Il n’était pas particulièrement inquiet de ce qu’elle pourrait faire des informations sur sa vie, mais voulait éviter que cela s’ébruite. Déjà que deux élèves connaissaient sa relation avec Albus et que cette idée de le mettait pas spécialement à l’aise… De plus, il avait déjà vu O’Sadhbh parler avec Solveig et savait que les deux élèves de Serdaigle s’entendaient plutôt bien. Si le jeune Irlandais se mettait à raconter ce qu’il savait à son ami, il allait devoir redoubler de vigilance sur les tentatives d’empoisonnement et devait s’attendre à tout moment à la venue des forces du Ministère.
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