Voilà déjà plus d’un mois qui s’était écoulé depuis que la jeune fille aux cheveux frisés avait commencé ses cours de divination où elle s’était trouvée particulièrement brillante et où elle s’amusait comme une petite folle. D’ailleurs, personne, que ce soit dans sa classe ou dans sa maison, ne l’avait vu s’amuser autant que durant ces cours. C’était un vrai plaisir que d’être sollicitée et respectée. Néanmoins, pour le pas faire de jaloux, elle essayait de tourner et, chaque jour, de changer de partenaire. Il lui était égale de ne pas connaître son propre avenir et, en vérité, ça l’arrangeait : On ne sait jamais vraiment ce que l’on va lire dans les tasses. Jusque maintenant, il n’y avait que de bonnes nouvelles ou de petits incidents sans importance. Magdalena évitait de penser que, un jour, elle aurait une mauvaise nouvelle à annoncer. Pourtant, ce jour était venu.

Durant la première moitié du mois d’Octobre, les Serpentards et les Serdaigles partagèrent la même heure de cours et, ce jour là, elle dû admettre à sa table une fille que peu de monde appréciait. Il s’agissait d’une élève à lunettes aux longs cheveux noirs ondulé, arborant le logo bleu de Serdaigle sur son torse. La jeunette répondait au nom de Mimi Geignarde. Normalement, Lena aurait dû se montrer pourtant compréhensive. Elle sait ce que c’est que de ne pas être apprécié parce que l’on est un peu différent. De plus, Mimi est mal vu parce qu’elle est trop bruyante, trop bavarde, trop susceptible et, en plus, c’est une née-moldu. Lena ne devrait pas, du coup, avoir peur de la fréquenter, mais pourtant, quelque chose chez elle lui disait de rester loin de ce phénomène sans trop savoir pourquoi.

Néanmoins, tout se passa pour le mieux dans un premier temps. En attendant que la tasse refroidisse, Mimi et Lena parlèrent… Enfin Mimi parlait et Lena lisait sur ses lèvres en répondant par des mots unitaires. Beaucoup de mauvaises langues se moquaient d’elles (évidemment, principalement des Serpentard issue de grandes familles de Sorciers). Les deux filles bizarre de la classe, l’une bavarde comme une pie et l’autre sourde, réunies, ça ne pouvait que faire rire après tout. Mais les choses se compliquèrent lorsque Lena commença à lire dans la tasse de Mimi. La petite voyante en herbe ne comprit pas tout de suite ce qu’elle lisait (ou plutôt, ne voulait pas comprendre). Elle rouvrit son manuel et vérifia au moins trois fois si elle voyait bien. Finalement, elle lui révéla qu’elle avait lu dans sa tasse qu’un ennemi mortel allait bientôt surgir, révélant également un danger imminent. Mimi s’offusqua presque aussitôt. Son visage était tellement déformé que Lena ne comprit pas grand-chose à ce qu’elle disait et pencha la tête, s’excusant poliment mais la fillette de Serdaigle sortit de la salle en pleurant… Encore.

Cette histoire de prédiction de mauvaise augure resta longuement en suspens dans la tête de la petite femme. Visiblement, tout le monde dans salle de cours la croyait et, pourtant, elle espérait se tromper cette fois. Néanmoins, elle essayait de se rassurer en se disant qu’elle n’avait pas vu de Sinistros. Mais bon, avec une telle prédiction, rien ne disait comment traduire le danger que Mimi allait courir.

En cour de rune, alors que les groupes se croisaient, la nouvelle des dangers à venir sur Mimi était devenu le sujet de conversation de la classe. Lena, bien dans son coin, pouvait semblait sage, mais lorsque le prof de rune rentra, elle fut la seule à ne pas ouvrir son livre tant elle était perdue dans ses pensées. En vérité, elle n’avait même pas remarqué la présence de l’ex-Mage Noir à tel point que lorsque celui-ci demanda à l’ensemble des élève d’ouvrir leurs livre à la page 54, elle ne bougea pas d’un cil ce qui détonnait beaucoup trop avec le reste des élèves qui ouvrir leurs livres en vitesse (et ne manquera pas d’attirer l’attention du professeur). Hélas, Lena n’entendant rien, ce fut sa plume qui lui piqua la main pour la faire sortir de ses songes. C’est là qu’elle vit le regard tranchant du professeur qui la fixait. Pour le coup, elle se fit encore plus petite sur son siège, ayant vraiment peur pour son propre avenir à présent...

Automne 1942.

Les jours se ressemblaient. Gellert connaissait déjà le nom de sa poignée d’élèves par cœur, même s’il n’avait fait aucun effort pour s’en rappeler. Son esprit n’était pas aussi stimulé qu’il aurait aimé l’être après quinze ans d’Occlumancie intensive. Maintenant, trouver une occupation digne de ce nom était compliquée et se résumait souvent à errer dans la bibliothèque en cherchant un livre. À ce rythme, malgré la collection colossale d’ouvrages dans les lieux, le mage noir aurait tout épluché d’ici la fin de l’année scolaire. Un exploit dont il se passerait bien, prouvant seulement la vacuité de son existence devenue futile. Il se promenait bien dans le parc également et aurait aimé faire des petites explorations dans la Forêt Interdite, juste par curiosité mais les restrictions étaient fortes et il n’avait pas son mot à dire. Tel un animal en cage, il se devait de rester dans ce paramètre bien limité où il tournait en rond. Bien que le château et ses environs aient une superficie colossale, Grindelwald se sentait à l’étroit, ayant besoin d’aller sur les routes du monde, chercher un but, une quête, un objectif qui l’amènerait partout et nulle part à la fois. Mais loin de ce lieu où il avait déjà passé plusieurs semaines consécutives.

Alors qu’il déambulait entre les rayons de la bibliothèque, le mage noir réfléchissait à sa lecture du jour. Dans quelques minutes, il aurait les troisièmes années pour qui c’était leur première année d’études des runes. Rien de bien affolant et Grindelwald ne ressentait aucune pression à ce propos. Cependant, il fallait que les bases rentrent correctement dans leurs têtes juvéniles. Même s’il savait déjà ce qu’il avait à faire pour son cours, il s’arrangeait toujours pour les occuper activement durant la dernière partie de ce dernier afin de pouvoir lire avec nonchalance l’ouvrage de son choix du jour. Ayant trouvé un livre plutôt intéressant d’apparence sur Ulric le Follingue, il prit la direction de sa salle de cours, posa son livre sur son bureau et se vautra sur sa chaise en bois, tenant en équilibre sur les pieds arrières de celle-ci, les jambes croisées et posées sur la table devant lui, attendant ses élèves. Les troisièmes années étaient relativement sages en réalité, intimidés par le mage noir et son regard singulier. Au moins, Grindelwald n’avait pas besoin d’hausser le ton pour se faire respecter, son aura faisant déjà le nécessaire auprès des élèves qui commençaient à entrer dans la salle de cours.

Gellert ne les salua pas, n’en ayant même pas envie, en réalité. Il ne l’avait d’ailleurs jamais fait, pourquoi commencerait-il ? Une fois que tous les élèves furent installés et qu’il n’eut plus un bruit dans la salle de cours, la craie sur le tableau s’envola d’elle-même vers le tableau noir et commença à écrire le titre de la leçon du jour, sans que le professeur n’ait à bouger le moindre muscle ou prononcer la moindre syllabe. Il avait cette paresse nonchalante et insolente de quelqu’un qui s’ennuyait clairement dans son travail. Surtout que la leçon du jour portait sur la conjugaison, notion amusante pour personne. Après avoir écrit quelques règles élémentaires sur le tableau, le mage noir finit par demander à ses élèves d’ouvrir leur manuel à la page 54, tâche à laquelle tous s’afférèrent sauf une jeune Serpentard dans le fond de la classe. Gellert regarda la jeune O’Gerthy dans ses yeux dissipés, cherchant à la ramener parmi eux. Il connaissait le handicap de l’adolescente mais c’était surtout pour elle qu’il écrivait au tableau. Son livre à elle s’ouvrit magiquement et brutalement sous ses yeux. Si cette dernière avait déjà des difficultés dues à sa condition, si elle manquait d’attention en cours, il ne fallait pas qu’elle s’attende à ce que Grindelwald soit tendre avec elle et la prenne en pitié.

« Reste attentive. Premier avertissement. »

La Légilimancie, bien que pas très tolérée par les Aurors, était le meilleur moyen qu’il avait trouvé pour s’adresser directement avec l’élève. Si la sensation devait être particulièrement désagréable pour l’élève, le mage noir avait la décence ne pas aller fouiller par curiosité morbide la cervelle de l’adolescente. De toute façon, sa vie ne l’intéressait pas. Il se contentait juste de lui transmettre des messages. Il détourna donc le regard et commença donc à faire son cours, surveillant de son regard hétérochrome la docilité de ses élèves qui grattaient leurs parchemins avec vivacité. Pourtant, dans son balayage visuel de la classe, il s’arrêtait souvent sur O’Gerthy, surveillant la concentration de celle-ci.

Il y a des moments, comme ici, où l’on aimerait se faire tout petit afin de se cacher au fond d’un trou trop étroit pour que quiconque ne puisse approcher. Mais, à part en étant un animagus de rongeur ou un insecte, ce n’était pas possible, même pour la petite brindille qu’était Lena, au grand regret de cette dernière. Lorsque son livre s’ouvrit brutalement, elle sursauta. Sa plume eut tellement peur qu’elle alla se cacher sous la feuille de parchemin de sa voisine. La jeune élève de Serpentard se doutait bien que Grindelwald ne la traiterait pas avec plus de sympathie que les autres à cause de son handicap et, dans un sens, elle lui en était reconnaissante. Pas besoin de se sentir plus différente qu’elle ne l’était déjà.

Le professeur de rune lui faisait peur au début (comme à beaucoup d’élèves, il faut le dire). Son regard perçant, et son œil blanc qui n’aide en rien, pouvait pétrifier de peur n’importe quel personne un temps soit peu craintive. Cependant, il restait une personne fascinante. Même après son séjour à Azkaban, il restait un personnage pourvu d’un charisme monumental. Lena regrettait presque de ne pas entendre sa voix car, simplement en observant le mouvement de ses lèvres, et ce, malgré l’ennui exprimé, il avait des tocs et expressions qui lui donnait un air presque théâtral. Pas étonnant qu’il ait su rallier à sa cause autant de fidèles avant sa chute. Encore aujourd’hui, si il le voulait vraiment, il serait sûrement capable de rallier une petite armée à base d’élèves du château. Quelle drôle d’idée d’inviter un mage noir aussi habile de sa langue dans un château rempli d’enfants naïfs et manipulables. Quelle idée le ministère avait-eu là ? Rien qu’en lisant sur les lèvres de quelques élèves de sang-pur dans la salle commune, la petite Magdalena était persuadée qu’il avait, sans même ouvert la bouche, une bonne moitié des élèves de Serpentard à sa bottes. Les autres étaient plutôt à se dire « Ce n’est qu’un looser qui avait tout pour réussir et qui a tout laissé tombé. Il aurait dû rester dans sa prison et y pourrir. » Dans un sens, ils n’avaient pas tord. Bien que les quelques amies qu’avait la petite sourde lui aient demandé ce qu’elle en pensait, Lena restait neutre, ne voulant prendre partit à ces débats dangereusement inutiles. Pour le moment, elle préférait le voir tel qu’il avait été présenté le jour de la rentrée : Comme le nouveau professeur d’étude des runes.

Alors qu’elle s’était enfoncée dans son siège, elle sentit une présence caresser la surface de sa conscience et ce, juste avant d’entendre un son, une voix. Pour la première fois de sa vie, elle entendait une voix. C’était une voix froide et grave qui lui donna le même effet qu’un glacial vent d’hiver. Il ne lui fallu pas longtemps pour comprendre de qui venait cette voix et ce qu’il s’était vraiment passé. Le professeur était donc un Légilimens. Bien entendu, elle connaissait cette pratique mais jamais cela ne l’avait intéressé jusque maintenant. Elle lui répondit, presque instinctivement, avec sa petite voix proche du murmure :

« Oui monsieur. Pardon monsieur. »

Mais ce ne fut pas simple pour elle de rester concentré par la suite. Cette sensation, bien que pas très agréable (elle en eut des frissons encore plusieurs minutes après), l’avait faite réagir. Sa bonne conscience lui soufflait qu’elle pourrait communiquer tellement plus facilement ainsi… Mais sa mauvaise conscience, ce petit diable qu’on a toujours sur l’épaule, lui souffla qu’elle pourrait aussi se servir de cela pour trouver des faiblesses et blesser ceux qui lui ont fait du mal… Mais elle chassa cette idée en secouant la tête et fit de son mieux pour retrouver sa concentration… Lena avait trop longtemps fuit les capacités offensives pour se laisser séduire par une arme plus puissante que tout ce qu’elle avait connu, mais, dans un autre sens… L’idée de pouvoir communiquer si facilement lui plaisait.

Sa plume ne l’avait pas attendu pour prendre en note le cour. Lena faisait de son mieux pour se montrer attentive mais elle était encore, à la fois, déstabilisé et intéressée par ce don dont faisait preuve l’ancien mage noir. Ce n’était pas une question de volonté, loin de là. Lena était du genre assidue et il était difficile à qui que ce soit de la déconcentrer. Sans compter que les cours de runes l’intéressait sincèrement, contrairement à la plupart des élève (et du professeur). Elle fit, donc, de son mieux pour se montrer attentive durant ce cour-ci, mais, par moment, elle se perdait dans ses pensées. En soit, le silence omniprésent autour d’elle ne l’aidait plus à rester attentive, au contraire. Il était propice à laisser son esprit vagabonder à l’idée de pouvoir se servir de sa pensée pour communiquer… Espérons simplement que le professeur comprendra que la raison pour laquelle elle a du mal à suivre n’est dû ni plus ni moins qu’à sa propre intervention. Quelle ironie quand on y pense.

Automne 1942.

Les rayons du Soleil matinal traversaient les vitraux de la salle d’études des Runes, baignant la pièce dans une lueur douce et dorée. Une certaine chaleur se dégageait de cette atmosphère calme et paisible, seulement perturbée par le bruit des pages qui se tournaient et du grattement des plumes sur le parchemin. Gellert regarda les élèves, dociles et silencieux, s’affairaient docilement à la tâche que leur avait incombé leur atypique professeur. Comment accorder les verbes runiques en fonction d’un complément d’objet direct ou indirect, d’une proposition de juxtaposition ou de coordination et, enfin, comment conjuguer ces mêmes verbes quand ils précédaient une proposition subordonnée. Le cours était ardu avec Grindelwald, il ne s’en cachait pas. Cependant, il avait pour objectif de ne pas se contenter seulement du programme établi depuis des millénaires mais de pousser les élèves à réfléchir par eux-mêmes à la fin de leur cursus. De plus, il s’agissait des Troisièmes Années, n’ayant donc aucune autre expérience dans les runes avant lui. Ils n’avaient donc aucun retard aux yeux sévères de leur nouveau professeur qui pouvait pousser plus loin leur apprentissage et ne pas se contenter des bases. Ses cours étaient donc denses et lourds, et un maximum de concentration était requise.

Son regard se porta une nouvelle fois sur la jeune élève de Serpentard au fond de la classe qui, à défaut de pouvoir écouter, ne semblait pas non plus avoir les yeux rivés sur le tableau où la craie écrivait magiquement tout ce que Grindelwald voulait lui faire dire. Si l’élève s’était excusée plus tôt de son inattention, il sembla au professeur qu’elle rêvassait encore, visiblement perdue dans des songes ou des réflexions dont Gellert ne pouvait pas la tirer à moins de taper du poing sur la table. Il arrêta de la regarder quand un élève osa lui poser une question. Le mage noir détourna ses yeux asymétriques vers le jeune élève de Serdaigle qui se questionnait sur une certaine subtilité des runes. Une question pertinente et bienvenue qui permettait de briser un peu le silence du cours. Grindelwald jeta brièvement un regard à O’Gerthy dont la petite interaction visuelle du bras levé du Serdaigle ne semblait pas avoir perturbé sa réflexion profonde. Cependant, le professeur répondit tout de même à la question de l’élève, de sa voix grave et posée, réexpliquant la notion litigieuse en s’appuyant sur les tracés de sa craie sur le tableau noir. Quand l’élève eut compris, Gellert se rassit.

Que faire avec la jeune O’Gerthy, visiblement beaucoup trop dissipée pour qu’elle puisse suivre efficacement le cours ? À ce rythme, elle serait à la traine par rapport à ses camarades et n’arriverait pas à suivre le programme condensé remanié par Grindelwald lui-même. Tout irait très vite et serait dense, décroché à ce stade-là de l’année, centralisé sur l’apprentissage des bases qui seraient utiles aux élèves tout au long de leur scolarité et même au-delà pourrait s’avérer parfaitement dramatique pour la jeune Serpentard. Cependant, il ne pouvait se permettre d’épier chaque élève, un à un. Même s’il n’avait pas énormément d’élèves à sa charge, il perdrait un temps considérable à rappeler tout le monde à l’ordre. Et puis, il serait sacrément ironique de la part du mage noir de faire la police dans sa classe. Cependant, il se devait de prendre une décision afin de stopper la rêverie d’O’Gerthy tant qu’il était encore temps. Il donna un exercice à faire à ses camarades plus attentifs tout en épiant la réaction de l’adolescente, essayant de voir si elle allait se mettre au travail ou non. Il soupira légèrement en constatant que non et que son premier avertissement n’avait rien donné.

« Il va vraiment falloir être plus attentive que cela. Si mon cours ne t’intéresse pas, tu peux encore sortir. Crois-moi, si tu ne suis pas, tu vas être perdue dans cette classe pour les cinq années de scolarité qu’il te reste. »

Grindelwald avait usé d’un ton froid, de nouveau entré dans la tête de l’adolescente qu’il ne fouillerait pas. Les divagations d’une fille de treize ans ne le regardaient pas, tout d’abord, mais ne l’intéressaient certainement pas. Il prit alors un ton un peu plus menaçant et sombre, visant à faire comprendre à son élève qu’il ne plaisantait pas avec ces choses-là :

« Il faut que tu viennes devant pour que j’ai un minimum de ton attention ? Ou que je me déplace physiquement jusqu’à ta place ? »

Son regard qui était rivé sur les yeux de la jeune fille ne broncha pas d’un millimètre. Le corps de Grindelwald semblait être figé dans ce marbre glacial, caractéristique de son visage pâle, tandis que celui-ci arborait cette impassibilité légendaire et froide qui lui avait permis d’obtenir naturellement respect, calme et silence dans sa classe. Cependant, lui qui était excellent orateur, être confronté à une élève sourde révélait d’un défi, même s’il ne rechignerait pas sur l’usage de la Légilimancie pour se faire entendre et comprendre.

Entendre une voix quand on est sourd de naissance (ou presque), est une expérience des plus bizarre. Mais c’est aussi un plaisir immense. Donc, même se faire gronder par son professeur fut quelque chose qui effraya mais, aussi, fascina la petite Lena. Autant dire que, à coté de cela, le cour de rune était devenu bien fade. Elle voulait apprendre à faire cela. A entendre les autres et à leur répondre. Elle qui pensait ne jamais vouloir apprendre des méthodes autres que la lecture sur les lèvres se sentit bien bête de n’avoir jamais penser à la légilimencie.

Le calme ambiant dans son esprit ne l’aidait pas à voir que le reste de la classe s’était mit au travail. Ce n’est que trop tard qu’elle se rendit compte de la situation et qu’elle se saisit de sa plume. A nouveau, la voix du professeur raisonna dans sa tête. Ce son la fit frissonner de plus belle et elle tourna timidement son regard vers l’ex-mage noir qui le fixait et lui parlait de façon menaçante. Il n’était ni dans les intentions, ni dans l’intérêt de la fillette de treize ans de prendre du retard sur ses camarades. Il avait raison. Mais comment pouvait elle faire la sourde oreille à un tel pouvoir ?

De plus, il prenait tout de même un certain risque à lui parler de cette façon car il y avait de fortes chances pour qu’il n’ait absolument pas le droit d’user de ce pouvoir. Si Lena avait été vache, elle aurait pu dénoncer cet abus aux Aurors. Mais pourquoi le faire alors que, même s’il était effrayant, le professeur Grindelwald utilisait ce don uniquement pour communiquer et non pas pour s’immiscer dans son esprit. On peut trouver cela étrange, mais, au fond, la jeune mage lui en était reconnaissante.

En parlant de cela, encore une fois, Lena avait l’impression qu’elle sentait l’esprit du professeur effleurer sa conscience. Ce n’était sûrement pas perceptible par la plupart des gens mais la jeune fille le sentait et se demandait si elle pouvait lui répondre de la même manière. Après tout, les autres élèves n’avaient pas besoin de savoir que le professeur lui parlait de la tête. Doucement, elle fronça les sourcil et essaya, à son tour, d’effleurer l’esprit du mage noir… Mais là où elle pensait toucher une surface souple, elle se heurta à un mur solide. Elle ne voulu pas insister de peur de contrarier encore plus son professeur. Après tout, il s’agit là d’un des mages les plus puissants ayant jamais exister. Si elle le sentait quand quelqu’un effleurait son esprit, alors lui avait du sûrement le sentir aussi… Oh bien sûr, ses intentions étaient louable. Lena voulait simplement lui montrer qu’elle avait bien compris le cours malgré son attention moyenne. Tant pis, elle fera alors ses preuves à l’ancienne.

Discrètement, elle secoua la tête afin qu’il comprenne qu’elle avait bien reçu le message, et se mit au travail. La petite sorcière n’était pas très douée en magie en soit et n’était pas la plus maline de sa classe. Cependant, elle raisonnait plutôt bien et cela lui servit grandement pour son exercice. Avec les notes au tableau et ce qu’elle avait entendu du cours, elle n’eut pas trop de problème à accorder les verbes. Oh, bien sûr, tout n’était pas juste. Mais il fallait le dire, il était très rare que tout le monde comprenne du premier coup comment l’on utilisait les runes et, encore moins, comment les accorder. Le programme était lourd et demandait beaucoup à ses élèves. C’était comme apprendre intégralement un nouveau langage. Dans le tas, Lena s’en sortait plutôt bien sans pour autant être la meilleure. Comme beaucoup d’élèves de son âge, elle pouvait sûrement faire mieux mais se limitait au nécessaire. Peut-être surestimait elle ses capacités par rapport à sa voisine de table qui nageait complètement, se tirant presque les cheveux tant elle avait du mal à comprendre… et elle n’osait pratiquement jamais lever la main tant le professeur l’effrayait. Malgré tout, la petite sorcière avait compris l’essentiel du cours. Le peu de fautes qu’elle avait sur sa copie se résumaient à de simples oublies.

Lena relue sa copie en caressant doucement son nez avec le bout de sa plume d’un air absent, essayant de ne pas trop penser à la légilimencie, et essayant de corriger un maximum de fautes. Elle se doutait que Grindelwald allait venir vérifier sa copie, avant de procéder à une correction de groupe, afin de voir par lui même si elle avait, malgré tout, pu s’en sortir. Bien qu’elle appréciait la sensation d’entendre enfin une voix, elle préférerait encore que cette voix soit un peu plus, disons, contente de son travail ?… Et peut-être éviter une punition.

Automne 1942.

L’inattention de la jeune élève commençait fortement à agacer le professeur, déjà peu enclin à la patience. Grindelwald n’avait jamais été connu pour le contrôle de sa colère, ni pour sa miséricorde. S’il partageait nombre de points communs avec Dumbledore, les différences qu’il y avait entre les deux hommes se trouvaient à leurs extrêmes opposées. Le professeur de Runes ne serait pas magnanime. Il n’était pas encourageant non plus. Si quelqu’un chose n’était pas bon, il ne se ferait pas prier pour le faire remarquer à l’élève. À la propre image de ses iris, tout était soit noir, soit blanc. Si ce n’était pas parfait, il fallait recommencer, malgré le fait que la perfection ne soit que pure utopie. C’était pourquoi il n’attendait qu’excellence de la part de ce qu’il était contraint d’appeler ses élèves à qui il appliquait une intransigeance inébranlable. Son mutisme glacial forçait calme et discipline dans ses rangs de têtes blondes, secondait par sa réputation qu’il n’avait à envier à personne. Assister donc à l’inattention d’une élève mettait donc à rude épreuve les nerfs du professeur qui se surprit à se soucier du bon apprentissage de la jeune élève de Serpentard. Si elle n’apprenait pas les bases, cela ne devait pas être son problème.

À la fin de l’exercice pourtant, il hésita à aller directement voir la copie de la jeune fille, curieux de compter le nombre d’erreurs pouvant se trouver sur son parchemin. Mais il était à la foi pris d’une très grande lassitude par rapport à son élève dissipée et ne lui accorderait aucun traitement de faveur… ou de défaveur. Elle n’était qu’une tête noyée dans la masse, se distinguant certes par son handicap, mais cela ne freignait en rien son apprentissage théorique d’une langue exclusivement écrite. Quand le temps accordé pour l’exercice s’acheva, les copies volèrent directement vers le bureau du professeur, tandis que certaines mains paniquées essayaient de finir hâtivement leur phrase. Grindelwald regarda quelques copies et en sélectionna trois, les plus catastrophiques et ajouta discrètement celle de l’élève inattentive. Il fit venir les cancres concernés au tableau, dont Miss O’Gerthy, écrivant les phrases avec les plus grosses fautes sur la planche sombre et demandant aux autres de corriger. Les bras croisés, il regardait les adolescents échangeaient timidement, leurs interventions étant parfois ponctués de soupirs exaspérés de Grindelwald. Vint alors le tour de la jeune élève de Serpentard. La phrase s’inscrivit magiquement au tableau. C’était loin d’être aussi mauvais que les précédents intervenants mais, une nouvelle fois, ce n’était pas parfait.

« Est-ce que tu vois ce qu’il ne va pas ? »

Aucune raison qu’il la traite différemment qu’un autre. Même si les autres élèves ne pouvaient entendre ce qu’il disait à la jeune fille, il n’allait pas arrêter son enseignement par sa particularité. Après tout, il était son professeur, et si le système de classe avait été imposé, c’était uniquement pour faire gagner du temps aux enseignants. Cela donnait peut-être un statut privilégié pour la jeune O’Gerthy mais c’était loin d’être volontaire pour Grindelwald qui ne ressentait aucune compassion pour le cas de la Serpentard.

— Y a-t-il quelqu’un pour l’aider ?

Il attendit alors la réponse timide mais pertinente d’un élève de Serdaigle. Grindelwald acquiesça doucement et rapporta la solution à la jeune O’Gerthy.

« Tu comprends mieux ton erreur ? Ton devoir est mauvais car il comporte des fautes. À force de tolérer les bavures, cela engendre des sorciers à moitié capables qui ont leurs examens sur des bases hasardeuses. Je ne vous enseignerai pas que les bases, je vous apprendrai à aller au-delà. Cependant, il faut savoir maîtriser les rudiments. Sinon, crois-moi, tu échoueras. »

Pendant qu’il avait communiqué silencieusement avec elle, il avait plongé son regard impassible et asymétrique dans les iris juvéniles de l’adolescente. Son visage devint cependant moins glacial que pendant son sermon.

« Cependant, si cela peut te rassurer, personne n’a rendu copie parfaite. »

Il fit un geste de la main et l’invita à aller se rasseoir après qu’elle eût fini de tout corriger.

Lena avait, malgré tout, réussi à faire un devoir plus que convenable malgré la faible attention qu’elle avait eu durant le cours. Cependant, elle même savait que sa copie n’était pas parfaite. Elle avait dû improviser ça-et-là afin de compenser les quelques trous dans sa mémoire. Les runes commençaient à lui sembler tout à fait logique. Néanmoins, la conjugaison reste, comme le dit son professeur, une base importante pour la suite.

Tout cela pour dire qu’elle pensait avoir réussi. Comme à son habitude, le professeur Grindelwald sélectionna quatre copie (probablement les plus mauvaises) et invita leurs propriétaires à venir au tableau pour les corriger. Quelle fût la surprise pour Lena d’avoir été sélectionnée. Elle n’était pas la meilleure en rune mais se défendait royalement d’habitude. Être appelée parmi les cancres était quelque chose de honteux pour elle. Les deux Gryffondor et l’unique Pouffsouffle s’avancèrent alors au tableau alors que la petite Serpentard sembla hésiter avant de se lever. A chaque pas, elle sentait les regard se poser sur elle. Son teint devint laiteux alors qu’elle passait devant le professeur qui lui semblait être un géant à coté d’elle, autant par la taille que par le charisme, et se mit à coté des trois autres qui la regardaient… Elle ferma les yeux un instant, occultant ce qu’il se passait autour d’elle.

Elle ouvrit les yeux et vit les phrases s’écrire et ne put que devenir un peu plus blanche… Certaines phrases étaient désastreuses. Surchargée de fautes de bases, impactant la conjugaison, mais aussi le vocabulaire qui, à leur stade, restait plutôt simple. Le doute s’était installé dans l’esprit de l’adolescente… Elle se demandait si elle avait vraiment été à ce point mauvaise. Pourtant, lorsque sa phrase s’écrivit enfin, elle la reconnu de suite car… elle ne vit pas de faute. S’était, néanmoins, une des phrases où elle avait improvisé un peu à l’aveuglette. Elle sursauta lorsqu’elle entendit la voix du professeur dans sa tête. (Chose qu’elle ne pouvait entendre, de faibles murmures entre les Serpentard qui la trouvaient encore plus « folledingue » que d’habitude… Mais qui se stoppèrent net à l’intervention vocal du professeur.) Mais, jusque là, Lena ne voyait pas sa faute et pour cause, elle avait manqué d’attention au mauvais moment. Son regard balaya finalement la pièce et la réponse balbutié par la Serdaigle parvint difficilement à son cerveaux… Difficile de suivre les corrections à cause de cela. Cette Serdaigle était la meilleure en rune mais Grindelwald l’impressionnait sans doute trop pour qu’elle parle distinctement. Heureusement, le professeur lui rapporta la solution et Lena baissa la tête, honteuse.

La petite s’en voulait et se sentait ridicule pour le coup. Son interlocuteur était intransigeant mais n’étais ce pas pour son bien ? Elle peut excuser son manque d’habiliter en Sortilège à cause de sa faible magie et ses incantations moyenne. (« Non non, non ! Miss O’Gerthy. C’est LEVIOOOSA et pas LEVIOSAAAR ! ») Là, elle n’avait absolument aucune excuse. Mais les paroles qui suivirent ne firent que l’encourager… Elle comprit alors pourquoi elle était au tableau. C’était pour la punir parce que le professeur de runes avait vu qu’elle pouvait faire mieux. Ses joues passèrent du blanc au rose en un claquement de doigt et elle hocha doucement la tête pour lui faire comprendre qu’elle avait bien comprit la leçon du jour.

Finalement, ce fut avec un sourire en coin qu’elle retourna s’asseoir et retrouva toute son attention jusqu’à la fin du cours. Elle traîna un peu, justement, à la fin, faisant exprès de prendre son temps pour ranger ses affaires (ce qui ne fut pas difficile car personne ne semblait vouloir être le dernier à rester dans cette salle de cours, seul avec Grindelwald). Elle s’avança doucement prêt du bureau.

« Professeur… J’aimerais sa… savoir… Si vous connaîtriez que… quelqu’un… qui voudrait m’apprendre… S’ii… il vous plait. »

Bien entendu, elle parlait de la capacité à pénétrer l’esprit des gens. Sa voix semblait encore plus discrète que d’habitude. Par moment elle devait s’y prendre à deux fois car elle ne sentait pas ses cordes vocales vibrer tant elle parlait bas. Et ce n’était pas que à cause de sa timidité car elle se doutait que Grindelwald n’avait pas droit à la légilimencie sur les élèves… Pourtant, la petite voulait des cours. De lui, si possible, car il était vraiment très doué dans ce domaine, mais ne voulait rien lui imposer… D’où le coté large de la question. Elle ne sait pas qui d’autre est légilimens dans l’école…

Automne 1942.

Le reste du cours se passa sans un bruit. Par ailleurs, les cours d’Etude des Runes avaient toujours été d’un silence religieux, même avant que le mage noir n’en prenne la place. En effet, ce n’était pas une matière des plus passionnantes. Il n’y avait aucune pratique et la théorie n’était que grammaire, syntaxe et conjugaison, surtout dans les premières années d’apprentissage. Ainsi, Grindelwald se contentait de regarder ses élèves s’affairaient à corriger leurs erreurs, puis à ranger leurs affaires dans la précipitation. Il se moquait de la crainte qu’il suscitait encore dans ces cœurs trop jeunes pour avoir connu son apogée. C’était avec une certaine tristesse qu’il constatait que ces gamins n’étaient même pas encore nés quand il avait décidé d’assassiner la quête de sa vie. Du temps avait passé. De longues années. Pour finalement atterrir ici, à Poudlard, au milieu de jeunes personnes pour qui son règne n’était connu que par les histoires contées. Jamais de leurs yeux juvéniles, ils ne verraient l’étendue de sa puissance. Jamais la crainte qu’il leur inspirait ne serait justifiée, construite uniquement de récits probablement déformés au profit d’une propagande pacifiste. C’était ainsi, cependant. Il n’y avait plus grand-chose à faire de plus désormais hormis rester « sage ».

Cependant, tandis que les derniers élèves s’enfuyaient quasiment en courant de la salle de cours, la jeune fille qui s’était faite remarquée durant la séance s’approcha timidement de lui. Grindelwald haussa un sourcil, surpris de voir la petite s’aventurer seule et aussi proche de lui. Voulait-elle se justifier de son manque d’attention durant le cours ? Ou souhaitait-elle simplement s’excuser ? Le mage noir, à vrai dire, se moquer bien des états d’âmes de ses élèves. Il n’était qu’un prof d’une matière annexe, qui n’avait que guère d’impact sur la scolarité globale de chaque étudiant. Si ces derniers n’appréciaient pas sa pédagogie quelque peu strict et autoritaire, il en convenait, il ne changerait pas pour autant ses manières d’enseigner. Ainsi, dans sa pensée négative et nihiliste, il s’imaginait déjà que la môme allait se plaindre, malgré son air effacé et ses yeux baissés. Qui sait ? Peut-être s’agissait-elle d’une riche famille de Sang-Purs, qu’en savait-il. Il se moquait bien de la valeur du sang. Ce n’était qu’un charabia d’élitistes au lieu de prôner l’unité de leur condition de sorciers, cachés aux yeux de tous. Mais ce débat, il n’avait su le gagner, et le voici désormais en train de possiblement répondre à l’interrogation d’une élève distraite suite à un cours d’études des runes.

La demande fut tout autre, à son grand étonnement, la gamine faisant mention de tout autre chose que des runes. Bien évidemment qu’elle parlait de la légilimancie. C’était un don unique et très pratique au vue de son handicap. Cependant, cette discipline de la magie ne se contentait pas de simplement communiquer par la pensée avec un autre individu. Cela était bien plus pernicieux, pouvant donner accès au moindre souvenir de la victime, bafouant son intimité la plus secrète. Cela pouvait être un pouvoir destructeur entre de très mauvaises mains. Lui-même n’en abusait pas. D’une part parce que les gens autour de lui ne l’intéressaient pas et d’autres car c’était bien plus amusant de manipuler ses victimes sans qu’elles ne se sentent fouillées de l’intérieur. Il n’aurait pu gagner aucune confiance. Cependant, il se doutait que les intentions de la jeune fille ne soient aucunement néfastes pour qui que ce soit et que cela visait juste à lui faciliter son existence. De plus, il ne pouvait se permettre de prendre cette décision. Constamment surveillé par les Aurors qui plus est, la procédure serait longue avant qu’il ne puisse avoir une quelconque autorisation d’enseigner si particulier à la Serpentard.

— Ce n’est pas un don que tous les sorciers peuvent acquérir ou même avoir de façon innée. De plus, il ne s’agit pas uniquement de communication. Si je le souhaitais, là, je pourrais fouiller ta tête, tes souvenirs, jusque dans les moindres détails. Tu dois déjà me sentir dans ta tête, en réalité.

Il marqua une pause, la regardant droit dans les yeux.

— Cependant, sache que si un professeur autre que Dumbledore et moi soit capable de pratiquer la légilimancie, l’apprentissage sera très long et pénible. De plus, il te faudra trouver de gentils cobayes qui accepteront de se faire fouiller la tête par toi. Bonne chance.

Finalement, il se leva, la regardant de toute son imposante et sombre hauteur.

— Cependant, j’en parlerai à Dumbledore. Peut-être trouvera-t-il une solution pour toi. Y avait-il autre chose ?

Grindelwald ne voulait pas s’attarder sur cet élan de générosité et d’altruisme dont il venait de faire preuve. Ce n’était qu’une simple question au professeur de métamorphoses mais si la réponse était positive, cela lui ferait deux élèves à qui il donnait des cours particuliers. Il s’amusa alors à penser qu’il devrait monter un groupe de soutient pour élèves en difficultés. Lui qui avait terrorisé l’Europe, le voilà en train d’essayer de rassurer des adolescents sur leur scolarité. Peut-être que Poudlard lui montait trop à la tête. Quoiqu’il en fusse, son visage n’arborait toujours pas l’ombre d’un sourire ou d’une humeur joviale dans ses iris asymétriques. Il n’y avait qu’une vague lassitude et un profond désintérêt pour tout ce qu’il se passat autour de lui.

Il est bien difficile de savoir si, à cet âge, la jeune fille ferait vraiment bon usage de ce genre de magie. Oh, bien sûr, ce qu’elle voyait s’était, surtout, la facilité à communiquer et puis, enfin, entendre une voix même ci celle-ci n’est qu’un écho de la voix originelle. Elle n’avait jamais entendu, mais en entendant la voix de Grindelwald, elle devinait aisément son humeur et ses émotions… Bon même ci il s’était montré bien glacial. Mais, elle pensait qu’elle pourrait mieux comprendre son entourage ainsi… Néanmoins, une petite voix mesquine lui parlait aussi sauf que, celle ci, venait de sa propre tête. Cette voix lui susurrait qu’elle pouvait plus facilement se défendre avec ce pouvoir… et même faire payer ceux qui se moquent d’elle et qui la malmène en dénichant leurs secrets, leurs points faibles. Mais elle faisait de son mieux pour ignorer cette voix, la chasser de son esprit comme à chaque fois qu’elle se manifestait.

Aux premières paroles du célèbre sorcier, la petite Lena hocha timidement la tête. Elle s’attendait presque à se faire jeter dehors pour avoir demander cela à ce professeur qui ne semblait pas trop attiré par les relations humaines (ce qui, dans un sens, faisait de lui un prof très détaché et très objectif). Néanmoins, il était là à lui répondre calmement comme le ferait n’importe quel professeur de cette école. La peur de Lena se retrouvai encore un peu plus atténuée.

Elle savait bien que, si il le voulait, il pourrait aller plus loin. Mais quel intérêt aurait il à le faire quand on y pense ? Et même ci il le faisait, Lena n’avait pas grand-chose à se cacher. Mise à part sa surdité, s’était une préadolescente ordinaire avec ses amies, ses cours préférés, ses blessures et… un amour qu’elle voulait garder cacher. Mais ça, en quoi cela pouvait intéresser Gellert Grindelwald ? Du coup, elle se sentait rassurée surtout que, à présent, elle le sentait bien et se doutait que plus il plongerait dans son esprit, plus elle saurait ce qu’il ferait… Enfin, elle ne pourrait rien faire pour le repousser mais elle le saurait.

Elle pencha la tête et murmura :

« Alors… Le professeur Dumbledore est lui aussi Legilimens ?... »

Cela expliquait pas mal de choses… Il arrivait qu’il la fixe et, au fond d’elle, elle avait la sensation que son regard traversait jusqu’à son âme. Mais il cache bien son jeu.

Malgré les mises en garde de Grindelwald, le sourire de la petite Madgalena ne disparaissait pas. Au contraire, même ci s’était long et pénible, elle était prête à faire ce sacrifice, persuadée qu’elle pouvait y arriver comme avec la Divination. Trouver des gens qui accepterait de se laisser entrer dans la tête sera sûrement le plus difficile mais il y avait forcément un moyen…

Elle voulu négocier un peu plus mais, quand il se leva, elle comprit que la discution était terminée et ce, malgré la question qu’avait posé l’ex-mage noir. Il restait très impressionnant ainsi debout avec ses yeux vairons… Aussitôt, Lena fût prise d’un élan de timidité et secoua la tête.

« N… Non… Merci, Professeur… Merci pour tout… Passez une bonne fin de journée. »

Elle s’inclina doucement et ramassa ses affaires afin de se rendre à son cours suivant… Franchement, elle ne s’attendait pas à cela. Elle qui s’attendait à un « non » catégorique se retrouvait avec un « on verra... ». Elle avait espoir et elle rayonnait de bonheur pour le reste de la journée, osant même dire « bonjour » à son amour secret...





Les jours qui suivirent lui parurent bien long… Elle mourrait d’envie d’aller retourner voir le professeur de rune mais s’était ravisée… Elle ne voulait pas trop insister. Ainsi, elle attendit et attendit… jusqu’à la semaine qui suivi et le cours suivant de rune. Ce jour là, elle suivi son cour à la perfection… Elle attendit juste la fin pour, encore une fois, traîner un peu… et aller voir le professeur à son bureau timidement, comme la semaine précédente. Dans un premier temps, elle ne dit rien, se demandant si Grindelwald ne l’avait pas, finalement, oublié...

Automne 1942.

Aucun bruit ne perturbait la salle de classe d’études des Runes. La matière étant déjà peu attrayante, le professeur y faisait régner un ordre et un calme à toute épreuve par sa simple aura. Le simple élément chaleureux que l’on pouvait trouver dans la salle était certainement les rayons du soleil qui perçait les fenêtres, créant une atmosphère agréable et apaisante, loin du rayonnement polaire que dégageait l’ancien mage noir. Sa froideur légendaire, accentuée par son apparence sans teinte de couleurs, avait le don de repousser quiconque voulait faire la moindre conversation avec lui. La jeune élève était pourtant venue d’elle-même, visiblement terrifiée d’être confrontée seule à seule avec lui. Si elle essayait de rebondir sur ce que son professeur lui disait, ce dernier n’avait pas envie de déblatérer tout ce qu’il pouvait savoir sur certaines âmes de ce château. Ce fut pourquoi il ne répondit rien, ne renchérit pas, sur le commentaire qu’elle fit sur le Professeur Dumbledore. Pourtant, elle avait raison. Oui, le professeur de métamorphoses était un Légilimens et peut-être le plus puissant, bien au-delà du niveau de Grindelwald qui brillait plus par la compétence opposée. Il n’était donc pas le mieux placé pour lui enseigner cette faculté à, pourtant, ne pas placer entre toutes les mains.

Elle le remercia alors poliment, lui indiquant qu’elle n’avait rien à ajouter et prit congés, le laissant seul dans cette salle de classe bien impersonnelle. La matière ne s’y prêtait pas, après tout. Tandis qu’il la regardait partir, il songea aux diverses possibilités qui s’offraient à lui pour lui permettre de recouvrer l’audition si jamais Albus venait à refuser la légilimancie. Après tout, il aurait eu raison et il faudrait alors trouver une autre solution pour l’aider à mieux communiquer avec ses camarades. Cependant, est-ce que la sociabilisation était vraiment quelque chose d’indispensable ? Ses années à Durmstrang s’étaient bien passées de tout ce qu’on pouvait rapprocher à l’amitié, faisant de lui l’élève certes le plus brillant mais aussi le plus misanthrope et le plus étrange. Et il en fallait pour acquérir un tel statut dans l’école d’Europe du Nord. La solitude avait peut-être été au final la meilleure chose qu’il pouvait arriver à quelqu’un. Il se leva finalement et commença à ranger ses affaires, essayant de chasser ses mauvaises pensées hors de son esprit. Il jeta un regard las aux Aurors qui l’attendaient pour l’accompagner en-dehors de la salle de cours.



Quelques jours s’étaient écoulés entre les deux cours d’Étude des Runes avec la classe des troisièmes années. Tous avaient bien faits les traductions exigées par Grindelwald et peu se risquaient à ne pas obéir à l’ancien mage noir. Le cours se passa dans le calme habituel, faisant corriger les copies des étudiants entre eux, prévoyant un nouveau chapitre pour la semaine suivante. Tandis que la séance s’achevait il nota bien la présence de la jeune O’Gerthy qui semblait attendre timidement le verdict du mage noir. Malheureusement, la réponse ne serait pas aussi positive qu’espérée. Le professeur Dumbledore avait sagement refusé la proposition de Grindelwald d’apprendre à la jeune fille l’art dangereux de la légilimancie. Quelque part, il n’osait lui dire, ne cherchant pas à la décevoir et à briser son espoir. Les alternatives étaient introuvables également, l’origine de sa condition étant magique, la petite avait sûrement dû passer entre les mains des infirmiers et infirmières de St Mangouste sans qu’aucun n’ait pu arranger son problème. Il se leva donc de derrière son bureau, commençant à ranger ses affaires et continuant de la regarder du coin de l’œil. Finalement, il soupira et plongeant son regard asymétrique et froid dans ceux de l’adolescente.

— Dumbledore a dit non. Et je comprends ce choix.

Il aurait été tenté de dire qu’il était désolé, mais préféra ravaler cette phrase qu’il sortait un peu trop souvent à son goût depuis quelques semaines. De plus, il n’était pas attaché plus que cela à l’élève, même si son sort était certes attristant. Il fit une moue, et continuant de ranger ses affaires de cours, s’attendant à ce que la jeune fille en restât là. L’idée de lui apprendre tout de même dans le dos d’Albus lui traversa l’esprit, mais ce n’était ni sage ni bénéfique pour lui. Si cela venait à s’apprendre, les conséquences pourraient être terribles et il ne voulait pas repartir à Azkaban pour quelque chose d’aussi futile, même s’il s’agissait d’aider une élève dans le besoin. Par ailleurs, était-il réellement altruiste ou cherchait-il seulement à combler l’ennui ? Car après tout, aider des élèves étaient bien la seule chose qui lui permettait de passer le temps en dehors de lire tous les ouvrages de la bibliothèque et de s’entraîner à diverses stratégies aux échecs. Peut-être pourrait-il aussi organiser des tournois de ce célèbre et vieux jeu de plateau ? Même s’il pouvait améliorer la vie des âmes en peine de château, cela serait peut-être plus productif et plus humanitaire.