Il n'est pas facile pour la petite Serpentard de lire une quelconque réponse sur le visage glacé de l'ancien mage noir. Finalement, il se tourna vers elle et l'observa. Le petite femme le regardait, les yeux pleins d'espoir... Mais ses espoirs disparurent dès lors qu'elle eut sa réponse.

Doucement, elle baissa la tête. Elle aurait dû s'y attendre car, dans le fond, elle aussi comprenait ce choix. Ce n'était pas là de la magie noire, mais cela restait une magie dangereuse à ne pas mettre entre toutes les mains. Malgré tout, elle n'en était pas moins déçu.

"Je comprends... Pardon pour le dérangement..."

Ça ne servait à rien d'insister. Après tout, à la vue de la moue du professeur, lui même était désolé. Il n'y avait rien à faire si Dumbledore avait refusé. Après tout, ils s'agissait là des deux seuls professeurs qui pouvaient l'aider. Il y avait sûrement des élèves legilimens aussi, mais ce n'est pas un don dont on se vente, pas plus que quand on est fourche-langue.

Elle commençait, alors, à s'éloigner doucement mais, après quelques pas, elle se stoppa. Une idée qu'elle avait eu quelques jours avant lui traversa l'esprit. Elle se tourna alors vers Gellert et s'avança de quelques pas et lui demanda avec sa petite voix :

"Pardon de vous déranger à nouveau, Professeur, mais... J'aurais quelques... études ...a faire et pour cela j'aurais besoin de jeter un œil à des livres qui se situent dans la réserve... Serait il possible pour vous de m'en donner l'autorisation d'accès ?"

Le thème de son étude n'était pas caché du tout a Grindelwald... Après tout, il aurait été, sans doute, insultant pour lui d'essayer de cacher ses intentions. De plus, s'était là un plan qui lui semblait tenir la route car personne ne pourrait blâmer le professeur pour avoir autoriser l'accès de cette zone réglementé dans un but pédagogique. Et puis, même là bas, il y avait peu de chance pour qu'elle trouve un livre intitulé "La Legilimencie Pour Les Nuls". C'était, comme lui avait dit le mage noir précédemment, surtout de l'entraînement et de la pratique pour les personnes qui ne sont pas née avec ce don. Elle s'empressa d'ajouter.

"Si vous ne voulez pas... Je comprendrais votre décision bien sûr..."

D'ailleurs, elle commençait à se demander si elle avait bien fait de lui poser cette question...

Automne 1942.

La jeune fille encaissa le refus du corps pédagogique avec une certaine bravoure. Il était clair qu’elle avait posé beaucoup d’espoir dans cette pratique magique pour améliorer sa condition de vie mais il n’était pas raisonnable non plus de lui donner un tel avantage sur les autres. Gellert retint un soupir. De toute façon, tout don un peu particulier devait être recensé : la légilimancie, l’occlumancie, les Animagi… Tout était contrôlé afin qu’aucun sorcier ne transgresse le secret de l’existence de la communauté magique. Et si jamais un individu venait à l’enfreindre, il était sûr d’être reconnu et retrouvé rapidement. Non, Grindelwald n’aimait pas le monde dans lequel il vivait. Non, il n’aimait pas ces sorciers au pouvoir qui se contentaient de se cacher derrière une loi vieille de 200 ans. Et Grindelwald n’aimait pas plus ceux qui avaient le pouvoir de changer les choses et qui fermaient simplement les yeux. Le mage noir ne se chauffait pas de ce bois-là. Ses années à Azkaban avaient certes ralenti pas mal de ses ardeurs mais les braises rougeoyantes de sa colère vindicative crépitaient toujours au plus profond de lui. Alors pour O’Gerthy n’aurait pas le droit d’améliorer ses conditions de vie ?

La jeune fille le retira de ses pensées, lui demandant alors la permission de pouvoir aller chercher quelques ouvrages dans la Réserve. Il n’avait pas besoin d’être un génie pour comprendre ce que comptez faire la demoiselle dans cette section interdite de la bibliothèque. Cependant, cette requête l’amusa autant qu’elle le peina. En effet, il avait beau être professeur, il n’avait pas les mêmes avantages que ses collègues : pas le droit d’infliger des retenues, pas le droit de retirer des points aux maisons et pas le droit d’accéder à la Réserve. Ces mesures avaient été prises pour éviter de donner un quelconque pouvoir à Grindelwald sur d’autres tout en le tenant à distance de la magie noire. Et enchaîné par ces interdictions, il ne pouvait bien évidemment pas permettre à une élève d’y accéder. Il aurait très bien pu lui demander d’aller lui chercher certains ouvrages à sa place. Ce n’était donc tout simplement pas possible d’accéder à la requête de l’adolescente. Avec un sourire amusé malgré la réponse qu’il allait lui donner, il la regarda dans les yeux, se demandant si elle en valait vraiment la peine. Peut-être s’accrochait-il trop vite aux oisillons poussés hors de leur nid.

— Je ne peux pas te donner l’accès à la Réserve car je n’en ai moi-même pas l’autorisation.

Cependant, cela ne l’empêchait pas d’aller s’y promener de temps à autres durant la nuit lorsqu’il avait remarqué que les Aurors l’avaient brièvement perdu de vue. Mais ceci était dans une certaine illégalité, un dédain des règles établies qui aurait rendu fier Salazar Serpentard lui-même. Il ne pouvait pas garder les yeux fermés sur la détresse de la petite. Cette dernière était victime d’une injustice bien singulière qui se résumait à un handicap physique qui la discriminait au quotidien. Et Grindelwald avait un problème avec tout ce qu’il trouvait d’injuste. Puissant sorcier, il avait le pouvoir d’améliorer les choses pour les victimes du caractère aléatoire et cruel de la société et de la vie en générale. Il releva le menton. Si Dumbledore avait donné sa permission pour que le mage noir repenti vienne en aide à Lavande Huntergrunt, il n’allait certainement pas apprécié la liberté qu’allait prendre le criminel malgré son interdiction.

— Cependant, Dumbledore ne peut désapprouver ce qu’il ne sait pas. Je veux bien t’apprendre la Légilimancie mais j’exigerai une grande discrétion de ta part. Pars également du principe qu’à compter de ce jour, je t’aurai à l’œil et qu’au moindre écart de conduite, j’arrêterai tout sur le champ. Tu n’auras pas l’opportunité d’avoir une deuxième chance.

Il la regarda froidement dans les yeux, espérant que le message était bien passé. Il voulait bien lui accorder une forme de confiance mais il n’était pas certain des bonnes intentions de l’élève. Il jouait à un jeu dangereux mais malheureusement, c’était toujours dans ce genre de situation qu’il sentait ce frisson d’adrénaline lui enlacer l’échine.

Lena se demandait si, justement, elle n’allait pas un petit peu loin en lui posant cette question. La peur qu’il se méprenne était bien là. Pourtant, le problème auquel elle allait se heurter ne dépendait même pas de l’ex-mage noir mais plutôt de son entourage actuel… Son sourire eut, néanmoins, pour effet de détendre la jeune fille qui lui rendit son sourire, un peu attristé.

« Je vois… Pardon pour cette question... »

Son regard plongea dans l’œil noir de son professeur et elle se rendit compte que, en isolant totalement cet œil blanc surnaturel, Grindelwald n’était pas effrayant, au contraire… Il semblait, paradoxalement, bienfaisant et émotif. Tout l’opposé de ce qui faisait sa réputation dans l’école. Mais la petite élève de Serpentard n’était pas non plus assez naïve pour penser qu’il était aussi doux qu’un agneau. Non, mais son caractère semblait tellement complexe qu’il attisait la curiosité de la jeune fille.

En parlant de cela, il lui rappelait beaucoup leur préfet. Tout deux étaient bien mystérieux et personne ne savait vraiment qui ils étaient au fond. Lena rougit en y pensant, étant secrètement attiré par le très séduisant et tout aussi mystérieux Tom Jedusor. Elle se demandait si, un jour passé, cet homme face à elle, que tout le monde prends pour un monstre sanguinaire, était déjà tombé amoureux ? Qui sait ? Il devait être un beau jeune homme en son jeune temps et, malgré les séquelles laissé par la magie noire, les traits de son visage laissait soupçonner un certain charme d’antan.

La petite Lena s’apprêtait à partir lorsque Gellert se redressa et lui fit une proposition à laquelle elle ne s’attendait pas… C’est avec de grands yeux ronds qu’elle le regarde, totalement surprise. Une part d’elle allait accepter sans réfléchir. Elle avait, d’ailleurs, déjà ouvert la bouche jusqu’à ce qu’un souvenir récent ne la stoppe net… Elle avait déjà accepté le même genre de propositions, quelques jours avant… Et ces deux propositions étaient totalement incompatible. Sans même s’en rendre compte, Magdalena venait de se mettre elle, ainsi que Désiderata en grave danger avant même d’avoir pu dire quoi que ce soit.

Comme à son habitude quand elle se trouvait dans ce genre de situation, elle ferma les yeux et s’isola dans ses ténèbres personnels, là où il n’y avait ni lumière, ni son… Juste la sensation de fraîcheur de la salle de rune ainsi qu’une légère odeur de pierre humide et de craie. Elle fit un rapide point sur la situation et ses possibilités. Ou elle acceptait, ce qui la condamnait tôt ou tard à trahir Desiderata (il serait arrogant de penser pouvoir semer Gellert Grindelwald), ou de refuser sa proposition. Ce dernier point était le plus sage et le moins risqué à ceci prêt que le professeur de rune allait sûrement comprendre qu’il y avait un problème et qu’il risquait, quand même, de mener sa petite enquête et de découvrir le pot-aux-roses. Cet homme faisait partit intégrante du destin de Desiderata et, dans son désir de sauver cette dernière, elle avait plus la sensation de la propulser sur la pire des destinées qui s’offrait à elle sans parler que la jeune voyante perdrait une de ses rares amies en même temps que la confiance d’un des rares professeurs qui avait foi en elle. Dans tout les cas, elle était prise au piège.

Ses yeux s’ouvrirent, plein de honte. Elle leva son regard vers le professeur puis observa la porte, voulant être sûr que personne n’écoutait avant de se tourner vers Gellert.

« Professeur… Je suis vraiment honorée par votre proposition… J’aimerais accepter mais, je pense qu’après ce que je vais avoir à vous dire, c’est vous même qui allez me le refuser... »

Elle s’assit à la table la plus proche, parlant avec son habituelle voix basse et légèrement spirituelle.

« Je ne peux vous promettre de ne pas faire d’écart de conduite… J’ai une amie qui a besoin d’aide… Une amie qui est égarée sur une mauvaise voie et, pour l’aider, je n’ai d’autre choix que de la suivre un bout de chemin. S’il vous plaît, n’essayez pas de lire dans mon esprit pour savoir de qui il s’agit. J’ai lu son avenir et elle a encore une chance de devenir quelqu’un de bien. Elle a juste besoin d’un peu d’aide et de temps. »

Son regard était posé sur la table dont elle caressait les nervures, espérant y lire un signe du destin. Elle espérait vraiment ne pas sentir la conscience de Grindelwald percer son esprit, sinon, il risquait d’en apprendre trop aux yeux de la jeune voyante. Elle ne voulait pas qu’une personne visée par une prophétie aussi vague s’en retrouve mêlé car, oui, l’ancien mage noir était sans le moindre doute lier au destin de la petite tête blonde.

« Je me suis engagée à l’aider et je ne ferai pas marche arrière… Vous êtes bien trop aimable envers moi alors, je me devais d’être franche avec vous... »

Elle avait relevé les yeux vers ceux de son professeur désormais… Elle était assise prête à encaisser ses foudres et supporter sa déception. En tout cas, Lena s’était soudainement rendu compte qu’elle n’était qu’une enfant ordinaire, amoureuse d’un garçon qu’elle ne pourra jamais approché, et qui serait prête à faire des bêtises pour ses amies et pour connaître un peu l’excitation de l’interdit. Malgré tout, même ci la petite sorcière avait une certaine curiosité envers la magie noire, elle avait d’abords pensé à protéger sa très jeune amie d’abords et avant tout… Mais est-ce que ces paroles et ces remords suffiront à convaincre le si redouté professeur de Rune ?

Automne 1942.

Gellert n’était visiblement pas parvenu à mettre son élève en confiance. Son aura ayant visiblement toujours gardé un minimum de sa superbe d’antan, il semblait toujours dégager une autorité naturelle, même quand il n’en avait nullement besoin. Cependant, quelque chose semblait vraisemblablement déranger la jeune O’Gerthy. Il aurait pensé qu’elle aurait accepté sans réfléchir la proposition qu’il était en train de lui faire. Peut-être craignait-elle le courroux d’Albus Dumbledore si ce dernier venait à apprendre que Grindelwald lui avait tout de même donné des cours malgré l’interdiction ? Ce n’était en aucun cas la faute de l’élève de Serpentard, Gellert en prenait l’entière responsabilité. Avant qu’il ne puisse prendre la parole à ce sujet afin de rassurer sa jeune disciple, elle affirma qu’il risquait de revenir sur sa proposition de lui-même. Intrigué, il releva le menton, la toisant de son regard contraire, restant néanmoins silencieux afin de la laisser poursuivre. Ceci ne lui plaisait pas. Peu importe ce qu’O’Gerthy allait lui confesser, son instinct lui disait qu’il devait s’en mêler et certainement intervenir. Grindelwald ne laisserait pas les problèmes arriver à Poudlard. Une certaine fierté lui dictait qu’il pouvait la seule source de troubles dans l’école de sorcellerie. Si cela pouvait le mener au mage noir qui essayerait de lui voler son trône…

Le discours qu’elle tint ne le rassura pas davantage. Il nota pourtant bien chaque détail de ses propos. Une élève semblait s’être égarée et détournée du droit chemin et O’Gerthy paraissait s’être mise en tête qu’elle serait celle qui l’aiderait à revenir dans les rangs du bien, même si cela signifiait marcher à ses côtés quelques temps. Cependant, elle lui demanda clairement de ne pas fouiller dans son esprit pour ne pas avoir l’identité de ladite élève. Piqué au vif dans son orgueil, le regard de Grindelwald se durcit. Ce n’était pas une élève de treize ans qui allait dicter au plus grand mage de tous les temps ce que ce dernier devait faire ou non. Elle s’assit alors, le remerciant d’avoir été si aimable avec elle. Le professeur de Runes ne broncha pas, son visage pâle gravé de son imperméable impassibilité qui ne laissait transparaître qu’une colère savamment dissimulée dans son regard asymétrique. Il prit quelques secondes pour réfléchir sur l’identité de l’élève et sa première pensée se porta sur Lavande. Une sorte d’appréhension, beaucoup plus proche, au final, de l’inquiétude similaire à celle d’un père anxieux d’apprendre que sa fille pouvait faire une faute grave, se logea dans son cœur de pierre.

Si Lavande se mettait toute seule dans une sorte de danger, aussi physique que psychologique, Grindelwald devait le savoir. Il s’était porté garant de l’adolescente depuis plusieurs semaines maintenant et son sort l’importait. Si ses desseins étaient sombres, Grindelwald devait le savoir. Si elle risquait de mettre sa vie ou celles des autres en danger, Grindelwald devait le savoir. Son souffle se fit légèrement plus court, tandis que cette étrange anxiété faisait naître au sein de ses entrailles une douce et légère panique tout autant inexplicable. Gellert ne comprenait pas ce sentiment mais il avait besoin, d’une certaine manière, d’être rassuré. En réalité, la tête blonde de l’insupportable Desiderata Rosier, qui était pourtant une suspecte parfaite, ne lui traversa même pas l’esprit. Il trouvait son propre silence interminable tandis qu’il finit par baisser le regard et faire quelques pas. Il jeta un coup d’œil à la porte toujours ouverte et la fit se fermer doucement d’un simple regard. Le léger grincement du battant en bois pouvait laisser faire penser à un simple courant d’air mais de cette façon, la seule issue de la salle de cours était ainsi condamnée pour la jeune O’Gerthy.

— Tu te doutes qu’après ce que tu viens de me dire, je ne te laisserai pas partir de cette salle de cours sans que tu m’aies dit le nom de ton amie.

Continuant de faire les cent pas devant elle, son regard dichotomique fixant ses yeux bruns avec froideur, tel un fauve observant sa proie, il poursuivit d’un ton qui n’avait plus rien de chaleureux :

— J’aurai cette information. Et je préfère que tu me la donnes de ton plein gré plutôt que je vienne la chercher de moi-même.

Il s’arrêta devant elle, la toisant de toute son imposante stature.

— Et je me moque de ta demande, tu sembles oublier qui tu es et qui je suis. En premier lieu, je suis ton professeur et je suis loin d’être aussi influençable, conciliant et docile que le Professeur Raven. Dans un second temps, je peux balayer toute ton école, ton amie et toi-même d’un claquement de doigt. Ne me dis plus ce que je dois faire, est-ce bien compris ?

Il marqua une pause. Les Aurors et notamment Albus l’avaient fait sortir d’Azkaban pour les aider à trouver le prochain mage noir dont parlait la prophétie. Si Grindelwald semblait montrer que peu d’intérêt à cette tâche, il était, au final, bien plus dévoué qu’il ne le laissait le croire. De plus, cette implication se retrouvait mêlé avec cette anxiété sur l’identité de cette amie qui s’était détournée du droit chemin. Il craignait fortement qu’il ne s’agisse de Lavande, à qui il apprenait tous les soirs à maîtriser ses pouvoirs. Et si, au lieu de protéger le monde sorcier, il était en train de le conduire à sa perte en entraînant son futur bourreau et pire, en s’attachant moralement à elle ? Cela donnerait raison à Albus, ce dernier étant très suspicieux à l’égard de Lavande. Grindelwald pouvait ravaler sa fierté face à Dumbledore mais il refusait de le faire s’il s’agissait de l’élève de Serpentard. Ainsi avec une pernicieuse douceur, il posa ses mains sur le bureau où s’était assise O’Gerthy et plongea ses iris dichotomiques dans ceux de la jeune fille qui n’avait probablement pas demandé tant de menaces implicites, l’empêchant ainsi de regarder ailleurs.

— Maintenant, et je ne te le dirai qu’une seule fois, dis-moi de qui il s’agit et peut-être je fermerai les yeux sur ce qu’il vient de se passer.

Gellert n’avait pas enterré son offre envers O’Gerthy. Malgré elle, Lavande lui avait appris que tout le monde avait le droit à l’erreur, surtout à leurs âges. D’humeur magnanime donc, Grindelwald tolérait une erreur de morale. Et si la jeune élève de Serpentard venait de griller sa chance, elle pouvait, elle-même, revenir sur le droit chemin en coopérant et le mage noir ferait fi de cette insubordination.

La petite brunette regretta bien vite ses paroles. En effet, rien que les traits durcis du professeur de rune et son regard destructeur firent virer ses joues au blanc. Jamais elle ne s’était sentit aussi petite. Elle était écrasée par la pression de l’aura intimidante de Grindelwald. Bien qu’il restait froid, sa présence semblait prendre toute la place dans la pièce, écrasant la petite élève qui ne voulait qu’une chose en cet instant : se cacher dans un trou de souris pour ne plus jamais en sortir. Pourtant, elle était bien loin de savoir que, quel que soit les sentiments que ressentaient à ce moment là l’ancien mage noir, ils n’étaient pas tous tourné vers elle et ne constituaient pas que de la colère et de la déception… mais aussi de la peur. Après tout, comment le savoir ? Qui irait penser que cet homme impassible puisse encore ressentir la moindre peur ?

Lorsque la porte se ferma, Lena glissa un peu plus dans sa chaise… Quoi comment cela elle n’entends pas ?… Laissez moi vous dire qu’elle se trouve dans une situation où ses quatre sens étaient totalement ouverts et qu’elle avait sentit la vibration de la porte se fermer jusque dans l’assise de sa chaise. Elle était prise au piège, face à un homme dangereux, en train de faire les cent pas devant elle. S’était fini… Son plan, ses idées, tout tombait à l’eau de la pire et la plus triste des façons, tout cela parce qu’elle avait voulu bien faire. Elle regretta d’avoir parler et, finalement, son petit démon lui souffla qu’elle aurait dû tenir sa langue, qu’il n’y avait rien de plus important que l’espoir que lui apportait le petit club de Desiderata.

Le ton rude de Grindelwald et ce qu’elle prit pour des menaces de mort envers elle et ce lieu qu’elle considérait comme chez elle… S’en fut de trop. La jeune fille glissa une dernière fois de sa chaise et se mit à genoux, dans l’allée, pleurant en silence, ses nerfs lâchant sous l’effet de cette pression, beaucoup trop importante pour ses petites épaules. Elle se sentait si mal que même dans son monde de silence, dans l’obscurité, elle sentait la présence du mage noir, tel un géant face à elle, minuscule petite chose au milieu du néant.

Pourtant, quand il se pencha vers elle, elle le regarda, ses yeux brouillé par les larmes et injecté de sang, plongeant dans son regard et… elle cru mal comprendre ses dernières paroles. Quand il lui dit qu’il pouvait encore fermer les yeux, il lui était difficile de refuser… Car, dans tout les cas, elle était coincée. Tout ce qu’elle risquait de faire à rester ainsi bornée à ne rien dire, s’était risquer d’aggraver son propre cas. Pour cette fois, elle fit un choix égoïste, mais également, inéluctable.

« P… Professeur… C… C’est Desi… Desiderata… Ro… Rosier... Mais… ce… ce n’est… qu’une enfant… une enfant... »

Elle savait qu’elle n’avait pas le droit de discuter mais la petite tête blonde ne méritait pas de finir renvoyer et sûrement pas par sa faute… Le pire dans tout cela, s’était qu’elle ne pouvait pas supplier Grindelwald de ne rien dire aux autres professeurs car les choses avaient été clair un instant plus tôt quand il l’a remise à sa place. Alors, elle se contenta de sangloter presque sans bruit, pensant à la pauvre première année qu’elle était en train de trahir.

« Elle... n’est pas… mé...chante… Elle n’est pas… méchante... »

Mais, elle qui arrivait à peine à parler en temps normal y arrivait encore moins en pleurant. Ses mots étaient déstructuré, tremblant et sa voix était encore plus étouffée que d’habitude. Elle ne dit alors rien de plus et essaya simplement de se calmer, essayant d’arrêter le flux ininterrompu de larme qui coulait de ses yeux sur sa robe et sur le sol de pierre. Elle avait déçu les deux seules personnes qui comptaient sur elle en un instant. Elle avait honte et se sentait sincèrement mal. Tout ce qu’elle souhaitait, s’était s’éveiller enfin dans la fraîcheur du cachot de Serpentard afin de se rendre compte que tout cela n’avait été qu’un mauvais rêve...

Automne 1942.

Est-ce que Grindelwald avait été trop rude avec cette élève qui n’avait finalement que demander de palier à son handicap ? Elle ne lui avait que demander de l’aide et la voici terroriser par le courroux du mage noir qui n’avait rien perdu de son talent à susciter la peur parmi les plus faibles. Cependant, elle n’était plus une jeune enfant, elle était capable de comprendre que les choix qu’elle faisait pouvaient avoir des conséquences terribles sur son avenir. Si elle faisait celui de garder le silence sur l’identité de sa mystérieuse amie, Grindelwald n’était pas sûr de pouvoir conserver son calme. Il n’était pas sûr de pouvoir répondre à cet élan de colère qui montait irrépressiblement en lui. Il n’était pas sûr non plus que la jeune O’Gerthy aurait la vie sauve. Pourtant, il devait se contenir. Inutile de préciser quel serait son sort s’il venait à tuer une élève parce qu’il s’inquiétait pour une autre. Cela aurait été absolument cocasse, malgré la véracité des sentiments de Gellert à l’égard de Lavande. La Née-Moldue de Serpentard, il y tenait plus qu’il ne voulait l’avouer et c’était sûrement cette crainte qui lui empoignait le cœur qui le rendait parfaitement dangereux à cet instant précis.

Alors il regarda la jeune élève s’effondrer au sol, en pleurs. Grindelwald se garda d’être désobligeant mais ne put retenir son soupir exaspéré de s’échapper de ses poumons. Pleurer n’allait pas attirer sa pitié. Et plus elle attendait de cracher le morceau, plus la colère apeurée du mage noir ne cessait de croître. Il mourrait d’envie de lui vociférer de se relever, d’arrêter de pleurer et d’avouer. Chaque seconde qui s’écoulait, chaque larme qui roulait sur les joues de la jeune O’Gerthy lui faisait passer l’envie d’être magnanime et conciliant. Elle avait réellement vraiment tout intérêt à se montrer docile et coopérative tandis que la patience de Grindelwald fondait comme neige au soleil après chaque pleur de la Serpentard. Les secondes lui paraissaient interminables. Si le nom de Lavande venait vraiment à sortir, il ignorait ce qu’il ferait par rapport à sa protégée. Il tenterait sûrement de la raisonner, mais à quoi bon, elle qui lui aurait si brillamment caché ses intentions. Non il serait déçu, bien évidemment, et ne pourrait s’empêcher d’avoir ce très désagréable mais non moins extrêmement familier goût d’échec et de vacuité tout au fond de la gorge. Non, il ne pouvait pas s’agir de Lavande.

Finalement, le nom finit par sortir et il sentit le poids de l’angoisse retomber telle une masse lourde d’un fardeau trop longtemps porté. Dire qu’il était simplement soulagé serait un euphémisme. Il ne s’agissait pas de Lavande et c’était tout ce qui lui importait. Il se moquait bien de Desiderata Rosier et il croyait en la bonne foi d’O’Gerthy qui répétait qu’elle n’était pas méchante. Non, la terrible tête blonde de première année n’était pas mauvaise, on l’avait éduquée pour le devenir. Grindelwald ne pouvait s’empêcher de se sentir un minimum responsable, lui qu’on avait érigé malgré lui au statut de père auprès de l’enfant Rosier. Cette dernière avait été élevée dans le mensonge et il était presque logique qu’elle suive ce chemin qu’on avait tracé pour elle. Il soupira profondément tout en s’asseyant nonchalamment sur son bureau, l’air songeur et pensif. Il avait dit à la troisième année qu’il fermerait les yeux si elle venait à avouer. Elle l’avait fait et il tiendrait promesse. S’il devait prendre le risque de lui enseigner la Légilimancie dans le dos de Dumbledore, il pouvait également en tirer avantage. Après tout, c’était un pouvoir dangereux entre de mauvaises mains, mais dans ce cas-là, pour savoir ce que manigançait l’enfant Rosier…

— Je t’enseignerai la Légilimancie, si tu l’acceptes toujours.

Il ne la regardait pas, perdu dans ses pensées qui fusaient, pesant les avantages et les risques de ce plan qui se profilait. Par orgueil, il prenait à cœur sa mission de trouver ce prochain mage noir qui apeurait les hautes strates du Ministère. Et Gellert l’avait vu, ce sorcier ou cette sorcière si consumé par la magie noire qu’il ou elle avait vu son visage être atrocement déformé et mutilé par les forces sombres qui semblaient avoir été beaucoup plus sollicitées que par Grindelwald lui-même. Ainsi, tous les moyens étaient bons empêcher cet avènement et le mage noir repenti était un fervent partisan du dicton « la fin justifie les moyens. » Ce qu’il s’apprêtait à proposer à l’élève, n’était-ce pas pour le plus grand bien, au final ?

— Je t’enseignerai la Légilimancie si tu fais quelque chose pour moi. Tu ne diras pas à Rosier que je suis au courant. En revanche, quand tu seras suffisamment entraînée, je veux que tu me tiennes au courant de ce qu’il se passe dans sa tête, en détails. Que tu espionnes son esprit, en quelques sortes. Tu as le droit de refuser, mais sois bien consciente que je parlerai de Rosier au professeur Dumbledore. Et peut-être de toi, je ne sais pas encore.

Son regard s’était planté de nouveau dans les yeux humides de sa jeune élève qui venait sûrement de vivre un des débuts d’années scolaires les plus mouvementés de sa courte vie. Grindelwald voulait laisser croire à O’Gerthy qu’elle avait le choix alors qu’elle était au final dos au mur, le tout sans la moindre menace. Elle était libre de choisir ce qu’elle désirait et des conséquences que cela aurait. Elle pouvait apprendre la Légilimancie, destinée à lui faciliter sa vie, en contrepartie d’espionner Desiderata afin de potentiellement protéger d’autres existences dans le futur. Elle pouvait refuser et leur accord s’arrêterait ici. Les cours reprendraient de manière froide et protocolaire et Gellert oublierait jusqu’à l’existence de cette élève parmi tant d’autres, malgré son regard de rapace posé depuis l’ombre sur la jeune Rosier dont le nom venait d’être prononcé et qui raisonnait encore sur les parois des murs de la salle de cours. Une jambe nonchalamment posée sur son bureau, les bras croisés avec sévérité, le visage impassible et froid, Grindelwald se délectait désormais de cette attente de voir une jeune élève perdue choisir le chemin qu’elle choisirait d’emprunter.

Eh non, Lena n’est pas la force incarnée. Elle n’a jamais été forte que ce soit de corps ou d’esprit. C’est une fillette fragile, facile à briser et tout autant à manipuler. Il est fortement possible que cela déplaise au grand Grindelwald qui recherchait toujours la perfection, mais nous sommes dans une école peuplée de jeunes gens naïfs et maladroits et Lena avait beau être douée en divination, elle n’en demeurait pas moins une élève ordinaire contrairement à Lavande, Jedusor, Kanaeko ou (même) la petite Rosier qui sont, on peut le dire, des élèves exceptionnel, chacun à leur manière. On peut juste dire qu’elle a de l’ambition et encore, cette ambition est gâché par un désir maladif d’aider des personnes qui sont, probablement, déjà perdues. Nombreux de ses points pouvaient répugner l’ancien mage noir et pourtant, sa réponse surprit totalement la petite femme qui avait cru mal comprendre… Elle relève la tête et se frotte les yeux, essayant de se calmer.

Son regard embrumé par les larmes se posa sur le professeur de Runes qui ne la regardait plus… Il acceptait, en toute connaissance de cause de lui apprendre la legilimencie… A ce moment là, Lena aurait bien voulu savoir ce qu’il avait en tête. Elle n’y voyait pas grand-chose, mais il lui semblait bien pensif.

Le temps qu’il se tourne vers elle, Magdalena avait eut le temps de calmer ses sanglots, retenant un peu son souffle, ayant peur de ce qu’il allait dire car, bien sûr, des conditions allaient être imposées. Finalement, ces conditions lui semblaient à la fois simple et bienvenues… Ça allait être facile de le faire sans se mettre Desiderata à dos car cette dernière désirait apprendre l’Occlumencie. S’entraîner ensemble semblait à la fois logique et inévitable. Elle pourra, donc, entrer dans son esprit et faire son rapport gentiment sans pour autant avoir la sensation de trahir son amie. Après tout, qu’allait elle apprendre de dangereux ? Déjà, elle se doutait de ce qu’elle allait voir : Une enfance entourée de gens malfamés, sûrement mages noirs eux même, lui enseignant les valeurs du sang pur et le dégoût des né-moldus. Elle ne réfléchit pas longtemps pour accepter d’une voix toujours tremblante :

« J’accepte votre offre… »

Dans le fond, elle ne pouvait le savoir, mais elle menait un combat équivalent à celui de Gellert : Lui aussi voulait prouver l’innocence d’une personne auprès de laquelle il s’était rapprochée malgré lui. Elle ne cachait pas son soulagement. Cette offre la mettait peut-être dos au mur dans un sens, mais c’était une très bonne idée… Il ne servait à rien d’être renvoyer, cela ne ferait qu’emmener Desiderata sur une mauvaise voie. Avec Gellert, elle a une chance. Après tout, sa prophétie parlait de lui. Il n’y avait plus qu’a espérer qu’il allait la mener vers de meilleurs horizons.

« Je vous dirais tout ce que j’apprendrais, je vous le promet… Je ne veux que le bien pour Desiderata, vous savez… Je sais… Qu’elle serait renvoyée si ça venait à se savoir… Ce serait mauvais pour elle... »

Puis une pensée lui traversa l’esprit. Elle hésita et ravala sa question, ayant peur de sa réaction, lui qui avait menacé de la tué quelques secondes plus tôt. Mais, est-ce que tout cela valait le coup ? Grindelwald risquait bien pire que Desiderata ou Lena. Il risquait un retour pur et simple à Azkaban si toute cette histoire venait à se savoir. Qu’est-ce qui pouvait bien animer la volonté du mage noir au point qu’il prenne de tels risques ?… Au final, elle se demandait si ce n’était pas juste pour tromper l’ennui. Après tout… cet homme a été en cavale pendant de longues années. Le risque, ça le connaît.

Automne 1942.

Grindelwald n’avait jamais eu peur de se montrer trop brutal avec les élèves de Poudlard. Son ton pouvait être aussi cassant qu’avec ceux qui le suivaient aveuglément autrefois. Pour lui, c’était sa façon d’imposer son autorité. Cette dernière n’était pas discutable et il faisait intelligemment comprendre qu’il était le seul dans la pièce en position de force, peu importe le tempérament en face. Rosier lui avait tenu tête mais avait quand même été profondément secouée, malgré ce qu’elle avait voulu laisser paraître. Quant à O’Gerthy, bien moins solide mentalement que sa camarade de première année, s’était déjà effondrée au sol en pleurs. Le mage noir n’avait pas souhaité à telle extrémité mais si cela pouvait amener la troisième année à lui porter allégeance, alors il n’allait pas rechigner dessus et avoir des états d’âme pour avoir faire pleurer l’adolescente. Ainsi, il continua de la toiser en silence, le temps qu’elle retrouve son souffle et qu’elle réfléchisse à sa proposition unilatérale. Lui donner l’impression qu’elle avait le choix sans le lui laisser. Il valait effectivement mieux pour elle qu’elle acquiesce et passe ce pacte avec lui. Beaucoup auraient pu penser qu’elle vendait son âme au Diable. C’était relativement similaire mais au final, n’était-ce pas pour le plus grand bien ?

Grindelwald, du haut de sa noble stature, esquissa un sourire satisfait en attendant la jeune fille accepter sa proposition. Elle insista cependant pour prendre de nouveau la défense de Rosier, ce qui n’intéressa pas l’ancien mage noir qui chassa ses derniers propos d’un revers de la main. Il se moquait que la jeune fille se fasse renvoyer, ce n’était pas ça le plus important, c’était de savoir ce qu’elle comptait faire, tout simplement. À onze ans, elle serait facilement contrôlable. La rendre hors d’état de nuire serait facile mais il fallait la collaboration totale d’O’Gerthy. Pourtant, malgré la faiblesse flagrante et la troisième année, Grindelwald ne parvenait pas à lui faire totalement confiance. Vu sa façon de défendre la tête blonde de Serpentard, il craignait que la jeune sourde ne finisse par se retourner contre lui d’une façon ou d’une autre. Bien évidemment, il fallait un certain culot pour choisir une enfant de onze ans au plus puissant mage noir du siècle. Ou une certaine inconscience. Dans tous les cas, un manque certain de sagesse et de lucidité et, surtout, un instinct de survie parfaitement atrophié. De toute façon, la Légilimancie lui permettrait de garder un œil sur sa disciple. À lui d’adapter son cours pour garder un parfait contrôle sur la situation.

Albus n’avait pas accepté sa proposition la première fois. Et même s’il lui en touchait deux mots sur les agissements de Rosier (même s’il sentait que le sujet allait être plus qu’épineux), il n’était tout de même pas certain que le professeur de métamorphoses lui accorde le droit d’enseigner la Légilimancie. Le risque était énorme. Cependant, Grindelwald n’allait pas se faire impressionner par deux enfants de onze et treize ans. Pour lui, la situation était facilement sous contrôle et s’il devait intervenir par la force pour remettre de l’ordre, il n’hésiterait pas un instant. Même privé de sa baguette, il n’avait rien perdu de ses pouvoirs et aimait se penser toujours aussi dangereux. Même si ses intentions étaient de toujours protéger la communauté sorcière, à sa manière certes, il désirait presque se frotter à ce fameux nouveau mage noir, juste par orgueil et fierté. Confronter sa puissance à celle qui faisait trembler jusqu’à Dumbledore lui-même. Grindelwald l’avait vu, ce sorcier ou cette sorcière qui s’attaquerait aussi bien aux Moldus qu’aux siens et il ne pouvait l’accepter. Alors tous les moyens étaient bons pour empêcher cet avènement, même si cela devait par passer rendre service à une élève sourde tout en l’envoyant en mission d’espionnage sur une enfant de onze ans.

— Parfait. Je te reviendrais vers toi lorsque j’aurai trouvé un créneau pour toi. Maintenant hors de ma vue.

La porte de la classe se rouvrit comme s’il y avait eu un simple courant d’air, malgré les fenêtres fermées. Il la désigna du menton et tourna le dos à son élève, finissant de ranger ses affaires, s’attendant à la voir déguerpir au plus vite de ce lieu où il affectionnait y faire régner une atmosphère lourde et pesante.