Des sacrifices de l'affection - Grindelwald - Page 3



 
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Des sacrifices de l'affection - Grindelwald

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Belladone Raven
Belladone Raven
Âge : 28 ans
Sang : Sang-Pur
Nationalité : Anglaise
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Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal
Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
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MessageSujet: Re: Des sacrifices de l'affection - Grindelwald  Des sacrifices de l'affection - Grindelwald - Page 3 Icon_minitimeVen 20 Nov - 11:20



Des sacrifices de l'affection

Salle d'Etude des Runes

Automne 1942

Il y’avait un seul et unique domaine en ce bas monde dans lequel Belladone pouvait se vanter de surpasser le grand Gellert Grindelwald ; l’affection. Et en réalité le cœur immense du jeune sorcier avait rarement joué en sa faveur, et peu étaient enclins à y voir là une force mésestimée, raillée parfois, piétinée, souvent. Foulées aux pieds par la convoitise des opportunistes et la cruauté des méchants, les émotions de Belladone se comparaient à une mer houleuse, sur laquelle le moindre mot, la moindre injustice avaient l’effet d’un véritable cataclysme. L’âme d’enfant devenue fragilité extatique d’adulte n’avait plus honte de sentiments exacerbés, certes, mais qu’il acceptait comme des amis, forces alliées d’un monde qui luttait, en vain, pour faire reculer une tendresse qui s’accrochait à certains cœurs comme un hôte embarrassant, handicapant, presque. Pourtant, c’est bel et bien ce rejet de la honte pour quelque chose dont il glorifiait la pureté et la rareté qui le poussa à s’enfouir dans le creux de l’épaule roide et criminelle du plus grand mage noir de son époque. Et qu’importait qu’il passe pour un tendre ? N’était-ce pas ce qu’il était, après tout ?

Pourtant, dans un paradoxe déroutant, intimidant même, il avait à faire là à un sorcier dont il ne pourrait jamais qu’imaginer et contempler l’étendue de la puissance, mais aussi au plus grand néophyte en matière d’affection qui lui ait été permis de rencontrer. L’étreinte pourtant amorcée par la stature de glace du mage autrichien, appuyée par sa main roide qui s’était posée sur la nuque de son jeune ami, fut pourtant brisée par lui-même, dans un embarras manifeste devant la fougue du tendre sorcier à y répondre. Belladone laissa docilement ses doigts se décrocher du col de la cape tandis que Gellert Grindelwald se remettait debout, tendant une main amie à celui dont le séant gisait toujours au beau milieu des feuilles et de la terre humide.

Les doigts toujours légèrement tremblants s’accrochèrent à la main blanche, qui tira son corps frêle sans paraître y insuffler le moindre effort. La coquetterie du jeune homme se manifesta dans un vague geste de la main qui époussetait les feuilles de sa veste de velours brun, s’étiola sous l’obscurité qui le rendait presque aveugle et l’intimidante présence du plus incongru de ses amis. Et ses louanges avaient la simplicité enthousiaste d’un enfant émerveillé, et si certains l’auraient raillé d’une contemplation aussi ébahie d’un sortilège à la portée de tous, encore une fois, Belladone s’en moquait. C’était là à ses yeux l’apanage des grands sorciers d’être capable d’éblouir de leur puissance magique par la simplicité d’un sortilège banal, qui ne revêtait qu’une lueur chétive pour la moyenne des autres mages. Belladone n’excuserait jamais l’atrocité des crimes commis lors de la gloire du terrible Gellert Grindelwald. Pourtant il admettait avoir sous ses yeux et pour amis un des plus immenses sorciers dont les pas foulaient encore la terre, et peut-être l’aurait-il qualifié d’imbattable et d’unique, si le non moins immense Albus Dumbledore n’était pas en vie.

Un sourire satisfait, mais empreint d’une certaine modestie qu’il n’avait jamais vu sur le visage fier de Grindelwald, accueillit son admiration juvénile. Sourires bien vite éteints pour ces deux âmes rappelées à la réalité par le morceau de sorbier qui gisait au creux de la main tremblante de son propriétaire navré, ses yeux exorbités sur les volutes de fumée blanchâtre qui exhalaient le parfum âcre d’un mauvais pressentiment. Et la certitude articulée avec fermeté qui s’échappait des lèvres de Gellert résonnait aux tempes de Belladone comme le glas d’un doux mensonge empreint d’une commisération qui lui parut d’autant plus funeste qu’elle n’était pas coutumière de l’implacable mage noir, loin s’en faut. La gratitude devant cette tentative de réconfort se noya dans les quelques larmes qui perlaient de nouveau à ses cils, à l’idée d’avoir à faire le deuil de sa plus vieille amie, compagnes de ses déceptions et de ses échecs, à la loyauté sans failles, pour laquelle il vouait une affection proche d’une compagne de chair et de sang.

Le voile de larmes embuait l’encre de ses yeux, et son regard figé de chagrin qui contemplait avec une stupeur horrifiée l’état de sa baguette qui gisait, fumante et pathétique, au creux de sa paume frissonnante de froid. C’est la fraicheur et la roideur de la main blanche de Gellert qui se posa doucement entre ses deux omoplates pour l’enjoindre à quitter au plus vite les ténèbres sépulcrales des bois qui menaçaient de les engloutir.

- Vous…Vous croyez ? Regardez comme elle fume…

Belladone leva de grands yeux implorants vers lui, dans la prière mutique de lui mentir encore, de ne pas lui faire étalage de cette vérité qu’il ne voulait pas croire encore, et qu’il engeôlait pour l’heure dans son cœur trop las qui n’avait plus la force, ce soir, d’accuser un tel choc. Le sourire rassurant de Gellert lui réchauffa quelque peu l’âme, et il suivit avec l’automatisme d’un pantin désarticulé le sillage de celui qui n’avait jamais mis les pieds dans la Forêt Interdite avant ce soir et qui pourtant semblait en connaître chaque recoin comme sa poche. Et, de fait, le mage noir était décidément plein de ressources, car les cimes acérées des Tours vinrent bientôt découper les cieux d’encre qu’auréolaient la Lune, les lumières se découpant aux nombreuses fenêtres éclairant leur sillage. Une bouffé de réconfort vint gonfler l’âme lasse de chagrin de Belladone. Poudlard avait sur son esprit le même effet doucereux et nostalgique que lui inspirait le manoir familial. Il était à la maison.

Elle devait paraître très étrange, leur arrivée à tous deux, ébouriffés et les joues rosies par le vent, la mise d’ordinaire impeccable de Belladone souillée par la terre fraîche et les feuilles qu’il n’avait balayé que d’un revers de main distrait et insuffisant. Sa baguette fumante pendait toujours mollement au creux de sa main quand Gellert le saisit par les épaules pour le tourner vers lui et planter son regard dans le sien. La cuisine. Belladone réfléchissait au ralenti, comme absent, rendu apathique par les évènements de la soirée qui le laissait là, pantelant et à la merci des décisions que Gellert prenait d’une main résolue et ferme. Non. Ils avaient suffisamment erré, risquaient tous deux encore de gros ennuis, quand lui avait essuyé quelques jours auparavant la terrible semonce d’Albus Dumbledore. Et puis, il ne voulait croiser personne, n’avait nulle envie d’expliquer, de saluer ou de bavarder. Lentement, Belladone secoua la tête ;

- Je préférerais mon bureau, si cela vous convient à vous aussi…Nous boirons un thé là-bas, je n’ai envie de croiser personne…

D’un geste frileux, Belladone resserra les pans de son manteau, un œil toujours empreint d’une stupeur horrifiée fixé sur sa baguette. Il avait oublié qu’il avait eu froid, et à cette seconde, rien d’autre ne lui faisait envie qu’un thé bien chaud, son fauteuil devant l’âtre ronflant, et Gellert qui le rassure, lui affirmant ce qu’il ne voulait pas encore accepter.



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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Des sacrifices de l'affection - Grindelwald  Des sacrifices de l'affection - Grindelwald - Page 3 Icon_minitimeDim 22 Nov - 19:26



Des Sacrifices de l'Affection

« I KNOW WHAT I SAW »

Automne 1942.

Gellert n’avait jamais été d’un naturel ni affectueux, ni tendre. Très tôt, il avait connu une vie rude, notamment de par Durmstrang, et avait rapidement fait ployer ses confrères sorciers à la rudesse de son âme. Il avait balayé les émotions d’un revers de la main, enterré l’amour qui lui causé dans de peine, de douleur et de honte, n’ayant pas assez de courage pour porter ce fardeau. Il n’était que froideur polaire et braiser ardent. D’une rigidité implacable mais d’une fureur impulsive qui réduisait en cendre la source de la moindre contrariété. Et pourtant, il se sentait parfaitement démuni face à une situation comme celle-ci. La peine, la détresse de son ami lui crevait le cœur, qu’il pensait mort depuis des décennies mais qui semblait se remettre à battre avec de plus en plus de force jour après jour. Oui, Gellert Grindelwald était peiné pour Belladone Raven, sorcier sans talent magique particulier. Il était peiné de savoir que son pauvre collègue avait possiblement perdu sa baguette et il pouvait presque ressentir le déchirement certain de cette âme trop sensible dont il se surprenait chaque fois d’apprécier si fortement la compagnie. Il regrettait tout ce qu’il s’était passé dans cette forêt, portant seul la responsabilité de tous les évènements.

Belladone indiqua de ne pas vouloir aller dans les cuisines, ce que Gellert comprit et accepta parfaitement. Il était vrai que la nuit n’était tombée que récemment. Même si tous les élèves avaient dû regagner leurs salles communes, les elfes de maison étaient sans nul doute en train de ranger les restes et vaisselles du dîner. D’un air un peu gêné et sincèrement attristé pour Belladone, le mage noir baissa la tête, n’osant dire quoique ce soit. Il remarqua alors que son ami semblait grelotter légèrement. Était-ce le froid ou l’anxiété d’avoir perdu quelque chose qui lui était cher ? Gellert retint un soupir et regarda autour de lui. Les Aurors qui trainaient vaguement ne semblaient pas faire attention à eux. Il enleva alors son manteau sombre et le passa sur les épaules de Belladone. Avec un sourire amical, il posa une main sur son épaule et l’invita à se diriger vers son bureau. Ils ne croisèrent personne dans les escaliers. Tout était incroyablement calme. Trop peut-être, finalement. Le mauvais pressentiment de Grindelwald se révéla alors vrai quand une voix stridente se fit entendre dans leur dos. Cela ne faisait que quelques semaines que le mage noir vivait sous le toit de Poudlard et pourtant, cette voix, il ne la connaissait que trop bien.

— C’est le petit Belladodu
Qui se fait raccompagner par un malotru
Et avec sa baguette d’où sort plein de fumée
On dirait qu’il va se mettre à pleurer !

La mine attristée disparut du visage de Gellert pour ne laisser place qu’à une sourde colère amère. Il ne supporterait pas que Peeves l’esprit frappeur de Poudlard les embête plus longtemps en chantonnant son petit refrain certainement improvisé. De plus, il n’aimait guère la présence de ce spectre taquin autour de lui. Il y avait des secrets qu’il préférait garder et il semblerait que Peeves ne soit pas très disposé à les garder quand ils avaient le malheur de tomber dans ses oreilles fantomatiques. Il encouragea Belladone à poursuivre sa route vers la salle de Défense Contre les Forces du Mal dont la porte se trouvait à seulement quelques mètres et se retourna vers l’importun. Aussi subitement qu’elle était venue, la colère disparut pour laisser place à une sorte de malice malveillante dans les iris hétérochromes du mage noir. Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres fines. Il voulait juste faire partir Peeves le plus vite possible. Si Belladone ne voulait croiser personne, cela ne faisait aucun doute que l’esprit frappeur était la pire rencontrer à faire. Avec Albus Dumbledore peut-être. Quoiqu’il en soit, il fallait retirer rapidement cette dérangeante présence avant que le moral de Belladone ne descende encore plus bas.

— Écoute Peeves. Le Professeur Raven a besoin de calme. Va embêter les élèves qui fouinent dans les couloirs ou alors tu as ma parole que dès demain, je me mets à chercher activement une façon de te faire disparaître définitivement. Et je pense que tu sais que lorsque j’ai décidé de m’investir, je ne fais pas les choses à moitié.

Son ton était calme et ses mains croisées dans son dos. Il avait un regard par le bas, comme s’il essayait de regarder par-dessus des lunettes en demi-lune qu’il ne portait pas. Peeves eut une sorte de rictus, leur tira la langue de façon très sonore avant de partir en continuant de chanter son petit refrain. Si sa petite menace l’avait fait partir, la rumeur concernant la baguette de Belladone ferait certainement rapidement le tour du château. Gellert avait pour espoir que l’esprit frappeur se trouve une nouvelle plus croustillante dans la nuit pour la crier dès le matin dans les couloirs. Le mage noir rentra alors dans la salle de classe vide, où pendait toujours l’immaculé squelette de dragon au plafond. Il poussa la porte du bureau et fit un sourire à Belladone. Silencieusement, il lui demanda la permission de prendre la baguette endommagée afin de mieux constater les dégâts à la lumière des bougies. Avec une précaution particulièrement soignée, une délicatesse que ses doigts pâles étaient parfaitement capables de prodiguer, il fit tourner le morceau de sorbier sous son regard. Il était étrange que la baguette réagisse si mal à sa magie. Il l’avait pourtant utilisé une fois, face à un Épouvantard. Et il avait par ailleurs raté deux de ses sortilèges à ce moment-là. Peut-être ne voulait-elle simplement pas écouter un sorcier à l’âme si noire ? Après tout, lui et Belladone n’avait absolument aucun point commun, si ce n’était cette envie de savoir tous les secrets du monde. Mais leurs tempéraments étaient parfaitement opposés.

— Je ne suis pas expert, mais j’ai lu quelques ouvrages sur le sujet. Il se peut qu’elle ait juste refusé de m’obéir et qu’inconsciemment, je l’ai faite pliée quand même. Mais je ne vois aucune fissure nulle part. Je pense qu’elle n’a pas trop souffert. Plus de peur que de mal.

Il la déposa délicatement sur le bureau comme si elle pouvait exploser à tout instant et essaya de sourire à Belladone. Il voulait réellement le rassurer et le fait de n’avoir vu aucun dégât extérieur le rassurait. Seulement, s’il s’avérait que les dommages soient plus conséquents que prévu…

— Cependant, si elle est vraiment endommagée, j’aurai peut-être un moyen de la réparer. Ce serait très risqué cependant autant pour moi que pour toi, mais j’endosse la responsabilité de ce qu’il s’est passé. Je ne te mettrai plus en danger et si je dois réparer ta baguette seul, je le ferai.

Son air était solennel. Il avait détruit trop de choses dans sa vie qu’il ne pouvait laisser passer un tel accident sans essayer de faire le nécessaire. S’il prenait effectivement le chemin de la rédemption, il se devait tenir à un honneur tout particulier. Et cet honneur passait par respecter cette amitié qu’il avait bafouée quelques heures plus tôt à cause d’une accusation aussi infondée qu’hâtive. Il eut alors un sourire visant à de nouveau rassurer Belladone.

— Mais je suis confiant sur le fait qu’elle n’ait rien. Elle a… peut-être juste eu un coup de chaud.

Il devait avouer qu’il ignorait si cela était possible. Ses deux baguettes, même si elles lui appartenaient, avaient été des têtes de mule. Gellert avait dû forcer auprès d’elle et les plier à sa volonté par le biais d’une force mentale inébranlable dont l’Europe des sorciers avait eu un aperçu. Le pauvre de bout de sorbier, habitué à une âme bien trop pure et une magie assez faible, avait certainement mal encaissé la poigne du mage noir. Même s’il n’avait aucune connaissance concrète pour baser son diagnostic hasardeux, il demeurait toutefois convaincu que celui-ci demeurait plausible et que son indisponibilité ne serait que temporaire. D’ailleurs, Grindelwald l’espérait véritablement. Sinon, il s’agissait peut-être de sa dernière nuit à Poudlard. Malgré cette idée sombre, il essayait de demeurer calme, évitant de rajouter une anxiété supplémentaire à son jeune collègue.
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MessageSujet: Re: Des sacrifices de l'affection - Grindelwald  Des sacrifices de l'affection - Grindelwald - Page 3 Icon_minitimeMer 25 Nov - 15:44



Des sacrifices de l'affection

Salle d'Etude des Runes

Automne 1942

Belladone semblait seul, les pieds embourbés dans le marasme d’un chagrin solitaire, pleurant l’agonie de sa plus fidèle amie qui gisait là, pathétique, au creux de sa paume grelottante. Le silence vrombissait contre la pierre glacée du couloir, chuintait aux oreilles malheureuses du jeune mage abasourdi de la peine qu’il contemplait là sous ses yeux écarquillés et comme éteints, devant les vestiges de ce qui avait été sa plus loyale compagne d’espoir et d’infortune. C’est le poids d’une étoffe lourde qui lui tombait sur les épaules, dans une chute délicate et précautionneuse, qui lui fit lever des yeux rendus hagards, comme s’il se rappelait à l’instant de la présence de Gellert à ses côtés. Son regard d’encre se tourna une seconde, comme incrédule, sur la longue cape de cuir qui pendait, trop grand, le long de son corps frêle, puis vers Gellert qui esquissait un sourire qui se voulait rassurant, une main sur son épaule. Une larme brilla au coin de ses cils, devant la prévenance incongru, incompréhensible, qu’avait pour un médiocre mage tel que lui le plus grand mage noir de son temps.

Se pourrait-il qu’il ait eu raison ? L’affection, la repentance, l’amour pouvaient donc sauver toutes les âmes ? Ô comme Belladone aurait voulu qu’ils soient tous là, ceux qui l’avaient pointé de leur doigt goguenard ! Ceux-là mêmes dont les rires avaient noyé sa prétendue faiblesse dans la fange, quand le miracle était là, sous les yeux du jeune homme trop tendre, voué aux gémonies par cette promotion raillarde d’élèves qui avaient tant ri d’une délicatesse qu’ils n’étaient pourtant pas parvenus à arracher de cette trop bonne âme. N’avait-il pas la preuve que leur persifflage éhonté avait heurté en vain et à tort le cœur béant de l’enfant d’autrefois ? Belladone aimait Gellert, et celui qui, peut-être, s’étaient révélé être le plus dangereux de tous les sorciers de son siècle ne lui rendait-il pas là son affection, dans sa forme primaire, abrupte, de néophyte en émotions refoulées avec application tout au long de sa trop longue vie d’horreur et d’effroi ?

La victoire avait beau lui paraître immense, elle restait pleine d’humilité. Et c’est le visage baissé et les yeux étincelants, les bras enfouis dans les tréfonds de la large cape chaude, tandis que seul le bruit de leurs pas trahissait leur présence au cœur des marches à la tombée de la nuit. Et Belladone ne voulait rien voir, ni la lueur vacillante des bougies qui brûlaient sur les candélabres, ni les respectueux saluts des petits personnages excentriques qui courbaient l’échine sur leur passage, coincés dans l’écrin doré du cadre de leurs tableaux. Il ne pouvait ignorer pourtant ce visage grossier aux lèvres épaisses, sur lequel flottait un sourire carnassier, coiffé d’un haut de forme ridicule qui rendait la silhouette spectrale grotesque et ridicule. Et il y’avait certains us dont Belladone ne s’était pas déparé lors de son retour à Poudlard. Fuir coûte que coûte l’esprit frappeur ordurier était vite devenu une des règles primordiales de survie, le mauvais esprit se délectant de la tendresse exacerbée du petit garçon d’autrefois, et de l’aisance à extirper de grosses larmes de ses grands yeux noirs.

Aujourd’hui il semblait là tenir un potin délicieux, et sa bouche molle s’étirait devant le spectacle incongru de l’ancien élève joufflu qui se tenait là le visage éteint, noyé dans la cape trop large du criminel Autrichien qui le suivait sans mot dire, sa baguette fumante, pathétique, entre ses doigts tremblants. Le sobriquet douloureux dont l’avait affublé certains lors de sa scolarité résonna à ses oreilles, lui firent courber l’échine un peu plus, le souvenir de l’enfant autrefois raillé ajoutant l’humiliation à la peine qui lui courbait déjà le dos. Le regard entendu de Gellert encouragea le jeune homme à franchir les quelques mètres qui le séparaient de son bureau. Une bouffée de reconnaissance vint envahir le corps grelottant de Belladone qui se hâta, tête basse, de s’engouffrer au creux de la solitude familière de sa salle de classe. Et une fois la porte du bureau franchie, l’âtre vide et froid qui l’accueillit lui creva un peu plus le cœur, devant ces petits feux joyeux qu’il se plaisait à faire naître au creux de la pièce. Ce soir sa baguette gisait dans sa main, et aucune lueur d’aucune sorte ne s’extirperait des vestiges de bois desquels s’échappaient toujours d’inquiétants volutes de fumée blanchâtre. Belladone fut arraché de ses lamentations éperdues par l’arrivée discrète de Gellert qui le rejoignant au creux de son antre glacial qui, d’ordinaire, avait de chaleureuses allures de boudoir tiède. Ce même sourire rassurant de mage noir terrible qui s’essayait à l’affection aux lèvres, Grindelwald tendit les doigts, et Belladone déposa docilement la baguette qui semblait brisée au creux de la paume blanche.

Les doigts d’albâtre tourbillonnaient avec une grâce surprenante, qui auréolait de fait chaque geste roide de l’auguste mage qui contemplait la baguette de son médiocre ami avec un sérieux appliqué, avant d’entamer dans une litanie prudente un discours qui se voulait rassurant. Sans doute la baguette avait-elle rejeté l’autorité de Gellert, mage aux antipodes de son propriétaire légitime, et sans doute le résultat de cette rébellion pliée par l’aura magique du puissant sorcier avait-elle eu d’éphémères conséquences sur son état de fonctionnement. Son verdict rendu, Gellert déposa avec un soin extrême la baguette sur le bureau de son propriétaire, tandis qu’il reprenait le fil d’un discours devenu soudain beaucoup plus grave. Et Belladone se redressa, ignorant à quelle extrémité était prêt le mage noir repenti, mais sachant toutefois à quel point il ne fallait pas prendre ses paroles à la légère :

- C’est hors de question. Il ne s’agit que d’une simple baguette, et je suis un idiot. J’en achèterai une autre sur le Chemin de Traverse, si elle devait ne plus fonctionner.

Belladone avait levé son regard, désormais sec, vers son intrépide ami. A quoi bon risquer sa vie et son sort pour un simple bout de bois, si précieux fut-il à son jeune comparse ? Avait-il seulement eu, une seule fois dans sa vie, la conscience des risques qu’impliquaient son audace folle ? Parce qu’il fallait bien qu’il soit fou, ou bien réellement inconscient, pour prendre le risque de s’immoler une fois encore au désespoir des Détraqueurs, pour réparer un simple bout de bois que Belladone pouvait remplacer en échange de quelques gallions. Il eut un soupir désabusé. Oui, il était parvenu à faire découvrir l’affection à Gellert. Mais ce néophyte en matière de camaraderie avait invraisemblablement des progrès de mesure à réaliser. Qu’importait, la patience infinie de Belladone, qui s’essaya à sourire, y parviendrait. De cela, il était persuadé.

- Vous avez sans doute raison. Je vais attendre quelques jours. En attendant, je vais nous servir du thé à la Moldue. Aussi, je vous abandonne un instant.

Le jeune homme s’extirpa de son siège, y déposant soigneusement le large manteau de cuir dont le grand Gellert Grindelwald l’avait revêtu, s’affairant autour de son service de porcelaine que, d’ordinaire, il lui suffisait de faire léviter d’un mouvement souple du poignet. Comme faire disparaître l’idée saugrenue qui avait traversé l’esprit de Gellert, mais aussi pour détendre l’atmosphère glaciale sur laquelle une chape de plomb semblait peser, Belladone, le dos tourné, s’exclama faiblement :

- Je regrette de plus en plus de n’avoir pas opté pour l’Etude des Moldus. Je suis d’une lenteur épouvantable sans Magie…


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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Des sacrifices de l'affection - Grindelwald  Des sacrifices de l'affection - Grindelwald - Page 3 Icon_minitimeJeu 26 Nov - 19:33



Des Sacrifices de l'Affection

« I KNOW WHAT I SAW »

Automne 1942.

La réponse de Belladone ne tarda pas à venir. Évidemment qu’il refusa la proposition audacieuse de Gellert qui avait abordé la possibilité d’une mission quasi-suicide afin de réparer la baguette de sorbier. Face à ce refus, le visage du mage noir resta de marbre. Il se doutait depuis le début qu’il devrait s’infiltrer au Ministère seul. Ce ne serait certainement pas si difficile. La principale difficulté reposait surtout en la personne d’Albus Dumbledore, qui tenait à l’accompagner à chaque fois qu’il était exhibé à la vue de tous les employés de l’instance politique sorcière, dans sa cage de fer parfaitement inutile mais qui n’était là que pour flatter l’ego d’Hector Fawley qui n’avait jamais pris Grindelwald très au sérieux. S’il s’agissait de moments très peu agréables à passer, jusqu’au compte rendu devant le Magenmagot et les Aurors, Gellert se retrouvait au cœur du Ministère, non loin de la Baguette de Sureau. Il lui fallait juste réfléchir à un moyen de se déjouer de sa surveillance aussi étroite que constante afin d’aller chercher sa baguette et réparer celle de Belladone. Mais comme le disait également son jeune ami, il pouvait tout aussi bien en racheter une sur le Chemin de Traverse.

Gellert haussa les épaules avec une moue, admettant la solution parfaitement raisonnable de Belladone. Cela dit, si le mage noir devait retourner d’ici quelques jours à Azkaban, il pouvait toujours tenter le tout pour le tout en guise d’adieu. Il était trop tôt pour se prononcer de toute façon. Le visage fermé, ses yeux trahissant une certaine culpabilité mal dissimulée, il regarda Belladone partir faire son thé « à la Moldu », comme il disait. Gellert n’appréciait ce trait de paresse de la part d’un très grand nombre de sorciers. Parce qu’ils étaient capables de maîtriser et d’utiliser la magie, cela semblait leur donner l’excuse de ne rien savoir faire manuellement. La plupart était d’une faiblesse physique effrayante, incapable de tenir une course légèrement soutenue ou même de se battre avec la seule force de ses bras. Il était trop difficile de soulever des objets lourds, de faire chauffer de l’eau aussi visiblement, ou même de se déplacer pour aller chercher les ustensiles voulus. Gellert n’était pas dans cette optique-là. La magie était, en plus, devenue facilement traçable. Toujours impassible, il regarda Belladone s’empêtrait avec ses propres gestes, comme s’il n’était pas très conscient de la portée de ses membres.

— L’Étude des Moldus n’aurait rien changé à cela. C’est juste un usage abusif de la magie. Je la perçois plus comme un outil que comme un mode de vie. Et parfois, nous n’avons pas besoin d’outils pour faire certaines choses.

Il essaya un sourire, bien qu’un peu morne et qui ne semblait pas avoir détendu l’ambiance plus que cela. Cette dernière était lourde, sûrement par Grindelwald qui ne pouvait s’empêcher de ressentir cette culpabilité en lui et cette crainte indéniable de retourner à Azkaban, si ce n’était pire. Il avait des choses à faire encore. Il en était persuadé. Son travail n’était pas terminé, même s’il s’agissait simplement d’éduquer les générations futures dans la traduction des runes. Gellert finit par se lever, percevant bien que Belladone était trop bouleversé pour faire quoique ce soit de probant.

— Je vais m’en occuper. Je pense que cela faisait suffisamment longtemps que je suis en Grande-Bretagne pour que je sache comment faire un thé.

Il sourit et d’un geste tendre fit retirer la main de Belladone du service à thé et l’invita, toujours avec une douceur quelque peu sournoise, à s’asseoir. Il plaça les infusions dans la tasse et quand la théière se mit à fumer, versa l’eau chaude. Il les servit tous les deux et s’assit devant son collègue. Cependant, il resta très silencieux, ne sachant trop quoi dire, les yeux rivés sur le morceau de sorbier qui fumait beaucoup moins désormais. En réalité, il ne savait trop quoi dire pour briser ce silence qu’il créait tout seul. Toute cette situation était de sa faute. Son esprit gangréné par le mal ne voyait que le noir, tout le temps. Finalement, après plusieurs dizaines de secondes dans le silence le plus total et quelques gorgées de thé, il finit par dire d’une voix légèrement éteinte :

— Je suis désolé. Je n’aurai pas dû m’emporter contre toi.

Le regard bas, Gellert Grindelwald n’était toujours pas habitué aux excuses. Lui qui avait retiré la vie à tellement de gens, le voilà qu’il s’excusait, peut-être pour la deuxième fois, auprès d’un sorcier aux pouvoirs relativement faibles. Mais sa bonté pure était rayonnante et peut-être, à force, Gellert en était irradié. Peut-être venait-il à se montrer plus conciliant, plus doux, plus humain. Il eut un sourire un peu las et regarda sa tasse de thé. Son manteau était toujours dans le dos de Belladone mais il n’avait pas froid pour le moment. Si son ami voulait le garder pour le moment, qu’il ne se prive pas. Toujours sans le regarder dans les yeux, une pensée lui revint à l’esprit et, prudemment, il dit :

— Dis-moi… Je peux comprendre si c’est trop personnel mais… pourquoi Peeves en a autant après toi ? J’ai cru comprendre qu’il laissait relativement les professeurs tranquilles. J’ai pensé que c’était parce que tu avais été élève mais, techniquement, vous avez tous été élèves à Poudlard. Donc ça ne tient pas.

Il ne voulut pas aborder le sujet du sobriquet dont Peeves l’avait affublé. Cela remontait certainement à l’époque où il était élève. Si Belladone avait toujours semblé conserver un profond attachement à Poudlard, Gellert n’avait pas eu vent d’une scolarité difficile. Pourtant, il n’avait pas semblé être le plus populaire. Certainement bon élève, il n’avait pas semblé avoir au centre d’amitiés fidèles et durables. Sinon, pourquoi perdrait-il son temps, son énergie et maintenant sa baguette auprès du plus dangereux criminel que l’Europe ait porté ? Curiosité malsaine involontairement dissimulé par son cœur trop honnête et trop bon ? Le mage noir ne comprenait toujours pas comment ce brave Belladone pouvait avoir la patience nécessaire pour supporter un être tel que lui, lui qui était si souvent dépeint en tant que monstre. La question pouvait également se retourner. Qu’est-ce que Gellert Grindelwald pouvait trouver à Belladone Raven au point de s’excuser sincèrement devant lui ? Il finit sa tasse. Peut-être réfléchissait-il trop, également. Il eut alors un léger soupir et un sourire discret se dessina sur ses lèvres.
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Belladone Raven
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MessageSujet: Re: Des sacrifices de l'affection - Grindelwald  Des sacrifices de l'affection - Grindelwald - Page 3 Icon_minitimeMer 2 Déc - 12:22



Des sacrifices de l'affection

Salle d'Etude des Runes

Automne 1942

Aucune insistance, pas le moindre soubresaut de colère ou d’impatience ne vint affleurer à la surface de la haute stature de Grindelwald, face au catégorique refus de Belladone. Peut-être avait-il –pour une fois- saisi les intentions du jeune homme pour ce qu’elles étaient ; de la sollicitude dans l’affection, de l’inquiétude pour une semi-liberté qu’il voulait voir préservée chez son improbable ami trop fraîchement extirpé des crocs avides des Détraqueurs pour l’y replonger aussi vite, pour une telle sottise d’autant plus. Un imperceptible haussement d’épaules, une moue désinvolte, et ce fut tout. Et Belladone avait déjà le dos tourné, et l’émotion qui s’étiolait avec une épouvantable lenteur de cette âme trop prompte au chagrin l’empêtrait dans des gestes maladroits et inusités d’usager intempestif de la magie qui semble découvrir l’usage de ses dix doigts. La voix placide, d’une gravité tranquille du mage noir repenti retentit derrière lui, invoquant la paresse et l’abus de ces sorciers nés pour qui la magie était devenue une seconde nature. Belladone soupira, vaguement d’accord, trop las pour se mêler à l’houleux débat dont les prémisses se présentaient avec un danger latent dans le marasme duquel il n’avait pas le courage de s’embourber.

La porcelaine s’entrechoqua dans un fracas délicat entre les doigts tremblotants et mal assurés du trop émotif jeune homme. La seconde d’après, la main blanche du mage Autrichien s’emparait de la sienne, et, dans un sourire esquissé avec tendresse, le chassait du service à thé que ses doigts gourds ne malmenaient que trop. Belladone retourna se tapir au fond de son siège trop froid, resserrant les pans du large manteau de cuir autour de son corps gourd et gelé par l’absence de feu qui conférait à l’âtre l’apparence morne et triste d’un tombeau gelé par l’hiver. Et l’instant d’après le plus grand mage noir de l’époque apportait entre ses mains blanches le service à thé fumant, là où le britannique de souche s’était emmêlé les doigts. Le jeune homme s’empara d’une tasse avec reconnaissance, serrant ses mains autour de la porcelaine chaude en offrant un large sourire plein de gratitude à son ami incongru.

- Merci Gellert. Je confirme, vous vous débrouillez comme un anglais de souche.

Sourire plus large, tandis que ses lèvres s’approchent de la tasse, avalant avec prudence une gorgée de temps qui lui réchauffa le cœur et l’âme. Et quand la voix étrangement mal assurée de Gellert s’éleva, Belladone, un instant, n’en crut pas ses oreilles. Ses yeux noirs hésitants, incrédules, se posèrent avec une humilité pudibonde vers le visage embarrassé du mage noir repenti. Le grand Gellert Grindelwald lui demandait pardon. A lui, sorcier médiocre, à lui, tout petit mage qu’il aurait écrasé d’un claquement de doigt. Belladone baissa le regard vers sa tasse de thé, en but une autre gorgée comme pour tenter de dissimuler ses joues qui rosissaient sous l’émotion et l’embarras, dont il pouvait sentir la morsure sous sa barbe noire.

- Oubliez ça, ce n’est rien.

Un geste évasif de la main, un haussement d’épaules. Et que dire d’autre, après tout ? Il avait déjà pardonné. Gellert Grindelwald était de ces êtres entiers, tout en fulgurance, tout en émotions et en colère, à prendre ainsi ou à laisser, au risque de dénaturer la superbe du personnage, dont les travers faisaient partie intégrante de lui. Belladone connaissait la valeur de ses excuses, chez quelqu’un de si fier, et qui avait été si craint, si vénéré et adulé qu’il ne doutait pas du courage qu’il lui avait fallu pour les arracher. La gratitude lui fit relever des yeux prudents, intimidés encore, quand la voix de Grindelwald s’éleva de nouveau. Et ses joues n’avaient pas eu le temps de pâlir qu’elles rougirent de nouveau, de cette chaleur abrupte qui enflamma ses pommettes devant le comportement ordurier de Peeves, qui n’avait pas échappé à Gellert. Il fallait bien admettre que la tendresse exacerbée de l’âme de Belladone en faisait une cible privilégiée de l’esprit frappeur, dont l’humour cruel et sournois s’abattait avec délices sur les plus faibles et les plus enclins à souffrir de ses frasques. Et ô comme il avait pu se délecter de la fragilité de l’enfant médiocre, joufflu et aux yeux noirs sans cesse larmoyants ! Ô comme il avait pu accueillir son retour avec une joie malsaine, et son nouveau statut de Professeur calmait à peine ses vilaines ardeurs, et la fange de ses injures et de ses sobriquets retentissaient, toujours aussi acerbe, sur le sillage du désormais Professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Belladone soupira, la douleur de ces réminiscences enfantines étiolée par un doux parfum de nostalgie, bercé par le vague sentiment d’avoir malgré tout profité d’une enfance heureuse à Poudlard, qu’il avait considéré comme sa maison. L’image de Lavande, dans une poigne d’acier, lui tenailla un instant les entrailles. Le petit visage grisâtre et triste à pleurer semblait lui avoir fait découvrir qu’il n’en avait malheureusement pas été de même pour tout le monde. Un second soupir, tandis que d’un geste frileux, Belladone gardait ses mains crispées sur la porcelaine chaude de sa tasse :

- Oh…, il est assez ordurier avec tout le monde, vous savez. Il n’a jamais respecté et craint que le Baron Sanglant. Il est obligé d’intervenir lorsque cela menace de dégénérer, car c’est le seul à avoir un tant soit peu d’autorité sur lui…Mais vous avez raison, j’étais une de ses cibles préférées étant enfant, alors j’imagine qu’il me voit toujours ainsi…Il était facile de se moquer de moi, parce qu’il a vite vu que ça m’atteignait toujours, et puis, j’étais un enfant plutôt joufflu, d’où ce charmant sobriquet…J’aime toujours autant les sucreries, mais, une fois l’adolescence passée, ce problème a disparu.

Belladone haussa les épaules, eut même un rire léger qui s’entrechoqua pour mourir contre les pierres trop froides du bureau qui baignait dans une pénombre que perçait, seule, la lueur blonde de la Lune. Le jeune homme reprenait doucement ses esprits, tandis que la douce torpeur du sommeil l’enivrait peu à peu, et qu’une idée pour détendre l’atmosphère et accompagner le délicieux thé confectionné par Gellert affleurait à son esprit ;

- Mais dites-moi Gellert, en parlant de cela, vous avez mangé des Patacitrouilles la dernière fois dans mon bureau, mais cela doit faire une éternité que vous n’avez pas touché à des Fondants du Chaudron ! Attendez, j’arrive.

Belladone se leva de nouveau, tournant le dos à Gellert pour fouiller son placard à confiseries duquel il extirpa, triomphal, une boite énorme qu’il n’avait pas encore entamée. Arrachant la languette de ses doigts délicats, le jeune homme souleva le couvercle, tendant le réceptacle d’un geste de courtoisie vers son ami avant de se saisir d’une de ces petites répliques de chaudron en chocolat et la mâchonner d’un air distrait, se pelotonnant un peu plus contre le dossier de son fauteuil.
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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Des sacrifices de l'affection - Grindelwald  Des sacrifices de l'affection - Grindelwald - Page 3 Icon_minitimeLun 7 Déc - 0:30



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« I KNOW WHAT I SAW »

Automne 1942.

Sans un mot, le sombre sorcier qui avait terrorisé l’Europe pendant plusieurs années regarda son improbable ami, assailli par le froid, s’envelopper dans le manteau qu’il portait quelques minutes plus tôt. Grindelwald se surprit avoir voulu être un meilleur réconfort pour le jeune Raven. S’il pouvait se montrer chaleureux, empathique et charmeur quand il avait besoin des services de quelqu’un, il se sentait bien plus démuni lorsque son interlocuteur avait besoin de lui dans un moment pareil. Non, il n’avait jamais été doué avec les relations humaines surtout quand elles étaient profondes et surtout réciproques. Repoussant l’idée même de l’affection pendant des années, des décennies même, le voilà en compagnie de l’homme le plus pur, le plus immaculé qu’il lui avait été permis de rencontrer dans sa vie. Et ce garçon avait maintenant besoin de réconfort après avoir lamentablement échoué face à des Gytrashs, lui professeur de Défense Contre les Forces du Mal, sa spécialité, et après avoir également perdu sa baguette, alliée depuis ses onze ans. Le mage noir, aussi étendu était son savoir, se sentait nu et ignorant, assis en face de ce garçon qui avait parfaitement l’âge d’être son fils. Pourtant, il était un ami. Le seul et également le plus précieux depuis des décennies.

Constatant que Belladone avait besoin de chaleur et qu’il ne pourrait pas le combler par ses seuls mots, Gellert jeta un coup d’œil à l’âtre non loin d’eux et, d’un léger geste de la main discret, enflamma les bûches qui s’y trouvaient déjà. Très vite, la chaleur des flammes vint caresser leurs joues par leur lumière dorée. Quasiment en même temps, dans une synchronisation involontaire, les deux improbables amis burent une gorgée de leur thé. Il était bon, certes, mais il y avait un il-ne-savait-quoi qui rendait cette boisson d’une qualité bien moindre de ceux de Dumbledore ou de ceux de Belladone. Peut-être le dosage de l’eau, même si cela paraissait bien improbable. Gellert eut un léger soupir, espérant cependant que cela vienne réchauffer son jeune collègue de l’intérieur, laissant aux flammes le devoir de diffuser leur chaleur dans le bureau. Le mage s’assit plus confortable dans sa chaise, non sans une certaine nonchalance insolente qui lui était caractéristique. Il regarda danser le feu dans l’âtre avant que Belladone ne vienne complimenter son thé. Gellert esquissa un sourire avant de baisser les yeux d’un air presque timide quand son ami vint lui confirmer que leur petite mésentente dans la Forêt avait déjà été oubliée.

Gellert n’osait imaginer ce qu’il aurait pu se passer si Belladone avait perdu la vie dans ce lieu interdit. Aurait-il ramené sa dépouille à la gorge tranchée à Poudlard, où aurait-il prétendu avoir perdu dans sa trace entre les troncs ? Quelque part, il l’aurait assassiné, d’une certaine façon : il aurait été complètement responsable de sa mort. De toute façon, avec ou sans cadavre, Grindelwald aurait également perdu sa vie dans cette histoire. Son existence se tenait sur le bord tranchant d’un couteau et il ne fallait pas grand-chose pour qu’il perde l’équilibre et se fasse trancher en deux. Et puis, Belladone était trop bon pour finir ainsi. Trop jeune aussi. Il n’avait même pas encore trente ans, cela aurait été parfaitement scandaleux qu’une âme si pure se termine entre les crocs d’un Gytrash et dont la seule faute aurait été d’avoir cru que Gellert Grindelwald avait peut-être un peu de lumière en lui et que cela en valait la peine d’essayer de la faire briller plus fort. Plus fort que son propre Lumos en tout cas. Le mage noir préféra chasser cette anticipation macabre de sa tête. Cela ne s’était pas produit, il n’y avait pas de raison de se torturer l’esprit avec ceci.

Inconsciemment, Belladone partagea cet état d’esprit, abordant le sujet de Peeves. Gellert l’écouta silencieusement. Il connaissait l’esprit frappeur de Poudlard de réputation mais ce dernier l’avait relativement laissé tranquille depuis son arrivée. Peut-être connaissait-il sa funeste gloire d’antan et ceci lui procurait une sorte de sauf-conduit au sein de Poudlard auprès de Peeves. Cependant, il savait également que ce dernier se montrait bien moins insupportable avec les professeurs qu’avec les élèves. La raison que Belladone eût été un élève lui-même ne fonctionnait par car l’Autrichien était le seul du corps enseignant de Poudlard à ne pas avoir été sur ses bancs. Dumbledore, Slughorn, tous avaient mis le Choixpeau sur leur tête juvénile, tous avaient dû subir les moqueries de l’esprit frappeur. Belladone lui fit alors l’étrange confession que l’enfance et la préadolescence n’avaient guère été tendres avec le garçonnet. Gellert comprenait mieux le surnom de Belladodu. Mais le jeune homme qui avait pourtant bien sûrement bien changé en quinze ans rit comme pour vouloir détendre l’atmosphère que le mage noir avait plombé un peu plus sans s’en rendre compte. Comme électrisé par le fait de parler de sucreries, Belladone se leva soudainement après avoir proposé des Fondants du Chaudron sans que son ami n’eût le temps de répondre. Un sourire amusé et tendre se dessina malgré le mage noir sur les lèvres pâles de ce dernier. Il regarda un instant Belladone, heureux de le voir de nouveau joyeux, même brièvement. Il piocha alors dans le paquet de confiserie.

— Et bien je ne suis même pas sûr d’en avoir mangé un jour.

Il regarda le petit chaudron en chocolat rempli d’une garniture inconnue. Sa mémoire eut alors la mauvaise idée de lui rappeler cette anecdote que lui avait raconté sa grande-tante, Bathilda Tourdesac, lorsque les Dumbledore étaient venus s’installer à Godric’s Hollow. Qu’elle leur en avait préparé mais que la matriarche de la nouvelle famille du village lui avait fermé la porte au nez. Le sourire de Gellert disparut un instant en se remémorant la paille des champs aux abords du hameau, du soleil de plomb de cet été-là qui n’avait rien à voir avec les hivers polaires de Durmstrang, de ces nuits passées la fenêtre ouverte. Très vite, il préféra chasser ses pensées comme si cela n’avait été qu’une fumée gênante qui lui obstruait la vue. Son sourire réapparut de nouveau et mangea la confiserie.

— Maintenant que j’y pense, si j’en ai déjà mangé, mais il y a de cela fort longtemps. Ma grande-tante en faisait et m’en a déjà préparé. D’ailleurs, elle est Britannique, ma grand-mère l’était aussi par conséquent. Je suis donc un peu anglais, quelque part.

Il haussa les épaules avec un air amusé, tout en regardant Belladone.

— Ce qui expliquerait peut-être pourquoi mon thé n’était pas si manqué.

Comme pour appuyer ses dires, il but une nouvelle gorgée de son thé, redressant bien son petit doigt en l’air de sa main qui tenait l’anse, comme pour prouver à son ami, certes pas un geste ridicule et volontairement forcé, qu’il n’était pas moins anglais que lui. Il reposa alors la porcelaine sur la coupole, avant de joindre ses mains sur son ventre, le tout en regardant les flammes de l’âtre d’un air pensif mais doux.

— D’ailleurs, il serait peut-être temps que tu me tutoies non ?

Il avait lâché ces quelques mots à mi-voix, comme cherchant à se cacher derrière une certaine pudeur. Il ne voulait plus inspirer cette crainte constante chez ses amis dont Belladone était le seul représentant. Gellert n’avait aucune autorité hiérarchique sur son jeune collègue. Si au début, il l’avait certes profondément méprisé par sa capacité magique médiocre, il avait fini par s’attacher à lui et à trouver en lui un réconfort et un soutient improbable. Il avait envie que cela soit réciproque entre eux. Par conséquent, que les deux hommes soient égaux, comme conformément à l’idée que Grindelwald avait de leur amitié.
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MessageSujet: Re: Des sacrifices de l'affection - Grindelwald  Des sacrifices de l'affection - Grindelwald - Page 3 Icon_minitimeLun 14 Déc - 11:54



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Salle d'Etude des Runes

Automne 1942

L’attrait pour la confiserie trahissait cet enthousiasme juvénile pour certaines choses simples dont Belladone n’avait pas réussi à se déparer au zénith de son adolescence. Et si de coutume une honte vague pour ces indéfectibles affections de l’enfance l’encourageaient à la réserve, c’est aujourd’hui léger de cette confiance incongrue qu’il vouait au plus grand mage noir repenti de l’époque qu’il se laissait aller à son entrain que d’aucuns jugeaient grotesque. Lubie de gamin à demi-avouée qui s’exhalait sans honte devant le regard hétérochrome du mage Autrichien qui avait fait trembler le monde sorcier sous sa paume roide, comme l’inexplicable sensation de n’être pas contemplé comme un adolescent attardé par celui dont les mains blanches ne pouvaient dissimuler ce sang cramoisi qui lui maculait les mains. La lueur du feu que les doigts désarmés mais fourmillant d’une incroyable magie venait d’allumer d’un geste discret vint éclairer les traits d’albâtre, presque blafards et quelque peu creusés de l’auguste sorcier qui regardait d’un air tendre, presque paternel, son jeune et improbable ami réfugier ses membres transis sous son large manteau de cuir. Etait-ce le simple réconfort de la lumière joyeuse des flammes qui crépitaient dans l’âtre, ou la réelle puissance de la magie du grand Gellert Grindelwald ? Il semblait pourtant à Belladone que déjà son corps endolori se réchauffait à la lueur tiède, et que ses joues qu’il sentait glacées sous sa barbe virer à cette coloration rose tendre qu’elles prenaient lorsqu’il était ému, gêné, ou baigné par la chaleur d’un bon feu.

Gellert écouta le petit récit des exactions de Peeves avec un sourire discret, qui s’élargit devant l’enthousiasme de Belladone qui lui tendait le paquet de confiseries flambant neuf dont les doigts encore gourds venaient de déballer l’emballage de papier brun. Ses doigts s’en saisirent, tandis qu’il avoua n’en avoir sans doute jamais mangé au cours de sa longue vie. Son regard hétérochrome sembla s’intéresser avec une curiosité vague au petit chaudron de chocolat qu’il tenait entre ses doigts blancs, et dont écumait la garniture violette sensée évoquée une potion fumante prête à être consommée. Pourtant la friandise semblait plonger le terrible mage dans les abîmes de réminiscences inconnues de Belladone, le regard hétérochrome comme perdu, soudain, au cœur de de landes que le jeune homme ne pouvait pas voir, mais dont il pouvait respirer les embruns de nostalgie, au sourire disparu du visage de marbre, au regard étiolé, noyé dans la vague déferlante d’émotions qui semblaient lui être revenues eu grand galop, devant la réplique miniature de petit chaudron en chocolat.

Il ne s’était pourtant écoulé que quelques secondes, quelques secondes qui sans doute avait paru une éternité à Gellert qui semblait avoir été plongé dans une pensine. Enfin, lorsqu’il se fut de lui-même arraché aux abysses d’une jeunesse tenue secrète si longtemps que Belladone ne parvenait encore à assimiler l’énormité du cadeau qu’il lui avait fait là, son sourire réapparut, étrangement bienveillant et éthéré, mystique, presque. Là encore, dans une bribe distraite, vague, le mage noir prouva sa confiance envers la pureté de son jeune ami, lui dévoilant là ce que sans nul doute personne, en dehors d’Albus Dumbledore, n’avait l’honneur de savoir. Belladone écouta sans mot dire, reconnaissant et quelque peu éberlué, le récit de cette grand-tante britannique qui lui confectionnait ce genre de friandises lors de sa prime jeunesse, il y’a de cela fort longtemps.

Et tandis que Belladone se décidait à s’oser une petite une blague sur la corrélation entre la qualité de son thé et ses origines britanniques, Gellert le devança, et son jeune ami esquissa un grand sourire amusé, de courte durée pourtant. Il était difficile pour un passionné de la vie du grand Gellert Grindelwald de ne pas se perdre en tergiversations, sur à de si incroyables révélations qu’il ne pouvait s’empêcher de recouper. L’aïeule britannique expliquait sans nul doute la présence du jeune Autrichien au sein de la campagne anglaise cet été là, sa rencontre avec Dumbledore, l’idylle secrète dont personne ne savait rien, berceau de la grandeur funeste de Grindelwald et des braises des espoirs avortés de ses deux jeunes âmes désormais flétries par les ans et l’aigreur d’un amour fané avant d’avoir éclos. Belladone, en un éclair, redevint le jeune homme bredouillant et plein d’émoi qui n’osait qu’à peine ouvrir la bouche. Fort pourtant de l’affection que Gellert semblait lui porter, décidé par la curiosité insatiable qui l’animait, il s’y osa pourtant, avec à peine quelques secondes d’hésitation :

- Il est très réussi, votre thé, Gellert. Comme pour prouver ses dires, Belladone en avala une autre gorgée, qui contribua à réchauffer un peu plus ses membres qui se délassaient déjà à la chaleur du feu. Vous excuserez ma curiosité, mais votre tante n’habite-elle pas à Godric’s Hollow ? Est-ce là que vous passiez vos étés, parfois, quand… ?

Belladone se tut, comme ayant conscience d’en avoir trop dit, ou d’être allé trop loin. Les colères imprévisibles de Grindelwald planaient encore sur leur amitié comme une ombre funeste, comme un nuage noirâtre, gonflé de pluie acerbe, qui s’apprêtait, à tout moment, à crever et à déverser l’étendue de son averse terrible sur les épaules trop frêles du jeune homme, qui baissa les yeux, buvant une gorgée de thé, comme soudain très intéressé par le bois de la table sous laquelle gisaient ses doigts qui tremblaient encore. Belladone rit lorsqu’il le vit singer la bourgeoisie anglaise et son flegme qui lui était propre, son petit doigt se dressant tandis qu’il avalait une gorgée prudente de son thé. Gellert semblait, lui aussi, beaucoup plus léger, comme assoupi, ses mains croisées devant lui, son regard s’éperdant au creux des flammes dont le reflet dansait dans les tréfonds de son regard hétérochrome.

Et Belladone accueillit, abasourdi, la proposition que Grindelwald lui faisait à mi-voix, pudibonde presque, comme s’il s’osait à une chose à laquelle il avait souvent pensé. Belladone rougit, ses yeux s’embrumant de sommeil paraissant s’éveiller soudain. Tutoyer le grand Gellert Grindelwald paraissait quelque chose d’étrangement infranchissable, comme un mur qu’il était trop petit pour atteindre, comme une injure, comme un manquement à cette courtoisie qu’il s’efforçait de conserver en toutes circonstances. Jamais l’idée n’aurait affleuré à son timide esprit de lui-même, et, même avec la permission de l’intéressé, Belladone percevait déjà l’effort qu’il lui faudrait déployer pour faire violence à son fragile esprit qui se courbait avec un naturel docile devant le bien plus grand sorcier que lui qu’était Grindelwald ;

- Oh, et bien…Si vous voul…Enfin, si tu veux, Gellert. Je ne vous cache pas que ce ne sera pas chose aisée, toutefois.

Belladone eut un léger rire, réprimant un bâillement tandis que dans ses yeux d’encre s’étiolait la brève lueur d’éveil que son ami avait ranimée. Bien au chaud au creux de son boudoir désormais, le jeune homme quitta enfin le large manteau, qu’il posa avec soin sur le dossier de son fauteuil, se tapissant un peu plus au fond du coussin de velours pourpre qui ne l’aidait guère à tenir ses sens en éveil.  




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MessageSujet: Re: Des sacrifices de l'affection - Grindelwald  Des sacrifices de l'affection - Grindelwald - Page 3 Icon_minitimeMar 15 Déc - 1:05



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Automne 1942.

Le thé, le manteau et le feu de Grindelwald semblaient avoir effet sur le pauvre Belladone frigorifié et en état de choc. L’esprit du pauvre garçon était d’une pureté aussi blanche que les neiges des plus hauts sommets alpins, il était normal qu’un tel évènement vienne froisser sa quiétude de pacifiste préservé. Du coin de l’œil, il surveillait le visage juvénile de son ami, essayant de guetter le retour des couleurs sur ses joues mangées par sa barbe brune. Celles-ci ne tardèrent pas à arriver, la chaleur du feu et l’ambiance apaisante de son bureau faisant leur effet sur l’âme immaculée et brusquée. Satisfait de voir la peau de Belladone recouvrer sa teinte rosée, qui paraissait constamment gênée, Gellert eut un sourire satisfait et but une autre gorgée de thé, songeant à son propre visage au teint de craie. Peut-être que sa pâleur deviendrait moins cadavérique au fil des années s’il continuait à ne plus se servir de la magie noire. Lui qui avait souvent eu la peau ambrée par le soleil se reflétant sur la neige alpine, il était aussi laiteux que cette dernière, n’étant plus que le produit des rayons argentés lunaires entouré de drapés dont il aimait se vêtir, aussi noirs que la nuit et son âme.

La voix de Belladone retentit alors entre les murs de pierre, chaleureusement décorés, du bureau. Il complimenta de nouveau le thé du mage noir. Ce dernier, pour tout remerciement, eut un large et bref sourire modeste, le regard toujours posé sur la danse endiablée des flammes. Il ne sut si c’était la chaleur du feu ou le sommeil qui commençaient à lui picoter désagréablement les rétines. Il ferma ses paupières quelques secondes d’un air paisible tout en écoutant Belladone qui semblait enhardi par une curiosité qui lui brûlait visiblement la langue. Il mentionna Godric’s Hollow et Gellert ne put s’empêcher de laisser échapper un soupir, notamment parce qu’il était en train de se replacer dans son fauteuil mais également amusé de l’audace du jeune homme. Pourtant son sourire ne disparut pas. Au contraire, malgré ses lèvres d’ordinaire étroites qui donnaient souvent l’impression d’avoir un air pincé, son visage fut habillé d’un amusement sincère et bienveillant. Gellert, s’amusant de cette curiosité subite de Belladone, le laissant miroiter quelques secondes. Il n’ignorait pas que le jeune homme s’était toujours intéressé à la vie du mage noir et, ce dernier se doutait, qu’il devait avoir une foule de questions à lui poser mais qu’il retenait pourtant, sûrement par pure politesse.

— Tu ne penses pas que je t’en ai assez dit sur moi aujourd’hui…? Je t’ai après tout parlé de mes parents.

Il ouvrit ses yeux dichotomiques et les posa sur Belladone, conservant son sourire. Il n’y avait aucune colère dans son regard, ni aucun agacement. Juste une taquinerie manifeste et un certain plaisir légèrement mesquin à embêter son jeune ami. Il replaça l’arrière de son crâne sur le dossier du fauteuil, un voile nostalgique se posant sur son sourire et son regard.

— Je n’ai passé qu’un seul été à Godric’s Hollow. Mais effectivement, ma grande-tante habitait et habite toujours là-bas.

Grindelwald ressentait ce petit plaisir coupable quand il se trouvait au milieu de l’attention. Il affectionnait souvent avoir les regards braqués sur lui et être le centre des questions des badauds. Véritable péché narcissique, il aimait bien se répondre aux questions qu’on lui posait, comme s’il détenait un savoir infini. Être professeur était assez similaire au final. Si les élèves étaient suffisamment intéressés et motivés, ils se pendaient à vos lèvres en attendant d’avoir la suite du cours avec appétit. Certains audacieux avaient osé lui poser quelques questions durant le cours sur sa vie personnelle, ses motivations, etc. Interrogations auxquelles il avait répondu plus ou moins vaguement en fonction de sa pertinence. Mais Gellert n’en voulait pas à ses élèves de vouloir se distraire pendant son cours redondant et guère passionnant. Satisfaire la curiosité d’adolescents distrayait également le mage noir.

Pourtant, c’était Belladone l’élève cette fois-ci. Et Gellert fut presque déçu de le voir s’interrompre dans son interrogation. Il n’ignorait pas qu’il suscitait toujours une certaine crainte à l’égard du jeune homme, trop pur et trop prudent pour oser pousser sa curiosité un peu plus loin. Pourtant, il aurait dû savoir que le mage noir ne lui ferait aucun mal et qu’il tenait à lui, le prouvait leur conservation un peu houleuse, environ une heure auparavant. Les mots du mage noir pouvaient se montrer tout aussi durs que lui, mais il ne lui viendrait plus à l’idée de lui faire du mal d’une quelconque façon. Cependant, visiblement, Belladone ne parvenait à avoir une totale confiance en son ami et cela attrista légèrement le concerné. Sa réputation le précéderait-elle à ce point jusqu’à sa mort ? Il se doutait qu’il n’aurait jamais une réputation d’homme bon. Qu’il aurait toujours plus d’ennemis que d’amis. Mais il avait estimé que Belladone le connaissait suffisamment pour ne plus le craindre. Il soupira doucement. Cette divergence maussade n’était sûrement que le résultat d’un sommeil qui lui échappait trop souvent et qui venait lui picoter les yeux avec mépris. Peut-être avait-il simplement de repos. Belladone aussi très probablement, surtout après ses émotions de la Forêt. La voix du jeune homme résonna alors suite à la demande audacieuse et soudaine du mage noir. Il ne devait y avoir que trois personnes qui devaient le tutoyer dans ce bas-monde : les frères Dumbledore et la grande-tante Tourdesac. Belladone serait donc un privilégié, le premier à pouvoir tutoyer le terrible Gellert Grindelwald après son règne de terreur de plusieurs années sur l’Europe. Mais le repenti désirait surtout être un égal. Ne plus avoir cette impression d’être plus important que lui, de « valoir plus » car cela n’était pas vrai. Il ne fut cependant guère surpris que Belladone retourne instinctivement au vouvoiement après son court essai. Gellert eut un sourire, les yeux clos.

— Belladone, si tu ne fais pas plus d’effort, je vais me mettre à te vouvoyer aussi. Peut-être même que j’utiliserai « Professeur Raven ».

Sa voix grave n’avait rien de froid. Au contraire, le ton avait été tout à fait cordial, visant à faire de cette menace absurde et sans conséquence, une farce. Il dit alors, d’une voix douce :

— Et n’hésite pas si tu as des questions. Tu as quand même écrit une partie de ton livre sur moi, il est normal que tu sois curieux. Et je crois que je t’en ai déjà dit suffisamment pour que tu puisses continuer à poser tes questions en toute impunité.

Il ouvrit son œil droit, le blanc, pour regarder Belladone avec un air amusé et taquin. Il espérait que son ami se détende un peu plus en sa présence. Il savait que son aura pouvait paraître menaçante mais il désirait vraiment que cette appréhension qu’il semblait susciter chez son ami disparaisse complètement. D’un revers de sa manche, il cacha néanmoins un bâillement qui trahissait de la fatigue de son corps sûrement privé depuis trop longtemps d’un réel et long sommeil réparateur.
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Belladone Raven
Belladone Raven
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Des sacrifices de l'affection

Salle d'Etude des Runes

Automne 1942

Belladone déglutit devant le battement de paupières las de son ami, dont la roideur des membres se délassait à la tiédeur du feu. Le sourire avait beau persister, taquin, malicieux, le visage de marbre demeurait résolument impénétrable. Et dans ce battement de cils d’un blond pâle, que striait la lueur rousse des flammes qui brûlaient dans l’âtre, dans ce mouvement presque imperceptible de lassitude, le jeune homme y voyait comme le reflet de cette audace éhontée qui lui avait fait poser le pied sur l’infranchissable ligne. Curiosité insatiable, tourbillonnante, qui lui insufflait un courage étrange qu’il n’avait pourtant pas, et qui, à lui seul, parvenait à faire oublier à Belladone sa manie de la politesse extrême et du flegme discret. Et pourtant l’impétueux Grindelwald ne se déparait pas de son sourire espiègle, tandis qu’il soulignait l’avidité de la curiosité de son jeune ami, sous-entendant là le culot soudain du timide jeune homme qui, ce soir, devait friser l’impolitesse. Le jeune Professeur rougit une nouvelle fois, baissant les yeux vers le fond de thé qui subsistait au fond de sa tasse.

- Bien sûr, et j’en suis très touché, pardonnez-moi.

La voix balbutiante et les doigts gourds, la requête de Gellert relative au tutoiement s’était déjà perdue, égarée dans les abîmes de pudibonderie docile, un brin soumise dans lesquels Belladone se débattait chaque seconde de sa vie. Le charisme autoritaire n’aidait en rien cette nature tranquille, suiveuse, qui s’accommodait mal de traiter en égal le personnage le plus craint et le plus vénéré de son époque. Et si ses yeux d’encre rivés sur sa tasse ne voyaient plus rien que sa porcelaine blanche, geôle délicate de la petite mare mordorée qui y gisait encore, il pouvait le sentir, le regard hétérochrome posé sur lui, lame acérée qui lui traversait l’âme dans un frisson qui lui parcourut l’échine. Ce n’était pas là de la frayeur, pas même de l’angoisse. Simplement l’embarras honteux de s’être laissé emporter à la tempête houleuse de la curiosité insatiable qu’il vouait au grand Gellert Grindelwald, et qui lui donnait de sombres envies de s’enfoncer sous terre, ou de s’enfouir au fond de ses draps pour s’oublier quelques heures dans le délice du sommeil.

Et Belladone ne s’attendait pas à la réponse qui s’exhala de l’imperturbable sourire de Gellert, qui malgré son humeur taquine semblait enclin à satisfaire la curiosité de son jeune ami qui s’osa à relever les yeux vers lui, accueillant l’espièglerie du plus grand mage noir de l’ère moderne d’un sourire timide et faussement indigné. Ses doigts légèrement gourds encore vinrent s’emparer d’une seconde friandise, qui ourlèrent ses lèvres de sucre la seconde d’après tandis qu’il hochait la tête avec gratitude. Il ne demanderait pas aujourd’hui si l’aïeul du mage Autrichien disposait d’une renommée, même moindre, que celle de son petit-neveu, ou réclamer un nom destiné à des recherches ultérieures. Le ton de la réplique avait eu beau être badin, il avait suffi à refroidir l’audace du timoré Professeur de Défense Contre les Forces du Mal.

Et en réalité la douce torpeur qui l’alanguissait chaque seconde un peu plus semblait avoir raison du grand mage noir, dont les paupières, en un rideau de soie immaculé, voilaient au monde et à Belladone son regard hétérochrome qui avait fait trembler toute une génération. Et de nouveau un sourire vint étirer ses lèvres pâles tandis qu’il insistait sur cette marque d’intimité et d’affection pour laquelle Belladone ressentait une profonde gratitude, mais qui lui apparaissait si déplacée qu’il ne parvenait pas à mettre en pratique. Il eut un léger rire amusé, pourtant, devant son propre titre qui semblait si pompeux, grotesque presque, entre les lèvres d’un si grand mage ;

- Je pourrais en faire de même, Professeur Grindelwald. Et ne te méprends pas, je suis très flatté, simplement c’est…C’est…Etrange…Cela me paraît presque déplacé…

Les mots résonnaient étrangement, comme une énormité, presque comme une injure, et la pierre des murs semblaient en renvoyer l’écho amplifié, exacerbant l’étrange malaise de Belladone à l’idée de tutoyer un des plus grands sorciers du monde. Et, sans doute devant l’embarras manifeste que le jeune homme ne savait que trop peu dissimuler, Gellert l’encouragea à laisser s’écouler le flot impétueux de sa curiosité, à briser la digue de convenances et de frayeur inconsciente que ne lui inspirait pourtant presque plus le mage noir tempétueux. Belladone eut un sourire ému, attendri, tandis que pour tromper son émotion, il avalait dans une ultime gorgée ce qui lui restait de thé, se tapissant un peu plus dans son fauteuil tandis qu’une idée germait à son esprit. Une idée fantasque, osée, de ces idées qui ne lui ressemblaient pas, mais qu’exacerbaient sa passion pour l’homme qui s’endormait face à lui et pour son usage des forces obscures. Et puisque c’était lui-même qui l’invitait à l’assouvissement de sa curiosité, l’offense serait plutôt de ne pas la lui dévoiler ? Piètre défense à sa propre audace, qui lui brûlait tant les lèvres pourtant qu’elle s’en extirpa avant même que sa légendaire prudence n’ait pu l’en dissuader :

- Tu sais, j’ai même une meilleure idée. Mais elle implique quelque chose de très intime, aussi ne sois pas fâché, je ne m’attends pas à ce que tu acceptes. Tu sais, j’en suis sûr, ce qu’est une Pensine ? Eh bien, le Directeur dispose d’un de ces formidables objets dans son bureau. Alors, ce que tu m’as raconté, les plaines Autrichiennes, Nurmengard, quand tu étais petit…Peut-être…Enfin…Si tu acceptes…Peut-être pourrais-tu me montrer ?

Belladone eut un sourire gêné. S’il s’attendait au refus de Grindelwald, il était néanmoins persuadé de ne pas le mettre en colère. Les encouragements à fouiller les réminiscences de son passé ne venaient-elles pas de lui, après tout ? De plus, la torpeur les alanguissait tous les deux, les rendant gourds et moins enclins aux éclats d’humeur. Belladone eut un geste pour s’emparer de sa baguette, et son regard devint triste en se rivant vers le morceau de bois fumant qui gisait sur son bureau. Dans un soupir, il s’arracha à son fauteuil, ouvrant un placard duquel il extirpa la même couverture de laine à motifs écossais qu’il avait prêté la première fois à Gellert, et la fourra dans les bras sans rien dire, avec un sourire mutique qui faisait office d’invitation. S’il ne voulait vraiment pas partir, il pouvait passer la nuit ici.


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Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
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Des Sacrifices de l'Affection

« I KNOW WHAT I SAW »

Automne 1942.

Une nouvelle fois, il semblerait que la petite raillerie de Gellert ait pris des proportions bien trop grandes dans l’esprit pure de Belladone qui semblait se mortifier de nouveau à vue d’œil. Comment lui faire comprendre qu’il ne risquait en présence du mage noir ? Certes, la réputation de ce dernier ne jouait pas en sa faveur. Ni les quelques conflits que les deux hommes avaient pu avoir, dont le plus récent datait d’une heure auparavant environ. Pourtant, Gellert refusait de croire qu’il puisse être capable de faire du mal à son seul ami. Mais, il se voilait cependant la face. Ses mots, durs et accusateurs, avaient profondément blessé le jeune homme, là où il n’y avait pour témoins que le murmure des feuilles sombres de la Forêt Interdite. Oui, les humeurs de Gellert le dépassaient parfois. Sa colère prenait le pas sur sa raison, voyant rouge et n’étant plus que mué par une haine qu’il pense aussi juste que vindicative. Il avait mal parlé à Belladone, le seul qui daignait encore le supporter, malgré le sang qui couvrait ses mains. Beaucoup n’aurait même pas fait pas l’effort d’essayer de déterrer la lumière potentielle de son cœur sous l’épaisse crasse de son âme.

Belladone sembla pourtant s’apaiser, parvenant à saisir la taquinerie de son ami qui ne lui voulait pourtant aucun mal. Il espérait que son jeune collègue le comprenne un jour. Grindelwald avait beau être une mauvaise personne, il ne voulait pas se mettre à dos la seule personne qui lui parlait par pure spontanéité et affection. Dumbledore le faisait parce qu’il s’était porté garant de sa liberté. Les élèves… et bien, il fallait bien qu’il réponde à leurs questions. Il ne voulait même pas songer à l’éventualité que Belladone lui tourne un jour le dos. Les yeux toujours clos, il laissa échapper un soupir, attristé à cette pensée qui se réaliserait peut-être un jour. Mais si ce moment devait malheureusement arriver, Gellert se battrait pour conserver la flamme de cette amitié improbable. Pour le moment, la compagnie de Belladone était tout aussi agréable que le feu de cheminée dans l’âtre. Le mage noir avait également d’autres braises à entretenir avec Dumbledore. Des braises mourantes, grises de cendres, où gisaient les restes calcinés d’une passion trop vite consumée. C’était pour cela qu’il souhaitait que le feu de joie entre Belladone et lui continue de voir ses flammes danser jusqu’à en caresser le ciel.

La voix de Belladone raisonna à nouveau, essayant de nouveau de tutoyer son interlocuteur. Si ce fut plus concluant que la première tentative, Gellert ne put s’empêcher d’avoir un sourire amusé lui coller aux lèvres. C’était étrange d’entendre une telle familiarité à son égard. Même par ses ennemis, il était respecté. Plus personne ne le tutoyait actuellement, sauf Albus mais la question ne se posait bien évidemment pas à son sujet. Le repenti demeurait pourtant amusé de cette situation insolite. Pour lui-même, cela lui donnait une impression bizarre d’être incroyablement normal. Il ne l’avait jamais été après tout et ce même depuis sa petite enfance. Mais il se sentait l’égal de son plus précieux ami. Il était certainement la personne à laquelle il tenait le plus à Poudlard. Les deux autres ne lui apportaient pas ce soutien désintéressé et implicite que lui prodiguait involontairement Belladone. Grindelwald ne pourrait jamais faire de son tendre ami un sorcier aussi puissant que lui magiquement. Il lui avait pourtant donné toutes les armes pour faire tomber les deux mages les plus forts de leur génération et lui, se mettait maintenant humblement à son niveau. Ils n’étaient tous les deux que des hommes après tout. Qu’importe le passé et la force de l’un. Il ne valait pas mieux que Belladone, bien au contraire.

Mais ce fut alors que le jeune professeur de Défense Contre les Forces du Mal sembla avoir un regain d’audace. Bien que le tutoiement eût toujours une sonorité étrange dans les oreilles de Grindelwald, il se concentrait pourtant sur ce que disant son ami, les yeux toujours clos. Il fronça les sourcils quand il aborda l’existence d’une Pensine. Où voulait-il bien en venir ? Ce fut alors qu’il lui demanda clairement. Lui montrer son passé. Interloqué et surtout assez surpris d’une telle demande venant de la part de Belladone, Gellert ouvrit les yeux et le regarda, stupéfait d’un tel cran de la part de son ami. Peu de gens aurait eu le culot de lui demander crûment de lui montrer ses souvenirs sans aucune pudeur ni secret. Sans rien dire, il regarda le jeune homme se lever et aller chercher une couverture, la même qu’il lui avait déjà prêtée la première fois qu’il était venu, ainsi qu’une deuxième. Le sourire revint alors sur les lèvres du repenti, amusé par Belladone. Avec une lueur taquine dans les yeux, il récupéra la couverture, le remerciant silencieusement par un léger signe de la tête avant de l’installer sur lui et de faire disparaître ses bras dessous.

— Et bien ma foi… Pourquoi pas. Il est vrai que ce serait plus simple et plus impartial pour toi de voir directement… On en reparle demain si tu veux.

Il parvint à contenir un bâillement, ne quittant pas son ami des yeux.

— Va dormir maintenant, on a déjà raté le dîner de ce soir, je ne veux pas te priver non plus de sommeil… Bonne nuit Belladone.

Il lui sourit une dernière fois avant de reporter son regard hétérochrome sur la danse envoutante du feu. La proposition de Belladone était pleine de courage et mue par une curiosité aussi évidente qu’assoiffée. Que comptait-il faire avec ses souvenirs ? Écrire sa biographie ? L’idée le fit sourire. Peut-être était-ce juste à titre personnel. Mais Gellert lui devait bien ceci. Son collègue lui faisait confiance, se retrouvant seul avec le plus terrible de sa génération et pourtant, jamais il n’était en danger. Le repenti voulait lui rendre cette confiance en lui livrant des secrets jamais révélés. Après tout, son enfance n’avait pas grand-chose d’incroyable, aucun méfait inavouable. De toute façon, garder sa vie passée sous silence n’avait plus trop d’utilité, si ce n’était avertir les générations suivantes où un cas similaire se représenterait. Belladone n’était sûrement pas le seul curieux concernant la vie de Grindelwald. Ce dernier se sentait d’ailleurs d’humeur à partager. Il sourit à l’idée de pouvoir donner un peu de lui-même à Belladone et la chaleur du feu finit par lui fermer les yeux, l’emportant dans un sommeil dont il se privait bien trop souvent.
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Des sacrifices de l'affection - Grindelwald

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