Aux origines du plus grand bien - Gellert



 
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Aux origines du plus grand bien - Gellert

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Belladone Raven
Belladone Raven
Âge : 28 ans
Sang : Sang-Pur
Nationalité : Anglaise
Patronus : Un corbeau
Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal
Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et crin de licorne
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MessageSujet: Aux origines du plus grand bien - Gellert  Aux origines du plus grand bien - Gellert Icon_minitimeVen 18 Déc - 15:56



Aux origines du plus grand bien

Bureau du Directeur

Novembre 1942

Le dîner de Belladone avait été frugal, ce soir-là. Le regard d’encre égaré, rivé sur une purée qu’il triturait du bout de sa fourchette mais à laquelle il ne touchait pas, semblait absorber son esprit tout entier qui était pourtant bien loin. Bien loin de la grande salle et de ses élèves joyeux, affamés, dont les couverts tintinnabulaient sur les tables dans le cliquètement enthousiaste, vorace, d’une après-midi bien dépensée. Bien loin de ses comparses et collègues qui conversaient poliment, à voix basse, du contenu de leurs journées et des aléas de l’enseignement. Les doigts fébriles, confronté à son assiette pleine et à son appétit perdu, Belladone semblait un enfant qui ne parvenait pas à s’endormir la veille de Noël, dans l’excitation qu’il avait de découvrir ses cadeaux au pied du sapin. A sa gauche, une source mince, écarlate, s’écoulait avec une prudence délicate au creux de son gobelet d’argent vide. Le clapotis léger du vin qui emplissait son verre l’arracha à sa rêverie enthousiaste, incrédule, presque, tandis que la main blanche qui tenait le pichet d’argent le posa et le lâcha, revenant à sa fourchette tandis que le grand Gellert Grindelwald l’affublait d’un sourire mutin. Belladone lui rendit un sourire gêné et un regard brillant, tâchant tant bien que mal de dissimuler l’excitation juvénile qui luisait dans les tréfonds d’encre de ses yeux, comme l’étoile survivante, solitaire, qui percerait un ciel noir de nuit.

Sur l’invitation mutique du regard hétérochrome, que son ami tendait à rendre étrangement mystérieux ce soir, Belladone se leva et lui emboîta le pas, un sourire surexcité tremblotant sur les lèvres. L’audace, très rare alliée du prudent et un peu couard jeune homme, avait payé cette fois-ci. Contre toute attente, elle avait payé plus que de raison, plus que jamais il n’aurait pu l’imaginer. Saisissait-il seulement l’ampleur de la chance, de l’honneur que lui faisait là le mage noir le plus secret de tous les temps ? Sans doute pas en réalité. Il semblait à Belladone que ses pas flottaient sur le sillage de haute stature blanche, comme si quelqu’un d’autre le suivait, comme s’il se regardait avec l’impression d’assister à une scène à laquelle il ne participait pas.

Il allait forcément se passer quelque chose qui briserait la digue éthérée, rêveuse, dont l’esprit de Belladone ne s’arrachait pas depuis plusieurs jours. Quelque chose, n’importe quoi qui ramènerait un sens à l’inéluctable fatalité, et qui laisserait Belladone pantois, les pieds enfin sur terre et l’ambition réduite à ce néant auquel sa faiblesse magique et sa docilité d’esprit pouvaient prétendre. Gellert tournerait les talons sur le seuil du bureau du Directeur, laisserait Belladone planté là avec rire méprisant : ou bien le visage de Gellert se durcirait, dans ces accès de colère qu’il lui connaissait bien, et il profiterait de l’intimité du Bureau pour le menacer de ne jamais plus s’essayer à un tel affront. Ou bien lui montrerait-il un souvenir cruel, les tourments d’une âme brisée par sa main blanche, mise en garde contre la familiarité offensante qu’un si faible sorcier s’était permis avec le grand Gellert Grindelwald.

S’il fallait être honnête, Belladone ne croyait à rien de tout cela. La conviction que Gellert était son ami était irréfutable désormais, ancrée dans son cœur mou et fertile qui cependant avait la loyauté du fer. Il savait que Gellert n’avait pas accepté pour se moquer de lui, pour l’effrayer ou le martyriser d’une quelconque manière. Ce privilège pourtant, auguste, inconcevable, avait un tel prix qu’il en dépassait les barrières de l’imagination du jeune homme, qui marchait toujours dans l’ombre de la grande cape noire qui battait les chevilles étonnamment fines, tentant de suivre la cadence effrénée des grands pas qui ne semblaient pas se fatiguer. Les jambes de Belladone gravissaient les marches d’un air distrait, n’apercevant des tableaux que des contours flous et des teintes vagues. Et il ne sembla reprendre conscience de son environnement que lorsqu’enfin, leurs pas cessèrent, leurs regards se confrontant à la gargouille très laide qui gardait l’accès au bureau du Directeur. Gellert tourna un regard manifestement amusé vers Belladone, que la complaisance du Directeur Dippet, ce soir absent pour affaires, avait autorisé à pénétrer dans son bureau, lui en soumettant le mot de passe. Le jeune homme toussota, gêné, ramené subitement sur terre ;

- Oh…Pardon…Abraxan !

La vilaine gargouilla pivota dans un grincement sinistre, laissant entrevoir le petit escalier de colimaçon qui menait à la pièce circulaire, ce soir baignée d’une nuit pleine d’étoiles, autour de laquelle dormaient profondément les anciens Directeurs de Poudlard, appuyés contre les cadres d’or de leurs tableaux. La baguette réparée de Belladone s’extirpa de sa poche, et après un « Lumos » et un « Incendio », la pièce fut baignée d’une douce lueur et d’une tiédeur agréable, égrenée par les grognements mécontents qui se faisaient entendre des tableaux, dont les personnes réveillés bon gré mal gré manifestaient leur claire désapprobation. Belladone ignorait par où commencer, un peu gêné et honteux de réclamer de manière aussi directe ce pourquoi, pourtant, ils étaient là tous les deux. Se remémorant les instructions du Directeur, Belladone ouvrit un des placards sur la gauche du bureau circulaire, et ce qui ressemblait à une bassine de pierre, gravée de runes compliquée, apparut soudain à son regard ébahi. A la surface, quelques remous argentés, éthérés, presque imperceptibles, s’agitaient dans une dans lascive, hypnotique, qui semblaient se rapprocher des yeux noirs de Belladone qui, de fait, inconsciemment, approchait la tête, attiré comme un aimant par cette petite mer qui dansait à son regard, promesse de secrets révélés et d’infini champ des possibles.

C’est un toussotement derrière lui qui l’arracha de la contemplation extatique au fond de laquelle il semblait prêt à se noyer. Belladone se retourna, rougissant et vaguement honteux, devant la haute stature intriguée et amusée de son ami. Le jeune homme se racla la gorge, extirpant de la poche de sa robe le petit carnet et la plume qu’il avait emporté avec lui, pour dissimuler quelque peu sa honte. Ignorant comment aborder le vif du sujet sans embarrasser trop Gellert ou faire preuve d’une impatience impolie, le jeune homme proposa ;

- Est-ce que vous…Enfin, est-ce que tu voudrais que je nous fasse un thé avec de commencer ?

Le Directeur l’en avait également autorisé, bien entendu, et, plus que tout, il n’avait pas envie que Gellert se sente bousculé. Dansant d’un pied sur l’autre, Belladone, les doigts crispés sur sa plume et le petit carnet brun, leva un visage souriant, redevenu pudibond et timide, vers son improbable ami qui lui faisait là une faveur à la valeur si inestimable qu’il ne parvenait toujours pas à en réaliser l’imminence ;

- Eh bien…Que me montrerez…Me montreras-tu ce soir, Gellert ? Tu as prévu quelque chose ? Vous…Tu sais…Ce serait plus logique de commencer par ordre chronologique, si tu le veux bien…J’aimerais beaucoup voir Nurmengard…Lorsque vous étiez enfant…

Belladone eut un sourire timide et baissa les yeux gênés, voulant croiser ses doigts occupés par le carnet et la plume qui y gisaient. Etait-ce la tiédeur de la bûche qui crépitait dans l’âtre, ou bien l’embarras de sa propre audace révélée au grand jour, mais sous sa barbe d’encre, il sentait ses joues rosir, sous le regard hétérochrome toujours amusé, dont la lueur taquine, rivée vers lui, ne semblait pas vouloir faiblir, tandis que dans quelques minutes, peut-être, l’incroyablement chanceux jeune sorcier se trouverait basculé, soudain, plongé la tête la première dans les tréfonds des Alpes Autrichiennes et d’un décor qui datait de plus d’un demi-siècle.
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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Aux origines du plus grand bien - Gellert  Aux origines du plus grand bien - Gellert Icon_minitimeVen 18 Déc - 20:38



Aux Origines du Plus Grand Bien

« NUN LIEBE KINDER, GEBT FEIN ACHT »

Novembre 1942.

Le dîner était comme à son habitude : calme malgré le brouhaha constant des élèves qui parlaient avec entrain de leur journée. L’ambiance, pourtant, entre le professeur d’Étude des Runes et celui de Défense Contre les Forces du Mal était particulière. Ni tendue ni froide, Grindelwald avait pourtant l’impression de retenir son souffle depuis quelques heures. Il n’accorda pas à un regard à son voisin de gauche, pourtant amputé de la compagnie de Monsieur le Directeur, d’ordinaire à ses côtés. Le mage noir préférait se concentrait sur son ami que l’appétit semblait avoir abandonné. Avec un sourire d’une taquinerie presque enjôleuse et charmeuse, Gellert versa du vin dans le verre de Belladone, espérant que l’alcool l’aiderait un peu à se dérider. Il ne voulait pas l’enivrer pour autant, loin de lui cette idée. Il avait promis qu’il donnerait quelque chose à son ami, le gage ultime de sa confiance la plus totale, il ne souhaitait pas le mettre mal. Simplement le rassurer. Pourtant, Belladone ne paraissait pas particulièrement anxieux, seulement parfaitement impatient autant que pourrait l’être un enfant devant une pile de cadeaux. De sa main blanche, Gellert vida son propre verre et finit de manger son dessert d’un air songeur.

Ce qu’il s’apprêtait à faire était-ce une bonne chose ? Ou juste un autre coup de tête desquels il était habitué désormais ? Le soir où Belladone lui avait cette proposition, il avait accepté sans trop y réfléchir, sûrement sous l’impulsion d’un cœur perdu dans les ténèbres depuis trop longtemps et dont la culpabilité subite envers Belladone avait engendré un battement à lui crever la poitrine. Il avait voulu prouver à son ami que ce dernier n’avait pas à le craindre, malgré sa réputation et le sang qui maculait ses mains. Il ne se considérait pas comme digne de confiance mais il voulait au moins que celui qui partageait le plus son temps ces dernières semaines ne ressente pas une peur à chaque fois qu’il était en sa présence. Est-ce que se mettre à nu ainsi était plus réfléchi, plus sage qu’un Serment Inviolable, seule proposition tout aussi impulsive qu’il avait trouvé en guise d’excuses face à son comportement agressif envers Belladone ? Grindelwald avait toujours été doué pour manipuler les émotions des gens mais jamais pour écouter les siens. Pourtant, jamais il n’avait aussi ardemment et aussi purement désiré la confiance de quelqu’un. Et, il n’avait aucune mauvaise intention à l’égard de Belladone, bien évidemment.

Gellert se leva finalement, une lueur malicieuse brillant dans son regarda hétérochrome qui n’avait pas lâché son jeune collègue. Silencieusement, il l’invita à le suivre, faisant un bref signe de tête aux autres professeurs attablés en guise de salutations. Il suivit alors l’ancien élève de Serdaigle jusque devant la gargouille qui gardait l’entrée du bureau du Directeur, absent ce soir-là. On pouvait apercevoir la neige s’écraser les vitraux sombres du couloir. La chaleur était bien tombée ces derniers jours mais les températures restaient douces pour l’ancien élève de Durmstrang, habitué aux froids polaires qui mordaient la peau et faisaient trembler les muscles. Le manteau de neige dont s’enveloppait Poudlard n’était qu’une indication de la saison pour Grindelwald plus qu’une véritable contrainte. Patiemment, il attendit que Belladone donne le mot de passe pour entrer dans le bureau de la plus haute autorité de l’école et, une fois cela fait, regarda la gargouille bouger dans un bruit de pierres qui se frottaient entre elles. Les deux collègues s’avancèrent alors dans la pièce sombre que Belladone ne tarda pas à allumer à l’aide de sa baguette. Gellert eut un léger sourire, soulagé de voir que l’incident de la Forêt Interdite n’avait eu aucune conséquence grave.

— Je vois qu’elle s’est complètement remise… Je dois t’avouer que j’en suis soulagé.

Il eut un doux sourire, ses mains éternellement cachées dans son dos d’un air solennel, son regard se perdant sur les divers portraits des anciens directeurs de Poudlard. Un jour, sûrement, dans de nombreuses décennies, celui d’Albus y serait peut-être accroché. Il n’était certes pas encore Directeur, mais, au vu des affaires qu’il gérait déjà tout seul, il était le candidat le plus pressenti et le plus pertinent pour occuper le poste à la retraite de Dippet. Toujours plongé dans un mutisme qui ne trahissait pas pour autant sa légère appréhension, le visage faussement détendu de Gellert suivit du regard les faits et gestes de Belladone. Quand ce dernier sortit la Pensine de sa cachette, le repenti s’approcha de l’objet, le regard curieux. Belladone était bien silencieux, comme subjugué par les flots argentés de la bassine gravée. Son impatience venait d’être aspiré par sa contemplation de l’objet, ce qui amusa grandement Gellert. Son jeune ami semblait réellement avoir la concentration d’un enfant ce soir. Avec un sourire taquin, les yeux rieurs, le mage noir s’éclaircit la gorge afin de ramener l’attention de Belladone sur leur but premier. De plus, il lui bloquait l’accès de la Pensine. Revenant à la réalité, le jeune professeur s’emmêla maladroitement entre le tutoiement et le vouvoiement, proposant un thé, ayant pourtant déjà sorti son carnet – que lui avait proposé Gellert, bien évidemment. Il bafouilla alors de nouveau, parlant vite par son enthousiasme débordant, freiné en même temps par sa timidité craintive.

— Je te propose que nous commencions directement. Tu ne tiens pas en place, le thé attendra.

Il ne répondit pas quant à sa demande. Du moins pas tout de suite. Gellert n’était toujours pas très certain que tout ceci soit une bonne idée. Et même s’il montrait un bout de sa vie à Belladone, devait-il tout lui montrer ? Pouvait-il réellement lui faire confiance. Le visage du mage noir devint sérieux quelques instants, perdu dans ses pensées qui fusaient, pesant le pour comme le contre. Finalement, il prit sa décision. Peu importe la raison, pour une fois. Grindelwald aimait le risque et s’il devait repartir à Azkaban pour une raison ou pour une autre, autant que Belladone ait un souvenir de lui, au sens propre comme au figuré. Il s’approcha donc de la Pensine, recouvrant son sourire. Gellert regarda alors l’eau argenté sans rien dire. Peut-être qu’un inhabituel manque d’assurance était visible dans les yeux hétérochromes du mage noir. Que l’ombre d’un doute planait sur son visage devenu encore plus pâle par les reflets argentés de la Pensine. Puis, dans un mouvement décidé et souple, Gellert, de son auriculaire, retira un filament aussi argenté que le liquide de la bassine ornée de sa tempe avant de le laisser tomber au milieu de l’eau sombre. Il lança un regard à Belladone.

— Après toi.

Il plongea sa tête après Belladone, se retrouvant comme aspiré dans les méandres de sa mémoire. Quand ses pieds touchèrent le sol, il regarda autour de lui et il sentit comme son cœur tomber en chute libre dans sa poitrine. Nurmengard était là, sa rue principale flanquée des maisons traditionnelles autrichiennes, aux façades colorées et aux poutres apparentes. Gellert avait le visage dur et fermé. Revenir dans ses souvenirs ne serait certainement pas une chose aisée mais il savait qu’il le faisait pour Belladone, qui se trouvait juste à côté de lui. Au bout de la grande rue se tenait l’église du village dont la neige, qui recouvrait tous les toits du village, avait été déblayée devant l’entrée et dont des enfants semblaient courir dans la direction opposée. Derrière le village, le vide des Alpes autrichiennes. Construit sur un col, le village de Nurmengard était reculé et difficilement accessible. Une seule route permettait de descendre dans la vallée et les habitants s’affairaient à la maintenir praticable pour les calèches, malgré l’hiver particulièrement doux cette année-là. À plusieurs centaines de mètres de là, séparé par une forêt du reste du village se dressait un petit château à la tour unique qui surplombait le vide. Un homme, grand, aux cheveux blonds et au front qui commençait à être clairsemé passa rapidement à côté de Gellert et Belladone sans les voir. La mâchoire du mage noir se crispa avant de suivre instinctivement l’inconnu qui le dépassait facilement d’une tête. Seuls les pas du fantôme laissèrent leurs empreintes dans la fine couche de poudreuse. L’homme blond continua sa marche en direction de l’église, croisant en même temps les gamins dont un lâcha :

— Ihr Kind ist seltsam, Sir !

Gellert grimaça légèrement avant de faire un signe de la main. Les enfants s’éloignèrent donc en faisant des commentaires, en anglais cette fois-ci. Le repenti ne prit pas pour autant la peine de traduire ce que l’enfant avait lâché au grand homme blond. Ce dernier arriva alors au niveau du jardin de l’église qui offrait une splendide vue sur les crètes acérées et enneigés des Alpes. Sur un banc, faisant face au massif voisin, était un garçon tout aussi blond que l’homme, âgé d’une dizaine d’années. L’adulte s’assit à côté de celui qui semblait être son fils avec un soupir. Gellert resta dans le dos des protagonistes mais Belladone était libre d’aller voir le visage de son père s’il le désirait. Il serait peut-être un peu flou, le souvenir datant d’un demi-siècle et sa mémoire l’ayant probablement un peu altéré, mais il se souvenait parfaitement qu’hormis ses yeux d’un bleu vif et ses traits plus durs et creusés, il lui ressemblait beaucoup.

— Que s’est-il passé…?

La voix était grave, bien que moins caverneuse que celle du mage noir. Cependant, en transparaissait une douceur indéniable.

— Rien. Je ne veux pas en parler.

— Gellert, je sais que tu es conscient que tu es différent, mais… je t’ai déjà dit que ce n’était pas une raison pour en user sur les autres enfants impunément. Tu ne peux pas faire ça.

— Ils l’ont cherché.

— Ça, c’est ce que tu crois. Et peut-être as-tu raison. Mais ce n’est pas une raison pour les effrayer en passant pour le plus fort et leur rappeler que tu es un sorcier.

L’homme ébouriffa affectueusement les cheveux de son fils à l’œil blanc. Il savait que rien que cette différence physique suscitait des regards intrigués au milieu des Moldus du village. Le fait que son enfant soit parfaitement conscient de ses pouvoirs magiques couplé à son caractère de mule n’arrangeaient pas la situation tendue entre les Grindelwald et les villageois. Le père eut un léger soupir.

— Sois brave, patient et surtout sage, s’il te plaît. Tu vaux mieux que cela.

Un silence s’installa tandis que le garçon se blottit contre son père sans rien ajouter.

— Bientôt, tu iras dans une école de sorcellerie. Tu seras au milieu de gens comme toi et moi, tu y seras à ta place, tu verras.

Serrant d’un bras son fils contre lui, il poursuivit d’un air pensif :

— Je pensais t’envoyer à Poudlard. Ce n’est pas plus loin que Durmstrang, même si tu dois déjà y être inscrit d’office. Je pense cependant que ce sera plus adapté pour toi.

— C’est où ?

— En Écosse. Viens, rentrons. Ta mère a sûrement fini de faire à manger.

Le père et le fils se levèrent et tout sembla disparaitre dans un nuage de fumée autour d’eux. En un souffle, Gellert se retrouva de nouveau dans le bureau du directeur. Il regarda la Pensine un instant avant de sortir un paquet de cigarettes, gracieusement donné par l’Auror Easton. Il l’alluma via une bougie qui permettait d’éclairer la pièce et la coinça entre ses lèvres. Toute trace de malice avait quitté son regard. Il se laissa alors tomber insolemment dans le fauteuil du directeur, posant nonchalamment ses pieds sur le bureau, veillant cependant à ne rien écraser d’important. Il se cachait bien évidemment derrière ce masque d’arrogance et de maitrise impassibles. Revoir ce souvenir avait été plus douloureux que prévu, mais il n’en était pas surpris pour autant. Cela lui rappelait presque Azkaban. Même si les Détraqueurs s’étaient nourri de son âme en ne lui faisant seulement revivre que les moments les plus douloureux de sa vie, les souvenirs baignant dans l’insouciance de l’enfance, bercé par l’amour parental lui brûlaient le cœur, laissant un arrière-goût dans sa gorge serrée. La cigarette était uniquement là pour le détendre. On lui en avait donné, autant en profiter. Finalement il daigna enfin poser un regard sur Belladone, un regard froid mais nullement agressif. Puis, un léger sourire, timide et coupable, se dessina presque imperceptiblement sur ses lèvres pales.
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MessageSujet: Re: Aux origines du plus grand bien - Gellert  Aux origines du plus grand bien - Gellert Icon_minitimeJeu 24 Déc - 15:29



Aux origines du plus grand bien

Bureau du Directeur

Novembre 1942

Un doux sourire d’enfant soulagé, qui a évité un grand chagrin, vint accueillir le constat de Gellert, relatif au bon rétablissement de sa baguette magique. Belladone laissa un instant la pudeur et la nostalgie du regard hétérochrome de son ami s’égarer dans la contemplation vague des multiples portraits des prédécesseurs du Directeur Dippet, qui s’étaient succédé, depuis bientôt mille ans, sur le siège ouvragé du bureau circulaire. L’idée inconcevable de brusquer l’auguste mage noir repenti ne lui tenaillait pas un instant l’esprit. Aussi son enthousiasme se réfrénait-il sans grand succès, le jeune Professeur se balançant d’avant en arrière sur ses pieds aux souliers vernis, sa main toujours crispée sur le petit bloc-notes et la plume extirpés de la poche de sa robe. Et il dissimulait si mal son excitation de gamin à qui l’on a fait la promesse d’un tour de manège et d’une glace que Grindelwald, pourtant, refusa la proposition de thé, la prenant pour ce qu’elle était ; une pure formalité destinée à ne pas trahir cette réputation de politesse ampoulée qui suivait le sillage du noble britannique.

Belladone sentit ses joues rosir légèrement, à se sentir ainsi un livre devant, il est vrai, un des plus puissants Legilimens de l’époque. Fallait-il voir pourtant dans la hâte presque abrupte du grand Gellert Grindelwald, dans ces moues taquines disparues des traits d’albâtre dont la rigidité soudaine luisait à la lueur douceâtre des flammes cramoisies. Et Belladone, son regard d’encre tout entier à la fascination obnubilée que lui inspiraient les remous tempétueux du contenu de la Pensine, n’eut que le temps d’apercevoir un long filament argenté séparer les deux visages penchés et rejoindre la mer d’acier aux remous hypnotiques dont Belladone ne semblait pas pouvoir s’arracher. Au feu vert de Grindelwald, il sentit son corps basculer en avant, et ne sut même pas exactement à quelle seconde précise son corps tout entier avait basculé soudain de la réalité, pour se retrouver précipité dans le vide.

Malgré le manteau immaculé qui recouvrait tout, des cimes acérées des petites maisons au clocher de l’église, et dont la pureté l’aveuglait, malgré le demi-siècle qui séparait ses deux visites, Belladone n’eut aucune peine à reconnaître Nurmengard. La haute tour du château aux lignes épurées, à l’austérité pleine d’une majesté grave, surplombait le charmant petit village d’Autriche, aux allures de carte postale, qu’ornait en arrière-plan, souveraines, grandioses, la chaine acérée des Alpes, dont la cime semblait devoir crever le ciel d’acier. La neige tombait encore à gros flocons sans les toucher, faisant rosir les joues des passants d’un froid qui ne pouvaient atteindre ces deux fantômes du futur qui contemplaient le déroulement immuable d’un souvenir achevé depuis si longtemps.

La haute stature d’un homme passa sans les voir, avec une telle rapidité que Belladone ouvrit la bouche un moment et la referma, conscient de l’énormité de la bêtise qu’il allait proférer en appelant son ami Gellert. Si il n’avait qu’à peine vu le visage passer à ses yeux d’encre, la stature était trop haute, et surtout, l’homme adulte ne pouvait être le Gellert d’il y’a 50 ans. Belladone croisa le regard hétérochrome, imperturbable, du véritable Gellert, qui ne répondit pas à la question silencieuse et rhétorique sur le lien paternel qui unissait ces deux hommes à la ressemblance frappante. Une exclamation lâchée dans un allemand goguenard, railleur, vint fuser alors que le grand homme passait aux côtés d’une marmaille aux joues roses de froid qui folâtraient au bord de la route. L’homme à la chevelure polaire, clairsemée déjà, fronça ses sourcils qu’il avait de la même blondeur lunaire dépassa le petit attroupement insolent et juvénile sans autre réaction que la moue contrariée qui avait, un instant, plissé son regard d’un bleu vif.

Belladone savait suffisamment d’allemand pour avoir compris la raillerie du gamin malpoli, et il suivait sans mot dire le sillage de la haute stature, qui, seule, laissait ses empreintes dans la neige, sans plus s’oser à un regard quelconque vers le rejeton décrié, désormais adulte, dont son père venait d’essuyer l’injure. Et les pas tracés dans la neige encore vierge les amenèrent tous trois au seuil de l’église et de son jardin enclavé au creux des monts alpins, jusqu’à un petit banc sur lequel un enfant d’une dizaine d’années, à l’air renfrogné et farouche. Le Gellert ne semblait pas l’avoir vu, poursuivant sa route, imperturbable, jusqu’à positionner sa stature qu’il voulait stoïque derrière les protagonistes tandis que Belladone était resté quelques pas devant le banc, comme figé par la vision presque sacrée qu’il avait là. On ne pouvait s’y tromper. Dans le regard hétérochrome, dans la blondeur polaire des cheveux, dans l’air déjà fier, hautain presque, on reconnaissait à coup sûr le mage noir qui ferait trembler de sa main roide le monde sorcier. Ainsi côte à côte, la ressemblance père-fils était frappante, et Belladone ne cherchait plus à réfréner sa fascination, ouvrant la bouche de stupéfaction devant la chance incroyable d’être, peut-être, le seul témoin en vie d’une infime parcelle de l’enfance de Gellert Grindelwald.

Dans une douceur abrupte, Grindelwald père chercha à obtenir la cause de la discorde entre la marmaille bruyante et insolente et l’enfant boudeur qui se tenait là, solitaire, esseulé déjà, comme la promesse de l’avenir tout tracé du mage noir incroyable, craint, vénéré et adulé mais seul, toujours et en tout temps. Belladone eut un pincement au cœur en écoutant la fermeté fière du garçonnet qui s’extirpait de ses lèvres dures, déjà, malgré la douceur paternelle, avec la douleur vague que l’affection de ces enfants, au bon moment, aurait sans doute pu changer la face du monde sorcier. Son père, pourtant, paraissait avoir la sagesse tendre d’un parent aimant, n’encourageant ni sa colère ni son désir de vengeance, et son cœur vint à se serrer un peu plus devant le geste d’affection du grand homme envers son fils qui ferait trembler le monde de la force de sa baguette.

Belladone assistait toujours d’un regard écarquillé la scénette vieille de 50 ans qui se déroulait sous ses yeux, son bloc-notes et sa plume pendant, misérables, au bout de sa main. Comment avait-il pu faire à Gellert l’offense de prétendre prendre des notes devant les trésors qu’il offrait à sa vue extasiée ? Son attention redoubla lorsqu’ils évoquèrent les écoles de Sorcellerie et, lorsque son père envisagea Poudlard à voix haute, Belladone, cette fois-ci, leva un regard incrédule, noyé de stupéfaction vers le Gellert qu’il connaissait, celui dont le sang maculait ses mains, celui à l’âme flétrie par les ans et les crimes, celui à l’existence ternie par la chute de son piédestal et les longues années à se faire dévorer l’âme et les plus infimes espoirs par les Détraqueurs. Belladone soutint la dureté du visage de cire, qui s’évertuait à ne rien laisser paraître, devant l’information de taille. Poudlard aurait tout changé. Belladone ne pouvait dire pourquoi cette certitude prenait de telles allures d’évidence à ses yeux. Il en était persuadé, de par la réputation de Durmstrang, de par le choix discutable des matières enseignées, de par la foi que lui insufflait sa seconde maison qu’avait été Poudlard. Pourquoi alors ? Pourquoi avoir choisi la rudesse austère de l’éducation scandinave, à l’école britannique qui avait la réputation d’être la meilleure d’Europe ?

Belladone regarda la haute stature germanique serrer contre lui le garçonnet qui tiendrait un jour le monde au creux de sa main. Il ne l’entendit que vaguement évoquer la dîner préparé par les soins maternels, et la brume le surprit soudain, l’étouffant tout entier, lui et les larmes qui menaçaient d’affleurer à ses yeux. Gellert pouvait jouer la carte de l’indifférence arrogante, s’affalant au creux du fauteuil du Directeur, ses pieds sur le bureau, cigarette aux lèvres. Belladone le savait bouleversé. Dans une étrange bouffée d’orgueil qui ne lui ressemblait pas, il en arrivait au constat qu’il était un des rares à pouvoir se targuer de commencer à le connaître.

- Oh, Gellert…

Un silence gêné s’ensuivit, alourdi par l’embarras de l’un et la peine des deux, égrené par toutes ces questions qui traversaient l’esprit de Belladone mais dont une, une seule, paraissait avoir une importance capitale, au point de troubler le petit manège de Gellert qui ne prenait plus.

- Gellert…Pourquoi ? Pourquoi pas Poudlard ? Je suis persuadé que cela aurait pu tout changer…

Grindelwald à Poudlard. L’idée lui paraissait si étonnante, et en même temps si légitime, qu’il ne parvenait plus à s’en défaire. Il était persuadé que le garçonnet farouche de la pensine n’aurait jamais accumulé tant de rancœur et d’amertume au sein de cette école qui avait bercé ses propres joies et peines. Il aurait, de plus, effectué la majeure partie de sa scolarité avec Dumbledore. Que serait-il devenu de la relation des deux jeunes garçons, si ils s’étaient connus plus jeunes, plus tôt ? L’amour de Dumbledore aurait-il suffi à tempérer ses élans de justice et d’indignation extrêmes, qui avaient conduit au despotisme, aux crimes et aux exactions que tous lui connaissaient ?

S’apercevant de son stupide bloc-notes et de sa plume qui gisaient encore dans sa main et l’encombrait, Belladone les déposa d’un air vague, distrait, vers un chapeau rapiécé qu’il regarda un instant, comme subjugué par une idée qu’il n’exprima pas. Après quelques secondes de contemplation vague du Choixpeau qui avait scandé la maison Serdaigle en ayant à peine pris le temps de décoiffer Belladone, ce dernier se retourna vers Gellert, cherchant à exprimer sa gratitude, mais étranglé par l’émotion ;

- Vous ressemblez étonnamment votre père, c’est incroyable…

Belladone se sentit idiot, ne trouvant rien de plus futile à exprimer, l’âme toujours balayée par la tempête d’émotions qui déferlaient encore, à la vue de l’enfance du mage noir le plus secret et le plus terrible de l’époque. Regardant Gellert parader pour dissimuler son trouble, le jeune homme, de nouveau, se balança d’avant en arrière, dissimulant plus mal encore son propre émoi, à lui.

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MessageSujet: Re: Aux origines du plus grand bien - Gellert  Aux origines du plus grand bien - Gellert Icon_minitimeVen 25 Déc - 21:44



Aux Origines du Plus Grand Bien

« NUN LIEBE KINDER, GEBT FEIN ACHT »

Novembre 1942.

Gellert avait beau feindre une indifférence totale, il savait pertinemment que Belladone avait déjà perçu son trouble. Lui aussi paraissait quelque peu perturbé par ce qu’il avait pu voir dans la Pensine. Toujours affalé sur le fauteuil du directeur de Poudlard, le mage noir, dans son insolente position nonchalante, regardait d’un air pensif la fumée de sa cigarette s’élever avec légèreté vers le plafond de la salle. Il soupira discrètement, d’autres souvenirs, peut-être trop personnels, lui venaient à l’esprit. La mort de son père, ses journées passées au chevet de sa mère à prier désespérément en un Dieu auquel il ne croyait même pas, son adoption en catastrophe par le châtelain du village… Une douleur se raviva dans son cœur. Une peine lourde lui picota les yeux, à moins que cela ne soit dû à la fumée qu’il venait d’expulser vers le haut. Indéniablement, ses parents lui manquaient. Il ne les avait que très peu connus, au final, au vu de sa demi-douzaine de décennies vécues et des nombreuses autres qui lui restaient à vivre, et il le regrettait. Leur mort à tous deux avait été brutale et surtout inattendue. Si l’enfant avait accusé le coup avec beaucoup de pragmatisme, cela ne l’avait certainement pas aidé à forger sa propre sagesse pour l’avenir.

La voix de Belladone l’interpella au loin, lui demandant pourquoi il n’était pas allé à Poudlard finalement. Le mage noir ne répondit pas tout de suite à l’interrogation, se perdant dans ses propres pensées, imaginant un passé qu’il avait déjà vu en songes, une réalité possible qu’il s’était déjà représentée. Dans quelle maison serait-il allé, à Poudlard ? La logique aurait dit Serpentard, la maison des ambitieux, de ceux ayant un attrait particulier pour la magie noire, de ceux se moquant éperdument des règles établies, de la ruse et de l’arrogance. Mais son cœur aurait voulu être reconnu pour autres choses que son sang sur les mains, que sa capacité naturelle à rallier les gens à sa cause, que son esprit rebelle et despotique. Accablé par le fardeau de ses propres remords, Gellert, de ses yeux hétérochromes, fixait le vide, une foule d’images défilant dans son esprit. Aurait-il aimé Albus comme il l’avait fait s’il avait été son camarade ? Se serait-il montré aussi entreprenant avec lui ou aurait-il été beaucoup plus réservé, voire timide ? Peut-être se serait-il fait des amis, également, relations dont il avait cruellement manqué à Durmstrang. Là-bas, les camarades dont il était proche avaient tout simplement peur de lui. Sentiment qui n’avait guère changé au fil du temps.

— Tu as raison d’en être persuadé parce que cela aurait effectivement tout changé…

Il eut un sourire, même si les regrets et le sentiment d’être passé à côté de quelque chose le rendaient beaucoup moins jovial que le mage noir ne l’aurait voulu. Belladone le saurait bien assez vite, cependant. Même si Lavande était un cas à part à Poudlard, son sort était beaucoup plus fréquent à Durmstrang, école à la discipline militaire qui ne s’embêtait guère des états d’âme de leurs élèves, tant qu’ils se montraient performants. Là-bas, rien que la nature du sang de sa mère était mal vue, alors, ses simples « déviances » personnelles avaient suffi à le rendre persona non grata de l’école. Et il n’était pas le seul dans cette situation. Il avait toujours regretté de ne pas être allé à Poudlard en tant qu’élève. Y être désormais en tant que professeur ne faisait qu’accentuer ses remords.

— Je n’y suis pas allé car mon père est mort quelques semaines après le souvenir que tu viens de voir. Comme je te l’ai dit, ma mère est morte quelques jours après mais elle était une Moldue alors les écoles de sorcellerie… De même pour le châtelain qui m’a gracieusement recueilli. Lui non plus n’était pas très apprécié par le village, mais il m’a aidé comme il a pu. Il ne pouvait simplement pas savoir comment s’y prendre pour me « changer » d’école.

Le regard toujours bas, il songea au fait que si les sorciers et les Moldus avaient appris à vivre ensemble, ce genre de situation ne serait jamais arrivé. Les Non-Magiques auraient été au courant des qualités et des défauts de chaque école, laissant à leur enfant sorcier le choix dans l’établissement qui leur convenait. Et Durmstrang n’avait jamais convenu à Gellert. Cela n’avait fait que rajouter de l’huile sur le feu de la colère de l’orphelin, accentuant son désir ardent de revanche et de justice. Un tournant de l’histoire s’était joué à ce moment-là et avait entraîné bon nombre de destins avec lui. Le mage noir, l’air légèrement maussade, releva ses yeux hétérochromes vers son ami dont le regard fixait une étagère derrière le mage noir. Intrigué, celui-ci se retourna pour identifier ce que Belladone inspectait. Ses iris asymétriques se posèrent alors sur le vieux chapeau rapiécé que Dumbledore avait utilisé le jour de la rentrée. Comprenant silencieusement le désir curieux et silencieux de son jeune collègue, Gellert se leva de son fauteuil et prit avec douceur le couvre-chef qu’il posa sur le bureau, entendant vaguement le commentaire de Belladone concernant son père. Concentré sur le chapeau, le mage noir eut pourtant un sourire humble et amusé à la fois.

— Je suis sûr que tu ressembles au tien aussi. Beaucoup de fils ressemblent à leur paternel. J’ai juste conservé mes cheveux mais je n’ai pas hérité de ses yeux. Néanmoins, on sait que ma mère n’a pas été infidèle. Il n’aurait manqué plus que ça.

Il eut un petit rire franc, malgré la qualité questionnable de ce qu’il pensait être une blague.

— Peut-être je te la montrerai, même si je n’ai pas de souvenirs très pertinents avec elle. Je vais y réfléchir mais avant…

Sa cigarette coincée entre ses lèvres pales, il prit de nouveau le Choixpeau dans ses bras, le tout avec une grande douceur. Le morceau de tissu informe et miteux était une relique, il en était bien conscient. Il ne lui viendrait à aucun moment l’idée de l’endommager. Gellert, malgré ce qu’on pouvait penser de lui, affectionnait l’histoire et par conséquent, le patrimoine. Les vestiges du passé forgeaient l’avenir et le vieux chapeau rapiécé ne pouvait être un meilleur exemple pour cela. Il s’approcha alors de Belladone et le regarda alors dans les yeux, une lueur malicieuse brillant dans son regard hétérochrome.

— Tu penses qu’il peut fonctionner sur un adulte ? Je t’avoue que je suis assez curieux de savoir dans quelle maison il m’aurait envoyé. Je dirais Serpentard, personnellement, c’est peut-être ce qui me semble le plus logique…

Il continua de planter son regard dans celui de Belladone, haussant légèrement les sourcils avec un sourire amusé, lui demandant implicitement son avis sur la maison qui aurait convenu à un Gellert Grindelwald de onze ans. Finalement, il tendit le Choipeaux à son ami.

— Tiens, mets-le-moi sur la tête. Si cela se trouve, quand Albus sera directeur, tu seras l’adjoint et tu t’occuperas de faire la cérémonie de répartition.

Avec un léger rire amusé, se sentant étrangement plus détendu, il tira une chaise bien moins imposante que celle du directeur et s’assit dessus. Il se pouvait que Belladone refuse de se servir du Choixpeau. Gellert aurait compris sa réticence et n’aurait pas insisté. Pourtant il se doutait que savoir qu’elle aurait été la maison qui aurait convenu au jeune germanique le brûlait. La curiosité du professeur de Défense Contre les Forces du Mal était insatiable et le repenti la partageait également. Ils avaient là l’occasion d’avoir la réponse à une question brûlante, qui leur permettrait alors de laisser vaquer leur imagination sur un scénario alternatif improbable, là où Gellert aurait porté le vert, le bleu, le rouge voire le jaune (pourquoi pas après tout ?). Encore fallait-il que le Choixpeau, s’il finissait sur la chevelure blonde de l’ancien despote, daigne donner une réponse.
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MessageSujet: Re: Aux origines du plus grand bien - Gellert  Aux origines du plus grand bien - Gellert Icon_minitimeJeu 7 Jan - 16:05



Aux origines du plus grand bien

Bureau du Directeur

Novembre 1942

La nonchalance feinte de Gellert ne trompait plus Belladone, ce soir. Le mage Autrichien pouvait laisser planer les interrogations de son cadet, suspens orchestré par celui qui jadis, avait usé de tous les rouages pour suspendre une innombrable foule à ses paroles ; il pouvait étaler ses longues jambes sur le bureau directoral, se vautrer dans l’injure avec laquelle il traitait la pièce de leur supérieur à tous deux ; il pouvait bien exhaler en bouffées tranquilles le tabac de sa cigarette, dans l’image d’un adolescent effronté qui ne se laisse pas atteindre. Belladone savait qu’il avait mal. Si l’empathie lui avait joué de bien vilains tours, elle avait aussi ses avantages. Et le jeune homme regardait comme un privilège de la nature le droit de souffrir dans sa chair de la douleur d’un ami, comme si, dans la communion d’un seul et même chagrin, il parviendrait à en étioler l’aigreur au creux du cœur de l’intéressé. Belladone lui dirait volontiers qu’il partageait sa peine, mais la pudeur le retenait et lui pinçait les lèvres, devant la légèreté mal jouée de son ami qui s’avachissait un peu plus dans son siège, n’opposant à la peine manifeste de son cadet qu’un silence insolent.

Derrière le masque d’arrogance feinte, derrière la superbe de l’immense mage noir, l’on devinait surtout la réflexion sous-jacente aux réminiscences d’une enfance enfouie dans le sang, les cris et les larmes des autres sur lesquels il avait érigé l’édifice de son règne, duquel il avait fini par basculer pour la profondeur abyssale des fosses d’Azkaban. Et lorsque la voix s’éleva des tréfonds du bureau, ferme et basse, presque rogue cependant, ce fut pour confirmer les dires tressaillant d’un Belladone bouleversé par l’enfance de grand Grindelwald, duquel il était sans doute, désormais, le seul témoin encore en vie. Et il n’y avait aucune joie dans le sourire qui étira les lèvres pâles du mage Autrichien, qui consentit à expliquer les aléas malheureux de sa triste jeunesse qui l’avaient condamné à Durmstrang. La mort abrupte de son père quelques semaines après le souvenir du village enneigé et du garçonnet renfrogné, l’ignorance d’une mère Moldue relative aux aléas scolaires qui s’offraient à lui ; la même ignorance de la part du charitable châtelain Moldu. Un enchevêtrement compliqué et hasardeux d’aléas en somme, qui avait sillonné le chemin de l’enfant et fait buter ses pieds à chaque pas, et qui, peut-être, avaient changé la face du monde sorcier, sacrifiant par-là nombre d’âmes opposées à la quête que la colère et l’injustice lui avaient insufflé.

Le regard hétérochrome de Gellert rivé au sol, Belladone réprima un soupir devant un tel gâchis. Tout cela paraissait si absurde, si grotesque, qu’il hésitait entre rire ou pleurer de cette comédie tragi-comique qui avait vu l’avènement plein d’une soif de vengeance et de justice d’un des plus grands mages de son siècle. Et si le sépulcre avait eu la patience d’attendre quelques semaines, quelques mois ? De l’imminence de la mort d’un homme, il dépendait tant de choses. Si Poudlard avait pu étioler la colère de l’orphelin, peut-être ne serait-il jamais devenu ce criminel assoiffé de pouvoir qui avait fait trembler le monde sorcier qu’il avait détenu au creux de sa paume roide.

Belladone ne répondit rien. La dramatique tirade ne souffrait pas de réponse, et aucune n’aurait été à la hauteur de la peine et du désarroi qu’inspirait à l’âme trop tendre ce si épouvantable gâchis. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre que le regard acéré de Grindelwald avait aperçu le vieux chapeau rapiécé que le jeune homme avait, un bref instant, comme le temps d’un éclair, regardé d’un air curieux. Et c’est d’une mine renfrognée que Gellert sembla répondre à une demande mutique dont Belladone avait à peine eu conscience, se levant pour récupérer le couvre-chef élimé qu’il déposa sur le bureau du Directeur d’un geste presque tendre. Il avait acquiescé à cette requête informulée sans rien dire, esquissant simplement un sourire à la réflexion de Belladone qui s’extasiait de la frappante ressemblance avec son paternel qu’il avait, l’espace d’un instant, confondu avec lui. Ses joues rosirent cependant l’ironie mordante, quelque peu déplacée de son aînée, qu’il préféra, par prudence et pudeur, tout bonnement ignorer. Il n’avait que trop expérimenté les soudains accès de colère de Gellert pour se risquer sur un terrain aussi glissant que la loyauté de sa mère, morte trop tôt.

- Il est vrai que je lui ressemble, mais ce n’est pas aussi que pour vo…toi. En revanche je ressemble beaucoup à mes frères, et ma plus jeune sœur me ressemble tant qu’on nous prend souvent pour des jumeaux !

Belladone joignit un rire légèrement embarrassé à celui de Gellert, comme pour détendre l’atmosphère qui semblait auréolé d’une chape de plomb, depuis l’émergence de la Pensine et de ses réminiscences datant d’un demi-siècle. L’occasion d’aborder un sujet plus léger, mais non moins fascinant, fut apporté par Gellert qui s’approcha, une lueur malicieuse dans le regard, le chapeau rapiécé au creux de ses doigts d’albâtre. Ce qu’il lui proposait là éveillait la curiosité du jeune homme à un tel point qu’elle frisait l’excitation, et qu’il dut reprendre un instant contenance afin de répondre de manière convenable, et d’éviter de balbutier outre mesure ;

- Bien sûr, j’en suis persuadé. Et Serpentard, assurément…

Belladone avait murmuré cette certitude, comme pour lui-même, ne s’imaginant pas une seconde une autre alternative à l’ambition, au goût du pouvoir et à l’art de la manipulation de son improbable ami. Le jeune Professeur soutenait difficilement le regard hétérochrome planté dans l’encre du sien, et, lorsque Gellert lui fourra l’antique objet dans les mains, approcha les exhalaisons de tabac du visage troublé, il n’en crut pas ses oreilles, abasourdi par l’expérience qu’il l’autorisait à tenter là. C’est d’un air modeste qu’il répondit toutefois, prenant le temps avant de s’exécuter ;

- Je parie un sachet de Patacitrouilles que vous serez à Serpentard ! Comment pourrait-il en être autrement ? Pour le poste de directeur adjoint, vous…Tu vas un peu vite en besogne, mais, c’est gentil d’y croire ! Bon…J’y vais…Prêt ?!

L’idée semblait beaucoup amuser le grand Gellert Grindelwald, et ne pas l’inquiéter le moins du monde. Une de ses mains roides tira une chaise à lui, et il y posa son séant, sa hâte dénotant là un enthousiasme presque égal à celui de son jeune collègue à la curiosité insatiable. Avec un petit sourire crispé, qui se voulait rassurant, Belladone hissa le chapeau rapiécé et le déposa sur la chevelure blonde, polaire de son ami, avec une délicatesse exacerbée, comme pour dissimuler son excitation. Et si le Choixpeau se refusait à exercer ses pouvoirs sur un criminel repenti qui avait largement dépassé l’âge de sa scolarité ? Belladone réprima un instant la potentielle déception qui suivrait un tel silence, lorsqu’un sursaut le fit reculer d’un pas en arrière sous la surprise. Le cuir élimé, sans âge, s’était fendu soudain dans sa largeur, sur les lèvres décousues apparut un rictus tordu, tandis que la voix railleuse qui s’était élevée en écho au creux de la grande salle à la rentrée s’éleva, légèrement goguenarde ;

- Que me vaut d’être sollicité à cette époque de l’année ? A qui ai-je l’honneur ? Le Choixpeau se tût un instant, semblant réfléchir, ne paraissant pas y croire. Oh ! Le grand Gellert Grindelwald ! Que me vaut cet honneur ? Voulez-vraiment connaître votre maison ? Avez-vous prévu de reprendre vos études ?

Un léger ricanement, goguenard, s’éleva de la haute stature de Grindelwald. Belladone regarda, fasciné, le vieux chapeau sonder avec un délice non dissimulé les tréfonds de l’esprit de Gellert Grindelwald. Les lèvres closes par la mémorable scène qui se déroulait sous les yeux, le jeune homme se contenta d’acquiescer, avant de répondre d’un air timide ;

- Non, il ne s’agit que d’une simple curiosité…Nous ne voulions pas vous déranger, mais…Nous aimerions vraiment savoir…S’il vous plaît…

Belladone riva un regard inquiet, mal assuré, vers le visage de Grindelwald, qui avait perdu de sa superbe, coiffé de ce Choixpeau au puissant pouvoir, certes, mais dont la laideur ne seyait à personne, pas même au grand mage Autrichien. Ils restèrent ainsi quelques secondes, et la voix étrangement aigue s’éleva enfin de la déchirure du chapeau, exhalée de cette bouche immonde qui, pourtant, répartissait depuis plus de mille ans le monde sorcier britannique.

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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Aux origines du plus grand bien - Gellert  Aux origines du plus grand bien - Gellert Icon_minitimeVen 8 Jan - 0:41



Aux Origines du Plus Grand Bien

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Novembre 1942.

L’ambiance était étrange, presque morose. Gellert se doutait de l’issue de cette soirée mais il n’aurait pas songé à ce que son humeur fût à ce point affecté aussi rapidement. Lui qui avait toujours fait en sorte de tenir le cap, d’anesthésier ses sentiments et ses remords dans sa haine et de ne jamais, ô grand jamais, laisser paraître quoique ce soit. La donne avait changé à Poudlard, indubitablement. Il se sentait lui-même plus léger, plus ouvert et délesté de certains fardeaux de ce passé qui avait pourtant forgé sa réputation. Les fantômes qui le hantaient n’avaient pourtant jamais été aussi présents mais il se sentait cette fois-ci capable de les affronter. La Pensine en était l’épreuve la plus concrète. Plutôt que de tourner le dos à ses propres démons, il avancerait avec eux. Les Détraqueurs l’avaient assez tourmenté pendant quinze ans, il n’avait pas envie de laisser le choix à son âme peut-être encore trop sombre de lui enserrait son cœur entre ses serres de haine acérées, cœur qui ne demandait plus qu’à battre pour quelque chose d’autre de plus pur. Cette amitié avec Belladone qu’il n’avait pas toujours honorée, cette confiance que le jeune homme portait sur les futurs jours à vivre du repenti, il ne leur avait pas toujours rendues hommage comme il se le devait. Il voulait changer la donne ce soir.

Mais l’épreuve avait été plus difficile que prévu. Le malheur et la douleur auxquels il avait été confronté à Azkaban semblaient plus faciles à affronter que les doux échos de son existence sombre, teintés par le sang et le meurtre. Lui qui avait vécu si longtemps tant l’ombre était désormais ébloui par la lumière de ses rares jours heureux qui ne faisaient plus que naître en lui un profond sentiment de solitude et de nostalgie. Pourtant, il ne voulait pas mettre un terme à cette soirée. Il avait donné sa parole à Belladone. Il voulait prouver que lui-aussi pouvait avoir une affection pure et simple, désintéressé envers quelqu’un qui semblait n’avoir pas grand-chose en commun avec lui. Il sourit pourtant, ne pouvant non plus cacher sa mélancolie, en attendant son jeune ami évoquer sa fratrie. Grindelwald se perdit quelques instants à songer aux frères et sœurs de Belladone. Étaient-ils tous comme lui ? Il lui semblait que son aîné était Auror, si sa mémoire ne lui faisait pas défaut. S’il se montrait aussi timide et timoré que son cadet, il doutait pourtant de son efficacité. Mais il était peut-être mauvaise langue. Après tout, le savoir de Belladone et sa sagacité étaient sa force. Il était, de ce fait, un digne représentant de la maison Serdaigle.

Maison à laquelle aucun des deux amis ne voyaient Grindelwald être affilié. Ils étaient plutôt d’accord sur le fait que Serpentard était peut-être la maison qui aurait sied le plus au mage noir. Cela n’était guère surprenant, même si cela peinait le repenti, convaincu, peut-être au fond de lui-même qu’il valait mieux qu’être simplement qualifié de sorcier ayant mal tourné, ayant bien d’autres qualités que la ruse et l’ambition. Assis sur sa chaise, il se demanda finalement s’il souhaitait vraiment savoir sur quel banc de Poudlard son destin l’aurait porté. Est-ce que cela était une si bonne idée que cela ? Un voile morose se posa sur le regard asymétrique du repenti. Si Albus apprenait leur excursion (pourtant parfaitement légale et en règles) dans le bureau de Dippet pour « jouer » avec sa Pensine et le Choixpeau, sans nul qu’il se parerait de son regard des plus professoraux pour remonter les bretelles à Belladone tandis que lui n’aurait droit que l’âpreté d’un silence dont on ne transparaitrait que déception profonde et rancœur certaine. Pourtant, le jeune professeur de Défense Contre les Forces du Mal essayait de demeurer jovial et enthousiaste, deux sentiments relativement communicatifs qui arrachèrent un sourire au mage germanique qui n’avait pas bougé de sa chaise.

— Je ne vois pas pourquoi je parierai un paquet de Patacitrouilles si je suis d’accord avec toi sur le résultat de ce test. Mais vas-y, je suis prêt.

Son sourire amusé resta gravé sur son visage d’albâtre tandis qu’il sentit le vieux chapeau rapiécé être mis sur ses cheveux toujours impeccablement coiffés. Le couvre-chef était presque trop grand pour lui et il se rappela avec amusement que, lors de la cérémonie de répartition à laquelle il avait assisté en début d’année, certains élèves avaient vu leurs yeux en être couverts. La voix insolite du Choixpeau raisonna alors dans le bureau du proviseur, s’étonnant d’être ainsi sollicité à cette période de l’année et d’être posé sur la tête de Grindelwald.

— Et bien, n’ayant pu terminer ma scolarité à Durmstrang, j’envisage de la terminer ici à Poudlard. Peut-être pourrais-je alors passer mes ASPIC et devenir Auror. Mais, s’il vous plaît, ne vous déranger pas pour nous, utilise de nous chanter une chanson.

Gellert ne sut pas vraiment pourquoi il avait tant usé de second degré avec un chapeau millénaire ensorcelé. Il n’était même pas sûr qu’il fût capable de comprendre l’humour. Il espérait juste de ne pas le froisser pour le verdict final. Le mage noir ne sut alors trop comment se sentir. Il essaya de faire fondre ses barrières d’Occlumancie naturelles et innées, ce qui aiderait certainement le Choixpeau à lui fouiller l’esprit. Finalement, la voix raisonna à nouveau et Gellert ne sut si tout ceci était uniquement dans sa tête ou si le chapeau s’exprimait à haute voix :

— Mmh, beaucoup de conflits en toi, beaucoup d’ambitions également. Oui, je vois que tu as fortement usé de la ruse pour parvenir à tes fins ainsi qu’une ignorance totale des règles établies autour de toi. Serpentard semble la maison adéquate pour toi et pourtant, elle n’a pas l’air d’être celle qui te ferait briller le plus. Je vois une soif de savoir, un esprit vif très similaire à celui d’un autre élève qui doit avoir ton âge – tu dois savoir de qui il s’agit j’imagine. Tu aspires également à une certaine sagesse qui t’échappe encore aujourd’hui.

Gellert ne put s’empêcher de prendre cela peut-être trop à cœur, une certaine appréhension lui serrant les entrailles. Quelque part, il ne pouvait s’empêcher que Serpentard serait un échec. Il n’y avait pas eu que des mauvais sorciers dans cette maison après tout. Lavande, Hantsuki et même Slughorn étaient de dignes représentants de leur maison et aucun d’entre eux n’avaient l’ambition de détruire le monde… sauf peut-être Lavande. Mais le sort de la jeune fille était assez particulier et assez comparable au sien, finalement. Déçus par leur école, trahis par leurs camarades, le chemin de la vengeance semblait tout tracé pour des cas comme eux. Peut-être que oui, Serpentard était la maison qui lui correspondait le mieux. Mais le Choixpeau ne semblait pas de cet avis étrangement. Celui-ci continuait en effet de délibérer dans son esprit, essayant sûrement de faire avec l’âge avancé du mage noir. Gellert ne sut combien de temps il s’était écoulé depuis le moment où il avait posé le morceau d’étoffe fatigué sur ses cheveux blond platine mais cela devait se compter en minutes. Docile, il ne bougeait pas et, tel un enfant probablement, n’osait presque pas respirer.

— Celui que tu voudrais être n’a pas tellement changé depuis ton enfance. Si je te considère comme rentrant à Poudlard, mon choix ne diffère pas par rapport à celui que j’aurai prononcé lorsque tu avais onze ans. Tu aurais eu parfaitement ta place à Serpentard mais je ne pense pas que ce soit la maison qui te serait convenue le mieux.

Gellert attendit donc patiemment, presque soulagé de ne pas être catégorisé chez les Serpentard, même si cela semblait évident après des minutes de délibération. Finalement, le Choixpeau annonça :

— Je t’aurai envoyé à Serdaigle.

Gellert haussa les sourcils mais ne put s’empêcher d’avoir un sourire qui trahissait une certaine fierté.

— Promis, je ne l’ai pas influencé. Et tu me dois un paquet de Patacitrouilles.

Occlumens et Legilimens, mage émérite, il aurait un panel de sortilèges qui aurait pu détraquer le Choixpeau afin de l’obliger de prononcer un tel résultat. Mais ce dernier aurait été faussé et amer. Gellert n’avait de toute façon aucune raison ni envie de rendre confus cette relique emblématique de Poudlard. Avec délicatesse, il prit le chapeau, le remercia (ignorant si cela était utile ou non) et le reposa là où ils l’avaient trouvé. Puis, il se recoiffa, remettant correctement quelques mèches éparses que le contact avec le Choixpeau avait indisciplinées.
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MessageSujet: Re: Aux origines du plus grand bien - Gellert  Aux origines du plus grand bien - Gellert Icon_minitimeMer 27 Jan - 13:57



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Bureau du Directeur

Novembre 1942

Gellert partageait la certitude de Belladone. Serpentard lui était apparu comme une évidence, comme la réalité inéluctable de la maison de la ruse et de l’ambition qui, sans conteste, aurait accueilli à bras ouverts le petit Grindelwald qui avait été à deux doigts de dominer le monde. A la nostalgie qui avait déposé son voile brumeux sur le regard hétérochrome, au sourire un brin amusé qui s’esquissa sur ses lèvres pâles, à la réplique taquine, un brin acerbe, qu’il rétorqua à son jeune ami, il semblait évident que Gellert partageait son avis. Emu un peu plus que de raison par le feu vert du mage Autrichien, la main du jeune homme tremblotait un peu lorsque lui fut donné l’insigne honneur de coiffer de l’antique chapeau rapiécé la blondeur polaire du grand Gellert Grindelwald. Un instant immobile, à la manière d’un chapeau flétri par les ans et sans pouvoir, Belladone déglutit, s’apprêtant à ravaler sa déception, quand enfin le cuir sans âge se fendit dans sa largeur. Une bouche étrange déchirait la matière, de laquelle s’exhalait une voix caquetante, ne dissimulant pas sa surprise d’avoir été arraché si tôt de son sommeil d’une année.

Et si Belladone, comme de coutume, ne saisissait pas l’ironie et répondait dans un mélange plutôt piteux de docilité et d’excuse, Gellert saisit le ton goguenard au vol, évoquant de possibles reprises d’études et d’une éventuelle carrière d’Auror. Le bouche du Choixpeau de cuir se fendit un peu plus encore, de concert avec Belladone qui réprima un esclaffement, tandis que le puissant couvre-chef reprenait contenance, semblant rassembler toute l’étendue de ses immenses pouvoirs pour un cas aussi complexe que Gellert Grindelwald. La voix caquetante s’éleva enfin, pour énoncer tout d’abord l’évidence qui avaient affleuré à l’esprit des deux amis. L’ambition, la ruse, le mépris des règlements. Autant d’adages sur lesquels l’antique Salazar avait fondé la maison des Vert et Argent, dont l’édifice semblait avoir été bâti pour les sorciers de la trempe de Gellert. La soif de savoir inextinguible du concerné fut comparée à celle d’un autre élève de sa génération, qui s’était vu à onze ans soumis au même jugement impartial du couvre-chef prévu à cet effet. Belladone rougit à l’évocation on ne peut plus claire d’Albus Dumbledore, les réminiscences des révélations de son improbable ami tintant encore à ses oreilles pudibondes. Il baissa le regard un moment, laissant Gellert à sa pudeur.

Le Choixpeau, pourtant, n’avait pas rendu sa décision. Silencieux, il semblait perdu au cœur d’une réflexion compliquée, ou bien se délectait du petit effet que son mutisme imposait aux deux insolents qui avaient eu l’audace de troubler son repos annuel. Belladone avait toujours le regard rivé sur la pointe de ses chaussures qui se balançaient au rythme du léger malaise que lui inspirait cette attente. Ses yeux noirs se relevèrent avec une hâte empressée tandis que la voix grinçante s’élevait de nouveau, annonçant que le caractère en acier trempé de Grindelwald ne semblait pas différer de celui qu’il avait eu jeune garçon. Le Choixpeau réitéra le bon sens de faire intégrer un tel esprit à la maison de Salazar.

Et pourtant. Vint la contradiction. Le cependant auquel Belladone ne s’était pas attendu le moins du monde. Inconscient de sa mine rendue stupide par ses yeux d’encre écarquillés et ses lèvres qui béaient, ébahies, le jeune homme écouta le vieux chapeau conclure en affirmant qu’en somme, Serpentard n’aurait sans doute pas été la maison qui aurait apporté le plus de bienfaits à Gellert. Ils attendirent donc la chute du couperet, dans la lourde lenteur du jugement sans équivoque du Choixpeau dédié à cet effet. Quelques secondes, quelques minutes peut-être, qui semblèrent des heures, avant l’impensable. On pouvait exclure d’office les Poufsouffle, au caractère trop facile. Son incontestable courage lui aurait-il valu une place chez les Gryffondor ? Son inextinguible soif de sagesse aurait-elle fait préférer la maison de Rowena au Choixpeau ?

Lorsque le verdict tomba enfin, Belladone n’était toujours pas parvenu à se faire à l’idée que la répartition de Gellert ne se serait pas achevée sur une intégration chez les Serpentard. Aussi, lorsque ce fut le nom de sa propre maison qui fut prononcé, maison chérie à laquelle il appartenait corps et âme et dont la fondatrice se révélait une aïeule lointaine, Belladone ouvrit de grands yeux. Serdaigle. Si la maison n’apparaissait pas l’évidence même de prime abord, elle prenait néanmoins du sens à mesure que les secondes de réflexion s’étiolaient. Le talent, la créativité et la soif d’apprendre n’étaient pas exempts chez Gellert. Mais il est vrai que les traits prédominants de son caractère se rapprochaient de Serpentard et avaient tendance à occulter le reste. Ce à quoi le Choixpeau révélait toute son utilité. Belladone ne sut pas combien de temps il resta là, pantois, idiot, les bras ballants ; mais la voix étonnamment calme de Gellert le fit sursauter exagérément, l’arrachant de sa torpeur. Le jeune homme riva son regard d’encre vers son ami, le dévisagea un instant, l’air stupide, avant de s’esclaffer, dans un bref éclat de rire qui trahissait sa surprise enthousiaste de se découvrir un comparse de maison.

- Avec plaisir, cher camarade ! Sans vouloir vous offenser, je n’aurais jamais parié sur Serdaigle. Non pas que vous n’en ayez pas les qualités, mais ce sont pas celles qui prédominent chez vous. Enfin, vous auriez fait un merveilleux bleu et bronze, j’en suis certain ! D’autant que vous ne semblez pas déçu, n’est-ce pas ?

Belladone continuait de river son regard d’encre sur le visage de son ami, qui se décoiffait du chapeau qui avait repris son aspect miteux et croulant, mais que Gellert remercia tout de même poliment avant de ranger à sa place. Le jeune homme continua de le regarder tandis qu’il replaçait à la va-vite les mèches d’une blondeur presque blanches qui avaient été décoiffées par le chapeau, cherchant à briser la glace étrange qui s’était installée entre eux. C’est d’un ton grave pourtant que le jeune homme reprit la parole, songeant aux réminiscences partagées avec lui il y’avait quelques minutes à peine, à l’aide de la Pensine ;

- Je suis persuadé que Serdaigle aurait tout changé…Bien plus que Serpentard…

Serpentard qui aurait eu tôt fait d’exacerber son certain mépris pour le règlement, son ambition sans limites ainsi que son talent pour la ruse. Que serait devenu le jeune Gellert, bercé par la douce lueur du soleil d’Ecosse qui perçait à travers la baie vitrée de la Salle Commune de Rowena ? Ses rêves de pouvoir et sa colère se seraient-ils étiolés au contact d’une créativité et d’une sagesse que l’on aurait poussé à cultiver, pour éclore au creux du terreau fertile qu’était la maison des Bleu et Bronze ? Sans doute ne le sauront-ils jamais, mais la mélancolie ne pouvait s’empêcher de s’exhaler des lèvres de Belladone, qui avait l’impression d’avoir assisté à un immense gâchis.


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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Aux origines du plus grand bien - Gellert  Aux origines du plus grand bien - Gellert Icon_minitimeMar 2 Fév - 13:42



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Novembre 1942.

Grindelwald esquissa un sourire lorsque Belladone valida le pari. Satisfait d’avoir un paquet de patacitrouilles rien que pour lui – mais certainement moins bons que ceux maisons de Bathilda – il lança un regard amusé à son ami, revenant au centre de la pièce. Puis, son jeune collègue avoua être surpris de la décision du Choixpeau. Gellert ne pouvait lui en vouloir. Mais au fond de lui, il se sentait soulagé. Il s’agissait là comme d’une victoire sur lui-même. Les Serdaigle avaient bien leur lot de sorciers attirés par les forces du Mal, mais leur proportion était bien moins élevée que chez les Serpentard. Comme le lui avait dit le Choixpeau, même s’il avait toutes les qualités requises pour la maison au serpent, elle ne lui aurait pas forcément convenu pour son développement intérieur. Une vague triste passa cependant sur son visage. À quoi bon réfléchir à tout ça ? Il n’avait pas onze ans mais soixante dans quelques semaines. Même si sa puissance magique lui avait garanti une espérance de vie bien plus élevée que la moyenne, il était convaincu que son séjour prolongé à Azkaban avait drastiquement diminué le nombre de décennies qu’il lui restait à vivre. Peut-être s’éteindrait-il dans dix ans, voire moins ?

Il regrettait désormais d’avoir posé le Choixpeau sur sa tête, tandis que Belladone semblait montrer un enthousiasme naïf face à la nouvelle. Lui-même, descendant direct de Rowena, semblait approuver la décision du couvre-chef rapiécé. Non, Gellert n’était pas déçu et il lui montra par un sourire taciturne. Mais il ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir, d’avoir été ignorant à l’époque et de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour aller à Poudlard et non à Durmstrang. Il avait été un enfant différent dès le début et l’école scandinave ne se souciait guère de la discrimination que pouvaient subir certains de leurs élèves. Bien évidemment, l’institution britannique n’était pas parfaite non plus, mais il aurait eu davantage la sensation d’être à sa place. Peut-être y aurait-il même fini ses études. Un sourire plus doux mais néanmoins nostalgique se dessina sur ses lèvres, songeant à un jeune Albus, ses longs cheveux roux lui tombant nonchalamment sur les épaules. Se seraient-ils aimés comme ils l’avaient fait ? Pour Gellert, dans son cas, cela ne faisait aucun doute. Mais peut-être que le plus illustre des élèves de Poudlard n’aurait pas daigné poser son regard azur et vif sur cet élève de Serdaigle aux yeux bizarres, trop occupé à inonder ses camarades de ses capacités magiques frôlant déjà le divin.

— Oui, cela aurait changé beaucoup de choses, indéniablement.

Gellert eut alors l’impression qu’un Détraqueur venait de poser sa main décharnée sur son épaule et son doux songe se dissipa instantanément. Rêver était vain. Songer à une éventualité alternative n’avait aucun sens. Personne ne pouvait réellement changer le passé. Mais il était clair que le décès de son père avait changé beaucoup de choses, peut-être trop. Il n’avait pas été le seul à perdre ses parents étant jeune. Albus avait lui-même perdu son paternel très tôt dans sa vie, laissant sa famille meurtrie et une benjamine anéantie à jamais. Pourtant, il n’avait pas mal tourné. Bien au contraire, il n’avait cessé de rayonner de sa splendeur bienveillante partout où il allait. Son frère semblait avoir moins accusé le coup, cependant. Bourru et impulsif, Abelforth était beaucoup plus prompt à la colère que son aîné. Tout comme Gellert, au final. Voilà pourquoi cela avait peut-être été si explosif entre eux durant l’été. La mélancolie et la peine ne semblaient vouloir s’envoler du regard vague et hétérochrome du mage noir, songeant au fait que l’avenir de tous aurait sûrement été bien plus radieux si Gellert s’en était tenu à sa quête des Reliques de la Mort. Qui aurait-il été, s’il n’avait pas été le sorcier violent et impitoyable qu’il avait été ? Serdaigle lui aurait vraiment permis d’être un individu totalement différent de celui qu’il était aujourd’hui ?

— Peut-être aurais-je été quelqu’un de bien.

Un lourd soupir suivit le murmure de cette phrase. Il repensa à son père, dont le décès prématuré avait scellé le destin de son fils. Qu’aurait-il pensé de lui en voyant ce qu’il était devenu ? Assoiffé de vengeance et empli de haine, se lançant d’une croisade qui avait tourné au bain de sang, ce monstre, il l’avait pris dans ses bras plusieurs fois pour l’empêcher de prendre cette voie. Tout ce que son père avait essayé de désamorcer en son fils à l’existence déjà quelque peu rude, Gellert l’avait détruit. Aussi puissant était-il, aussi grand et légendaire était devenu son nom, le paternel devait éprouver une déception amère et une honte incommensurable. Perdu, dans ses pensées, Grindelwald finit par hausser les épaules. Si cela se trouve, son père l’aurait renié pour son amour avec un autre garçon. Cela avait d’ailleurs été la goutte à Durmstrang, son péché ultime. Il reporta son regard sur Belladone, le visage devenu froid et impassible. Un sourire sans chaleur se dessina pourtant brièvement sur ses lèvres.

— Tu veux y retourner ?

Il s’approcha de la Pensine. Il n’avait aucune envie d’aborder l’éventualité d’une vie aussi paisible qu’agréable à Serdaigle. Pour l’instant, il avait envie d’oublier cette utopie et de montrer ce qu’il s’était réellement passé. Celui qu’il avait vraiment été et qu’il était sûrement toujours. Un monstre. Un corps forgé dans la colère et la haine. Il approcha à nouveau sa main pour en sortir un nouveau souvenir. Son visage d’adolescent flotta à la surface quelques instants avant de s’évanouir dans les remouds de l’eau d’argent du bassin aux runes gravées. Il inspira profondément avant de récupérer le premier souvenir qu’il avait montré à Belladone et le remit dans son crâne, de la même façon dont il l’avait extrait. Il était bien évidemment hors de question de laisser trainer sa mémoire n’importe où. Il se doutait qu’Albus, même en tant que directeur adjoint, devait traîner régulièrement dans le bureau du Professeur Dippet. S’il avait le malheur de tomber sur les souvenirs de Grindelwald, ce dernier n’osait en imaginer les conséquences. Aussi soupira-t-il de nouveau avant d’offrir un sourire franc à Belladone.
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MessageSujet: Re: Aux origines du plus grand bien - Gellert  Aux origines du plus grand bien - Gellert Icon_minitimeMar 9 Fév - 12:10



Aux origines du plus grand bien

Bureau du Directeur

Novembre 1942

La tendresse particulière que l’esprit de Belladone cultivait pour sa Maison se mêlait à la mélancolie qui berçait doucement son âme, soudain. A l’idée d’une face du monde complètement changée si le plus grand mage noir de son temps s’était vu accueilli dans le sage giron de Rowena. Morosité doucereuse, Belladone rivait sur Gellert un regard navré et impuissant, se demandant si tous deux n’avaient pas eu tort de s’être adonnés à une curiosité malsaine qui semblait faire plus de mal que de bien. A quoi bon remuer les cendres froides d’un passé déjà gisant, aux espoirs et rêves d’enfants dans la tombe vers laquelle Gellert semblait ne plus vouloir se retourner ? L’enthousiasme du jeune héritier de la maison Bleue et Bronze était retombée comme un soufflet. Une grande lassitude retombait soudain sur ses frêles épaules, dans son impuissance devant l’inéluctable qui lui assombrissait soudain l’humeur d’un chagrin maussade.

Le visage de Gellert lui renvoyait sa morosité comme un écho. La nostalgie, seule, semblait différencier ce reflet d’humeur soudaine provoquée par l’assouvissement d’une curiosité presque juvénile dont ils payaient le prix. Il n’y avait aucune trace de menace ou de colère sur la mine subitement sombre de Grindelwald lorsqu’il acquiesça la vérité murmurée par Belladone d’une voix cave et navrée, comme une prophétie irréalisable désormais. C’était une très mauvaise idée, cette histoire de Choixpeau Magique. Cela avait sonné comme la promesse d’un printemps mort avait même d’avoir pu craqueler la vaste terre gelée, désolée, qu’avait été l’existence de l’Autrichien. Alternative goguenarde, présage railleur d’une vie qui n’existerait jamais.

Belladone baissa les yeux lorsque Gellert reprit la parole, en accusant la dureté, ne pouvant les nier, pourtant. Comment réconforter un ami sans sombrer dans les noirs abysses du mensonge, sans trahir l’honnêteté qu’il devait bien là à celui qui haïssait la trahison ? La tendresse et l’empathie du benjamin Raven étaient mises à rude épreuve. Non, Gellert Grindelwald n’avait pas été quelqu’un de bien. Le prétendre lui ferait offense, s’exhalerait des lèvres tendres comme une injure à laquelle il ne voulait pas se résoudre. Acquiescer qu’effectivement, Serdaigle aurait pu forger un Sorcier qui aurait fait le bien ne serait qu’une blessure inutile. Ils ne le savaient que trop bien tous deux.

Le soupir de lassitude du mage noir fit lever le regard de Belladone. Ne fallait-il pas se montrer courageux à l’égard de ses rares amis ? Le jeune Professeur toussota légèrement, les bras ballants, figée dans une posture stupide tandis qu’il tâchait de reprendre un tant soit peu contenance pour articuler correctement sa piteuse phrase de réconfort :

- Vous pouvez l’être maintenant. Vous avez déjà commencé. Le passé est derrière vous, on ne le changera plus. Mais je crois que coiffer le Choixpeau était une mauvaise idée. Je suis navré de ne pas avoir tenté de vous en dissuader.

Ces deux-là se comporteraient-ils un jour comme des adultes ? Pour le si sage et si réservé étudiant qu’avait été Belladone semblait se découvrir des ailes en présence de son improbable ami ? L’adolescence, âge de toutes les folies, n’avaient rien éveillé d’autre chez Belladone que travail acharné, longues soirées au coin du feu et amours tendres qui se découvraient à mesure qu’il prenait conscience de son enfance qui se mourrait sous ses battements de cœur. Voilà qu’aujourd’hui à l’âge de raison, il s’enthousiasmait de voir le plus grand mage noir de l’époque se coiffer du puissant Choixpeau de rentrée, qu’ils n’auraient dû que contempler de loin, respectant là l’honneur que leur faisait le Directeur en leur prêtant son bureau et sa Pensine.

Gellert riva sur Belladone un sourire sans joie, tandis qu’il haussait les épaules, comme pour reprendre contenance, dans ce dédain superbe qui faisait de lui cette silhouette de légende que rien ne paraissait atteindre. Lorsqu’il proposa d’y retourner, le jeune homme commença à bafouiller. Il aurait voulu lui dire qu’il ne voulait plus abuser ; que la soirée avait été suffisamment éprouvante pour lui, que l’on pouvait en rester là ; qu’il pouvait reprendre sa parole même, s’il s’apercevait avoir sous-estimé la douleur de l’honneur qu’il faisait à son ami. Pourtant il n’eut guère le temps de s’épandre en justifications bredouillantes, que Gellert s’approcha déjà du rivage d’argent d’un des plus curieux objets de Poudlard, son souvenir d’enfance brisée flottant encore à la surface lorsqu’il fit émerger de l’extrémité de son doigt blanc collé à sa tempe un nouveau filament vaporeux, éthéré, qui vint rejoindre le premier dans l’écume de sa mémoire qu’il offrait là à la vue de Belladone.

Un visage d’albâtre aux yeux hétérochromes, très jeune, qui semblait peiner encore à s’extirper des rondeurs de l’enfance, émergea un instant de la petite mer d’argent avant d’être engloutie par l’écume vorace. Une seconde encore, et Gellert récupérait son premier souvenir, le dissimulant au fond de son esprit duquel il n’était sans doute jamais sorti avant ce soir. Une bouffée de reconnaissance non dénuée d’orgueil prit Belladone à la gorge, tandis qu’un nouveau soupir s’extirpait des lèvres de l’Autrichien, tandis qu’un sourire se dessinait sur ses lèvres, et que leurs visages se rapprochaient inexorablement de la Pensine, jusqu’à la frôler presque. Ce sourire semblait une invitation mutique, comme l’élan nécessaire qui devait pousser Belladone quelques millimètres en avant, immerger son esprit dans les tréfonds jusqu’alors insondables des souvenirs du plus secret mage noir de son époque.

Le bout de son nez frôla l’écume argentée. L’indéfinissable sensation qui s’ensuivit lui fit réprimer un soupir d’encouragement, tandis qu’il rendit un bref sourire à son ami avant de s’enfoncer. Un millimètre de plus, et son visage bascula complètement, pour rejoindre l’image du Gellert adolescent qui n’existait plus depuis si longtemps. A l’instant où sa nuque ployait, il se sentit basculer, et la tête en bas, il tournoya dans une chute vertigineuse, dans l’inconscience du temps et de l’espace qui ne signifiaient plus rien, le Grindelwald du présent, en chair et en os, sans aucun doute sur son sillage. Et lorsque ses pieds touchèrent la terre ferme, et qu’il tâchait de se remettre de la légère nausée provoquée par le tournis, son premier réflexe fut de tourner la tête pour apercevoir la haute stature du plus grand mage noir de l’époque. Et si on lui avait dit un jour que cette silhouette près de lui aurait pour effet de le rassurer, sans doute aurait-il conseillé au voyant de pacotille de cesser les excès de whisky Pur-Feu.

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MessageSujet: Re: Aux origines du plus grand bien - Gellert  Aux origines du plus grand bien - Gellert Icon_minitimeMar 9 Fév - 17:05



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Novembre 1942.

D’humeur morose, Grindelwald avait gardé le regard bas et triste malgré le sourire qu’il s’efforçait d’afficher sur ses lèvres fines. Perdu dans ses pensées sombres, l’étreinte imaginaire de la main cadavérique du Détraqueur fictif se resserra, recouvrant le cœur du mage noir d’un froid mordant. Belladone était resté silencieux, ne sachant certainement pas quoi dire devant cette bêtise qu’avait été de mettre le Choixpeau sur la tête blonde de Grindelwald. Pourtant, ce dernier essayait de prendre le plus de recul possible. L’acte en lui-même n’avait rien fait d’offensant, pourtant le repenti ne pouvait s’empêcher de sentir son moral s’être dégradé fortement. C’était juste l’imagination des deux collègues qui avait généré des regrets d’un temps qui n’était jamais passé. Comment pouvait-on chérir des souvenirs qui n’avaient jamais existé ? Le voile triste qui s’était abattu était ridicule. Se faisant violence malgré les paroles de Belladone d’un fatalisme déprimant, Gellert essaya de tirer un certain positif de cette expérience : oui, peut-être pouvait-il être quelqu’un de bien. Et même si l’idée d’une scolarité alternative faisait naître des regrets certains, elle n’était pas contraire avec l’avenir que Grindelwald essayait de se construire. Le fait qu’il aurait été à Serdaigle promettait qu’il y avait peut-être une part de bonté en lui.

Tels les yeux s’accoutumant à la lumière, l’âme de Grindelwald, trop longtemps plongé dans les affres de la colère et des ténèbres, avait perdu toute chance de rayonner à nouveau. Cependant, depuis quelques semaines, il commençait à se laisser convaincre qu’il pouvait être autre chose que désolation et violence. Que peut-être il permettrait à Lavande de devenir une sorcière à la hauteur de son potentiel, que peut-être il permettrait à Kanaeko de devenir une Auror accomplie. Mais avant de voir la lumière, il devrait se brûler les rétines, ayant besoin de s’accoutumer à la soudaine luminosité dans laquelle il baignait désormais après des décennies d’obscurité. Le verdict du Choixpeau ne devait pas être perçue comme une utopie révolue mais comme le fait qu’au fond de lui, son cœur aspirait à une lumière pure semblable à celle dans laquelle Albus et même Belladone baignaient. Bien évidemment, cela ne le laverait pas de ses crimes d’antan qui avaient éclaboussé ses mains de sang à jamais. Mais cela lui avait donné les bagages nécessaires pour percevoir dans la jeune génération un changement de route mauvais. Lavande en était le meilleur exemple. Elle était d’ailleurs son principal combat à Poudlard. La jeune élève ne s’en rendait pas compte mais Grindelwald avait mis sur ses épaules ses propres espoirs de rédemption.

Son visage se fit moins sombre et une sorte de tranquillité paisible vint voiler la craie de sa peau. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il se sentait désormais en paix. Combien de temps cette agréable sensation durerait-elle ? Probablement le temps de voir le souvenir qu’il avait choisi et qui s’écoulait fluidement dans la Pensine. Mais cette époque qu’il allait révéler aux yeux de Belladone était révolue, du moins l’espérait-il. Normalement, il s’était forgé une réputation suffisamment solide pour les générations à venir pour que des imprudents viennent lui chercher des ennuis. Ainsi plongea-t-il dans la Pensine après Belladone. Après le voyage chahutant dans le passé si caractéristique, les pieds de Gellert retombèrent sur un sol en bois sombre. Des dizaines de lits à l’aspect austère étaient mis de part et d’autre des murs, rappelant un camp militaire. Des dizaines de garçons, âgés entre visiblement 11 et 18 ans discutaient entre eux, par petit groupe, certains assis sur leur lit, d’autres debout. Tous, hormis ceux qui s’étaient déjà changés pour aller dormir, portaient une tenue rouge vif, une fourrure noire recouvrant leur bras gauche. Gellert et Belladone étaient apparus près d’un élève aux longs cheveux blonds dont ces derniers tombaient nonchalamment sur ses épaules. L’adolescent de seize ans, ayant déjà enlevé sa cape, était occupé à retirer ses guêtres d’un cuir noir brillant. À quelques mètres, un groupe d’une demi-douzaine de garçons était en train de s’éclaffer bruyamment, chahutant entre eux. Certains d’entre eux étaient torse-nu, malgré le froid glacial qui régnait dans le baraquement.

— Tu me dois une bouteille de Vodka Fonte-Glace, Hjalmarson. Je suis allé dehors, en pleine nuit, sans l’uniforme et pendant une heure.

— Déconne pas, Arsakov, on est en avril, t’auras le droit à une gorgée, c’est tout.

Gellert resta silencieux. Il donnerait les détails à Belladone concernant Durmstrang plus tard. À moins qu’il ne sache déjà que l’école n’était pas chauffée et ce même en hiver. Les élèves avaient donc trouvé des combines pour garder une certaine température corporelle décente, eux qui devaient suivre leur cursus scolaire au-delà du cercle polaire. Rapidement, la Vodka Fonte-Glace était devenu l’élément indispensable au confort de certains. Les plus âgés en ramenaient souvent en cachette et n’hésitaient aucunement à en faire profiter les plus jeunes. Ledit Hjalmarson, plus grand et plus costaud que tous, semblait être au centre de son petit cercle d’amis ou plutôt de larbins. Parmi sa bande, des plus jeunes et plus chétifs que lui, souriaient bêtement, le regard constamment braqué sur le colosse de dix-sept ans, semblant lui vouer un culte irrationnel ou une peur féroce. Certainement un peu des deux. Peut-être qu’en étant près de lui, ils espéraient s’attirer ses bonnes grâces. Le dénommé Arsakov grommela quelque chose, mécontent et refusa finalement la bouteille que lui tendit Hjalmarson. Ce dernier eut un ricanement sournois avant de la boire cul-sec sous les encouragements de ses camarades. Il laissa tomber la vodka vide par terre dans une acclamation de triomphe, en profitant pour contracter ses muscles sous les exclamations impressionnés des plus jeunes. Le colosse en profita pour jeter un regard noir chargé de défit, un sourire malveillant aux lèvres, au garçon blond qui s’apprêtait à se mettre dans son lit et dont le dos arborait des traces similaires à des marques de coups de fouet.

— Dis, Hjalmarson, ça te dit qu’on aille dans le baraquement des filles ?

Hjalmarson donna l’impression d’hésiter. Si l’idée paraissait le tenter, il semblait pourtant avoir d’autres desseins. Il posa à nouveau ses yeux sur le blond au dos marqué. Arsakov suivit son regard et le même sourire malveillant se dessina sur ses lèvres.

— Tu veux venir avec nous, Grindelwald ?

— Non merci, Sigurd.

Hjalmarson ne semblait pas aimer être appelé par son prénom. Surtout quand cela semblait venir de Gellert qui n’avait même pas daigné lui adresser un regard.

— Tiens donc. Comme c’est étrange.

Le colosse s’approcha alors de sa cible tandis que la rumeur des conversations se faisait de plus en plus discrète, les regards se tournant vers les deux adolescents.

— Tu ne viens jamais avec nous, tu as peur d’avoir froid, dehors ?

Aucune réponse, aucun regard, Grindelwald préférant ranger ses affaires. Hjalmarson était désormais assez proche du jeune Gellert pour que les marques dans le dos similaires à celles de son rival soient également visibles.

— Ou peut-être y a-t-il une autre raison ?

Derrière lui, Arsakov ricana d’un air mauvais qui lui donnait l’air incroyablement stupide. Calme, le jeune Gellert haussa finalement un sourcil et plongea son regard hétérochrome dans celui azuré de Hjalmarson, ne comprenant visiblement pas où il voulait en venir. Ce dernier se pencha alors vers lui avant de dire à voix basse :

— Ton petit copain Gaunter nous a tout dit.

— Qu’est-ce que tu racontes, Sigurd, je n’ai pas de p…

— Ta conversation d’hier avec lui, c’était du flan. C’est moi qui t’ai tendu un piège. Il devait forcer à te faire parler ou alors je racontais son petit secret à tout le monde. Je ne suis pas sûr que notre directeur apprécierait d’apprendre qu’il accueille un Sang-de-Bourbe dans son école. Et encore une moins une tapette. Le Sang-de-Bourbe a fait son choix et il t’a balancé, quel dommage.

Le regard asymétrique de Gellert se tourna alors brièvement vers un autre garçon qui le regardait avec un air impassible, malgré une certaine tristesse dans son regard. Grindelwald reporta alors son attention sur Hjalmarson qui, après l’avoir toisé de toute sa hauteur, lui tourna le dos et s’adressa à sa bande ainsi qu’aux autres élèves autour.

— Arsakov, pourquoi aller voir les filles quand Grindelwald la tapette serait content de nous satisfaire ?

Des ricanements, surtout parmi la troupe de Hjalmarson, s’élevèrent alors. D’autres, néanmoins, regardaient Gellert avec un mélange d’appréhension, d’inquiétude et de pitié. Le colosse se tourna alors vers sa cible dont le visage demeurait étrangement impassible.

— Comment dit-on déjà dans ta langue ? Schwule, c’est ça non ?

Avant que Hjalmarson ne puisse sortir sa baguette, Gellert s’était déjà jeté sur lui. Malgré la différence flagrante de gabarit, l’élève austro-hongrois parvint à faire jouer de son poids pour faire tomber son adversaire sur le sol. Rapidement, un cercle se forma autour d’eux, la grande majorité encourageant Hjalmarson. Cependant, c’était Gellert qui se tenait au-dessus de lui, le maintenant au sol, le visage toujours aussi inexpressif, malgré son regard trahissant une colère folle. Par deux fois son poing s’abattit sur le visage de Hjalmarson avant que celui ne réagisse en contre-attaquant. Pourtant, malgré la violence du coup que reçu Grindelwald sur la tempe, ce dernier ne cilla pas, ne broncha pas. Rapidement, son opposant ne parvint plus à riposter, l’adolescent au visage pourtant angélique et aux traits fins envoyant inlassablement son même poing s’écorcher sur le crâne bientôt en sang de Hjalmarson. Rien ne semblait pouvoir retenir le bras du Germanique, dont la folie enragé et incontrôlé était exacerbée par son œil blanc. Bientôt, une dent finit par tomber sur le plancher du dortoir. Puis une deuxième vint la rejoindre dans la petite flaque de sang qui s’était créée sous le visage gonflé et violacé d’un Hjarlmarson devenu inerte. Il n’y avait plus aucun bruit dans le dortoir si ce n’était le bruit du poing de Grindelwald qui continuait de s’esquinter sur la mâchoire du Danois. Finalement, un éclair rouge frappa Gellert de plein fouet dans le dos. Ce dernier cilla et arrêta ses coups, son poing en sang. Comme immobilisé d’avoir été interrompu, sa respiration étrangement calme, ses phalanges toujours serrées finirent par retomber le long de son corps. Puis, il se releva tandis qu’une porte s’ouvrit dans un grand fracas et qu’un adulte accourait vers eux.

La scène disparut alors sous les yeux de Gellert et Belladone. Le décor tourna autour d’eux et les firent réapparaître dans une pièce sombre. Derrière le bureau se tenait un homme à l’épaisse barbe, coiffé d’une ouchanka. En face de lui, Gellert, toujours torse-nu et couvert du sang de Hjalmarson, soutenait insolemment le regard de son directeur qui paraissait particulièrement agacé.

— Grindelwald, je dois dire que je suis particulièrement outré de votre comportement ce soir. Vous causez de problèmes à Durmstrang bien plus que n’importe quel autre élève. Comme si cela ne suffisait pas, vous avez agressé – comme un Moldu en plus ! – Hjalmarson. Jachowicz m’a dit il y a deux minutes qu’il est actuellement entre la vie et la mort ! Puis-je savoir ce qu’il vous ait passé par la tête ?

— Il m’a insulté et provoqué.

— Et c’est une raison valable ?

L’adolescent ne répondit rien, soutenant toujours insolemment le regard de son directeur exaspéré qui finit par trier machinalement ses papiers.

— De plus, il n’y a pas d’insulte quand l’accusation s’avère être vrai.

Gellert fronça les sourcils et sa mâchoire se contracta nerveusement.

— Sigurd Hjalmarson a dit de vous certaines… choses que beaucoup ne semblent pas nier. Je ne pourrais tolérer cette… déviance au sein de notre école, Grindelwald. Vous êtes renvoyé.

Le visage insolent de Grindelwald se déforma dans une grimace de colère contrôlée, ses lèvres se pinçant de colère.

— Nous avons été suffisamment patients avec vous : votre goût pour la magie noire est connu de tous, votre sang à la qualité douteuse – j’ai appris que votre grand-mère était une hybride et votre mère une moldue ? – vous portent déjà préjudices mais il semblerait que nous ayons également échoué à vous inculquer la discipline. Mettre la vie d’un élève en péril, par un moyen moldu qui plus est, et votre maladie nous obligent à vous mettre à la porte. Vous avez quelque chose à redire à cela ?

— Vous allez le regretter.

— Je vous demande pardon ?

— Mon nom sera à jamais attaché à votre école. Peu importe qui je serai plus tard, soit vous serez connu comme ayant osé m’avoir tourné le dos. Ou alors je serai si connu que Durmstrang sera tristement célèbre pour m’avoir eu entre ses murs. Vous ne m’effacerez jamais d’ici.

Le regard menaçant, un sourire cruellement doux et presque charmeur aux lèvres, l’adolescent fixait toujours son directeur, les mains derrière son dos et le menton relevé avec arrogance. Le décor s’évapora une nouvelle fois et le bureau de Dippet apparut pour la deuxième fois de la soirée. À peine sorti de la Pensine, Gellert retira son souvenir du bassin pour le remettre dans son crâne.

— Ce n’était pas spécialement ce qui avait de plus intéressant, mais Durmstrang a déclaré officiellement que je m’adonnais à des expériences et que j’avais failli causer la mort d’un de mes camarades. La vérité est légèrement différente.

Il eut un sourire amusé.

— Le lendemain, je gravais les signes des Reliques de la Mort dans le mur d’un des bâtiments. Je crois savoir qu’il y ait toujours. Je m’étais arrangé pour que ne puisse l’enlever ni à la main et encore moins magiquement. Ceux qui s’y essayent ressentent une brûlure intense dans leur bras.

Il eut un petit rire mauvais, ne ressentant aucune pitié pour le personnel de Durmstrang. En vérité, ce souvenir l’avait plutôt mis de bonne humeur. Il en tirait même une certaine satisfaction. Peut-être n’était-ce pas ce que Belladone attendait de lui. Mais malgré sa profonde volonté de changer, Gellert ne pouvait s’empêcher qu’ils l’eussent tous bien cherché. C’était bien l’un des rares chapitres de sa vie dont Grindelwald n’en tirait aucun regret.
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