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Aux origines du plus grand bien - Gellert

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Belladone Raven
Belladone Raven
Âge : 28 ans
Sang : Sang-Pur
Nationalité : Anglaise
Patronus : Un corbeau
Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal
Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
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MessageSujet: Re: Aux origines du plus grand bien - Gellert  Aux origines du plus grand bien - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMar 16 Fév - 15:42



Aux origines du plus grand bien

Bureau du Directeur

Novembre 1942

Lorsque le monde cessa de tournoyer dans un tourbillon de couleurs qui exacerbait sa nausée, Belladone ouvrit ses yeux d’encre sur la vision qui l’entourait, plus vraie que nature. Ses souliers vernis s’étaient plantés sur un sol de bois grossier, dans ce qui lui semblait être un dortoir d’allure militaire. Les lits en fer-blanc se superposaient dans l’austérité de la pièce, seul et unique mobilier du dortoir dépouillé, au beau milieu duquel s’égayaient une bande de garçons à la large tranche d’âge. Certains paraissaient encore des garçonnets quand d’autres semblaient fait hommes. A la fourrure brune qui pesaient sur leurs frêles épaules, à la cape cramoisie qui leur tombait à la taille, Belladone reconnut non sans mal l’uniforme de Durmstrang.

A y regarder de plus près, il avait tous ce profil venu des grands froids. Cette prédominance de blondeur polaire, slave ou scandinave, ces statures déjà hautes et ces traits blancs qui semblaient roidis par une dignité glaciale, souvent percé par des yeux d’eau claire de fjord en hiver. Certains se dévêtaient l’air de rien, ne semblant pas ressentir la morsure du froid que Belladone ne pouvait que deviner. Son regard d’encre se fit hésitant, tremblotant d’angoisse et d’hésitation, quand enfin il se riva sur celui qu’il cherchait. Sa blondeur avait une pâleur plus tendre, plus juvénile peut-être. Sa chevelure soyeuse retombait docilement sur ses épaules qu’il avait frêles encore. Gellert Grindelwald devait avoir seize ans. L’aube de ses dix-sept tout au plus. Son regard hétérochrome ne pouvait pas tromper. Il s’agissait bien là du mage noir qui ferait trembler le monde sorcier sous sa main. Il semblait un adolescent sage, docile, presque tendre à le voir ainsi ôter sa cape et ses guêtres à gestes lents, ne se souciant pas de la conversation animée de deux colosses dépenaillés qui semblaient jauger leur virilité de par leur capacité à résister aux intempéries et à un breuvage qui devait pour sûr être prohibé au sein de l’établissement.

Le Gellert adolescent ne suivait pas ces échanges turbulents. Se contentait de se faire discret, tandis qu’il parachevait son déshabillage à gestes lents, indifférents aux piailleries de ses camarades. Il dut bien pourtant se retourner lorsque se riva vers lui la grande carcasse du dénommé Arsakov, sur la mine duquel s’esquissait un sourire malveillant. L’offre aurait pu paraître alléchante, voire amicale, si ce sourire mauvais ne s’étalait pas sur face rustre et carrée. Gellert refusa avec une politesse exquise, et dans son timbre on pouvait percevoir cette fermeté qui n’acceptait aucune contestation. Mais la réputation du grand Gellert Grindelwald n’était pas faite encore, aussi la réflexion alambiquée fut jetée sans crainte, tandis que s’approchait du frêle adolescent le colosse dont le regard s’était voilé d’une menace malveillante, pas tout à fait affichée encore.

La première provocation fut ignorée par un Gellert dont Belladone n’avait jamais été témoin d’une patience si angélique. La seconde, plus larvée, plus clairement malintentionnée aussi, était faite pour le faire réagir. Et personne hormis Belladone n’aurait pu saisir l’ampleur du danger ce jour-là, lorsque les yeux hétérochromes se rivèrent dans l’azur stupide de ceux de l’immense blond, un sourcil levé comme dans une interrogation mutique. Il évoque un Gaunter et, pour la première fois, Belladone voit l’aplomb de Gellert vaciller. Il bredouille et sa justification est coupée par son aîné, visiblement très fier du petit piège qu’il avait manigancé et dont les serres acérées se refermaient sur le frêle Grindelwald qui se retourna vers le jeune traître, contraint et forcé, qui affichait une mine contrite pour seule excuse.

Belladone eut encore la surprise de voir l’adolescent tourner le dos à l’affront innommable qui lui était fait, quand pas une seule âme, du temps de sa gloire, ne se serait osé à murmurer un centième de l’opprobre qu’il venait d’essuyer avec une résignation glaciale. Le jeune et tendre Raven, lui, avait pâli sous l’injure qui ne lui était pas adressée, et n’était pas au bout de ses émotions, pourtant. L’indécence de la raillerie qui s’échappa de la bouche goguenarde de ce Hjalmarson le fit virer au cramoisi, tandis que ceux qui ne riaient pas de la petite scénette la contemplait d’un œil au fond duquel se mêlait appréhension et effarement. Et Belladone avait beau ne pas comprendre l’allemand, l’injure était trop claire, trop explicite pour ne pas être comprise. Et la lueur de folie qui traversa comme un éclair le visage du futur mage noir valait toutes les traductions. Et l’immense idiot n’avait qu’à peine eut le temps d’effleurer sa baguette que l’adolescent se jetait déjà sur lui, et que leurs deux corps roulaient sur le sol, immédiatement encerclés par des supporters ou des voyeurs en mal de violence. Belladone crut un instant que Gellert serait massacré, surtout lorsque l’énorme poing vint s’écraser sur la tempe de l’adversaire beaucoup plus frêle. Et contre toute attente, le déséquilibre pencha en la faveur de Grindelwald, qui encaissait les coups sans mot dire, le visage fermé par une inquiétante folie qui lui durcissait les traits. La frénésie de son poing ne semblait plus devoir s’arrêter, de même que l’adolescent ne semblait pas voir le sang qui s’étalait en une flaque sinistre autour de la tête du colosse et maculait les phalanges du futur mage noir, qui aurait sans doute commis là le tout premier meurtre de son sinistre règne, sin un jet de lumière rouge ne l’avait pas immobilisé par la force.

La scène se fondit aux yeux épouvantés de Belladone qui n’eut plus le temps que de voir un adulte accourir sur les lieux. Et avant même que sa bouche écarquillée ne se referme, le décor avait changé, et c’est un Gellert dépenaillé, toujours à demi-vêtu et couvert de sang qui se trouvait dans un bureau à l’austérité lugubre, face à un homme à mine patibulaire et à barbe épaisse, coiffé d’une chapka à l’intérieur même de son école. Celui qui, sans nul doute, se trouvait être le directeur, s’occupait à tancer vertement le futur mage noir. Il ne semblait pas vouloir s’occuper des justifications du jeune homme, ne voyant pas d’injure dans ce qu’il semblait réprouver de toute sa force, lui aussi. Le cœur de Belladone sembla soudain de plomb et son estomac fut pris de nausée lorsque l’homme avoua sans détours qu’il donnait raison à ceux qui fustigeaient l’orientation de Grindelwald, mettant en avant ses origines selon lui douteuses et cette « maladie » qu’il ne saurait tolérer au sein de son établissement. Malgré son intelligence, Belladone comprit un peu tard qu’il assistait là au renvoi de Durmstrang de Gellert Grindelwald.

Et c’est justement parce qu’il connaissait l’avenir que le jeune homme se figea d’une terreur glacée devant la menace du jeune homme. Justement parce qu’il n’ignorait pas jusqu’à quel point il avait honoré sa promesse, jusqu’à quel point l’austère école inconnue résonnait désormais de son nom honni, craint, respecté, vénéré, parfois. Le sourire esquissé valait toutes les colères, toutes les promesses solennelles. Et Belladone mis quelques secondes à comprendre que le souvenir s’étiolait, se sentant vaguement soulevé par une force impalpable. Lorsque ses yeux se levèrent de nouveau, le Gellert qu’il connaissait se hâtait de récupérer ce souvenir que, sans doute, personne d’autre que Belladone ne verrait jamais.

Le jeune homme l’écoutait d’une oreille, toujours figé, statue de sel horrifiée par l’amoncèlement et la violence des émotions dont il avait été témoin en quelques minutes seulement. Le vague mensonge de Durmstrang qui laissait supposer des expériences relatives à la Magie Noire ayant manqué de causer la mort d’un camarade. La menace mise à exécution le lendemain même, le signe devenu légende des Reliques de la Mort gravée au mur de l’école, magie indélébile et cuisante à tous ceux qui avaient essayé d’y remédier. Gellert eut un petit rire, mais jamais, au cours de sa tendre vie, Belladone n’avait pu aussi bien comprendre cet accès de cruauté, cherché, mérité, à force de souffrances et d’injustices infligées à une âme qui, bien traitée, aurait pu changer la face du monde.

- Oh…Gellert…

Les yeux d’encre se levèrent vers l’austérité blanche d’un visage qui se contraignait à garder cette contenance superbe arborée en toutes circonstances. Il y’avait de ces situations qui ne requérait aucune bonne parole, aucun réconfort idiot à la banalité indifférente, aucun discours alambiqué faussement compatissant. L’estomac toujours soulevé par cette même nausée qui l’avait secouée devant la rudesse du mauvais traitement que l’on infligeait à Lavande, devant l’adolescent patient et angélique qu’aurait pu être Grindelwald, devant l’immensité de tout ce gâchis, Belladone ne sut rien faire que d’offrir là ce qui arrivait beaucoup trop tard, ce dont il aurait eu besoin il y’a si longtemps, ce qui ne pouvait plus rien changer aux atrocités et à l’étendue de tout ce triste désastre qui aurait pu si facilement être évité. L’étreinte fut amorcée sans rien dire, parce que Belladone savait les mots inutiles, ne voulait insuffler là qu’une affection compatissante, qu’une tendresse recherchée tant de décennies dans la violence et la colère, et qu’il voulait lui donner là de tout son grand cœur béant d’un tel gâchis. Ses bras resserrent l’étreinte et il resta ainsi un temps indéfinissable, qui ne semblait plus devoir s’étioler. Et lorsqu’enfin le corps frêle de Belladone se détacha de la haute stature, il n’y avait plus aucune crainte, plus aucune pudeur pour cet ami qui lui avait confié la plus cuisante humiliation de son existence. Il ne bredouillait même pas lorsque la question s’échappa de ses lèvres :

- Sait-il ? A-t-il seulement déjà su ?

Le nom n’avait nullement besoin d’être proféré. Ils ne savaient que trop, tous deux, de quel homme il était question ici, du seul homme qui, sans doute, il avait toujours été question dans l’existence de colère et de rancœur d’un Grindelwald qui avait cherché, en vain et toute sa vie, une affection qui n’était jamais venue que quelques semaines d’un été lointain.


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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Aux origines du plus grand bien - Gellert  Aux origines du plus grand bien - Gellert - Page 2 Icon_minitimeJeu 25 Fév - 11:33



Aux Origines du Plus Grand Bien

« NUN LIEBE KINDER, GEBT FEIN ACHT »

Novembre 1942.

Les yeux posés sur les murs de la pièce, Grindelwald regardait les portraits des anciens directeurs de Poudlard qui ne dormaient pas avec une lueur de défi. Évidemment que sa présence ici, dans le bureau du professeur Dippet, intriguait. L’un d’eux, un dénommé Phineas Nigellus Black, demeurait silencieux même s’il soutenait les iris asymétriques du mage noir avec une curiosité flagrante. Gellert esquissa un sourire quand l’ancien directeur semblait retourner dans son sommeil et reporta son attention sur Belladone quand celui-ci lui adressa la parole. Le jeune homme paraissait bouleversé et le repenti ne put s’empêcher d’avoir un air désolé sur son visage. Cet épisode l’avait certainement plus marqué qu’il n’osait le reconnaître lui-même. Le regard extérieur de Belladone semblait prouver qu’être humilié et trahi ainsi devant deux cent gamins l’avait impacté indubitablement. Mais il ne s’en était jamais rendu compte. Peut-être avait-il voulu enterrer tout ceci loin derrière lui, ne plus y penser. Néanmoins, cela avait probablement créé une fracture en lui. Il se souvenait, durant l’été qui suivit, à quel point il refusait ses propres sentiments à l’égard de l’homme qu’il avait aimé et aimait toujours. Une protection égoïste qui consistait à renier les émotions de son cœur et, plus tard, les transformer en une haine brute et violente.

Mais avant que Gellert ne puisse savoir s’il y existait une corrélation entre le renvoi de Durmstrang et sa folie meurtrière, Belladone, à sa grande surprise, le prit dans ses bras. Surpris, le mage noir resta immobile quelques instants. D’ordinaire, c’était lui qui se montrait tactile avec les autres, généralement dans le but de les déstabiliser et de gagner leur confiance, les empêchant de fuir également. Mais là, il s’agissait d’un geste réellement spontané et d’une affection pure. Finalement, Gellert finit par répondre à l’étreinte réconfortante et chaleureuse de Belladone, refermant ses bras autour de son dos frêle, un soupir apaisé s’échappant de ses poumons. Sans rien dire sur le moment, il regarda le sol, essayant d’éviter de penser à ce qu’aurait été sa vie s’il avait eu un ami comme lui à Durmstrang. En réalité, hormis ces deux mois en Angleterre en compagnie du seul homme qui semblait le comprendre, il avait toujours été plongé dans une solitude étrange. Ses parents, le châtelain de Nurmengard… Ces derniers l’avaient aimé et recueilli et pourtant. Il avait été différent sur tous les points possibles et inimaginables. Dès sa naissance, il se distinguait déjà par la couleur insolite de ses yeux. Puis par ses pouvoirs et enfin par sa préférence sexuelle. Et l’homme qui le comprenait autrefois alors semblait être désormais un étranger autant que les autres.

La gorge serrée, Gellert demeurait pourtant immobile et raide, continuant de tenir celui qui, contre toute attente, était désormais ce qu’il possédait de plus précieux. Rien n’avait prédit une telle amitié entre ces deux hommes qu’absolument tout opposait. Mais l’ouverture d’esprit de Belladone était, pour l’instant, la seule chose qui représentait un espoir de salut. Finalement, le jeune homme finit par briser leur longue étreinte qui avait été sûrement été plus efficace que n’importe quel discours. Un peu gêné malgré lui bien qu’incroyablement touché par le geste de son ami, Gellert baissa le regard, ne sachant quoi dire face à ce geste si spontané et honnête. Finalement, ce fut son jeune collègue qui brisa le silence, demandant avec franchise si Dumbledore savait tout ceci au sujet de l’homme qu’il avait fait libérer d’Azkaban. Lentement, un sourire se dessina sur les lèvres pales du mage noir qui regardait toujours le sol en réfléchissant à sa réponse. Albus n’avait jamais caché qu’il avait toujours éprouvé une certaine satisfaction égoïste à l’égard du renvoi de Gellert de Durmstrang. Mais les choses n’auraient-elles pas été préférables pour le monde sorcier que Grindelwald finisse tranquillement sa scolarité ?

— Non, il ne le sait pas. Il en est resté à la version officielle de l’école. Et puis, à quoi bon ? Qu’est-ce que cela aurait changé après tout ? Magie noire ou « perversion sexuelle », je me suis fait renvoyer de Durmstrang et c’est tout. Je ne suis même pas sûr que ça l’intéresserait plus que cela de savoir.

Il marqua un temps de pause, perdu dans ses pensées, un sourire doux mais triste sur ses lèvres.

— Tu l’as sûrement entendu dire que connaître son ennemi était primordial si tu espérais le vaincre. Le fait qu’il n’ait pas cherché à en savoir plus pendant ces décennies qui nous ont opposés… me fait penser qu’il ne m’a peut-être jamais réellement considéré comme son ennemi.

Son regard se perdit quelques instants, en même temps que ses pensées. Est-ce que lui-même avait déjà considéré Albus comme son plus grand rival. Pourtant, il n’aurait pu le qualifier « d’ennemi ». Le seul qu’il l’ait vraiment été, c’était sans aucun doute lui-même. En voulant tuer Dumbledore, il espérait supprimer cette partie de lui-même qui saignait chaque instant de regrets et de remords. Partie de lui-même désormais prédominante et qui lui provoquait un intense sentiment de perdition ici à Poudlard. Moralement, l’école de sorcellerie se révélait être une prison bien plus éprouvante qu’Azkaban. Véritablement purgatoire aux allures d’utopie idyllique, Grindelwald était confronté aux regards purs et craintifs de tout ce qu’il avait tenté de détruire, jaloux sûrement d’en avoir été privé durant son enfance. Belladone, malgré tout, demeurait une ancre, un point d’attache pour l’empêcher de dériver complètement dans ses regrets et dans l’indifférence azurée des yeux d’Albus. Comme pour clore la conversation, il haussa nonchalamment les épaules, préférant arrêter de penser à Dumbledore ces temps-ci. Il recouvra alors rapidement un sourire espiègle derrière lequel il cacha sa peine et ses doutes.

— Y a-t-il quelque chose que tu veux voir ? Pour des raisons évidentes, je ne te montrerai pas ma rencontre avec Dumbledore, ni même mon départ précipité de son village. Même si je regrette profondément ce qu’il s’est passé et que j’en ai honte aujourd’hui, je ne peux pas me permettre d’étaler ainsi sa vie sans son consentement. Et je ne lui ferai pas l’affront de lui demander également.

Il songea au fait qu’il n’apprécierait certainement pas que Gellert expose ainsi toute sa vie dans la Pensine du directeur. Même s’ils en avaient eu l’autorisation de la part de Dippet lui-même, Dumbledore trouverait certainement le moyen de le lui reprocher d’une manière ou d’une autre. Ou était-ce lui qui était peut-être un peu trop amer à l’égard du professeur de Métamorphoses ? La gorge serrée à l’évocation de cette froideur entre eux, Gellert soupira un instant avant de vite reprendre contenance.

— En revanche, non, je n’ai aucune honte à te montrer la vie de notre ami Sigurd. Il n’est, de toute façon, plus parmi nous.

Son sourire s’élargit alors. Quelque part, sa propre violence vindicative le réconfortait et le distrayait. C’était mal, bien évidemment. Une pensée impure qui faisait naître un léger sentiment flou de culpabilité au fond de lui. Si l’envie d’user de cette violence avait complètement disparu désormais (malgré quelques démonstrations impulsives encore récentes), il ne pouvait nier l’étrange satisfaction qu’il éprouvait en songeant au fait que ses adversaires l’avaient bien mérité. D’un air faussement innocent, il ajouta :

— Je l’ai d’ailleurs recroisé, quelques années plus tard.

Belladone ferait sûrement la corrélation entre les deux dernières phrases de son ami. Il était évident que Grindelwald semblât être impliqué dans le décès prématuré de Hjalmarson. Mais le jeune professeur ne devait pas oublier, malgré toute sa bonté, que le mage noir qu’il avait serré spontanément dans ses bras, était un meurtrier et que le sang de ses crimes ne pourrait jamais être totalement effacé.
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Belladone Raven
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MessageSujet: Re: Aux origines du plus grand bien - Gellert  Aux origines du plus grand bien - Gellert - Page 2 Icon_minitimeLun 8 Mar - 14:20



Aux origines du plus grand bien

Bureau du Directeur

Novembre 1942

Gellert accepte l’étreinte. Et lorsque les bras roides se referment, Belladone ne sait plus vraiment qui réconforte l’autre. Se demande vaguement si c’est là l’important. Car le bénéfice de l’étreinte semble s’étendre aux deux. A l’âme trop tendre du jeune Professeur ébranlée par la violence des réminiscences d’un passé qui n’était pas le sien, fouetté au cœur, pourtant, avec la même aigreur que si ces sinistres souvenirs lui avaient appartenu. A lui Grindelwald, dont on ne connaissait que l’image implacable de mage noir vénéré et craint, mais dont Belladone découvrait là la solitude de toute une vie, le rejet farouche depuis la prime jeunesse, l’existence semée par la mort de proches aimants et trop rares et d’abandons presque constants. Aussi était-ce plus qu’une étreinte que Belladone lui offrait là, tentant d’insuffler à ses bras la certitude qu’il serait là, qu’il ne pardonnait rien d’un passé inqualifiable mais qu’il serait là pour le repentir, lui sa loyauté discrète mais sans failles que personne, encore, n’avait eu l’occasion de déplorer.

Gellert semblait l’avoir compris lorsque l’étreinte se brisa. Au léger sourire sans joie, teintée d’amertume et de nostalgie devant l’étendue de tout ce gâchis. A la gratitude qui luisait dans son regard, destiné au garçon trop tendre et unique témoin des humiliations précédant l’avènement du mage noir au cœur duquel on avait insufflé que de la colère. Le sourire, pourtant, finit par s’étioler sous la question de Belladone, audacieuse d’une franchise qu’il semblait pouvoir se permettre à présent que le plus secret mage noir de son époque se soit ainsi ouvert à lui. Nulle trace de colère auparavant redoutée, simplement une lassitude qui sembla affaisser un instant ses traits, avouant là qu’Albus Dumbledore n’en avait jamais rien su. Que cela n’aurait rien changé et que, sans nul doute, son intérêt sur la question n’aurait été que très limité. Aussi persuadé du contraire que Belladone soit, il ne contredira pas Gellert, persuadé de ne pas en avoir la légitimité, son passé n’appartenant qu’à lui seul ;

- En tout cas, en ce qui me concerne, je suis très flatté que vous m’ayez confié ce pan de votre passé. Vous pouvez avoir confiance en ma discrétion.

La seconde tirade, de laquelle ne dissimulait qu’avec peine une amertume palpable, fit plus longuement réfléchir Belladone. La relation qui avait uni les deux plus grands sorciers de l’époque restait bien trop mystérieuse aux yeux du jeune homme, pour qu’un quelconque avis rationnel vienne affleurer à son esprit qui avait encore du mal à croire à ce que toutes ces années d’investigation ne lui avaient même jamais laissé soupçonner. Peut-être les indéfectibles sentiments de Dumbledore à son égard l’avaient-ils inconsciemment conduit à ne pas le considérer comme son ennemi ? Et puis qui pouvait réellement se targuer de connaître les tréfonds des inextricables cheminements de la pensée du Directeur Adjoint ? Pas Belladone, cela, c’était certain.

- Je ne sais pas, Gellert. Peut-être votre…passé a t-il inconsciemment joué dans l’image qu’il s’est forgée de vous. Mais peut-être aussi a t-il cherché à savoir. Peut-être connait-il quelques bribes de ce que vous me montrez là, peut-être a t-il cherché en vain ? Ce dont je suis certain, c’est que nous ne le saurons pas…Peu de gens peuvent se targuer de pénétrer l’esprit insondable d’Albus Dumbledore.

La mine assombrie de Gellert semblait s’égarer en réflexions qui ne changeraient plus l’irrévocable passé désormais. La culpabilité commençait doucement à poindre dans le cœur de Belladone, se demandant là si ces petites séances de noyade au cœur de la Pensine ne contribuaient pas à déprimer un peu plus son nouvel ami, lui martelant l’âme de sombres gâchis contre lesquels personne ne pouvait plus rien. Et avant même qu’il ait pu se fustiger en vains remords, le mage noir repenti sembla reprendre contenance et bonne humeur, comme soumis à un sortilège d’allégresse qu’on lui aurait lancé dans le dos. Les joues de Belladone rosirent lorsqu’il expliqua pour quelles raisons il ne lui montrerait pas sa rencontre avec Dumbledore, requête que le jeune pudibond se serait bien gardé de soumettre à son ami. Le jeune Professeur toussota un instant, riva ses yeux sur ses chaussures.

- Il n’en est absolument pas question. Je ne vous demanderai jamais une chose pareille. Quant à plonger à nouveau au fond de vos souvenirs, je ne voudrais pas que l’exercice vous ébranle trop. Aussi, je préfère vous laisser décider.

Une seconde, une seule, unique et étrange seconde, les traits de Gellert s’affaissèrent. En l’image d’un Grindelwald vieilli, abattu, vaincu presque. Et Belladone fut reconnaissant plus que de raison de cette seconde d’abandon, persuadé au fond de lui qu’il était le seul à avoir ainsi mérité la confiance du mage noir, au point que sa contenance ne s’effondre devant lui. Et il aurait presque pu rêver cette seconde, tant elle avait paru hors de la réalité, échappant au contrôle des traits roidis du sorcier repenti. Un soupir s’échappa de ses lèvres lorsqu’il lui proposa de devenir le témoin de ce qu’avait été l’avenir du bourreau d’un Grindelwald juvénile. Belladone tressaillit, n’imaginant que trop le châtiment que le mage Autrichien lui avait réservé à son avènement. Au sourire presque cruel qui éclaira la face trop blanche, le jeune homme comprit à quel point il avait eu raison, et pourtant. Sous le tremblement de ses os, l’avidité de savoir, la curiosité de l’historien, la soif d’être le seul témoin d’un évènement mémorable de l’histoire, aussi sinistre et terrifiant soit-il, prenait le dessus sur sa nature tendre et sur son manque de courage certain.

Gellert semblait prendre la température, évaluer les émotions qui défilaient comme dans un livre ouvert sur le visage trop expansif de son jeune ami. Effroi, avidité, envie de savoir malgré tout. Belladone tâchait avec peine de réfréner la curiosité morbide qui lui insufflait des envies d’accepter un peu trop vivement de se rendre témoin d’un assassinat. Comment exprimer avec dignité une curiosité aussi malsaine, qui le répugnait presque contre lui-même ? Tiraillé entre l’excitation mortifère et sa pudibonderie craintive, Belladone toussota un instant ;

- Et bien, si vous êtes enclin à me montrer ce souvenir, j’accepte volontiers, Gellert. Mais nous pourrions aussi faire cela un autre soir, si d’aventure vous vous sentiez quelque peu…Fatigué…Par ces réminiscences…

Ainsi Gellert avait-il toutes les clés en main. Il s’agissait non seulement de ses souvenirs, mais aussi de sa générosité à les divulguer à celui qui avait consacré ses plus longues heures d’adolescent et de jeune adulte à découvrir des miettes du gâteau qu’il lui offrait là. Il ne pouvait guère se permettre aucun caprice, aucun refus ou aucune critique d’aucune sorte. Certains cadeaux avaient ce caractère sacré qui ne souffrait aucune réplique.


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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Aux origines du plus grand bien - Gellert  Aux origines du plus grand bien - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMar 9 Mar - 11:50



Aux Origines du Plus Grand Bien

« NUN LIEBE KINDER, GEBT FEIN ACHT »

Novembre 1942.

En présence de Belladone, les minutes se perdaient à une vitesse folle mais semblaient suspendues dans le temps. Rares étaient les personnes qui pouvaient se targuer d’être une aussi bonne compagnie pour le mage noir. Souvent, ce dernier n’avait senti qu’un ennui passif et désintéressé envers ses partisans, aucun ne partageant réellement sa vision des choses ou même la vivacité de son esprit. Pour sûr, Belladone n’adhérait nullement aux idéaux de Grindelwald, seulement dans les grandes lignes mais aucunement dans la réalisation. La guérilla, les meurtres, il semblait évident que tout cela avait été inutile. Pourtant, le mage noir demeurait convaincu qu’aucune révolution ne s’était faite dans la paix, mais toutes n’aboutissaient pas non plus à un résultat probant. Il s’était érigé au rang de monstre et avait échoué au final. Au final, il n’était rien de plus que sa propre victime, s’étant privé de tout ce qui aurait pu le rendre humain et sa rédemption purgative était plus difficile à gérer qu’il ne l’avait cru. Et pourtant, la présence de Belladone le réconfortait, le rassurait qu’il y eût peut-être une part de lumière en lui que la haine et les Détraqueurs n’avaient pas totalement annihilée. Sinon, pourquoi l’étreindre délibérément ? Ou était-ce de l’inconscience pure ?

Gellert préféra chérir le fait que Belladone avait mûrement réfléchi son geste mais que ce dernier avait néanmoins gardé une part de spontanéité. Contradictoire, certes, mais le repenti ne cherchait pas forcément à y trouver une logique, mais un ami. Ce dernier aborda à nouveau le sujet de Dumbledore, essayant de rassurer le mage noir d’une façon quelque peu maladroite. Il doutait sérieusement de l’hypothèse émise par son jeune collègue. Pour lui, il semblait évident que l’illustre professeur de métamorphoses n’ait plus voulu entendre parler du mage germanique. Gellert lui avait après tout brisé le cœur et il ignorait encore la profondeur des cicatrices que cela avait pu laisser. Cela aurait été surprenant que Dumbledore ait pris la peine de chercher des informations complémentaires à la vie de Grindelwald alors qu’il avait pensé celui-ci honnête pendant les deux mois qu’ils avaient pensés ensemble. Pourtant, il semblait qu’Albus eût omis le fait qu’il était la plus grande faiblesse du mage noir. Lui-même ne s’en rendait compte que maintenant, à errer dans les couloirs de Poudlard. Mais Belladone le ramena à la réalité et employa un terme qui piqua au vif l’orgueil de Grindelwald. Ébranlé ? Lui ? Il sentit comme un mélange de vexation et de colère envers lui-même et ne tarda pas à afficher un sourire arrogant, presque mauvais.

— Ébranlé, moi ? Voyons, Belladone, il faut bien plus que cela pour m’affecter.

Il s’agissait pourtant là du premier mensonge que Gellert prononçait en la présence de Belladone. Lui qui l’avait toujours poussé à la plus sincère des honnêtetés se voyait être trahi par la fierté et l’ego démesuré du mage noir qui essayait de garder la face comme il pouvait. Rapidement, comme pour cacher son visage qui semblait être devenu un véritable livre ouvert désormais, Gellert se détourna vers la Pensine tandis que Belladone essayant de trouver une alternative qui semblait arranger tout le monde selon lui. Comme si Grindelwald avait besoin de repos. L’usage du mot fatigué parvint lui faire brièvement lever les yeux au ciel, un sourire amusé aux lèvres. Arrivé devant la bassine gravée, il recommença le processus de l’extraction de son souvenir et le plongea dans le liquide argenté avant de se tourner vers Belladone, son sourire n’exprimant aucune joie mais exprimant une étrange douceur.

— J’ai vécu avec mon passé et surtout mes péchés pendant quinze ans, Belladone. Les Détraqueurs étaient là pour me rappeler tout ce que j’ai pu faire de mal, la douleur et la honte ont été quotidiennes pendant des années. Je pense que je suis immunisé à la fatigue désormais.

Nouveau mensonge. Il marqua une pause de quelques secondes et son regard se fit plus chaleureux.

— Je t’ai d’ailleurs dit de me tutoyer. Allez, viens. Je ne suis pas sûr que nous aurions l’occasion d’avoir accès à la Pensine de sitôt.

Il attendit que Belladone vienne le rejoindre devant la bassine aux reflets argentés avant de plonger dedans pour la troisième fois. L’environnement autour d’eux se déforma complètement pour laisser ensuite place à ce qui semblait être un bar d’Europe de l’Est pour sorciers. L’endroit était moyennement fréquenté et relativement calme malgré un groupe d’hommes bruyants situés à côté de l’entrée de l’établissement. Certains sorciers, dont le tenant du bar, ne semblaient pas particulièrement à l’aise et paraissaient même craintifs à l’égard de la présence du groupe de colosses. Des elfes de maison essayaient tant bien que mal de faire le service, subissant les maltraitances perpétuelles des clients les plus malveillants. Tout de noir vêtu, les cheveux blonds d’un Grindelwald qui devait avoir à peine vingt ans semblaient déjà avoir perdu légèrement leur éclat doré. Le jeune homme se tenait seul assis à sa table, appuyé nonchalamment contre le mur, à l’opposé du groupe de sorciers indiscrets. Une voix s’exclama alors plus forte que les autres et semblait s’enthousiasmer sur une prochaine attaque de village moldu non loin. Le jeune Grindelwald, surpris, releva sa tête vers le propriétaire de la voix et reconnut le colosse blond à l’origine de tout ce vacarme. Hjalmarson, toujours aussi imposant, semblait avoir gagné en masse musculaire depuis Durmstrang. Son nez, en revanche, faisant un angle étrange et il lui manquait au moins deux dents. Des petits défauts physiques qui auraient facilement pu être réparés par la magie mais que le Suédois semblait avoir voulu garder. Quelle histoire avait-il bien plus inventée pour les faire passer pour des blessures de guerre ? Il était évident qu’il ne devait pas se vanter de s’être fait corrigé par un adolescent beaucoup plus frêle et plus petit que lui. Le regard intrigué et légèrement mauvais du jeune Gellert continuait d’épier son rival de Durmstrang sans se manifester, refermant son livre dont la couverture portait le titre « Die Märchen von Beedle dem Barden ». À côté des épaules de gorille de Hjalmarson, se tenait son fidèle Arsakov qui semblait avoir l’air plus idiot que jamais et qui riait bêtement à chaque phrase de son leader.

— Tu imagines, Arsakov, il y a des Sangs-de-Bourbe avec nous, dans ce boui-boui. Personnellement, je trouve que la vermine commence à pulluler en ce moment. La politique de Poudlard n’aide vraiment pas, que des traitres à leur sang là-bas.

Arsakov ronchonna inintelligiblement comme pour appuyer les dires de celui qui semblait être son idole. Un autre homme avec eux, qui tenait un journal traitant des actualités locales, prit alors la parole :

— Tu as vu que Gregorovitch avait été agressé ? Il dit qu’on lui aurait volé une baguette.

— C’est pas lui qui criait sur tout les toits qu’il avait la Baguette de Sureau ? Bien fait pour sa tronche à ce tocard. Ça s’est passé quand ?

— Cette nuit.

— Si ça se trouve, le voleur est ici.

Ne pouvant rester indifférent à la mention de son larcin, un large sourire se dessina sur les lèvres du jeune Grindelwald qui préféra demeurer discret. Arsakov reprit la parole :

— Tu te souviens que Grindelwald ne jurait que par les Reliques de la Mort ? Quel abruti celui-ci, franchement.

Hjalmarson grimaça et grommela, comme si le fracas des poings de l’Austro-hongrois sur son crâne avait laissé un souvenir plus cuisant que prévu.

— Si j’attrape ce chien…

— Tu vas lui faire quoi ?

Le jeune Gellert, toujours assis nonchalamment, regardait son rival avec un sourire des plus insolents, une lueur de défi dans les yeux. Pourtant, quelque chose au fond de ses iris semblait se demander ce qui venait de lui prendre de provoquer ainsi la confrontation.

— Quand on parle du loup…

— Bonjour, Sigurd.

Les regards se tournèrent vers ce gringalet blond qui venait de parler si effrontément à Hjalmarson. Les visages des sorciers traduisaient un effroi certain, comme si le jeune homme venait de signer son arrêt de mort. Le Suédois se rapprocha de son ennemi, l’air mauvais.

— C’est toi qui as volé Gregorovitch, n’est-ce pas ?

— Peut-être.

— Tu sais que ce sont mes terres et qu’en ce moment, j’essaye d’en éradiquer la vermine.

— Tu devrais commencer par Arsakov alors.

Ce dernier, piqué au vif, dégaina sa baguette. Les badauds alentours, qui n’avaient rien demandé, se dirigèrent instinctivement vers les murs les plus éloignés des deux sorciers. Hjalmarson fit signe à son second de rengainer.

— Maintenant que tu es là, tu vas me donner la baguette. Si elle est aussi puissante que les illuminés comme toi le prétendent, elle me serait un atout conséquent.

— Nous ne sommes plus des enfants, Sigurd. Tu ne vas pas me racketter comme tu le faisais avec les premières années, quand même.

— Parce que tu penses que tu es un homme, Grindelwald ? T’es même pas un humain.

Hjalmarson cracha par terre comme pour traduire le dégoût que lui inspirait le sorcier en face de lui.

— Tes petites expériences de magie noire, ça vaut rien par rapport à ce que j’ai déjà accompli.

— Je serai curieux de voir ça.

— Je suis craint et respecté ici !

— Tu penses être respecté parce que tu es craint. Cela n’a rien à voir, allons.

— Je vais t’effacer ton sourire, vermine !

Hjalmarson dégaina sa baguette et lança un sortilège d’une lueur verte vive. Gellert, vif et réactif, avait eu le temps de sortir la sienne pour s’en protéger.

— Tu tiens vraiment à m’affronter, Sigurd ? Aurais-tu déjà oublié la dernière fois ?

Si le visage du Suédois était déformé par la haine et la colère, le jeune Grindelwald lui, ne montrait qu’une tranquillité confiante et insolente. Hjalmarson jeta un nouveau sortilège vers son opposant qui disparut de l’établissement. Le mage noir plus âgé fit signe à Belladone de le suivre à l’extérieur, en même temps que la brute qui se précipita dehors en vociférant de rage comme un taureau. Au milieu de la neige à moitié fondu, se tenait la silhouette fine et sombre du jeune Gellert qui attendait patiemment son adversaire. Sans qu’aucune parole ne fût prononcée entre eux, Hjalmarson se remit à lancer des Sortilèges de Mort, quelque peu à l’aveugle, que continuait d’esquiver Grindelwald sans trop de difficulté, se transplanant ou parant de temps en temps.

— Tu vas arrêter de fuir, oui, sale rat ?!

Hjalmarson semblait essoufflé ce qui ne semblait pas perturber le moins du monde le visage impassible de Grindelwald qui regardait sa baguette à la forme singulière avec attention. Le jeune homme semblait intrigué et paraissait réfléchir tandis qu’il continuait d’esquiver les attaques de son rival, toujours en transplanant, sans même daigner poser ses yeux sur lui désormais.

— Pour un mage noir qui terrorise toute la région, je suis assez déçu, je dois t’avouer. Je pensais que tu arriverais au moins à me toucher.

— Espèce de lâche, tu n’attaques même pas ! On t’a pas appris à te battre en duel à Durmstrang ?

Toujours impassible, Gellert croisa enfin le regard de son adversaire. Il passa alors dans son dos et un éclat intense de lumière rouge sortit de sa baguette et frappa Hjalmarson au milieu du dos. Ce dernier fut projeté à plusieurs mètres devant lui et s’affaissa, parfaitement inerte, mort. Le regard de Grindelwald fixa la dépouille. Si son visage n’exprimait rien, ses yeux quant à eux, traduisaient un certain effroi devant la brutalité de ce qu’il venait de faire. Il ne s’agissait pourtant que d’un simple Stupéfix. La mâchoire serrée, il déglutit difficilement et baissa ses yeux sur sa baguette qu’il regarda comme s’il en avait eu peur, semblant prendre conscience l’étendue immense de son pouvoir. Le temps se figea et quand il émergea enfin de ses pensées, il vit que tous les sorciers présents dans le bar le regardaient intensément. Les expressions variaient d’un visage à l’autre. Certains semblaient effrayés, d’autres ravis et enfin d’autres, en colère. Arsakov s’avança légèrement.

— Tu… Tu l’as tué…?

— Il faisait trop de mal à nos frères et sœurs, il a eu ce qu’il méritait.

Cette phrase semblait être sortie instinctivement. Avec un haussement d’épaules dédaigneux, ayant repris parfaite contenance, il se tourna vers la foule qui l’épiait comme un phénomène de foire.

— Merci ! s’exclama alors une voix dans la foule.

Un silence s’installa alors.

— Il nous terrorisait, nous volait et prévoyait de tuer tous les Nés-Moldus ainsi que les Sang-Mêlés ! reprit la voix de femme.

Ses propos furent approuvés par certaines voix dans la foule. Les hommes de Hjalmarson semblaient être indignés.

— On veut pas de la vermine parmi nous !

— Nous ne sommes pas de la vermine, nous sommes comme vous !

Gellert fronça les sourcils et écouta la joute verbale que se livraient les sorciers entre eux. Le jeune homme semblait perdu dans ses pensées, tenant toujours sa baguette dans ses mains. Au bout de quelques secondes de délibération mentale et silencieuse, le garçon qui portait déjà sur lui quelques stigmates des forces du mal sur son visage toujours angélique reprit la parole :

— Écoutez-moi.

Sa voix, déjà grave et forte, obtint le silence immédiatement. Lui-même surpris, il eut une brève seconde d’hésitation avant de poursuivre :

— Ne sommes-nous pas stupides, à nous entretuer entre nous ?

Certains, parmi les hommes de Hjalmarson, ronchonnèrent.

— Nous sommes peu nombreux par rapport aux Moldus, pourquoi cherchons-nous donc les conflits en interne ?

— Tu peux parler, tu viens de tuer Sigurd !

— Je pense que personne ne niera son tempérament agressif et hostile.

— Il est mieux mort que vivant !

Le chahut reprit de plus belle parmi la petite foule.

— Nous n’avons pas à vivre cachés, déclama alors Gellert d’une voix forte qui rapporta le calme. La rivalité entre les Sang-Purs et les Nés-Moldus existe depuis la nuit des temps certes mais c’est une question que je n’estime nullement prioritaire pour le moment. Est-ce que les Nés-Moldus sont légitimes, je n’en sais rien et je ne m’en préoccupe pas pour l’instant.

Il regarda en particulier la troupe de Hjalmarson à qui cette remarque était destinée.

— En attendant, nous sommes tous frères et sœurs et nous sommes obligés de vivre cacher des Moldus. Pourtant, sommes-nous si différents d’eux ? Ne pensez-vous pas qu’unis et libres, nos querelles puériles sur la pureté du sang n’auront plus lieu d’être ? Que nos enfants seront protégés et n’auront plus à vivre dans la crainte d’être vus comme des monstres parce que les Moldus ne comprennent pas ? Ensemble, nous perdurerons. Le monde moldu, leur technologie, avancent à une vitesse folle et dépasse parfois notre propre compréhension. Combien de temps faudra-t-il avant qu’ils ne se tournent contre nous ? Le monde que nous avons connu se meurt et les choses doivent changer, doivent être remaniées afin que nous puissions vivre libres et en sécurité.

— Tu veux qu’on se mêle aux Moldus ? dit Arsakov avec dégoût.

— Qu’ils arrêtent de nous dicter notre mode de vie. Je suis convaincu que cette haine envers les Moldus comme nous l’a démontré notre ami Sigurd serait beaucoup moins forte, voire annihilée si nous n’étions pas obligés de vivre cachés.

— M… mon amant est moldu…

— Traitresse !

D’un léger coup de baguette, Gellert fit disparaître la bouche de celui qui venait de prononcer l’insulte.

— Et bien, selon mes projets, tu auras la liberté de te marier avec lui si tu le souhaites.

Voyant les protestations des hommes de Hjalmarson poindre, Gellert reprit rapidement la parole :

— Jusqu’à preuve du contraire, un sang pur ne garantie en rien une puissance magique hors du commun. Je suis un Sang-Mêlé, Hjalmarson était pur, peut-être même trop. J’ai également rencontré un sorcier aussi puissant que moi qui est également un Sang-Mêlé. Je le répète cependant : peu importe le sang, nous sommes tous les mêmes. Cependant, je vous préviens : aucune révolution, car c’est ce que nous nous apprêtons à faire si vous me suivez, ne s’est faite dans une paix totale. Peut-être y aura-t-il une guerre mais nous devons frapper fort du poing sur la table si les choses doivent changer.

Le jeune homme plaça alors ses mains derrière son dos, le regard brillant d’une détermination sombre qui semblait avoir détruit les dernières traces d’innocent dans ses iris si singulières. Le décor se déforma à nouveau et les deux collègues réapparurent au milieu du bureau de Dippet.

— Peut-être que ce souvenir t’a passé l’envie de m’enlacer.

Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de Gellert. S’il avait apprécié l’étreinte de Belladone, il ne voulait pas que ce dernier oublie qui il avait été réellement pendant des décennies. Il retira son souvenir de la Pensine.

— C’est… officiellement la première vie que j’ôtais.

Son esprit s’attarda sur Ariana Dumbledore dont il tenait l’entière responsabilité du décès prématuré. S’il n’était pas réellement certain de qui en avait été le bourreau, il était, néanmoins, le seul coupable de la bagarre qui avait engendré la mort accidentelle de la benjamine Dumbledore. Il sourit alors à Belladone.

— Comme tu peux le voir, je ne suis pas le moins du monde ébranlé.

Il posa une main amicale sur l’épaule de son ami, même s’il n’était pas sûr qu’il accepte toujours son contact. Après tout, il venait de lui montrer cette part de lui qui avait été quotidienne pendant des années et qui n’avait fait qu’empirer avec le temps, le faisant devenir ce monstre que Hjalmarson l’accusait d’être.
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MessageSujet: Re: Aux origines du plus grand bien - Gellert  Aux origines du plus grand bien - Gellert - Page 2 Icon_minitimeDim 28 Mar - 16:46



Aux origines du plus grand bien

Bureau du Directeur

Novembre 1942

Il n’avait plus rien d’affectueux, le sourire qui se dessinait sur les lèvres blafardes de Gellert Grindelwald. Écorchure sur la mine de pierre blanche, visiblement froissé par la sollicitude de Belladone. Pouvait-on être si peu familier de la prévenance ? Le jeune homme ne répondit rien, tenta une mine déconfite et attristée sans doute peu convaincante, mais déjà le mage Autrichien s’était retourné vers la Pensine, laissant un filament de souvenir éthéré se mêler à la petite rivière argentée qui gisait dans les tréfonds de l’objet de pierre. Lorsque la voix s’éleva depuis nouveau, Belladone tressaillit, un peu d’horreur, un peu de peine devant un déni si manifeste. Et s’il sait qu’il ne convaincra pas l’illustre opiniâtreté de Grindelwald par quelques mots jetés au vent de son pessimisme, il se sent désormais trop proche pour ne pas s’oser à la réplique qui lui brûle les lèvres ;

- Ou peut-être y êtes-vous plus enclin... Gellert, nous savons vous et moi...Non, vous connaissez bien mieux les dommages qu’infligent les Détraqueurs à l’âme humaine. S’être extirpé sain d’esprit de leurs griffes après quinze années est à mes yeux presque un miracle, ne vous méprenez pas, mais je ne parierai pas que vous en soyez sorti indemne.

Belladone déglutit mais ne baissa pas son regard d’encre, stupéfait de sa propre audace. N’étaient-ils pas devenus suffisamment proches pour ne plus se complaire dans les tréfonds d’arrangeants mensonges et de politesses aux embruns douceâtres d’hypocrisie ? Mais la remarque lui arracha un rire amusé. C’est qu’il n’était pas aisé de tutoyer celui qui avait hanté ses heures de recherche adolescente ;

- Bien, si tu y tiens. Alors je te suis.

La familiarité était trop étrange, trop peu naturel. Elle lui écorchait la bouche, celle qui ne manquait jamais aux conventions et à la plus élémentaire des courtoisies. Futiles considérations balayées au vent léger qui troublait l’accalmie de la petite mer argentée qui s’agitait doucement. Nez qui se penche, et troisième chute de la soirée dans les réminiscences du plus grand et dû plus secrets des mages noirs de son époque. Ambiance de tapage chaleureux d’un bar de début du siècle, aux bruits de chopes et rires bon enfant ternie par l’ambiance lourde distillée par un groupe plus bruyant que les autres situé près de la porte.

Belladone aperçut la silhouette d’un jeune Gellert élancé, longiligne et nonchalante, se redresser au même propos exclamé qui l’avait fait tressaillir. Et le jeune homme reconnut sans peine les deux figures déplaisantes des deux petits malfrats de Durmstrang, vieillis de plusieurs années, le pire des deux le visage prématurément buriné, sillonné des vestiges de sa rixe avec celui qui entrerait plus tard dans la légende et qui refermait déjà son livre dans un claquement sinistre de mauvais augure. L’oreille se force à être attentive au discours nauséabond éructé par le déplaisant énergumène aux allures de montagne, acquiescés avec vigueur par son acolyte à la mine stupide. La mention du vol de Gregorovitch lui fit river les yeux sur le pâle souvenir du Gellert d’il y’a quarante années, dont les traits juvéniles s’éclairèrent d’un sourire discret. L’injure qui succéda fit pourtant pâlir Belladone, quand la vague menace fit enfin sortir l’intéressé de son anonymat, avec cette audace non exempte de fougue qui le caractériserait toujours. Le ton d’abord placide, onctueux presque, montait vite, exacerbé par la hardiesse un brin insolente de l’un et la bêtise crasse de l’autre.

Et le funeste pressentiment qui avait assailli Belladone une fois le pied posé sur l’asphalte du souvenir vieux de quarante ans. Le jeune homme était bien placé pour savoir que la verve et le sourire tranquille, un brin arrogant, du futur mage noir qui ferait trembler le monde sorcier, ne résisteraient pas ad vitam aeternam aux menaces et à l’affront de la montagne stupide qui s’essayait à le voler. Il n’y avait pas à discuter. La menace éructée d’une voix rageuse, la baguette brandie, la lueur verte presque aveuglante. Gellert n’avait pas attaqué le premier. La célérité de la défense de Grindelwald était impressionnante, promesse de la gloire d’un des meilleurs duellistes de son temps qu’il deviendrait. L’allusion à sa précédente raclée ne fit qu’accroître la colère de l’autre qui contre-attaqua. Tout à la rixe, il mit quelques secondes à remarquer le signe du Grindelwald presque sexagénaire, figure amie, aînée et repentie de crimes qu’à l’instant de ce souvenir, il n’avait pas encore commis.

Une fine pellicule de neige recouvrait l’asphalte de ce qui semblait un petit village germanique, et l’immense et stupide montagne, à peine un de ces énormes pieds ayant franchi le seuil de la taverne, s’empressa d’éructer sa haine à grands coups de sortilèges impardonnables. En vain. Les esquives légères, presque désinvoltes de Grindelwald, ne faisait qu’aiguiser la colère de l’autre qui vociférait sa rage face à l’insolence tranquille de son adversaire. Il y eut une ultime injure, et lorsqu’enfin le jeune Gellert daigna user de sa baguette, la lumière rouge du Stupefix projetée entre les deux énormes omoplates sembla nimber les cieux clairs d’une lueur cramoisie, sinistre, et Belladone comprit avant de réaliser l’impensable, au corps immense gisant au creux de la fine couche de neige, qui fondait autour de la silhouette encore chaude.

L’ami idiot du défunt fraîchement abattu, première victime de la terrible main de Gellert Grindelwald, posa la question fatale, à laquelle la réponse était pourtant collée à sa mine d’idiot. Et si l’intention première du jeune Autrichien n’avait pas été le crime, il ne tenta pas de s’en défendre, arguant le mal infligé par cet abject mage à ses comparses sorciers. Et de fait, les cris de gratitude, voir de triomphe, qui s’élevaient de la foule amassée au seuil de la taverne prouvaient sur besoin était la tyrannie du trépassé. Le discours nauséabond perpétré par le mort s’élevait encore pourtant chez ses comparses, et les dissensions furent stoppées par la voix calme de Gellert qui, là, Belladone le sentait, commençait sa carrière d’orateur brillant qui haranguerait les foules comme jamais aucun autre mage noir ne l’avait fait auparavant. C’était là le fondement de son idéologie, la répugnance, l’injustice surtout à vivre cachés des Moldus, la puérilité de la guerre de sang, quand les mages n’étaient qu’une poignée dans la fourmilière, le désir de vivre dans une harmonie morte et enterrée depuis des siècles avec le code international du secret magique. Désir de s’émanciper sans écraser, liberté d’union mixte, limité à la prétendue corrélation entre puissance magique et pureté du sang. Prévision de guerre, de sang et de larmes, déjà, pour parvenir à ses fins qu’il jugeait salutaires.

Et Belladone ne sût pas exactement à quel moment ses pieds se décollèrent du sol pour ne plus fixer la jeune silhouette d’un Gellert évanoui depuis longtemps, pour celui qu’il connaissait, épuisé par le chemin de la rédemption sillonné d’ornières et de quinze années d’Azkaban. La remarque le fit sourire, d’un rictus un peu jaune. En effet. Il était une chose de savoir tout ce que Gellert avait fait, de l’avoir inventorié, répertorié, consigné sur des parchemins jaunâtres, couché à l’encre noire de sa calligraphie trop ronde. Il en était une autre de se perdre ainsi dans les tréfonds d’un regard humain lorsqu’il ôtait la vie, et de contempler la pathétique scènette sur corps gisant de la victime, molle chair défunte qui faisait fondre la neige autour d’elle. Alors oui, la scène était terrifiante, mais cela ne changeait rien. Belladone, plus que beaucoup d’autres, savait ce que le grand Gellert Grindelwald avait été ;

- J’ai toujours su ce que vous...Ce que tu as fait. Je t’ai donné mon amitié en le sachant. Aussi, si ce souvenir n’était pas des plus agréables à regarder, il ne changera rien à l’affection que je te porte.

Le souvenir reprenait sa place initiale dans les méandres des songes compliqués de Grindelwald, tandis qu’il lui avouait là lui avoir montré le premier de la longue succession de meurtres que ses mains paradoxalement trop blanches commettraient par la suite. Lorsque Gellert s’approcha, Belladone crut revoir un instant le jeune homme qu’il avait été, dans l’audace tranquille de son aplomb, dans le regard trop sûr qui se voulait inébranlable, dans le geste d’affection qu’il s’attendait à voir repoussé. Et c’est presque avec une lueur de défi dans les yeux et la voix que Belladone lui rendit son sourire, ses doigts sur la main froide qui avait saisi son épaule, les yeux dans les siens ;

- Je ne te crois pas.

Ça ne marchait plus avec lui. Son grand masque de mage noir insolent, Belladone n’y croyait plus. Gellert avait mal, il ne le voyait que trop, à se blesser les pieds sur les trop rudes épines du chemin tortueux d’une rédemption cruelle. Alors cette main sur la sienne, cet aveu, cette audace qu’il n’avait jamais eue qu’à son égard, c’était son bâton de pèlerin à Gellert, un bras glissé sous le sien, un ami en somme, et cela, c’est sans doute ce que Belladone savait faire de mieux.


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Gellert Grindelwald
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Aux Origines du Plus Grand Bien

« NUN LIEBE KINDER, GEBT FEIN ACHT »

Novembre 1942.

Gellert n’avait pas réagi au fait que Belladone lui eût dit ses doutes concernant son intégrité mentale après quinze ans d’Azkaban. Il ne pouvait lui donner tort. Mais il ne voulait pas lui avouer qu’il avait vu juste cependant. Fierté mal placée, volonté de garder son image digne et impérial immaculé du moindre doute, de la moindre minuscule faiblesse, ses lèvres restèrent scellées à ce sujet. Ses hantises nocturnes, il en avait honte et n’avait jamais osé en parler à son ami. Ces moments où les murs de ses quartiers se refermaient sur lui, que l’atmosphère semblait se charger d’une humidité glaciale qui brûlait les poumons, cette sensation permanente que la joie avait disparu à tout jamais, les râles des Détraqueurs et son corps qui désavouait cette magie sombre qui avait putréfié son sang de l’intérieur. Non, jamais il n’avouerait à quiconque que Grindelwald avait du noir et de son ombre dès qu’il se retrouvait seul dans son bureau. C’était un combat contre lui-même qu’il se devait de livrer seul, un secret bien caché devenu fardeau. Il s’agissait peut-être de sa plus grande honte également. Il avait beau s’être livré entièrement à Belladone lors de ces précédentes semaines, jamais il ne lui avouerait une telle faiblesse.

Pourtant, le jeune homme, à force de côtoyer le mage noir, semblait de mieux en mieux le connaitre, osant même lui dire effrontément qu’il lui mentait. Le visage de Gellert se durcit légèrement, regardant son ami droit dans les yeux. Comme pour prouver sa bonne foi bienveillante, Belladone posa même sa main sur celle du mage noir qui reposait sur son épaule. Le sourire insolent du Germanique disparut même légèrement, comme la moue coupable d’être pris sur le fait. L’audace de son ami lui laissa pourtant un goût amer au fond de la gorge. Un mélange sourd, informe entre colère, humiliation et surprise lui fit retirer sa main malgré celle de Belladone. Pourtant, il soutenait toujours son regard, son visage n’arborant plus l’ombre d’un sourire. Plusieurs années auparavant, il l’aurait fait payer pour cet affront, de l’avoir osé traiter éhontément de menteur. Mais, ironiquement, il ne s’agissait que la vérité implacable dite à un ami par un ami. Il n’y avait rien que de la bienveillance dans les paroles de Belladone et certainement une certaine préoccupation dans sa voix. Le jeune homme était bien incapable de nuire, même si Gellert lui avait donné toutes les cartes pour détruire sa vie et celle d’Albus en même temps.

Puis, il retrouva son sourire doux et insolent. En vouloir à Belladone de s’inquiéter pour lui aurait été ridicule. Il était certainement le seul à se soucier vraiment de son état, peut-être le seul qui semblait avoir perçu qu’Azkaban avait laissé bien plus de marques qu’un simple numéro tatoué sur son cou. Cependant, il était bien plus facile de montrer un passé révolu qu’un présent en cours. Pudique et secret, Gellert savait qu’il ne montrerait rien à Belladone, convaincu que celui-ci ne pourrait de toute façon pas l’aider. Naïvement, le mage noir se disait que cela passerait avec le temps, que les réminiscences d’Azkaban finiraient par s’estomper, par devenir de moins en moins réelles et concrètes pour, petit à petit, redevenir ce qu’elles sont : des souvenirs. Il eut un bref soupir puis une lueur espiègle naquit dans ses iris asymétriques. Encore une fois, il jouait la carte du mage noir insolent et nonchalant, que rien n’atteignait jamais, imperturbable et digne. Il était ainsi fait. Et si Belladone ne parvenait à lui arracher les vers du nez, il doutait que quiconque puisse un jour y arriver. Après tout, le jeune homme était le premier à qui Gellert racontait et montrait son passé. Avec bienveillance cependant, il donna une légère tape amicale sur le bras du juvénile professeur.

— Nous devrions aller nous coucher. La nuit est déjà bien avancée et tes journées sont plus chargées que les miennes.

Instinctivement, Gellert ébouriffa gentiment les cheveux bruns de Belladone avant de retourner près de la Pensine pour la ranger. Geste paternel qui semblait vouloir mettre une certaine distance entre eux, il voulait également faire comprendre qu’il était celui qui protégeait son jeune collègue. Malgré ce que le professeur de Défense Contre les Forces du Mal aurait trouvé à redire, par fierté, Grindelwald préférait ne rien montrer, ne rien livrer. Il était celui qui soutenait, qui guidait, et non l’inverse. Si Belladone avait des doutes, des troubles ou des problèmes, Gellert serait là pour lui. Il savait que l’inverse était vrai également mais il ne pouvait se résoudre à avouer ces faiblesses, ces failles dans son âme fracturée et marquée. Il voulait rester impassible, tel une mer calme, sans houle. Refermant le placard, soustrayant la Pensine à leurs regards, Gellert retourna vers le bureau et rassembla ses affaires. Comme pour détourner la conversation, il dit simplement :

— J’espère que tu as bien tout noté dans ta tête. De toute façon, si tu as la moindre question ou que tu as oublié des détails, tu sais où me trouver. Je te dis donc bonne nuit ?

Toujours le léger et même sourire espiègle gravé sur ses lèvres pâles. Cette nuit, il savait qu’il allait à nouveau affronter les Détraqueurs de ses cauchemars, revoir ses propres crimes lui serrant déjà les entrailles dans une culpabilité qui lui donnait la nausée.
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Belladone Raven
Belladone Raven
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Aux origines du plus grand bien

Bureau du Directeur

Novembre 1942

Belladone avait beau être ce spécimen de naïfs, de doux rêveurs qui peinent à conserver leurs pieds ancrés sur la terre ferme, il n’était pas un idiot. Il ne s’était pas attendu à ce que l’impénétrable Grindelwald s’effondre en larmes dans ses bras après cette honnêteté pleine d’une bravoure que seule son affection était parvenue à lui insuffler. Aussi ne s’étonna-t-il pas, malgré un vague chagrin prévisible chez une âme si tendre, de voir son prétendu impassible se refermer comme une huitre, afficher cette moue de dédain superbe qui semblait se ficher de tout. La solitude forcenée de Grindelwald, qui avait duré presque son existence toute entière, semblait mal s’accommoder des aléas de l’affection, à commencer par le cœur et l’âme, qui, irréfutablement, se mettaient à nu face à un ami. Le jeune homme ne pouvait qu’imaginer, mais guère lui en vouloir. Ô comme il devait être ardu à un homme érigé presque en dieu vivant par les foules, d’accepter ainsi son humanité, devant un jeune et humble sorcier qui plus est. Le choix des armes était nouveau, lui aussi. Ô combien de fois avait-on du user sur Gellert de la servilité, de la flagornerie, des caresses dans le sens du poil et des éloges en tout genre. Qui, vraiment, -hormis Dumbledore bien sûr, il y’avait de cela si longtemps et durant une si brève période- s’était-il déjà intéressé aux remous d’une âme que tous avaient cru d’acier, aux martèlements d’un cœur que tous se complaisaient à croire de pierre ?

C’était le moment ou jamais pour ne pas flancher. Le regard de Gellert se durcit en croisant l’encre tendre des siens. Ne pas flancher. Pas maintenant. Il le savait, c’était là un affront. Comme le défi de maintenir sa position, soutenir cette peur qu’il n’avait que trop suscité, et dont il semblait las aujourd’hui. Alors Belladone gardant le menton relevé, bien que frémissant quelque peu, et ne brisa pas le lien des deux regards qui s’entrechoquaient. Il ne lui ferait plus l’affront d’avoir peur de lui et, ainsi, Gellert, enfin, prendrait-il conscience de l’affection véritable qui le liait à lui. Sourire disparu, la main de Grindelwald échappa au contact, dans une fierté blessée et une émotion mal appréhendée et assumée, sans doute. Belladone tâcha de ne pas s’en formaliser. Il y’en avait peu, des comme lui, à n’avoir aucune honte de la tendresse de son âme un brin trop fragile selon certains.

Pourtant Gellert semblait avoir fait un pas, un pas immense dans le chemin de la rédemption et d’acception de l’affection que trop peu s’offraient à lui accorder. Car le sourire retrouva les lèvres d’albâtre, et celui de Belladone s’y mêla comme un écho, avec la tendre conscience d’avoir gagné la première petite bataille d’une longue et éprouvante guerre qu’il était prêt à mener de front pour son ami. Alors certes, Grindelwald n’aura rien avoué ce soir. Mais ce sourire, cette bienveillance ainsi que l’intimité des réminiscences accordées à la vue du médiocre sorcier qu’était Belladone restaient une avancée considérable sur le chemin semé d’ornières de la rédemption et de l’humanité dont il faisait partie, de toutes ses failles qu’il avait voulu oublier dans cette idéologie de Dieu vivant qu’il s’était lui-même façonné, et que les foules avaient alimenté de leurs vivats extatiques.

Une tape sur le bras, sourire retrouvé et détournement abrupt de conversation. Belladone n’insista pas, se laissa ébouriffer ses cheveux peignés avec soin sans rien dire, acquiesça, docile, d’un hochement de tête ;

- Tu as raison. Nous avons tous deux besoin de sommeil, je crois.


Conversation détournée, encore. Et si Belladone s’était embarrassé d’un carnet et d’une plume, il s’agissait simplement de se donner bonne conscience. Nul doute que son exceptionnelle mémoire graverait dans les moindres détails les formidables évènements de la soirée, jusque dans leurs moindres détails. Et auquel cas, comme le disait si bien Gellert, le principal intéressé n’était jamais bien loin pour pallier une éventuelle faille de mémoire à laquelle, en toute humilité, le jeune homme ne croyait pas vraiment ;

- Je ne crois pas que je risque d’oublier de sitôt de si précieux souvenirs, sois sans crainte. Au cas où je me rendrais coupable d’une telle hérésie, je viendrais bien entendu me rafraîchir la mémoire auprès de toi. En effet, nous pouvons nous dire bonne nuit, mais je vous accompagne jusqu’à l’angle du couloir.

Belladone joignit le geste à la parole, précéda Gellert sur le chemin de la sortie, laissant là le bureau du Directeur et sa précieuse Pensine grâcieusement prêtée pour la soirée, s’apprêtant à retrouver leur lit et leur sommeil qui, pour les deux, allait sans nul doute s’avérer agité.

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