If Rain Is Want You Want || Solveig



 
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If Rain Is Want You Want || Solveig

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Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
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Âge : 59 ans
Sang : Sang-Mêlé
Nationalité : Austro-Hongrois
Patronus : Phénix
Épouvantard : Albus Dumbledore / Le cadavre d'Ariana Dumbledore / Lui-même vieux et affaibli
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MessageSujet: If Rain Is Want You Want || Solveig  If Rain Is Want You Want || Solveig Icon_minitimeMar 16 Mai - 10:32



If Rain Is Want You Want

« IT'S THE FEAR THAT KILLS THE FEELING IN THE END »

Bureau d'Étude des Runes, 24 décembre 1942.

Le Soleil n’était pas encore levé en cette heure aussi bien matinale qu’hivernale. L’obscurité régnait encore sur le château de Poudlard recouvert de son manteau blanc. Froid et droit, Gellert était assis sur son bureau de la salle de cours, lieu où auraient lieu les exercices personnelles de Solveig pour l’Occlumancie. La question de savoir s’il s’agissait d’une bonne idée s’agitait encore dans sa tête. Après tout, la vindicative semblait prête à tout pour réaliser ses objectifs et il n’ignorait pas que se venger de lui faisait partie de ses ambitions. Même en la confrontant directement, il n’était pas certain que cela ait réfréné ses idées vengeresses. Qu’elle désire justice était une chose, qu’elle tue quelqu’un de sang-froid en était une autre. Peut-être avait-elle appris les Sortilèges Impardonnables et attendait justement ce moment en tête-à-tête pour lui lancer un Avada Kedavra contre lequel il ne pourrait certainement rien faire. Lui apprendre à maîtriser l’Occlumancie était certainement lui donner le bâton pour se faire battre. Mais ces dernières semaines passées à côté d’Albus lui faisait croire en un espoir naïf qu’elle ne tenterait rien contre lui. Il avait envie de penser qu’il l’aidait plus à se diriger vers le bon chemin plutôt que de s’enliser dans les affres d’une haine qui pourraient devenir incontrôlable.

Il était légèrement nerveux, cependant. Apprendre l’Occlumancie n’était pas un exercice facile ni agréable et il avait eu l’impression que Solveig, malgré toute sa fougue et sa détermination, semblait minimiser ce dernier point. Il était impossible de savoir comment elle allait réagir quand elle allait sentir que son pire ennemi tenterait de forcer son esprit. Elle avait certainement des choses à y cacher, des choses qu’elle ne voudrait pas que Gellert Grindelwald sache. Pourtant, ce dernier se moquait bien des secrets de l’adolescente. Il savait pourtant qu’elle n’avait pas eu une enfance comme celles des autres, qu’il allait sûrement constater une fois de plus toute la souffrance que sa soif vindicative de justice avait engendrée. Solveig avait été une victime collatérale, une vie brisée inutilement qu’il ne pouvait même pas placer sous l’égide du plus grand bien. Sa tragédie n’était que le résultat d’une insubordination gratuite et haineuse d’un sous-fifre qui avait été puni par la suite. Mais cela avait été le débordement de trop. L’indiscipline de trop. Grindelwald avait fait l’erreur de s’entourer d’hommes et de femmes de mains bien trop extrémistes pour leur servir justement, même si leur détermination avait été une force pendant un moment et un atout de taille.

Il jeta un coup d’œil à l’horloge dont la grande aiguille poussait sa petite sœur vers le huit marqué en chiffres romains. Il soupira doucement, trouvant les minutes bien longues et se maudissant d’être stressé à l’idée de confronter une adolescente de quinze ans. Il était indéniable que jamais pareille situation ne serait arrivée quinze vingt ans plus tôt. Azkaban l’avait marqué bien plus que prévu, le changeant tellement profondément qu’il était capable de sentir l’angoisse et de ne rien pouvoir faire contre. Pourtant, l’anxiété, il l’avait déjà connue, bien que plus pernicieusement, la sachant en lui mais parvenant à la canaliser en haine et en colère. De fait de sa puissance, cela lui avait permis de l’évacuer sans aucune contestation et de se forger un nom. Mais il était désormais hors de question d’écraser le premier élève venu avec un maléfice déplacé. La patience n’avait jamais été son fort mais il lui fallait lui apprendre cette notion qui lui échappait encore pourtant, en témoignait son regard rivé sur l’horloge qui avait désormais dépassé les huit heures de quelques minutes. Ce fut à ce moment-là que la porte de sa salle de cours s’ouvrit et que Solveig y entra. Gellert la regarda et releva le menton pour lui dire froidement :

— Tu es en retard.

De quelques minutes, certes. Il était peut-être un peu trop tatillons mais cela lui permettait de mettre Solveig dans le bain. Il lui fit signe alors de s’installer devant lui et la regarda quelques instants, continuant de se demander si tout cela était une bonne idée. Encore une fois, rarement il avait été aussi hésitant. Presque jamais, il n’avait pesé le pour et le contre dans ce genre de décisions délicates, agissant avec impulsivité et instinct. Il soupira profondément.

— Tu es sûre que tu n’as rien de mieux à faire qu’un jour de réveillon de Noël ? Je te le répète, t’apprendre l’Occlumancie n’aura rien d’une partie de plaisir.

Il planta son regard asymétrique dans ses yeux sombres, voulant appuyer ses propos. Fort heureusement, cette discipline était sans danger direct mais pouvait fortement épuiser moralement son élève, chose qu’elle semblait sous-estimer encore malgré ses mises en garde.

— As-tu des questions avant que nous ne commencions ?

Il croisa les bras sur sa poitrine, continuant à ne pas la lâcher du regard. Pour la théorie, il lui expliquerait juste avant de débuter. Mais il voulait d’abord s’assurer que tout soit très clair avant de se lancer dans cet apprentissage éreintant.
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Solveig A. Asbjørnsen
Solveig A. Asbjørnsen
Âge : 18 ans.
Sang : Née-Moldue.
Nationalité : Norvégienne.
Patronus : Un loup.
Épouvantard : La silhouette de Grindelwald souriant, baguette pointée sur ses parents, une lumière verte jaillissant sur eux.
Reflet du Riséd : Le même jet de lumière verte qui a tué ses parents, mais qui s'extirpe de sa baguette à elle, frappant la poitrine de Grindelwald. Retour à l'envoyeur.
Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et ventricule de dragon.
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MessageSujet: Re: If Rain Is Want You Want || Solveig  If Rain Is Want You Want || Solveig Icon_minitimeMar 23 Mai - 13:53



If Rain Is Want You Want

Salle d'Etude des Runes

24 Décembre  1942

Elle n’irait pas. Tout ceci était idiot, insensé et suicidaire. Non, Solveig ne manquait pas de courage. Mais lorsque cela flirtait avec l’inconscience, la frontière avec la bêtise s’amenuisait. Et tout cela ne lui plaisait pas. Solveig était un esprit cartésien, lucide, intelligent. Se jeter ainsi dans la gueule du loup n’avait aucun sens. Car ils pouvaient tous s’époumoner les naïfs, le grand et mielleux Dumbledore au cœur qui pardonnait trop, les élèves trop confiants, tous les adeptes idiots d’un repentir impossible ; elle les percevrait toujours, les crocs béants du monstre endormi, et elle se promettait de ne jamais dormir sur ses deux oreilles, tant qu’il séjournerait sous le même toit qu’elle. Et pourtant. Elle mourrait d’envie d’y aller. Assise bien droite dans un des fauteuils bleu sombre de la salle commune, sa jambe s’agitait en un tic nerveux et impatience, trahissant son trouble et faisant virevolter autour de sa cheville le velours prune de sa robe. Le livre ouvert sur ses genoux ne parvenait pas à l’arracher à la contemplation éperdue de la pendule, au fond de laquelle ses yeux s’abîmaient. Une décision. Il lui fallait prendre une décision. La sensation très désagréable de s’être ridiculisée lors de leur précédent entretien la fit grimacer. Ajouterait-elle un motif de plus à Grindelwald en affichant ouvertement sa peur de l’affronter ?

Devenait-elle de cette engeance de trouillards qu’elle exécrait ? Ou se situait la barrière trop floue entre la prudence pour un criminel aux fers invisibles et la simple précaution pour un homme qui avait montré à quel point il était capable de tout ? Même Grindelwald, pourtant, ne s’aventurerait pas à assassiner une élève en plein jour, au sein d’une école ou son seul rival potentiel résidait aussi et avait la capacité de l’éliminer. De plus, la chance d’apprendre l’Occlumancie était inespérée. La laisserait-elle passer pour des soupçons idiots quand, s’il le voulait, il pouvait la tuer au détour d’un couloir ? Non, dans un cas comme celui-ci, la prudence était preuve de sagesse, certes. Mais louper cette occasion d’attribuer à Grindelwald une utilité certaine, autre que celle de la narguer, elle et son orphelinat dont il était la cause, était réellement stupide. Le tic nerveux de son genou s’intensifia quelques secondes encore. Lorsque les huit heures s’affichèrent, son trouble s’accentua, comprenant qu’il lui fallait agir vite. Le bruit d’une porte des dortoirs s’entrebâillant la décida. Plutôt Grindelwald que faire la conversation à un élève surexcité par le réveillon, ce matin.


Elle avait presque dévalé les étages. Il ne fallait pas que Grindelwald se rende compte de l’état de nerfs dans lequel l’entretien l’avait mise. Sur ses genoux, elle lissa les pans de sa jupe du plat de la main, glissant derrière son oreille une mèche échappée de son chignon. Et puis, devinant à leur chaleur que ses joues s’étaient empourprées, elle attendit quelques secondes de reprendre son souffle. Et puis, après un coup léger pour s’annoncer, elle entra.

Elle fut saluée avec toute la froideur qui accompagnait à merveille sa hauteur dédaigneuse et ses mains trop blanches malgré ses crimes. Les traits de Solveig se durcirent un instant, et elle ne put retenir le geste instinctif de lever son poignet ceint d’une montre en cuir usé à ses yeux. Il était huit heures et six minutes, nous étions le 24 décembre, et il s’agissait sans doute de la première fois de sa vie qu’elle était en retard. Ravalant la réplique acerbe qui lui brûlait la gorge, elle confronta ses yeux noirs aux siens ;

- En effet. Désolée, Professeur.

Ce serait tout ce qu’il aurait, et c’était, selon elle, déjà beaucoup. Docile pourtant, elle répondit à son signe de la main, vint s’installer sur la chaise qui faisait face à son bureau. Elle regarda avec surprise Grindelwald pousser un long soupir, comme s’il semblait en proie à quelque hésitation. Puis il lui répéta ce qu’il lui avait déjà dit, comme si elle allait se défiler -n’admettant pas qu’elle avait failli le faire-, se redressant involontairement, comme pour qu’il ne la sous-estime pas, cette fois-ci ;

- Oui, vous me l’avez dit, mais je suis prête à essayer. Et à réussir. Et ma famille n’étant pas là et étant loin de chez moi, je vous confirme que je n’ai rien de mieux à faire. Ceci dit, ma tante m’a envoyé des Pepperkaker, elle n’imagine pas que je puisse passer un Noël sans en manger, c’est la tradition.

Elle s’efforça de soutenir l’étrangeté de son regard. Solveig avait du mal avec la prévenance, d’autant plus chez Grindelwald, dans la bouche de qui elle semblait particulièrement déplacé. Aussi les quelques biscuits qu’elle avait glissé dans un mouchoir en tissu dans sa poche pour la matinée, furent l’occasion rêvée de détourner l’attention, et de conserver son calme. Elle lui aurait bien rétorqué que vivre sans ses parents à cause de lui n’avait pas été non plus une partie de plaisir. Mais elle se retint, toute à l’avidité d’apprendre avec lui ce que Poudlard n’enseignait pas. Au lieu de cela, elle préféra se concentrer sur l’aspect pratique, et, après quelques secondes de réflexion suite à la dernière interrogation de son désormais Professeur d’Occlumancie, elle hocha la tête, tout en dénouant son mouchoir en tendant le bras vers lui, lui montrant trois petits biscuits en forme d’arbre de Noël, s’en saisissant d’un dans lequel elle croqua distraitement ;

- Oui. Qu’allez-vous faire concrètement, pour pénétrer mon esprit ? Et moi, qu’est-ce que je dois faire, concrètement, pour essayer de vous parer ?

Grignoter son biscuit était une excellente parade pour l’aider à rester calme et maîtresse d’elle-même. Elle avait recouvré ses esprits, parvenait à le regarder d’un esprit presque paisible, apprivoisant son appréhension à l’idée de l’inconnu, surtout lorsque ce devait être Grindelwald qui devait le lui infliger.
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MessageSujet: Re: If Rain Is Want You Want || Solveig  If Rain Is Want You Want || Solveig Icon_minitimeMer 24 Mai - 10:52



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« IT'S THE FEAR THAT KILLS THE FEELING IN THE END »

Bureau d'Étude des Runes, 24 décembre 1942.

Les excuses de la jeune fille avaient été sobres et brève, Solveig était visiblement peu encline à justifier son retard. Son professeur se dit alors ironiquement qu’elle allait devoir se livrer un peu plus à lui malgré elle, car la leçon du jour allait sans nul doute ébranler cette impassibilité et cette froideur qui ne la caractérisait que trop. Il la regarda s’installer, s’asseyant en face de lui et continua de se demander inlassablement, sempiternellement, s’il n’était pas en train de faire une erreur. Solveig avait eu un passé difficile, Gellert le savait, il en était le principal responsable encore vivant ou en liberté. Derrière cette impassibilité hautaine et presque nonchalante qu’elle affichait constamment se cachait certainement ses failles, ses peines et ses colères. Plus le repenti lui parlait, plus il se renvoyait à son âge à travers elle. Peut-être était-ce pour cette raison qu’il voulait la ménager le plus possible. Il savait la haine qu’elle lui vouait, accepter que lui, son pire ennemi, fouille ses pensées paraissaient complètement déraisonné. Mais rien ne semblait ébranler sa détermination ni sa volonté. Solveig, aussi têtue qu’elle semblait l’être ne se défilerait pas, chose qu’aurait peut-être secrètement voulu Grindelwald. Il s’était engagé à lui enseigner l’Occlumancie, il le ferait.

Après avoir affirmé qu’elle voulait vraiment apprendre l’Occlumancie, elle annonça avoir ramené des biscuits norvégiens au gingembre, une spécialité là-bas que Gellert avait déjà eu l’occasion de goûter il y a des années de cela. Il les regarda un instant tandis qu’elle lui présentait gentiment. Il n’était pas spécialement fan du gingembre, ne se rappelant que trop des gâteaux de sa collègue Minerva dont personne ne comprenait la folie qu’elle en faisait sous ses airs bien trop durs pour quelqu’un d’encore jeune en réalité. Après l’avoir poliment remercié, il en prit un et croqua dedans, essayant de cacher le peu de conviction qu’il avait. Il commençait à s’habituer à ce goût étrange et citronné qu’il n’appréciait pas particulièrement. Ou du moins, il parvenait habilement à dissimuler son léger dégoût, le rejet de son palais peut-être un peu difficile face à cette racine qu’il avait en plus un peu de mal à digérer. Pourtant, il ne voulait pas faire l’affront à Solveig de décliner le biscuit de sa tante, qu’il se souvenait être l’un de ses seuls parents restants de la jeune Serdaigle. Ainsi, son étrange volonté de ne pas froisser son élève prit le pas sur la prudence. En effet, elle aurait été très bien pu empoisonner le gâteau et elle, boire un anti-poison avant de venir.

— Merci beaucoup. Tu devrais en proposer au Professeur McGonagall, je sais qu’elle raffole des biscuits au gingembre aussi.

Il eut un léger sourire, visant à dérider leurs visages fermés à tous deux. Il finit alors le petit gâteau sec, se disant qu’il venait peut-être naïvement de sceller son destin juste pour faire plaisir à une adolescente de dix-sept ans qu’il ne connaissait ni d’Ève ni d’Adam. Il se trouva ridicule face à cette imprudence, s’agaça contre lui-même. Il lança un regard à Solveig, un instant, essayant de desceller dans ses iris sombres la moindre lueur de triomphe mais s’arrêta tout aussi rapidement. Si vraiment, il avait un doute, de toute façon, il pourrait lire dans son esprit car c’était bien là leur présence à tous deux ici. D’un léger geste de la main, il fit léviter un plateau d’abord posé sous le bureau comportement diverses viennoiseries ainsi que tout ce dont on avait besoin pour faire un chocolat chaud et vint le faire poser à côté de Solveig, mais suffisamment loin pour ne pas tout renverser par terre si l’exercice se corsait.

— Je t’ai ramené des choses à manger si tu veux, également. Tu en auras peut-être envie… ou besoin.

Il voulut tenter un sourire mais s’abstint, il ne sut pourquoi. Nerveux, certainement, d’autant plus qu’il devait répondre aux interrogations de Solveig. Son petit-déjeuner improvisé ne repoussera pas cette échéance qu’il tentait de repousser le plus possible, malgré son engagement. Il la regarda un instant, choisissant ses mots, puis finit par se lancer :

— Il n’y a pas vraiment de description pertinente pour la façon dont je vais rentrer dans ta tête. Je vais utiliser le domaine inverse de l’Occlumancie : la Legilimancie. Celle-ci passe surtout par le contact visuel. Elle peut-être pernicieuse quand elle est utilisée par un sorcier suffisamment puissant et expérimenté. Il peut très fouiller tes souvenirs, tes pensées, sans même que tu t’en rendes compte. Le Professeur Dumbledore, par exemple, est certainement le meilleur Legilimens vivant.

Il marqua une pause, la regardant un instant.

— Heureusement, le Professeur Dumbledore est bienveillant et n’utilise ce pouvoir qu’à bon escient. Cependant, un sorcier moins aguerri à cette discipline peut quand même parvenir à ses fins de manière plus brutale : à travers tes yeux, lui et toi revivrez tes souvenirs contre ton gré et cela n’a rien de plaisant. Une « victime » suffisamment forte cependant peu repousser l’intrusion mais cela est hautement éreintant.

Il croisa les bras sur sa poitrine et se rassit plus confortablement sur son bureau, croisant ses jambes fines.

— Vois ton esprit comme une maison avec différents accès, tous plus ou moins verrouillés. Tu peux inviter quelqu’un à rentrer dans ton esprit ou non. Puis, il y a les deux intrusions : la violente, vois ceci comme si quelqu’un essayait d’enfoncer la porte d’entrée à coup de bélier ; ou la pernicieuse, le voleur qui passe par la fenêtre durant la nuit et qui vient te cambrioler. Tu devras apprendre à te protéger des deux évidemment car l’un va avec l’autre.

Il s’arrêta quelques instants, afin que Solveig assimile ce qu’il venait de lui dire. Puis, il reprit.

— Tu apprendras également qu’un bon Occlumens aura toujours l’avantage qu’un bon Legilimens. Si ton esprit est suffisamment cloisonné, personne, pas même Dumbledore, ne pourra le forcer.

Il hésitait à donner son propre exemple, à lui indiquer que même affaibli après quinze années à Azkaban, Albus avait eu du mal à ne serait-ce que glisser un simple message dans sa tête. Il se ravisa pourtant mais dit plutôt :

— L’Occlumancie, si tu la maîtrises vraiment à la perfection, t’aidera à te protéger de la Légilimancie, certes, mais également du Veritaserum, des Détraqueurs et du sortilège de l’Imperium. Ah j’ai oublié de te dire, il existe des Legilimens innés, souvent bien plus puissants qu’un sorcier l’ayant appris, de même que pour les Occlumens. Après, certains ont des dispositions, des facilités pour l’apprentissage de ces deux disciplines.

Il se leva alors et croisa les bras dans son dos. Il venait certainement de lui donner toutes les raisons pour lesquelles personne ne devait faire confiance à Grindelwald, mais qu’importe.

— Quant à la façon de faire… As-tu déjà réussi à lancer un sortilège du Patronus ? C’est à peu près le même exercice mental. Tu vas devoir puiser dans ton esprit mais au lieu d’y chercher un sentiment heureux, tu vas tenter d’y faire le vide. Mais nous allons y aller progressivement, d’accord ? Tout d’abord, j’aimerais juste te transmettre un message. Si on reprend la comparaison de la maison précédemment, vois ceci comme moi te déposant une lettre. Ainsi, tu auras un aperçu de ce sentiment d’intrusion, bien qu’il sera très léger. Prête ?

Il attendit son signal et continua de la regarder droit dans les yeux, comme il avait l’habitude de le faire. Seulement là, il lui donna un message, simple :

« J’espère que tu n’as pas empoisonné les biscuits car je n’ai jamais été un grand amateur de gingembre et cela me décevrait de mourir à cause de cela. »

Il n’y avait nulle menace dans son aveu, seulement une ironie amusée visant à rendre l’exercice supportable. Il se rendit pourtant compte qu’il avait été naturellement gêné, Solveig présentant, comme il le pensait, des prédispositions à l’Occlumancie. Tant mieux, cela rendrait la leçon moins difficile pour elle.
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Solveig A. Asbjørnsen
Solveig A. Asbjørnsen
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MessageSujet: Re: If Rain Is Want You Want || Solveig  If Rain Is Want You Want || Solveig Icon_minitimeVen 26 Mai - 13:39



If Rain Is Want You Want

Salle d'Etude des Runes

24 Décembre  1942

C’était comme si Grindelwald usait déjà de Legilimancie sur elle. Comment était-ce possible ? Elle qui l’avait haï de toutes ses maigres forces d’enfant, à peine sortie du berceau, ne parvenait pas à garder intact la muraille impénétrable de mépris et de dégoût qu’elle voulait lui opposer. Le dégoût, vague, indéfini, impuissant, il se retournait contre elle-même, contre ces doigts blancs étrangement malhabiles à dénouer son mouchoir, contre cette main frémissante qui offrait ses propres biscuits à l’assassin dont la haine qu’elle lui avait voué l’avait aidé à survivre, tout ce temps. Et voilà que celle qui s’était rêvée en justicière assoiffée d’une juste et sainte colère, se retrouvait à converser, à rechercher la compagnie de son bourreau, à s’asservir à mille politesses alors qu’elle avait juré sa perte, d’une main qu’elle avait voulu ferme et inébranlable. Et lui-même semblait d’une prévenance étrange, embarrassée. Hésitant à se saisir du biscuit, ce qui était compréhensible malgré leur passif, il s’en saisit pourtant, le croqua avec cette expression de stoïcisme indéfinissable qu’elle voulait atteindre en venant ici. L’allusion au professeur McGonagall, pourtant, parvint à la faire sourire, hochant la tête pour donner son assentiment ;

- Bonne idée. J’ai déjà goûté ses tritons, elle m’a parfois invité à prendre le thé. Ils sont très bons.

Un instant, leur léger sourire se reflétèrent l’un dans l’autre, une courte seconde, avant que l’embarras ne les rattrape tous deux, et que dans la dureté du regard qu’ils se renvoyaient se dissimulait mal le malaise qu’ils éprouvaient l’un en face de l’autre. Virevoltant de sa grâce étrange, Grindelwald trompa le malaise en agitant souplement son poignet, faisant apparaître un plateau recouvert de viennoiseries dorées à la peau craquante et aux embruns de sucre et de beurre ;

- Oh…Des croissants !

Le souffle s’était échappé, un peu trop enthousiaste à son goût, mais elle n’y pouvait plus rien. C’est comme si il savait déjà comment la toucher en plein cœur. C’était pour elle un mets exotique, de luxe presque, en plus d’être une madeleine de Proust. C’est lorsque son oncle les emmenait à Tromsø deux à trois fois par an pour renouveler leur garde-robe et se fournir en denrées qui manquait, qu’il leur offrait, à elle, sa sœur cadette et sa tante, une de ces viennoiseries qui trônaient derrière la petite vitrine colorée, dégustée avec une grande tasse de café au lait fumant. Elle s’en était même offert un ou deux à sa majorité, lorsqu’elle avait eu le droit de transplaner et de sortir de l’école seule. Aussi ses longs doigts blancs, si semblables à ceux de son interlocuteur, sans qu’aucun des deux semble en avoir conscience, plongea pour se saisir d’une viennoiserie délicieusement beurrée. Au-dessus de son mouchoir qu’elle avait étalé, elle commença à dépiauter de ses ongles la peau craquante du croissant, comme elle le faisait toujours, l’a dit croustiller sous ses dents avec un plaisir qu’elle ne parvînt pas à dissimuler ;

- Merci…Ils sont délicieux. Ou avez-vous réussi à en trouver ? Un jour j’en mangerais un à Paris, sur une terrasse pavée…Même si c’est Autrichien à l’origine, et que les Français reprennent vite les mérites des autres à leur compte, il faut dire que c’est une réussite dans ce cas précis…

Solveig resta figée une seconde, un morceau de pâte feuilletée entre ses doigts soudains immobiles, la bouche entrouverte. Si peu coutumière du fait, si opposé du comportement avec lequel elle voulait aborder le Grindelwald honni, son bavardage stérile lui causa une honte si soudaine et si embarrassante que ses joues rosirent un instant, sans qu’elle puisse rien y faire, accroissant son sentiment d’impuissance et sa colère en s’apercevant qu’elle ne faisait définitivement pas le poids. Par chance, il ne saisit pas l’occasion de la narguer, tout à la description du cours qui allait suivre, dont Solveig n’avait que plus envie d’être assidue, afin d’éviter ce genre d’humiliation à l’avenir. Elle hocha gravement la tête et déglutit. L’idée que quelqu’un viole le sanctuaire sacré de sa pudeur, de ses traumatismes et de ses sentiments si jalousement enfouis, sans même qu’elle le sache, lui paraissait le comble de l’horreur. Mais, une fois n’est pas coutume, elle était d’accord avec lui ; que Dumbledore fut le plus grand Legilimens de son temps ne lui apparaissait pas comme une menace. De plus, captivée mais glacée d’horreur, toutefois plus que jamais déterminée à apprendre l’Occlumancie, elle s’effrayait étrangement moins d’une intrusion brutale. Certes, cela était certainement loin d’être agréable, mais elle préférait la conscience de la brutalité à l’inconscience d’un vol de ses souvenirs et de ses émotions. De plus, Grindelwald, qui avait toujours été réputé pour un formidable orateur, révélait ses talents ; plus il parlait de ce don, plus Solveig mourait d’envie d’en être dotée. Echapper aux Détraqueurs, aux Legilimens, au Veritaserum, avait des allures d’invincibilité qui ne pouvaient que plaire à la sauvagerie et à la méfiance de la jeune fille. De plus, les réflexions imagées sur les manières d’intrusion de l’esprit de Grindelwald procuraient une clarté non négligeable. Solveig aurait préféré avaler du pus de Bubobulb plutôt que de l’admettre, mais l’assassin repenti se révélait un Professeur incroyablement ludique et d’une patience qu’elle n’aurait jamais imaginée. Bien sûr, elle l’avait déjà expérimenté en Etudes des Runes, mais la matière ne se prêtait pas à la pédagogie. Elle le regarda se lever, inconsciente et insouciante désormais d’être avide d’informations. Grindelwald savait fasciner son public, il le montrait en se mettant ainsi en scène, nonchalant, se faisant désirer, pour qu’elle retienne son souffle, et meure d’envie d’en savoir plus.

Lorsqu’il évoqua le Patronus, la tâche que devait accomplir soudain Solveig sembla soudain bien moins abstraite. Faire le vide, cela lui parlait. Elle pensait pouvoir y parvenir. Ou plutôt, elle savait par où commencer. Gravement et sérieusement, presque religieusement même, elle hocha la tête ;

- Oui, Professeur, je sais faire un Patronus. Quant à l’Occlumancie, elle est encore plus efficace et plus tentante que je ne le croyais. Je trouve cela très inquiétant, que quelqu’un puisse lire nos pensées sans que nous le sachions. Je préfèrerais que l’on m’affronte. Enfin, en fait, je préfère qu’on ne pénètre pas du tout mes pensées. C’est pour cela que je suis là. Et oui, je suis prête.

Avec un demi-sourire, Solveig déchira un autre morceau de son croissant, cette fois-ci dans la partie blanche, tendre comme de la brioche, brillante de beurre, qu’elle porta à ses lèvres avec délectation, avant de fermer les yeux, se dissociant de son environnement, comme pour mieux se concentrer, et tenter de ne penser à rien, et d’apaiser son esprit.

Pourtant, rien ne put empêcher la voix qui parvint clairement au creux de sa tête. Calme et posée, elle s’exprimait avec une clarté désarçonnante, et Solveig savait sans pouvoir l’expliquer qu’elle ne venait pas de l’extérieur, malgré ses yeux fermés. Avec un sursaut, elle les rouvrit, fit face à un Grindelwald imperturbable aux lèvres scellées. Le contenu du message, pourtant, léger, amusé, lui arracha un rire d’une seconde, un frémissement plus qu’un rire, qu’elle adressa au visage imperturbable qui lui faisait face et qui ne lui parlait pas ;

- Non, Professeur, je vous le promets. C’est…C’est très déroutant. Mais je m’attendais à ce que ce soit…Douloureux…Est-ce par que vous avez pris des précautions ?

Elle ne parvenait pas encore totalement à croire que Grindelwald puisse être tendre ou ne serait-ce que prévenant. Pourtant, force était d’admettre que sa patience à son égard était angélique, et qu’elle avait de plus en plus de mal à distiller sa haine. N’avait-ce pas été un tort de lui demander ces cours ? Cette relation bancale et bien trop étrange ne risquait-elle pas de mal finir ?

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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: If Rain Is Want You Want || Solveig  If Rain Is Want You Want || Solveig Icon_minitimeVen 26 Mai - 17:42



If Rain Is Want You Want

« IT'S THE FEAR THAT KILLS THE FEELING IN THE END »

Bureau d'Étude des Runes, 24 décembre 1942.

Parler des gâteaux et du professeur McGonagall semblaient avoir rassuré Solveig qui paraissait nerveuse. Ou alors était-ce seulement la propre nervosité de Gellert qui corrompait sa perception. Cependant, s’il était indéniable que le repenti et la jeune élève de Serdaigle partageaient d’innombrables points communs qu’aucun d’entre eux n’avoueraient et dont il en restait une grande majorité encore à découvrir, ils ne se rejoignaient pas sur le gingembre. Gellert n’avait jamais apprécié cette racine là où Solveig semblait l’apprécier, à l’instar de sa professeure d’Arithmancie. Néanmoins, ce fut les croissants qui réveillèrent chez la froide adolescente une lueur d’enthousiasme que jamais le repenti n’aurait cru voir dans ses yeux. Il semblait avoir visé juste et il ne put retenir un sourire doux de voir son élève revivre certains souvenirs qui semblaient être apaisants par le biais de ces croissants. Elle entama alors une petite remarque sur les viennoiseries, ce qui devait être un monologue, une tirade pour elle de nature très taciturne qui élargit légèrement le sourire nullement moqueur de Gellert. Il était plus rassuré de la voir se détendre, même si elle venait de se rendre compte qu’elle avait certainement trop parlé à son goût. Elle ne pu cacher ses joues qui rosirent légèrement de gêne et le repenti respecta ce mutisme.

— Je les ai fait ce matin.

La réponse était sobre mais il ne voulait pas s’étaler sur Paris, ville qu’il trouvait affreusement surcotée, craignant également que cela ne souligne le léger laisser-aller de Solveig. Il ne voulait pas la mettre mal à l’aise, il savait que les prochains exercices seraient beaucoup plus rudes et qu’ils risquaient de mettre son moral à rude épreuve. Tandis qu’il se lançait dans ses longues explications qui ressemblaient davantage à un cours qu’à un briefing, il reconnut bien là son élève de sa classe d’Étude des Runes : attentive, concentrée, désireuse d’apprendre tout ce qu’on pouvait lui enseigner. C’était notamment pour ces qualités dont elle faisait preuve que cela ne dérangeait pas Gellert de lui accorder de son temps qu’il en avait que trop à ne plus savoir quoi en faire lorsqu’Albus n’était pas dans les environs. De plus, il y avait toujours ce sentiment de culpabilité et de redevance qui lui serraient le cœur, le poussaient à accorder tout ce que Solveig lui demandait. Il se disait que cela était à cause du destin tragique de sa famille et pourtant, il fallait tristement avouer que la jeune élève n’était pas la seule enfant dont le destin avait été brisé par Grindelwald et ses hommes.

Quand elle avoua être capable de produire un Patronus, il ne sut s’il était surpris ou non. En effet, réaliser ce sortilège était d’un niveau très avancé et nullement à la portée de tous. Qu’une sorcière de son âge soit capable d’en faire un était insolite. Cependant, il savait également que la jeune fille était une élève très douée et puissante, couverte d’éloges de la part de ses professeurs tout au long de sa scolarité. Qu’elle sache, à son âge, déjà faire un Patronus n’était donc pas si surprenant. Il était également étrangement soulagé que sa vie fut ponctuée de certains moments suffisamment heureux pour pouvoir produire ce charme de protection. Cependant, encore une fois, elle s’attarda à une sorte de petite justification, soulignant l’intérêt que lui suscitait l’Occlumancie, s’ouvrant plus à lui qu’elle ne s’en rendait sûrement compte. Tant mieux. Encore une fois, Gellert voulait la mettre à l’aise avant de la soumettre à une épreuve plus rude qu’elle ne se l’imaginait certainement. Par ailleurs, après le premier exercice, elle lui indiqua être surprise par la douceur avec laquelle le repenti s’était immiscé dans son esprit pour lui déposer son avis divergent sur le gingembre. À son rire contenu, il esquissa un sourire.

— Comme je te l’ai dit précédemment, c’est comme si j’avais déposé une lettre sous ta porte. Il n’y a rien de brusque.

Elle lui demanda alors s’il avait pris des précautions avec elle et il garda le silence quelques instants, la regarda simplement, réfléchissant à ce qu’il devait répondre. Il craignait qu’elle ne se vexe s’il venait à lui avouer qu’il comptait effectivement la ménager. Mais d’un autre côté, il savait à quel point les prochains étapes de son apprentissage allaient être rudes et il préférait y aller progressivement. Alors, il joua la carte de l’honnêteté et finit par dire après de longues secondes :

— Oui. J’y vais doucement pour l’instant. Je n’ai pas l’intention de te torturer mais de t’enseigner. Y aller brusquement serait absolument contre-productif.

Il marqua une pause. Si Solveig lui faisait sous-entendre qu’elle était prête à aller plus loin, plus vite, Gellert continuait d’hésiter. S’il avait senti une aisance naturelle à l’Occlumancie chez elle, il se garda cette information pour lui. Il ne voulait pas qu’elle sente trop en confiance non plus. Peut-être était-il trop parcimonieux, qu’il tentait trop de la préserver, de la protéger, comme si ses crimes passés pouvaient encore l’atteindre malgré son indéniable repentance. Après un long silence où il laissa Solveig finir son croissant, il finit reprit :

— On va essayer de passer à l’étape supérieure : je vais tenter de rentrer dans ton esprit cette fois-ci. C’est l’étape la moins plaisante, la plus éprouvante mais elle est nécessaire pour la suite. Pour reprendre l’exemple de la maison, plus tu sais comment on peut la forcer, mieux tu sauras la barricader.

Il avait un air grave, presque solennel mais qui cachait sa nervosité grandissante. Il aurait prendre des pincettes, il ne voulait pas forcer Solveig à revoir des choses qu’elle avait enfouies loin dans son esprit.

— Tu risques de revoir des souvenirs, que je verrai également. Tu vas les revivre et je les vivrai avec toi. Je vais essayer de ne fouiller que dans un passé récent, à Poudlard. Cependant, je ne peux rien te promettre. Comme je te l’ai dit, tu vas devoir faire le vide pour me bloquer l’accès. Néanmoins, la difficulté est que ton esprit va naturellement tenter de préserver ses souvenirs les plus intimes, ceux que tu ne veux pas que je vois. Malheureusement, tu vas y penser. Et comme tu vas y penser, tu ne feras pas le vide dans ta tête et au lieu de les préserver, tu vas me les offrir. C’est très pernicieux, sachant qu’en plus, tu vas me sentir tenter de fouiller ton esprit. Je le répète, cela n’aura rien d’agréable.

Il aurait pu ramener la Pensine de Dippet afin que Solveig y dépose ses souvenirs trop intimes pour lui mais déjà qu’il enseignait l’Occlumancie au nez et à la barbe du grabataire directeur, il n’allait pas non plus se rendre coupable du vol de sa bassine argentée.

— Prête…? Je compte jusqu’à trois. Un, deux, trois…

Doucement pourtant, il tenta de pénétrer l’esprit de Solveig. Il rencontra cette barrière naturelle qu’il força progressivement, gardant néanmoins une partie de son attention sur son élève, prêt à tout arrêter si besoin.
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Solveig A. Asbjørnsen
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MessageSujet: Re: If Rain Is Want You Want || Solveig  If Rain Is Want You Want || Solveig Icon_minitimeLun 31 Juil - 12:33



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Salle d'Etude des Runes

24 Décembre  1942

Solveig avait haussé un sourcil surpris, mais s’était contenté de hocher la tête. Qui aurait imaginé le grand Grindelwald en fin gourmet ? Se l’imaginer s’atteler à la confection de viennoiseries dorées et croustillantes à merveille -et au demeurant délicieuses- avait un côté beaucoup trop étrange et déroutant pour qu’elle s’y attarde tout de suite. Et c’est les lèvres ourlées de beurre, une pincée de croissant entre les doigts, qu’elle ne put réprimer un sursaut lorsque Grindelwald pénétra pour la première fois son esprit. C’était une sensation extrêmement difficile à décrire. Elle l’entendait lui parler de sa voix propre, mais le regardait mutique, le visage inexpressif, un léger sourire indéchiffrable sur ses lèvres pâles de crime. C’était comme lire dans sa tête, mais avec la voix de quelqu’un d’autre, qui conversait tout en se tenant immobile, face à elle. Et si elle ne put réprimer un léger rire, le sourire de son interlocuteur s’étira légèrement, comme pour la mettre à l’aise. Trop curieuse, trop avide de savoir, elle baissait les armes, se laissant aller, redevenant l’adolescente enthousiaste qu’elle aurait dû être, en des circonstances différentes. Et si elle n’avait pas été autant pétrie de haine et de mauvaise foi, elle se serait avouée à quel point sa chance était inouïe, d’apprendre les tréfonds obscurs de cet art auprès d’un de ses meilleurs pratiquants.

Et s’il semblait hésiter à lui répondre, pourtant il prit le parti de lui avouer la vérité, lui confirmant que son intrusion avait été précautionneuse, en guise de préambule. Solveig ne savait qu’en penser. Devait-elle se montrer agacée qu’il prenne des pincettes et la traite en petite chose fragile ? Humiliée de se voir dorlotée par celui dont elle avait juré la perte ? Devait-elle s’en attendrir, lui conférer cette once d’humanité à laquelle elle ne croyait pas ? Pour toute réponse, elle se contenta de lever le menton d’un air de dignité farouche qui ressemblait étrangement avec celui de l’homme qui lui faisait face, comme pour lui indiquer qu’elle ne réclamait nulle pitié ou traitement de faveur. Aussi, lorsqu’il lui expliqua qu’il allait passer à une intrusion plus poussée, elle répliqua calmement :

- Bien, je suis prête.

Pourtant, lorsqu’il détailla les conséquences directes de son intrusion, la jeune fille eut de plus en plus de mal à dissimuler sa nervosité. Il ne s’agissait pas que de Grindelwald, bien que le fait que ce soit lui qui ait accès à son intimité n’exacerbe un peu plus son angoisse. Pour la pudique Solveig, et sa terreur presque phobique de dévoiler ses sentiments, le fait de pénétrer son esprit avait quelque chose de proprement terrifiant. Elle y était préparée pourtant. C’était le but de ces entretiens et il fallait reconnaître que Grindelwald ne l’avait pas prise au piège. Elle avait lutté contre sa nature profonde pour se retrouver ici, et le moment était venu. Inspirant profondément, elle déchira calmement le reste de sa viennoiserie, la mâcha délicatement avant de s’essuyer les doigts sur le mouchoir qu’elle fourra dans la poche de sa robe de velours prune. Lorsqu’elle planta son regard déterminé dans le sien, il annonça le départ. La stratégie de Solveig était de se concentrer sur des souvenirs heureux, comme il le lui avait conseillé avec le Patronus, ou bénins, ou les deux, des tranches de vie qui ne lui inspireraient aucune honte et qui ne donneraient aucune arme à Grindelwald. Ainsi, elle espérait pouvoir empêcher l’intrusion à des pensées et des souvenirs trop intimes.

Cette fois-ci, elle réprima le sursaut, mais pinça les lèvres pour se concentrer. En une seconde, elle avait enfin réalisé l’amplitude de la difficulté de l’exercice. Elle avait senti Grindelwald approcher, elle l’avait senti forcer, mais n’avait littéralement rien pu faire contre ça. Il était passé avec l’aisance d’une lame de couteau dans une motte de beurre mou, et le dépit et le désespoir qui commençait à s’insinuer chez Solveig se mua en courage, se concentrant non sans peine sur quelques souvenirs de son crû. Grindelwald en avait inspiré un sans le vouloir. Les effluves de sucre et de beurre qui s’éparpillaient dans l’air du bureau et s’éternisaient sur ses papilles lui faisait l’effet d’une véritable Madeleine de Proust. Aussi, sans doute durant quelques secondes, peut-être une minute -elle ne parvenait plus à percevoir le temps de manière palpable-, il ne put voir que cette après-midi hivernale de 1934, dans les rues de Tromsø. Il n’était que seize heures, pourtant il faisait nuit presque noire, une nuit éclairée par la lueur des étoiles et de la lune, ainsi que des réverbères et des boutiques colorées des magasins. La neige s’étalait en manteau pâle souillé par la frénésie des pas des citadins, et de gens comme Solveig et sa famille, qui parachevaient leurs emplettes. La main de la fillette de dix ans, enfouie dans un gros gant de laine, était serrée dans celle de son oncle, tandis que sa tante donnait la sienne à leur propre fille de trois ans sa cadette, qui, malgré le lien sororal que la famille avait décrété, ressemblait peu à Solveig. L’enfant de sept ans n’avait pas la pâleur lunaire de ses cheveux. Ils étaient d’une blondeur plus lumineuse, plus solaire, ondulant sur la nuque et les tempes. Elle avait de jolis yeux ronds et doux, d’une pureté d’azur limpide. Il y’avait cette tendresse exquise dans l’ovale de son visage, qui dénotait tant avec la rudesse d’apparat que l’on pouvait apercevoir chez Solveig, déjà, si jeune. Ils semblaient heureux, pourtant, tous emmitouflés, et si les deux fillettes parurent toutes deux enthousiastes lorsque l’homme au chapeau leur indiqua la vitrine débordant de viennoiseries, celui de Solveig, déjà, était beaucoup plus dissimulé que la petite Elin, qui poussa un rugissement ravi. Et pourtant, une seconde plus tard, alors qu’elle voyait sa version d’elle-même huit ans plus tôt, déguster son croissant avec une minutie appliquée, elle sentit le souvenir délicieux s’évaporer, si vite et avec une force telle qu’elle ne put impuissante, rien faire d’autre qu’écarquiller les yeux et les lèvres, tandis que s’imposait sans qu’elle ne puisse rien contre ça divers souvenirs plus récents qui défilaient à un rythme incontrôlable. C’était comme un album photos de sa vie que Grindelwald déroulait à sa guise, et trop surprise, trop estomaquée, elle n’arrivait à rien, se voyant écarquiller les yeux à travers les vitres du Poudlard Express, lors de sa première rentrée ; puis de se voir coiffée du Choixpeau qui avait légèrement dénouée sa tresse, et qui s’était exclamée « Serdaigle » sans beaucoup d’hésitation. Elle se souvint l’angoisse et le malaise d’avoir été déracinée, la curiosité avide et infantile de ceux qui bavardaient à voix haute devant celle qui ne comprenait encore rien ; elle se souvenait du rire d’un trio de fillettes de Gryffondor, lorsqu’elle s’était essayée à une tirade en anglais ; elle se souvenait la blessure de voir son accent et sa langue dont elle était si fière moquée de la sorte, insultée au point que sa détermination en avait été redoublée, et qu’elle s’était mise à étudier l’anglais avec une force redoublée, quitte à écourter ses nuits.

Plus récent encore, elle voyait repasser des souvenirs bénins, de Darragh qui lisait au coin du feu pendant qu’elle achevait un devoir ; d’une remontrance à élève de deuxième année qui faisait trop de bruit ; du thé auquel le Professeur McGonagall l’avait invitée le mois dernier, dans son bureau. Mais Grindelwald avait eu raison ; si elle n’avait cure que ces souvenirs sans grande importance soient dévoilés au grand jour, la peur même de ce qu’il pourrait découvrir engendra le risque, et d’avoir voulu en protéger l’accès, en avait révélé l’existence ; l’aube se levait à peine que Solveig, vêtue d’une robe grise, filait dans les couloirs sans un bruit. Pourtant, face à la porte du bureau de Grindelwald, une autre silhouette l’attendait. Sa bouteille à la main, la scène de son méfait vain, empêché par la courageuse Kanaeko, se déroulait sous ses yeux impuissants et horrifiés. C’était une chose pour Grindelwald de savoir qu’elle avait tenté de l’empoisonner, une autre de la voir faire. Peut-être qu’effectivement, elle s’était jetée dans la gueule du loup. Solveig tentait de se concentrer, rassemblant son énergie, sa concentration pour se figer sur la scène de Tromsø et des croissants, mais n’y parvenait pas. C’était comme un timbre sur un poster, le souvenir ne parvenant pas à s’imposer à celui de Solveig, baguette levée, crispée de dépit de se voir arrêtée dans ce qui avait été le dessein de sa vie. Elle se mordait les lèvres si fort qu’elle sentait les dents en meurtrir la chair tendre, et pourtant, son souvenir ne s’imposait toujours pas. Pire encore, il céda la place au plus récent et au plus intime de tous ; Solveig en robe noire, dans la nuit étoilée du Parc de Poudlard, le soir du Bal ; Kanaeko qui glisse prudemment les doigts vers les siens. Le regard interloqué de Solveig, qui, pourtant, ne l’arrête pas. Le visage qui s’approche hardiment, et Solveig qui ne l’arrête toujours pas ;

- NON !

Le retour à la réalité la fit chanceler. Elle prit conscience de l’énergie qu’elle avait tenté de déployer, à son vertige, presque nauséeux, à ses mains glacées. Son visage était blême, et, à sa grande honte, elle sentait ses yeux humides, malgré qu’elle n’ait laissé couler aucune larme. Cette impuissance et cette force vaine l’avaient épuisée, et soudain, elle comprit pourquoi Grindelwald avait amené autant de nourriture. Elle se sentait vidée de force et d’énergie, blessée, humiliée, et fragile, sensation trop rare qu’elle abhorrait et qu’elle vivait comme une insulte, surtout face à lui. Mal à l’aise, elle le regard, ses yeux devenus mal assurés, flous, attendant la sentence.

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MessageSujet: Re: If Rain Is Want You Want || Solveig  If Rain Is Want You Want || Solveig Icon_minitimeVen 4 Aoû - 16:14



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Bureau d'Étude des Runes, 24 décembre 1942.

Solveig était bien courageuse ou alors un peu inconsciente. Si elle semblait avoir bien encaissé la simple petite phrase que Gellert lui avait mise dans sa tête, elle paraissait sous-estimer ce qu’il l’attendait réellement. Ou alors était-elle pourvue d’une résignation et d’une bravoure à toute épreuve. Car une épreuve, elle allait en traverser une. L’apprentissage de l’Occlumancie était rude et éprouvant ainsi se demanda-t-il s’il devait forcément la ménager au début ou y aller normalement. Il plongea son regard un instant dans le sien, tentant d’y trouver quelques indices sur la manière de procéder. Malgré son aplomb qu’elle se forçait d’arborer tel un masque cousu sur son visage, à l’instar de sa propre impassibilité hautaine, Gellert parvint à sentir une nervosité palpable, appréhendant certainement le fait que celui qu’elle haïssait le plus entre dans sa tête et soit susceptible de voir des choses qu’elle voulait absolument lui cacher. Mais le repenti était formel avec lui-même : malgré tout ce que son esprit pour lui présenter, il se contenterait de regarder que ce qu’il se passait à Poudlard, souvenirs qu’il estimait être le moins privé et le moins intime. Après tout, elle était entourée de plusieurs centaines d’élèves et la vie d’une adolescente aussi froide et austère qu’elle devait certainement être relativement tranquille.

Alors il entreprit de fouiller un peu plus sa tête. Tout de suite, il sentit une certaine résistance, qui l’obligea à forcer un peu le crâne pâle de la Serdaigle. Elle semblait être naturellement disposée à l’Occlumancie. Parfait, cela serait plus facile pour elle de maîtriser cet aspect de la magie. Malheureusement pour elle, son manque d’expérience se fit ressentir immédiatement : si ouvrir le livre de ses souvenirs avait été plus difficile que prévu pour l’ancien mage noir, en tourner les pages semblaient être beaucoup plus simple. En effet, rapidement sous ses yeux apparurent limpidement une petite ville aux maisons colorés et aux toits recouverts d’une neige épaisse. Malgré la nuit noire, le bourg grouillait d’activités, de badauds marchant çà et là, entrant dans les divers bâtiments pour s’acheter de quoi manger, etc. Il vit alors deux enfants accompagner un couple d’adultes. La plus âgée des deux gamines étaient sans nul doute Solveig, reconnaissable avec sa chevelure déjà si pâle. Gellert observa, sans rien dire, ce moment innocent qui datait d’une poignée d’années. C’était un souvenir heureux, inoffensif, qui représentait une maigre défense à l’intrusion dans son jeune esprit déjà éreinté par la vie car il était tout de même entré et pouvait voir clairement chaque maison de la rue norvégienne ainsi que le reflet du beurre sur le croissant que la future sorcière s’appliquait à déguster.

Mais il ne pouvait pas laisser Solveig dans ce cocon rassurant. Alors il força sa mémoire et la Grande Salle apparut alors sous leurs yeux. La jeune enfant était là, dans la robe noire de Poudlard, quelques mois à peine sûrement après le souvenir du croissant. Il aperçut Albus l’inviter à s’asseoir sur le tabouret avant que le Choixpeau n’annonce la maison Serdaigle. Puis, le repenti décida de ne pas s’éterniser sur chaque souvenir, essayant de tester un peu la résistance de Solveig face à cette intrusion contre laquelle elle ne faisait pour l’instant rien. Gellert enchaîna les souvenirs, ressentant les mêmes émotions que la jeune fille avait pu éprouver à certains moments. De ce sentiment d’avoir été déracinée, de cette lutte pour tenter de trouver sa place au milieu des autres pour qui elle n’était qu’une étrangère, de prouver sa valeur par l’acharnement. Comment une enfant de cet âge pouvait être dotée d’une telle hargne ? De tous les souvenirs de Poudlard qui défilaient devant ses yeux, il ne put que constater que Solveig refusait éperdument de se laisser faire, que chaque obstacle, même bénin, n’était pas prétexte à faire demi-tour ou à laisser tomber. De plus, si elle pouvait apprendre quelque chose, cela ne ferait qu’accroître ses capacités. Ironiquement, il se revit à peu de choses près au même âge.

Il continuait de passer alors en revue les souvenirs comme pour un livre dans lequel on fait des recherches, les pages s’enchaînant d’une facilité déconcertante, sans qu’une main ferme ne vienne claquer la couverture sur le contenu afin de l’ôter enfin à sa vue. Il vit les visages familiers de dadais timoré d’O’Sadhbh, de celui tout aussi austère qu’elle de Minerva, rien d’intéressant. Pour l’instant, Solveig se protégeait bien à sa manière. Mais peut-être que la fatigue se faisait déjà ressentir car il perçut une faille : telle une page écornée, un souvenir se présenta à lui, d’abord opaque, flou. Quelque chose qu’elle ne voulait pas qu’il voit mais qui se présenta malgré tout à lui. Le flot de souvenirs passés en revue s’arrêta soudainement et il se retrouva devant la porte de son bureau, Solveig était présente, avec une bouteille soigneusement emballée. Amusé, il eut un sourire en reconnaissant l’hydromel empoisonné. Il vit alors contre toute attente Hantsuki s’interposer et essayer de la dissuader malgré la baguette levée de la Serdaigle. Il se sentit pourtant comme tirer en arrière, comme si Solveig se réveillait enfin et tentait de protéger ses souvenirs. Brièvement, il revit la ville de Norvège mais tout disparut à nouveau.

Cette fois-ci, il reconnut la robe de soirée que portait Solveig. Il l’avait aperçue pendant le Bal de Noël. Une nouvelle fois, Hantsuki était présente. Tout d’abord, il se disait que c’était bénin. Qu’elles allaient certainement parler de cette fois où la Serpentard avait essayé de l’empêcher de commettre un meurtre prémédité. Gellert s’était fait la promesse de ne pas chercher les souvenirs trop intimes ou douloureux. Bien évidemment qu’il avait vu passer au loin les éclairs verts qui avaient tué ses parents mais cela n’aurait été nullement bénéfique ou productif. Cela aurait été juste malsain pour lui et une véritable torture pour elle. Non, il se disait naïvement que ce souvenir du Bal de Noël, ainsi sous la nuit étoilée de Poudlard, était aussi inoffensif que celui devant la porte de son bureau. Mais il s’était vraisemblablement trompé. Tandis qu’il était plongé dans ses pensées, il n’avait pas remarqué Hantsuki prendre la main de Solveig. Ce n’est que quand il vit l’hardy Kanaeko rapprocher son visage qu’il comprit qu’il ne devait effectivement pas voir cela. Ainsi, alors qu’il mettait fin à l’intrusion de lui-même, il se sentit également expulsé violemment de la tête de Solveig et retrouva son bureau et son élève à moitié affalée sur sa chaise.

Gellert la regarda un instant et lui laissa quelques secondes pour reprendre son souffle. Comme il l’avait prévenue, elle semblait éreintée, abattue et secouée, ce qui était parfaitement normal. Il trouvait même qu’elle s’était plutôt bien débrouillée. Tandis qu’il soutenait son regard rougi par l’effort, celui asymétrique du repenti demeurait sempiternellement impassible. Cependant, une irrépressible lueur amusée naquit dans ses iris dichotomiques. En effet, il ne pouvait que constater à quel point ils étaient ironiquement semblables. Il se revoyait au même âge, à peu de détails près, avec les mêmes raisonnements, les mêmes desseins, les mêmes attirances... Cela était si flagrant que cela en devenait presque burlesque. Mais il se retint malgré d’avoir ce rire nullement mesquin, nullement moqueur car elle l’aurait interprété comme tel. Il soupira plutôt profondément et se leva de son bureau avant de lui servir un chocolat chaud qu’il posa sur le plateau de viennoiseries et qui lui apporta. Il posa alors le petit déjeuner à côté d’elle et s’accroupit devant elle, les mains jointes. Il la regarda encore, essayant de voir si elle n’allait pas s’évanouir dans les prochaines secondes. Il la savait robuste mais il n’ignorait pas non plus le risque que cela pouvait arriver.

— Tu t’en es plutôt bien sortie. Cette fois-ci, je ne t’ai pas trop ménagée. Tu as eu le bon réflexe d’essayer de me faire revenir en Norvège quand tu t’es rendue compte que tu m’en faisais trop voir. Mais tu t’es aperçue rapidement que tu étais effectivement tombée dans le piège contre lequel je t’avais mis en garde, c’est bien.

Il marqua une pause et baissa les yeux.

— Je suis désolé pour le dernier souvenir. Je ne pensais pas qu’il deviendrait si intime. Maintenant, quand je verrai Hantsuki, je saurai qu’il est temps pour moi de changer de souvenir.

Il eut un sourire doux et désolé. En se relevant il posa machinalement la main sur l’épaule fine de Solveig et repartit alors vers son bureau.

— Mange un morceau et bois le chocolat. Cela te fera du bien. Tu me diras quand tu te sentiras prête ou si tu veux t’arrêter pour aujourd’hui. Si tu as des questions, évidemment, n’hésite pas.

Il s’appuya à nouveau sur son bureau, croisa les bras et patienta docilement.
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