Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]



 
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Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]

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Belladone Raven
Belladone Raven
Âge : 28 ans
Sang : Sang-Pur
Nationalité : Anglaise
Patronus : Un corbeau
Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal
Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et crin de licorne
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MessageSujet: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]  Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Icon_minitimeMer 12 Fév - 14:42



Onirisme et Révélations

« Bureau du Professeur de DCFM »

Hiver 1942

Le grattement délicat de la plume sur le parchemin blanc troublait, seul, la quiétude obscure du bureau professoral. Belladone extirpa de sa poche sa montre à gousset en argent ; le cadran indiquait deux heures et demie du matin. Le jeune homme ne put s’empêcher de pousser un profond soupir, dans le sillage duquel se mêlaient les embruns âcres d’une lassitude et d’une perplexité qui lui tenaillaient vaguement l’âme.  A quels mystérieux desseins Dumbledore pouvait-il faire allusion, lorsqu’il évoquait son besoin urgent d’un comparatif détaillé entre les Suçacides et les Fizwizbiz au citron ? Et en quoi cette bagatelle devenait-elle si impérieuse qu’il lui fallait y consacrer une partie de sa nuit, en costume complet qui plus est ? Belladone jeta un regard décontenancé vers la cravate de soie qui ceignait le col de sa chemise. Si l’ouvrage nocturne ne lui était pas étranger, très souvent sa robe de chambre de velours brun jetée sur son pyjama rayé suffisait à la décence du labeur solitaire auquel il s'adonnait parfois pour tromper l'insomnie. Mais cette nuit tout semblait étrange ; il était tiré à quatre épingles dans son propre bureau que n'éclairait aucun feu ou aucune bougie. L'âtre désespérément vide et froid projetait sa lueur de sépulcre, tandis que des minces fenêtres ne perçait qu'un pâle rayon de lune, trop mince pour ne percevoir autre chose que les silhouettes anguleuses des meubles qui se découpaient à la chétive lueur de l'astre blond. Pourtant il semblait bel et bien pouvoir lire et écrire, à la plume qu’il tenait entre ses doigts fébriles, à sa calligraphie trop fine qui courrait sur le papier blanc, aux différents recueils ouverts et posés çà et là, épars autour de lui.

Un frisson parcourut l’échine de Belladone. Il était gelé jusqu’aux os, mais semblait ne s’en rendre compte qu’à cette seconde précise où l’absurdité de la situation semblait se révéler à ses yeux. La tendresse du jeune homme ne se plaisait pas à la violence des Suçacides qui trouaient la langue ; quant aux Fizwizbiz, il les préférait au chocolat, qui restait son parfum favori. D’un geste leste, non exempt de cette stupéfaction vague qui ne le quittait pas, le Professeur Raven rabattit un des livres ouverts devant lui pour en lire la couverture. Ses sourcils se froncèrent un peu plus. En quoi le « Traité relatif aux apparitions de la Magie Noire en Afrique de l’Ouest » pouvait-il l’aider à rédiger ce comparatif grotesque entre deux confiseries qu’il n’aimait pas ? Dumbledore se serait-il joué de lui ?

Un léger coup, timide, presque imperceptible, se fit entendre derrière la porte close. Et il n’avait pas même encore conscience que ses lèvres pouvaient s’entrouvrir pour y répondre, que la porte glissait doucement, laissant entrevoir l’ombre hésitante d’une silhouette qu’il lui semblait déjà reconnaître, qui, ne se heurtant à aucun refus formel, se risqua enfin à entrer, fermant derrière elle.

- Professeur ?

Belladone lâcha sa plume, qui vint s’écraser sur le parchemin orné par sa calligraphie soigneuse, elle ainsi que la goutte d’encre qui subsistait à sa pointe. La jeune Lavande, cette malheureuse élève qu’il avait extirpée des griffes de ses bourreaux juvéniles une nuit d’automne, était là devant lui, timide et hésitante, presque craintive. Les larmes ne faisaient plus étinceler la forêt sombre de son regard, de cet éclat dramatique qui lui avait brisé le cœur, cette nuit-là. Ses yeux semblaient implorer quelque chose que Belladone ne comprenait pas, et son uniforme débraillé avait des allures de sombre présage, auquel il ne tarda pas à réagir d’un air affolé :

- Mademoiselle ? Que faites-vous hors de votre dortoir à une heure pareille ? Pourquoi votre uniforme est-il dans un tel état ? N’avez-vous pas froid ? Vous a-t-on encore fait du mal ?

La jeune fille baissa les yeux vers son accoutrement dépenaillé, comme surprise par la stupéfaction de son Professeur. Puis, ne semblant rien trouver d’étrange à sa cravate vert et argent qui baillait sur sa chemise allégrement ouverte, à l’absence des chaussettes de laine grise réglementaires qui laissait apparaitre ses jambes qu’elle avait longues et aussi blanches que son triste visage, la jeune fille leva de nouveau ses yeux d’émeraude délavée vers Belladone, et sa voix était calme, malgré cette doucereuse hésitation qui la faisait tendrement vibrer :

- Non Professeur, je n’ai pas froid. Et personne ne m’a fait de mal. Plus personne ne m’en fera désormais, grâce à vous. C’est pour cela que je suis ici, je voulais vous remercier.

La scène était éthérée, irréaliste, comme tirée d’un mauvais scénario auquel personne ne croit. Pourtant le regard d’encre de Belladone ne semblait pas pouvoir se détacher de la frêle silhouette qui restait plantée sur le seuil de la petite alcôve qu’il s’était évertuée à rendre douce et accueillante et qui, ce soir, avait des allures de sépulcre gelé par le vent. Le timide Professeur, qui n’avait jamais eu l’impudence de plonger intensément dans les abysses verdâtres des prunelles de son élève, s’y risquait cette nuit ; ses yeux avaient la pureté chatoyante d’une émeraude qui aurait vécu mille ans au fond des eaux, et qui à présent arborait son éclat terni au grand jour, polie par le sel, le rythme des vagues et la caresse du sable, mais forte des épreuves passées qui avaient contribué à la rendre unique, sans parvenir à avoir raison d’elle. Ses cheveux d’encre semblaient avoir été ébouriffés par le vent, et encadraient, épars, le petit visage de craie qui paraissait continuellement fatigué par la vie. Belladone déglutit, tâchant vainement de se ressaisir face au sentiment qui l’empêchait de détourner le regard de cette vision irréelle, et qu’il comprenait enfin ;

- Mais je…Je ne comprends pas…Je n’ai rien fait…Enfin…J’ai fait ce que j’ai pu mais…Je sais bien que ce n’était pas assez…Je, je vous demande pardon

Le jeune homme avait enfin baissé le regard, comme conscient de l’indécence de la contemplation ébahie à laquelle il se livrait, et qui lui ressemblait si peu. Le souvenir de la déception, mêlée à cette colère qui avait fait étinceler ces yeux qu’il dévorait l’instant plus tôt, lui avait fait baisser la tête, honteux et le cœur brisé de cette faiblesse qui l’avait empêché de punir les coupables à la hauteur de la gravité de leur crime. Peut-être la jeune fille était-elle venue pour se moquer de lui ? Pour se venger de sa fragilité coupable envers de telles mains criminelles ? Belladone ignorait combien de temps il était resté ainsi, les yeux rivés sur sa cravate. Le temps ne semblait pas avoir d’importance cette nuit, s’écoulant avec une irrégularité vague, que le jeune homme ne percevait pas. Mais ce furent les doigts blancs qui s’agrippèrent doucement à une de ses mains qui lui firent lever les yeux. Lavande était là, tout près, lui faisait face de toute la hauteur de sa taille frêle, tandis que lui, assis toujours, sentit ses joues mangées par sa sempiternelle barbe noire s’empourprer violemment sous l’indécence de cette proximité qui le torturait par ce trouble délicieux qu’il ne connaissait que trop, et pour lequel il se découvrait une honte affreuse, l’âme rongée par des songes qu’il considérait comme criminels.

- Pourquoi vous excuser Professeur ? Vous m’avez sauvée, je vous en serai toujours reconnaissante.

La main gauche de la jeune fille, celle qui n’étreignait pas avec tendresse les doigts fébriles de Belladone, s’était posée sur sa joue brûlante, et en caressait délicatement la barbe râpeuse, tandis que la chaleur du corps frêle semblait irradier par tous les pores de sa peau, à mesure qu’elle se collait contre lui, et qu’il ne pouvait rien y faire, même s’il l’avait voulu. Il n’en aurait rien fait de toutes façons, parce que le paradoxe de son Epouvantard se trouvait sous ses yeux, sous la forme la plus douce, la plus affriolante et la plus désirable qui soit. Et s’imaginer le sauveur de la pauvre jeune fille martyrisée était sans doute ce qui le rendait le plus fou, plus encore que ces cheveux d’encre qui semblaient avoir combattu la pire des tempêtes, plus encore que l’émeraude implorant de désir qui perçait dans son regard, plus même que cette chemise ouverte jusqu’à la naissance d’une poitrine qu’il ne pouvait que deviner. Et il ne luttait déjà plus contre ce désir qui n’avait aucun sens, contre cette prétendue salvation qu’il savait fausse, contre ce désir honteux qui le clouait sur sa chaise et lui brûlait les sens. Une infime et ultime résistance s’extirpa dans un souffle de ses lèvres tremblantes d’un désir insensé, presque absurde, alors que le visage de craie s’approchait du sien, presque à l’effleurer :

- Mais je n’ai rien fait…

Les lèvres pâles et douces firent taire les vains scrupules de Belladone, et la mince résistance qui lui subsistait s’étiola sous le baiser timide de la jeune Lavande qui s’était soudain collée à lui, ses bras enlaçant le cou brûlant de fièvre de son Professeur qui lui rendait son baiser avec une tendresse fougueuse, ses doigts se perdant dans la toison d’encre en bataille qui encadrait le visage collé au sien. Belladone n’avait plus conscience de cette main qui s’engouffrait avec un délice tendre dans la chevelure sombre, et qui, inconsciemment, approfondissait ce baiser qui annihilait tout, de ses craintes à ses répulsions les plus profondes, du froid gelé de la pièce à la situation inconcevable. Il n’y avait plus que ce corps à califourchon sur lui, ces jambes nues qui se heurtaient au tissu rugueux de son pantalon, cette poitrine dont il sentait les formes tout contre lui, et ces lèvres surtout qui lui faisaient oublier jusqu’à l’autorité qu’il avait sur elle, et qui lui interdisait de s’abandonner à un désir dans les affres duquel il se noyait déjà. Il n’y avait plus que cette taille frêle qu’il sentait sous sa main, ce gémissement doucereux, presque plaintif qui s’était étouffé sous les lèvres de Belladone, lorsqu’il avait accepté le baiser, de par la fougue mutique avec laquelle il le lui avait rendu. Un frisson parcourut l’échine du jeune homme, parce que la main blanche de Lavande s’était saisie du nœud de sa cravate, et qu’elle le desserrait d’un geste fébrile, rendu malhabile par le désir hâtif qu’elle peinait à contrôler, et déjà elle s’attaquait au col de la chemise de coton blanche, boutonnée avec soin, qu’elle paraissait sur le point d’arracher, tant l’impatience la rendait brusque. Et Belladone n’était guère plus adroit, parce que la main qui enlaçait sa taille cherchait à glisser sous la chemise, pour le plaisir affolant de sentir brûler sous sa paume la peau blanche qui se consumait de fièvre sous les caresses tendres dont il l’assaillait. Et ce fut elle qui rompit le baiser, parce que ses doigts frêles étaient parvenus à libérer la gorge que le jeune homme avait engoncée dans son col blanc et sa cravate soigneusement serrée, et que ses lèvres, soudain, plongeaient avec une hésitation tremblante, avide, vers le cou de Belladone, là où se mourrait sa barbe.

- Oh, Lavande…

Il ne savait plus, ne pouvait plus rien dire d’autre. Sa main avait enfin franchi la douce barrière de la chemise et glissait dans le creux du dos de la jeune fille, tandis que son prénom, ainsi extirpé, avait des accents de poésie et de printemps à la campagne qui aiguisait un peu plus la folie du désir qu’il avait d’elle, à cet instant. Et lorsque l’émeraude de son regard se leva brusquement vers le regard d’encre affolé par ce désir qui avait été aussi violent qu’impromptu, ce fut une surprise mêlée à une panique certaine que Belladone y décela. Ce trouble manifeste de la jeune fille, bien qu’il ne le comprit pas, lui fit l’effet d’une douche glacée, se flagellant soudain de ce qu’il l’avait sans doute brutalisée, pour qu’elle s’effarouche ainsi. Il lui fallut quelques secondes pour les entendre. Des coups. Insistants, fermes, ils martelaient la porte du bureau, rompant la brume de désir qui unissaient les deux êtres et que tous deux avaient cru infranchissables.

- Lavande !

Les yeux de Belladone s’écarquillèrent sur le plafond de sa chambre, son cœur tambourinant à toute volée au fond de sa poitrine. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre qu’il était réveillé, en sueur au creux de ses draps, et que son inconscient l’avait plongé dans les affres d’ébats délicieux avec une de ses élèves. Une honte terrible, mêlée à la panique des coups qui martelaient sa porte au beau milieu de la nuit s’empara de lui, tandis qu’il se levait avec précipitation, prenant juste le temps de glisser ses pieds dans ses chaussons, sans même jeter sur son pyjama rayé cette robe de chambre brune qui reposait paisiblement au fond de son armoire. Belladone attrapa sa baguette au vol et manqua de trébucher en traversant sa chambre, malgré la lueur qu’il avait fait jaillir à la hâte du mince morceau de sorbier, et enfin il ouvrit la porte de son bureau à la volée ;

- Grin…Grindelwald ! Mais…Je…Que se passe-t-il ? Une catastrophe ?

La haute stature de Grindelwald encadrait la porte, son visage fermé et sa blondeur polaire ne permettant guère à Belladone de tirer une quelconque conclusion sur la raison de sa venue. Mais le jeune homme sensible, délicat et arraché si brutalement à un rêve d’une telle intimité ne pouvait rien s’imaginer d’autre, à cette seconde, qu’une catastrophe terrible, qui, seule, pouvait amener le grand Gellert Grindelwald à la porte de son bureau, au beau milieu de la nuit.


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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]  Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Icon_minitimeMer 12 Fév - 19:32



Onirisme et Révélations

« NIHILIST BLUES. »

Bureau de DFCM, Hiver 1942.

Il était difficile de décrire ce que Grindelwald ces derniers jours. Tout se succédait lancinement, une route morne et sans but et pourtant, il avait de plus en plus l’impression d’étouffer au milieu de tout ceci. Il fixa son assiette vide sans que son corps ne lui réclamât quoique ce soit. Cela faisait combien de dizaines d’heures qu’il n’avait rien avalé ? Il n’avait pas pris la peine de venir aux repas précédents, idem pour le dîner de la veille. En réalité, s’il avait daigné venir ce soir-là, c’était pour un tout autre objectif mais le bruit des centaines couverts sur les assiettes lui martelaient déjà le crâne. Ses voisins discutaient avec leurs comparses d’à-côté, le laissant seul s’enliser dans son marasme. Il n’osait engager la conversation, même amicalement, avec Belladone. Ce dernier allait encore penser que le renégat lui voulait du mal et allait de nouveau perdre la totalité de ses mots pour bégayer et essayer de discuter de nouveau avec le professeur Vargas qui était déjà à son troisième verre d’hydromel. Gellert était bel et bien venu au dîner dans l’idée de se saouler également mais un autre plan se dessina dans son esprit : voler la bouteille.

Pourquoi en était-il arrivé à une telle démarche ? En réalité, il avait l’impression d’asphyxier de plus en plus. Si Lavande donnait un sens sommaire à sa nouvelle vie de repenti, ses ambitions de grandeur avaient été annihilées et il n’en restait plus que des ruines dont la structure branlante était de plus en plus difficile à soutenir. Ses genoux flanchaient. Azkaban donnait au moins une agréable sensation de solitude justifiée, le mage noir n’ayant eu pour seule compagnie que des Détraqueurs à qui il avait préservé ses émotions pendant quinze ans. Car c’était bien ce qui était en train de l’étrangler à petit feu, les sentiments. S’attacher à Lavande avait été une mauvaise idée, la gamine ferait sa vie dans moins d’un an et demi et si elle était une personne rationnelle, elle ne se préoccuperait pas de son professeur particulier et sévère qui lui donnait ce temps dont il ne savait plus quoi en faire. Et puis, en toute honnêteté, le plus dur à supporter, c’était la présence d’Albus à ses côtés. En effet, cet effroi qu’il ressentait en lui, ce désir incontrôlable de ne pouvoir détacher ses yeux de lui nourrissait en lui une colère sourde qu’il avait déjà vécue.

Il se servit son premier d’hydromel, puis un deuxième et un enfin troisième. Il avait presque tout avalé d’une traite, l’alcool brûlant ses intestins trop vides. Il sentit cette chaleur le parcourir jusqu’au bout de ses doigts glacés et ses paupières étaient déjà lourdes. Il avait mieux tenu l’ivresse que cela, mais à jeun, ses limites étaient largement plus faibles. Il jeta un regard sur le bout de visage qu’il pouvait percevoir d’Albus avant de glisser une bouteille pleine sous son manteau, discrètement. Malgré son manque d’exercice, son ventre vide et l’alcool commençant à faire effet, ses mouvements étaient restés lestes, permettant ainsi de ne pas se faire remarquer par ses pairs autour de lui. Il se leva alors et repartit rapidement dans son bureau, sans demander son reste. Bien évidemment, les Aurors l’avaient suivi et lui avait demandé pourquoi une telle sortie abrupte du dîner. Grindelwald avait bafouillé une excuse qui avait convenu à ses géôliers et s’enferma dans sa salle personnelle. Les murs semblaient de plus en plus sombres chaque jour et de plus en plus étroits également. Il avait maintenant l’impression qu’en déployant la totalité de l’envergure de ses bras, il pourrait toucher les deux parois opposées en même temps.

Il sortit la bouteille qu’il posa sur son bureau de fortune et la regarda un instant, songeant au fait qu’il ne pouvait rester en présence de Dumbledore désormais. Il s’arrangeait pour écouter ses comptes rendus quotidiens avec lui et n’osait même plus venir aux dîners. Le plus terrible dans tout ceci était sûrement que cela ne dérangeait pas son comparse. Bien au contraire, même. Mais ce besoin de s’éloigner autant de lui gênait grandement le mage noir, obligé de côtoyer cet homme constamment. Cela le gênait car il savait qu’au fond de lui, il voulait être proche et qu’il chérissait ces moments. Cependant, ses vieux démons rôdaient toujours. Si la gêne était trop importante, si l’inconfort était trop inavouable, même à lui-même, pourquoi ne pas le supprimer définitivement ? Pourquoi ne pas se débarrasser d’Albus, même s’il devait y laisser sa vie de toute façon sans valeur derrière ? Ce n’était pas la bonne solution et puis, Albus restait inatteignable. Gellert n’avait aucune envie de faire du mal à qui que ce soit, de toute façon, et certainement pas au professeur. Étouffé, pris en étau entre cette haine sempiternelle et ce désir honteux à ses yeux d’être juste l’ombre de Dumbledore, il ouvrit la bouteille et commença à la boire.

*
* *

Il ne sut combien de temps il était resté à faire les cents pas dans sa chambre. Mais, ayant fini la bouteille et étant désormais complètement saoul, il avait ressenti le besoin urgent de raconter ses malheurs à quelqu’un. Machinalement, il s’était dirigé vers le bureau de Raven, seul être vivant dans ce château qui avait des esquisses d’ami aux yeux du mage noir. Comment était-il passé outre les Aurors devant sa porte ? Il ne s’en souvenait déjà plus. Il avait juste besoin de respirer avant de faire une crise presque hallucinatoire tout seul. En réalité, il était juste tristement ivre. Il tambourina alors à la porte du professeur, de manière déconstruite et irrégulière, chancelant d’avant en arrière. Quelques années auparavant, pourtant, il était au sommet du monde. Son chemin avait été couronné d’une gloire funeste et macabre et son nom était auréolé d’une aura aussi dévastatrice que vindicative. Ce soir-là, pourtant, il était ivre, martelant de manière décousue sur la porte d’un professeur qui n’avait pas un centième de sa puissance pour se confesser sur un sujet aussi ridicule qu’Albus Dumbledore.

À sa grande surprise, la porte s’ouvrit et la lumière de la baguette de Belladone éblouit les yeux laiteux du saoul. Ce dernier ne s’était même pas demandé à quoi il pouvait bien ressembler. À vrai dire, ce n’était pas là sa première préoccupation, malgré quelques mèches qu’il sentait chatouiller son front. Quand ses rétines furent habituées à la lueur, il entendit vaguement la voix de Belladone s’enquérir de la raison de la venue du renégat à sa porte à une heure aussi tardive. Grindelwald hocha nonchalamment les épaules, manquant de perdre l’équilibre au passage. Il en profita pour regarder son interlocuteur de haut en bas, malgré la faible luminosité, il ne remarqua cet étrange pyjama rayé qui ne le mettait pas en valeur. L’éméché posa alors une main molle sur l’épaule de son collègue et le regarda dans les yeux.

— Tout va bien, enfin je crois. Moi non.

Sans rien ajouter, il entra, poussant presque Belladone à son passage. La lumière n’étant pas allumée, il se fia aux faibles rayons de la baguette plus qu’à ses propres yeux. Par la suite, il prit le coin d’un meuble dans la cuisse, grommela quelque chose qui pouvait s’apparentait à du germanique avant de finalement s’avachir dans un fauteuil. Il poussa un profond soupir avant de lancer, de but en blanc :

— Comment tu sais si tu es amoureux ?

Il posa sa main froide sur son front, ayant l’impression d’avoir de la fièvre et la nausée en même temps. Ce qui, dans le dernier cas, était fortement probable. Il n’avait pas pris la peine de saluer Belladone. Est-ce que ce dernier l’appréciait seulement, déjà ? Est-ce qu’il ne serait pas un fardeau pour lui, comme il l’était pour Albus ? Finalement, Gellert se releva.

— Pardon je dois te déranger.

Il se dirigea alors vers la porte où trouvait toujours son collègue et se prit le même coin de meuble dans l’autre cuisse cette fois-ci, ne prenant même plus la peine de jurer.
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Belladone Raven
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MessageSujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]  Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Icon_minitimeJeu 13 Fév - 17:14



Onirisme et Révélations

« Bureau du Professeur de DCFM »

Hiver 1942

L’air glacé du couloir fit trembler Belladone, saisi par la panique du réveil brutal et par l’irruption impromptue de son taciturne collègue. De froid et d’épouvante, le jeune homme serra ses bras autour de lui, la légèreté de son pyjama le laissant fourbu et les os gelés, à la merci de la pierre humide des frimas de l’hiver. Son cœur tambourinait dans sa poitrine frêle, et il lui semblait qu’il faisait un fracas monstrueux, et que son écho hurlait jusque dans les cachots de la prestigieuse école, là où devait dormir à poings fermés la pauvre jeune fille de laquelle il rêvait avec tant d’impudence, il y’avait de cela quelques minutes à peine. La honte, terrible, se mêla à la peur et au froid, cette peur d’une révélation funeste, cataclysmique, qui lui rongeait les entrailles, et l’empêchait de remettre correctement en place ses idées déjà évaporées par un sommeil licencieux et indigne de son statut de Professeur. La main roide de l’auguste sorcier, qui jamais ne semblait sujette à l’agréable tiédeur du commun des mortels, se posa sur l’épaule frêle de Belladone, avec une mollesse un peu abrupte, étrange chez l’Occlumens brillant qui semblait contrôler le moindre de ses gestes, tandis que la voix cave avait tôt fait de le rassurer sur la morne paix qui semblait régner sur Poudlard, accusant un mal-être personnel.

C’est ce comportement inconcevable, incroyable même chez un tel maître du contrôle, qui ramena l’esprit de Belladone sur terre. A la chétive lueur qui jaillissait de sa baguette, le jeune homme leva la tête vers la haute stature de son aîné. Sa chevelure d’un blond polaire, que d’ordinaire rien, pas même la force des éléments ne paraissait pouvoir déranger, aujourd’hui retombait en mèches éparses sur son front d’albâtre, et son regard de glace qui de coutume n’exprimait rien était ce soir agité par un trouble manifeste, qui, de nouveau fit frissonner Belladone. Et avant que le jeune Professeur trop fraîchement extirpé des brumes oniriques de son sommeil ne put entrouvrir les lèvres pour lui permettre d’entrer, ou de s’épancher sur le mal-être qui poussait le plus grand mage noir du siècle à tambouriner chez celui qu’il paraissait tant mépriser d’ordinaire, Grindelwald prit l’initiative de lui-même, repoussant le corps frêle de Belladone avec la même déconcertante facilité que s’il s’était agi d’un fétu de paille.

La pénombre épaisse, béant à peine de la faible lueur magique avec laquelle Belladone tentait d’en déchirer le voile obscur, accueillit la haute silhouette lunaire de Grindelwald. Un juron s’échappa de ses dents serrées, de ce qui semblait être de l’allemand, après qu’un choc sourd se fit entendre. D’un mouvement empressé et maladroit, Belladone claqua la porte sur le couloir venteux et marmonna un « Incendio » en direction de l’âtre vide et froid, tandis que sa baguette se pointait vers les candélabres éteints et fixés aux murs, tout autour de la pièce. Un feu chaleureux, que Belladone avait espéré plus ronflant, vint éclairer et réchauffer la pièce. Grindelwald était là, avachi au fond d’un des fauteuils de cuir brun du jeune homme, et la question dont il asséna tout à coup son jeune collègue paraissait si étrange, entre ces lèvres glacées de criminel repenti, placide et imperturbable, que Belladone ouvrit la bouche sans rien, totalement démuni par ce qu’il semblait enfin comprendre ;

- Je…Pardon…Mais…Seriez-vous saoûl ?

C’était tout ce qu’il avait trouvé à répondre, à tâtons et avec prudence, reprenant ses esprits à mesure que la pièce se réchauffait et baignait désormais de la douce lueur des torches. Et c’est à cet instant précis, alors qu’il baissait vers la pointe de ses chaussons ses yeux timides qu’un Grindelwald même ivre parvenait toujours à dominer, qu’il s’aperçut. Et la honte revint, atroce, terrible, glacer ses veines et empourprer son visage jusqu’à la racine de ses cheveux. Cette souillure à l’âme, sceau indélébile, marqué au fer rouge, cet effroi saisissant d’appartenir à cette race de prédateurs qui confinait aux criminels, se révélait dans la crudité de cette démonstration physique primaire, à laquelle il ne pouvait rien, et que sans nul doute le regard acéré de Grindelwald avait appréhendé depuis longtemps. Sa silhouette glacée d’horreur se figea, statue de sel semblant fixée par les pieds au socle de cette honte, atroce, qui l’emprisonnait tout entier, à la vue et à la merci de l’illustre sorcier ivre qui gisait dans son propre fauteuil. Les yeux d’encre tendre du jeune homme, incapable de bouger, commençaient à se remplir de larmes d’horreur, mortifié par la honte terrible de ces divagations oniriques qu’il assimilait à un crime, dont il payait le prix en étalant l’ampleur du stupre vil et inconscient qui l’avait animé lors de son ébat fantasmé avec une de ses propres élèves.

Et peut-être aurait-il véritablement fondu en larmes, mortifié et devenu subitement pâle comme un linge, si Grindelwald ne s’était pas tout à coup ravisé, de ces paradoxes brutaux propres à l’ivresse qui décontenançait les témoins sobres de ce genre de scènes étranges. Cette apparition primale et vulgaire de son désir pourrait-elle être la cause de ce revirement ? Grindelwald le prenait-il pour un être répugnant, corrompu jusque dans le sommeil par le vice et le stupre qu’il tâchait de dissimuler sous de beaux atours ? Sans doute pas, en réalité. Mais Gellert paraissait si troublé que Belladone n’avait pas le cœur de le laisser ainsi retourner à sa geôle qu’il s’imaginait avec une certaine candeur humide et froide, pour y cuver son chagrin et son hydromel seul, alors qu’à présent il était réveillé, et qu’à la vérité le jeune homme, s’il n’avait pas été si mortifié, aurait eu conscience d’être profondément touché d’être celui auquel il avait songé pour épancher son chagrin. C’est son cœur bon et généreux qui le délivra de l’immobilité honteuse qui l’emprisonnait, alors que Grindelwald lui faisait la grâce de lui demander pardon et que déjà il rebroussait chemin :

- Non ! Gellert…Vous ne me dérangez pas…Restez, je vous en prie.

Belladone, dans un geste instinctif, avait tendu le bras comme pour rattraper le fuyard, mais, se souvenant de l’inconvenance de sa mise, s’était ravisé, se contentant de pointer du doigt le fauteuil près du feu dont Grindelwald venait de s’extirper, et insista, comme pour être sûr qu’il ne reprenne pas sa fuite, ayant osé user de son prénom, comme pour l’assurer qu’il était le bienvenu ;

- Laissez-moi un bref instant, je reviens…Mais vous restez, n’est-ce pas ? Je…J’arrive…

Pâle comme un linge et tremblant dans son pyjama à rayures bleues et blanches, Belladone se précipita dans sa chambre, ravalant les larmes de honte et de remords qui lui brûlaient les yeux et la gorge, et ouvrit d’un geste malhabile l’armoire de chêne, farfouillant au fond de son ventre béant pour en dénicher cette robe de chambre brune qui aurait pu sauver sa pudeur extrême et sa fragile sensibilité, s’il avait eu la décence de s’en vêtir avant d’ouvrir sa porte à la volée. Le jeune homme outragé prit soin de rabattre le pan du vêtement sur son pantalon, avant de prendre son courage à deux mains et de rejoindre son hôte impromptu.

- Gellert…Vous…Avez-vous faim ? Je vais préparer du thé et quelque chose à manger…Vous vouliez me parler de quelque chose ?

Belladone se tordait les mains, cherchant un prétexte pour s’affaire et ainsi tromper l’embarras extrême que la présence de la robe de chambre ne parvenait pas à annihiler complètement. Pourtant le réveil brutal, le froid polaire du couloir et l’impressionnante présence de Grindelwald avaient eu tôt fait de dissiper la cause de la mortification de Belladone qui se serait laissé couler au fin fond du Lac Noir, s’il s’était trouvé à proximité. A défaut le jeune homme tourna le dos à son invité, et s’affaira autour de sa bouilloire et de son service en porcelaine, s’évertuant à casser dans un grand bol des morceaux d’énormes tablettes de chocolat qu’il réservait à ses élèves, lorsque la pratique fragilisait leurs défenses et qu’il fallait les requinquer. Quelque chose lui disait que le grand Gellert Grindelwald n’était pas friand de Patacitrouilles ou de souris en sucre, déduction somme toute idiote lorsque l’on songeait à Albus Dumbledore, que Belladone et tant d’autres considéraient comme le plus grand sorcier du monde, et à son amour des confiseries, partagé par son protégé. Belladone posa le réceptacle rempli sur le table qui jouxtait le fauteuil ou le digne Grindelwald était avachi, et retourna s’occuper de la bouilloire qui sifflait, pour en déverser l’eau frémissante sur les feuilles de thé qui gisaient au fond de la théière. Un coup de baguette magique et une incantation mutique apportèrent le nécessaire de porcelaine rejoindre le bol de chocolat, tandis que Belladone s’asseyait timidement sur le fauteuil en face de Grindelwald, et remplissait leurs deux tasses, se saisissait au vol d’un morceau de chocolat qu’il mordit du bout des dents, la douceur du sucre l’aidant à recouvrer ses esprits, éthérés par la honte et le sommeil encore trop proche.



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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]  Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Icon_minitimeJeu 13 Fév - 19:33



Onirisme et Révélations

« NIHILIST BLUES. »

Bureau de DFCM, Hiver 1942.

Il n’était pas mentir que de dire que Gellert ignorait ce qu’il faisait ici. Ou presque. Ou plutôt, son esprit, peu habitué à être aussi altéré, avait comme des micro-amnésies qui ne lui permettaient pas de se souvenir de ce qu’il venait de se passer dans les derniers instants. Pourquoi était-il chez Belladone ? Comment s’était-il débarrassé des Aurors ? Les avait-il laissés à la porte de la salle de Défense Contre les Forces du Mal ? Est-ce que cela importait-il réellement, au final ? L’alcool embrumait ses pensées de manière partielle mais suffisante pour lui faire perdre ses repères. Il se souvint alors vaguement d’une question de son interlocuteur qui l’avait interrogé au sujet de son ivresse. Un souvenir fragmenté se dessina alors de lui-même posant son coude sur l’accoudoir, qui glissa et qu’il replaça, l’index pointé vers le jeune professeur. Sa réponse s’était faite attendre. Devait-il mentir ou non ? Son état d’ébriété était probablement visible et équivoque, ce fut pourquoi il prononça un « Oui » rauque et pâteux, fixant comme il pouvait son jeune comparse. Cependant, il est de nouveau de retour dans le fauteuil, sans qu’il se souvienne trop comment les faits s’étaient déroulés et avec une douleur à chaque cuisse.

La lumière subite dans la pièce lui donna l’impression de brûler ses rétines déjà peu réactives et performantes. Cependant, en plissant les paupières, il commença à percevoir des couleurs et des formes plus précises. Ses yeux imprécis se posèrent sur alors sur Belladone qui semblait bien pâle. Grindelwald ne comprenait pas en quoi il pouvait l’effrayer, dans un tel état, il était bien inoffensif au final. Il soupira, las, et baissa innocemment son regard. Un certain pli dans le pyjama accrocha alors ses yeux qui s’arrêtèrent sur ce détail un instant. Rapidement, Gellert préféra regarder ailleurs, cette vision ayant remémoré des souvenirs lointains que le mage essayait vainement d’effacer. Malheureusement, de désagréables fragments du passé vinrent détruire un peu plus les fragiles limites nerveuses du mage noir, considérablement altérées par l’alcool. Tandis que Belladone semblait fuir, Gellert passa une main tremblante sur son front en sueur, ne pouvant oublier ce pli. Au final, il se moquait bien de la gêne de son collègue, ce n’était pas ce qui l’importait. Il se fichait également de savoir ce qui avait bien provoqué une telle réaction. Peut-être était-ce sa simple présence, en réalité, mais les chances étaient faibles et Gellert était peut-être trop ivre pour penser directement à ceci.

Cependant, cela ne fit que le ramener à sa triste condition d’esclave de lui-même, incapable d’avouer quoique ce soit qu’il relèverait d’un quelconque sentiment tendre. De plus, il y avait sans nul doute un certain orgueil nombriliste vis-à-vis de ce genre de désir. Une arrogance où son intelligence ne s’attardait sur ce genre d’envie primitive. Pourtant, au final, c’était peut-être ceci qui le dérangeait le plus, à être en présence d’Albus. Un désir charnel honteux et inavouable que même Gellert préférait tuer en lui-même, se détruisant à petit feu et le poussant à s’enivrer pour oublier. Tout était plus simple quand il détruisait des vies afin de libérer les sorciers. Quelle ironie. Il ne pouvait admettre qu’il était désormais régi par un amour ridicule et naïf couplé à des pulsions primitives dont il se devait de dépasser le stade. Une nouvelle fois, que d’autres les aient n’était pas son problème. Belladone n’était pas un être dénué d’intelligence, mais Grindelwald se doutait qu’il devait bien s’adonner à des choses des gens de sa… catégorie. Lui était au-dessus de tout ceci, il se devait d’être au-dessus de tout ceci. L’amour, et ce qui allait avec, était une faiblesse et le voici en étant misérable.

Il grommela quelque chose d’incompréhensible en essayant de se relever tandis qu’un service à thé arriva au-dessus de ses cuisses endolories. Étrangement rendu docile par l’alcool, il se rassit finalement et regarda d’un air prudent et farouche son collègue avant de prendre une tasse de thé. Il avait trop bu pour la soirée et il n’était pas sûr que l’infusion lui fasse vraiment du bien. Il ne servit donc pas mais déroba, toujours farouchement, un carré de chocolat, comme si Belladone allait le juger pour manger le morceau de cacao. Malgré le peignoir, le pli était toujours visible sous la robe de son collègue et pudiquement et inconsciemment, Gellert ramena ses jambes contre lui, posant ses pieds nus sur le fauteuil avec le reste de sa carcasse saoule. Enlaçant ses mollets avec ses bras, se recroquevillant pour paraître se cacher derrière, il continuait d’examiner hostilement son comparse, tel un animal que le jeune professeur avait mis en cage de force. Cependant, malgré son attitude ridiculement méfiante, Gellert avala un morceau de chocolat qui lui brûla la gorge. Manger un morceau ne pouvait pas lui faire de mal après tout, s’étant affamé pendant peut-être plus de 36h.

Son regard se détourna de Belladone et aperçut alors un paquet de Patacitrouilles sur le rebord de l’âtre. Sans demander son reste et parce que le chocolat, connu pour ses vertus aphrodisiaques, était bien moins intéressant que ces sucreries qu’il n’avait pas eu l’occasion de manger depuis des années. Si Grindelwald s’efforçait à taire cette partie candide de lui qu’il partageait étrangement avec Dumbledore qui en avait fait l’une de ses marques de fabrique, il ne pouvait, à cet instant, résister à avaler cette confiserie qui lui faisait bien plus envie que le chocolat. Au diable ce que penserait Belladone. Le mage noir aurait sûrement oublié cette nuit dès le lendemain. Il fit venir le paquet de confiseries et prit une Patacitrouille qu’il avala d’une traite avant de tendre poliment le sachet à son propriétaire initial afin de lui proposer de se servir. Le mage noir n’était pas vraiment à sa place d’invité mais, même s’il n’était jamais gêné pour obtenir l’objet de ses désirs, son état d’ébriété l’excusait presque de son comportement impertinent et désinvolte. Il reprit une sucrerie, ayant à peine fini d’avaler la première et posa le paquet à sa droite. Il reposa alors son regard sur Belladone et eut un sourire d’enfant satisfait.

— Cela faisait des dizaines d’années que je n’en avais pas mangé...

Tenant toujours ses jambes contre lui, il appuya sa nuque sur le dossier de son fauteuil, repensant au pourquoi il était là. En réalité, rien que le fait de se gaver de bonbons et de mettre autre chose que de l’alcool dans son estomac lui avait fait du bien. Cependant, ses doutes n’étaient pas pour autant dissipés.

— Tu n’as pas répondu à ma question.

Il baissa le regard, d’abord machinalement sur le bas du bassin de Belladone avant de vite tourner ses yeux vers… ailleurs. Il soupira tristement.

— Tu te doutes bien que cette question n’était pas… anodine, et que… c’est pour cela que je viens t’en parler. Enfin… Oui. À peu près…

Tandis que son regard semblait se perdre dans les détails de l’accoudoir du fauteuil de son collègue, l’image d’un Albus au regard chaleureux se dessina dans son esprit définitivement en manque de sentiments tendres et réciproques. Un sourire un peu niais se dessina sur les lèvres pâteuses aux relents d’alcool de Gellert.

— Comment tu le trouves, Albus… d’ailleurs ?

Il eut un léger soupir avant d’être ramener à la raison parmi le peu de conscience qui lui restait et qui se manifestait par intermittence. Il racla alors sa gorge, gêné.

— Je veux dire… pédagogiquement.

Si son ton avait voulu être ferme, il y avait cependant peu de chance pour qu’il soit crédible. Il eut une moue avant de dire d’un ton las et triste :

— Désolé, j’ai bu avant de venir.

Une nouvelle fois, il avait déjà oublié le fait qu’il avait déjà avoué son ébriété à son collègue. Ayant l’impression de se ridiculiser plus qu’autre chose et se trouvant parfaitement misérable, il posa son front sur ses genoux en soupirant profondément.
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MessageSujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]  Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Icon_minitimeLun 17 Fév - 16:20



Onirisme et Révélations

« Bureau du Professeur de DCFM »

Hiver 1942

Belladone ne s’attendait pas à une sincérité aussi abrupte, dans cet aveu concis d’une ivresse que Grindelwald confessait sans détours, honte ou colère. Le jeune homme s’était attendu à une réplique acerbe, une justification subtile, voire à une négation effarouchée. Mais non. Rien que ce « oui » déstabilisant, stoïque, lancé au visage gonflé de sommeil de Belladone, qu’il fixait de son regard troublé par les brumes de l’alcool mais qui restait étrangement imperturbable. Ses paupières néanmoins se plissèrent avec une surprise douloureuse, lorsque la lumière jaillit de la baguette de Belladone, peut-être un peu trop crûe, peut-être un peu trop subite pour l’état d’ébriété au fond duquel s’était enlisé son aîné. Et ce fut seulement à ce moment que Grindelwald sembla voir ce qui flagellait à tel point l’âme de son jeune collègue qu’une pâleur de cire avait remplacé la rougeur incandescente qui avait embrasé ses pommettes au réveil et que seul le point d’honneur qu’il mettait à ne pas pleurer devant son aîné qui le méprisait déjà pour sa faiblesse l’empêchait de fondre en larmes sur le champ.

Belladone s’attendait à n’importe quelle réaction sauf celle qui anima le regard de Grindelwald, fuyant soudain devant l’aveu de concupiscence forcé et inconscience de son cadet, qu’il ne manquait pourtant jamais de railler ou tourmenter lorsqu’une occasion se présentait. Et voilà que lorsqu’un mot, un geste, voire même une grimace de dégoût aurait pu faire fondre en larmes le Professeur Raven, Grindelwald s’essayait à la délicatesse. Et le jeune homme, troublé et honteux, ignorait si ce regard prude, proche de la pudibonderie, de la part du plus grand mage noir de ce siècle, devait le rassurer ou non. Toutefois une gratitude infinie pour cette élégance mutique dont son collègue ivre venait de faire preuve déferla avec une violence telle dans son esprit encore bouleversé qu’une ou deux larmes s’échappèrent malgré tout de ses yeux d’encre, en essuyant à la hâte les traces de son regard encore gonflé de sommeil.

Ses yeux étaient secs à son retour dans le bureau, au cœur duquel Grindelwald reposait au fond du fauteuil de cuir brun avec un abattement étrange que lui conférait l’abus de liqueur, mais qui ne lui ressemblait pas. Et c’est pour tromper son propre malaise, si exacerbé qu’il lui faisait trembler les jambes et ne semblait pas vouloir insuffler à ses joues les couleurs coutumières au commun des mortels que Belladone s’affaira à la préparation du thé. C’était là une sorte de rituel qui le sauvait souvent de l’embarras, de l’ennui ou d’une quelconque situation désagréable, l’avantage non négligeable cette nuit étant de pouvoir tourner quelques instants le dos à son collègue sans paraître impoli. Il fallait pourtant bien affronter le grand Gellert Grindelwald, fut-ce au beau milieu de la nuit, malgré son ivresse, et malgré les vestiges de sa propre concupiscence à lui, de laquelle il n’avait pas fini de se repentir.

Toute cette soirée, pourtant, tournait à une comédie grotesque, qui aurait pu paraître comique à celui qui ne prenait pas en compte les tourments terribles que l’onirisme nébuleux de Belladone infligeait à son âme, ou le désarroi manifeste au fond duquel se trouvait le plus mage noir du siècle, Occlumens brillant et criminel repenti, dont le malheur et la solitude atteignaient son paroxysme au point de chercher du réconfort chez son jeune et faible collègue qu’il méprisait ouvertement. Parce que le craint, le respecté, l’élite de la puissance sorcière, le tristement célèbre Gellert Grindelwald se tapissait au creux de son fauteuil, jetant au faible et tendre Belladone, à l’incapacité magique notoire et à la sensibilité dont on se moquait sans crainte, des regards fuyants d’animal en fuite qui craignait le piège ou la ruse de son ravisseur souriant. Le bras blanc de l’auguste sorcier autrichien se tendit avec une vivacité que Belladone ne lui soupçonnait pas, pour se saisir d’un morceau de chocolat comme d’un larcin, alors que son collègue les avait déposés là à son intention, avec tout le désintérêt généreux de son cœur trop bon. Mais ce que le jeune homme avait offert dans l’espoir d’un réconfort physique pour son aîné dont la haute stature d’ordinaire impassible se troublait par l’alcool sembla lui insuffler un désagrément certain, de la douleur peut-être. Et son regard qui s’était rivé de nouveau sur le pan de peignoir que Belladone prenait un soin maniaque à rabattre sur son genou et qui l’avait cette fois-ci fait rougir jusqu’à la racine de ses cheveux d’encre et épars soudain se riva vers l’étagère au-dessus de l’âtre de la cheminée. Et quelle ne fut pas la surprise de Belladone en voyant léviter son propre paquet de Patacitrouilles, qui gisait là depuis son dîner de la veille, et qui atterrit docilement dans le creux de la main d’albâtre de Grindelwald, qui excellait encore désarmé là où le jeune homme s’humiliait sa baguette à la main. Voir le plus grand mage noir de son ère engloutir une de ses propres confiseries, alors qu’il lui avait consacré plusieurs mois de sa vie et un chapitre entier dans son propre travail de fin d’études, avait quelque chose de troublant, et de presque profane. Si l’auguste et sombre Gellert Grindelwald perdait de sa superbe, il y gagnait indéniablement en humanité, et un sourire léger, réconforté presque, naquit sur les lèvres du jeune homme, encore tremblotantes de honte, tandis qu’il se saisissait d’une des friandises que son collègue lui tendait poliment.

C’était presque attendrissant à voir, ce plaisir ingénu et sans artifices qui se dessina sur le visage de cire du criminel redouté et repenti, rasséréné par ce qui paraissait être de véritables madeleines de Proust pour lui, à en croire ce sourire juvénile qui étirait ses lèvres pâles et ces yeux qui, dans la brièveté d’un éclat, avaient perdu plusieurs décennies d’effroi et d’horreur. Et à l’aveu presque candide de l’immense sorcier, le sourire de Belladone s’élargit, bienveillant, ami, heureux enfin de n’être plus traité comme l’ennemi qu’il n’avait jamais été pour celui qui était un peu le protégé d’Albus Dumbledore, ici, à Poudlard :

- J’ignorais que vous aimiez les confiseries, Gellert…Vous savez, j’en ai plusieurs…Un peu trop peut-être mais…Oh, jugez donc par vous-même, si quelque chose vous fait envie…

L’esprit détourné de sa concupiscence honteuse par l’improbable face juvénile du grand mage Autrichien, Belladone pivota sur son fauteuil, s’emparant de sa baguette qu’il pointa vers l’armoire qui leur tournait le dos à tous les deux. Un sachet de souris en sucre, de fondants du chaudron et de caramels vinrent achever leur course sur la petite table qui séparait les deux protagonistes, avec bien moins de grâce cependant que le sachet de Patacitrouilles qui avait atterri docilement au creux de la paume du Professeur de Runes. Son sourire toujours bienveillant et tendre accroché à ses lèvres encore pâlies par les émotions brutales de son réveil, Belladone crut bon de devoir formaliser l’invitation à se servir, quand Grindelwald n’avait pas eu la moindre gêne pour s’emparer du sachet de Patacitrouilles :

- Les caramels sont délicieux, ce sont ceux de Honeydukes…Je n’en ai jamais trouvé de meilleurs depuis que j’ai été autorisé à visiter Pré-Au-Lard, lors de ma troisième année à Poudlard…

Ce disant, Belladone se saisit d’un des fameux caramels qu’il laissait fondre sous sa langue, savourant le délice du sucre qui ourlait son palais avant de mâchonner la confiserie collante. Gellert s’en fichait sans doute éperdument, de sa passion énamourée, juvénile et un peu ridicule pour les friandises, n’ayant rien perdu à l’âge adulte de l’engouement exacerbé qui le saisissait lorsque ses pas franchissaient le seuil de la merveilleuse boutique qui éblouissait tous les enfants qu’il fallait presque arracher du magasin, une fois le couvre-feu dépassé. Mais cette discussion anodine comblait le vide, la gêne et l’embarras, et c’est pourquoi elle rassurait quelque peu Belladone, qui déjà, devant la délicatesse inopinée de Grindelwald, avait recouvré un semblant de contenance. L’accalmie fut de courte durée, parce que l’embarrassante question, évitée de justesse par la surprise et l’effroi que lui avait causé l’arrivée impromptue de son aîné semblait lui tenir à cœur, parce qu’il insistait, et parce que l’intimité de la question s’appuyait d’un regard bref et inconscient là où, enfin, il ne subsistait plus rien du fantasme que la douce Lavande avait eu sur l’inconscience onirique de Belladone. Le jeune homme déglutit, devenant soudain cramoisi, tandis qu’il en oubliait le caramel qui fondait tout seul dans sa bouche ;

- Oh…Et bien…Gellert, je…C’est une drôle de question…Enfin…Vous savez, c’est quelque chose d’étrange…Je crois…Cela apparaît comme une certitude inébranlable, alors que pourtant on ne peut rien expliquer…Cela se passe de justifications…C’est un peu insensé, et même violent parfois…Cela peut virer à l’obsession…Penser à quelqu’un la nuit, le jour, au réveil, respirer pour lui chaque seconde de son existence, s’imaginer mourir chaque fois qu’on lui fait du mal, ne plus s’imaginer un monde dans lequel cette personne n’existe pas…Je crois que c’est cela, être amoureux, mais j’imagine que cela diffère…Selon les individus…

Belladone baissa la tête, fixant le fond de sa tasse comme s’il cherchait à s’y noyer. La tournure de la conversation devenait atrocement intime et gênante. Si la chaleur insufflée par le thé à la porcelaine ne se faisait pas sentir sous ses doigts, si l’inconvenance de la discussion ne lui embrasait pas les joues, sans doute aurait-il cru la rêver, cette conversation sentimentale et intimiste entre lui et Gellert Grindelwald, objet d’une fascination longue et obsessionnelle qui avait duré de longs mois et lui avait coûté plusieurs voyages et l’apprentissage de l’allemand. S’imaginer Grindelwald amoureux avait quelque chose d’insensé, comme une divagation nébuleuse, quelque chose d’indécent presque, qui n’avait pas lieu d’être et des soupçons qu’on aurait naturellement tendance à penser infondés. Oh, Belladone avait bien eu vent de ces quelques femmes qui s’étaient prétendues ses amantes du temps de sa gloire, mais jamais, personne ne semblait avoir trouvé grâce aux yeux du mage noir autrefois adulé, parce que jamais l’ombre d’une preuve sérieuse de la moindre relation n’avait percé nulle part. Alors le jeune homme s’en était fait quelque part l’image d’une idole sacrée et intouchable, adulée et vénérée par les uns, crainte et exécrée par les autres, mais protégée par son piédestal quasi-divin de la boue de ces sentiments trop humains, à l’origine de toutes les infâmies. Et lorsque Gellert évoqua Albus, Belladone devait admettre que cette image lui seyait beaucoup trop bien à lui aussi, et qu’en cela ils étaient semblables lui et Grindelwald, parce que les desiderata et les desseins de ces idoles sacrées étaient beaucoup trop glorieux pour se repaître de la fange de ces émotions qui dévoraient beaucoup trop de faibles, et annihilaient leurs rêves de grandeurs et de gloire.

Ce que Belladone pensait d’Albus ? Le sillon timide d’un cheminement improbable commençait à germer au fond du cœur de Belladone. L’Epouvantard de Gellert, son insolence notoire qui se mourrait face aux moindres décisions du Professeur Dumbledore, cette ivresse malheureuse qui l’avait fait tituber jusqu’ici, et la responsabilité insensée qu’avait endossée le mentor de Belladone, en accueillant dans l’enceinte de la plus prestigieuse école de sorcellerie du monde le plus grand sorcier de son temps. C’était à peine croyable, et si extraordinaire à assimiler pour l’esprit fragile du jeune homme auquel il faudrait sans doute bien plus de temps avant d’accepter l’idée sacrilège d’une idylle entre son mentor vénéré et le mage noir qui avait terrifié l’Europe. Aussi, lorsque Grindelwald se rattrapa comme il put, Belladone saisit la perche au vol, trop heureux d’échapper à une conversation embarrassante de laquelle son mentor serait le cœur. Et c’est un peu fébrile, mais agitée par l’adoration presque sacrée qu’il vouait au Professeur de Métamorphose que Belladone répondit à Gellert :

- Oh, Gellert, c’est un merveilleux Professeur ! Vous savez, je crois qu’il si doué et si intelligent qu’il aurait pu tout faire…Mais rien ne lui sied mieux que l’enseignement…Il pourrait sans peine être Ministre de la Magie et pourtant je suis persuadé que Poudlard est sa place plus que n’importe où…Il faut le voir avec ses élèves, il est bienveillant, pédagogue et patient, et sans lui ma scolarité se serait révélée bien plus difficile…Il accorde toujours sa confiance aux élèves et a cette faculté de voir toujours le bon chez les autres…Je l’admire beaucoup et j’ai une immense gratitude envers ce qu’il a fait pour moi…

Belladone baissa les yeux vers sa tasse, les joues rosies par l’excitation, ayant conscience de s’être laissé emporter par la vénération qu’il portait à Dumbledore. Et le réconfort que ses friandises avaient apporté à Grindelwald semblait dissipé déjà, parce qu’il se répétait, et qu’il semblait soudain très las où bien très triste, collant son front contre ses genoux qu’il avait ramené contre lui. L’empathie exacerbée de Belladone s’éveilla de nouveau, parce qu’il devait être bien malheureux, cet Occlumens brillant, ce mage noir fier et orgueilleux, pour venir s’écrouler chez son cadet, et lui poser des questions qui relevaient de la confidence. Belladone hésita, un peu inquiet de l’état au fond duquel pouvait se trouver son collègue, puis se décida, timidement, à tendre le bras, posant brièvement sa main sur l’avant-bras de Grindelwald, comme pour lui rappeler qu’il n’était là, et qu’il ne pouvait plus le voir, parce que ses yeux étaient clos :

- Gellert ? Ne voulez-vous pas un peu de thé ? Cela vous remettrait un peu d’aplomb…Avez-vous sommeil ? Vous pouvez vous installer ici pour la nuit, vous ne me dérangez pas vous savez…

Belladone rechignait surtout à l’idée de le laisser seul dans son état. Mais cela il l’avait tu, avec sagesse, comme conscient qu’il était de bon ton de ne pas froisser ce qui restait de la fierté et de l’orgueil exacerbés du grand Gellert Grindelwald qui gisait de chagrin et d’ivresse au fond de son fauteuil.



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MessageSujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]  Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Icon_minitimeLun 17 Fév - 20:37



Onirisme et Révélations

« NIHILIST BLUES. »

Bureau de DFCM, Hiver 1942.

Toujours calé au fin fond de son fauteuil, le saoul Grindelwald continuait de jeter des regards approximatifs autour de son interlocuteur. Sur le moment, le mage noir se rendait bien compte que quelqu’un chose n’allait pas dans son comportement d’ordinaire de glace. Là, il était pourtant expressif, ouvert. Il se découvrait sûrement trop mais son esprit était trop enterré dans des nimbes qu’il ne pouvait avoir un discernement objectif sur ce qu’il faisait réellement. Une partie de sa conscience espérait seulement que cette soirée s’oublie dans les séquelles d’une ivresse trop présente. Il ressentait l’indéniable envie de parler comme il n’avait jamais parlé auparavant, de se confier et de libérer ses secrets qu’il conservait loin de son propre cœur aigri. Une partie de lui voulait croire aux belles choses auxquelles tout le monde aspirait tant. Au final, aussi brillant était-il, ainsi au sommet de la hiérarchie des sorciers les plus puissants ayant jamais existé, un côté éreinté et épuisé de lui voulait devenir comme tout le monde, comme toutes ces personnes banales, sans ambition si ce n’était celle d’être simplement heureux. Être puissant sous-entendait-il forcément de faire de grandes choses pour tous ? Devait-il s’écorcher jusqu’à sa mort pour honorer ce pouvoir dont il était doté de façon innée ?

Belladone brisa alors le silence en admettant sa surprise devant le mage noir et son affection pour les confiseries. Un sourire enfantin vint illuminer de nouveau le visage de Grindelwald quand d’autres sucreries vinrent se présenter au mage noir. Ce dernier ne les reconnaissait pas toutes. D’autres, il ne les avait jamais vues. Curieux et affamé de son stupide jeun de deux jours, il prit quelques confiseries pour les goûter unes à unes. La digestion s’avérait très compliquée. La combinaison entre l’alcool à forte dose dans un estomac vide ajoutée à un surplus de produits excessivement sucrés sous-entendait une mutinerie de son système digestif dans les prochaines heures. Mais Grindelwald s’en moquait réellement. À vrai dire, s’il se sentait si pitoyable et minable, il se sentait également vivant, anesthésiant sa haine dans l’ivresse, parlant et agissant de manière purement impulsive et instinctive. Belladone lui parla alors de Honeydukes, magasin de confiseries réputé dans les environs. Gellert avait suffisamment lu de livres sur Poudlard et ses alentours que Pré-au-Lard n’avait plus aucun secret pour lui et n’était, ainsi, pas complètement désorienté face au commentaire de son pair, un fondant du chaudron calé au fond de sa joue.

— Je ne suis jamais allé à Pré-au-Lard, mais j’aimerais bien découvrir le visage à l’occasion !

L’air enjoué et improbable du mage noir s’effaça aussitôt quand il songea au fait que cette promenade lui serait très probablement refusée. Personne ne le laisserait se promener gentiment dans le seul village de sorciers du Royaume-Uni. C’était beaucoup trop dangereux pour lui, au final. Même s’il n’avait aucune intention hostile, l’évocation de son nom suscitait encore beaucoup de haine et il avait entendu dire qu’Abelforth Dumbledore, cadet d’Albus, y vivait. Il n’avait aucune envie de se retrouver devant ce fantôme du passé qui l’avait toujours haï du plus profond de son être. Finalement, pour rien au monde il souhaitait tomber nez-à-nez avec le frère Dumbledore. Avec une moue, il engloutit le fondant au chaudron qu’il avait à peine mastiquer et prit immédiatement une autre Patacitrouille.

Belladone répondit finalement à sa question, décrivant en détail ce qu’il pensait personnellement. Les indications étaient bien détaillées, précises. Gellert n’était pas surpris. Il se doutait que ce jeune homme sensible avait déjà été confronté à cette situation et qu’il était plus à l’écoute de ses sentiments que son interlocuteur qui avait toujours tenté d’enterrer ses émotions méprises pour de la faiblesse. Aussi attentif qu’une personne ivre puisse l’être, Gellert essaya d’appliquer les descriptions de Belladone avec la personne qui le hantait sérieusement des mois. Cela pouvait être des années également. Il avait tant tenté de le tuer que là était peut-être la raison de sa déchéance et de son mal-être. Et il serait malhonnête d’omettre toute la douleur que Gellert ait pu infliger à Albus. L’air morne et triste, le mage noir posa son menton sur ses genoux, regardant dans le vide, essayant d’imaginer un instant ce que son désormais collègue avait pu ressentir quand Grindelwald s’était enfui en laissant la dépouille d’Ariana derrière lui. Un profond soupir s’échappa du saoul. Il avait voulu oublier ce sentiment d’attraction qu’il ne supportait par l’alcool mais se retrouvait à porter le fardeau de sa propre culpabilité. Et, encore une fois, cela devait être bien minime par rapport à celui d’Albus.

Une nouvelle fois, Belladone le sortit de ses pensées embrumées par le son de sa voix. Docile et serviable, son jeune collègue répondit une nouvelle fois à sa question. Il était vrai que Gellert ne l’écoutait que d’une oreille, se moquant un peu de savoir à quel point le professeur était fantastique tant tout ce qu’il accomplissait. Bien évidemment qu’il aurait pu être Ministre de la Magie. Peut-être même qu’on le lui avait déjà proposé. Et il avait sûrement refusé par crainte d’avoir le pouvoir absolu et de commencer un combat pour ce qui lui tenait à cœur. Ce qu’aurait fait Gellert à sa place. C’était ce qu’il avait effectivement fait, au final, sans l’aval du peuple. Les deux hommes avaient partagé les mêmes idées de grandeur. Les rôles auraient très bien pu s’inverser à un moment, cela n’aurait pas été choquant. Une nouvelle fois perdu dans ses pensées en imaginant un Albus tendre, patient et souriant, omettant volontairement les élèves qui ne faisaient clairement pas partie de sa rêverie. Un sourire triste mais attendri apparu sur les lèvres du dissipé Grindelwald, trop ivre pour se cacher. Il n’était pas venu pour cela, de toute façon. Il était comme venu se confesser.

— Moi j’aime bien sa barbe, elle lui va bien…

Son sourire devint plus niais après ce murmure à lui-même et il releva la tête quand Belladone lui proposa du thé. Il refusa d’un mouvement de la tête poli avant de se recroqueviller un peu plus sur lui-même.

— Je ne dirais pas non à une couverture, si tu en as une, s’il te plaît.

Après tout, le château n’était guère chaud durant la nuit et cela faisait un moment qu’il se promenait les bras couverts d’une simple chemise relevée sur ses avant-bras et les pieds nus. Si le froid ne lui faisait pas peur d’ordinaire, il y avait tout de même des limites à respecter, surtout en proie à une fatigue imminente et à des effets chaleureux de l’alcool qui s’estompaient. Pensif, ailleurs, il dit alors pour lui-même :

— Je crois que je l’aime. Et j’aime pas ça. Je veux dire… j’ai toujours détesté m’attacher aux gens. Mais j’ai toujours haï haïr. Et pourtant… enfin je pense que ma réputation me précède désormais, je n’ai jamais été souple, je n’ai jamais voulu paraître pour quelqu’un de faible, entravé dans ses propres sentiments et… Enfin j’ai tout fait pour ne rien ressentir. Je détestais tellement l’aimer que j’ai essayé de le tuer et que… la dernière fois, je lui ai fait croire que je n’avais jamais partagé ce qu’il ressentait. J’ai menti. Encore. Je lui ai beaucoup menti. Et il me hait, à juste titre, désormais.

Il soupira, continuant son monologue solitaire qui n’avait aucun but si ce n’était de mourir dans le silence :

— Je suis fatigué de détester tout le monde, mais j’ai toujours été comme ça. J’ai toujours tout brisé, je n’ai jamais rien d’apporté bon et pourtant, c’était ce que je désirais.

Nouveau soupir.

— Albus me frapperait s’il m’entendait…

Gellert n’aurait su dire s’il s’agissait de l’alcool qui le rendait si triste ou bien le résultat de plusieurs semaines livré seul à ces propres échecs, l’enfonçant dans une dépression défaitiste qui allait sûrement profondément embarrasser Belladone. Parlons-en, de son collègue. Cette adoration que vouait le jeune homme à Albus lui était familière. Le fait que Dumbledore garde toujours un œil sur lui également. Il releva les yeux sur son comparse et le regarda quelques instants, la tristesse dans ses yeux ayant laissé place à une autre émotion, plus sombre.

— Pourquoi Dumbledore t’apprécie-t-il tant, d’ailleurs…?

Une question qu’il avait déjà posée à Newt Scamander des années plus tôt. Au-delà de la simple curiosité, il y avait une jalousie mal contenue et parfaitement visible dans les iris asymétriques du mage noir. Son regard se durcit légèrement, plus menaçant. Rendu plus franc et direct par l’alcool, il n’hésita pas à dire :

— Est-ce que vous avez…?

Rien ne signifiait que Belladone n’était pas de ce bord-là, même si Gellert en doutait. Scamander et Raven partageaient ce côté introverti maladif et peu assuré qui s’opposait totalement à l’arrogance exacerbée de Grindelwald. La gorge serrée, le mage noir, toujours caché derrière ses jambes, épia le jeune homme sans rien ajouter. Finalement, même si certains signes pouvaient coller à cette hypothèse, Gellert ne se fit pas vraiment d’illusion. Il avait détruit Albus, ce dernier avait tout à fait le droit d’essayer de reconstruire. Si cela n’avait pas été avec eux, cela aurait bien pu être avec d’autres. Une douleur nouvelle au cœur, l’air triste, dont l’arrivée était facilitée par l’alcool, se dessina de nouveau sur le visage plus pâle que d’ordinaire de Gellert. Il posa son front sur ses genoux, cachant sa face livide.

— Oublie ce que je viens de dire, vous avez bien le droit de faire ce que vous voulez. Je suis un monstre après tout.

Pour la énième fois de la nuit, les larges épaules du mage noir se soulevèrent pour laisser passer un profond soupir morne et sans conviction, constatant juste que sa vie semblait laisser apparaître qu’un champ de ruines jusqu’à perte de vue.

— Je pense que je vais retourner à Azkaban, c’est mieux pour tout le monde.

Une décision hâtive aidée par l’alcool. Jamais Grindelwald ne s’était jamais senti aussi pitoyable et le retour de flammes du lendemain s’annonçait féroce. Il valait mieux qu’il s’échoue après ce déshonneur incroyable qu’il venait de s’infliger lui-même, entre son ivresse et sa confession. Mourir était peut-être la plus sage des décisions à prendre.
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Belladone Raven
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MessageSujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]  Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Icon_minitimeMer 19 Fév - 16:18



Onirisme et Révélations

« Bureau du Professeur de DCFM »

Hiver 1942

L’ivresse de Grindelwald semblait le ramener en enfance, mais surtout à une crise d’humanité dont Belladone était peut-être le premier témoin depuis plusieurs décennies. Un peu impressionné, presque flatté, touché surtout par cette marque de confiance qui avait poussé le mage noir jusqu’à sa porte, l’embarras du jeune homme allait en s’amoindrissant. Le benjamin Raven se surprit même à détendre ses muscles et à se blottir plus confortablement au creux de son fauteuil, grignotant du bout des lèvres une seconde Patacitrouille d’un air distrait, perdu dans la contemplation surréaliste du grand Gellert Grindelwald qui s’empiffrait de confiseries avec la joie franche et sans ambages d’un enfant qui aurait été privé de sucre trop longtemps. Il goûtait à tout avec une curiosité juvénile, rafraîchissante, tant et si bien que Belladone se surprenait à sourire lui aussi, alors que son aîné admettait son désir de découvrir le seul et unique village sorcier de Grande-Bretagne. Il ne répondit par rien d’autre pourtant que par ce sourire bienveillant et véritable, ignorant au fond des allées et venues auxquelles le prisonnier repenti avait droit, et si ce désir qu’il lui avait insufflé aurait un jour l’opportunité d’être réalisée. Et Grindelwald y avait sans doute songé lui aussi, à l’éventualité de ce refus qui paraissait avoir traversé comme un éclair les cieux brumeux de son ivresse, pour de nouveau éteindre la lueur enjouée qui, un bref instant, avait irradié son visage de cire.

Dans ces revirements brusques d’humeur qui caractérisaient l’ivresse, Grindelwald, devant le discours de Belladone, s’était soudain assombri. Jamais l’auguste sorcier n’avait paru si enclin à écouter avec tant de sérieux la conversation de son cadet. Ses genoux blottis contre lui, son regard polaire égaré dans les méandres d’une contemplation que le flot décousu des paroles de Belladone semblait alimenter, Grindelwald semblait morose tout à coup, perdu dans les réflexions solitaires d’une vie affective que son collègue ne lui avait jamais soupçonné. Et à peine le véritable panégyrique voué à Dumbledore extirpé de ses lèvres tremblantes que Belladone regretta sa démesure et sa naïveté quelque peu pathétique, n’ayant pu manquer d’apercevoir l’agacement certain que cette vénération procurait à Grindelwald. Mais aujourd’hui ce fut un sourire étrange, pâle et triste, empreint d’une nostalgie et de réminiscences d’un chagrin certain qui éclaira le visage de cire du sombre sorcier. Il y’avait une certaine tendresse dans ce sourire, comme les lambeaux d’un souvenir heureux, mort depuis longtemps, et dont l’admiration de Belladone pour Dumbledore semblait en raviver les braises sous la cendre, pourtant froides et mortes depuis longtemps.

Et le jeune homme s’attendait à tout sauf à cette réponse qui lui fit de nouveau plonger le nez vers le fond de sa tasse, rougissant de plus belle face au compliment de Grindelwald beaucoup trop déplacé envers celui qu’il vénérait et regardait de si bas, comme un mentor duquel s’inspirer tout en sachant que jamais il n’égalerait sa suprématie. Evoquer la barbe du bon, grand et merveilleux Albus Dumbledore faisait office de sacrilège aux yeux de Belladone, qui semblait soudain profondément très intéressé par les remous presque imperceptibles que provoquaient sa respiration saccadée sur le breuvage mordoré qui reposait au fond de la tasse. Et lorsqu’un sourire d’adolescent énamouré vint s’étendre sur le visage du plus grand criminel de l’époque, le malaise du jeune homme revint, à son apogée cette fois-ci, pressentant plus qu’il ne devinait la signification d’une telle légèreté chez un Occlumens si impassible d’ordinaire.

- Hum…Oh je ne sais pas…Le Professeur Dumbledore est quelqu’un de très élégant, c’est certain…

Le pouvoir de l’alcool rendait Grindelwald étrangement sentimental et poli. Le sorcier d’ordinaire acerbe et insolent refusa d’un signe de tête docile la proposition de Belladone, réclamant avec courtoisie une couverture, l’Autrichien aguerri devant tout de même se geler les os d’avoir arpenté ainsi les couloirs en chemise légère et les pieds nus.

- Oh, mais bien sûr…Accio !

Le jeune homme s’affaira avec une obséquiosité brusque, tant et si bien que sa médiocrité magique, couplée à sa maladresse empressée, fit atterrir la couverture de laine à carreaux qu’il avait fait surgir de l’armoire de sa chambre avec un peu trop brutalité que prévue sur les genoux de Grindelwald.

- Je vous demande pardon…

Il s’agissait là d’une pure formalité, la mollesse de l’objet n’ayant pu faire aucun mal à Grindelwald, mais Belladone tenant là à s’excuser de ce qui aurait pu paraître un manque de savoir vivre, mais qui n’était rien d’autre en réalité qu’une démonstration de plus de sa maladresse magique. Pourtant le jeune homme n’eut guère le temps de se morfondre une fois de plus sur sa sempiternelle impuissance sorcière. Les lèvres pâles de Grindelwald s’étaient entrouvertes, et le flot décousu d’une confession impensable se déversa comme le torrent déchaîné d’une âme cadenassée trop longtemps à la moindre émotion humaine, et qui s’échappait enfin de la digue façonnée par le sang et le pouvoir, que l’auguste sorcier, sans doute, avait cru invincible. Toutes ces révélations avaient le goût âcre d’une tragédie sordide qui ne le concernait pas, et ô comme Belladone aurait préféré ne rien savoir de ce qui semblait étrangement éclabousser l’or du piédestal sur lequel il avait élevé Albus Dumbledore, et rester dans l’ignorance de cet amour qui lui paraissait improbable, profane, sacrilège ! Parce que Dumbledore était la lumière qui irradiait sa grandeur de juste, annihilait le sépulcre des tréfonds nocturnes des crimes de Grindelwald, et tout ceci paraissait insensé, et paradoxalement étrangement logique, parce qu’aucun sorcier en vie n’égalait ces deux-là, et que leur puissance commune leur conférait un intérêt étrange, tandis que tout semblait les opposer.

- Oh…Gellert…

Cette description d’amour déchu, brisé par la haine et les ans, terrifiait Belladone au-delà de toute raison. Il lui semblait que l’on évoquait deux personnages fictifs, échappés d’un roman tragique pour pleurer à la face du monde un chagrin inconsolable contre lequel personne ne pouvait plus rien. Le jeune Professeur avait de nouveau levé les yeux vers Gellert, des yeux écarquillés de cette horreur empathique qui lui saisissait l’âme, affolé et indigné du mal que le criminel repenti avait pu faire au bon et juste Albus Dumbledore, et qui paraissait s’en repentir cruellement en silence, les entrailles rongées depuis de longues années par un remords terrible qu’il ne parvenait plus à étouffer. Et c’était incompréhensible et preuve d’une immense culpabilité, cette façon de se poser en victime, et de croire à la haine profonde que lui vouait le Professeur Dumbledore, lorsque l’on songeait à la responsabilité terrible qu’il avait endossée pour le faire intégrer Poudlard et immerger sa criminalité repentie au beau milieu de centaines d’enfants. Et Belladone comprenait soudain, et une immense vague de sympathie et de soutien déferla en son cœur pour Albus qu’il affectionnait tant, Albus qui souffrait sans rien dire, depuis si longtemps, son sourire bienveillant ne se déparant jamais de ce visage calme et intelligent qui semblait toujours imperturbable. Et il se perdait dans les tréfonds de cette compassion d’hypersensible, parce que Dumbledore avait été bien plus qu’un Professeur, était bien plus qu’un mentor, et que l’affection que Belladone lui portait se rapprochait de celle d’un ami, toutefois retenu par cette formalité admirative que leur nouveau statut de collègues de travail n’avait pas suffi à annihiler. Pour Gellert aussi sa peine était là, parce que la déchéance était telle qu’il semblait brisé aujourd’hui, humilié et rendu docile par la seule volonté de Dumbledore auquel il semblait obéir sans sourciller, lui le despote intraitable et autrefois vénéré qui se courbait désormais aux moindres desiderata du geôlier de sa prison dorée.

Grindelwald n’en avait pas fini de ces revirements brusques d’homme saoul. C’est un regard voilé d’une colère qui semblait presque une menace que l’auguste sorcier fixa son jeune collègue. Et celui qui ne mâchait guère ses mots dans la sobriété devenait affreusement abrupt dans l’ivresse, semblant injurier l’affection presque paternelle qu’Albus avait toujours voué au dernier des Raven, en l’accusant d’une bassesse qui, de nouveau, fit rougir Belladone jusqu’à la racine de ses cheveux, tandis que son regard se baissait vers la pointe de ses chaussons et qu’il tremblait d’une indignation affolée par la colère manifeste que suscitait cette idée chez le grand Gellert Grindelwald. Et la crudité de l’accusation fut lancée au visage de Belladone, plus touché encore par l’intégrité de Dumbledore que l’on bafouait à tort et dans son dos, frémissant de la rage sourde que cette évocation semblait susciter chez l’ancien criminel.

- Comment osez-vous… ?

Il n’y avait pas de colère dans ces quelques mots tremblants, échappés de la bouche fébrile de Belladone. Simplement l’indignation outrée et ébahie d’avoir à se défendre face à cette accusation improbable, qui entachait la réputation de pureté et de justice du grand Albus Dumbledore, que Gellert semblait croire avec sérieux se fourvoyer auprès d’anciens élèves qu’il faisait recruter au sein de l’école de sorcellerie une fois parvenus à l’âge adulte. Le jeune homme trembla d’une triste indignation, le cœur soudain gros et très triste d’avoir eu à s’imaginer un tel sacrilège, dont la simple image avait entaché la pureté de l’idôlatrie qu’il vouait au Professeur de Métamorphose. Et si Gellert sembla vite abandonner la colère menaçante dont il avait usé comme pour effrayer son cadet, il n’avait pas renoncé à sa théorie profane et insensée, à laquelle il semblait croire dur comme fer et le rendait profondément triste, au point d’évoquer un retour prochain à Azkaban et de s’ériger lui-même en monstre, lui qui avait défendu ses actes avant tant d’ardeur, autrefois.

Belladone leva les yeux, touché dans la tendresse de son cœur trop bon par cet aveu déchirant, qui, déjà, lui faisait oublier l’insulte qu’il venait d’essuyer. Comment Gellert pouvait-il ne pas avoir foi en Dumbledore au point d’ignorer sa faculté merveilleuse à voir le bon chez les autres, et à pardonner aux repentis ? Il y’avait toujours une place dans le cœur de Dumbledore pour les justes, les faibles, les repentis et les désireux de bien faire, les rebuts d’une société dont personne ne voulait en somme, et qu’il se plaisait à accueillir, dans toute la largesse de son grand cœur et de son intelligence pleine de compassion. Le souvenir de Lavande et de la discussion qu’il avait eu avec le mage noir à l’orée de la forêt interdite revint, comme un éclair, un bref nuage dans un ciel d’été, briser la symphonie douceâtre de l’idôlatrie monotone que Belladone vouait à Albus. Chassant pour le moment cette indifférence qui l’estomaquait et à laquelle il se refusait toujours à croire, le jeune homme, un peu trop doué de cette compassion qui allait parfois jusqu’à l’étrangler, comme ce soir, se pencha de nouveau pour poser sa main sur l’avant-bras du mage noir, qui semblait au bord du gouffre, et qui était venu réclamer une main tendue auprès de son jeune collègue ;

- Gellert…Cette accusation…Elle est très insultante pour le Professeur Dumbledore…En plus d’être infondée…Pourquoi vous tourmenter avec une idée aussi impensable ? Et de plus…Puisque vous semblez tant l’aimer, pourquoi avoir à ce point si peu foi en lui ? Vous venez de prouver que vous n’êtes pas un monstre, et si moi je l’ai compris, lui le comprendra aussi…J’ignore ce que vous lui avez fait, mais ne doutez pas de sa capacité à pardonner, et à accueillir ceux qui veulent de tout leur cœur se racheter…Vous faites du bien ici, et la jeune Lavande a besoin de vous…Votre place n’est plus à Azkaban…

La main de Belladone n’avait pas quitté le bras blanc et glacé de Gellert, tandis que son regard restait posé sur le visage brisé par le chagrin et la fatigue de toute une longue vie de haine et de remords, ses prunelles d’encre brillant d’une douceur empathique, conscient que le grand mage noir était venu ici pour trouver un ami, et le jeune homme désirant plus que tout ne pas le décevoir.


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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]  Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Icon_minitimeMer 19 Fév - 20:36



Onirisme et Révélations

« NIHILIST BLUES. »

Bureau de DFCM, Hiver 1942.

Toujours recroquevillé sur son fauteuil, Gellert ne bougeait pas, contemplant les abysses de sa propre existence vaine qui n’avait rencontré qu’ascensions fulgurantes et cruelles désillusions. Tel un mélange de Sisyphe et Icare, le mage noir semblait avoir été condamné à partir de rien pour connaître la réussite avant de se brûler les ailes en vol. Avait-il désormais enfin les pieds sur terre ? La sensation du sol sur ses pieds nus était désagréable. Incroyablement matériel et douloureuse, elle ne renvoyait qu’à une triste exitance de mortel banal, là où il aurait pu briller de sa prestance, aura qu’il avait certes dégagée pendant plus d’une décennie. Son ombre avait survolé l’Europe, son courroux s’était déployé sur ces ennemis. Et pourtant, il avait su qu’il allait échouer et s’écraser sur le sol. À Poudlard, il n’était pas plus libre qu’Azkaban. S’il avait pu fermer son âme aux Détraqueurs, la présence d’êtres vivants était bien plus ravageuse que les géôliers de la prison pour sorciers. Albus était sûrement la créature la plus terrifiante, justement glacial avec lui et si chaleureux avec d’autres. Gellert n’avait pas la prétention d’être traiter comme les autres. Mais la torture était bien pire que tous les châtiments qu’on avait pu lui faire subir.

La couverture arriva alors un peu brusquement sur ses jambes mais Grindelwald était trop ivre pour s’en offusquer. D’un léger sourire visant à remercier son interlocuteur, il s’emmitoufla dans le tissu, réchauffant son corps froid comme la mort qu’il avait pu répandre. Toujours en train de broyer ses idées dans son coin, il ne fit pas tellement attention à la gêne que son monologue avait provoqué chez son interlocuteur. Le regard perdu sur les dalles de pierre dans la salle, l’envie de disparaître à jamais se faisait de plus forte à chaque instant. Cependant, il s’imaginait déjà Albus l’interdire d’aller choisir la solution de facilité plutôt que de rester ici et expier ses fautes. Poudlard était un purgatoire. Ou alors les Enfers. Des Enfers ensoleillés et chaleureuses, à l’opposé de l’âme sombre de Grindelwald. Lui, le germanique à la peau aussi livide qu’un cadavre était exposé au milieu de scènes innocentes du quotidien, où la jeunesse se faisait progressivement sans se soucier de personne ni des problèmes d’avenir, puisqu’aucune menace ne semblait venir à l’horizon. Le prochain mage noir ? Le Ministère s’en occupait. Jamais il ne parviendrait à s’élever comme Grindelwald avait pu le faire. C’était pour cela qu’il était ici après tout, non ?

Le ton de Belladone avait changé, comme outré. Gellert releva son regard sur son interlocuteur. S’était-il vexé de ce qu’il avait pu sous-entendre sur Albus et lui ? C’était une idée idiote et expédiée, certes. Le mage noir n’était pas en état d’avoir des pensées raisonnées. Mais après tout, il avait déjà eu de telles suspicions sur Scamander, des années plus tôt. En comparant avec Belladone, plusieurs similitudes ressortaient. Et avec sa jalousie mal gérée, il était tout naturel que Grindelwald en vienne à ce genre de conclusions hâtives. Cependant, le jeune homme ne s’en arrêta pas à cet air outré et se saisit de l’avant-bras du mage noir pour l’accuser d’avoir insulter Dumbledore. Raven continua alors à parler, avouant son ignorance mais essayant tout de même de rassurer Gellert sur sa nature. Comme lors de leur première discussion au dîner de la rentrée, le jeune professeur parlait sans savoir, déblatérant des paroles qu’il pensait réconfortante mais qui ne faisait que conforter Gellert sur sa propre opinion de lui-même. De plus, il semblait croire que le fait que Dumbledore puisse avoir des relations avec des hommes étaient des dégradants. Ce fut alors le mage noir qui se sentit insulté et s’empressa de retirer brusquement son avant-bras de l’emprise de Belladone.

— Cela te dérange que Dumbledore puisse s’intéresser aux hommes ? Tu ne le connais vraiment pas, n’est-ce pas ? Ou alors c'est parce qu'il est différent de toi ? C’est le problème des idoles, on pense les connaître mais elles nous déçoivent forcément.

Il planta son regard toujours éméché sur son collègue, son visage dépourvu désormais de toute tristesse mais plus d’une colère brûlante. Finalement il se pencha pour attraper la manche du pyjama à rayures de Belladone pour rapprocher son visage du sien. Un sourire mauvais aux relents d’alcool se dessina sur le visage tiré du mage noir qui continuait de capter le regard de son collègue.

— Albus et moi, ça a été plus loin que tu ne l’imagines. Au-delà de notre entente évidente et nos aspirations équivalentes, c’était charnel, vraiment. Maintenant, si ça te dérange, dis-le-moi et je m’arrangerais. S’il y a bien un sujet sur lequel je défendrai Albus, c’est celui-ci.

Il relâcha son emprise sur le bras de Belladone et se replaça confortablement au fond de son dossier, continuant de maintenir ses yeux asymétriques sur le visage écarlate de son comparse.

— Personnellement, je le comprendrais s’il avait eu d’autres relations après moi. Cela fait plus de quarante ans après tout. Et ce serait mentir de dire que je m’en fiche, mais vois-tu, il y a quelque chose qui nous lie à jamais. Et, quelque part, Albus est à moi et je suis sien. Et je pense bien qu’il m’a échappé plusieurs fois sur ce plan-là. Comme il doit penser la même chose de moi.

Son sourire disparut pour ne laisser qu’une impression de vide sur ses traits pâles. Il déplia ses jambes, engourdies par le fait d’être trop longtemps recroquevillées sur le fauteuil, et se laissa glisser sur le côté, se posant de façon perpendiculaire au fauteuil, sa nuque sur l’accoudoir. Il réajusta alors la couverture sur son corps toujours froid et un long soupire lourd s’échappa de ses poumons.

— Je suis un monstre, Belladone. Il n’y a pas de pardon total pour des gens comme moi. Albus ne me pardonnera jamais et il ne doit pas me pardonner.

Son regard se perdit de nouveau dans les plis du fauteuil de son interlocuteur. Certaines images qu’il avait tenté vainement d’oublier semblaient flotter dans son esprit, ce lourd passé à porter s’accrochant à ses chevilles pour le faire couler.

— J’ai détruit le peu de famille qui lui restait, justement parce que j’ai été jaloux. Sa sœur est morte à cause de moi.

Albus le tuerait sûrement à mains nues s’il apprenait que Gellert venait d’avouer un de ses secrets les plus inavouables à un simple professeur.

— C’était elle d’ailleurs. L’épouvantard.

Plus qu’une simple confession, c’était un aveu. Grindelwald, dont la raison altérée par l’ivresse semblait avoir complètement disparu, ressentait cet étrange besoin de dire ce qu’il avait sur le cœur et ce qu’il avait gardé pendant quarante ans.

— « Pour le plus grand bien », c’était de lui d’ailleurs. Et je l’ai utilisée pour tuer ses élèves.

Un sourire désabusé se dessina sur les lèvres du mage noir, le regard toujours perdu dans le vide. Il avait oublié le nom de toutes ses victimes, leurs visages également. Il ne comptait plus le nombre de vies arrachées par sa simple volonté de faire le bien pour tous. Après un soupir, il releva les yeux vers Belladone.

— Peu importe ce que je fais pour Lavande. C’est bien la seule chose que je puisse faire ici. Après tout, comme l’a dit Albus, je ne suis ici ni pour me repentir, ni pour être pardonné.

Car oui, même si Gellert vivait cette réinsertion comme un purgatoire étouffant, il était tout d’abord ici pour dénicher ou dissuader le potentiel mage noir afin d’éviter son avènement. Est-ce qu’il réussissait sa quête ? Du peu qu’il pouvait voir, il y avait bien trois quatre élèves qui retenaient son attention, mais sans plus. Rien ne présageait d’ailleurs que le mage noir émergerait de Poudlard. Peut-être une nouvelle fierté de Durmstrang ? Gellert soupira une nouvelle fois avant de piocher dans le paquet de patacitrouilles et d’en avaler.
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Belladone Raven
Belladone Raven
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Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
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MessageSujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]  Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Icon_minitimeJeu 20 Fév - 18:47



Onirisme et Révélations

« Bureau du Professeur de DCFM »

Hiver 1942

Le bras de Grindelwald était glacé et roide comme la mort, rendant le contact quelque peu désagréable. Il ne semblait plus subsister chez le mage noir la moindre trace d’humanité, et ce soir plusieurs décennies de stoïcisme et de haine farouche semblaient s’étioler sous la chaleur du feu et de la couverture de laine, vaincues par la douceur de ces friandises qui avaient un goût de sucre et d’enfance qu’il devait avoir cru morte depuis longtemps. Belladone ne rompait pas cette proximité pourtant, parce qu’il mettait tout son cœur à réconforter celui qui paraissait avoir tant besoin d'un ami, ce soir. Il savait pourtant qu'il était mauvais à jeu là, pour s'y être essayé à maintes reprises, et s'y être cassé les dents de nombreuses fois, malgré toute sa bonne volonté et son âme généreuse, qui ne suffisaient pas à racheter sa maladresse. Avant toute chose, avant même de sentir la colère sourde du regard devenu subitement noir se poser sur lui, avant même de se tapir sous la haine acerbe de la réplique ulcérée du mage noir insulté, le jeune idiot avait senti qu'il avait une fois de plus échoué, aux muscles du bras qui, soudain, s'étaient tendus, présage funeste sous sa main tendre et amie qui s'était mise à trembler.

Belladone sentit son étreinte rejetée subitement, avec un mépris manifeste et une colère qui se lisait dans les tréfonds des prunelles polaires de Grindelwald. Après tout il s'en était douté, un peu. Mais toujours cette affection proche d'une vénération un peu naïve passée l'âge adulte lui avait brûlé les ailes, parce que simplement la figure paternelle qu'avait été Dumbledore pour lui durant ces sept années à Poudlard était incompatible avec le genre de relations qu'il insinuait. Mais une fois de plus, visiblement, il n'avait pas été compris. Était-ce parce qu'il avait la fâcheuse tendance à passer pour un idiot dès qu'il ouvrait la bouche, ou parce que la réputation d'un Grindelwald aux colères terribles n'avait pas été usurpée ? Peut-être un peu des deux. Toujours est-il que la bouche de Belladone s'entrouvrit, parce qu'il s'attendait à ce que le grand mage noir l'attaque sur la vénération idiote qu'il vouait à Dumbledore, sur l'impudence qui le poussait à de conseils aussi déplacés, lui qui n'était rien, après tout, qu'un sorcier faiblard et timide, face au plus grand mage noir encore en vie. Mais non. Grindelwald l'attaquait sur quelque chose auquel il n'avait pas même songé, tout à l'indignation dans laquelle il se trouvait de s'imaginer l'amant de celui qu'il avait quelque peu considéré comme un père depuis ses onze ans. Et il tombait des nues, la mâchoire tombante, parce que c'était injuste, parce que personne d'autre ne croyait plus en l'amour que le tendre jeune homme, parce qu'il était persuadé que Grindelwald le savait, et qu'il prenait un malin plaisir, au fond, à torturer l'idiot qu'il était. Le paradoxe était un peu cruel. Belladone ne parlait pas assez. Trop souvent perdu dans les tréfonds de ses pensées lunaires, souvent les théories et les songes s'extirpaient, éthérés, et la clarté limpides avec laquelle ils apparaissaient dans son esprit s'étiolait sous la violence du monde réel, qui comprenait parfois un sens tout autre, qu'il était trop innocent pour avoir imaginé. Mais lorsqu'il s'aventurait à parler, ce genre de mésaventures le rattrapait et ses nerfs hypersensibles se protégeaient désormais de la blessure des conversations, en tâchant de les éviter.

- Je n'ai jamais pensé...Une chose pareille...Pas une seconde...Gellert...Pourquoi vous amuser à me faire passer pour quelqu'un de mauvais ? Vous savez bien que je suis un piètre orateur...Mais je voulais juste vous réconforter...Et ce que je voulais dire juste...C'est que...Dumbledore...Ca a été comme un père moi...Ici...Parce que...Parce que j'étais très mauvais en magie, et que lui seul m'a encouragé...Alors c'est vrai...J'ai trouvé ça insultant...Mais pas pour les raisons que vous croyez...O

Et Belladone avait été arrêté net dans sa piètre défense, parce que la main roide qui s'était libéré de son étreinte s'était saisi de la manche de son pyjama qui dépassait du peignoir avec la vivacité et la force d'une serre, tandis qu'il collait presque son visage inondé d'une colère farouche au sien, et que du sourire cruel, sans joie, qui étirait les lèvres du mage noir s'exhalait une haleine d'hydromel de laquelle il n'avait que trop abusé. Et l'extrême pudibonderie de Belladone ne trouvait pas même la force de faire rosir ses joues qui étaient devenues pâles comme la mort, sous l'étreinte solide à laquelle le contraignait Grindelwald, dont il sentait frémir les muscles de sa main d'albâtre d'une colère évidente, que le jeune homme semblait devenu maître dans l'art d'invoquer chaque fois qu'il ouvrait la bouche. Livide, lui tremblait de peur, et il n'avait d'autre choix que de lire la rage qui durcissait plus encore les traits blafards de l'auguste sorcier qui le tenait sous sa main, déballant l'intimité passée entre lui et son mentor, comme pour exacerber un dégoût qu'il n'avait pas.

Belladone ne se fit pas prier et s'échappa de l'étreinte cruelle, se blottissant comme un souriceau effrayé au fond de son fauteuil, adoptant d'instinct la posture que Grindelwald avait eu de prime abord, les genoux blottis contre lui et n'osant même plus le regarder, tandis que les larmes qu'il avait réfréné à grand peine l'instant d'avant coulaient désormais, silencieuses et mornes, trahissant là la peur qu'il avait eu et la honte de l'accusation infondée au fond de laquelle ses propos maladroits l'avaient enfoui. Il écoutait sans plus oser rien dire la résignation farouche de Grindewald au sujet de son amant qui lui avait échappé quelques fois au moins, selon sa certitude, en quarante années de séparation. Le jeune homme se blottit un peu plus contre ses propres jambes, conscient de l'embarras au fond duquel pouvait le précipiter son silence, malheureux de devoir se risquer, une fois de plus, à aiguiser la colère son aîné par une justification banale ;

- Je ne sais pas...Je l'ignore...Je n'ai jamais...Jamais pensé de mal de...Oh...Gellert, pardonnez-moi...Je suis un idiot, mais ça, vous le savez depuis le début, n'est-ce pas ? Ne m'en tenez pas rigueur, je vous en prie...

Grindelwald semblait se détendre. Ou plutôt, une grande lassitude s'emparait de lui, ses muscles se détendant sous la couverture de laine, semblant vide de toute colère et mu par une triste résignation. Un sanglot vint briser la fin de la tirade de Belladone qui préféra se taire, laissant encore une ou deux larmes couler docilement jusqu'à sa barbe d'encre qu'il avait enfoui tout contre ses genoux.

- Je...Je ne crois pas que vous soyez un monstre…

Belladone ne mentait pas, et ne tentait pas là de se racheter. Non. Il songeait à cette fin d'après-midi sombre et morne devant l'Epouvantard, quand Grindelwqald avait épargné sa vie. Il songeait à cette conversation intimiste au sujet de la jeune Lavande, dont il semblait être le seul à se préoccuper, et à lui consacrer de son temps. Il songeait aussi aux confidences de ce soir, et à l'amour farouche, exclusif, que le grand mage noir portait à Dumbledore. Quelqu'un qui avait été capable d'aimer si pouvait-il vraiment être considéré comme un monstre ? Pourtant les révélations étaient terribles, et le cœur du jeune homme se serra un peu plus devant la tragédie à laquelle son mentor avait du faire face, et que Grindelwald lui confessait cette nuit, de but en blanc, comme désireux d'épancher ce qui lui rongeait les entrailles et l'étouffait depuis de longues années. Si il avait bel et bien eu vaguement connaissance d'une sœur de Dumbledore, décédée très jeune dans des circonstances mystérieuses, jamais cette réalité crue, terrible, que le grand mage noir lui jetait à la face dans toute la brutalité franche de son ivresse, n'était parvenue jusqu'à ses oreilles. Il ne répondit rien d'ailleurs, mais de nouvelles larmes vinrent creuser leurs sillons le long de ses joues qui restaient livides, devant l'horreur du tableau que lui dépeignait son aîné, devant le supplice qu'Albus avait subi sans rien dire, devant ces monstruosités que Grindelwald avouait et dont il paraissait se repentir, sincèrement, auprès du jeune homme terrifié et subitement très malheureux. Il ne disait toujours rien, pressentant que c'était désormais d'un confident mutique et docile dont le mage noir avait besoin désormais, qu'il lui fallait seulement laisser s'évacuer la bile de quarante années de crimes dont il se repentait au beau milieu de cette geôle dorée, emplie d'élèves bruyants et de collègues idiots tels que lui, qu'il aurait écrasé du bout de l'index sans même sourciller, du temps de sa splendeur. Ce n'est que lorsqu'il évoqua Lavande que Belladone se sentit en droit de reprendre la parole, son bon cœur généreux reprenant le dessus sur la tornade furieuse qu'il venait d'essuyer ;

- Cela importe beaucoup, au contraire. Si vous ne voulez ni vous repentir ni être pardonné, au moins vous faites du bien en vous occupant d'elle. Si elle est vraiment une Obscuriale, alors vous êtes très certainement en train de la sauver, et si vous ne le faisiez pas, qui d'autre ? Vous m'avez dit avec raison que je n'en avais pas la puissance, et c'est vrai...Mais nous sommes les deux seuls à nous préoccuper d'elle...N'avez-vous pas trouvé là une raison de supporter Poudlard ? Je sais que vous ne m'aimez guère mais...Si je ne suis pas le meilleur ni le plus adroit des soutiens...Vous pourrez toujours compter dessus…

Belladone s'essaya à un sourire pâle et triste, qui déchirait difficilement le voile brumeux de ses larmes. Il n'avait pas mentionné la jeune sœur d'Albus. Pour en dire quoi ? S'il était d'une médiocrité terrible à l'oral, son empathie exacerbée avait compris que Grindelwald voulait épancher auprès de quelqu'un l'atrocité des remords qui lui tourmentaient l'âme, pour que ce quelqu'un ensuite, conscient et détenteur de l'énormité de ses crimes, ne le rejette pas par la suite, et l'accepte avec le sang qui recouvrait ses mains blanches. En cela, au moins, le jeune homme s'avérait utile, et en cela au moins il pouvait compter sur lui.

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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]  Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Icon_minitimeVen 21 Fév - 18:17



Onirisme et Révélations

« NIHILIST BLUES. »

Bureau de DFCM, Hiver 1942.

Toujours avachi dans son fauteuil, Grindelwald décrépissait au plus profond de son ivresse. Plongeant dans des méandres sans fin ni but, il ne pouvait que contempler les abysses des ruines de son époque. Il ne pouvait plus que regarder sa gloire mourir à petit feu, discutant de sa vie intime avec un sorcier aux pouvoirs insignifiants. Du temps de son apogée, jamais il n’aurait daigné adresser la parole à cet être qui valait certainement moins que lui. Belladone ne ferait jamais rien de grand dans sa vie. Non, c’était faux. Il ne ferait jamais de grandes choses sur le terrain. C’était un bureaucrate, un homme qui s’occupait de ce qu’il se passait derrière. Au final, avec de la volonté et du bagout, il pouvait même devenir Ministre de la Magie. Mais pour avoir côtoyé le jeune sorcier, il était évident qu’être à la tête d’une des communautés sorcières les plus importantes ne faisait pas partie de ses plans. Professeur de Défense Contre les Forces du Mal était sûrement quelque chose qui lui convenait. Et Grindelwald aurait été mal placé pour penser que ce rôle ne lui convenait pas. Belladone, à défaut d’être un incroyable praticien, était un excellent théoricien, qui cachait sûrement bien son savoir.

Cependant, il semblait déjà se confondre en excuses, en proie à un véritable mal-être asséné cruellement par le mage noir, une nouvelle fois. Quelque part, ce , était heureux de constater que la parole précédente de son jeune collègue n’était qu’une maladresse de langage et rien d’autre. Cela l’aurait étonné de la part de Belladone, en réalité. Vu qu’il était l’une des seules personnes à lui adresser la parole dans ce château, il faisait preuve d’une ouverture d’esprit curieuse et éveillée qui était l’une de ses plus grandes qualités. Le fait qu’il eusse pu trouver cette façon d’être dérangeante aurait fortement déçu le mage noir qui venait de se confier à cœur ouvert. Seulement, il semblait avoir un besoin dévorant de se justifier tandis que son interlocuteur n’avait jamais eu besoin de temps. En effet, Belladone ne semblait pas être quelqu’un capable de mentir. Il était d’une sincérité à toute épreuve, et il n’avait pas besoin d’étaler un nombre incalculable de devoir tout expliciter. En réalité, certainement que Gellert lui faisait confiance, tout simplement. C’était peut-être un peu simple mais c’était ce que le mage noir avait de plus pur à offrir. D’un geste de la main, cependant, il fit comprendre à Belladone qu’il n’avait pas à se justifier davantage.

— Tout va bien… Excuse-moi...

Il ouvrit un œil qu’il jeta vers Belladone. Ce dernier avait les yeux humides. Surpris, l’ivre fronça doucement les sourcils, s’étonnant de le voir à si vive émotion. Gellert s’était déjà montré plus agressif et violent envers le jeune homme alors pourquoi ses nerfs semblaient-ils avoir lâchés ? Une moue triste passa sur le visage du mage noir, culpabilisant soudainement d’avoir réussi à faire plier Belladone. Il savait que plusieurs fois, son collègue avait failli faillir devant lui mais pourtant, Grindelwald avait l’impression que leurs relations s’étaient drastiquement améliorées pour avoir passer ce cap. Et pourtant, quelques larmes que le jeune homme ne pouvaient retenir suivaient les traits de son visage juvénile. Au final, est-ce que leur attente s’était vraiment améliorée ? Ou n’était-ce que l’impression subjective du mage noir ? Après tout, c’était lui qui avait fini par apprécier son collègue. C’était lui qui lui infligeait sa présence plus qu’autre chose. Quelque peu honteux de cette situation, il écouta d’une oreille distraite Belladone essayer de ramener la conversation sur Lavande, une nouvelle fois. Dès qu’on s’adressait à lui, de toute façon, on ne finissait plus que par évoquer la jeune élève de Serpentard. Toujours allongé perpendiculairement à son fauteuil, le mage noir soupira profondément.

Etait-ce à cela qu’il était réduit ? A vivre dans l’ombre de son élève ? Peut-être. Il n’était plus grand-chose après tout, si ce n’était que l’ombre de lui-même. Un souvenir qui disparaissait dans les murs de ce château pour qui il ne serait qu’un indésirable étranger. Il avait tout fait pour que chaque sorcier trouve sa place dans ce monde pour qu’au final, il n’ait même plus la sienne. Il avait donné de sa vie et de son temps pour les autres. En réalité, la gloire personnelle ne l’avait jamais vraiment intéressée en premier lieu, mais constater que la simple évocation de son patronyme suffisait à terroriser les plus braves n’avait pas été désagréable en soi. Grindelwald savait ce qu’il valait et il ne se trouvait pas narcissique quand il clamait être l’un des plus puissants sorciers qui n’est jamais existé. Malheureusement, tout comme Albus, ce talent était gâché, devant être utilisé qu’à des fins pédagogues. Voilà où il en était désormais, ivre mort à constater les échecs de sa vie, avançant dans une indifférence totale, loin de tout ce qu’il aurait pu appeler un foyer. Mais comme l’avait dit Albus, il n’était pas si pour une retraite douce ou pour être pardonné. Il était ici pour servir une autre cause qui ne le satisfaisait pas et permettre à d’autres de s’élever et de s’épanouir à la place qu’ils méritaient. Après Lavande, quelle autre brebis galeuse rejetée de l’équipe enseignante allait-il aider ?

— Il n’y a rien pour moi ici. Albus m’a mis ici pour que je meurs à petit feu. Un jour, je finirai sûrement par oublier qui je suis vraiment. Enfin, si je sais qui j’ai vraiment été. J’ai l’impression de n’avoir été qu’un long mensonge. Je ne sais pas si je veux me repentir et même si je le voulais, je ne sais pas si je le pourrais totalement. De plus, je suis impardonnable, pas après ce que j’ai fait et même si je reconnais que c’était un comportement violent et anarchique, il y a certaines choses que je ne regretterai jamais. Je suis un monstre, Belladone. Rien qu’avec mes mots, je t’ai fait pleurer. Ce sont des émotions que je ne suis même plus capables d’éprouver. Je ne me souviens même pas avoir pleuré un jour. Les seuls sentiments que je ressens, c’est la haine, la colère, la jalousie et la fierté. Peut-être la honte et la culpabilité, également… C’est peut-être ça qui me fait suffoquer en ce moment.

Ses yeux regardèrent le plafond, se moquant bien d’imaginer ce que Belladone pourrait penser de ses divagations. Pourtant, même si celui-ci devait être terrorisé rien qu’en l’apercevant, Gellert avait fini par apprécier sa compagnie. Une part de lui se disait que s’attacher à quelqu’un était déjà signe de faiblesse. Albus avait toujours été sa plus grande faiblesse, après tout. Et désormais, il était obligé de le côtoyer chaque soir, rendant son supplice de plus en plus insoutenable. L’avoir près de lui le confrontait directement à son propre passé et cette fois-ci, il ne pouvait rien bloquer avec de l’Occlumancie.

— J’imagine que je vais attendre la mort, maintenant. Peut-être arrivera-t-elle plus vite que prévu. Même moi, ici, je ne me reconnais pas. Ces murs me sont froids et j’ai l’impression que qu’ils sont de plus en plus étroits chaque jour. Un jour, je finirai par m’étouffer tout simple et tout le monde chantera à la mort du grand Gellert Grindelwald.

Un rire rauque s’échappa de ses lèvres pâles avant que ces dernières ne gardent un sourire désabusé gravé dessus.

— Je devrais organiser mes funérailles. Elles devraient être publiques et interactives. « Une Mornille d’argent pour lancer le sort de votre choix sur le plus grand mage noir de tous les temps ! » Je suis sûr qu’il y a de l’argent à se faire. Tu pourrais t’acheter toutes les patacitrouilles que tu voudras.

Il soupira une nouvelle fois avant de légèrement froncer les sourcils, son sourire disparaissant.

— Je crois que j’ai vraiment trop bu… Je devrais te laisser tranquille, tu semblais… mmh… occupé.

Il essaya de se relever mais chancela dès qu’il fut sur ses pieds. Il garda la couverture contre lui, tous les murs tournant autour de lui. Comprenant qu’il serait obligé de passer par les regards inquisiteurs des Aurors surpris de voir un Grindelwald si ivre, il ferma les yeux et soupira profondément.
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