Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] - Page 3



 
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Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]

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Belladone Raven
Belladone Raven
Âge : 28 ans
Sang : Sang-Pur
Nationalité : Anglaise
Patronus : Un corbeau
Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal
Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et crin de licorne
Avatar : Diego Luna
Messages : 365
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Date d'inscription : 27/08/2019

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MessageSujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]  Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] - Page 3 Icon_minitimeMar 24 Mar - 15:28



Onirisme et Révélations

« Bureau du Professeur de DCFM »

Hiver 1942
Belladone était si rarement volubile qu’il ne jugea pas même bon de se demander, sur l’instant, si son bavardage stérile n’allait pas ennuyer ou épuiser un peu plus Grindelwald qui semblait bien las. Etait-ce l’heure indécente de la nuit, les confidences touchantes du grand mage noir, ou la confiance qui avait découlé de ces aveux déversés dans l’intimité de ce bureau qui avait des étranges allures de boudoir, tous deux en tenue de coucher, tapis au creux de fauteuils et de couvertures, s’étant gavé de sucre comme des enfants ? Des enfants, ils semblaient le redevenir le temps d’une nuit, l’un évoquant sa jeunesse dorée, illusoire auprès d’un amant passionné dont l’innocence du lien était perdue à tout jamais, brisée par le monceau de cadavres que Grindelwald avait mis entre eux deux, noyée dans le sang que sa quête de pouvoir et ses ambitions insatiables avaient fait couler. Il n’était plus cet adolescent fougueux cette nuit, parce que ses espoirs avaient tous sombré, parce qu’il avait vieilli, parce qu’il était fatigué et parce qu’il avait chuté, seul et de son plein gré, de ce piédestal dont la hauteur était telle qu’il avait sans doute pu effleurer les étoiles.

Peut-être était-ce pour cela que Belladone s’abandonnait à une telle confiance, cette nuit-là. Tapi dans le creux du fauteuil de velours, engoncé dans les épaisses couvertures, le visage las et l’aveu facile, Grindelwald avait ce je-ne-sais-quoi de touchant, ce drame mélancolique de la force brute qui s’abat soudain, et qui brisait le cœur de Belladone, tout en lui insufflant une affection qui sans nul doute était déjà là, mais étouffée sous cette crainte qui le tétanisait littéralement sous les colères terribles de celui qui était véritablement devenu son ami cette nuit-là. Et c’était paradoxal, tout comme cette affection que tout opposait, ce calme distrait et volubile que Belladone insufflait sur son passage, quand le simple regard de Grindelwald l’avait tant de fois rendu stoïque et muet d’effroi. Car jamais la prude Belladone n’avait poussé la familiarité jusqu’à se dévêtir ainsi devant l’un de ses rares amis, et sa volubilité en elle-même était suffisamment étrange pour être soulignée. Lui-même, si délicat et pudibond d’ordinaire, n’avait pas prêté au raclement de gorge de son collègue, manière pourtant subtile et discrète de faire part de son embarras à l’intéressé.

Ce n’est qu’une fois vêtu de sa chemise blanche, classique à en mourir, ennuyeuse comme la pluie à l’image de son propriétaire, que Grindelwald posa les yeux sur Belladone. Ce n’est qu’après l’avoir détaillé un bref instant, avec une froideur qui pouvait s’apparenter chez le mage noir à de la timidité, que le jugement tomba. Plus la tenue vestimentaire était classique, plus elle avait de chance de se fondre dans l’univers moldu, selon les dires de Gellert, que Belladone croyait sur parole. Lorsque celui-ci évoqua le pantalon de l’intéressé, toujours en pyjama, le jeune homme baissa un moment ses yeux d’encre sur ses jambes, d’abord interdit, ne comprenant pas. Puis, voyant Grindelwald se mordre la lèvre inférieure, visiblement mécontent du quiproquo qu’il avait inconsciemment suscité, Belladone se surprit à rougir violemment, prenant soudain conscience de la familiarité qu’il avait eue en se déshabillant ainsi, lui d’ordinaire si chaste et pudibond que ses attitudes pouvaient susciter la raillerie.

Redevenu en un éclair le garçon timide, bégayant et impressionné qu’il était de coutume, Belladone baissa son regard embarrassé et ses joues écarlates vers sa chemise, dont il ferma avec pudibonderie le plus haut des boutons de ses doigts fébriles, emprisonnant sa gorge et la naissance de son cou au creux de son col blanc. Un peu honteux –envers lui-même surtout-, le jeune homme en venait à se demander s’il méritait vraiment d’avoir d’amis, à la manière dont il embarrassait stupidement les rares qu’il avait, surtout alors qu’il venait d’avouer ses préférences amoureuses qui, dans ce cas précis, exacerbait beaucoup le manque de délicatesse dont avait fait preuve Belladone. Lui-même toussa légèrement, tandis que Grindelwald avait fermé ses yeux las, sa tête reposant contre le dossier du fauteuil. Tout ceci était très gênant. Et la situation le devint plus encore lorsque le plus grand Gellert Grindelwald tenta de justifier ce qu’il n’avait guère à expliquer, et qui n’était rien de plus qu’un quiproquo. Belladone, en ce qui concernait ce sujet, lui faisait confiance les yeux fermés, preuve en était de cette distraction insensée qui l’avait laissé aller à une tenue aussi indécente. Tentant de rassurer le plus puissant mage noir de l’époque, Belladone bredouilla, embarrassé à l’excès lui aussi :

- Ce n’est rien…C’est…C’est ma faute…Il était inconvenant de…Ne vous en faites pas, je reviens…

Chargeant à la va-vite ses bras du monceau de vêtements amené à l’aveuglette, Belladone profita de l’occasion pour s’éclipser un instant, laissant le temps à la pesante situation de s’alléger et à ses joues de reprendre une couleur normale. Jetant la pile d’habits sur son lit d’un geste empressé, lui d’ordinaire si soigneux et tatillon envers ses affaires, le jeune homme se posta devant son armoire grande ouverte, se saisissant du pantalon de velours qu’il mettait le brun, et qui seyait à peu près à toutes ses chemises, en plus d’un sous-vêtement propre, tandis qu’il ôtait à la va-vite son bas de pyjama rayé, non sans avoir au préalable poussé la porte de sa chambre, respectant sa propre pudeur ainsi que la chasteté embarrassée de Grindelwald. Ceci fait, et jugeant inutile de pousser l’exercice jusqu’à enfiler des chaussures et une ceinture, Belladone sortit ainsi, non sans avoir passé la cravate, le veston assorti ainsi que la veste pardessus sa chemise, tâchant de reprendre une contenance visant à dédramatiser la situation qui n’avait rien de gravissime au demeurant, et pour des regards extérieurs. Peut-être parviendraient-ils à en rire un jour ? Le taciturne jeune homme en doutait. Son sens du mélodrame exempt de la moindre lueur d’humour ne jouait pas en sa faveur et Grindelwald, en despote autoritaire et digne qu’il avait été, n’avait rien d’un boute en train.

Belladone s’efforça d’esquisser un sourire à son aîné qui se tapissait au fond de son fauteuil. Il se devait au moins de le tranquilliser ; pas une seule seconde il n’aurait pu croire à des intentions sous-jacentes de la part de la dignité charismatique qui émanait du grand sorcier. Grindelwald était de ceux que l’on courtisait. La sublime et dangereuse Rosier vint s’immiscer un instant dans l’esprit perplexe du jeune homme. Les torchons douteux et la presse à scandale n’avaient eu de cesse d’imaginer une idylle entre Grindelwald et sa flamboyante comparse, mais Belladone, qui ne s’intéressait qu’à l’histoire et non aux théories fumeuses, ne s’était pas attardé à ce détail qui, à ses yeux, ne le concernait pas. Et il tentait de chasser ces réflexions qui n’avaient pas lieu d’être de son esprit embrumé, quand le visage étrangement angélique de la petite Rosier, fille de cette dernière, vint s’imprimer à ses songes éthérés, quémandeurs de sommeil. Les boucles souples, d’une blondeur presque blanche, qui encadraient un visage poupin, lui firent soudain écarquiller les yeux, tandis que son regard s’attardait sur Grindelwald. Certaines rumeurs les plus folles qui courraient au sujet de Gellert auraient-elles pu être vraies ? Si son aîné ne venait pas de lui révéler le plus intime de ses secrets, peut-être Belladone, -pourtant peu féru de ce genre de théories-, y aurait sérieusement songé. Mais aujourd’hui il ne voulait pas vraiment y songer, d’autant que ce sujet ne ferait qu’accroître l’embarras qui se dissipait avec peine. Se décidant à briser la glace, Belladone se lança, sans plus écarter les bras comme l’enthousiasme juvénile qui l’avait étrangement saisi tout à l’heure :

- Je pense qu’ainsi cela ira, n’est-ce pas ? On ne peut guère faire plus classique, et je veillerai à dissimuler ma baguette dans ma poche. Tant que nous y sommes, avez-vous besoin de quelque chose sur le Chemin de Traverse ?

Son sourire s’élargit tandis qu’il s’offrait aux menues courses de Grindelwald, qu’il savait bloqué ici, sans guère de liberté d’allées et venues ni même de moyens financiers destinés à satisfaire quelque loisir. Belladone dépensait l’argent avec cette générosité distraite de celui qui n’en a jamais manqué et qui a bon cœur, ne sacrifiant pas sa qualité de vie aux joies d’un partage qui n’entamait pas vraiment le salaire très confortable de Professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Toutefois Belladone s’en voulait encore. Les paupières de Grindelwald semblaient, en plus de la couleur, avoir pris le poids de l’albâtre, parce qu’il l’immense Occlumens qui avait survécu des années aux Détraqueurs d’Azkaban ne dissimulait même plus sa fatigue qui l’engourdissait tout entier. Se décidant à lui épargner de nouvelles minutes de lutte contre Morphée, le jeune homme se lança :

- Bien, j’ai assez abusé de vos conseils, Gellert…Je vous laisse donc dormir…N’avez-vous besoin de rien ? Êtes-vous certain de ne pas vouloir que je vous cède mon lit ?

Déjà Belladone, non sans attendre sa réponse, attrapa sa baguette qui gisait sur son fauteuil et débarrassa d’un geste hâtif la table de la théière, des tasses de porcelaine ainsi que du saladier de chocolat. Sans doute Gellert serait plus à son aise ainsi car il était à peu près certain qu’il n’accepterait pas son offre ; il avait déjà dû insister pour qu’il passe la nuit au fond de ce fauteuil, Belladone répugnant à le laisser aux mains des Aurors vagabonder ivre et en tenue légère dans les couloirs glacés de l’école.



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Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]  Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] - Page 3 Icon_minitimeJeu 26 Mar - 10:04



Onirisme et Révélations

« NIHILIST BLUES. »

Bureau de DFCM, Hiver 1942.

La chaleur des couvertures et de la cheminée plongeait Gellert dans une douce léthargie dont il ne se cachait pas. Il était fatigué par son ivresse qui avait eu le mérite de lui faire prendre conscience qu’il était peut-être plus éreinté que prévu par ces dernières quarante années. Combien de temps aurait-il pu continuer, ignorant fatigue et bonheur ? Il oubliait parfois lui-même qu’il n’était qu’un être humain même si le monstre en lui l’avait fait plonger dans un coma, insensible à toute écoute à ses propres besoins ou envies. Il s’était convaincu lui-même de choses qu’il ne désirait pas être, finalement. Mais être avec Belladone, partager ce moment fortuit avec lui, lui prouvait qu’il pouvait être quelqu’un d’assez normal et banal. Ces deux mots avaient toujours une connotation péjorative pour lui et il se rendait compte que finalement, c’était assez reposant. Un grand pouvoir n’impliquait pas forcément une grande responsabilité. L’esprit fatigué de Gellert repensa avec amusement à Belladone qui s’était dévêtu sans gêne devant lui. Tandis que le jeune professeur se confondait en excuse, un sourire rieur se dessina sur les lèvres pales du mage noir, finalement amusé par cette maladresse. Il regarda alors Belladone disparaître dans un endroit plus privé de son bureau.

Pendant l’absence de son collègue, Gellert, sous ses paupières closes s’autorisa à penser à autre chose, dans le même registre pourtant que le corps à moitié de Belladone, mais porté sur une autre personne. Perdu dans cet agréable songe, Grindelwald eut l’impression que son corps, devenu forme lourde et immobile, plongeait petit à petit dans les coussins du fauteuil, comme si le sommeil qui était en train de l’enlacer l’entraînait à disparaître dans ses abimes, dont la porte serait ce fauteuil. Pourtant quelques instants plus tard, n’ayant pas encore totalement abandonné son corps aux profondeurs du repos, la voix de Belladone lui fit ouvrir un œil qui se posa sur lui. Le jeune homme lui montra sa tenue, parfaitement moldue et Gellert eut un sourire amusé en constatant que lui-même était déçu de ne pas en avoir vu plus de son collègue. Embêté par sa propre pensée qui n’avait rien de chaste, sûrement un peu influencé par l’alcool, le mage noir le regarda de haut en bas, essayant de voir également si le jeune professeur avait toujours cette « gêne » au niveau de l’entrejambe ou non. Non, elle était partie avec le temps. Une fois arrivée aux pieds de Belladone, il chercha à capter son regard afin de prononcer son verdict.

— C’est parfait.

Belladone lui demanda alors gentiment si le mage noir désirait quelque chose au Chemin de Traverse. Grindelwald n’ignorait pas ce que cette allée était, cependant, il n’avait encore jamais eu l’occasion d’y mettre les pieds. Il n’en avait vu que des représentations, lues que des descriptions et était bien curieux d’aller voir cette allée de ses propres yeux. Malheureusement, les conditions ne lui permettaient guère de faire une telle excursion et il devrait s’en remettre à Belladone qui semblait être devenu étrangement ses yeux, ses jambes et ses bras à l’extérieur. Une étrange relation basée sur une confiance toute aussi fortuite et improbable que Grindelwald n’aurait jamais pu être capable d’éprouver des années auparavant. Il se mit pourtant à réfléchir sérieusement à l’offre bienveillante de Belladone. Mais le mage noir avait-il seulement besoin de quelque chose dans l’allée commerçante des sorciers britanniques ? Un livre peut-être. Un livre intéressant de chez Fleury & Bott dont il laisserait le choix à Belladone. Mais le mage noir ne voulait pas être redevable à son collègue. Il ne voulait pas avoir de dettes pécuniaires envers lui, il se permettait déjà de le déranger en pleine nuit.

— Un livre peut-être dont je te laisserai le choix. Mais si tu ne trouves pas, ce n’est pas grave, je ne veux pas avoir trop de dettes…

Il eut un sourire doux et amusé tandis qu’il regardait l’encre des yeux de Belladone, songeant à cette liberté dont son collègue jouissait. Grindelwald avait parfaitement mérité de perdre la sienne, mais partir sur les routes, voir le monde, commençait à lui manquer. Une soif d’aventures inextinguible sûrement parfaitement conservée dans une âme d’enfant dont il restait encore quelques braises. Son sourire disparut légèrement.

— J’aurai aimé pouvoir venir avec toi. Je pourrais… enfin je n’ai pas vraiment besoin de polynectar pour prendre l’apparence de quelqu’un d’autres donc on pourrait…

Il s’arrêta, l’alcool ne donnant que rarement de bonnes idées. Et Belladone était beaucoup trop rigoureux et discipliné pour faire un tel encart aux consignes de détention de Gellert et cela était parfaitement compréhensible. Il eut alors un sourire doux.

— Oublie, ce n’est pas une idée. Tu me décriras à ton retour.

Il bailla alors, chose qu’il n’avait pas dû faire depuis des années, cherchant presque à se cacher sous les couvertures. L’heure était à la reconnaissance et au sommeil. Les journées de son jeune collègue étaient plus chargées que les siennes et le mage noir, aussi étrange que cela pouvait être, commençait à s’en vouloir de priver son ami de repos.

— Merci encore, Belladone. Et je suis bien dans ce fauteuil, va dormir, toi aussi, tu en as plus besoin que moi. Bonne nuit à toi...

Comme pour confirmer ses propos, qui étaient honnêtes qui plus est, Gellert s’enfonça un peu plus dans son fauteuil, les couvertures jusqu’au menton. Un sourire reposé d’avoir un peu de compagnie bienveillante, honnête et pure à côté de lui, il ferma les yeux et s’abandonna une bonne fois pour toutes dans les profondeurs du sommeil, accueillant Morphée enfin comme une amie et non plus comme une ennemie. Il était en confiance, dans le bureau de Belladone. Il avait l’impression, au final, de faire les bonnes choses et qu’il y avait peut-être une chance pour que son existence ait une fin à peu près normale. Rapidement, son esprit divagua au loin, dans un soleil chaud qui éclairait abondamment l’herbe du parc de Poudlard. Il était coincé ici, alors autant ne faire plus qu’un avec cet environnement qui n’avait rien d’hostile.
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