Âge : 28 ans Sang : Sang-Pur Nationalité : Anglaise Patronus : Un corbeau Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et crin de licorne Avatar : Diego LunaMessages : 365 Double-Compte : Desiderata / Aurora / Minerva / Solveig / Albus Date d'inscription : 27/08/2019
C’était idiot, de pleurer ainsi comme un enfant sermonné. Cela, Belladone lui-même le savait, suffisamment intelligent pour comprendre que la grandeur de Grindelwald n’était plus rien ici, et que celui qui, autrefois, l’aurait écrasé du bout de l’ongle sans même un frémissement de cils blonds, aujourd’hui aurait été contraint de considérer le jeune homme comme un égal, si le dit jeune homme avait eu la trempe nécessaire pour cette insolence. Si le dénuement certain de courage du benjamin Raven pesait certes lourd dans la balance, cette donnée n’était pas seule dans l’équation qui le soumettait à cette liaison étrange qui le nouait au mage noir repenti. Peut-être était-ce désuet et naïf, mais, même en omettant la peur que pouvait lui inspirer Grindelwald lors de ses accès de rage terrible, Belladone ne pouvait s’imaginer humilier un vaincu en le regardant de haut, narguant d’un sourire sardonique l’impuissance à laquelle on l’avait enferrée où en lui jetant des regards curieux de bête de foire enchaînée sans même daigner lui adresser la parole. Car qui parlait à Gellert au sein de cette cage dorée, dont les barreaux invisibles dissimulaient mal, pourtant, l’amertume de sa défaite ? N’était-ce pas pire qu’Azkaban, finalement, ce silence assourdissant, impitoyable auquel on le contraignait, tandis qu’immobile et vaincu, il supportait le brouhaha des autres, au beau milieu duquel on ne le mêlait pas ?
En réalité on ne parlait pas beaucoup à Belladone non plus. Mais si le silence convenait au jeune Professeur lunaire, qui se méfiait de l’art de la conversation qu’il maîtrisait si peu qu’il avait déjà eu à essuyer des dégâts semblables à celui de l’incident précédent, il doutait que la réciproque fut vraie pour le grand Gellert Grindelwald, qui avait été écouté, adulé et vénéré. En réalité, entre les nombreuses préoccupations d’Albus Dumbledore que Belladone voyait peu finalement, le mutisme étourdi de Gaïa avec laquelle il s’était lié d’amitié et le Professeur Vargas dont il fuyait les monologues déprimants comme la dragoncelle, Grindelwald était peut-être celui avec lequel Belladone s’entretenait le plus, et leurs solitudes respectives semblaient se rejoindre toujours, malgré les colères du grand sorcier et les faiblesses maladroites du jeune homme. Et l’hostilité ouverte qu’avait voué d’emblée Grindelwald au sorcier sans talent qu’était Belladone semblait s’être muée en une relation étrange, comme une confiance insolite en sa faiblesse et sa bonté trop grande, lui, qui, seul, ne se refusait pas à la compagnie du mage noir. Et c’est touché plus que de raison que le jeune sorcier leva son regard noir embué de larmes vers ce grand sorcier si fier qui s’excusait une fois encore devant son fragile collègue dont l’écheveau d’évènements de la nuit avait fini par avoir raison de ses nerfs. Un pâle sourire vint éclairer le visage mortifié du jeune homme qui se ressaisissait enfin, fouillant dans son peignoir d’une main fébrile pour y trouver un mouchoir de poche, avant de hausser les épaules et d’utiliser une de ses manches pour tamponner ses yeux humides, et lui-même rassurer son aîné, dont l’ombre d’une mélancolie certaine qui passa furtivement sur son visage blafard vint confirmer sa théorie ; Grindelwald ne voulait plus effrayer Belladone, ne voulait plus même lui faire de peine, et cette colère n’avait été que le fruit d’un malentendu terrible entre deux hommes qui ne parlaient que trop peu, et avec trop peu de gens :
- Ne vous en faites pas…C’est idiot, je suis très fatigué en ce moment…Auriez-vous cru que l’enseignement soit si ardu ?
Si Grindelwald semblait las lui aussi, l’enseignement des Runes à des classes réduites et sans nul doute respectueuses de l’autorité craintive que sa haute stature blonde inspirait n’y était pour rien. Belladone s’imagina devoir partager le toit, le quotidien et les repas d’un amour déchu, dont les braises froides et mortes remuaient encore les tripes malgré de longues décennies, sur le brasier duquel avait été immolé le cadavre d’une jeune fille, dont le spectre éthéré hantait la relation désormais maudite. Un frisson lui parcourut l’échine. Il ne voulait plus penser à la trahison terrible qui avait dû balafrer le cœur de Dumbledore, il ne voulait plus s’imaginer le crève-cœur d’avoir vécu un amour qui aurait causé la perte d’un de ses frères ou d’une de ses sœurs ; et, plus que tout, il ne voulait plus écouter le doute insidieux, terrible, presque profane qui s’insurgeait en son âme dévouée à Dumbledore, ce doute qui s’étonnait de l’indifférence qu’il vouait au sort tragique de la jeune Lavande, ce doute qui l’interpellait étrangement sur la rancœur du châtiment qu’il infligeait à Grindelwald, qui paraissait douceâtre et magnanime aux yeux extérieurs, mais qui, manifestement, était en train de détruire l’intéressé. C’était compréhensible, pourtant. La cadavre d’Ariana Dumbledore se dressait entre la bonté sans failles d’Albus et le chagrin incommensurable qu’avait dû lui causer sa perte, doublée de la trahison de celui qui avait son amant. Belladone ne voulait plus penser à cela, mais il y était obligé par l’intarissable besoin de confession de Grindelwald qui épanchait sa honte, sa culpabilité et sa certitude inébranlable d’être un monstre et que rien, jamais, ne pourrait changer cette face immuable de son âme.
- Mais vous avez aimé…, Vous aimez toujours…Gellert, comment quelqu’un qui a pu aimer si longtemps peut-il vraiment être un monstre ? Je connais vos crimes…Et je ne les nie pas…Mais votre venue ici cette nuit prouve que vous êtes capable de ressentir autre chose que de la colère ou de la fierté…Si vous étiez réellement un monstre, ou si vous n’étiez pas capable de changer, sans doute m’auriez-vous tué ce jour-là…Qui donc aurait pu vous arrêter, hormis le Professeur Dumbledore ? Vous savez que vous auriez eu le temps de fuir, et je le savais aussi…Pourtant vous m’avez laissé la vie sauve et vous êtes resté…Je ne l’oublierai jamais vous savez…
C’était vrai. Tous deux étaient suffisamment intelligents pour le savoir. Si Grindelwald avait voulu s’enfuir ce jour-là, il lui aurait suffi d’un éclair de lumière verte, d’un cadavre de plus, insignifiant, et de transplaner à l’abri du seul sorcier qui aurait pu courir à sa perte. Si Belladone avait lu l’hésitation dans ses yeux, ainsi que l’ombre de propre mort l’effleurer de ses doigts roides, Gellert n’en avait rien fait, et ne lui en déplaise, il y voyait là l’ombre d’une repentance, résignée, inconsciente peut-être, mais il avait délibérément sacrifié son ultime espoir de liberté et de grandeur despote en épargnant la vie de son jeune collègue, ce soir-là. Grindelwald était malheureux, et Belladone ne pouvait rien contre cette empathie qui outrepassait les limites du crime et du sang sur les mains. Le plus grand mage noir de l’époque avait besoin de lui alors il serait là, même s’il ne lui apportait qu’un maigre réconfort, et même s’il lui fallait encore essuyer sa colère. C’était une tristesse indicible, acerbe et cynique qu’il lui fallait aider à surmonter, sans doute exacerbée par l’alcool dont il paraissait nettement avoir abusé.
- Ce n’est pas vrai. Il y’en aura pour ne pas se réjouir de votre mort, et vous défendre d’une telle infâmie, et j’en ferais partie. Le Professeur Dumbledore aussi, j’en suis convaincu, ainsi que la jeune Lavande. Encore faudrait-il que nous vous survivions, et rien n’est moins sûr. Vous pouvez me considérer comme votre ami, aussi peu que cela puisse représenter pour vous.
Belladone ne s’était pas laissé abuser par le rire sinistre, sans joie, qui s’était échappé des lèvres pâles de Grindelwald. Ce soir il semblait vraiment au trente sixième dessous, d’où la délicatesse que le jeune homme tâchait d’insuffler à sa réponse, et aussi sordide soit le sujet sur lequel la conversation avait dérivé. Car il avait un peu menti, Belladone. Oui, bien sûr, il y’en aurait pléthore, des sorciers qui se réjouiraient de la mort de Grindelwald, les victimes collatérales de ses crimes, les familles éplorées, ainsi que tous les autres qui, à l’instinct des charognards, se plaisaient à se repaître de la mort des vaincus. Collègue ou non, ami ou pas, Belladone, jamais, n’aurait le cœur assez sombre pour se joindre à une vindicte populaire autour d’un gisant. D’ailleurs Grindelwald semblait soudain se souvenir de l’heure et de l’endroit où il se trouvait, car, après une nouvelle et subtile évocation à l’état honteux dans lequel se trouvait Belladone à son arrivée, et qui le fit de nouveau rougir jusqu’à la racine des cheveux, le mage noir tenta de se lever, mais vacilla en fermant les yeux, tant et si bien que le jeune homme, qui après s’être fait chassé s’était promis de ne tenter aucun contact, céda à la panique de le voir choir. Se levant précipitamment pour se saisir de la haute stature par le coude, conscient de l’impuissance de son frêle corps s’il fallait relever le grand Gellert Grindelwald d’une chute éventuelle :
- Voulez-vous me faire plaisir et vous rasseoir ? Vous ne me dérangez pas, vous m’avez réveillé et hum…eh bien…Enfin, je n’ai plus sommeil, et vous ne me dérangez pas. Si le fauteuil ne vous sied pas je peux vous céder mon lit…Vous savez je m’y suis tellement endormi, sur ce fauteuil, que j’y suis habitué, et cela me rassurerait de savoir que vous n’êtes pas en chemise dans les couloirs…Mais, si vous ne tenez vraiment pas à rester, laissez-moi au moins vous raccompagner…
Belladone aurait voulu avoir le cran de lui faire comprendre que Grindelwald, en tant qu’homme, ne devait pas être étranger à ce genre de réveil inconscient et naturel, mais s’était ravisé. C’était encore trop pour lui, malgré l’intimité de ces confidences, malgré la bienveillance à laquelle Gellert se pliait, sa timidité proche de la pudibonderie lui nouant la gorge. Et il se refusait à laisser un Grindelwald ivre, pieds nus et en chemise errer dans les couloirs de Poudlard, seul…Seul. Mais d’ailleurs, qu’avait-il donc fait de ses gardiens ? Un regard surpris et admiratif se leva vers le visage d’albâtre. Si Belladone avait douté une seule seconde de la puissance du grand mage noir, la vérité aurait vite été rétablie. Désarmé, ivre et triste, le grand Gellert Grindelwald était parvenu, on ne sait comment, à échapper aux griffes des Aurors qui représentaient l’élite sorcière. Décidément, Belladone, en acceptant la proposition alléchante de Dumbledore, avait trouvé l’amitié la plus fascinante et la plus improbable qui soit.
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Gellert Grindelwald
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Âge : 59 ans Sang : Sang-Mêlé Nationalité : Austro-Hongrois Patronus : Phénix Épouvantard : Albus Dumbledore / Le cadavre d'Ariana Dumbledore / Lui-même vieux et affaibli Reflet du Riséd : Albus Dumbledore Baguette : Aucune, confisquée par le Ministère Avatar : Johnny DeppMessages : 897 Double-Compte : Darragh O'Sadhbh et Morgan DeWitt Date d'inscription : 14/02/2019 Âge IRL : 28
Gellert avait laissé parler Belladone. Après avoir rapidement fait une petite plaisanterie sur le fait d’enseigner, ce à quoi le mage noir répondit par un sourire distant. Leurs deux matières n’avaient pas grand-chose en commun, finalement mais Grindelwald ne doutait pas que son jeune collègue commençait à ressentir la fatigue sur ses frêles épaules. Après tout, le benjamin des professeurs devait gérer intégralement tous les élèves de l’école chaque semaine. Presque trois cents individus à qu’il fallait apprendre les rudiments, les bases des défenses du monde magique. De l’autre côté, le repenti n’avait probablement même pas une trentaine d’élèves. Entre ceux qui avaient abandonné en cours de route, ceux qui n’avaient même pas pris l’Étude des Runes en option, ses cours étaient en petit comité, intime presque, parfois surplombé par un lourd silence anxiogène où certains élèves étaient trop impressionnés pour dire quoique ce soit, osant à peine participant. Il fallait dire cependant que Grindelwald ne forçait pas son talent, leur imposant très régulièrement des devoirs sur table afin d’avoir la paix. Une paix qu’il usait principalement à corriger les copies des autres élèves ou à lire. Rien de très productif au final, mais même s’il ne faisait pas son travail avec passion, il restait tout de même consciencieux.
Cependant, le petit monologue suivant de Belladone ne parvint pas à lui enlever les images noires de sa cervelle. Malgré ce que dirait son cadet, il ne restait un personnage affreux, les bras couverts de sang jusqu’aux épaules. Il était ici pour être châtié, rien de plus et en réalité, il n’arrivait déjà plus à tenir. Quinze années d’Azkaban pour finalement ployer le genou au bout d’une dizaine de semaines. Le constat était affligeant pour l’ego surdimensionné du mage noir qui était réduit à se plaindre de cette vie qu’il avait indéniablement mérité à un jeune qui n’avait pas même la trentaine et qui avait pourtant un poste plus prestigieux que le sien. Non, le petit discours sur le cœur atrophié et pourtant capable d’aimer de Gellert n’arrangea l’opinion de ce dernier. Belladone évoqua alors cette fin de journée où le mage noir avait eu l’opportunité de redémarrer sa rébellion, au cœur même du bastion qui lui avait fait défaut, pouvant exécuter son seul obstacle avec l’effet de surprise en sa faveur. Et il était vrai que Gellert avait épargné la vie de son collègue et sûrement de plein d’autres innocents. Épargné d’une mort perpétuée par lui-même.
Belladone mentait, cela semblait évident. Personne ne serait attristé de sa mort. Peut-être son cadet en effet et également Lavande. Mais il refusait de croire qu’il allait manquer à ses nouveaux collègues ou qu’Albus allait pleurer sa mort. C’était parfaitement improbable et inimaginable. Si l’une de ses visions, celle-là même qui l’avait poussé à se rendre au Ministère des années auparavant, l’annonçait mourant seul et vieux, assassiné par il ne savait trop qui dans sa cellule, rien ne semblait annoncer un deuil improbable de la part de certains. Au final, il valait mieux avoir un dernier coup d’éclat afin que son nom ne meure pas comme une braise au milieu des cendres. Belladone avait pourtant dit qu’il pouvait le considérer comme un ami. Contre toute attente, cela réchauffa les entrailles du mage noir, autrement que par l’abus d’alcool. Tandis qu’il était déjà debout et tanguait dangereusement pour garder l’équilibre, il offrit un sourire sincère et reconnaissant à son jeune collègue qui faisait tout pour essayer de remonter le moral d’un homme qui pourrait le tuer facilement aussi bien par la magie qu’à mains nues. Par ailleurs, il s’empressa de venir lui servir d’appui, lui intimant presque fermement de retourner s’asseoir.
Gellert n’avait pas envie de dormir, même si son corps supportait de moins en moins la charge d’alcool qu’il avait ingérée des dizaines de minutes plus tôt. Il remercia Belladone d’un nouveau sourire, le regardant droit dans les yeux, les mots de son cadet trop bienveillant pour lui hantant son esprit meurtri et gangréné par des années de haine. Finalement, il finit par prendre son comparse dans les bras et le serrer avec une force qu’il avait dû mal à juger de par son ivresse. S’il avait déjà usé du contact physique chaleureux pour rassurer ceux qu’il voulait enrôler à sa cause, c’était lui, cette fois-ci, qui avait besoin d’être rassuré. Sans rien dire, il continua de presser le corps frêle de Belladone contre lui, se moquant bien de son avis au final. Ne venait-il pas de dire qu’il était son ami ? C’était une façon de prouver ses dires comme une autre. Ne bougeant toujours pas, réconforté par la chaleur du corps de son collègue, il finit par soupirer profondément son ivresse avec tristesse. Sa confession n’était pas terminée et il se doutait que son collègue pouvait en avoir assez que le mage noir ne cessât de se plaindre de son statut de monstre.
— Tu dis que je ne suis pas un monstre parce que je suis capable d’aimer. Mais j’ai voulu le tuer pendant si longtemps. Il était ma seule faiblesse, le seul à pouvoir se mettre en travers de mon chemin. Encore aujourd’hui, je me dis que s’il venait à disparaître, ce serait beaucoup plus simple. L’affection me dérange.
Pourtant, à mesure qu’il disait ces mots, il tenait toujours Belladone contre lui, comme pour l’empêcher de fuir malgré ses propos lugubres et macabres. Finalement, il finit par relâcher son pauvre collègue qui n’avait rien demandé et se rassit docilement dans le fauteuil, les yeux perdus dans le vide.
— Me raccompagner, pour quoi faire ? Il y a les Aurors qui doivent attendre dans le bureau, ils vont me ramener rapidement, ils n’ont pas dû apprécier que je leur claque la porte au nez. Après, j’ai déjà suffisamment abusé de ton temps et de ta gentillesse comme ça.
Ne se levant pourtant pas, Gellert continua de ruminer son alcool triste dans sa tête, ne sachant pas quelle décision prendre pour le lendemain. Rentrer à Azkaban et abandonner Poudlard qui le tuait à petit feu ou accepter cette agonie suppliciatrice qui permettrait à Lavande de s’épanouir dans sa vie ? Est-ce que cela redorerait son image auprès d’Albus ?
— Les Détraqueurs me manquent, au moins, je pouvais me défendre contre eux.
S’il ne subissait aucune violence physique ou mentale, son esprit n’était pas moins soumis à une torture maligne qui ne prenait que forme par son statut d’étranger total et de l’indifférence parfaite d’Albus. Grindelwald était vaincu par sa non-existence au milieu des murs de Poudlard. Finalement, il reprit la couverture et recroquevilla son corps dessous, attendant presque que Belladone ne le mette à la porte. Ne souhaitant pourtant une telle chose, il dit d’une voix effacée et rauque :
— Merci d’être là, au fait…
Il devait sûrement lui casser un mythe, mais sa propre légende venait d’être sévèrement abîmée dans sa propre estime. Ne songeant même pas au fait qu’il ne pourrait certainement plus se regarder dans un miroir à partir du lendemain, Grindelwald soupira une nouvelle fois et appuya mollement sa tête dans sa main.
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Belladone Raven
Âge : 28 ans Sang : Sang-Pur Nationalité : Anglaise Patronus : Un corbeau Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et crin de licorne Avatar : Diego LunaMessages : 365 Double-Compte : Desiderata / Aurora / Minerva / Solveig / Albus Date d'inscription : 27/08/2019
Sujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Ven 28 Fév - 15:06
Onirisme et Révélations
« Bureau du Professeur de DCFM »
Hiver 1942 Les tentatives de Belladone pour réchauffer un tant soit peu le cœur de glace de Grindelwald paraissaient vouées à l’échec. Mortes dans l’œuf, avortées avant même d’avoir eu le temps d’insuffler une lueur de chaleur mordorée au creux de l’âme délaissée du grand sorcier repenti, vaincu, Gellert restait morose, impassible dans le cynisme désabusé de sa peine et de la lassitude résignée qui l’envahissait soudain, comme comprenant qu’il n’avait peut-être jamais eu que des partisans, à défaut d’amis véritables. Car alors que le jeune et timide Raven lui offrait son amitié, sincère et chaleureuse, extirpée tout droit des tréfonds de sa bonté d’âme d’enfant, qui ne voulait que le bien des autres, et qui se réchauffait de se voir l’auteur d’un bienfait quelconque, même minime, sur une âme en peine, Gellert lui sourit. Et ce sourire plein de gratitude lui brisa le cœur, parce qu’il n’était rien, rien d’autre qu’un sorcier malhabile, faible et maladroit, et que c’était à lui, pourtant, que le grand criminel repenti avait accordé sa confiance, et que lui seul, sans nul doute, avait eu l’âme assez tendre pour s’offrir à l’affection de l’auguste sorcier, fut-ce un assassin fut-ce un despote déchu.
La main de Belladone, prudente, était toujours posée sur le coude blafard, glacé par la légèreté de la chemise avec laquelle l’Autrichien avait arpenté les couloirs en pleine nuit. Le jeune homme priait de toutes ses forces pour que le grand Gellert Grindelwald ne s’effondre pas entre ses bras frêles qui n’auraient guère la force nécessaire de retenir sa chute. Mais non. La solidité inébranlable de l’immense sorcier le tenait fermement debout, et son regard polaire ne vacillait pas lorsqu’il le plongea dans l’encre tendre et bouleversé des prunelles de son jeune collègue, qui n’eut soudain plus à douter d’une fragilité temporaire de Grindelwald lorsque celui-ci le serra dans ses bras à l’étouffer, avec la même aisance que si Belladone avait été un fétu de paille.
C’était quelque chose d’étrange que le contact des membres frêles du jeune sorcier contre le torse roide et glacé du plus grand mage noir de l’époque. C’était déroutant et impressionnant, de sentir le cœur du grand Grindelwald cogner contre sa poitrine, tandis que les bras d’albâtre l’étouffaient presque sous les étreintes dont il n’avait dû profiter que trop rarement. Malhabile et attendri, Belladone tapotait avec maladresse l’épaule large de sa main tremblante, son visage à moitié étouffé contre la poitrine roide de l’auguste mage. Gellert semblait profitait de l’aveuglément auquel il soumettait son jeune collègue pour s’épancher de ce qui semblait être son remord le plus terrible, sa confidence la plus inavouable, à savoir son désir insatiable et qui l’avait poursuivi des années durant, de vouloir réduire à néant le seul et unique amour de sa vie, annihilant par-là la seule faiblesse capable d’avoir raison de ses rêves de grandeur et de gloire. Un effroi s’empara soudain de Belladone, à l’idée que peut être Grindelwald pouvait encore être animé de la sourde envie de faire du mal à Albus Dumbledore, et son corps se raidit légèrement, presque imperceptiblement sous la révélation, et son envie de marmonner la question qui lui brûlait les lèvres fut réfrénée par son visage qui s’enfouissait contre la poitrine glacée, et qui l’aurait rendu incompréhensible.
Grindelwald finit par relâcher l’étreinte, et Belladone vacilla, manquant perdre l’équilibre tant la force de son aîné semblait le soutenir l’instant d’avant. Le jeune homme imita son collègue et se rassit au fond de son fauteuil, n’osant guère poser cette question qui brûlait ses lèvres tremblantes, qui risquerait de blesser de nouveau la susceptibilité de Gellert, d’autant plus que la réponse ne lui apporterait rien. Dumbledore n’était pas idiot et restait très certainement sur ses gardes, malgré la surveillance constance de Grindelwald et l’absence d’armes dont on l’avait privé. Quel intérêt de réclamer au grand mage noir une réponse à laquelle, sans nul doute Albus s’attendait déjà ? Belladone n’avait guère envie, ce soir, d’effriter les bases instables et toute neuve d’une confiance affectueuse qui liait les deux solitaires, désormais. Un sourire pâle vint étirer le visage las du timide jeune homme tandis qu’une fois encore, il s’évertuait tant bien que mal à soulager le plus grand mage noir du siècle de cet isolement dans les tréfonds duquel on le laissait agoniser allègrement :
- L’affection vous dérange parce que vous vous en êtes privé trop longtemps, Gellert…Vous savez, elle est considérée à tort comme une faiblesse, parce que je crois qu’au nom de l’affection ou de l’amour que l’on porte à quelqu’un, les choses que l’on peut accomplir dépassent de très loin ce qui est alimenté par la haine ou le désir de pouvoir…Si vous utilisiez cet amour comme une force, vous seriez capable d’en faire des choses immenses, j’en suis persuadé…
Tapi au fond de son fauteuil, Gellert répondait à la question mutique qui avait taraudé Belladone, tout à l’heure. Il avait laissé sans l’ombre d’un scrupule, dans le froid nocturne des couloirs sinistres, ses deux geôliers qui devaient l’attendre en trépignant d’impatience et de colère ruminée. Le visage renfrogné de Narcisse, son Auror de frère, qui aurait pu se trouver à la place de ces deux-là vint, une seconde, éclairer l’esprit de Belladone, qui se surprit à esquisser un sourire amusé.
- Sans doute que non, mais tant pis n’est-ce pas ? C’est vous et non eux qui avez besoin de soutien cette nuit, et puis cela ne vous arrive guère souvent. Quant à moi, je vous répète que vous ne me dérangez pas. Vous êtes un peu mon excuse pour finir ce sachet de Patacitrouilles qui me nargue depuis la veille.
Ce disant, Belladone fourra dans sa bouche une des rares confiseries qui gisaient encore au fond du sachet, avec une naïveté enjouée, exempte de sa grâce mesurée qui lui était coutumière, avalant le reste du contenu de sa tasse de porcelaine qui était froid désormais. L’évocation des Détraqueurs, plus que le breuvage tiédi, firent courir un frisson le long de l’échine de Belladone. Ces créatures terribles lui faisaient littéralement froid dans le dos, et l’exceptionnelle longévité de sa la santé mentale de Grindelwald en leur compagnie forçait véritablement le respect et l’admiration, fut-ce teintées d’effroi. Et Belladone avait peur soudain, que le grand mage noir mette ses menaces à exécution, que son insolence se démarque en quelque sottise planifiée qui le renverrait auprès de ces terribles geôliers, ad vitam aeternam cette fois-ci :
- Ne dites pas cela je vous en prie…Ce sont de bien terribles créatures, peut-être les pires qui puissent exister…Vous savez, je ne suis pas favorable à leurs rôles de gardiens d’Azkaban, je trouve que cela porte atteinte aux droits et à la dignité des sorciers prisonniers…Vous savez Gellert, j’ignore ce que vous avez eu à endurer d’eux, mais sachez que je ne suis pas partisan de cette torture…Pourtant vous…Vous…avez l’air de vous êtes admirablement bien sorti d’une si longue captivité auprès d’eux…Oh, j’ai peur que vous trouviez ma curiosité déplacée mais…Je…je me demande bien comment vous avez pu faire…En tout cas prenez garde, si je ne vous vois pas demain au petit-déjeuner, je risque fort d’aller moi-même vous chercher…Je ne vais guère laisser retourner à Azkaban mon seul collègue qui apprécie de partager mes confiseries !
Belladone n’était ni quelqu’un de drôle, ni quelqu’un de léger. Pourtant son sérieux et sa morosité étaient peut-être un des rares points qu’il partageait avec Grindelwald, mais cette nuit il s’essayait à l’humour, parce qu’il sentait que son aîné était véritablement effondré, et qu’il y’avait de la réalité dans sa menace de se livrer de nouveau à l’infâmie de ces créatures que le jeune homme exécrait. Sans doute Belladone dramatisait-il, et demain et à jeun, l’humeur de Gellert serait remise d’aplomb par quelques heures de sommeil. Mais c’était cette nuit qu’il avait besoin de réconfort, et lorsque son aîné lui exprima sa gratitude, le jeune homme baissa les yeux en rougissant, gêné et attendri de la confiance que Grindelwald lui accordait :
- Mais ce n’est rien vous dis-je…Je peux aller prévenir les Aurors pour vous, leur dire que vous passerez la nuit ici, si vous voulez…
Belladone jeta un regard chaleureux et bienveillant vers Grindelwald, mais de nouveau sa lassitude l’avait rattrapé. Sa tête reposait dans le creux de sa main blanche, et il s’en fallait de peu pour qu’il ne s’endorme pour de bon au fond de ce fauteuil de cuir brun, devant le feu dansant, repu du sucre de confiseries qu’il n’avait pas touché depuis de longues années.
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Gellert Grindelwald
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Âge : 59 ans Sang : Sang-Mêlé Nationalité : Austro-Hongrois Patronus : Phénix Épouvantard : Albus Dumbledore / Le cadavre d'Ariana Dumbledore / Lui-même vieux et affaibli Reflet du Riséd : Albus Dumbledore Baguette : Aucune, confisquée par le Ministère Avatar : Johnny DeppMessages : 897 Double-Compte : Darragh O'Sadhbh et Morgan DeWitt Date d'inscription : 14/02/2019 Âge IRL : 28
Sujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Ven 28 Fév - 17:06
Onirisme et Révélations
« NIHILIST BLUES. »
Bureau de DFCM, Hiver 1942.
Les mots de Belladone aussi sincères et pleins de bonne volonté étaient-ils, sonnaient tristement faux dans les oreilles du mage noir. Le regard las posé sur les flammes dansantes de l’âtre, Grindelwald avait beau songé aux réalités qu’évoquait son collègue. Des grandes choses, il en avait faites après tout. Il avait rallié des centaines de personnes à sa cause, les unissant sous un même symbole, un but commun, une promesse de liberté qui avait viré au bain de sang par des émotions qui avaient tourné aux pulsions vindicatives du leader. Grindelwald avait cessé de vouloir se laisser marcher sur les pieds. D’un naturel autoritaire, voire totalitaire, il avait toujours tout fait pour prouver au monde sa grandeur quitte à faire plier l’échine de ses opposants. Triomphant sur un trône éphémère fait des crânes de ses ennemis, tout aurait fini par voler en éclat. Il l’avait vu. Alors il avait préféré tout arrêter. Se saborder lui-même plutôt que de voir son pavillon mourir sous les feux des bannières ennemis. Est-ce que l’amour l’aurait à accomplir de plus grandes choses encore ? Albus avait renoncé à son amour pour lui. Il avait décidé de ne pas le suivre dans leur quête commune.
L’amour était un poison que Grindelwald avait haineusement refusé de s’infecter dans les veines. Il avait fini par s’étouffer par son propre orgueil et maintenant, s’enfoncer dans les abysses de Poudlard, devant ce feu aux flammes joyeuses, l’estomac englué entre l’alcool et les confiseries qui formaient un bien mauvais mélange. Il avait fini par raconter une partie de sa vie dont il avait toujours eu honte. Il avait avoué des choses qu’il aurait préféré s’arracher de lui-même pour les oublier. En réalité, il ne méritait aucunement cette détention à Poudlard. Elle était trop douce pour un homme que lui dont la culpabilité de ses crimes le recouvrait d’un sang indélébile. Mais malgré ce que tout le monde pouvait penser, elle s’avérait bien plus rude qu’Azkaban. Belladone le questionna à propos des Détraqueurs, semblant connaître son petit secret. Il était vrai que l’espérance de vie dans la prison des sorciers était réputée pour être assez courte, en témoignait le cours séjour de Perceval Dumbledore. Rares étaient ceux qui en ressortaient vivants. Et ceux qui n’en gardaient aucune séquelle mentale devaient se compter sur les doigts d’une main. Un sourire se dessina sur les lèvres du mage noir dont le regard contemplait toujours les flammes danser.
— Être un Occlumens inné protège contre les Détraqueurs. Mais comme j’en suis un puissant, je me suis bloqué à eux constamment. Les Détraqueurs sont un instrument de torture incroyable, mais ils ont de nombreuses failles. Les patronus mais également tout ce qui n’est pas d’ordre d’émotion humaine.
Sa capacité à verrouiller ses émotions aux Détraqueurs pendant quinze ans l’avait sans nul doute plus marqué qu’il ne le pensait. Cette expérience l’avait sans doute plongé dans une fatigue viscérale dont il en ignorait même l’existence. En arrivant à Poudlard, il avait continué à agir comme l’insolent qu’il avait toujours été, le révolutionnaire que personne n’abattrait jamais. Pourtant, il était désormais à genoux devant un sorcier pour qu’il n’aurait eu aucun intérêt en temps normal. Un sorcier incapable de se débarrasser correctement d’un épouvantard. Un intelligent incapable qui lui servait de confident. Peut-être même d’ami. C’était un mot assez fort au final, pour lui, dont peu de ses connaissances avaient pu en être affublés. Une seule, même. Une seule personne avait pu se considérer comme l’ami de Gellert Grindelwald. Et cette personne était devenue bien plus que cela au final. Il eut un sourire triste, son regard ne quittant pas le feu de la cheminée.
— Albus apprécie les sucreries aussi. Donne-lui quelque chose au citron et je suis certain qu’il se gavera avec toi.
Avec un soupir las, il s’affala un peu plus dans son fauteuil, étant ses jambes devant lui avec nonchalance, remontant la couverture jusqu’à son menton, découvrant ses pieds nus. Il regarda cet inconfort soudain et ronchonna de manière inintelligible avant d’essayer de trouver une position plus confortable. Il ne voulait pas faire le parallèle avec sa vie vingt ans en arrière où son problème majeur était de trouver un nombre de partisans assez fidèles à sa cause. Désormais, le mage noir, ivre, rouspétait dans sa barbe au sujet de cette position inconfortable, cette couverture trop courte, à devoir choisir entre les pieds nus ou le haut du corps.
— Ne les préviens pas, ils vont croire que je complote quelque chose avec toi, tu risques d’avoir des ennuis. Ils ne doivent même pas comprendre pourquoi j’ai ordonné à te voir tout de suite.
Il eut un rire nerveux avant de se dire que rentrer dans ce soi-disant bureau qui lui servait de cellule serait peut-être le plus sage. Passer la nuit dans les appartements de Belladone ne ferait pas les affaires de ce dernier. Il aurait probablement des problèmes avec les Aurors et ils en oubliaient même Albus qui risquer de ne pas voir cette proximité d’un bon œil. Le professeur de métamorphoses serait capable de penser que Gellert tente de retourner son protéger contre lui ou tente de le faire destituer d’une façon ou d’une autre par une machination sordide tout droit sorti de son esprit tortueux. Si en plus Belladone, dans sa grande honnêteté, venait à dire que le mage noir avait juste eu l’ivresse dépressive et qu’il avait besoin de compagnie, sa crédibilité en prendrait un sacré. Ou alors, Albus le croirait effectivement sur paroles et son regard sur l’ancien mage noir n’en serait qu’encore plus dégradé. Grindelwald soupira, las de cette déchéance inéluctable qu’il ne pouvait que constater avec une extrême extériorité détachée.
— N’essaye pas de me faire croire que je vais te manquer si je ne suis pas là demain. J’en parlerai à Albus au pire, on verra bien ce qu’il me dira. Et puis, au pire, j’aurai peut-être tout oublié demain va savoir.
Il eut un rire nerveux avant d’avoir une moue et de reporter son regard sur le feu.
— Je pense que le plus sage serait de rentrer dans mon… ma cage. Ça t’évitera des ennuis demain.
Il fit une pause, son corps comme refusant d’entamer le mouvement qui lui permettrait de se lever du fauteuil.
— Même si je dois t’avouer que je n’ai pas envie de bouger.
Il soupira profondément, songeant de nouveau au petit monologue de Raven sur l’affection et l’amour. Il avait reçu l’adoration de beaucoup. Il avait été adulé, loué, scandé. Mais au final, il n’avait été qu’un nom, qu’une image. Jamais l’être qu’il était avait été apprécié. Il s’était arrangé pour mentir à Albus et ainsi jouer le faussaire avec lui, le menteur. Il avait porté un masque pour dissimuler celui qui ressentait, pour recouvrir ce cœur qui pouvait battre. Au final, savait-il qui il était vraiment ? Il s’était complait dans son visage de monstre, oubliant qu’il avait pu être autre chose, se transformant peut-être lui-même en une sorte de Détraqueur de chair et de sang désirant détruire toute once de bonheur dans ce monde juste pour sa révolution dont il avait même perdu le sens principal en cours de route.
— Je ne mérite l’affection de personne, Belladone. En réalité, personne ne m’a jamais aimé, j’ai toujours tout fait pour ne jamais être totalement sincère. La sympathie des autres à mon égard était une illusion dont ils n’avaient même pas conscience. Qui sait si je ne suis pas en train de façonner une machination pour faire de toi un allié et d’avoir ta confiance ? Pourquoi me ferais-tu confiance ? Si cela se trouve, je ne suis pas vraiment ivre mais je fais tout comme, juste pour que tu baisses ta garde. J’ai souvent fait ça, tromper les autres. J’ai même toujours fait ça.
Pourtant il ne regardait pas Belladone, continuant de regarder son feu sans que l’ombre d’un sourire ne vienne se dessiner sur son visage de craie. Au final, il s’était dupé lui-même, ne se reconnaissant même plus dans les vestiges qu’il était. Est-ce que cela était bien nécessaire de vouloir semer le doute dans l’esprit fertile de Belladone ? Inculquer cette possibilité que Gellert jouât de son jeune collègue était une manière de se protéger au final : une nouvelle fois, il voulait se détacher de toute ce qui pouvait être affectueux. Si Belladone l’appréciait, Grindelwald faisait naturellement en sorte qu’il changeât d’avis, prétextant la feintise et le mensonge afin de s’emmurer éternellement dans la glace de son être. Mais peut-être avait-il juste besoin de dormir au final...
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Belladone Raven
Âge : 28 ans Sang : Sang-Pur Nationalité : Anglaise Patronus : Un corbeau Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et crin de licorne Avatar : Diego LunaMessages : 365 Double-Compte : Desiderata / Aurora / Minerva / Solveig / Albus Date d'inscription : 27/08/2019
Sujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Mer 4 Mar - 14:04
Onirisme et Révélations
« Bureau du Professeur de DCFM »
Hiver 1942 La curiosité innée, naturelle de Belladone, qui lui avait brûlé les lèvres, s’était échappée avec cette candeur fascinée qui caractérisait sa soif d’une culture des Forces Obscures qui lui paraissait insatiable. Il fallait avouer que la formidable résistance de Grindelwald forçait l’admiration et le respect, d’autant plus qu’à la lecture de nombreux témoignages glaçants qui l’avaient indigné, Belladone n’avait pas d’exemple aussi frappant que l’auguste mage noir, en terme de longévité et de subsistance mentale, contraint à la cohabitation exclusive de ces créatures infâmes qu’étaient les Détraqueurs. Et même Belladone avait consacré quelques semaines de son temps à rédiger un papier sans importance, une forme de plaidoyer pour ces sorciers déchus que l’on condamnait aux tourments éternels en compagnie de la Peur sous sa forme la plus brutale, et l’avait étayée des récits sordides dont il s’était abreuvé avec horreur pour corroborer son opinion défavorable aux gardiens d’Azkaban. Lorsque l’on avait ri de lui et de sa coutumière tendresse, déplacée envers les assassins dont les carcasses criminelles pourrissaient à Azkaban, Belladone avait rangé son travail, las et peiné, mais convaincu, toujours, que les conditions de détenus des prisonniers restaient iniques et indignes de ce monde sorcier qui se prétendait civilisé.
Un sourire flotta sur les lèvres de Grindelwald, peut-être amusé, voire flatté de la curiosité admirative que Belladone admettait sans honte. L’auguste sorcier évoquait l’Occlumancie. Le jeune homme écarquilla ses yeux noirs, brillants d’une stupéfaction incrédule. Oh non, loin de lui l’idée de sous-estimer la puissance du grand Gellert Grindelwald. Mais il fallait que son don inné d’Occlumens soit formidable, pour laisser si longtemps sur leur faim les terribles Détraqueurs, toujours avides de la plus infime parcelle d’espoir, de la plus chétive lueur de joie dont ils cherchaient à se repaître sans vergogne, insatiables, monstrueux et bourreaux. Belladone frissonna de nouveau, ses yeux brillants d’une compassion certaine, mêlée à l’admiration d’un pouvoir tel que l’esprit pourtant fertile du jeune homme n’y avait jamais songé, s’imaginant sans doute une telle puissance comme improbable.
- Voulez-vous dire que vous vous êtes fermé nuit et jour aux Détraqueurs durant quinze années ? Par Merlin, Gellert, j’ignorais même que cela était possible. Cela a dû atrocement vous épuiser…
De fait, ce soir, Gellert paraissait las. Non pas las de ces fatigues physiques qui se soulagent en une bonne nuit de sommeil, mais épuisé de toute cette vie de gloire et de crimes du piédestal de laquelle il s’était jeté seul, de son plein gré, acceptant sa repentance et les humiliations répétées sans mot dire, jusqu’à cette nuit ou, enfin, l’Occlumens formidable s’écroulait dans les bras faibles de Belladone, qui tâchait de toute sa maladresse tendre de relever un tant soit peu le plus grand mage noir de son époque. Pourtant le sourire qui s’étirait sur les lèvres de Grindelwald semblait plus triste encore que ce stoïcisme coutumier qui figeait ses traits d’albâtre, et Belladone peinait à voir ce masque de craie qui avait résisté aux Détraqueurs s’effriter ainsi sous sa maladresse tendre, conscient d’être peut-être le seul qui ne rejetterait pas la douleur du mage noir. Belladone eut un sourire amusé malgré tout, à l’évocation de la gourmandise non dissimulée d’Albus Dumbledore.
- Certes oui, mais je suis en léger désaccord avec lui à ce sujet. Vous évoquez son goût pour le citron, que je ne partage pas. Moi je me damnerai pour le chocolat. Et les Patacitrouilles aussi, mais cela, vous l’aviez déjà remarqué.
Le sourire de Belladone s’élargit, devant l’évocation légère de ce prétendu désaccord qui n’en était pas un, et n’avait pour but que d’amuser un peu Grindelwald dont la morosité semblait inéluctable, cette nuit. Même il refusa la proposition de Belladone, arguant les ennuis potentiels que ce dernier pourrait avoir après avoir passé une partie de la nuit confiné avec Gellert. Le jeune homme haussa les épaules, peu inquiet et un peu désabusé. Ils étaient peu, finalement, à prendre Belladone Raven au sérieux, et lui-même n’était pas certain que la tendresse de son âme, connue et souvent moquée soit jugée suffisamment dangereuse au point de paniquer les Aurors. Mais, loin de lui l’idée de contrarier Grindelwald, dont le rire sans joie n’augurait aucune amélioration d’humeur, le jeune homme toujours attentionné préféra s’empresser à se saisir de nouveau de sa baguette, devant l’inconfort manifeste que la couverture trop courte provoquait chez Grindelwald. Une seconde couverture, brune cette fois-ci, plus épaisse mais plus vieille, que Belladone ne sortait qu’en dernier recours, vint atterrir sur ses genoux à lui, voulant éviter les désagréments de sa précédente gaucherie.
- Comme vous voudrez, Gellert…Et prenez donc cette couverture en plus, bien que ma proposition de vous prêter mon lit tienne toujours.
Belladone posa la couverture de laine élimée sur les genoux de Grindelwald, le laissant s’en accommoder à sa guise, tandis que ce dernier déversait de nouveau, dans une sorte de rancœur aigre, l’amertume de peut-être étrangement réconfortante à ses yeux, de se savoir mal-aimé. Le jeune homme comprenait enfin que peut-être cette absence d’affection rassurait quelque peu l’ivresse têtue de Gellert, aussi cessa-t-il de chercher à lui prouver l’authenticité de cette amitié qu’il lui avait offerte avec toute la franchise de son cœur tendre.
- Nous verrons demain, en espérant que vous ayez en effet oublié cette idée sordide…
De nouveau le même rire sans joie, tandis que le regard polaire, obstiné, se confrontait à la chaleur paradoxale de l’âtre, semblait se détourner sciemment de la tendresse d’encre des prunelles de son interlocuteur. Et lorsqu’il évoqua la cellule qui lui servait d’appartements au sein de Poudlard, et que Belladone s’imaginait non sans peine vétuste et sordide, une vague de tristesse vint faire frémir ses lèvres lasses, à l’idée que l’on traitait ainsi le plus puissant des criminels, dont la repentance aurait dû amoindrir le sort. Pourtant, n’importe qui d’autre de moins empathique de Belladone aurait admis que son châtiment était bien léger. Une réclusion à Poudlard, en qualité de Professeur, aussi esseulée et vétuste soit-elle, restait malgré tout une punition bien douce. Et le jeune homme aurait voulu répliquer quelque chose, que ne pas le loger convenablement relevait d’une indignité à ses yeux, une bassesse qu’il ne comprenait pas, et à laquelle il n’adhérait pas non plus, mais il préféra s’empresser de sauter sur l’occasion que Grindelwald lui offrait sur un plateau, pour se montrer un peu plus insistant et l’engager à passer la nuit ici. Au diable les Aurors, quand Gellert avait seulement besoin d’un ami :
- Alors restez Gellert…Si les Aurors veulent me questionner, que vous restiez ou non n’y changera rien, voilà presque une heure que nous bavardons…
De fait, Gellert corroborait ses dires, en s’enfouissant un peu plus au creux de son fauteuil de ses couvertures, semblant enfin se délecter de la chaleur confortable insufflées par ces dernières. Il semblait en profiter pour vagabonder au creux de ses songes, réfléchissant sans nul doute au monologue que Belladone avait au moins espéré être réconfortant, à défaut d’être adroit. Et Grindelwald semblait le mettre en garde, comme s’il désirait annihiler chaque élan d’affection que l’on s’essayait à lui porter, estimant sans doute ne pas les mériter, et ne pas y avoir droit. Et la menace latente d’une manipulation du faible esprit du jeune homme, dans un but machiavélique, précis, qu’à la vérité Belladone avait bien du mal à identifier, parce que persuadé qu’il n’en était rien, au fond. Avec un léger sourire, pesant ses paroles, Belladone, dans un souffle, extirpa de ses lèvres la réplique mesurée qu’il s’apprêtait à opposer au scénario hypothétique de Grindelwald :
- La mienne vous est désormais acquise, ne vous en déplaise. Quant à m’utiliser, je serais vraiment curieux de savoir ce que vous compteriez faire de moi. Vous avez du très vite vous apercevoir que je suis loin d’être un sorcier de talent. Dans l’hypothèse où vous joueriez un jeu avec moi, je me demande bien en quoi je pourrais vous être utile, et j’ai même la certitude que je vous serais plus encombrant qu’autre chose.
C’était peut-être la faiblesse principale de Belladone. Il avait trop vite confiance, et il ne s’en déparait que difficilement, trouvant du beau et du bon même là ou ne germait que la machination et la haine. Mais c’était aussi cela qui faisait de lui l’homme tendre qu’il était, et pour rien au monde il ne voudrait se déparer de cette douceur dont il se moquait, mais qui l’aidait à supporter cet univers sur la terre duquel germait déjà beaucoup trop de laideur à son goût. Belladone voulait avoir confiance en Grindelwald, et lui offrir dans son affection sincère et désintéressée ce que sans nul doute il n’avait jamais obtenu. Un ami véritable, qui n’attendait rien d’autre de lui que la réciprocité de cette affection.
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Gellert Grindelwald
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Âge : 59 ans Sang : Sang-Mêlé Nationalité : Austro-Hongrois Patronus : Phénix Épouvantard : Albus Dumbledore / Le cadavre d'Ariana Dumbledore / Lui-même vieux et affaibli Reflet du Riséd : Albus Dumbledore Baguette : Aucune, confisquée par le Ministère Avatar : Johnny DeppMessages : 897 Double-Compte : Darragh O'Sadhbh et Morgan DeWitt Date d'inscription : 14/02/2019 Âge IRL : 28
Sujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Jeu 5 Mar - 10:27
Onirisme et Révélations
« NIHILIST BLUES. »
Bureau de DFCM, Hiver 1942.
Fixer paresseusement le feu commençait à lui piquer les iris, rendant ses yeux légèrement humides face à la surbrillance émise par les flammes, l’obligeant à détourner le regard pour se concentrer sur les dalles de pierre au sol. Un sourire flatté se dessina sur les lèvres pâles du mage noir même si son exploit évoqué avait effectivement dû le fatiguer extrêmement. En réalité, il n’en savait trop rien. Il avait usé de cette faculté comme d’une méditation, faisant fi de tout le reste. Ainsi, cela lui permettait de passer le temps, ayant vu s’écouler parfois des jours entiers sans bouger le moindre muscle. Dans ses souvenirs, cette transe, il l’avait appliquée généralement quand un nouveau condamné arrivait. Les Détraqueurs étaient alors plus agités et plus agressifs, jusqu’à ce que le prisonnier finisse par perdre tout espoir et toute joie de vivre comme les autres. Peu de temps après son arrivée à Azkaban, par ailleurs, Grindelwald s’était rendu compte que s’il avait voulu s’échapper, il aurait pu le faire facilement : les Détraqueurs ne le repérant pas, il aurait pu faire sauter sa cellule et s’évanouir dans la nature, ne donnant plus aucune trace de vie à qui que ce soit.
Mais non, il était là, avachi dans le fauteuil de Belladone, regardant les pierres sans les voir, se demandant comme il avait fait pour en arriver là. Seul le mot déchéance lui venait à l’esprit. Pourtant, il était le seul à s’être précipité dedans, en arrêtant tout du jour au lendemain. Et pourtant, sa vision de l’avenir lui avait dit qu’il aurait fini en tant que prisonnier également, mais bien loin de l’ambiance bienveillante de Poudlard. Quel choix avait été le bon, finalement ? Regrettait-il d’être ici, à se saccager l’estomac de patacitrouilles et autres sucreries ? Une nouvelle fois cependant, Gellert se surprit à sourire en entendant l’évocation des préférences gustative de Dumbledore et Belladone. Contrairement à son jeune collègue, le mage noir appréciait le citron, mais pas autant que le grand sorcier que le benjamin Raven vénérait tant. Cela lui manquait, d’ailleurs, de ne pas partager des sucreries avec son ancien ami et amant. Peut-être pouvait-il faire un geste et un effort ? Peut-être que Belladone pourrait également être son complice ? L’esprit considérablement ralenti par l’alcool, il n’eut le temps d’exprimer sa proposition que son jeune collègue posa sur lui une grosse couverture.
Cette dernière lui rappelait Durmstrang ainsi que son château à Nurmengard. Il ne manquait plus que du givre sur les fenêtres et de la neige tombant derrière les carreaux pour lui donner l’impression d’être dans un lieu familier. Cependant, il ne gardait pas de son école un souvenir élogieux et préférait oublier cette partie-là de sa vie. En réalité, dans un instant pareil, il aurait préféré tout oublier et retourner dans son trou à rats à Azkaban. C’était lâche, c’était à des années lumières de sa grandeur d’antan, mais Gellert n’en pouvait plus de vivre dans l’ombre de sa propre gloire, se forçant à tomber bas, très bas, pour avoir une fin de vie inutile mais pas trop désagréable. Il soupira et s’emmitoufla un peu plus dans la combinaison des deux couvertures, ses orteils au chaud. Rien n’avait finalement d’importance, sous les yeux las du mage noir. Il passerait effectivement dans le bureau de son collègue, préférant largement, sur le moment, sa compagnie chaleureuse plutôt que l’austérité de sa cellule située derrière la salle de classe d’études des runes. Tant pis pour les Aurors et des conséquences du lendemain matin. C’était peut-être les seules extravagances inoffensives qu’il pouvait se permettre.
Tandis que ses yeux se fermaient d’eux-mêmes, la voix de Belladone vint le tenir éveillé quelques instants supplémentaires. Il parlait du fait qu’il ne pensait pas que le mage noir se jouait de lui et que, de toute façon, il ne lui serait d’aucune utilité. C’était faux, en partie. Le jeune homme avait un savoir indéniable sur divers domaines magiques, et le savoir était une arme à ne jamais négliger. De plus, son innocence et sa candeur pouvaient avoir un rôle déterminant quand il s’agissait d’aller récupérer des informations en étant discret. Qui irait soupçonner un homme comme Belladone Raven ? Mais tout au long de sa tirade, la voix de ce dernier n’avait pas tremblé un seul instant. Elle était restée ferme et convaincue de ce qu’il disait, persuadé du bon fond du mage noir déchu vautré dans son fauteuil. Gellert l’avait regardé dans les yeux, tout au long de son petit discours. Il disait vrai, oui. Et il avait raison. Grindelwald détourna son regard en soupirant, essayant de s’enfoncer un peu plus dans son fauteuil comme pour y disparaître. Il reporta son regard sur le feu, la tête dépassant juste de la couverture brune et épaisse qui lui recouvrait une grande partie du corps. Finalement, d’une voix rauque, il finit par dire presque timidement :
— Dis, je peux te demander un service ?
Bien évidemment que Belladone avait remarqué qu’il avait fait mouche dans l’esprit du mage noir. De plus, il était le seul qui se rapprochait le plus d’un ami pour cet homme qui ne s’était toujours qu’imposait qu’une solitude morale extrême. Mais tout au long de cette soirée, le jeune professeur avait soulagé la peine et les doutes d’un monstre qui terrorisait l’Europe entière. Ce garçon avait réussi à convaincre un des plus grands sorciers de son temps de rester avec lui dans son bureau et à lui dire que son âme n’était pas toute noire. Alors Gellert avait envie de lui montrer qu’il ferait des efforts. Ou du moins, cette partie encore alcoolisée de lui qui ne prenait peut-être pas les décisions les plus sages. Pourtant, il sentait que c’était la chose à faire. Il avait envie de se montrer bon et il ne désirait pas se restreindre pour une fois.
— Est-ce que tu pourrais aller acheter un paquet de bonbons au citron ? On en trouve, certes, que dans les magasins moldus mais…
Il fit une moue, gêné par cette situation.
— Malheureusement, je n’ai pas de quoi te rembourser, j’enseigne gratuitement à Poudlard.
Il eut un rire nerveux, même s’il ne s’offusqua pas de sa condition. Il avait tué des centaines de personnes, le Ministère n’allait pas lui verser un salaire non plus.
— Mais je peux corriger des copies, en échange.
Finalement, le mage noir allait bel et bien se servir de Belladone, si ce dernier venait à le dépanner. Il eut un bref sourire qui ne signifiait pas grand-chose, si ce n’était une certaine timidité, une gêne à l’idée d’être presque prévenant. Car ces fameux bonbons au citron n’étaient pas pour lui. Ainsi, pour détourner la conversation, il dit d’un ton désinvolte et nonchalant :
— Je préfère la framboise au chocolat. Mais, ironiquement, les deux se marient bien. Comme la framboise et le citron, au final. Quoique, cela doit peut-être être trop acide.
Après avoir fait une moue sous-entendant que tout ceci n’avait finalement aucune importance, il haussa les épaules, mouvement à peine visible à cause de l’épaisse couverture, et détourna le regard une fois de plus en direction du feu.
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Belladone Raven
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Sujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Mar 10 Mar - 14:28
Onirisme et Révélations
« Bureau du Professeur de DCFM »
Hiver 1942 La lassitude semblait prendre le pas sur la morosité de Gellert, à mesure que la nuit avançait. Et de fait l’Occlumens formidable qui avait fermé les portes de son âme aux Détraqueurs baissait aujourd’hui sa garde devant la faiblesse chaleureuse de Belladone, se surprenant à dévoiler le plaisir flatté que lui insufflait la stupéfaction émerveillée du jeune homme, de par ce sourire presque inconscient qui étira ses lèvres pâles. Les paupières blafardes se fermaient, et même le grand Gellert Grindelwald semblait ne rien pouvoir contre cette lourdeur inéluctable, et même il ne prenait plus la peine de répondre au babillage incessant de son cadet, l’esprit égaré dans les brumes d’un sommeil invasif alourdi de vapeurs d’hydromel. Mais un sourire se dessinait de nouveau sur le visage assoupi, qui conférait à l’auguste mage noir un masque plus humain, presque attendrissant ainsi, les traits détendus par un sommeil déjà là, et qui n’attendait plus que de recevoir dans ses bras l’âme inconsciente de Grindelwald. Peut-être l’évocation de la gourmandise d’Albus Dumbledore lui rappelait-elle des souvenirs ? Peut-être se sourire s’égarait-il dans les réminiscences de cette jeunesse dorée, baignée de cette joie et de cette allégresse dont il ne restait plus rien aujourd’hui qu’un mont de cadavres infranchissables, et de mains pleines de sang qui se tendaient dans le vide ? Grindelwald paraissait ému par l’anecdote des confiseries au citron, et Belladone se surprit lui aussi à esquisser un sourire tendre, à voir son aîné ainsi touché par un simple attrait du grand Dumbledore. Ô comme il avait raison en clamant qu’il n’était pas un monstre !
Gellert avait fixé Belladone droit dans les yeux, tandis qu’il s’évertuait à faire étalage de son inutilité, pour défendre son collègue de ses propres accusations. Sa voix n’avait pas faibli, et il n’avait pas baissé une seconde son regard d’encre des iris polaires du sorcier qui l’intimidait tant. Quelque chose s’était passé cette nuit-là, entre la colère et les aveux de Grindelwald, et l’étalage de la maladresse et de la fébrilité de Belladone à son égard. C’était comme si les deux se comprenaient enfin ; comme s’il s’était révélé à l’âme de Gellert la pureté des sentiments de son jeune collègue, que pouvaient ternir des paroles déplacées ou hors de sens ; comme si Belladone comprenait enfin la raison de ces crimes, et découvrait en l’amour unique et savamment dissimulé de Grindelwald une part d’humanité que beaucoup de sorciers libres et exempts de crimes ne possédaient pas. Pour Belladone, il y’avait désormais de l’affection où il y’avait eu de la peur et du respect, parce qu’il découvrait la faille sous le despote inébranlable qui avait fait trembler le monde magique, et qu’il n’avait guère envie de rire ou de s’acharner aux mesquineries dont les lâches s’amusent à humilier les vaincus. Et Grindelwald, quoi qu’on en dise, n’était pas un vaincu. Il s’était rendu. Les Aurors pouvaient rire, ou abuser par l’insolence et l’injure de la suprématie qu’ils avaient sur Grindelwald. C’était bel et bien lui qui en avait décidé ainsi, et ils étaient une poignée à songer comme Belladone, et pourtant il avait rarement été aussi persuadé d’une réalité aussi inéluctable ; si Grindelwald l’avait voulu, il aurait fait ployer le genou de chacun de ces Aurors, d’un battement de cils ou d’un mouvement de baguette, et jamais personne excepté l’amour déchu de toute sa vie n’aurait pu s’opposer à la puissance incontestable qu’il aurait fait régner sur le monde sorcier.
- Dites-moi, Gellert, si c’est à ma portée, je le ferais bien volontiers…
Aussi Belladone avait soudain le cœur gros d’une étrange fierté, mêlée d’un attendrissement et d’un élan d’affection chaleureuse pour le grand mage noir qui lui accordait une confiance que seul Albus Dumbledore avait peut-être effleuré un jour. Etrangement honoré et touché en plein cœur, lui dont l’âme éthérée et quelque peu morose l’avait souvent dépouillé du peu d’amis qu’il avait, se sentait soudain étrangement proche de cet homme, liés par ce fil ténu, invisible presque, que l’on ne s’explique pas tant les deux âmes sont opposées, et qui pourtant est bel et bien là. Ils n’étaient pas faits pour s’entendre, et ils auraient dû rester ennemis, ou au moins méfiants, au mieux indifférents, mais les solitudes communes et les frasques du destin créent parfois d’étranges liens qui se retrouvent avec le temps par être les plus beaux et les plus inexplicables qui soient. Et cette fois-ci c’est un rire discret, dont le jeune homme était peu coutumier, maladroit mais franc et chaleureux qui s’échappa de ses lèvres quelque peu pâlies par la fatigue et l’émotion de la nuit. Il n’avait rien de moqueur, ce rire, non. C’était un rire attendri, qui évoquait la surprise, la tendresse et la joie devant la légèreté d’une telle requête, extirpée des lèvres du plus grand mage noir de l’époque avec un sérieux si paradoxal que l’amusement, pour quelques secondes, avait détendu les traits las du jeune homme.
- J’ai ma matinée de libre demain. Je pense pouvoir faire cela pour vous, Gellert. Il faudra simplement que je passe par Gringotts pour faire le change, je ne me suis jamais servi d’argent Moldu, cela va être une grande première !
Une excitation enfantine faisait soudain étinceler l’encre des yeux de Belladone, à l’idée d’arpenter un monde inconnu, fantastique, dont il ne connaissait rien. C’est vrai cela. Pourquoi ne s’était-il jamais intéressé plus que cela au monde Moldu ? Par manque de temps peut-être, sa fascination pour les forces obscures en plus de ses ASPIC ayant dévoré chaque précieuse seconde de sa scolarité. Il semblait découvrir aujourd’hui l’existence des Moldus, comme s’ils n’avaient été jusqu’à présent que des créatures de fables qu’il ne risquerait jamais de croiser. L’idée qu’il pourrait satisfaire sa curiosité en questionnant la jeune Lavande lui empourpra les joues, le ramenant aux réminiscences oniriques dont Grindelwald l’avait extirpé. Jamais Belladone n’oserait engager une discussion aussi déplacée envers une élève, lui rappelant ainsi ses origines que tant n’acceptaient pas, et qui lui valaient les tourments de son quotidien de martyr à Poudlard. Et si l’idée de voir Gellert corriger les copies de ses propres élèves le fit sourire, le voir s’humilier ainsi à propos de préoccupations aussi triviales que l’argent assombrit sa belle humeur. Il ne serait jamais venu à l’esprit de Belladone de faire payer son collègue pour un tel service.
- Bien sûr que non. De plus, j’aurais refusé que vous me remboursiez. Mais vous me faites songer à quelque chose. De par votre service, vous semblez m’avoir révélé mon ignorance crasse du monde Moldu, dont j’ai soudainement un peu honte, j’ai pourtant toujours été curieux. Vous pourriez peut-être m’enseigner ce que vous savez d’eux ? D’ailleurs, si je dois m’immiscer dans leur univers demain, dites-moi, ai-je l’air d’un Moldu ainsi ?
Belladone avait sciemment occulté le fait que tous deux savaient pertinemment à qui ces confiseries au citron étaient destinées. Pudeur, délicatesse ou élégance, peut-être était-ce un peu des trois, toujours est-il que le jeune homme avait envie de rendre ce service à Grindelwald pour lui faire plaisir certes, à lui, mais aussi à Albus Dumbledore, dont il connaissait le goût pour ces sucreries. Pour le moment Belladone ouvrait les bras, dans une posture stupide et enthousiaste, afin que Gellert juge de la qualité de sa mise en immersion Moldue, et sans doute sa tenue aurait été parfaite si les Moldus sortaient de chez eux en pyjama, peignoir et chaussons. Et tandis que Grindelwald évoquait son goût pour la framboise, Belladone se promit de ramener quelque confiserie parfumée à cette baie à l’intention de son nouvel ami qui ne voyait rien d’autre que Poudlard et sa cuisine délicieuse certes, mais qui manquait de sucreries. Ce serait également l’occasion de goûter au chocolat Moldu, dont il devait exister, il en était persuadé, de succulentes déclinaisons. Ne s’engouffrant pas dans ce qui semblait plus être des rêveries d’un homme proche du sommeil que d’une réelle envie de discussion, Belladone se contenta d’acquiescer quant à la demande de son collègue :
- Je vous donnerai cela au déjeuner, ou bien je les poserais sur votre bureau. Que préférez-vous Gellert ?
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Gellert Grindelwald
Admin
Âge : 59 ans Sang : Sang-Mêlé Nationalité : Austro-Hongrois Patronus : Phénix Épouvantard : Albus Dumbledore / Le cadavre d'Ariana Dumbledore / Lui-même vieux et affaibli Reflet du Riséd : Albus Dumbledore Baguette : Aucune, confisquée par le Ministère Avatar : Johnny DeppMessages : 897 Double-Compte : Darragh O'Sadhbh et Morgan DeWitt Date d'inscription : 14/02/2019 Âge IRL : 28
Sujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Mer 11 Mar - 8:13
Onirisme et Révélations
« NIHILIST BLUES. »
Bureau de DFCM, Hiver 1942.
Toujours avachi dans le fauteuil, Gellert ne bougeait plus, seule sa tête dépassant des épaisses couvertures que son collègue lui avait gentiment prêtées. De ses yeux à moitié clos, son regard était vide, regardant sans voir ce qu’il se passait sous ses iris asymétriques, son esprit altéré par l’alcool se perdant dans des songes qui n’avaient déjà aucun sens. Depuis quand les rêves étaient-ils censés être concrets et réalistes ? Grindelwald ne les aimait pas. Quand ils étaient bons, ils avaient une dimension chimérique, inatteignable, rendant la réalité décevante, fade et pâle. Les cauchemars, quant à eux, à part être la preuve que l’esprit était perturbé et se complaisait à se torturer lui-même, n’avaient pas plus d’utilité. Pourtant, certaines images dansaient vaguement et imprécisément dans la tête du mage noir qui était confortablement installé dans ce fauteuil. Depuis combien de temps n’avait-il pas senti le sommeil l’attirer si franchement dans ses bras ? Se sentir si faible face à ce besoin naturel qui le rendait tout simplement vulnérable ? Son repos s’annonçait profond : peu de choses seraient capables de le réveiller. Cela faisait des dizaines d’années certainement qu’il allait s’autoriser à baisser toutes ses défenses en présence de quelqu’un d’autre. Mais c’était toutefois une compagnie qu’il ne refuserait pas.
Belladone lui parla avec enthousiasme du monde moldu, qu’il n’y connaissait pas grand-chose et lui demanda s’il était bien habillé pour se fondre parmi eux. Gellert le regarda de la tête au pied – repensant brièvement à la gêne précédente et visible de son collègue qui avait disparu – et eut un sourire amusé. Son pyjama rayé était certes adorable mais, Belladone devait se douter que les Moldus ne sortaient pas ainsi pour aller au travail ou faire des emplettes, sauf problème mental ou urgence nécessaire. Au final, la mode moldue influençait pourtant sur le monde sorcier. Même si certaines tenues de cette communauté dont faisaient partie Gellert et Belladone pouvaient sembler extravagantes, il n’était pas si difficile de passer inaperçu, surtout avec le visage, certes bien construit du jeune professeur, dont les iris sombres s’accordaient parfaitement. Grindelwald essaya de jeter un coup d’œil derrière Belladone, essayant d’apercevoir une porte d’armoire ouverte afin de voir d’autres tenues pour son collègue que ce simple pyjama à rayer des plus classiques. En réalité, le mage noir réfléchit plus au comportement de son collègue en présence de Moldus, chose qui pouvait plus facilement le trahir qu’une tenue extravagante.
— Je dois te dire que les Moldus sortent rarement de chez eux en pyjama. Pour ce qui est de la tenue, tant que tu ne comptes pas porter une de ses robes de sorcier – dont je suspecte Albus de secrètement apprécier – ce que tu mets tous les jours suffira amplement. Cependant, sois conscient que les Moldus sont bien plus nombreux que les sorciers. Je ne sais pas si tu comptes te rendre à Londres, qui est peut-être un peu loin pour de simples bonbons au citron, mais fais attention à la foule… Enfin, pas de magie, pas de mention de la magie, pas de noms de créatures comme les dragons, les licornes et j’en passe…
Il soupira suite à cette énumération de restrictions contre lesquelles il avait donné sa vie. En détournant le regard, il dit d’un ton plat et sombre :
— Enfin, tu connais les lois.
Grindelwald était toujours convaincu que les sorciers ne méritaient pas de vivre ainsi cachés, que les Moldus pouvaient vivre en connaissant ce secret qui ne devait pas en être un. Il n’y avait eu aucun souci avec aucun couple sang-mêlé jusque-là. Le conjoint moldu acceptait la condition de celui ou celle qu’il ou elle avait choisi, même s’il s’agissait d’un être provenant d’une communauté. Jacob Kowalski avait aussi montré qu’on pouvait se retrouver au milieu d’une révolution sorcière et s’en sortir à merveille. La mâchoire du mage noir se crispa en repensant à ces lois ridicules qui avaient gâché la vie à tellement de jeunes sorciers. Qu’est-ce qu’avait réellement vécu Lavande dans sa campagne profonde ? Si les sorciers ne devaient pas se cacher, ils seraient sûrement intervenus pour empêcher les mauvais traitements sur elle. Le cas était similaire pour Ariana Dumbledore, également. Et son père n’aurait jamais dû aller à Azkaban pour chercher à avoir justice que le Ministère ne lui aurait jamais apporté. Sentant que l’agacement recommençait à bouillir en lui, il préféra l’évacuer par un nouveau soupir avant de reporter ses yeux sur Belladone.
— Merci en tout cas les bonbons.
Avec une moue presque timide, il finit par ajouter :
— Mais si tu pouvais lui déposer directement sur son bureau… Les Aurors ne te suspecteront pas : si c’était moi qui les amenais, ils vont penser qu’ils sont empoisonnés où je ne sais quoi.
Pourtant, Grindelwald n’avait aucune envie d’attenter à la vie de Dumbledore. L’idée lui arrivait de temps en temps à l’esprit, quand son emprisonnement à Poudlard devenait beaucoup trop pénible à supporter pour les épaules mutines et indociles du mage noir. Albus était la personnification de l’apprivoisement de l’ancien despote, qui avait fini par être maté et qui n’arrivait à se faire à cette nouvelle vie dans laquelle il s’enlisait. Si Belladone semblait voulait l’aider à ne pas sombrer totalement, Gellert avait indéniablement besoin de la main douce et ferme d’Albus pour éclairer ce nouveau sentier qui l’effrayait. Il n’avait pas encore passé le carrefour en réalité. Le chemin de la mort le tentait toujours, l’appelant, essayant de le convaincre de revenir vers lui. Sa vie n’avait été ponctuée que de cela. Il n’avait connu rien d’autres et il doutait sérieusement qu’il puisse y avoir une rédemption de l’autre côté du premier sentier qu’il peinait à emprunter.
— Tu sais, Belladone… Pour la première fois de ma vie, certainement, j’ignore quoi faire et quel est mon but. J’ai suffisamment d’orgueil pour refuser de rester professeur de runes jusqu’à ma mort. Tu as dit que je n’étais pas forcément qu’un monstre, mais est-ce que j’ai réellement envie d’être quelque chose d’autre de ce que j’ai toujours été ? Est-ce seulement possible ? Tu ne pourras jamais être quelqu’un de mauvais. Pourquoi serai-je capable d’être quelqu’un de bon ?
Il soupira.
— Puis c’est impossible de toute façon, Albus a dit lui-même que je n’étais pas là pour essayer de me faire pardonner et que je n’étais qu’un outil. Je retournerai probablement à Azkaban dès que la menace d’un nouveau mage noir sera anéantie.
Cette remarque passée d’Albus l’avait plus atteinte que prévu, au final. Si, dès qu’ils se voyaient, les deux hommes ne pouvaient s’empêcher de faire un bras de fer entre leurs deux egos, il était maintenant certain que Dumbledore l’avait écrasé. Non pas que Grindelwald manquait d’orgueil, mais il y avait un mal plus profond qui rongeait son cœur atrophié et le rendait si vulnérable et faible face au professeur de métamorphoses.
— Oublie ce que je dis, je commence à divaguer et je suis resté bloqué… Tu ne veux pas essayer une tenue de tous les jours pour demain matin, lors de ta petite excursion chez les Moldus ?
Gellert essaya un sourire, bien que mélancolique et un peu déformé par cette fatigue dans laquelle le plongeait l’alcool. Aucun muscle de son corps n’avait d’ailleurs bougé, hormis ceux de son visage, depuis quelques minutes. Cependant, la compagnie de Belladone était agréable et il regrettait de ne plus pouvoir recommencer ce genre de discussions nocturnes dès l’aube, ses frasques sûrement sanctionnées à partir du lendemain matin. Même si Gellert avait encore un peu du mal avec le terme, il était évident pourtant qu’il se trouvait en présence d’un ami certain, qui lui apprendrait sûrement beaucoup dans les prochaines semaines.
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Belladone Raven
Âge : 28 ans Sang : Sang-Pur Nationalité : Anglaise Patronus : Un corbeau Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et crin de licorne Avatar : Diego LunaMessages : 365 Double-Compte : Desiderata / Aurora / Minerva / Solveig / Albus Date d'inscription : 27/08/2019
Sujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Mar 17 Mar - 14:26
Onirisme et Révélations
« Bureau du Professeur de DCFM »
Hiver 1942 L’enthousiasme de Belladone avait été si franc et si soudain qu’il ne surprit à ne même pas se gêner du regard de Grindelwald qui le détaillait à sa demande. Le jeune Professeur le savait bien, au fond, que les Moldus ne sortaient pas de chez eux en pyjama. Mais, s’il avait certes sollicité l’avis de Grindelwald relatif à sa tenue vestimentaire, -qu’il avait l’occasion de voir au quotidien-, il s’agissait là aussi d’apprécier le comportement à adopter, le naturel sorcier de Belladone pouvant se révéler étrange voire dramatique en immersion Moldue. Ne se déparant pas de son sourire, le benjamin Raven recueillit avec beaucoup d’attention les précieux conseils de son collègue, peu avare de recommandations, lui, qui souvent, avant cette nuit, l’avait rabroué où s’était fermé à la conversation. Cette nuit il le mage noir repenti le conseillait avec bienveillance, pédagogie même, et c’est le cœur ravi et réchauffé par une amitié nouvelle, rare et si étrange qu’elle n’aurait pu être prédestinée par personne que Belladone hochait la tête, un léger rire amusé s’extirpant de ses lèvres à l’évocation des robes de sorcier dont Albus semblait avoir le goût. Le présage de la foule, seule, sembla ternir quelque peu son bel enthousiasme dont il ne se déparait pourtant pas :
- Oh, je m’en doutais un peu. Je comptais me rendre à Londres, parce que je serais déjà sur le Chemin de Traverse pour faire le change à Gringotts. Oh, je n’aime guère la foule, mais n’est-ce pas là un bon moyen de passer inaperçu ? Je dissimulerai ma baguette et ne ferait mention d’aucune créature magique…En fait je crois que je parlerai le moins possible. C’est encore le plus prudent n’est-ce pas ?
Belladone hocha gravement la tête à l’ultime affirmation de Grindelwald. Oui, il connaissait les lois. Mais une erreur était si vite arrivée, pour celui qui n’avait connu d’autre monde que celui où l’on dégainait sa baguette pour le moindre petit acte du quotidien, ou les confiseries avaient un arrière-goût de lévitation et d’explosion, ou les licornes côtoyaient les dragons et les sombrals, là où ils n’apparaissaient que dans un imaginaire fictif et romancé chez les Moldus. Mais comme ils semblaient coûter au mage noir repenti, ces conseils qui semblaient lui arracher l’âme et le semblant de volonté et d’espoir dont ils ne restaient plus que quelques braises déjà agonisantes, lui qui avait voué sa vie à la révélation du monde sorcier aux yeux de tous et qui maintenant se soumettait, humble et vaincu, à des lois qu’il n’avait eu de cesse de combattre, à grand renfort de crimes et de magie noire. Un soupir las s’extirpa des lèvres blafardes de l’auguste sorcier, et lorsqu’il remercia Belladone, ce fut un sourire chaleureux qui se dessina sur les siennes, ravi de pouvoir prouver l’amitié sincère qu’il lui avait déclaré par ce menu service qu’il comptait lui rendre dès demain.
Et lorsqu’il lui fut demandé de déposer directement les friandises sur le bureau d’Albus –requête plutôt logique au regard de la surveillance de laquelle dépendait Grindelwald-, l’esprit de Belladone fut illuminé d’une idée. Une idée risquée, audacieuse, qui ne lui ressemblait guère de par l’initiative que prenait cet esprit suiveur et plutôt lâche, mais qui lui paraissait bonne, bénéfique à cette affection trop longtemps dissimulée à laquelle il était sûr qu’Albus ne serait pas insensible. Le jeune homme, d’ordinaire, ne se mêlait guère de ce qui ne le regardait pas. Mais s’il lui fallait être ce coup de pouce, ce nœud qui aiderait à relier les liens rompus depuis trop longtemps entre les deux plus grands sorciers de l’époque, alors ce brusque élan d’audace valait sans doute la peine d’être tenté. Un sourire mutin et cachottier, peu coutumier de visage docile et tendre, vint éclairer les yeux d’encre, tandis qu’il acquiesçait avec chaleur :
- Bien, faisons comme cela. Je ne pensais plus aux Aurors, mais cela semble évident, en effet. En tout cas je suis persuadé qu’il sera ravi d’une telle attention.
Le sourire de Belladone s’élargit, se voulant rassurant et sincère. Pour sûr, Albus et sa gourmandise notoire se délecterait d’une si délicate attention. Le jeune Professeur, en réalité, n’avait que peu de doutes à ce sujet. Pourtant Grindelwald, morose, revenait à la charge, malgré le discours que son jeune ami avait voulu rassurant, et continuait de se flageller, martelant que la grandeur de despote qui l’avait mené au sommet du monde sorcier ne pourrait se satisfaire d’une carrière vieillissante de Professeur de Runes. Belladone eut un soupir triste. Que dire d’autre ? Il ne pouvait nier les crimes de Grindelwald. Hormis Dumbledore, peut-être le jeune homme était-il celui, au sein de Poudlard, qui était le plus au fait de sa vie et de ses méfaits. Mais cette ivrognerie nocturne, ces confidences abruptes, impromptues, n’avaient-elles pas le goût amer et libérateur d’un début de repentance ? Si Grindelwald avait certes été un monstre, aujourd’hui était-ce inéluctable, à présent qu’il dévoilait sa faille la plus profonde et la plus intime à son faible collègue qu’il aurait pu tuer sans sourciller, sans même un effort, d’un éclair silencieux de lumière verte, ou d’une poigne acérée sur sa gorge tendre ? Belladone s’enfonça un peu plus dans son fauteuil, prenant une légère inspiration, réfléchissant un instant à comment formuler ses propos :
- C’est une situation délicate, je ne le nie pas Gellert. Que la place de Professeur de Runes à Poudlard ne satisfasse pas cette ambition qui vous a guidé tout au long de…ces années, j’en conviens aisément. Mais prendre patience ne pourra qu’améliorer les dispositions d’Albus envers vous. Vous savez je crois -et ce n’est que mon avis personnel-, que cette place qu’il vous a octroyée, aussi peu attrayante soit-elle à vos yeux, est une marque de bonne volonté de sa part, comme un pas vers vous. Soyez disposé à l’accepter, et peut-être votre relation s’améliorera. Quant à devenir autre chose qu’un monstre, vos actes parlent pour vous. Etiez-vous un monstre lorsque vous m’avez épargné devant l’Epouvantard ? Etes-vous un monstre quand vous êtes le seul à vous préoccuper de l’éducation de Mademoiselle Lavande ? Etes-vous un monstre en m’avouant votre seul et unique amour, que les années n’ont pas réussi à annihiler ? Etes-vous un monstre encore, en ne me supprimant ici, moi et les Aurors ? Nous savons tous deux Gellert que les Aurors ne sont qu’une façade, et je suis persuadé qu’Albus le sait aussi.
La seconde tirade de Grindelwald fit tressaillir Belladone. Non, c’était impossible. Le mage noir était trop morose, trop pessimiste, trop triste. Albus était trop bon, trop bienveillant et trop entier pour ne serait-ce qu’imaginer une alternative aussi machiavélique et cruelle. Belladone esquissa un sourire triste, avant de répliquer avec douceur :
- Oh Gellert, je crois que vous vous méprenez. Albus ne peut pas être si cruel.
Belladone n’avait guère envie de s’étendre sur le sujet. Cela le rendait trop triste, et il n’avait seulement pas envie d’y penser. Aussi accueillit-il avec un sourire soulagé la proposition de Gellert, qui d’ordinaire l’aurait embarrassé plus que de raison. Cette nuit cela lui réchauffait le cœur, cette légèreté d’un essayage à la mode Moldue, aussi saisit-il l’occasion au vol, bondissant presque de son fauteuil :
- Oui, volontiers, merci Gellert. Je vais enfiler rapidement un pantalon et j’arrive pour que vous m’aidiez. Je sais que d’aucuns me trouvent assez collet monté, enfin, il est arrivé que l’on me raille à ce sujet. Alors vous me direz si les Moldus…Enfin, j’arrive, vous jugerez par vous-même.
Belladone tourna un instant le dos au Gellert ivre, presque assoupi sous les couvertures chaudes, pour entrer dans sa chambre et fermer la porte, afin d’enfiler un sous vêtement et un pantalon et c’est décent qu’il pénétra de nouveau dans son bureau, faisant face à son ami, les bras chargés de pulls et de chemises diverses, dégotées un peu au hasard de l’obscurité.
- J’ai cette chemise, elle est très classique, mais peut-être un peu trop. Oh vous me voyez souvent avec, je passe un veston par-dessus d’ordinaire, mais j’ignore si tout cela est à la mode Moldue, et peut-être n’est-ce pas assez décontracté. J’ai bien quelques pulls, mais beaucoup sont vieillots et oh…Il y’a Merlin sur celui-là, les Moldus ne doivent pas voir cela…J’aime beaucoup Merlin, c’est idiot, une lubie de gamin…
Etrangement rendu à l’aise par les confidences de la nuit, le taciturne et pudibond Belladone déboutonnait sa veste de pyjama sans gêne, bavardant beaucoup plus que de coutume, posant sur le fauteuil le pull bleu marine à l’effigie de Merlin tricoté par sa mère, et essayant une de ces chemises qu’il portait les jours de classe, y ajoutant ce veston qu’il évoquait à l’instant.
- Cela pourrait aller ainsi, n’est-ce pas ?
De nouveau Belladone écarta les bras, fixant le grand mage avachi qui en savait tellement plus que lui, sur les Moldus, attendant le verdict relatif à une tenue vestimentaire dont il ignorait tout.
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Gellert Grindelwald
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Sujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI] Jeu 19 Mar - 11:02
Onirisme et Révélations
« NIHILIST BLUES. »
Bureau de DFCM, Hiver 1942.
Confortablement installé sous ses couvertures, Gellert ne bougeait, le corps plongeait dans une sorte de repos indépendamment de son esprit. Même si ses yeux lui criaient un sommeil qu’il se refusait obstinément, il parvenait à garder ses iris rivées sur un point aléatoire de la pièce, se perdant dans ses pensées qui fusaient, ne lui accordant aucun répit. Malgré l’alcool, il était toujours capable de penser vivacement mais la pertinence de ses songes pouvait mener à discussion. N’était-il pas en train de s’enliser dans des ténèbres créées de toutes pièces par lui-même ? Serait-il le seul souverain dans cette dépression qui semblait lui coller au corps au fur et à mesure des journées où il se rendait compte que sa vie n’avait ni but ni sens ? Lui qui avait toujours été sûr de tout, le voici en train de douter des paroles de son collègue sur le fait que le paquet de bonbons pourrait faire plaisir à Albus. Ce dernier avait toujours été celui qui amener de l’incertitude dans la vie du mage noir. Une incertitude qu’il ne parvenait à supporter. Il préférait la balayer et éradiquer tout ce qui pouvait mettre un simple nuage de doutes sur ses projets.
Belladone continua son monologue presque évangélique, prêchant le bon fond du criminel, du mage noir qui avait massacré hommes, femmes et enfants pour sa cause. Gellert doutait sérieusement de ces paroles. Même si son collègue était sincère dans ses dires, son auditeur ne pouvait croire que tout ce qu’il disait retranscrivait la vérité à la perfection. Le jeune homme essayait vainement de le convaincre que malgré tout ce qu’avait pu faire Grindelwald, il n’était pas un monstre, le prouvait ces dernières semaines à Poudlard. Mais quelques jours de bonne conduite n’effaçaient pas des années de terreur et d’horreurs. Si Gellert lui-même en doutait, alors il était évident qu’Albus aussi. Il était impossible que Belladone soit totalement sincère, essayant juste de dire ce que le mage noir avait besoin d’entendre pour cesser de s’enliser dans une haine de soi-même de plus en plus forte. Un sourire se dessina sur les lèvres pâles de Grindelwald. Le jeune professeur avait encore besoin d’entraînement pour devenir un orateur convaincant. Il y avait quelques efforts à fournir avant de parvenir à persuader les esprits les plus dubitatifs et renfermés. Il n’aurait pas été un bon leader politique, mais au vu de son tempérament, il était évident que cela n’avait jamais été son objectif de toute façon.
Belladone se trompait une nouvelle fois sur Albus. Il l’idéalisait à juste tire de par sa condition d’ancien élève de l’illustre sorcier. Mais Dumbledore était capable d’envoyer des innocents s’échouer sur la colère jalouse de Grindelwald sans remords, capable de se plonger dans une indifférence totale qui pouvait détruire les esprits les plus nécessiteux, prétendre vous apprécier pour conserver cette image de sorcier bienveillant. Il avait une image à travailler. Pourtant, le mage noir savait qu’il avait été toujours honnête avec lui, contrairement à lui-même. Ils n’étaient pas si différents. C’était pour cela que Gellert craignait qu’Albus soit capable de le renvoyer à Azkaban sa tâche finie. Il doutait sérieusement que ce soit un réel pas vers lui. Non, la véritable raison était qu’il avait du mage noir un de ses nombreux pions sur son échiquier politique. En cela, Grindelwald avait perdu contre Dumbledore. C’était une défaite beaucoup plus dure à avaler qu’un simple duel perdu. Et pourtant, le mage noir ne pouvait s’en prendre qu’à sa propre lâcheté. Cependant, il n’était pas malheureux à cette idée d’être utilisé par Albus. La situation était désormais si improbable qu’elle lui dessina un nouveau sourire sur le visage, bien que triste et nostalgique. Même dans le meilleur des cas où leur relation s’arrangerait fortement et retrouverait cette ancienne complicité d’antan, il se doutait qu’Albus prendrait certainement un malin plaisir à se venger puérilement en jouant avec ce cœur atrophié et sombre qui lui avait toujours appartenu. Mais Gellert avait presque hâte de souffrir pour cela. Cela en valait la peine, au final.
Son jeune collègue indiqua alors qu’il devait aller se changer et Grindelwald, d’un regard paresseux, le vit s’absenter brièvement pour revenir les bras chargés de vêtements divers. Belladone se révéla être incroyablement bavard, chose que Gellert ne lui avait jamais vue. Il semblait parfaitement en confiance, montrant ses différentes chemises, vestes et pulls au mage noir dont le regard amusé trahissait son visage éternellement impassible. Néanmoins, il restait concentré sur ce que lui montrait son improbable ami. Il avait encore un peu du mal à se dire qu’il avait pu lier une telle relation avec un être aussi « inférieur » que lui, mais peut-être était-ce justement la preuve que le monstre en lui était en train d’être mâté. Les yeux de Gellert suivirent, dans un premier temps, le trajet de ce pull au goût douteux à l’effigie de Merlin. Puis ses iris vinrent se reposer sur Belladone en train d’ouvrir sa chemise de pyjama sans pudeur et l’ôtant sous le regard du mage noir dont l’ivresse le fit se perdre sur le torse du jeune homme. Ses yeux restèrent bien bloqués quelques secondes avant que leur propriétaire ne se rende compte et les détournent rapidement, gêné de s’être perdu ainsi. Quelque part, il avait même l’impression d’avoir été infidèle à son ancien amant d’avoir posé son regard asymétrique sur quelqu’un d’autre que lui. Nerveusement, il s’éclaircit la gorge, attendant patiemment que Belladone enfile quelque chose d’autre sur son torse brièvement dénudé. Lorsque cela fut fait pour les yeux chastes de Grindelwald, ce dernier reporta son attention sur la tenue de son collègue, qui avait fait précédemment la remarque que cela pouvait être trop classique.
— Ce qui est classique est Moldu, quelque part. Tu sais, ils n’ont pas beaucoup de fantaisies dans leurs accoutrements. Pour le haut, cela convient donc très bien. Cependant, le pantalon de pyjama, c’est pareil que le haut précédemment, ça ne passera pas.
Étant parfaitement honnête et légèrement naïf dans ses paroles, sûrement dû à son ivresse qui ne passait pas, Gellert se rendit trop tardivement que cela pouvait être interprété de manière tendancieuse, couplé à son aveu sur ses préférences intimes. Gêné, et exécrant par-dessus tout ce sentiment, il se mordit la lèvre inférieure avant de murmurer froidement et avec un agacement dont il était le seul fautif :
— Ce n’est pas ce que je voulais dire.
Il fit une moue embêtée avant de poser sa tête sur le dossier du fauteuil et ferma ses yeux, erreur sûrement fatale au vu de sa fatigue dans laquelle il baignait.
— Je ne regarde pas.
Gellert soupira, se sentant parfaitement minable et n’osant songer au lendemain matin. Il ne pourrait probablement plus se regarder dans un miroir, cela semblait indéniable, désormais. S’il pouvait juste s’endormir définitivement et ne jamais rouvrir les yeux, cela ne le dérangerait pas le moins du monde.
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Sujet: Re: Onirisme et Révélations - Gellert [FINI]