A la table des Grands - Gellert [FINI]



 


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A la table des Grands - Gellert [FINI]

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Belladone Raven
Belladone Raven
Âge : 28 ans
Sang : Sang-Pur
Nationalité : Anglaise
Patronus : Un corbeau
Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal
Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
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MessageSujet: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] Icon_minitimeVen 27 Mar - 14:38



A la table des grands

« Cuisines de Poudlard »

Hiver 1942

L’inconvénient d’un esprit aussi et éthéré que celui du tendre Belladone, était cet oubli coutumier des besoins primaires, triviaux et sans intérêt pour celui qui se nourrissait de l’encre sèche recouvrant les pages sans âge, jaunies et fébriles, exhalant le parfum âcre de trésors enfouis depuis des siècles au fond de ces parchemins racornis. Ce soir rien n’avait pu arracher le jeune Professeur de ce « Traité et Origines des Vampires à travers le monde magique », pas même l’agonie du soleil qui se mourrait à grands renforts d’éclats rougeoyants, pas même l’apparition spectrale de sa chère lune, pas même le tic-tac de l’horloge qui tournait sans se soucier de la perdition de son esprit égaré. Il avait levé un regard perdu vers la fenêtre qui ne lui faisait plus don que d’une lueur faible, pâle et blonde, et avait saisi, interdit, le cadre en argent de sa montre pour y distinguer les deux fines aiguilles réunies sur le douze. Il était minuit. Belladone jeta un coup d’œil atterré à son bureau, comme s’il ne parvenait pas à assimiler la réalité de ses trois d’heures d’absence, les pieds et la tête arrachés de ce bas-monde qui était trop beaucoup trop rude pour lui. Peut-être était-ce une forme de magie, cette coutume qu’il avait, salutaire et inconsciente, de s’extirper à la terre qui lui faisait du mal, fut-ce pour quelques heures, fut-ce pour un retour parfois plus violent et plus brutal, comme pour payer de son esprit fragile le rachat de ces trêves indispensables à sa tendresse beaucoup trop exacerbée pour son propre bien.

De fait, revenu dans le trivial monde des vivants, Belladone sortait de sa léthargie pour s’apercevoir qu’il mourrait de faim. Il avait manqué le dîner, et son déjeuner avait été frugal et rapide, parce qu’il avait oublié son ouvrage sur les loups-garou qu’il avait promis de prêter à un élève de Poufsouffle qui s’était montré intéressé. Gisaient çà et là des parchemins maculés d’encre parfois encore fraîche, Belladone ayant pour habitude de griffonner des notes lors de ses lectures, de sa calligraphie à l’élégance presque féminine. Il y avait apporté ce soir un soin tout particulier, parce qu’il avait pensé à ses étudiants en troisième année, et cet ouvrage fascinant était une véritable mine d’or qu’il était impatient de partager avec eux. Beaucoup ne l’écouteraient peut-être pas, certains dérangeraient son cours, d’autres iraient jusqu’à l’insolence de le railler, mais cela valait la peine pour les autres, et cela lui suffisait. Belladone était heureux à Poudlard, malgré des débuts difficiles, malgré le travail harassant de cette première année qui était tombé sur ses frêles épaules, malgré la crainte que la cruauté juvénile n’ait raison de sa très faible propension à l’autorité et au châtiment.

Sa vie lui plaisait désormais, et l’inverse l’aurait rendu bien ingrat. Le poste de Professeur de Défense Contre les Forces du Mal était réputé en plus d’être hautement convoité par des sorciers bien plus grands que lui. Alors il était heureux et s’appliquait à montrer sa reconnaissance infinie à Albus Dumbledore, seul responsable de sa nomination et au début aussi fulgurant d’une carrière brillante. Belladone avait trouvé ses marques et se complaisait dans ses nouvelles petites habitudes, le solitaire qu’il était étant même parvenu à l’exploit de se dégoter deux amis, en la personne de Gaïa et celle beaucoup plus improbable de Grindelwald. Il avait l’impression d’être utile à quelques-uns, et surtout à la malheureuse Lavande, ayant soudain au cœur une pensée émue pour elle, teintée de larmes et d’amertume. L’épine cruelle qui empêchait son cœur déjà gros de s’apaiser le poussait à s’interroger sur la véracité de la protection et de l’utilité qu’il lui apportait. N’était-ce pas qu’un de ces jolis leurres au fond desquels son esprit faible se complaisait, pour se repaître d’un bonheur fictif, que la pauvre Lavande n’effleurait même pas du doigt ? Sa bienveillance naïve, sa générosité futile et ses complaintes mutiques contre le sort que subissait en silence et avec une dignité hallucinante la pauvre martyre y changeaient-elles quoi que ce soit, finalement ? Tant pis. Belladone continuerait de faire le bien, utile ou non, parce qu’il n’était capable que de ça, et que c’était ce qu’il faisait de mieux. Aussi et surtout parce que Lavande le méritait, elle, son destin tragique et sa dignité dans la douleur, qui lui insufflait des instincts protecteurs dont il s’était jusqu’ici senti incapable.

L’estomac de Belladone grommela, l’arrachant à de nouvelles rêveries, beaucoup plus chagrines et amères que les précédentes toutefois. Sans nul doute, rester affamé n’adoucirait en rien le sort de la malheureuse Lavande, et n’ensoleillerait guère son humeur déjà d’un naturel taciturne et morose. Aussi le jeune homme se leva, désireux d’un vrai repas et non des réserves de sucre qui emplissaient ses tiroirs. Le chemin vers les cuisines ne relevait pas d’un long périple depuis son bureau, et son esprit avide de paix se plaisait du silence nocturne des couloirs. Aussi ne réfléchit-il pas plus longtemps, et la porte de son bureau avait claqué quelques secondes après qu’il se soit levé et emparé de sa baguette.

De fait, le chemin fut plutôt calme. Pas de lueur d’une autre baguette que la sienne, pas de signe d’agression, par de hurlement plaintif d’élève martyrisé. Rien que le calme sépulcral de Poudlard qui dort du sommeil juvénile d’enfants éreintés, troublé seulement des âmes esseulées comme Belladone qui se laissaient aller à l’insomnie et aux fringales nocturnes. Un frisson glacé lui parcourut l’échine lorsque sa frêle stature passa devant l’entrée des cachots de Serpentard. La malheureuse Lavande lui traversa de nouveau l’esprit. Et soudain il se surprit à espérer qu’elle dormait bien cette nuit-là, de ce sommeil des justes qu’elle méritait plus que quiconque, et dont on la privait, comme du reste, dans l’indifférence générale.

L’image de Lavande, presque sacrée à ses yeux tant elle avait pour lui des allures d’idole martyre, lui tenaillait soudain tant l’esprit qu’il aurait presque rebroussé chemin pour s’endormir le ventre vide, tant il lui paraissait soudain inconvenant de songer aux gourmandises quand la jeune fille souffrait encore et encore, inlassablement. Pourtant il était arrivé, et il ne faisait guère de doutes que s’affliger sur le quotidien de l’étudiante en jeûnant stupidement n’arrangerait rien. Aussi poussa-t-il la lourde porte avec précautions, ne désirant pas réveiller les élèves des maisons Serpentard et Poufsouffle, décidé à avaler à la hâte une part de tourte froide, un bol de porridge ou un morceau de pain, en fonction de ce que les Elfes auraient laissé en réserve.

Pour sûr, le spectacle qui apparut aux yeux écarquillés de Belladone eut le mérite de détourner son esprit de la pauvre Lavande dont -il devait bien se l’avouer- le destin terrible hantait ses jours et ses nuits. Le grand Gellert Grindelwald, son auguste et improbable ami qui s’était improvisé son tyran les premières semaines de la rentrée, se trouvait là. Ce n’était guère sa présence aux cuisines qui était cocasse, bien que son voisin de table l’ait toujours imaginé comme une sorte d’ascète, nourri par sa grandeur et ses rêves de despotes, image renforcée par le quasi-jeûne qu’il semblait pratiquer à chaque repas, Belladone ne le voyant guère faire plus que grignoter quelques fruits ou un morceau de pain. Mais voilà qu’aujourd’hui, il était attablé devant une quantité gargantuesque de mets, dont beaucoup étaient inconnus de Belladone. La main toujours sur la poignée, d’abord interdit, le jeune homme le regarda d’un air un peu idiot :

- Gellert ? Vous ici ? Mais…Mais pourquoi autant de nourriture ?

De fait, le grand et imperturbable mage noir ne paraissait avoir invité personne. Non, il se régalait de son festin solitaire, sans doute pris à cette heure-ci pour éviter toute intrusion qui nuirait à ce qui ressemblait à un véritable repas de noces. Et la situation était si comique que le taciturne et morose Belladone, devant la mine joviale du grand Occlumens qui disparaissait presque sous l’abondance des plats, se mit soudain à rire aux éclats, d’un rire franc et doux, pas moqueur pour une noise. Et cela lui arrivait si rarement qu’il se surprit à se découvrir un rire cristallin et clair, adouci encore de cette discrétion et de ce flegme tout britannique qui caractérisait le jeune homme. Et c’était bon de rire, fut-ce quelques secondes, fut-ce pour une situation qui n’aurait peut-être fait rire que lui. Seule, l’éventualité d’avoir vexé son ami l’aida à retrouver son calme. S’essuyant les yeux d’un revers de main, Belladone s’expliqua, un large sourire éclairant toujours son visage que l’accès de joie soudaine rendait mutin :

- Pardonnez-moi Gellert…C’est que je ne m’attendais pas à voir quiconque ici à cette heure et…Il y’a tant de nourriture, vous qui ne mangez rien lors des repas…Tout cela est-il bien pour vous ? Partagerez-vous avec un collègue intrusif et affamé ?

La gaieté avait rendu Belladone à l’aise, tant et si bien qu’il n’avait pas attendu sa réponse pour fermer la porte derrière lui, et tirer une chaise à lui pour s’installer à la table immense qui aurait pu accueillir des dizaines de sorciers. Après tout, Gellert était son ami, et n’avait donc aucune raison de le chasser.

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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] Icon_minitimeDim 29 Mar - 20:31



À La Table des Grands

« ALLESFRESSER. »

Cuisines, Hiver 1942.

Ces derniers jours avaient été agités dans l’étrange monotonie des semaines passées à Poudlard. Un rapprochement certain de la part d’Albus puis l’incident avec Lavande… Des petits évènements qui avaient rythmés, de façon plus ou moins agréables, le marasme dans lequel s’était embourbé Grindelwald et dont il n’arrivait à s’en sortir les chevilles. Rien n’avait été gris dans l’existence du mage noir. Tout devait être affreusement contrasté entre le noir le plus sombre et le blanc le plus éblouissant. Il retrouvait cette absence de nuance dans sa façon d’aimer et surtout d’haïr, même si ses notions finissaient par se confondre, ajoutant les rares teintes floues de gris de sa vie. Mais c’était quelques touches de couleurs qui venaient d’agrémenter son existence insolite au milieu des murs de ce château. Se sentant plus léger, voire même guilleret, il était de relativement bonne humeur contre toute attente, finissant même par voir un peu de lumière dans son avenir qui ressemblait pourtant à une boucle sans fin. Pourtant, il mangeait et dormait toujours peu. Dormir n’avait jamais été une priorité pour lui et lors des dîners, il était plus occupé à discuter avec ses voisins, les professeurs Dumbledore et Raven, plutôt qu’à s’alimenter convenablement.

C’était donc l’estomac dans les talons qui lui vint l’idée d’aller faire une escapade discrète dans les cuisines de l’école. Les Aurors l’embêteraient sûrement, mais par son ventre qui gargouillait, ils ne s’y opposeraient probablement pas. De plus, Belladone avait manqué le dîner et cela avait presque inquiéter son collègue qui s’était demandé où le jeune professeur avait bien pu disparaître. Lavande avait été présente au dîner, malgré ce qu’il s’était passé entre eux, Grindelwald gardait un œil sur elle, et il savait que Belladone également, c’était pourquoi il s’était étonné de ne pas le voir à sa droite lors du dîner, pour une fois qu’il daignait venir qui plus est. Qu’importe, ce nuit-là avait faim et il ne se ferait pas prier pour aller piocher dans les réserves abondantes de Poudlard. Personne ne lui en voudrait. De plus, la gastronomie proposait par les elfes du château était redondante. Aucune autre spécialité que celles de la Grande-Bretagne et du monde sorcier, le palais légèrement délicat du mage noir avait fini par se lasser. Peut-être qu’il pourrait se cuisiner quelque chose, en fonction de ce qu’il y aurait. Il se doutait qui lui manquerait quelques ingrédients, mais il arriverait probablement à se débrouiller sans.

Il prit avec lui sa chica récemment acquise, gracieuse récompense du Ministère et d’Albus pour sa bonne conduite des dernières semaines. Pour un prisonnier qui avait ravagé l’Europe et l’avait mise à feu et à sang, il était plutôt bien loti et ne s’en plaignait pas. De toute façon, après avoir passé quinze ans à Azkaban, tout semblait plus confortable que son ancienne cellule. Quand il sortit de ses appartements, il put se rendre compte de l’ennui déjà visible sur le visage des Aurors qui savaient d’ores et déjà qu’ils allaient vadrouiller toute la nuit. Avec un sourire amusé de savoir qu’il allait faire naître des angoisses au sein des représentants du Ministère, Gellert prit la direction des cuisines, guidé par la lumière des baguettes de ses « gardes du corps », le menton relevé et le pas vif. Non, il ne comptait pas s’enivrer comme la dernière fois. La seule chose à laquelle il allait se saouler, c’était la nourriture. Cela faisait bien des années encore qu’il ne s’était pas fait un vrai festin de roi. À chaque fois, il n’y avait aucune raison pour justifier un tel gavage. Cela lui prenait, parfois, vestige indestructible de son impulsivité légendaire qui le façonnait.

Il entra aux cuisines et les Aurors préférèrent rester dehors, aux portes. Étant dans les sous-sols, il allait être difficile pour le mage noir de s’enfuir par une fenêtre. Gellert alluma alors les lumières de la salle déserte. La lune n’avait même pas encore parcouru la moitié de son trajet nocturne, les elfes de maison n’arriveraient pas avant plusieurs heures. Ainsi, il avait du temps devant lui pour faire ce dont il avait envie. Avec un sourire satisfait, il posa ce qui l’encombrait pour l’instant sur une table et fit le tour des placards. Saucisses, charcuteries, pommes de terre, poireaux, choux, carottes, oignons, herbes… Il prit un peu de tout et commença à faire ce que lui guidait son palais. Et il prit également tout ce qui fallait pour faire des pâtisseries en tout genre. Oui, il mangerait un peu tout ce qui lui avait été permis de goûter tout au long de sa conquête de l’Europe. De l’Espagne, à la Russie, en passant par la France et l’Autriche. Il serait sûrement seul à voyager cette nuit avec pour compagnie cette seule nostalgie de cette ancienne vie dont il était prêt à faire le deuil désormais.

En quelques minutes, tout la cuisine entra en action de manière quasiment autonome, Gellert ayant ensorcelé tous les ustensiles qui se devaient de l’être afin de préparer une grande quantité de plat qui subviendrait à son estomac cruellement vide. Il prépara d’abord le salé, histoire de libérer de l’espace aux fourneaux pour les desserts. Au bout de plusieurs de dizaines de minutes, ce sont des plats de diverses origines qui commençaient à s’entasser sur la table, à côté de Gellert qui avait sorti sa chica dans l’attente. Ce dernier, après avoir créé un écran de fumée avec, réussissait à projeter ses visions sur cette surface brumeuse. Dans ce cas-ci, il s’agissait plutôt de souvenirs d’une jeunesse enfouie et enterrée. Cet été à Godric’s Hollow avait été le début de sa vie. Ses seize premières années avaient été annihilées de sa mémoire quand Albus était entré dans sa vie. Ou plutôt, quand lui était entré dans la sienne. Car c’était lui qui était venu dans le village de son amant. Sur la fumée était projetée le visage adolescent d’Albus. Puis, ses traits devinrent plus matures, jusqu’à l’âge qu’il avait actuellement. Gellert laissait vagabonder son esprit, se posant ses mêmes questions existentielles sur le chemin que devait emprunter sa vie. Et le visage de cet homme sur cet écran de fumée l’orienterait énormément dans son choix.

Il fut alors brusquement interrompu de sa rêverie par la porte de la cuisine qui s’ouvrait et dans la panique d’être pris sur le fait entre lui et ses songes, Grindelwald dissipa rapidement la projection d’un geste de la main, avalant au passage par accident un nuage de fumée, le faisant tousser sévèrement, disparaissant à moitié derrière ces mets qui s’agglutinaient devant lui. Il reconnut alors la voix de Belladone et se redressa rapidement, le regard rougi par sa puissante toux et agacé d’une colère qui n’existait même pas. Son jeune collègue s’approcha alors de lui avec une certaine familiarité, lui qui était d’ordinaire farouche, caractéristique qu’il partageait avec le mage noir dont les épaules étaient toujours secouées par sa toux. Ce dernier l’accueillit pourtant avec un sourire, malgré son intrusion dans ce moment de rêverie pour Gellert. Cependant, il n’avait rien à cacher au jeune professeur qui savait déjà tout de lui et de ses affections les plus intimes. Il but une gorgée de vin et désigna le festin qui les séparait tous les deux.

— Oui c’est pour moi, mais tu peux te servir si tu veux, je t’en prie.

Il lui fit venir une serviette et des couverts et le regarda avec un air amusé avant de piocher dans une sorte d’omelette à la pomme de terre et aux oignons qui venait de la péninsule ibérique. Nonchalamment affalé sur son fauteuil tel un pacha, il tira sur sa chica avant de relâcher la fumée un peu plus loin. Il se doutait que Belladone n’apprécierait pas qu’on puisse fumer dans la cuisine mais Gellert avait la même lueur mutine et joueuse dans ses yeux asymétriques qui fixaient ceux d’encre de son collègue.

— Alors dis-moi, ça manque le dîner et ça vient piocher dans la cuisine ? Ça m’étonne de toi, je t’imaginais plus rigoureux et discipliné.

Son sourire ne disparut aucunement pourtant mais n’avait aucune malveillance dessus. Juste un air effronté mais pourtant ravi de partager cette nuit avec celui qui était devenu insolitement son ami.
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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] Icon_minitimeJeu 9 Avr - 15:49



A la table des grands

« Cuisines de Poudlard »

Hiver 1942

C’en était presque indécent, cette quantité innombrable de plats qui recouvraient la longue table de chêne, et qui excitaient à tel point les papilles et l’estomac vide Belladone qu’il prenait des aises auxquelles jamais il n’aurait songé en présence de Grindelwald. Pourtant lui et ce dernier avaient vu leur relation –qui n’avait pas démarré sous les meilleurs auspices-, s’améliorer singulièrement ces dernières semaines, au point de pouvoir la qualifier d’amitié, qui revêtait chez Belladone le caractère intime et sacré de quelque chose de précieux, du fait sans doute de sa rareté. Car le dernier des Raven n’avait eu que très peu d’amis, aussi sa constance dans l’affection faisait de lui un être loyal et fidèle, qui ne se déparait jamais de lui-même des liens qu’il avait noués. Et c’était aussi un peu pour cela qu’il s’asseyait ainsi en face de Grindelwald, sans gêne ni honte ; parce qu’il s’attablait en compagnie de l’ami le plus improbable qui soit, et qu’il détenait à présent dans sa paume fragile et tremblante d’émotion les secrets les plus intimes du plus grand et du plus terrible mage noir de l’époque moderne.

Aussi Belladone prit place avec une aisance peu commune, un sourire large et franc éclairant son visage las. Il ne pouvait guère discerner encore les effets de son intrusion quelque peu déplacée au cœur du somptueux festin solitaire de Grindelwald, parce que le visage d’albâtre de l’Occlumens impassible disparaissait derrière d’épaisses volutes de fumée blanchâtre desquelles s’exhalaient des parfums âcres que le jeune homme n’identifiait pas, mêlées ainsi aux effluves alléchantes et diverses des mets qui s’étalaient à ses yeux affamés. L’auguste sorcier fumait quelque chose qui ne ressemblait en rien à une pipe, mais que Belladone avait déjà eu l’occasion de voir sur quelques anciennes gravures représentant des sorciers d’Afrique du Nord. Et l’irruption d’un jeune collègue affamé l’avait sans doute surpris, puisqu’une quinte de toux semblait coincer la gorge du grand mage et Belladone, enfin, s’effraya vaguement de l’avoir mis en colère. Grindelwald ne représentait plus à ses yeux tendres l’effroi terrible qu’il avait pu lui inspirer. Il n’avait pourtant pas perdu de sa prestance ou de sa superbe à ses yeux ; il lui semblait plus intime, comme plus humain, à présent qu’il discernait les fêlures de son existence aujourd’hui las et triste, dont les espoirs brisés et l’amour déchu reposaient sur un amoncellement terrible de cadavres qui fixaient les mains d’albâtre avec horreur, comme si elles pouvaient y voir les traces indélébiles de sang qui les maculaient.

Et l’instinct du jeune homme ne l’avait pas trompé ; si Gellert manifesta une certaine surprise, à voir son collègue discret et timide à l’excès s’installer ainsi sans préambule, un sourire, pourtant, éclaira son visage d’ordinaire impassible, dont les traits n’avaient coutume que de se tirer un peu plus pour ces manifestations de rage froide qui pouvaient se révéler terribles et meurtrières. Aujourd’hui Grindelwald ne semblait pas avoir le cœur à la colère, ni même à l’agacement qu’avait pu lui provoquer si souvent la simple présence du jeune Professeur. Non. Cette nuit il regardait, amusé, le jeune visage affamé qui avait eu l’audace de l’importuner ainsi, lui qui autrefois bredouillait chaque fois qu’il devait lever les yeux vers lui, buvant une gorgée de vin d’un air distrait, tandis que, d’un air magnanime de grand seigneur, il désignait le repas gargantuesque qu’il s’était confectionné pour sa seule personne ;

- Je vous remercie, vraiment. Je meurs de faim et sans vous j’aurais sans doute dû me contenter d’une miche de pain et d’un restant de porridge.

Laissant là les amabilités, Belladone se saisit sans se faire prier des couverts que Gellert lui avait fait apporter, admirant toujours vaguement ces sorciers formidables qu’étaient Albus ou Gellert, et qui se débrouillaient des menues tâches de la vie quotidienne sans même avoir besoin de recourir à leur plus précieuse alliée. Si le jeune homme maîtrisait tous ces sortilèges, il restait néanmoins presque incapable de magie sans baguette, ses seules manifestations enfantines n’ayant pas dépassé le stade du bouton de rose qui, tardif, s’ouvre de lui-même pour enivrer la bibliothèque familiale de ce parfum qu’il aimait tant, ou de la page du livre de sa mère qui se tourne, seule, lorsque tout petit il avait hâte qu’elle achève sa lecture pour le prendre dans ses bras. Belladone haussa les épaules. Il n’allait guère laisser une évidence qu’il avait accepté depuis des années déjà gâcher une si belle humeur, d’autant plus précieuse qu’elle était rare chez lui. Et, tandis que Gellert plongeait sa fourchette dans un plat de pommes de terres qui dégageait un fumet délicieux, le jeune homme poussa une exclamation ravie :

- Est-ce bien de la tortilla ?

Sans attendre de réponse à sa question rhétorique, Belladone plongea lui aussi sa fourchette dans le plat, sans plus de cérémonies, émettant un grognement ravi lorsque la première bouchée eut atteint sa bouche, manquant là totalement de ce flegme et de cette discrétion qui le caractérisaient tellement en temps normal. C’était étrange et paradoxal, de se sentir autant à l’aise avec une figure qui nous avait autant effrayé, mais c’était ainsi. Il y’avait de ces choses, de ces liens et de ces affections, qui justement étaient beaux parce qu’ils ne s’expliquaient pas. Aussi, comme Gellert fumait toujours de cet instrument dont le nom lui revenait enfin, Belladone jeta un œil effaré et ravi autour des viandes salées, des pommes de terres et des légumes cuits qui abondaient entre eux deux, piochant de ce chou mariné que les germaniques aimaient tant, et trois de leurs délicieuses saucisses à la peau orangeâtre et légèrement croustillante sous les dents. Belladone mâchonnait avec un délice rêveur le morceau de saucisse qu’il avait dans la bouche, laissant le jus de la cuisson envahir ses papilles affamées, se délectant de ce dîner fabuleux dont il n’aurait même pas osé rêver, en pleine nuit dans les cuisines de Poudlard.

C’est à cet instant que Belladone redressa le nez de son assiette en rougissant. Malgré sa bonne humeur et sa faim dévorante qui frisait l’impolitesse, son sens de l’humour qui frisait le néant ne s’éveillait pas assez pour comprendre que Grindelwald se jouait de lui. Ce n’est qu’en levant son regard d’encre désolé et qu’il aperçut le léger sourire flottant sur le visage de l’ancien mage noir, qu’enfin il saisit l’évidence. Le jeune homme se rasséréna, avala tranquillement sa bouchée de saucisse, tandis qu’il s’attaquait au chou mariné qui sentait délicieusement bon ;

- Eh bien figurez-vous que j’étais absorbé par une lecture passionnante, et que mon estomac m’en a tiré il y’a à peine quelques minutes. De fait, je m’excuse de mon impolitesse, mais il est vrai que j’étais mort de faim, et surtout, que vous, vous m’avez caché vos talents culinaires ! Par Merlin, c’est délicieux !

Belladone se pencha pour se saisir d’un ragoût de légumes divers, le poireau semblant prédominer, et qui l’attirait de par les délicates effluves qui glissaient jusqu’à ses narines, jetant un œil intrigué et amusé à l’instrument que Gellert fumait avec la distraction élégante d’un pacha d’Afrique d Nord. Son sourire s’élargissant tandis qu’il mettait à sa bouche une première bouchée de ce ragoût qui était aussi délicieux qu’il n’y paraissait, et il attendit d’en avoir scrupuleusement savouré toutes ses effluves avant de montrer du doigt l’appareil étrange posé sur la table ;

- Et vous m’avez aussi caché que vous fumiez ? N’est-ce pas une chicha ? Où avez-vous pu dénicher un tel objet ? D’ailleurs, qu’avez-vous fait de vos geôliers ?

C’était vrai. Belladone ne les avait pas vus. Il s’agissait de simple curiosité. Un Grindelwald en fuite aurait mis le château sens dessus dessous, sans compter qu’un mage noir en cavale ne s’attarderait pas à la confection d’un festin solitaires dans les cuisines du château qui lui servait de geôle. Sans nul doute attendaient-ils tapis dans l’ombre, vexés et rageurs, dans un coin des cachots, et le jeune homme arrivé en trombe en pleine obscurité n’aura pas fait attentions à d’éventuelles présences tapies dans la nuit sépulcrale de Poudlard endormi.

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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] Icon_minitimeDim 12 Avr - 12:41



À La Table des Grands

« ALLESFRESSER. »

Cuisines, Hiver 1942.

Toujours nonchalamment installé, Gellert regarda son ami s’installer à sa table et se servir de divers mets que le mage noir avait fait pour occuper sa nuit. Il était bien l’une des seules personnes présentes à Poudlard dont il tolérait une telle intrusion dans cet instant de solitude. Mais il savait que la compagnie de Belladone était bonne et agréable, le jeune professeur s’avérant être quelqu’un d’intéressant et d’enjoué, sa timidité brisée. Autant dire que Gellert n’aurait pas toléré une telle présence intrusive dans ce moment un peu privé où il s’était autorisé un festin de roi. Avant que le mage noir n’ait d’ailleurs pu proposer quoique ce soit à son hôte, ce dernier reconnut directement la tortilla et s’en servit immédiatement. Amusé de voir un Belladone si désinhibé devant la nourriture, un sourire franc et espiègle se dessina sur le visage de Gellert qui fut d’abord surpris de la connaissance de son collègue de ce plat ibérique. Finalement, cela n’avait rien de si surprenant puisque le jeune homme avait déjà parcouru pas mal de territoire européen pour sa thèse sur la magie noire. Il avait probablement dû séjourner de l’autre côté des Pyrénées tout au long de son studieux périple.

Suite à aux interrogations du mage noir portant sur l’absence de Belladone au dîner, ce dernier avoua qu’un livre lui avait fait perdre toute notion du temps. Comment Gellert pouvait-il le blâmer ? Lui-même en oubliait souvent les minutes qui filaient en se plongeant dans un livre ou même dans ses pensées. Le nombre de ses nuits blanches ne se comptaient plus et ne pouvaient même pas avoir d’estimation tant elles étaient nombreuses au cours de sa vie qui était devenue longue désormais. Il sourit, curieux de savoir quel ouvrage avait pu l’extraire à ce point de toute temporalité physique et terrestre mais Belladone continua son discours en vantant les qualités de cuisinier de Gellert qui, ironiquement souris modestement en haussant les épaules. Le mage noir avait toujours été du genre autodidacte et ne souhaitait pas se reposer sur les autres pour apprendre à faire quelque chose. Ainsi, il avait développé une certaine polyvalence dans bien des domaines, de même qu’une certaine érudition nourrit par une curiosité insatiable, partant du principe qu’il n’était jamais mieux servi que par lui-même. Maintenant, il en faisait enfin profiter de ses talents cachés à quelqu’un d’autre. Le sourire en coin, posé de biais, un pied sur le bas, faisant faire à sa jambe un angle, il regardait Belladone droit dans les yeux.

— Merci. Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait quelque chose dans ce genre-là. Mais tu verras, je suis meilleur avec les desserts.

Il eut un léger rire rendu plus rauque que d’habitude par la fumée qui allait et venait dans sa gorge. L’objet qu’avait apporté Gellert ne tarda pas à attirer la curiosité de Belladone qui semblait de moins en moins timide et réservé. Le mage noir était persuadé que si les proches de son jeune collègue le voyaient parler ainsi à Grindelwald, tous penseraient qu’il ne s’agirait que d’une grossière hallucination, d’une vision chimérique sans aucun sens. Belladone était un être profondément bon qui ne devait avoir aucune méchanceté en lui. Jamais il n’avait dû avoir un mot mauvais pour quelqu’un d’autre, jamais il n’avait dû faire preuve d’agressivité, qu’il devait mépriser. Pourtant, il était là, plaisantant avec un monstre ayant ôté froidement la vie de centaines voire milliers de personnes, sorciers et moldus confondus. L’existence même de Grindelwald aurait dû repousser Belladone mais le voici bavardant avec le mage noir comme si de rien n’était. Comme si le puissant et sombre sorcier n’avait été qu’un jeune délinquant à la jeunesse un peu difficile. Avec un sourire pourtant, Gellert montra la chicha à Belladone.

— Le Ministère me l’a gracieusement accordée comme pour me récompenser de ma passivité.

Il ricana doucement.

— Après tout, ce n’est pas ça qui m’aiderait pour une éventuelle évasion. Je m’en servais surtout pour montrer mes visions à mon auditoire. Les images sont plus parlantes que les mots, pour la plupart des esprits. Cela venait appuyer mon propos, mais je pense que tu sais déjà tout ça.

Il tendit le bec à Belladone tout en faisant venir une bouteille de vin dont il servit le verre son hôte, le tout magiquement.

— Tu veux essayer ?

Avec un sourire et une certaine malice dans le regard, il poursuivit :

— Je ne suis pas sûr que tu arrives à transposer tes pensées sur la fumée, je ne suis pas sûr que tu en aies envie non plus, mais bon.

Il eut toujours un ricanement, curieux de voir si Belladone allait suivre son incitation, bien qu’inoffensive. Pendant ce temps, le mage noir se servit de fondue aux poireaux, rapidement assortie d’un pavé de saumon cuit à la vapeur et accompagné de citron. Tandis qu’il entama la deuxième partie copieuse de son festin, ayant fini sa tortilla depuis quelques instants, son regard n’avait quitté son hôte.

— Parle-moi de ta thèse un peu. Je sais déjà que tu as écrit quelques maladresses à mon sujet et j’aimerais savoir si tu n’en as pas écrites d’autres.

Il eut un sourire espiègle et sans méchanceté. Taquin, son regard asymétrique n’avait toujours pas lâché celui parfaitement homogène de Belladone. En réalité, il était vraiment curieux de savoir ce qu’avait écrit son jeune collègue au cœur pur dans sa thèse, se disant qu’il pourrait sûrement apporter de son savoir de la magie arcane à son hôte. Ainsi, sa thèse pourrait être plus précise, plus complète, Grindelwald maîtrisant tout de même la magie noire peut-être plus que quiconque. Cela pourrait faire avancer certaines études et cela créait chez Gellert une sorte d’excitation à être productif d’une nouvelle façon, pouvant lui donner l’impression de servir un minimum à quelque chose de nouveau. Cela permettrait également à son savoir de ne pas s’enliser dans l’oubli, laissé simplement de côté à cause de sa nature belliqueuse. Bien évidemment, si toutes ses connaissances tombaient dans de mauvaises mains, les conséquences pourraient être terribles. Cependant, elles ne seraient pas inconnues non plus. Telle une maladie, les Aurors seraient prévenus de certaines forces obscures et seraient également mieux préparés à les combattre. Tout en regardant Belladone, Gellert sirota son verre de vin, attendant de voir si celui-ci allait partager son enthousiasme ou se renfermer dans une timidité intimidée.
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Belladone Raven
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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] Icon_minitimeMar 21 Avr - 16:12



A la table des grands

« Cuisines de Poudlard »

Hiver 1942

- J’ai hâte de voir ça !

Un sourire ravi se dessina sur le visage enthousiaste de Belladone, à l’évocation d’une promesse de desserts qui s’avèreraient sans nul doute succulents, puisque Gellert lui-même admettait sa supériorité dans la pâtisserie. Pour le moment, la faim dévorante se calmait enfin, et c’est avec ce flegme retrouvé, duquel il s’était dépouillé devant Grindelwald et l’alléchante exhalaison de ses mets, qu’il achevait son assiette emplie de délicieuses saucisses, de ragoût de poireaux et de tortilla. Le rire léger du mage noir repenti, qu’il avait rauque, et qui semblait toujours sonner le glas de quelque dessein ou pressentiment sinistre, n’effraya pas Belladone cette fois-ci. Gellert souriait. Il était son ami désormais. Au creux de l’oreille de Belladone s’étaient déversé les secrets les plus sombres enfouis dans les tréfonds de l’âme du sorcier le plus terrible de son époque, et le jeune homme était persuadé, non sans une certaine émotion étrange qui lui faisait parfois trembler l’échine, d’avoir été le seul et unique confident de cet esprit indéchiffrable, qui avait dupé les plus grands de ce monde durant tant d’années. C’était un sentiment étrange, une sorte de révérence presque craintive, de se sentir ainsi surélevé par la confession d’un mage si grand que rien ni personne n’était parvenu à lui arracher, et Belladone voulait se montrer digne d’un repentir que sa bonté et sa naïveté trop grandes voulaient croire sincères. A quoi bon exiger le repentir de quelqu’un, si personne ne désirait l’accepter ?

Peut-être Belladone était-il un idiot. Mais la confiance qu’il vouait à Dumbledore appuyait sa démarche de bienveillance instinctive qui n’était que le reflet du naturel d’une âme tendre qui n’aspirait qu’au pardon et à l’affection. Le jeune homme, contre toute attente, et par un étrange et invraisemblable coup du sort, s’était surpris à apprécier la compagnie d’un des plus grands mages noirs. Et cette amitié étrange n’omettait pas le sang qui recouvrait les mains blafardes du mage Autrichien, mais pour qu’un criminel se repentisse, ne fallait-il pas lui en laisser l’occasion ? Belladone voulait croire en l’amitié de Grindelwald, et se soumettait là, sciemment, aux jugements des autres qui ne tarderaient pas, et dont il ne s’imaginait que trop la teneur ; Le faible, le fragile, l’émotif Professeur Raven, pris au piège entre les griffes machiavéliques et acérées des discours douceâtres de Grindelwald qui avaient harangué des oratoires immenses.

Mais Belladone n’était pas aussi idiot ni aussi innocent que le pensait son entourage. Et l’effroi terrible que lui causait la simple présence de Grindelwald n’avait disparu que sous l’effet de plusieurs preuves de la bonne foi de son repentir, malgré ce qu’en pensait l’intéressé lui-même ; il n’est pas de pire juge de l’âme humaine que son propre propriétaire. Le mage noir avait eu de maintes occasions de s’enfuir, de se débarrasser de son jeune collègue encombrant où d’orchestrer un massacre d’élèves. L’escouade d’Aurors n’était qu’un leurre, la façade rassurante, le faste minimum à la décence de l’arrivée d’un ancien criminel redouté au sein de la plus prestigieuse école de sorcellerie du monde. Cela, Belladone le savait, et Albus Dumbledore aussi. De plus, Grindelwald, par deux fois armé de sa propre baguette, n’avait pas saisi l’occasion de réduire au silence le jeune homme qui avait autrefois le don de le mettre dans des rages folles, ni même de s’enfuir en se débarrassant chaque élève ou chaque membre du personnel qui se serait trouvé sur son chemin.

Alors oui, il avait mérité la confiance de Belladone, n’en déplaise aux cyniques et à ceux qui ne pouvaient guère le considérer autrement que comme un enfant que l’on dupe sans arrêt, et avec une déconcertante facilité. Sa loyauté lui permettrait de faire face aux critiques dont on l’assaillirait, malgré le mal que, sans doute, certaines critiques acerbes infligeraient à son cœur trop tendre. Aussi se permit-il de répondre au ricanement quelque peu lugubre de son aîné par un léger rire, ne l’imaginant guère, en effet, planifier une évasion à l’aide d’un tel objet, malgré les trésors d’ingéniosité dont pouvait faire preuve Grindelwald. Peu adepte du tabac, Belladone se saisit pourtant du bec de l’instrument par politesse et par convivialité, tirant une bouffée prudente, la recrachant maladroitement, manquant de s’étrangler. Toussotant un instant, et rendant l’appareil de torture à son ami, Belladone répondit, avalant une gorgée du vin que son ami venait de lui servir, et qui était délicieux :

- En effet, cela me paraît un objet d’évasion bien incongru. Et oui, je le sais, j’ai même vu quelques gravures qui vous représentaient ainsi, mais cela devait être littéralement fascinant à observer. Et de fait, vous avez raison, cet exercice semble dépasser mes capacités, d’autant que pour se faire, il faudrait que je sois capable d’inhaler une bouffée de tabac sans m’étouffer.

Belladone rit légèrement lui aussi, buvant une seconde gorgée de vin qui lui fit un instant fermer les paupières, savourant le plaisir d’une telle qualité qu’ils ne servaient pas à Poudlard, plutôt adepte d’hydromel et de jus de citrouille. Le jeune homme achevait tranquillement son assiette, savourant la combinaison magnifique qu’offrait ces mets délicats, couplés à un vin de si excellente qualité. Gellert se resservait lui aussi, et Belladone ne put s’empêcher de l’imiter et de piocher, en pique assiette intrusif, un peu de ce poisson qui dégageait de telles effluves, plus par gourmandise que par cette faim réelle qui commençait à s’estomper, mais également pour déguster ce vin exquis qu’il buvait trop vite. Et il se sentait véritablement à son aise à cet instant précis, comme il ne l’était qu’avec un nombre rarissimes de personnes, plus à l’aise même qu’avec Albus qu’il vénérait un peu trop pour s’attabler avec autant de sans-gêne à ses côtés. Mais voilà qu’une rougeur vive, qui n’avait rien à voir avec l’alcool ingurgité certes un peu vite, lui monta aux joues à l’évocation de sa thèse et des maladresses éventuelles qu’il avait pu y mentionner sur Grindelwald. Les réminiscences de la première et désastreuse soirée de son retour à Poudlard, au cours de laquelle il avait mis Grindelwald dans une rage folle, l’ayant cru prétentieux et indifférent au sort des enfants nés-moldus commencèrent à poindre en son esprit rarement si apaisé. Le jeune homme, que tout le monde savait presque trop humble –Gellert aussi à présent-, avait pris soin de ne jamais évoquer de nouveau sa thèse devant lui, suffisamment échaudé lors de cette épouvantable première fois. Pourtant Grindelwald n’était plus fâché. Il semblait taquin, et sincèrement curieux, aussi Belladone, s’il n’était pas inquiet, se demanda vaguement l’espace d’un instant s’il devait se montrer vexé des maladresses soulignées par Grindelwald.

La conclusion, au bout de quelques secondes, fut non, bien entendu. Certes, Belladone avait mis un point d’honneur à travailler d’arrache-pied pour vérifier la moindre de ses sources, et n’avait tiré aucune conclusion des actions du mage noir. Sa thèse relevait du travail d’historien, et il s’était évertué à retranscrire scrupuleusement des faits réels et avérés, se gardant bien l’émission d’hypothèses de romances passionnées qui ne concernait pas son travail en plus de ne rien avoir d’avéré. Que la presse à scandale et autres torchons se réservent ce genre de ragots. Mais Belladone pouvait imaginer l’amertume de Grindelwald. Personne, hormis peut-être Dumbledore lui-même, n’était jamais parvenu à expliquer le pourquoi de ses actes. Aussi voir des inconnus de la nouvelle génération s’essayer au succès en tâchant de transcrire la biographie d’un homme que personne, peut-être n’avait réellement compris, devait sans nul doute insuffler un sentiment d’amertume au criminel repenti qui avait passé les quinze dernières années de sa vie à Azkaban. C’est avec précaution donc que Belladone brisa le silence qui s’était ensuivi, non sans avaler une énième gorgée de vin :

- Hum…Oh et bien…J’ai sans doute été maladroit par moment, mais croyez bien que ce n’était guère voulu…La difficulté vous concernant reste indéniablement le manque de sources, c’est pourquoi je n’ai pu m’empêcher d’être aussi curieux lors…lors de notre premier dîner…Mais ce que je peux vous dire en toute humilité, c’est que je ne vous ai pas fait l’offense de déduire de moi-même des ragots de votre vie personnelle et intime, de ceux qui font vendre et qui ont pullulé partout, du temps de votre gloire, la théorie d’une idylle entre vous et Vinda Rosier n’étant pas une des moindres. J’ai essayé de m’en tenir au fait, si concis soient-ils vous concernant, et pourtant j’ai écumé les bibliothèques sorcières d’Europe de l’Est à la recherche d’informations sur vous… Celle de Vienne est magnifique, ne trouvez-vous pas ? Comment résumer…Je n’ai pas évoqué votre prime enfance, tout simplement parce qu’elle semble inconnue…Non, je n’ai absolument rien trouvé sur vous avant votre entrée à Durmstrang…Votre renvoi à l’âge de seize ans dont la cause officielle serait un incident lié à la magie noire…Votre rencontre avec Albus Dumbledore, l’obtention de la baguette de sureau, bien que les circonstances soient floues et que de fait, je ne me sois pas étendu sur le sujet…Votre idéologie aussi, cette injustice que vous montriez du doigt, que nous, sorciers, devions nous libérer de nos chaînes et ne plus vivre cachés des Moldus…Ce don incroyable d’haranguer les foules, de relier le monde entier à votre cause, ces prophéties vertigineuses, effroyables, qui s’échappaient dans des tourbillons de fumée, et ces Protego Diabolica que vous avez rendu légendaires, et qui ont immolé par leur puissance nombre de vos opposants…

Belladone but une gorgée de vin, ayant peur d’en avoir un peu trop dit, soudain. L’élan de la passion pour ce personnage énigmatique, fascinant, indéchiffrable, avait repris le dessus sur la gêne qui s’était emparée de lui, et, avant d’en perdre le courage, le jeune homme se hâta de lui soumettre une proposition qu’il avait eu, pour son malheur, l’audace de lui faire une première fois, et qu’il s’était promis de ne jamais tenter de nouveau :

- Hum…Mais vous savez, je vous l’offrirais avec plaisir, vous pourriez en juger par vous-même…Si jamais elle vous déplaît, je suis persuadé qu’elle remplirait à merveille un rôle de presse papier ou de combustible pour votre cheminée…

Belladone s’essaya à rire, tandis qu’il levait son verre déjà vide, jetant un œil vers la bouteille qui le séduisait beaucoup trop :

- Pourrais-je abuser de votre générosité et me resservir ? Ce vin est délicieux !

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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] Icon_minitimeVen 24 Avr - 10:43



À La Table des Grands

« ALLESFRESSER. »

Cuisines, Hiver 1942.

Gellert, qui se tenait toujours sur son banc, savait pertinemment qu’il jouait avec la timidité de Belladone qui semblait étrangement confiant. Si le mage se montrait un peu trop taquin, il était curieux de voir si son jeune collègue allait garder l’aplomb dont il faisait actuellement preuve ou s’il allait de nouveau s’enfermer dans son côté réservé et s’étouffer dans ses bégaiements. Le terrible sorcier s’amusait de son ami. Ce n’était pas la meilleure façon d’honorer une telle relation, mais Grindelwald avait encore quelques progrès à faire concernant l’affection. Néanmoins, ces intentions envers cette nouvelle complicité n’avaient rien de néfaste ni de mauvais envers Belladone, contrairement à la plupart des relations qu’avait entretenues le mage noir dans son existence. Non, pour une fois, il n’y avait aucune arrière-pensée, aucune mauvaise intention à l’égard du jeune homme. Et au vu de l’improbable aisance qu’avait le benjamin Raven pour s’installer devant lui, il avait hâte de savoir si sa timidité allait le punir pour un tel enthousiasme enjoué. Ainsi, Gellert regarda Belladone commencer à manger et prendre le tuyau de la chicha que lui avait proposé le mage noir quelques instants plus tôt. Le mage noir regarda toute l’opération avec un sourire en coin, ayant l’amusant sentiment d’encanailler Belladone.

Ce dernier ne tarda pas à s’étouffer avec la fumée, faisant ricaner moqueusement le mage noir. Ce dernier reprit son attirail et ne tarda pas à imiter le geste de son ami, sans s’étouffer néanmoins. D’un œil rieur, il le regarda, toujours sans rien dire, avaler goulument sa gorgée de vin afin probablement de soulager son œsophage en feu après l’inhalation intempestive de la fumée. Le mage noir sourit pourtant non sans fierté quand Belladone lui relata l’usage de cet instrument lors de son règne de terreur. Gellert se souvenait pourtant très bien de ce pourquoi il avait utilisé son appareil devant ses disciples, mais quelques réminiscences de ces exploits passés et lugubres flattaient son ego de puissant mage noir. Il se demanda alors s’il ne pouvait pas en faire une démonstration à son jeune ami qui n’avait dû se fier qu’aux témoignages et autres images de ce qu’on avait pu lui dire des pouvoirs de Grindelwald. Mais lui montrer quoi ? La désolation qu’il avait causée pendant des années ? Ses années d’emprisonnement à Azkaban ? Ou alors ces dernières visions comme la mort de Dumbledore vieux en haut de la tour d’Astronomie ? Non, il valait mieux qu’il garde ses pensées pour lui pour le moment.

Sans rien dire toujours, Gellert regarda son ami reprendre du vin, comme si ce dernier était pris d’une soif inextinguible qui ne manqua pas d’attirer l’attention du mage noir. Ce dernier n’avait aucune mauvaise intention à l’égard du jeune professeur, aussi, le voir avoir une descente si facile l’intrigua presque. Cependant, sachant que son collègue était un adulte responsable, il ne s’en inquiéta pas plus que cela pour le moment. Il l’écouta plutôt énoncer tout ce qu’il avait pu dire à son sujet dans sa thèse, se rapportant à des faits les plus connus. Grindelwald était satisfait qu’il restât encore des zones d’ombre totale de sa vie. Certaines choses devaient rester secrètes et ne devaient être dévoilées, même si son nom et son visage étaient connus de tous. Le fait que sa relation avec Dumbledore était connue le dérangeait suffisamment assez, même si la nature profonde de ladite relation inconnue de tous néanmoins. Il sourit, ne voyant pas quoi rajouter de plus suite à ce monologue de Belladone où celui-ci étalait toutes ses connaissances de tête. Il n’avait pas grand-chose à démentir pour le moment, même si cela restait un court résumé succinct. Il y avait certainement des coquilles que Gellert ne tarderait pas à corriger.

— Pourquoi en ferais-je du combustible pour ma cheminée, allons. C’est le travail de ta courte vie pour l’instant, c’est aussi ce qui t’a permis de rentrer en tant que professeur à Poudlard. Si Albus l’a lu, c’est que ta thèse doit être intéressante et juste. Je lui fais confiance sur ce point-là. Donc non, je ne la mettrai pas au feu.

Il sourit avec un air espiègle.

— En revanche, si je vois trop d’âneries, tu seras le premier à le savoir.

Belladone lui demanda alors s’il pouvait se resservir du vin, ce à quoi Gellert eut alors un air plus sérieux.

— Vraiment ? Je ne savais que tu aimais à ce point le vin, toi qui tournes plutôt à l’eau, aux dîners.

Il sourit et fit apporter la bouteille de vin pour servir un petit verre à Belladone, soucieux de sa consommation d’alcool pour la soirée. Tous les deux avaient déjà fait un petit fiasco quand Gellert était venu ivre se confier à son collègue, il ne manquait plus que ce dernier finisse lui-aussi saoul en compagnie du mage noir, de nouveau au beau milieu de la nuit. Sinon, Albus, Dippet et les Aurors allaient certainement leur tirer les oreilles. Voire plus dans le cas du mage noir. Cela ne lui ressemblait d’être ainsi soumis à une autorité quelconque mais Grindelwald aspirait à couler des jours doux, désormais. Il ne pouvait que constater ses échecs d’antan et faisait le deuil de ses ambitions. Cependant, pour purger sa peine dans les meilleures conditions possibles, il se devait de se tenir à carreaux. Et, par conséquent, Belladone devait se tenir tranquille également. Il ne voulait pas que l’on pense que cette amitié puisse avoir une mauvaise influence sur le benjamin des Raven, enfant sans problème et d’un flegme déconcertant, à l’instar de sa timidité parfois maladive qui était les seules lézardes de son calme olympien. Gellert sourit pourtant et lui montra un morceau de bœuf avec une sauce à l'échalote.

— Tu reprendrais bien à manger ? Histoire de noyer tout ce vin que tu es en train d’avaler.

Il rit doucement, mangeant un morceau à son tour.

— Et sinon, tu as d’autres projets que cette thèse ? Je veux dire, professeur de Défense Contre les Forces du Mal à Poudlard, c’est déjà très prestigieux, mais tu n’as pas d’autres ambitions à côté ? Une deuxième thèse, je ne sais pas…

Ce fut au tour de Gellert de se servir du vin. Si la bouteille d’hydromel avait été fatale quelques jours auparavant, le vin lui convenait mieux et surtout, il n’était plus à jeun. Avec nonchalance pourtant, il trinqua avec le verre de Belladone, une lueur malicieuse dans ses iris asymétriques.
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Belladone Raven
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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] Icon_minitimeLun 4 Mai - 17:00



A la table des grands

« Cuisines de Poudlard »

Hiver 1942

Un rire narquois vint se mêler à la quinte de toux de Belladone, qui s’étouffait dans la fumée âpre de tabac qu’il n’était pas parvenu à recracher sans dommage. Non sans une certaine insolence narquoise, le mage noir jeta un œil taquin à son cadet, l’imitant avec une élégance nonchalante et naturelle qui lui donnait des airs d’enfant impudent. Les sillons blanchâtres et éthérées s’exhalèrent d’entre les lèvres pâles de Grindelwald, avec une grâce instinctive que Belladone lui aurait presque enviée. Le charisme de l’auguste sorcier, certes, n’était pas qu’une légende infondée, et il y’avait une autorité étrange, auguste, presque impériale, qui semblait s’insuffler dans le moindre de ses gestes. Et tandis que son cadet étanchait sa piteuse et violente crise de toux dans une gorgée de ce vin exquis que Gellert, décidément plein de ressources, avait déniché on ne savait trop où, lui le contemplait tout son saoûl, toujours de ce petit air moqueur et impénétrable qui collait à sa peau d’albâtre.

Et la hardiesse de Belladone semblait payer, parce que l’offre humble et désintéressée qui lui avait valu autrefois de courber les épaules devant la rage sourde et indicible de Grindelwald fut cette fois-ci accueillie avec magnanimité, bienveillance presque. Le sourire du jeune homme s’élargit avec humilité à l’évocation du Professeur Dumbledore. Sans nul doute, l’auguste sorcier avait fait à Belladone l’honneur de trouver son travail au moins intéressant, pour qu’un poste aussi prestigieux lui soit offert sur la recommandation de celui-ci. Aussi lorsque le criminel repenti et sa paradoxale espièglerie d’adolescent tentèrent de nouveau de piéger le naïf Professeur, ce dernier ne se laissa pas prendre au jeu cette fois-ci, rétorquant avec le même sourire qui ne le quittait pas, ce soir :

- Je m’en remets donc à votre franchise. Je le sais parfois un peu brutale, certes, mais à toute épreuve.

Mais Grindelwald semblait avoir brusquement repris son sérieux, à la demande de son jeune collègue et ami qui devait sembler somme toute bien anodine. Pourtant son aîné s’exécuta, faisant léviter sans baguette la bouteille de vin qui reposait tranquillement au centre de la table pour resservir le cadet des Raven et des professeurs de Poudlard, d’un air étrange, presque étonné. Belladone, l’œil quelque peu hagard, fixé sur son verre, sembla seulement se rendre compte de la quantité d’alcool ingérée si vite, lui qui d’ordinaire ne buvait que fort peu aux repas. Comprenant l’hébétude de Grindelwald, lui-même un peu abasourdi de cette légèreté qui ne lui ressemblait pas, lui le flegmatique, le tempéré et l’ennuyeux dans tous les domaines qui puissent exister, semblait, en présence de son aîné, s’être oublié au point d’accuser une très légère ivresse qui, à n’en pas douter, était la cause de son euphorie et de son effarante absence de gêne. Ses joues rosirent légèrement, tandis que le verre qu’il tenait entre ses doigts fut reposé doucement sur la table, avant même qu’il n’y ait une énième fois trempé les lèvres. Grindelwald avait raison. Tout ceci n’était guère raisonnable.

- Oh…Vous avez raison, c’est que n’avons que rarement de vin d’une telle qualité à Poudlard, dont la boisson phare est plutôt le jus de citrouille, voir l’hydromel. Je vais tâcher de prendre garde…

En réalité Belladone ne s’inquiétait pas outre mesure. A une heure aussi avancée de la nuit, il lui faudrait à coup sûr jouer d’une malchance inouïe pour croiser quelqu’un qui s’inquiéterait de son ivresse, et si Grindelwald avait nourri quelque dessein maléfique à son égard, l’ivresse ou la sobriété de Belladone ne changerait guère la donne. Mais c’est avec un sourire alléché, et par gourmandise plus que par une faim réelle, apaisée depuis longtemps désormais, que le jeune homme accepta un morceau de la viande rouge délicate qui baignait dans une sauce aux effluves de vin et d’échalotes qui attisaient de nouveau ses papilles affolées par la moindre odeur de ce qui était comestible :

- Comment pourrait-on décliner une offre qui sent aussi bon ?

Belladone, armé de sa propre fourchette, se servit, ne tardant pas à enfourner un large morceau de viande dans sa bouche. Ses paupières se fermèrent un bref instant, tant la dégustation était exquise. La viande fondait sous la bouche, tendre, marinée sans doute des heures durant dans cette sauce onctueuse au vin et aux échalotes qui la parfumait de manière délicate. Avec parcimonie et précaution, Belladone trempa les lèvres dans le breuvage délicieux que Gellert lui avait resservi, non sans cette taquinerie qui faisait partie de l’immense personnage qu’il était. La conversation de Grindelwald se révélait agréable, lorsque l’on avait la chance et le privilège inouï d’en être digne à ses yeux glacials qui semblaient indifférents à tout ce qui l’entourait, sauf pour ce cercle très restreints de ceux qui étaient parvenus à obtenir son amitié ou son affection. La question fit réfléchir un instant Belladone, dont l’esprit embrumé par la légère ivresse, le somptueux dîner improvisé ainsi que la soirée imprévue en compagnie d’un de ses rares amis avaient rendu moins vif que d’ordinaire, avant de répondre, l’air concentré :

- Plus que prestigieux, à mon âge et en début de carrière, c’est inespéré…Je n’ignore pas que cette place a été convoitée par de bien meilleurs sorciers que moi, et je loue la bonté du Professeur Dumbledore pour avoir soutenu ma candidature…Du reste, je ne suis pas vraiment quelqu’un d’ambitieux, et je me dis parfois que c’est peut-être un peu pour cela qu’il a jugé bon de m’y installer moi, qui ne me serait jamais entretué ou battu de quelque façon pour ce poste…Peut-être y’avait-il trop d’enjeux, trop de sourdes rivalités entre les candidats plus sérieux et plus qualifiés que moi…En réalité je l’ignore…Le Professeur Dumbledore est un esprit si brillant que ses cheminements et ses décisions échappent souvent au commun des mortels…

Belladone avala prudemment une gorgée de vin, réfléchissant à la suite de sa réponse. En réalité la place de Professeur de Défense Contre les Forces du Mal lui dévorait déjà, -à l’instar de ces vampires qui avaient occupé toute sa soirée au point d’en oublier de dîner- la majorité de son temps et de son énergie, plus encore que son manque d’autorité naturelle lui faisait déployer plus d’efforts que tous les autres Professeurs pour tenter de se faire un tant soit peu respecter, et que bien souvent il s’étendait au creux de ses draps pour s’endormir, abruti de ce sommeil du juste qui le tannait depuis des heures.

- Je n’ai guère eu le temps d’y réfléchir, j’aime écrire il est vrai, mais pardessus tout j’aspire à être utile, et le travail de ma première thèse était humble, et n’avait que ce but-là. Mais le fait est que l’enseignement se révèle éreintant. Je serais sans doute mieux organisé ou rôdé une fois la première année passée, mais j’avoue être quelque peu noyé en ce moment. Ah si, si un jour il vous prend l’envie de publier vos mémoires, sachez que vous avez déjà un candidat qui vous est dévoué pour les écrire !

Belladone sourit, enhardi par le vin, mi-taquin, mi-sérieux. Ce qui n’avait été qu’une boutade s’insinuait en son esprit enfiévré par l’alcool. L’existence de Grindelwald abondait de mystères et de silences fascinants, qui n’aiguisaient que trop la curiosité exacerbée du jeune homme, qu’il réfrénait tant bien que mal. Gellert était désormais son ami, et il lui dirait bien ce qu’il voudrait quand il en ressentirait le besoin, et le jeune Professeur resterait une tombe, parce que la loyauté restait sa plus grande vertu. Suite au geste de son aîné, Belladone leva son verre et trinqua avec un grand sourire :

- J’évoquais le Professeur Dumbledore…A-t-il apprécié les confiseries ? La vendeuse de la boutique Moldue m’a certifié qu’il s’agissait des meilleurs bonbons au citron de Londres !

Belladone eut un sourire encourageant. Il ne voulait guère mettre mal à l’aise Grindelwald ou donner l’impression qu’il voulait le forcer à parler. Il s’agissait là simplement d’une ouverture, et Gellert, s’il souhaitait s’épancher un peu plus sur ses affections, pouvait s’engouffrer dans la brèche, à présent que l’invitation était lancée.


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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] Icon_minitimeLun 25 Mai - 10:34



À La Table des Grands

« ALLESFRESSER. »

Cuisines, Hiver 1942.

Cette improbable soirée continuait de s’étirer sur la nuit. Les rayons rougeoyants de l’aube étaient encore très loin mais il ne serait pas étonnant que les elfes de maison finissent par trouver les deux professeurs ayant perdu la notion du temps en train de discuter. Belladone avait accepté le verre de vin, que Gellert lui remplit sans protester. Le jeune homme était un grand garçon après tout, il connaissait ses limites. Après que l’alcool bordeaux ait rempli le verre de son collègue, le mage noir en profita pour remplir leurs deux assiettes de divers mets. Ils étaient là pour ça, après tout, plus que pour l’alcool. Quand Belladone fit un commentaire sur la qualité du vin que venait de lui servir Gellert, ce dernier eut un léger sourire, le regard concentré à autre chose. Oui, les bouteilles d’alcool étaient rares à Poudlard, qui demeurait avant tout un établissement scolaire. Et les elfes de maison n’étaient peut-être pas les êtres les plus qualifiés pour déterminer la qualité d’une bouteille de vin. Les créatures s’affairaient avant tout à nourrir trois cents élèves, plus qu’à penser à débouchonner le vin une heure avant le dîner. Ce que Gellert avait pensé à faire, bien entendu.

— Il y a étrangement une bonne cave, à Poudlard, j’ai moi-même été étonné. Mais les elfes de maison ne doivent pas y connaître grand-chose.

Il regarda la bouteille et son étiquette d’un air songeur.

— Peut-être qu’il était destiné à une grande occasion qui sait.

Sans plus de remords, Gellert se servit à son tour un verre avec indifférence. Peut-être que dès l’aube, la disparition d’une bouteille de vin et de plusieurs vivres remonteraient aux oreilles de Dippet et des Aurors. Un voleur de nourriture à Poudlard ? Étrange situation mais pourquoi pas. Leurs noms finiraient par tomber rapidement, Grindelwald n’ayant pas pris la peine de semer ses deux gardes du corps à l’entrée des cuisines. Il se ferait sûrement réprimander tel un enfant et il se contenterait d’hausser les épaules. Il ne faisait rien de mal, pour une fois. Pouvait-on le blâmer pour se sustenter au milieu de la nuit ? Ce n’était pas certes pas des heures officielles pour manger mais le monde était désormais au courant que Gellert Grindelwald ne marchait pas sur le même sentier que le commun des mortels. Et qu’involontairement, il entraînait le candide Belladone Raven avec lui. Mais les chemins qu’ils empruntaient tous deux, tels des partenaires complices, n’avaient rien de dangereux. Il était garant de son jeune collègue, quelque part. Il avait l’étrange impression de veiller sur lui quoiqu’il arrive.

Belladone se questionna alors sur la légitimité de sa nomination en tant que professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Ses doutes étaient justifiés, il était celui qui commençait la formation des futurs Aurors. Lui qui donnerait envie à certaines têtes blondes de protéger la veuve et l’orphelin de terribles mages noirs. Cette pensée arracha un sourire à Grindelwald. En toute objectivité, aucun sorcier sauf un seul avait été préparé pour lutter contre la puissance du Germanique. Toutes leurs épaves s’étaient fracassées contre les rochers acérés de son ambition inarrêtable et destructrice. De plus, Belladone avait raison d’être inquiet : lui-même ne pouvait pas rivaliser dix secondes en duel avec son désormais collègue. Pourtant, il était bel bien à Poudlard, à enseigner l’une des matières les plus importantes, selon la bonne volonté d’Albus Dumbledore. Le sourire de Grindelwald se fit plus doux tandis qu’il regardait le jeune Raven dans les yeux.

— Si Albus t’a nommé à ce poste, c’est pour une bonne raison. Cela va au-delà de ton érudition dans cette matière, il y a autre chose. Les Moldus te diront que les voies du Seigneur sont impénétrables mais celles d’Albus Dumbledore le sont tout autant. Même moi, je ne sais toujours pas exactement pourquoi il m’a fait sortir d’Azkaban. Mais sur ce point, je crois que lui-même ne le sait pas non plus.

Son sourire se fit plus large tandis qu’il marquait une pause.

— Mais Albus a sûrement de plus grands projets pour toi qu’être mon simple biographe.

Ses lèvres eurent un léger rictus moqueur, visant à taquiner le jeune homme qui venait de lui avouer d’être un peu fatigué par les cours. Grindelwald ne le contredirait pas. Cependant, il aurait aimé être tout aussi débordé que lui pour éviter de flâner sans but dans les couloirs du château. Il lui aurait bien proposé de l’aide, étant lui-même un expert des forces du mal donc étant enclin à savoir s’en défendre. Néanmoins, il se doutait que par fierté, dont le principal intéressé ne soupçonnait probablement pas avoir, il refuserait. Il n’était pas sûr non plus qu’Albus accepte une telle complicité entre les deux hommes au point de se partager les copies des élèves. Cependant, il ne put s’empêcher de venir en aide à ce jeune professeur qui croulait vraisemblablement sous les élèves.

— Si je peux t’aider dans quoi que ce soit, tu me dis. Cela me donnera une occupation.

Il voulut alors changer de sujet. Il était tard, au beau milieu de la nuit, Grindelwald ne voulait pas s’attarder plus longtemps sur les mômes de l’école. Il sourit, regardant toujours Belladone droit dans ses yeux noisette et finit par dire sans aucune gêne, un sourire espiègle aux lèvres :

— Dis-moi. Y a-t-il une Mme Belladone qui attend ton retour aux vacances de Noël ? Ou alors, peut-être même est-elle ici.

Tout en gardant le contact visuel pour éviter que Belladone ne se défile, Gellert but une gorgée de vin, retenant un rire narquois. En réalité, le mage noir se doutait de la réponse. Même si son collègue était un homme charmant, quand on parcourt l’Europe pour étudier la magie noire, il n’y avait que très peu de place pour une relation intime, Grindelwald savait vaguement de quoi il parlait. Néanmoins, il avait pu voir un certain rapprochement avec leur collègue de Botanique, la sourde comme ses pots qui semblait bien s’entendre avec le jeune homme. En réalité, il était simplement curieux, n’ignorant pas non plus la visible affection que lui portait la jeune Lavande. Si la relation entre cette dernière et le mage noir s’était refroidie, Grindelwald ne pouvait s’empêcher de garder un œil sur elle. Et il n’était pas dupe quant au fait que les faits et gestes de Belladone impliquaient l’humeur de l’adolescente.
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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] Icon_minitimeMar 2 Juin - 13:34



À La Table des Grands

« Cuisines de Poudlard »

Hiver 1942

Grindelwald avait acquiescé à la surprise de Belladone, arguant l’éventuelle méconnaissance œnologique des Elfes de Maison. Le jeune homme hocha la tête d’un air entendu, plutôt d’accord avec cette théorie selon laquelle ces petits êtres magiques devaient être dépourvus de cette science du vin que Belladone ne possédait pas non plus, après tout. Apprécier un vin de qualité n’en faisait pas un connaisseur, et sur ce terrain ci comme sur bien d’autres, le grand Gellert Grindelwald le surpassait. La parfaite caricature du bourgeois anglais qu’il s’était façonné avec ce flegme naturel qui caractérisait le moindre de ses gestes le rendait toutefois d’une exigence incollable sur la qualité du thé, terrain sur lequel, d’instinct, il se doutait d’avoir une prédominance sur son aîné. Belladone rivait un regard vague et distrait sur le visage de cire de celui qui avait peut-être été le plus grand mage noir de tous les temps et qui aujourd’hui dînait là, songeur, en compagnie d’un jeune et médiocre mage, à discuter qualité des boissons et des mets qu’ils se partageaient avec une convivialité presque fraternelle.

- Dîner avec un ami est toujours une grande occasion. Cette bouteille n’aurait guère pu être mieux utilisée !

Le sourire de Belladone s’élargit. Les légères brumes d’alcool qui n’était pas seules en cause. La fébrilité et l’étonnante aisance du jeune homme relevaient plutôt du contexte incongru, propre à une familiarité qu’il ne s’était jamais permise envers son aîné. L’atmosphère nocturne, silencieuse et calfeutrée avait ces allures intimistes qui poussent à la confidence, et les plaisirs de la table étaient connus pour leurs vertus sociales, qui soudaient des liens existants en les rapprochant au travers de mets partagés en bonne compagnie. Belladone était à l’aise parce qu’enfin il avait compris que malgré tout ce qui les séparait, le lien d’une inconcevable amitié entre lui et l’immense sorcier d’albâtre qui lui faisait face était bien réel, et que désormais la crainte relevait de l’injure. Et tandis que le jeune homme exposait sa théorie, relative à son accession à un poste convoité par de bien plus puissants sorciers que lui, le sourire de Grindelwald s’adoucissait encore, presque compatissant, comme pour valider les dires de son cadet, et le rassurer sur les objectifs des décisions de Dumbledore que personne, pas même lui, ne pouvait prétendre connaître. Belladone laissa un instant la réponse de son aîné en suspens, prenant le temps de mâcher et avaler un morceau de la viande exquise dont il ne restait déjà quasiment plus rien au fond de son assiette, avant de répondre :

- Je ne peux que rejoindre votre avis. De plus, je n’ai pas la prétention de deviner les écheveaux de raisonnement tissés par le brillant esprit du Professeur Dumbledore. Tout ceci dépasse de très loin mes capacités. Quand à votre sortie d’Azkaban, on peut imaginer qu’il ait cru en votre repentance, tout en vous offrant la semi-liberté à Poudlard, plutôt que la réclusion au sein de cette inhumaine prison. En ce qui concerne le premier point, vous aviez prouvé qu’une fois de plus, il avait raison. Pour le second, je vous avais déjà évoqué ma désapprobation concernant la surveillance d’Azkaban par les Détraqueurs. Je ne pourrais pas le dire avec certitude, mais je crois bien que le Professeur Dumbledore, lui non plus, ne les aime pas beaucoup. Peut-être que…que…le passé, et le lien qui vous unit, l’a poussé à vous libérer de ce traitement indécent que vous subissiez là-bas…

Belladone se racla la gorge. Sa gêne pudibonde reprenait le dessus, exacerbée par l’éventualité de ces soudaines colères de Grindelwald face aux maladresses régulières du jeune homme. Pourtant le jeune homme ne pouvait s’empêcher de penser que sa théorie était la bonne. Comment lui-même aurait-il pu avoir le cœur de laisser un être qu’il avait aimé aux griffes de ces infâmes créatures, tout criminel qu’il ait été ? Il vint à Belladone un élan d’empathie pour Albus Dumbledore, qui souffrait depuis tant d’années en silence, couvant avec pudeur les braises d’un amour conservé religieusement au creux d’un cœur brisé et vieillissant. Pourtant la mélancolie, pour une fois, ne semblait vraiment pas vouloir de Belladone, qui eut un léger rire lorsque Gellert lui avoua en souriant que Dumbledore avait sans doute de bien plus grands desseins pour lui qu’être son biographe. Le jeune homme rit de bon cœur à ce qu’il savait être une boutade, sachant lui-même à quel point il devrait s’estimer heureux de la renommée que lui aurait apporté la biographie du plus grand mage noir de l’époque.

- Je plaisantais, bien que le prestige d’être votre « simple » biographe comblerait suffisamment ma carrière. Tout comme pour le poste de Professeur de Défense Contre les Forces du Mal, beaucoup s’arracheraient le privilège de vos confidences, j’en suis certain.

Et tandis que Grindelwald, dans un rictus mutique, semblait se moquer de la maigre résistance à la fatigue de son cadet, Belladone plongea le nez dans son assiette, tâtonnant pour trouver un morceau de pain qu’il s’appliquait à engorger de l’onctueuse sauce qui le narguait encore, au fond de son assiette vide. La faim était dissipée depuis longtemps, pourtant une irrépressible envie de sucre taraudait les papilles du gourmand jeune homme que les prévisions de Grindelwald en matière de pâtisserie avaient alléché. Et lorsque Grindelwald lui offrit son aide, Belladone releva vivement la tête de son assiette, reconnaissant et surpris d’une telle générosité qu’il n’avait pourtant pas l’audace d’accepter :

- Oh…Je vous remercie mais…Je ne voudrais pas exagérer.

La reconnaissance de Belladone, néanmoins, fut de courte durée. Un de ces sourires taquins, narquois, sadiques presque, vint étirer les lèvres pâles du mage noir, tandis que son regard hétérochrome vint se planter dans le sien, comme pour l’empêcher de baisser l’encre pudibonde de ses yeux sur la pointe de ses chaussures. Le couperet tomba et Belladone faillit laisser tomber sa fourchette, rougissant sous le regard espiègle de celui qui n’était que trop conscient de l’embarras au fond duquel il plongeait son jeune et prude ami. Le célibat du Professeur Raven, s’il ne relevait pas d’une évidence absolue, devait certainement se deviner, pour des esprits brillants tels que celui de Gellert Grindelwald du moins. Le jeune homme, jamais, n’avait fait mention d’une femme, et la régularité de sa vie monacale, cloîtré entre les quatre murs de Poudlard, ne traduisait guère la flamme qu’animait un chanceux qu’une amante attendait au-delà de l’école. L'image fugitive, éthérée de la douce élève aux yeux d'émeraude vint un instant troubler l'esprit tourmenté du jeune Professeur, qui rougit plus fort, se hâtant de faire s'évanouir la silhouette brumeuse de la jeune fille, comme si elle était soudain visible de Gellert. Un sourire tremblotant et gêné vint néanmoins étirer les lèvres d’un Belladone aux joues cramoisies tandis qu’il s’expliquait :

- Hum…Je suis persuadé que vous connaissez la réponse, mais que vous prenez plaisir à me tourmenter…Non, je suis seul, en témoignent mes trop rares sorties ainsi que mes longues heures de travail solitaire…Mais je crains que cela ne soit ma faute…Ma vie de solitude, de recherches et de lecture ne doit paraître que guère engageante à une femme…

Si le ton était quelque peu désabusé, Belladone ne souffrait pas vraiment d’autre chose que d’une mélancolie vague, la solitude ne lui apparaissant que peu douloureuse, apportant une certaine forme de paix à son cœur qu’une femme ne pouvait que briser trop facilement. Le jeune homme gagnait une certaine tranquillité d’esprit à être seul, quand la gent féminine n’avait que trop tendance à se jouer de ses humeurs, pour finir toutes, irrémédiablement, par se lasser de cette fragilité exacerbée qu’elles finissaient par qualifier d’agaçantes et exemptes de toute virilité. Belladone ne savait que répondre à cela. Il ne pouvait guère aller contre sa nature et devenir méchant sous prétexte de prétendue virilité. C’était stupide en réalité, et si sa nature était trop douce pour elles, ne valait-il pas mieux la garder pour soi et les autres, intacte, pure et délicate, telle qu’elle se devait d’être en somme ? Belladone se refusait à avoir honte de sa tendresse. Il n’y en avait que trop peu en ce bas-monde pour se permettre de la gaspiller. Toutefois l’alcool, la taquinerie et un esprit de vengeance amical lui fit étirer les lèvres à lui aussi, tandis qu’il gardait négligemment son verre de vin entre ses doigts, et qu’avec une audace dont il n’avait encore jamais fait preuve envers son aîné, s’enquit lui aussi :

- Mais vous-même, vous ne m’avez pas répondu…Le Professeur Dumbledore a-t-il été sensible à votre petite attention ? De plus, j’espère qu’aucun de vous deux ne m’a tenu rigueur de mon audace, mais à votre réaction, je crois que non…

Belladone eut un sourire. Pour sûr, si le billet qui accompagnait le sachet de confiseries avait froissé l’un ou l’autre des protagonistes, le jeune homme aurait été le premier à en subir le courroux, le Professeur Dumbledore n’ayant aucune peine à déchiffrer son écriture ronde et féminine. Puis, espiègle, imitant son comportement à celui de son aîné, Belladone changea brutalement de sujet, sa gourmandise le rappelant à la promesse de Grindelwald :

- Dites-moi Gellert, n’aviez-vous pas parlé de desserts ?


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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] Icon_minitimeLun 29 Juin - 11:47



À La Table des Grands

« ALLESFRESSER. »

Cuisines, Hiver 1942.

Les conversations avec le jeune Raven se révélaient être plus intéressantes que Grindelwald ne l’aurait pensé à la rentrée de l’année scolaire. Lui qui avait tant malmené le professeur novice lors de leur rencontre, d’abord par fidélité son caractère d’ennemi public numéro mais aussi par pure jalousie de voir Belladone occupait un poste pour lequel ce dernier n’était pas fait, les voilà maintenant, quelques semaines, partageant des mets préparés par un mage noir docilisé. Est-ce que cette situation dérangeait celui qui fut la plus grande menace d’Europe ? Parfois oui. Mais il n’y avait plus d’autre opportunité à saisir. Dumbledore tirait désormais toutes les ficelles de chaque vie au sein du château sans que la majorité ne s’en rende vraiment compte. Quand Belladone aborda sa présence à Poudlard et Azkaban, un sourire se dessina sur les lèvres pâles du mage noir. Il n’était pas d’accord avec lui. Au sujet de la repentance, Albus semblait avoir changé d’avis à ce sujet, comme avoué quelques heures plus tôt. Mais Gellert avait du mal à croire que le professeur de métamorphoses pensait réellement à cette improbable reconversion du mage noir à sa sortie d’Azkaban. Il était aussi convaincu que le laisser croupir dans cette prison dix décennies de plus ne l’aurait pas fait sourciller.

Mais les choses étaient différentes désormais. Grindelwald ne survivait plus au milieu des Détraqueurs et tous semblaient avoir changé d’avis sur ses réelles intentions au sein de Poudlard. Lui le premier. Malgré ses petites frasques nocturnes de la nuit précédente et de celle-ci (bien que beaucoup plus inoffensive), il avait l’impression d’être un adolescent qui avait dû mal à s’en tenir aux règles établies. Cependant, les Aurors ne lui avaient pas interdit l’accès aux cuisines et il n’avait pas non plus forcé ou menacé qui que ce soit pour y aller. De plus, Belladone s’y trouvait bien également, pourquoi pas lui ? Malgré le statut de prisonnier du mage noir, lui et son collègue étaient tous deux professeurs non ? Mais son jeune collègue se mettait à bégayer de nouveau, l’aura de Grindelwald recommençant involontairement à l’intimider. Gellert se surprit à en être peiné. Belladone était ce qui se rapprochait le plus d’un ami et voir qu’il avait toujours, parfois, « peur » de lui le mettait presque mal à l’aise, ne pouvant s’empêchait de sentir sa propre monstruosité parcourir ses veines dont elle avait fait bouillir le sang pendant tant d’années. Désormais, il voulait l’oublier, mais il ne pouvait renier totalement un tel passé de violences.

Sa question indiscrète sur la possible vie de couple de Belladone n’arrangea rien à la gêne de celui-ci, qui plongea son regard dans son assiette comme s’il voulait cacher la forte teinte cramoisie de ses joues. Son jeune collègue avait raison cependant en affirmant que Gellert devait déjà avoir une idée de la réponse. C’était vrai. Timide maladif que le jeune homme était, le mage noir ne fut pas étonné d’apprendre le célibat de son interlocuteur. Il arqua un sourcil cependant. Il ne prenait pas plaisir à le tourmenter. C’était une question curieuse et indiscrète, certes, mais elle n’avait nullement été posée dans un but purement mesquin. Il se montrait juste taquin. Gellert ne sut réellement s’il percevait une certaine mélancolie dans la voix de Belladone ou s’il s’agissait juste de sa timidité qui prenait le dessus. En réalité, le professeur de runes ne comprenait pas pourquoi son ami se flagellait autant. Visiblement, il avait certains conflits à régler et c’était peut-être dans ce genre de moment-là que Gellert se devait d’honorer leur amitié sincère. Belladone avait déjà fait sa part la nuit précédente en supportant l’ivresse morose du mage noir. L’ancien mage noir eut alors un sourire plus doux, enlevant toute malice de son regard.

— Belladone, cesse deux minutes de bégayer. Ta vie de rat de bibliothèque n’est peut-être pas attirante pour certaines personnes mais ce ne sont pas les bonnes. Je vais te prendre l’exemple d’Albus – parce que c’est le seul que je connaisse, je t’avoue – mais lui aussi passe son temps à lire tout en sirotant son thé et pourtant…

Il sourit plus franchement. Il n’aimait pas se découvrir autant, c’était pour cela qu’il sous-entendait seulement le restant de sa phrase, la laissant être amputée de sa conclusion que Belladone connaissait déjà.

— Puis tu sais, à mon avis, tu ne laisses pas certaines personnes indifférentes. Tu es plutôt beau garçon après tout.

Il s’éclaircit rapidement la gorge et commença à ranger machinalement ses assiettes vides, n’ayant pas l’habitude de faire pareil compliment, lui qui, quinze ans auparavant, faisait régner la terreur dans toute l’Europe, se souciant que très peu du faciès de ses opposants. Cependant, en disant ces paroles, il avait songé à la jeune Lavande qui semblait visiblement avoir un petit coup de cœur innocent pour son professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Même si tout cela était bien inoffensif et qu’il ne comptait donner aucun nom, cela pouvait peut-être remonter le moral de Belladone. Ce dernier aborda rapidement les bonbons offerts à Albus et de l’intention osée du jeune homme. Gellert sourit. Il était vrai qu’il n’aurait jamais signé de son nom le paquet de bonbons, étant trop fier (ou trop détaché de tout ce qui est affection) pour ceci. Cependant, cela semblait avoir adouci l’humeur du professeur de métamorphoses et un sourire légèrement rêveur se dessina sur le visage de Gellert.

— Il les a tous mangés dans la journée.

Il eut un petit rire.

— Et je te remercie pour cette audace, Belladone. Tu devrais essayer d’être plus hardi de temps en temps, ça te va bien.

Suite à la demande implicite de desserts de Belladone, Gellert se leva pour sortir des fours divers gâteaux. Entre ceux à la crème et les tartes, il y avait encore de quoi se repaitre l’estomac. Parmi elles, deux tartes au citron, ornée par une jolie meringue légèrement dorée sur le dessus. L’une d’elles s’envola vers Belladone.

— Tiens, tu peux me dire ce que tu en penses s’il te plaît ?

Gellert est resté à côté de la deuxième et, d’un bref mouvement de la main, fit en sorte à ce que la douce vapeur qui s’échappait de la tarte prenne la forme d’un phénix. Satisfait de son petit effet, il hésita à signer la tarte. Cependant, le destinataire n’aurait désormais aucun doute sur l’identité du pâtissier, aussi Gellert préféra garder un peu de mystère. Avec un sourire, il vint se rasseoir à côté en face de Belladone.

— Sais-tu quelle heure est-il ? Peut-être que je pourrais lui préparer un thé si la matinée se rapproche de trop.

Gellert se moquait totalement de ce manteau de mage noir qu’il avait laissé tomber, surtout devant Belladone. Ce dernier commençait à le connaître maintenant et il faisait partie de ces personnes qui semblaient convaincues que Grindelwald avait une part de lumière en lui. Il était quelque peu son cobaye. Le sujet-test de l’abandon des ténèbres pour laisser parler une autre partie de lui qui était restée endormie depuis plusieurs décennies. Non, il ne serait jamais aussi pur que Belladone et il ne le désirait pas pour autant. Mais peut-être pouvait-il être bon et son jeune ami deviendrait en quelques sortes son professeur.
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