A la table des Grands - Gellert [FINI] - Page 2



 
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A la table des Grands - Gellert [FINI]

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Belladone Raven
Belladone Raven
Âge : 28 ans
Sang : Sang-Pur
Nationalité : Anglaise
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Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal
Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] - Page 2 Icon_minitimeJeu 2 Juil - 14:15



À La Table des Grands

« Cuisines de Poudlard »

Hiver 1942

L’humeur de Grindelwald restait égale, d’une constance peu coutumière que Belladone recevait avec gratitude comme un témoignage d’affection. Le jeune homme n’était plus son ennemi, et désormais aucune animosité, aucune rivalité vaine et malvenue ne viendrait plus troubler les échanges paisibles qui se tissaient paisiblement entre ces deux figures opposées. Il y’avait des sujets, toutefois, devant lesquels le jeune Professeur ne se dériderait jamais, et la question de son existence amoureuse en faisait partie intégrante. Et Belladone baissait déjà le nez, écarlate et embarrassé par cette réserve pudibonde qui lui faisait baisser le regard à chaque évocation de sa vie sentimentale proche du néant. La réponse de son improbable ami ne se fit guère attendre, et si Gellert s’était débarrassé de l’humeur taquine qui lui seyait si bien qu’elle semblait une seconde nature, la tournure que prenait la conversation n’était guère propice à diminuer le malaise du jeune Professeur, qui allait en s’exacerbant. La comparaison avec Dumbledore, surtout extirpée des lèvres pâles de son ancien amant, était si flatteuse que la louange vint lui fouetter l’âme, tandis que la rougeur de ses joues mangées de barbe vint s’installer avec un peu plus de profondeur, lui brûlant le visage qu’il gardait farouchement baissé, décidément peu enclin à croiser le regard hétérochrome qui devait briller d’une lueur d’amusement affectueux.

- Oh, et bien, je vous remercie Gellert, mais vous savez bien…N’est pas Albus Dumbledore qui veut…

C’était vrai, pourtant. Il était très prévenant de la part de Grindelwald de vouloir rassurer Belladone, mais les deux plus puissants mages du monde dégageaient une aura irrésistible qui nimbaient leurs personnes toute entière d’un charisme fou et qui haranguaient les foules, peu importe leurs petites manies perçues comme peu attractives chez d’autres. La réserve et la solitude que l’on reprochait à Belladone se muait chez Dumbledore en un charme inéluctable, celui de l’homme secret et distingué qui bouleversait les cœurs. Ah, le jeune homme en avait connu, des femmes qui étaient tombées sous le charme de cette éloquence brillante, enrobée de ce vernis de bienveillance qui prônait l’amour, sa belle âme ressurgissant de la justesse droite, honnête, de discours qui semblaient toujours préparés avec soin. Non, pour sûr, l’idiot timide et délicat qu’était son protégé, qui sans cesse sentait la poussière et la napthaline des vieux livres dans les tréfonds desquels il semblait se morfondre, ne méritait guère une telle louange.

Pourtant les éloges n’étaient pas terminés, et cette fois-ci Belladone en lâcha sa fourchette. Gellert Grindelwald, le grand, l’auguste mage noir qui avait fasciné son adolescence et fait trembler le monde sorcier sous son joug terrible, complimentait son apparence. Le jeune homme, peut-être, se serait frotté les yeux, persuadé de rêver, s’il n’avait pas craint de froisser son nouvel ami. C’était d’une gentillesse désarmante, ce compliment dont Belladone ne doutait pas de la sincérité, et qui semblait embarrasser autant son destinataire que son auteur, qui soudain se surprit à débarrasser le couvert comme s’il réparait urgemment une offense. Ce fut au tour du jeune homme de se sentir gêné, et de trouver là une occasion inespérée de détourner la conversation de son apparence physique et des effets potentiels qu’elle pouvait inspirer à la gent féminine :

- Euh, je n’ai rien remarqué de tel, enfin, c’est gentil, mais, je ne fais guère attention à ce genre de chose…Mais, vous n’allez tout de même pas cuisiner et me servir en prime ?

Ce disant, Belladone se levait d’un bond et l’aidait à débarrasser la table des plats et couverts qui avaient servi au délicieux festin dont le mage noir aux talents multiples l’avait régalé, le sentiment d’avoir quelque peu dissimulé la réalité pesant sur sa consciente à l’honnêteté trop délicate pour ce monde. Une fois encore, la petite silhouette éthérée et triste de la malheureuse Lavande avait surgi de son esprit fébrile et embrumé d’alcool et de sommeil. Et les grands yeux d’émeraude ternie l’avaient regardé avec cette tendresse implorante, et des tréfonds de l’esprit de Belladone commençaient à émerger, inconscients, brumeux et honteux encore, l’espoir de ne vouloir être remarqué que d’elle seule. Heureusement Grindelwald répondait à sa précédente interrogation, laissant là les divagations brumeuses auxquelles son esprit à jeun ne se laissait pas aller, inconvenantes et malséantes à ses yeux de Professeur et protecteur des jeunes élèves dont on lui confiait l’éducation. Son rire se mêla de concert à celui de son ami, lorsque l’aveu de la gourmandise d’Albus fut déclamée, Belladone ne comprenant que trop bien cette affection effrénée pour les friandises, qu’il partageait avec son mentor.

Le jeune homme avait repris sa place sur sa chaise, et Gellert confirma les supputations relatives à son audacieuse prise de risque, en l’en remerciant d’un ton sincère et sérieux qui, de nouveau, fit rosir légèrement les pommettes de Belladone. N’osant guère imaginer les retombées qu’auraient eues l’éventuel fiasco de son hasardeuse entreprise, le jeune homme eut un sourire fier :

- Et bien, je trouvais cela dommage qu’une si prévenante attention de votre part passe inaperçue…En revanche, j’imagine qu’Albus m’a démasqué sans peine…Mon écriture est très reconnaissable et il a été mon Professeur de Défense Contre les Forces du Mal durant toute ma scolarité.

L’esprit gourmand de Belladone, soudain, fut détourné par l’irruption d’une tarte au citron qui lévitait vers lui, dégageait dans son sillage de délicats effluves de sucre et de meringue qui exacerbait encore l’appétit de friandises non assouvi du jeune homme qui se saisit immédiatement d’une cuillère pour accéder à la délicieuse requête du mage noir :

- Mais, avec grand plaisir !

Le couvert fondit sur la tarte, et Belladone porta une première cuillérée à sa bouche. Ses lèvres se refermèrent sur la meringue légère, texture divine, proche d’un nuage, que surmontait la ganache citronnée, sucrée à souhait, juste assez pour masquer l’amertume de l’agrume, en conservant la saveur avec une mesure exceptionnelle. Ne résistant pas à avaler une seconde bouchée, Belladone se hâta de l’avaler, stupéfait d’un tel délice improvisé, avant de lancer, avec un naturel désarmant :

- Et bien, Gellert, j’ai tranché ! Vous êtes un excellent cuisinier, mais votre pâtisserie est divine ! Vous avez raté votre vocation !

Le jeune homme leva un regard vers le pâtissier de génie, qui usait de son incroyable magie pour orner la seconde tarte d’un phénix, assemblé grâce aux volutes chaudes et délicates qui s’évaporaient de la friandise. Gellert n’avait guère besoin de préciser que cette tarte était destinée à Albus. Le parfum de la pâtisserie, l’animal la surmontant avec l’aplomb majestueux propre à celui-ci, les inquiétudes de Gellert qui sollicitait un avis étranger. Le doute n’était pas permis, d’autant que le cercle de proches du célèbre mage noir repenti se limitait à Albus, à lui-même et à la jeune Lavande dont la silhouette éthérée, par deux, était venue s’imposer à son esprit ensommeillé d’ivresse et de fatigue.

Belladone ne s’y trompait pas. Car Gellert parlait d’accompagner sa délicate et divine attention d’un thé, sans évoquer à voix haute le nom de son ancien amant, comme s’il s’agissait là d’une évidence, d’un code dont les deux amis partageaient le secret, depuis la nuit dernière, riches d’émotions et de confidence dont Belladone était certain d’être le premier à recueillir de tels épanchements. Flatté et ému, le loyal jeune homme avait conservé ces confidences comme une relique, se promettant d’en taire le secret et d’en être digne, aussi c’est d’un geste nonchalant, ayant immédiatement compris qui serait l’heureux destinataire de la pâtisserie, qu’il tira la montre de son grand-père de sa poche :

- Il est deux heures et demi. Vous avez encore le temps pour le thé, Gellert. Venez donc vous asseoir et déguster avec moi ces merveilles que vous avez confectionnées. Je m’en veux de profiter seul de votre talent. Dites-moi, ce n’est guère raisonnable mais, n’auriez-vous pas aperçu par hasard quelque hydromel dans la cave des cuisines ? Un petit verre magnifierait encore un peu plus votre pâtisserie, si tant est que ce soit possible, et je n’ai pas de cours demain matin, alors…

L’ivresse de Belladone lui conférait une improbable légèreté. Et puis, que risquait-il à une légère ébriété ? Il avait confiance en Gellert, et il pourrait rattraper ses heures de sommeil perdues. Le trop sage jeune homme ne se dévergondait pas tous les jours, et, à la vérité, la compagnie de Gellert le désinhibait quelque peu, comme s’il n’avait plus à avoir honte en compagnie de celui que sans doute, rien ne pouvait plus choquer désormais.



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Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] - Page 2 Icon_minitimeJeu 2 Juil - 17:33



À La Table des Grands

« ALLESFRESSER. »

Cuisines, Hiver 1942.

La migraine de Gellert de son début de soirée était de l’histoire ancienne depuis plusieurs heures maintenant. Jamais il n’aurait cru que sa soirée, fort mal entamée par ses tempes qui lui écrasait sa cervelle engourdie par sa nuit arrosée, aurait pris une telle tournure agréable. Quelque part, il n’avait rien mérité de ce qui lui arrivait après l’écart de la soirée précédente. Mais cela n’avait finalement pas beaucoup d’importance. Gellert profitait juste, ce soir. Il était comme sur un nuage, envouté par l’homme qu’il avait quitté une poignée de dizaines de minutes auparavant. Peut-être que son léger et involontaire sourire heureux en coin se voyait trop. Mais il se moquait de ce que pouvait penser Belladone, il en savait déjà beaucoup trop sur la vie sentimentale du mage noir, il ne pouvait pas lui reprocher de se faire des idées. Elles étaient probablement justifiées. Son jeune collègue avait cependant l’air touché des compliments pour le moins honnêtes que lui avait Gellert. Ce dernier ne s’étonna pas de le voir si timide et rougissant. Lui-même ne se reconnaissait pas tellement à être si prévenant et… gentil. En plus d’être sur un petit nuage, peut-être que sa tête lui tournait. Serait-il donc si faible pour perdre à ce point ses moyens ?

Tandis qu’il venait l’aider à débarrasser la table de leur festin, Belladone avoua qu’Albus avait dû reconnaître son écriture, ce à quoi, Gellert, peu concentré dans l’instant sur les paroles de son collègue acquiesça silencieusement, accompagné par un sourire taquin. Ce qui inquiétait surtout le mage noir à ce moment-là, c’était le verdict de son jeune ami, concernant la tarte. Il ne pourrait envoyer à Albus quelque chose de piètre qualité. Il lui fallait quelque chose de bon, à défaut d’être excellent. Cependant, malgré le fait que ce soit l’intention qui comptait, il ne pouvait se permettre de rater sa nourriture. Exigeant envers lui-même, la perfection et la précision se devaient d’être les deux critères les plus importants de sa création culinaire. Mais rapidement le compliment de Belladone vint le rassurer. Néanmoins, il se demanda si son jeune collègue ne disait pas cela uniquement pour le flatter, ayant des représailles en cas d’éventuelles critiques envers la qualité du met. Cependant, le benjamin des Raven n’était probablement pas dupe sur l’identité du destinataire de la tarte. Il avait donné de précieux conseils jusque-là, il était impossible qu’il ne prenne le risque que Gellert manque sa petite attention. Il était bien trop bienveillant pour cela.

Par ailleurs, il ne tarda pas à le louanger sur ses qualités de cuisinier, ce qui eut le mérite d’arracher un large sourire étrangement modeste au mage noir. Les dernières fois qu’on l’avait fait un commentaire sur une de ses qualités, c’était pour son attrait à la destruction et à la haine. Un domaine en soi totalement différent de celui de la gastronomie. Presque timide, Gellert regardait sa deuxième tarte sans oser rebondir sur le compliment de Belladone ni même en le remerciant. Non pas qu’il n’avait pas envie, mais assez surpris par cette félicitation aussi sincère que spontanée, le repenti ne sut trouver les mots sans qu’il ne trahisse quelque peu cette modestie qui, pour une fois, l’étouffer réellement. Alors que Belladone finit par lui indiquer l’heure en sortant une montre qui semblait d’excellente facture de sa poche, il ajouta également que le temps ne manquait pas pour faire le thé et proposa même de sortir une bouteille d’hydromel. Gellert fit une moue embêtée, conservant son sourire léger d’amoureux transi qui n’avait pas les idées bien en place. Après un petit soupir, il s’efforça pourtant de reprendre ses esprits et de cesser de penser au fait qu’il pouvait rajouter des scones avec le thé qu’il comptait préparer.

— Mmh, c’est qu’il risque de refroidir… Je peux garder la tarte au chaud mais le thé, ce sera plus compliqué… Tant pis, je resterai s’il le faut.

Il parlait plus pour lui que pour Belladone au final. Il était sorti de son étrange mutisme mais son esprit était resté préoccupé. Après quelques légers mouvements de mains, certains ustensiles de cuisine se remirent à battre de la pâte et préparer ce qui allaient être les scones. Finalement, une bouteille d’hydromel se posa devant Belladone.

— Je ne t’accompagnerai pas sur celle-ci, mon ami. Je n’ai pas envie de me faire disputer de nouveau.

Il fit une moue. La dispute avait pourtant pris un tournant assez inattendu. Mais il se doutait que cela était une exception et qu’Albus serait profondément déçu sur Gellert s’adonnait à une nouvelle beuverie dès le lendemain. Non ce n’était pas raisonnable. Ainsi se garda-t-il de prendre un verre, hormis rempli d’eau. Finalement, il prit également une part de tarte au citron et dût avouer qu’il était plus satisfait de son travail.

— Pourquoi cette soudaine envie de boire, Belladone ? Le vin ne t’a pas suffi, tu as presque bu la bouteille à toi tout seul.

Son ami lui cachait-il quelque chose ? Lui qui avait si sage et discipliné en tant normal, pourquoi se laissait-il allé comme ça ? Il fit une moue et fronça légèrement les sourcils.

— Tout va bien ? Tu sais, s’il y a quelque chose, tu peux me le dire. Je ne suis pas un homme bon, mais il n’y a que moi qui ai le droit de te malmener ici.

Il eut un léger ricanement, n’assumant que peu sa blague. Il n’avait pas l’habitude de faire de l’humour et ceci se voyait. Pourtant, il était sincère dans ce qu’il disait. Au fur et à mesure des semaines et que son orgueil s’en retrouvait atrophié, il avait appris à se soucier un peu plus de son cercle très restreint de connaissances. Il ne voulait pas froisser Albus en buvant un peu trop de nouveau, il se devait de faire des excuses à Lavande concernant l’incident du couloir, et voilà que maintenant, il se retrouvait à être éventuellement l’oreille attentive de Belladone. Pourtant, il ne le servit pas d’hydromel. Il l’avait déjà mis en garde par deux fois, c’était à son jeune ami d’assumer son choix.
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Belladone Raven
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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] - Page 2 Icon_minitimeMer 8 Juil - 16:12



À La Table des Grands

« Cuisines de Poudlard »

Hiver 1942

Gellert avait acquiescé d’un sourire, aveu mutique que Dumbledore avait reconnu en Belladone l’audacieux intermédiaire de la petite attention affectueuse à laquelle le mage noir semblait avoir beaucoup tenu. Grindelwald, pourtant, semblait tourmenté par autre chose, l’esprit tout entier aux effluves de la pâtisserie citronnée dont il attendait le verdict de la part de son jeune ami, avec la gravité d’un condamné attendant son jugement. Il était très étrange, perturbant presque, de voir ainsi l’ancien despote, réputé plutôt imbu de sa personne et conscient de mériter le piédestal sur lequel ses nombreux partisans l’avaient hissé, douter ainsi de ses capacités culinaires, tant il avait paru le socle inébranlable d’une révolution nouvelle pour beaucoup de sorciers. Décidément Albus n’avait que trop raison ; le pouvoir de l’amour, trop souvent sous-estimé, pouvait se montrer si incroyable qu’il désarmait jusqu’au plus grand mage noir encore en vie. Celui qui avait harangué des foules innombrables, celui que le doute n’avait jamais paru ébranlé lors de son règne despotique, soudain, paraissait trembler d’émoi à l’idée que la pâtisserie confectionnée par ses soins ne déçoive le seul homme qu’il ne se soit jamais permis d’aimer.

Et l’esprit de Belladone oscillait entre ivresse et malaise devant ce pouvoir soudain, incongru qu’il avait sur son aîné, qui semblait soumis au jugement ultime que ses papilles gourmandes tardaient un peu trop à proférer. La tarte était délicieuse pourtant, et contempler le large sourire ravi qui éclaira le visage de cire de Grindelwald avait ce je-ne-sais-quoi de grisant, heureux d’être responsable d’une telle allégresse chez un personnage à la gravité notoire et redoutable. Gellert changeait, et Belladone, dont on avait souvent raillé la candeur utopique, était persuadé de cette rédemption qui s’opérait des cendres du grand et imperturbable criminel, sur le brasier duquel il s’était lui-même immolé. Dans cette seule amitié qu’il offrait au tout jeune Professeur, il y’avait l’aveu d’un être humain nouveau, extirpé du cocon mortifère qui avait laissé derrière lui le despote prêt à tout qui, aujourd’hui, tremblait devant l’hypothétique insuccès de sa sublime tarte au citron.

Le cri du cœur, extirpé de la bouche ravie de Belladone qui savourait la succulente pâtisserie, aurait pu suffire à rassurer nombre de cuisiniers sur le talent dont ils doutaient. Mais pas Gellert. Parce qu’il était amoureux, sans doute, les tourments occultés par les louanges de son jeune ami se remplaçaient, immédiats, par d’autres tracas, tout aussi futiles, et pourtant tout aussi gravissimes à celui qui cherchait à plaire, pour l’amour de son unique amant. Cette fois-ci Belladone ne répondit rien aux marmonnements de son aîné qui ne semblaient pas devoir attendre de réponse, et remercia d’un acquiescement de tête l’arrivée de la bouteille d’hydromel qui vint se poser sagement devant son assiette. Le jeune homme arqua un sourcil devant le refus de son ami de partager avec lui la douce boisson aux effluves capiteux de miel et de réglisse, devant les raisons invoquées, surtout.

- Vous faire disputer ? Les Aurors sont donc allés faire leur petit rapport au Professeur Dumbledore ? Par Merlin, voilà de sacrés mouchards…Vous savez, mon frère aîné est Auror et je suis persuadé maintenant que ses collègues vont tout lui raconter et que j’aurais droit d’ici la fin de la semaine à une longue lettre moralisatrice…Car il est devenu Auror grâce à vous, et un brillant Auror à la vérité, mais adolescent il rêvait d’être celui qui vous arrêterait…

Belladone eut un léger rire, dû à l’ivresse qui amoindrissait l’agacement certain qu’allait lui procurer cette lettre qui arriverait, pour sûre, longue et condescendante, donneuse de leçons et protectrice envers celui qu’il considérait encore comme le gamin joufflu et aux yeux d’encre bordés de sempiternelles larmes du chagrin que lui avaient causé les railleries en tous genre. Mais le vin remplissait à merveille son office, aidé par la main de Belladone qui se saisissait du petit verre d’hydromel qu’il venait de se servir. Il était exquis, et les embruns qui alourdissaient son esprit s’épaississaient encore, étouffant la mine sévère que prenait Narcisse lorsqu’il prodiguait à son benjamin ses conseils qui, à s’y méprendre, avaient plutôt l’aspect de remontrances. C’est l’ombre éthérée de la malheureuse Lavande qui s’imposait, à mesure que s’effondraient sous les brumes capiteuses de vin et d’hydromel les derniers vestiges de la pudibonderie exacerbée de Belladone. Et c’était toujours ce regard triste à lui briser le cœur, toujours cette mine basse à lui fendre l’âme, et le jeune Professeur se surprenait à avoir plus mal encore de ce destin tragique qui le peinait à jeûn, et l’anéantissait ce soir. Le jeune homme ne répondit pas tout de suite à son aîné. La cuillère tinta légèrement sur le bord de son assiette en retombant, alors que sa délicieuse pâtisserie n’était pourtant pas terminée. La taquinerie affectueuse du mage noir, pourtant, lui arracha un triste sourire. Non, ce n’était pas ses propres tourments qui, cette fois-ci, était à l’origine de cette mélancolie vague à laquelle il s’était toujours accoutumé, comme une triste amie envahissante qui ne le quittait jamais. Mais cette fois-ci la cause se dessinait, vague, lugubre, et il lui faisait tant de mal de se l’avouer qu’il avait fallu la présence d’un ami et l’absorption d’une bouteille de vin pour se la voir imposée comme la réalité immuable, de celles dont il se couvrait d’ordinaire les yeux de ses mains délicates, un peu lâches, qui préféraient aveugler ce qu’il ne pouvait voir. Un profond soupir s’arracha de ses lèvres désabusées, et son regard d’encre plein d’une mélancolie écumante, qu’il ne réfrénait plus, se riva sans crainte et sans pudeur dans le regard hétérochrome de Grindelwald :

- Et bien, pour ne pas vous mentir, c’est à propos de Mademoiselle Lavande…Toute cette histoire me bouleverse plus que je ne veux bien l’admettre…Vous savez, je gardais un merveilleux souvenir de Poudlard, édulcoré par la candeur de l’enfance, peut-être, mais cette école a toujours été pour moi une maison, un refuge, et j’avais la naïveté de croire qu’elle l’était pour tous…Je n’ai pas eu que des souvenirs heureux et j’ai été cible de railleries certes, mais j’ai toujours bénéficié de l’appui de certains Professeurs, Dumbledore en particulier…Alors revenir ici, et m’apercevoir qu’une élève est maltraitée ainsi, dans l’indifférence de tous, et depuis si longtemps, c’est vrai, je refuse d’accuser le coup…Je sais que l’intelligence de Dumbledore me dépasse, je sais aussi que rien ne lui échappe, et j’avoue ne pas comprendre son inaction. J’essaie de me persuader que ses raisons dépassent mon entendement, mais parfois je n’y parviens pas. J’aimerais que cela reste entre nous, mon ami, mais il m’est très pénible d’avoir l’étrange sentiment que Dumbledore soit complice de cette injustice, et je refuse de me laisser aller à penser ainsi. Mais cette jeune fille est si seule dans son malheur…Vous disiez ne pas être un homme bon, et pourtant vous seul avez porté de l’intérêt à son tragique destin…Comment désormais considérer comme un refuge une école qui est un enfer pour d’autres ?

Belladone avala d’une traite son second verre d’hydromel. Il ne craignait pas vraiment l’ivresse, bien qu’il l’évitât en temps normal. Il avait l’alcool triste et ne se rendrait coupable d’aucun remue-ménage. Dans la pire des situations, Gellert serait obligé de le raccompagner jusqu’à sa chambre, et il s’écroulerait dans son lit pour y dormir jusqu’au lendemain. Pour le moment, son cerveau se désinhibait quelque peu, certes, mais ses idées restaient suffisamment claires pour pouvoir converser de manière convenable, d’autant plus que l’alcool lui déliait la langue. Ne touchant plus à son assiette, Belladone reprit d’un air sombre :

- J’ai sous-estimé l’agression de Mademoiselle Lavande, et je m’en veux, et je crois qu’elle aussi m’en a voulu…J’y repense avec le recul, et je crois qu’ils allaient vraiment faire beaucoup de mal…Je suis arrivé avant la catastrophe, cette fois-ci…Mais qu’en sera-t-il des prochaines fois ? Qu’en était-il de ces cinq dernières années, quand nous n’étions pas là, quand elle était complètement seule ? Pourquoi, par Merlin ? Moi aussi, mon ignorance des Nés-Moldus m’a fait dire des énormités, elle m’en fera dire encore, comme nous tous sans doute, surtout dans les familles de Sang-Pur qui ont du mal à se détacher d’une éducation bien ancrée dans les mœurs. L’ignorance, la curiosité, peut mener à la maladresse, certes, mais une telle haine, pourquoi ? Parce qu’elle est à Serpentard ? Parce qu’elle vient visiblement d’un milieu défavorisé ? Parce qu’ils ont ressenti qu’elle était plus puissante qu’eux tous réunis ? Cette jeune fille m’émeut Gellert, et je voudrais faire cesser cette injustice, mais mon impuissance m’est rejetée une fois encore en pleine figure, et c’est très frustrant.

Cette fois-ci Belladone reposa son verre vide. Il parlait beaucoup trop, et l’ivresse se muait dangereusement en chagrin. Inutile d’abreuver son aîné d’une pathétique crise de larmes d’ivrogne. A gestes lents, il termina sa part de tarte, voulant songer à autre chose qu’à cette litanie qu’il venait de déverser sans préambule aucun, comme se découvrant ses propres sentiments à mesure qu’il les déversait sur le pauvre Grindelwald qui ne demandait qu’à regagner l’affection de son amant, de par ces petits gestes auxquels il mettait un soin méticuleux, depuis le début de la soirée.

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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] - Page 2 Icon_minitimeVen 10 Juil - 19:00



À La Table des Grands

« ALLESFRESSER. »

Cuisines, Hiver 1942.

Belladone semblait surpris du caractère bavard des Aurors au sujet du mage noir. Pourtant, ce dernier ne pouvait leur en vouloir. Ils devaient essayer de tenir en laisse l’un des sorciers les plus puissants de cette génération sachant parfaitement que si ledit sorcier venait à tenter de se rebeller, ils ne feraient nullement le poids. Alors quand celui-ci faisait quelque chose qui pouvait le rendre moralement instable, il était normal qu’ils aillent en informer la haute autorité que représenter Dumbledore. Gellert n’aurait pas dû se laisser aller la nuit précédente. Pourtant, c’était cet incident qui avait permis de le retrouver sous ce grand arbre sur la rive du Lac Noir pour passer un moment qui n’avait rarement été aussi intime depuis un moment. Gellert avait su en profiter comme il se devait. Et il avait également la ferme intention de ne plus le décevoir de cette façon. De ne plus le décevoir tout court d’ailleurs. Mais Grindelwald était un être versatile et ses désirs pouvaient vite se transformer en une tempête de rage incontrôlable, seulement dirigée par une impulsivité viscérale qui l’empêchait d’avoir un avis sage et objectif qu’il était pourtant tout à fait capable d’avoir. Donc non, il trouvait même cela normal que la beuverie inattendue du mage noir fut remontée aux oreilles du professeur de métamorphoses.

Cependant, il esquissa un léger sourire quand Belladone lui avoua que son frère ainé était devenu Auror grâce à ou à cause du mage noir. Quelque part, sa rébellion avait tout de même laissé des traces et avait inspiré le cœur de jeunes sorciers de différentes façons. Il savait que certains voulaient suivre ses pas et que d’autres, peu au courant de ses motivations pourtant parfaitement égalitaires, souhaitaient prévenir le monde sorcier de toute autre ascension d’un nouveau mage noir. Grindelwald avait rencontré Narcisse Raven. Il l’avait trouvé sûr de lui, intransigeant et autoritaire. L’aîné de Belladone ne ressemblait en rien, psychologiquement, à son cadet. Là où le jeune professeur se montrait timide et peu sûr de lui, son frère avait les dents longues et était dévoré par une ambition qui ne demandait qu’une justice implacable et intransigeante. Quelque part, Narcisse lui rappelait lui-même dans sa jeunesse. L’incroyable puissance en moins, bien évidemment. Grindelwald eut un sourire plus sombre que celui plus absent qu’il arborait précédemment. Cela l’amusait d’entendre que le jeune frère de Belladone avait rêvé être celui qui l’aurait mis définitivement en cage. Même s’il ne s’était pas rendu, cela ne serait resté qu’une chimère. Seule une seule personne avait été en mesure de stopper net sa révolution. Si Grindelwald et Dumbledore s’étaient affrontés, oui, le mage noir aurait perdu.

— Tu pourras dire à ton frère que malgré son ambition et sa volonté d’adolescent, s’il avait tenté de m’arrêter, je l’aurais tué.

Le ton avait été froid de réalisme. Il ne voulait pas menacer Belladone ou sa famille, il annonçait seulement une triste vérité. Narcisse n’aurait pu affronter la puissance destructive de Grindelwald, malgré toute sa volonté héroïque et sûrement le niveau magique plus élevé que celui de son cadet. Et Grindelwald se serait bien moqué de savoir qu’il ôtait la vie d’un possible descendant de Serdaigle. De toute façon, cela n’avait aucune valeur aux yeux hétérochromes du mage noir. Cela n’aurait été qu’un Auror parmi tant d’autres, un fermé d’esprit qui n’avait rien compris à ce que Grindelwald essayait d’accomplir au nom de toute la classe sorcière. Cependant, les choses ne s’étaient pas déroulées ainsi. Le despote austro-hongrois aurait échoué et aurait fini sa vie enfermé. Ainsi avait-il préféré opté pour la patience, afin de renaître de ses cendres tel un phénix. Mais il avait fini par réfléchir dans sa cellule à Azkaban, au milieu des Détraqueurs. Maintenant, même lui commençait à imaginer une possible rédemption, même si cela sous-entendait de devoir fermer les yeux sur les injustices dont étaient victimes les sorciers.

Cependant, les divagations d’un Belladone aidé par l’alcool le tira hors de ses pensées imaginant cette réalité alternative où il se serait échoué dans les flammes de sa révolution. Son ami avoua que son air préoccupé était causé par la jeune Lavande, martyr parfaite de l’inégalité qui sévissait même chez les sorciers. Gellert soupira légèrement et son sourire taquin disparut pour laisser place à une expression plus grave et sérieuse. Il écouta religieusement Belladone découler le flot de son cœur, n’interrompant pour rien au monde ce monologue sincère qui avait besoin de sortir des poumons du jeune professeur. Il ne l’arrêta pas quand il avoua son scepticisme face à l’indifférence totale de Dumbledore par rapport à Lavande, ne lui coupant nullement la parole quand il exprima la crainte d’avoir été trop laxiste face aux agresseurs de l’élève, durant cette nuit de début d’année. Le pauvre garçon semblait être dans une réelle détresse similaire à celle du mage noir la veille. Une fois que le benjamin des Raven eut fini sa tirade, le mage noir respecta silencieusement le silence qui s’install brièvement entre eux avant d’avoir un sourire doux et bienveillant. C’était désormais à lui, d’user de ses mots et de son éloquence pour tenter de réconforter ce cœur trop pur brisé par l’alcool et les remords.

— Tu n’as rien à te reprocher. Tu sous-estimais juste la cruauté de ces gosses.

Il abandonna finalement la tarte destinée à Albus, d’où le phénix de vapeur embaumante s’élever toujours pour venir s’asseoir à côté de Belladone. Peut-être n’avait-il pas besoin d’une telle proximité avec le mage noir mais ce dernier aimait s’incruster dans l’espace personnel de ses interlocuteurs. C’était une mauvaise habitude qu’il avait prise mais cela lui permettait d’avoir la totale attention de la personne à qui il s’adressait. Doucement, il écarta le verre vide de Belladone.

— Après tout, l’une d’entre eux croit dur comme fer être ma fille, non ? Elle pense simplement faire comme son père. En pire.

Il lui servit un verre d’eau et fit venir une friandise qui trainait dans la cuisine. Il s’agissait d’un paquet de Dragées Surprises de Bertie Crochue. Sûrement oublié par un élève. Gellert ouvrit le paquet et le tendit à Belladone.

— Tu as fait ce que tu as pu avec une bienveillance et une clémence rares. Cela a altéré ton jugement cette fois-ci mais tu sais que si la situation se représenterait, tu te montrerais plus ferme – sans pour autant être cruel. Quant à Lavande, j’œuvre justement avec elle pour que cette situation ne se reproduise plus et qu’elle puisse se défendre enfin à armes égales. Les gosses qui l’ont agressée comprendront alors qu’il ne faut pas l’énerver et qu’elle est suffisamment puissante pour annihiler la prétendue fille de Grindelwald. C’est d’ailleurs un horrible mensonge, si je puis me permettre. Quoiqu’il en soit, Belladone, tu n’as pas à te sentir mal pour ce qu’il s’est passé, tu ne pouvais pas savoir. Maintenant, tu as tous les éléments en main pour faire ce qu’il faut de juste. Et je te fais confiance à ce sujet.

Il regarda alors l’intérieur du paquet avec curiosité.

— Quant à Dumbledore, le cas de Lavande lui rappelle sûrement une autre affaire à laquelle j’ai été mêlé. Il se peut que ce soit son erreur, à lui aussi. Du moins j’espère qu’il s’agisse de cela.

Il piocha alors une dragée au hasard, connaissant bien le caractère aléatoire des saveurs de la friandise. Après avoir senti le goût très désagréable de la sucrerie et constatant qu’il avait perdu au jeu de la confiserie, il dit d’un ton détaché avec une pointe d’amusement en arrière-plan :

— Pas de chance. Crotte de nez.

Finalement, il piocha dans la tarte au citron que Belladone avait entamé pour faire passer le goût, le tout sans essayer d’établir un contact visuel avec son ami.
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Belladone Raven
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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] - Page 2 Icon_minitimeMer 15 Juil - 13:15



À La Table des Grands

« Cuisines de Poudlard »

Hiver 1942

Belladone eut un léger sursaut et se redressa brutalement. Il n’avait pas vu le léger sourire s’esquisser sur le visage de cire de Grindelwald, aussi la violence de l’affirmation avait-elle interrompu le flot mélancolique des songes affligés du jeune homme, de la manière abrupte et catégorique dont était coutumier son désormais ami. Belladone leva un regard d’encre plein d’une tristesse sombre devant cette funeste réalité alternative, face à cette vie éventuelle ou son protecteur et exaspérant frère aîné ne serait plus, terrassé par la main de celui qui, aujourd’hui, invitait à sa table son cadet, dans cette relation affectueuse qui n’aurait sans doute jamais existé. Belladone eut un soupir. Gellert, sans doute, n’avait pas cherché à l’effrayer, ou même à le peiner. Quinze années d’Azkaban, à défaut de lui avoir fait perdre la raison, semblaient l’avoir exempté d’une certaine délicatesse que son cadet, lui, n’avait que trop exacerbée. Le jeune Professeur croyait même qu’il s’agissait là d’une forme de respect, de lui asséner ainsi la vérité sans détours, parce qu’il n’était pas idiot, et parce qu’il le savait aussi bien que Grindelwald lui-même ; si Narcisse avait eu l’occasion de se mettre en travers du chemin de l’auguste mage noir, son courage et sa détermination ne l’auraient pas fait fléchir un instant, et Grindelwald, pas un instant, n’aurait hésité à endeuiller la famille Raven de l’aîné de la fratrie.

- Sans le moindre doute.

Les pensées de Belladone revinrent vite à Lavande, et elles n’étaient pas moins sombres, parce qu’en plus du mal que les supplices de la jeune fille infligeaient à son empathie trop acérée, lui-même y ajoutait le tourment de la flagellation. Une retenue, des points en moins ? Le jeune homme se donnait-il le beau rôle, à blâmer l’indifférence des autres ? N’était-il pas tout aussi complice ? Jamais il n’oublierait ces yeux là, ce reproche outragé dans ces prunelles de marécage, cette désillusion incrédule qui avait ternie un peu plus l’émeraude polie qui semblait éteinte à tout jamais, les dernières braises de joie étouffées sous la cendre des humiliations et des peines qu’inlassables, ses bourreaux s’affairaient à lui infliger.

Le flot d’amertume brisait enfin l’écluse fragile qui ne protégeait plus qu’à peine le cœur inondé de chagrin de Belladone. La litanie morose s’étiolait sous les embruns d’alcool, se muant en complainte ridiculement plaintive, gémissant contre sa propre désillusion et pleurant sur la sempiternelle douleur d’une élève dont le millième des tourments lui serait à jamais inconnu. Oui mais il l’avait vue cette souffrance indicible au fond de ces yeux d’eau trouble ; ce pâle reflet du supplice quotidien, entraperçu à peine au fond de la prunelle triste et fière de l’étudiante, et voilà que Belladone l’enfant de riches, Belladone le Sang-Pur, se surprenait soudain à découvrir à quel point la vie était injuste. L’enfant plein d’espoir et d’ambitions qu’il avait été en première année l’avait pourtant su, à la seconde ou les étincelles de sa baguette avaient crachoté de minces et faiblardes poussières éthérées, quand de bien moins assidus avaient vu de superbes rayons s’échapper de la leur. Mais l’injustice était tellement moindre que la comparaison relevait de l’offense, d’autant plus quand la sienne relevait d’une avarice immuable de la nature, et que l’indifférence seule, criminelle et complice, laissait croupir la jeune Lavande dans la fange du malheur infligé par la cruauté des autres.

La voix de Gellert s’était considérablement radoucie, comme pour parler à un enfant auquel on explique qu’un malheur n’est pas de son fait. Il avait raison, et le mage noir se montrait se montrait ce soir incroyablement tendre avec son mélancolique ami. Mais l’ivresse légère entêtait Belladone dans sa flagellation honteuse, lui qui au fond n’aurait guère pu faire mieux sans l’approbation d’une direction qui se moquait comme d’une guigne du sort épouvantable que subissait une de leurs propres élèves entre ces murs dont ils avaient la responsabilité ; Le jeune homme laissa docilement Grindelwald s’installer près de lui, et repousser doucement son verre vide. Il avait vraiment trop bu, et il n’en avait plus envie.

- Mais c’était un tort, Gellert. Pourquoi suis-je donc toujours aussi crédule ?

Belladone poussa un nouveau soupir à fendre l’âme. Il était las d’être un idiot, et las de ne jamais être suffisamment fort pour protéger qui que ce soit. Car sans se l’expliquer, sans même se le concevoir encore, la seule idée, le seul fantasme de pouvoir arracher la jeune Lavande aux griffes de ses bourreaux le comblerait d’une félicité telle que peut-être serait-ce là le reflet du miroir du Risèd pour cette âme trop faible pour le bien qu’elle rêvait d’insuffler au monde. Le souvenir déplaisant de la figure poupine aux boucles angéliques fit grimacer Belladone. Personne à Poudlard ne pouvait ignorer cette calomnie éhontée qui résonnait contre les murs de pierre, criée à tue-tête à qui voulait l’entendre par cette méchante enfant que l’on avait dû finir par convaincre de la véracité de ce mensonge grossier. Le jeune homme ne prêtait guère attention à ce genre de ragots, plus encore lorsqu’il savait que son ami Gellert se trouvait engeôlé entre les impitoyables murs de la prison d’Azkaban lors de l’année de conception de la fillette. Belladone leva un regard plein de gratitude vers son aîné et avala d’une traite le verre d’eau servi, plongea machinalement la main dans le paquet de friandises qu’il lui tendait. La dragée au caramel avait beau avoir ce bon goût de sucre grillé que Belladone aimait tant, elle ne suffisait pas à éteindre l’amertume dévorante qui brûlait sa gorge, à l’évocation de la petite Rosier :

- Je crois que c’est la pire de toutes, et c’est sa cruauté à elle que je regrette le plus d’avoir sous-estimé. Si vous aviez vu son regard, lorsque je l’ai punie !

C’était au tour de Grindelwald de s’étendre en une longue litanie. Et c’était là un plaidoyer plein d’une tendresse affectueuse, pudibonde, et Belladone se surprit à esquisser malgré lui un sourire triste, découvrant là à quel point le plus grand criminel de son époque pouvait se révéler un formidable ami. Le jeune homme refoula une ou deux larmes de gratitude qui menaçaient de s’échapper, devant l’irréfutable preuve de la loyauté de l’auguste mage noir, une fois sa confiance obtenue. Belladone était étonnamment fier de l’avoir gagné, comme un incomparable trésor uniquement partagé avec l’autre plus grand sorcier de son époque. Rendu émotif plus que de raison par l’ivresse, les lèvres de Belladone tremblotaient tandis qu’il répondait :

- Gellert, je…je suis très touché. Je vous remercie, vraiment, même si ma bonté ne change rien au sort de cette malheureuse…Ces élèves se fichent de ma bienveillance…Ils s’en moquent sous mes yeux, et ils recommenceront malgré mes faibles remontrances, c’est certain…Comme cela me rassure de savoir que vous êtes là pour elle, et que votre soutien au moins lui est utile ! Vous seul ou Dumbledore en ces murs avez la puissance nécessaire pour lui enseigner la pratique, et je suis persuadée qu’une fois contenue, sa magie fera des merveilles…Mais voilà, je me sens bien inutile…Quant à cette enfant, vous n’avez guère besoin de m’en convaincre…Il me suffit déjà de savoir qu’il y’a onze ans, vous étiez enfermé à Azkaban, pour ne pas prêter attention à ce mensonge éhonté qu’on a dû lui planter profondément dans la tête…Elle semble y croire dur comme fer.

Grindelwald, sans doute par pudeur, sans doute par délicatesse envers la pudibonderie de Belladone qui s’épanchait cette nuit, ne le regardait pas, fixant l’intérieur du paquet de dragées comme pour en deviner les parfums de son œil glacial et affûté. Belladone comprit pourquoi, lorsque fut rappelé la tragédie terrible, apprise la veille, qui avait frappé le grand Albus Dumbledore dans sa prime jeunesse. Belladone se renfrogna un peu plus, s’avachissant sur sa chaise. Il le savait bien, pourtant, que l’intelligence et le secret farouche avec lequel son mentor protégeait son passé dépassait sa petite vision candide de tout jeune Professeur qui n’avait jamais eu à se confronter à d’autres tourments que sa propre faiblesse. Une vague de honte vint le submerger, à l’idée qu’il s’insurgeait contre l’indifférence de Dumbledore, quand sans doute il souffrait en silence depuis l’arrivée de la jeune Lavande, dont l’image triste et éthérée devait lui faire l’effet du sel sur une plaie béante, que ravivait chaque évocation du malheur de l’étudiante. Et c’est dans un nouveau soupir à fendre l’âme que Belladone semblait présenter ses excuses au concerné qui n’était pas là :

- Oh, Gellert, voyez comme je suis injuste. Je vous l’avais pourtant dit, que les pensées de Dumbledore me dépassaient. Taire cette tragédie doit suffisamment être douloureux ainsi, sans que je me permette de le juger. Mais cette pauvre élève, en attendant, souffre encore, toujours, et cela, c’est intolérable, n’est-ce pas ?

Belladone riva ses yeux sur la table. Il était fatigué, en colère et malheureux. Toute cette histoire lui donnait le tournis, le plongeait dans des abysses de mélancolie sans fond et d’impuissance qui le rendait fou. C’était comme voir Lavande se noyer, et n’avoir pas avoir un bras assez long pour l’atteindre. C’était désespérant.

Le sépulcre de ses mornes songes fut brisé une seconde fois, et Belladone, de nouveau, sursauta. Gellert et son stoïcisme habituel venait de tomber sur une épouvantable sucrerie, et au lieu de s’insurger très haut ou de grimacer comme beaucoup l’auraient fait, il avait seulement déclaré cela poliment et avec calme, comme pour annoncer qu’il allait pleuvoir le lendemain. Et devant cette placidité désarmante, devant ce léger sourire et devant ce regard qui s’obstinait à ne pas confronter Belladone, celui-ci eut un rire léger, amusé et plein de gratitude pour son ami qui parvenait, même dans un tel état de morosité, à déchirer quelque peu le voile sombre de son humeur mélancolique, pour y apporter un peu de son aura lunaire :

- Vous n’êtes guère chanceux, ce soir. Allons, réessayons. Je suis persuadé cela ira mieux la prochaine fois.

Belladone se saisit d’une autre dragée, plus prudemment que la première cette fois-ci, et l’enfourna avec audace entre ses lèvres encore tremblantes. Une seconde, deux secondes d’attente et d’une panique factice, pour qu’enfin un sourire apparût sur les lèvres pâlies par la fatigue et le chagrin du jeune homme, qui tendit le paquet à son ami, afin qu’il prenne sa revanche :

- Fraise des bois. Elle est délicieuse.

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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] - Page 2 Icon_minitimeJeu 16 Juil - 13:59



À La Table des Grands

« ALLESFRESSER. »

Cuisines, Hiver 1942.

Plus la soirée avançait, plus Belladone semblait se ratatiner sur lui-même. La boisson lui avait certainement trop d’effets et le voici de plus en plus en train de se lamenter sur lui-même, se flagellant sempiternellement sur son incapacité à protéger dignement Lavande. Gellert ne l’interrompit pas, l’écoutant le remercier de sa présence pour épauler et soutenir cette jeune élève. Le repenti avait envie de lui dire que ce n’était rien de bien particulier et qu’il faisait cela prétendument pour le « plaisir ». Il s’était conféré cette tâche car il n’y avait personne d’autre pour le faire et que cela occupait ses tristes soirées sans but. Il tournait en rond à Poudlard, tel un animal qui aurait trop fait le tour de sa cage. Cette illusion entretenue d’un cadre d’apparence idyllique mais aux quatre murs clos. Alors, oui, il avait pris les devants pour se trouver de quoi tuer le temps. Et fort heureusement, cela avait eu un but altruiste en premier lieu. Puis, il avait fini par s’attacher à cette élève particulière. Tout comme Belladone semblait l’avoir fait également. Le mage noir repensa à l’épouvantard de son ami et ne put s’empêcher d’imaginer à quel point la situation de Lavande l’affectait.

L’alcool n’avait pas aidé Belladone à combattre ce sentiment de culpabilité qui le dévorait. Songeur, Gellert fit une moue. Se sentir coupable était une sensation de bon sens difficile à passer outre, il ne le savait que trop bien. Il n’avait que peu de conseils à pouvoir lui donner pour soulager cette peine, ses précédents arguments étant les seuls qui lui étaient venus à en tête pour le réconforter. Sinon, il pouvait toujours lui proposer de se noyer dans une haine vindicative mais il semblerait que cette solution ne soit guère préconisée. Belladone s’emporta de nouveau sa complainte, s’accusant d’avoir jugé trop vite Dumbledore et la raison de son inaction face à Lavande. Cependant, il chercha néanmoins son appui concernant le fait que malgré ce qui avait pu se passer dans la jeunesse du professeur de métamorphoses, c’était désormais la jeune élève de Serpentard qui souffrait de l’inactivité du grand mage. Gellert soupira profondément. Belladone n’avait pas tort. Cela renvoyait même au principe fondamental du combat de Grindelwald. Plus jamais d’inégalités et que les victimes du passé puissent prévenir celles du futur. Malheureusement, à l’instar du monde sorcier auquel il appartenait, Dumbledore avait choisi de fermer ses yeux sur le sort de son élève.

Tout était finalement si vain. À défaut d’avoir pu changer les mentalités, certes par une force fasciste, voilà que le mage noir tentait de faire se relever une Née-Moldue ayant perdu toute confiance en elle, épaulé d’un Sang-Pur n’ayant pas plus d’aplomb. Au lieu de changer les mentalités, le voici en train de s’occuper à faire du cas par cas, au compte-goutte, et à tenter de soigner le mal déjà fait. Oui, tout ceci était intolérable. Mais malgré la puissance de Grindelwald et la magnanimité de Belladone, rien ne pourrait être amené à changer. Ils n’étaient que condamnés à prier pour que leurs attentions et leur protection envers Lavande puisse soulager cette seule et unique âme à leur portée. Perdu dans ses pensées, le mage noir regardait, las, le verre vide de Belladone où les flammes des bougies s’y déformaient dans les irrégularités. Si la soirée avait démarré dans la convivialité, elle avait terminé tel un reflet de ce monde, triste, morne et vaine. Grindelwald ne supportait pas se sentir impuissant et pourtant, entre ces lieux, il ne pouvait être que témoin de sa propre inefficacité, à l’instar de son ami à côté de lui. Comme quoi, la puissance magique importait peu, au final.

Il entendit Belladone commentait son manque de chance sur sa pioche dans le paquet de friandises, ce à quoi Gellert répondit par un doux sourire et un haussement d’épaules. Le rire de son ami plus tôt l’avait sorti de cette morosité dans lequel il était en train de s’enfoncer, rapportant un peu de gaieté dans leur repas nocturne. Grindelwald n’avait jamais été considéré comme quelqu’un de comique. Le rire était une arme, pour certains, mais le mage noir ne s’en était jamais servi. L’humour semblait être une contrée lointaine inexplorée qui ne valait pas la peine d’être découverte aux yeux glacés du lugubre sorcier. Il se contentait d’être naturel, aussi étrange que cela pouvait paraître lorsque l’on était connu pour sa langue vicieuse et perfide. Le benjamin Raven, pourtant, ne semblait plus en avoir peur. Aussi indiqua-t-il dans une certaine sérénité le parfum de sa dragée, bien loin de celui répugnant du mage noir. Gellert eut une moue faussement jalouse et regarda l’intérieur du paquet dans lequel se trouvait les innombrables friandises aux couleurs si différentes. D’un air pensif, il le secoua légèrement, mélangeant les sucreries afin que celles du fond remontent à la surface. Il dit alors avec un air déçu :

— J’attends depuis des années qu’ils ajoutent enfin la framboise.

Il reposa le paquet doucement, se disant que Belladone était resté dans le silence depuis trop longtemps après son monologue. Toujours sans le regarder, il finit par dire d’un ton neutre :

— Je pense connaître les raisons d’Albus pour son inactivité par rapport à Lavande. Cela ne l’excuse pas pour autant de ne rien faire. Peut-être a-t-il peur d’être confronté à son passé, tu sais. Il n’est pas infaillible. Malgré ses airs div... malgré ses airs, il reste humain et mortel.

Un sourire attendri se dessina sur les lèvres de Gellert avant qu’il ne se décide finalement à regarder son ami dans les yeux.

— Belladone, Lavande n’est peut-être pas soutenue par Albus mais nous sommes désormais là pour elle. Il est vrai que nos puissances magiques ne sont pas comparables mais à ta manière, tu lui apprendras certainement des choses que je ne suis pas capable de lui enseigner. Si elle peut devenir une sorcière importante et faire de grandes choses, alors à toi de lui montrer le chemin à suivre. J’ai peur de ne pas y arriver sur ce sujet. Ton sens de la justice, ta bonté sont tes qualités. Je suis meilleur sorcier que toi, mais tu es un meilleur être humain. Tu sous-estimes la force de ton cœur. Aies confiance en lui et tu pourras faire de plus grandes choses que tu ne l’imagines, sans avoir besoin de la magie. Le pouvoir de ta baguette ne fait pas tout, Belladone, fais-moi confiance, pour une fois.

Son sourire se voulut taquin tandis qu’il piocha de nouveau dans le paquet de confiseries que lui tendait Belladone. Il en sortit une dragée qu’il mangea.

— Je crois que je vais m’arrêter là pour ce soir. Parce que les chaussettes sales… Ou alors tu pioches pour moi.

Il soupira avec un sourire amusé et regarda le jeune Raven. Il espérait sincèrement qu’il avait réussi à sortir son ami de sa mélancolie. Finalement, bien qu’un peu timide dans ce geste sincère qui lui venait pourtant du fond de son cœur, il posa une main chaleureuse sur l’épaule de Belladone, visant à lui donner un peu de chaleur par ce contact physique.
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MessageSujet: Re: A la table des Grands - Gellert [FINI]  A la table des Grands - Gellert [FINI] - Page 2 Icon_minitimeVen 7 Aoû - 14:46



À La Table des Grands

« Cuisines de Poudlard »

Hiver 1942
Avachi sur sa chaise, Belladone s’épuisait à vue d’œil. Peu de gens pouvaient se targuer d’avoir vu l’élégance du britannique raffiné réduite à ce point à peau de chagrin, hormis peut-être la plus jeune de ses sœurs, Azalea ; c’est dans ses jupons à elle que, depuis toujours, venait se tarir l’inépuisable source de ses peines de cœur et de ses chagrins, elle la bonne fée qui maniait le talent délicat de remettre d’aplomb cette âme fragile, extatique, de par le subtil mélange de fermeté énergique et de tendresse qu’elle déployait envers lui. Un sourire nostalgique étira inconsciemment les lèvres pâlies de sommeil du benjamin Raven, à l’évocation du souvenir de cette énième élève qui avait eu le malheur de l’insulter de Cracmol devant elle, et qui avait fini les quatre fers en l’air, à demi trempée, sur les berges du Lac Noir, le maléfique de bloque langue la contraignait à ravaler sa colère.

Gellert, pourtant, ne s’y prenait pas moins bien. Belladone n’avait jamais ignoré le talent d’orateur et de psychologie dont avaient découlé la glorieuse et terrible ascension de Gellert Grindelwald. Mais jamais il n’aurait pu deviner à quel point il savait se révéler un insubmersible roc, pour les âmes en perdition délirantes de chagrin, qui s’accrochaient avec la force d’un pathétique désespoir. Belladone leva un regard dévasté d’alcool, de fatigue et de chagrin vers le mage noir qui subissait avec patience la lugubre compagnie qu’il lui avait imposée. Mais Gellert ne semblait pas fâché, pas même ennuyé, même plutôt d’humeur tendre face à l’indicible mélancolie de son jeune ami qui s’empêtrait dans ses élucubrations alcoolisées qu’il semblait devoir répéter sans fin au pauvre mage noir repenti qui prenait garde de ne pas l’interrompre, comme on le ferait avec un enfant hypersensible.

Le mage polaire, au stoïcisme et à la rigidité exemplaire, parvint à faire franchement sourire Belladone, quand une moue envieuse, presque enfantine, s’esquissa sur le masque de cire qui avait fait trembler d’horreur et ébranlé toute une génération de sorciers, devant le hasard qui avait honteusement choyé son jeune ami. Et c’est avec le plus grand sérieux que l’auguste sorcier Autrichien se saisissait du paquet de friandises, les yeux rivés avec attention sur les couleurs traîtresses qui pouvaient promettre de bien désagréables surprises. Après une longue tergiversation, Gellert reposa le sachet, refusant l’offre d’une seconde chance, déclarant avec un ton qui ne dissimulait pas sa déception qu’il attendait depuis des années l’arrivée de son parfum favori, dans le sachet des petites confiseries les plus célèbres du Monde Sorcier. Désinhibé par l’extrême fatigue, l’alcool et la confiance qu’il venait de témoigner à son improbable ami, le jeune homme, cette fois-ci, rit franchement :

- Si je puis me permettre, Gellert, vous auriez dû contacter le fabricant lors de vos heures de gloire. Je suis persuadé qu’il ne vous aurait rien refusé. Peut-être même aurait-il lancé la vente d’éditions spéciales ne contenant que de la framboise !

Belladone eut un ricanement un peu idiot, de ceux qui ne sont pas vraiment habitués à rire, et dont les exclamations de joie résonnent avec le pathétisme d’une mauvaise comédie. Pourtant Grindelwald était très sérieux lorsqu’il reprit la parole, ayant soin de ne pas river son regard hétérochrome vers son interlocuteur, comme chaque fois que l’évocation d’Albus s’échappait de ses lèvres de glace. C’était touchant, de voir cette pudeur trouble faire défaillir, presque imperceptiblement, la superbe glacée du mage noir, chaque fois qu’il s’agissait de son ancien amant, et de l’unique amour de sa vie. Belladone se contenta d’acquiescer gravement, soudain redevenu sérieux :

- Vous avez raison encore une fois. J’ai beaucoup trop tendance à voir le Professeur Dumbledore comme un être surhumain, comme s’il ne pouvait jamais se tromper, ou faire une erreur de jugement. Mais c’est vous qui êtes dans le vrai. Ce n’est pas lui faire offense que d’admettre qu’il reste un être humain, avec ses défauts et ses failles.

Plus que tout autre chose, le sort révoltant de la malheureuse Lavande semblait avoir réuni ces deux hommes, aux antipodes l’un de l’autre, que rien, jamais, n’aurait dû rapprocher. Et une faille de tendresse, en un sourire d’une douceur troublante, vint se manifester chez le glorieux Legilimens qui semblait faire à Belladone la touchante offrande de laisser tomber ce masque sous lequel le Monde Sorcier l’avait connu. Mais le discours qui parvint doucement aux oreilles embrumées de sommeil de Belladone fut pourtant la plus belle marque d’affection qu’un ami lui ait jamais offerte. Le jeune homme essuya discrètement une larme, recueillant bouche bée cette salve d’éloges qu’il était persuadé ne pas mériter, de la part d’un si grand sorcier de surcroit. Ce soir plus que jamais, Belladone comprenait pourquoi Grindelwald avait été un si grand leader. Comment ne pas se jeter ragaillardi dans la bataille après un tel discours, qui avait ranimé l’espoir essoufflé de Belladone, attisant cette fierté de pouvoir prétendre s’ériger en sauveur de la malheureuse Lavande dont la silhouette éthérée accompagnait un peu trop son mélancolique sillage et ses plus profondes pensées. Le jeune homme se racla la gorge, tamponnant discrètement ses yeux humides de larmes qu’il ne voulait pas laisser couler cette fois-ci :

- Mer…Merci…Gellert, du fond du cœur…Je ferais de mon mieux et je ne l’abandonnerai pas…Je suis persuadée qu’elle sera une formidable sorcière, et elle mérite tant que l’on y contribue…

Sa voix s’étrangla, pour finir par mourir dans sa gorge. Brisé de fatigue et d’émotions, le tendre Belladone ne semblait plus que l’ombre de lui-même, et sous l’emprise de l’alcool et du déferlement d’affection que le discours de Gellert avait souffleté au fond de sa petite âme, il s’en serait fallu de peu qu’il ne s’effondre un court instant dans l’intimité de bras amis, répétant là à l’inverse le scénario de l’inverse, à ce détail près que Grindelwald n’avait pas pleuré. Le mage noir repenti, lui, avait retrouvé son humeur taquine et joueuse, au point de revenir sur sa tergiversation précédente et de finalement se laisser aller au jeu hasardeux du choix d’une dragée surprise. Et le sort lui était décidément défavorable, et Belladone ne put s’empêcher de rire du malheur de son ami, devant sa mine souriante et faussement affligée, à la découverte du parfum ignominieux de chaussettes sales. Déclarant qu’il renonçait, à moins que la main bienheureuse de Belladone ne se jette à l’eau pour lui, Gellert, dans un geste d’affection et de réconfort pudique, vint poser sa large main blanche sur l’épaule frêle du jeune homme. Le Professeur timoré riva vers ses genoux ses yeux d’encre au bord desquelles les larmes affluaient de nouveau, s’accrochant à ses cils de velours, qu’il avait un peu longs, serrant dans une étreinte timide le bras qui s’était posé sur lui, l’agrippant des doigts de sa main gauche tremblotants d’émotion. Belladone prit son courage à deux mains, levant un regard embué de gratitude vers un si formidable ami, et déclama peut-être ce qui avait été son affirmation la plus sage de la soirée :

- Je crois que je ferais mieux de monter me coucher. Il se fait plus tôt que tard, j’ai beaucoup trop bu et je vous ai suffisamment importuné pour cette nuit. Vous ne m’en voulez pas, d’avoir ainsi troublé votre petit festin solitaire ?

Le jeune homme laissa son regard planté dans les yeux hétérochromes de celui qui l’avait tant effrayé auparavant, et qui à présent déployait des trésors infinis de patience pour ménager la fragilité d’âme de l’idiot qu’il était. Sans doute ne l’avait-il pas dérangé, sans doute était-il aussi seul que lui, au fond ; mais la gratitude de Belladone n’en était pas moins grande, et Gellert ne méritait pas d’en être privé.


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Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
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À La Table des Grands

« ALLESFRESSER. »

Cuisines, Hiver 1942.

Tout comme le mage noir, Belladone Raven ne semblait vraiment pas avoir l’alcool joyeux. Il avait un peu bu, certes, mais cela paraissait l’avoir plongé dans une ivresse maussade que les mots de Grindelwald ne parvenaient à en soulager les maux. Son commentaire sur l’absence du parfum framboise dans les sachets de Dragées Surprises de Bertie Crochue eut au moins le mérite d’arracher un rire franc au jeune homme. À cet éclat amusé, Gellert répondit par un simple sourire sur le même ton. Il n’ajouta rien, cependant, au commentaire de son ami mais il se plut à imaginer cette situation cocasse où le terrible mage noir, faisant régner la terreur sur l’Europe entière, serait venu rouspéter devant la fabrique des friandises. Mais en réalité, il n’aurait pas voulu d’un sachet avec seulement la framboise pour parfum. Cela aurait enlevé tout l’intérêt du jeu, toute la satisfaction d’avoir triomphé de l’aléatoire et de la chance. Le mystère et l’imprévu avaient toujours eu quelque chose d’attrayant et ce, même lorsque l’on était un fin stratège et manipulateur qui adorait avoir plusieurs coups d’avance sur ses adversaires. Tout contrôler était impossible et ces simples sucreries ne le rappelaient que trop bien. Mais sagement, il préféra fermer le paquet.

Belladone enchaîna alors sur sa perception de Dumbledore. Quelque part, Gellert était bien content le jeune homme eût un avis plus neutre sur son mentor. Non pas qu’il voulait le faire haïr ou l’idolâtrer le professeur de métamorphoses mais juste avoir un avis un peu plus critique. Albus avait ses failles oui et il n’y était sûrement pas pour grand-chose dans la condition de Lavande. Il avait suffisamment d’élèves à gérer et même si tous n’étaient pas des enfants à problème, il n’en restait pas moins un homme extrêmement occupé. Quelque part, Gellert avait l’impression de ne pas être à Poudlard seulement pour pister la nouvelle menace qui planait sur le monde sorcier mais aussi pour soulager Dumbledore de ses charges et fardeaux dont il était un peu responsable. Il voulait se montrer utile autrement que comme un chien de garde. Albus avait fait beaucoup pour lui et cela lui occupait sûrement l’esprit de savoir que le dangereux sorcier que Grindelwald était vagabondait quasi-librement dans les couloirs de Poudlard, sur sa propre volonté. C’était pour cela que la tarte au citron lui était dédiée. Avec le gâteau, il espérait que son message passe, même s’il ne serait certainement pas le plus parfait des professeurs sous ses ordres.

Le jeune professeur de Défense Contre les Forces du Mal l’arracha de ses pensées, le remerciant pour ses quelques mots sûrement avant de promettre de ne jamais laisser Lavande derrière. Le sourire de Gellert se fit plus franc. Il avait confiance en Belladone qui semblait réellement s’être attachée à cette élève qui méritait qu’on s’attarde sur elle. Le jeune homme était plein de valeurs positives et heureuses – sauf quand il avait bu apparemment – qu’il transmettrait certaines à l’élève de Serpentard qui n’apercevait guère la lumière au fond de son tunnel. Les deux professeurs feraient le nécessaire pour éclairer son avenir. Tandis que Belladone serra la main réconfortante du mage noir sur son épaule, il avoua en même temps avoir trop bu, devoir aller se coucher et espérait en même temps de ne pas avoir importuné le professeur de Runes. Ce dernier eut un grand sourire doux et amusé et finit son verre d’eau avant de planter de nouveau son regard asymétrique dans les yeux noirs et humides de son jeune ami. D’un léger coup de main pour les commander, les couverts et assiettes s’envolèrent pour aller se nettoyer d’eux-mêmes. Gellert se leva alors.

— Jamais un ami ne m’importunerait et j’aurai toujours plaisir à partager ma nourriture avec lui. Maintenant, laisse-moi te raccompagner à ta chambre.

Grindelwald devait se l’avouer : Azkaban et Poudlard ensuite lui avaient permis d’ouvrir les yeux sur des personnalités peut-être plus simples mais qui n’en demeuraient pas moins attachantes. L’affection n’était pas une tare et il était heureux d’avoir rencontré quelqu’un comme Belladone.
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