It's how all begins (1936) | ft. Lavande



 
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It's how all begins (1936) | ft. Lavande

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Jasper Blake
Jasper Blake
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MessageSujet: It's how all begins (1936) | ft. Lavande  It's how all begins (1936) | ft. Lavande Icon_minitimeDim 19 Avr - 13:46

It's how all begins


C’était une belle et chaude journée, une de celle dont Jasper se souviendrait souvent. Les quais de King’s Cross, elle en avait rêvé depuis tant de temps. Le trajet pour descendre jusqu’à Londres avait été long, et la mère autant que la fille étaient émerveillées face à la capitale anglaise qu’elles voyaient pour la première fois. Cela les changeait tellement de la campagne écossaise, bien plus que tout ce qu’elles auraient pu imaginer. Tout ces bâtiments, immenses et imposant, s’élançant haut vers le ciel – et les voitures, partout, les gens pressés, Big Ben qui vous observait de son unique et énorme œil aiguillé (à défaut d’aiguisé). Oh, elles en avaient vu, des représentations de la capitale anglaise ! Mais s’y trouver était une toute autre histoire. Si elle n’était pas aussi pressée de découvrir Poudlard, Jasper aurait adoré rentrer dans toutes ces petites boutiques qu’elle pouvait voir, où l’appelaient maintes sucreries et petits jouets en bois.

Ils avaient visité le Chemin de Traverse la veille, après être arrivée au petit matin par train. Sa mère tenait fermement la main d’Heliodor, dont l’émerveillement illuminait son regard d’enfant. Anne semblait se tenir quelque part entre la fascination et l’inquiétude, ne sachant pas trop sur quel pied danser, plongée encore plus au cœur de ce monde étrange qu’elle avait intégré. Jasper avait voulu tout voir, tout toucher, tout posséder. Tout lui plaisait, tout la ravissait. Sa baguette, ses premiers uniformes, livres et ustensiles, sa chouette, une belle chevêche d’Athéna qu’elle adorait déjà. Elle n’avait plus eu qu’une hâte : se tenir sur ce quai, saluer sa famille et monter dans le train.

Ce moment arriva bien assez vite. Sa grand-mère fut la première à passer à travers le mur de King’s Cross, sous les yeux horrifiés d’Anne. Elle venait de voir sa belle-mère et son fils se faire engloutir par un mur de brique ! Même si on l’avait prévenu, elle n’en restait pas moins ébranlée. Jasper passa ensuite, et Phillip ne lâcha pas sa femme avant qu’ils ne soient rendu sur la voie 9 ¾. Il se tenait là, sous leurs yeux ébahit, la magnifique bête rouge, dormant dans la fumée en attendant de rugir. La rousse et sa famille échangèrent une longue, trop longue accolade, avant qu’ils ne la laissent grimper dans le train. Elle resta un moment à les observer, leur sourire, leur faire des signes de la main, puis elle chercha un compartiment où s’asseoir.

Il y avait beaucoup d’élèves déjà installés, et Jasper n’aurai su dire s’ils étaient eux aussi en première année ou non. Hésitante, elle avança jusqu’au fond de la rame, et en traversa une autre, sans parvenir à se résigner. Elle se sentait soudainement frêle et vulnérable, seule, et ne reconnaissait personne. L’enfant allait se résigner à tenter sa chance, lorsqu’elle vit une cabine qui, à première vue, lui semblait vide. Elle s’en approcha avec soulagement et, comme elle atteignait la porte, elle vit une fille qui devait avoir son âge, seule. Le rouge lui monta aux joues (elle avait failli se précipiter comme un sauvage, pour qui serait-elle passée ?!), mais elle finit par ouvrir la porte en souriant :

« Bonjour ! Je m’appelle Jasper, ça ne te dérange pas si je m’installe avec toi ? »


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Lavande Huntergrunt
Lavande Huntergrunt
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MessageSujet: Re: It's how all begins (1936) | ft. Lavande  It's how all begins (1936) | ft. Lavande Icon_minitimeJeu 23 Avr - 21:37



It’s how all begins.

« Just a small town girl living in a lonely world,
she took the midnight train going anywhere. »

Rentrée 1936.

Lavande posa ses mains sur la vitre. Déjà sur le quai, des dizaines de parents et de très jeunes enfants saluaient le départ de cet étrange train, déroulant mouchoir et essuyant des larmes de joies. D’autres déjà, repartaient par là où ils étaient arrivés, au travers de cet impressionnant mur de brique que Lavande avait mis une bonne dizaine de minute avant de traverser. Elle avait peur de ne pas réussir, mais mieux valait tenter et se rendre ridicule plutôt que d’être abandonnée seule au milieu de la gare. Son représentant magique l’y avait laissé, songeant que sa mission était désormais accomplie. Elle avait déjà eu la chance d’avoir sa compagnie et son aide pour les achats relatifs à sa liste « d’école »… ces quelques mots lui faisaient encore bizarre. La petite Lavande était entrée dans ce wagon abandonnée, parce qu’elle ne savait pas ce qu’était que pouvoir aller vers les autres. Elle était à présent assise sur ce siège, avec des affaires qui n’étaient à elle que depuis quelques heures, et de l’autre côté de la vitre, des gens dont elle surprenait le regard et à cette seconde, c’était un peu comme s’ils lui disaient aussi au revoir. Cette valise, posée sagement sous ses petits souliers sales, était parfaitement raccord avec son apparence miteuse. La sorcière ne s’était pas encore changée, n’osant finalement qu’à peine bouger au milieu de cet environnement entièrement différent de la campagne qu’elle avait connu. Ici, les ampoules ne tremblaient pas, les sièges n’étaient pas émiettés. Tout le monde était relativement bien habillés, bien coiffés, souriant. Et bien que l’excitation faisait légèrement trembler les mains de la petite fille, elle ne pouvait s’empêcher d’avoir peur. Que pouvait bien lui promettre cette nouvelle vie ? Elle était persuadée que rien ne saurait être pire que les six années qu’elle venait de vivre dans sa campagne éloignée du monde et du nouveau siècle. Lavande savait dorénavant que sa magie était réelle, qu’elle n’était pas un monstre et que – comble de tout – elle n’était pas seule à pouvoir faire cela. C’était un monde plein d’espoir qui s’offrait à elle.

Une fois que les images fuyantes de la gare s’évaporèrent pour laisser place aux banlieues anglaise… puis bientôt à la campagne dont Lavande reconnaissait les horizons lumineux d’un vert bleuté, elle commença enfin à se détendre. Elle ne savait pas combien de temps durerait ce voyage, mais adorait regarder la moindre parcelle de bois vernis qui jalonnait les sièges et la tôle de ce train qu’elle estimait aussi luxueux que celui d’un prince. Tout ceci ressemblait d’ailleurs bien trop à un conte de fée pour elle. Une partie de son coeur ne pouvait s’empêcher de se dire que ce n’était qu’un merveilleux rêve et qu’elle allait se réveiller dans son drap gris, frappé par la lumière blanche du soleil à travers la fenêtre sale. Bientôt, elle remua l’avant de son corps aux rythmes du train et s’amusa des tressautements occasionnelles qui faisaient vibrer sa valise sous pieds. Au fond de son compartiment vide, la petite fille devait faire une bien étrange impression : un tout petit bout de bébé, d’une maigreur à faire peur, la peau pâle et légèrement verdâtre, l’œil humide et fantomatique. Si elle apparaissait dans une flaque, on aurait tout de suite jurer voir une créature des marécages. Si au fil des années, elle avait réussi à prendre ce poids qui lui manquait tant – jusqu’à grignoter dans les cuisines quand lui prenait une mélancolie, et à prendre quelques couleurs, le reste ne changerait jamais vraiment. C’était plus une ombre qu’un véritable enfant.

Quand la porte s’ouvrit en fracas, laissant apparaître la silhouette d’une enfant dont Lavande aurait bien été incapable de deviner l’âge – non à raison mais par ignorance – la sorcière sursauta. Pire encore, elle se plaqua contre le mur, ramenant ses mains au niveau de son ventre. L’arrivé soudaine de l’étrangère la fit paniqué. Que devait-elle faire ? Dire ? Quelles étaient les codes de ce nouveau monde ? Et surtout, qu’est-ce qu’on devait faire avec des êtres humains ? Lavande jeta des petites coups d’oeil timide à la nouvelle arrivante. Elle était si jolie avec ses cheveux rouges – jamais la petite fille n’en avait vu des comme ça dans son village. Mais plus encore, elle paraissait riche – encore une fois, toute personne qui n’avait pas une allure de paysan lui semblait être une princesse. La tête rouge se présenta comme s’appelant Jasper et lui dit même bonjour ! Puis elle lui demanda si cela ne la dérangeait pas qu’elle s’installe dans ce wagon. Lavande se mordit les lèvres, ramenant ses mains à ses coudes, se demandant ce qu’elle devait répondre. Peut-être qu’en l’imitant, cela fonctionnerait ? Quand elle était petite, elle s’était mise en tête qu’imiter les animaux permettraient de communiquer avec eux. Aussi prit-elle une profonde respiration et murmura d’une voix écorchée et sifflante :

Bonjour… je… j’m’appelle Lavande… ç’ne me dérange pas que t’t’installes avec moi.

Il ne fallait pas être un génie pour cerner l’accent atrocement présent de la petite fille, élevée à la dure dans un milieu exclusivement paysan. Pour lui laisser de la place – comme s’il n’y en avait pas assez dans cet immense compartiment, Lavande poussa la valise de ses pieds pour la mettre davantage sous le siège. Ce voyage était pourtant l’occasion pour elle d’entrer dans un nouveau monde… mais elle était traumatisée par ses expériences passés et ne savait pas comment répondre à la gentillesse autrement qu’en faisant de son mieux pour disparaître. Autant dire qu’elle ne souriait pas. Une partie d’elle craignait par-dessus tout que les gens magiques puissent être aussi méchants que les non-magiques, mais une autre partie était terrifiée à l’idée que Jasper puisse simplement… repartir.

Lavande continua pourtant de jeter des coups d’oeil à l’enfant à mesure qu’elle s’installait finalement. Ses nombreuses valises, et surtout la cage où se trouvait la petite chouette. Le visage de Lavande s’éclaira en une seconde, éblouit par la beauté de cette bestiole si proche d’elle. Elle en avait vu à ce que son représentant avait appelé « le chemin de traverse » mais sa bourse scolaire n’était pas assez importante pour prendre un vrai animal. On lui avait bien proposé des rats ou des crapauds, mais Lavande les avait tout deux refusé. Elle avait l’habitude de vivre avec des rats, et on la traitait de crapaud depuis toujours à cause de son visage atypique. Aussi regardait-elle la chouette avec une attention fixe, jouant à une bataille de regard avec elle, jusqu’à baisser la tête sur le côté pour suivre son mouvement.

Tu… tu as une chouette.

Ce n’était pas une question, mais une affirmation à la fois impressionnée et attristée à la fois. De toute façon, elle ne savait pas si elle avait le droit de poser des questions. Sa mère lui avait toujours dis de laisser les gens tranquille, parce que personne ne méritait de perdre du temps à lui répondre. Ce n’était pourtant pas les questions qui lui manquaient. Est-ce que ses cheveux allaient bien ? Est-ce qu’elle vivait dans un château ? Est-ce qu’elle savait vraiment faire de la magie elle-aussi ? De quel couleur étaient ses fleurs à elle ? Peut-être que son pouvoir ne fonctionnait pas sur les fleurs, peut-être que c’était sur les chouettes ? Elle ne savait rien.

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Jasper Blake
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MessageSujet: Re: It's how all begins (1936) | ft. Lavande  It's how all begins (1936) | ft. Lavande Icon_minitimeDim 23 Aoû - 12:25

It's how all begins


A première vue, la fillette qui était déjà installée dans le wagon ne semblait pas des plus extravertie – et la rouquine semblait même lui avoir donné une bonne frayeur. Elle avait l’air plutôt timide, et sortie tout droit du fin fond de la campagne, le corps maigre et le teint malade. Cela ne dérangeait absolument pas Jasper, qui était même ravie d’entendre la voix sifflante de sa partenaire de train. A son âge, on ne se rendait pas encore vraiment compte des différences ; elle les remarquait, tout du moins, mais cela ne la préoccupait pas. Si elle semblait hésitante, elle ne semblait pourtant pas contre la présence de Jasper. Un sourire fendit son visage en deux, tandis qu’elle faisait rentrer ses affaires dans le wagon.

« Merci. J’aime beaucoup ton prénom ! Les lavandes sont des plantes merveilleuses. »

De magnifiques petites fleurs mauves qui sentaient divinement bon, et aux propriétés incroyables. La jeune Blake pensait réellement ce qu’elle venait de dire, et elle était persuadé que les prénoms n’étaient pas totalement distribués par hasard. L’accent de la petite fille renforça sa première impression ; et Jasper nota aussi mentalement de réfréner un peu toutes les questions qui pouvaient lui venir à l’esprit. Elle ne voulait pas effrayer et encore moins faire fuir celle qui serait peut-être sa première amie ici. La rouquine se détourna quelques instants pour terminer de ranger ses valises dans les compartiments, sa petite chouette posée sur le siège en attendant qu’elle ait fini. Ce fut d’ailleurs grâce au petit rapace qu’elle entendit à nouveau la voix frêle de Lavande. Poussant sa valise au fond, sous son siège, elle se redressa – toujours avec ce sourire franc.

« Il s’appelle Zéphir. Il a l’air de bien t’aimer. »

La chouette avait la tête penchée sur le côté, et continuait de fixer la fillette en face de lui. Quand Jasper se laissa lourdement tomber sur son siège, l’animal redressa la tête et ébroua ses plumes. Elle glissa deux doigts à travers les barreaux pour effleurer ses plumes. L’espace de quelques secondes, la rouquine s’obligea à ne regarder Zéphir plutôt que Lavande. Elle ne voulait pas paraître impolie à l’observer sans cesse, et elle ne voulait pas lui faire peur. La curiosité, pourtant, la rattrapa au galop ; son sourire était plus doux, et son visage plus calme, même si l’excitation brûlait toujours au fond de ses pupilles.

« Dis, dans quelle maison tu penses qu’ils vont t’envoyer ? »

La question avait jailli toute seule d’entre ses lèvres, sans qu’elle n’ait pu l’en empêcher. Elle était bien loin d’imaginer que certaines personnes pouvaient ne pas savoir comment Poudlard fonctionnait et, si cela aurait pu lui paraître évident en temps normal, elle avait bien trop hâte d’y être pour y penser posément. Elle continua donc avec entrain, emportée dans son élan :

« J’espère que je serai à Gryffondor ! C’est là que mon père était. Oh, les autres maisons ne me dérangeraient pas non plus, je suppose, mais Gryffondor… »

Ses lippes s’étirèrent en un sourire rêveur. Elle était persuadée, au fond d’elle-même, que sa destinée était d’aller à Gryffondor, et de devenir une grande joueuse de Quidditch – même si, pour ça, elle devrait patienter encore un peu.



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Lavande Huntergrunt
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MessageSujet: Re: It's how all begins (1936) | ft. Lavande  It's how all begins (1936) | ft. Lavande Icon_minitimeSam 29 Aoû - 13:51



It’s how all begins.

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she took the midnight train going anywhere. »

Rentrée 1936.


Elle aimait son prénom. La petite fille à ses côtés trouvait que les lavandes étaient des plantes merveilleuses. Lavande déglutit sans savoir quoi répondre, alors elle tenta une grimace qui était censée ressembler à un sourire. Découvrant ses larges dents, elle cessa immédiatement. Ce n’était pas la peine de se ridiculiser si tôt dans sa nouvelle vie. Tout lui semblait si étrange, aux antipodes de tout ce qu’elle avait connu. Cette petite princesse aux cheveux de feu la regardait sans horreur ni suspicion, comme l’on regarde un mignon petit chien nouveau dans la fratrie. Cette idée lui plaisait. Être quelque chose de mignon lui changeait, et le lien qu’elle avait fait de son prénom aux plantes n’y était pas étranger. Mais Lavande ne savait pas que son prénom était celui d’une fleur. Cela faisait plusieurs lunes qu’on ne l’appelait plus par son prénom ; même sa mère ne l’appelait plus que par un sifflement distinctif qu’elle pouvait reconnaître entre milles. Différent de celui avec lequel on appelle le chien de chasse aux retours des hommes le jeudi soir, différent de celui que l’on donne aux larges chevaux de traits qui tiraient les carioles des marchands, différent de celui avec lequel on chasse les rats. Elle aurait été capable d’oublier jusqu’à son prénom, mais c’était peut-être la seule chose qu’elle avait appris à écrire… pour ne jamais vraiment disparaître.

Submergée par l’angoisse que lui procurait la présence anormalement gentille de l’autre être humain, Lavande se concentrait sur la chouette : la née-moldue imitait le moindre de ses mouvements, comme dans une tentative de communication avec cet animal sauvage. Elle était si belle, si fière ; ses grands yeux semblaient prolonger son chemin jusqu’au-delà matière, au-delà de l’ironie et des sens, pour se concentrer sur l’essentiel. Oui, la chouette pouvait voir à travers elle, Lavande pouvait se fondre en elle. Tout comme elle avait la capacité de se fondre au vide et aux ombres pour ne pas être vue. Zéphir. Pareille à elle, les chouettes étaient invisibles, inaudibles, incolores. Elles se peignaient du décor et ne se devinaient qu’à grand peine. Elles étaient d’une beauté à coupé le souffle, et pourtant beaucoup dans son village les chassaient avec haine. Les voir agoniser sur les planches de bois grises, jusqu’à ce que de longues trainés brunâtres ne s’échappent des plaies asphyxiées par des clous rouillés… c’était d’une cruauté sublime, que Lavande passait parfois des heures à regarder ; car c’était souvent des endroits où l’on ne trainait pas. Dans les endroits les plus dégoûtants et détestés de la conscience humaine, elle trouvait refuge. La politesse aurait voulu qu’avant de mettre un froid sur la conversation, Lavande ne réponde à la question de la princesse. A quelle maison pensait-elle être envoyée ? La vérité était que la petite fille ne songea pas une seule seconde que la question pouvait lui être sincèrement dirigée. Elle n’en savait rien, elle allait à l’école, pas dans une « maison ». Aussi ne la regardait-elle toujours pas, obnubilée qu’elle était par la figure imposante de la chouette, dont le corps faisait le double, voir le triple de sa tête de crapaud.

Mais Jasper ne s’arrêta pas là, et continua sur ses inepties ; alors Lavande fut bien forcée de comprendre que tout ceci la concernait. Gryffondor, c’était là que son père était. Des mots qui n’avaient aucun sens, mais qui devaient en avoir pour les autres « comme elle ». Les battements de son cœur s’accélérèrent, son cerveau soudainement noyé par le trop-plein d’information qui jaillissait de la bouche de la princesse rouge. Enfin… plutôt par tout ce que cette minuscule information laissait présager. Plusieurs maisons, combien ? Est-ce qu’ils allaient être séparé ? Y avait-il des bonnes maisons et des mauvaises maisons ? Elle serait obligatoirement envoyée dans une mauvaise maison, là où on mettrait les monstres. Mais si elle était une créature démoniaque pour les gens de son village, peut-être qu’elle serait considérée comme une merveilleuse personne chez les magiciens ! Merveilleuse comme les lavandes. Toutes ces idées, et les soudaines émotions qu’elle découvrait et qu’elle ne contrôlait pas, filait à toute allure dans ses veines telles les courants dévastateurs d’une rivière sauvage. Les larmes vinrent couvrir ses globes oculaires presque translucides ; elle se sentit obligée de regarder Jasper.

Je… ch’sais pas moi… je va juste à l’école. On m’a… on m’a dit qu’il y ‘rait d’aut’es enfants com’ moi…

L’idée que Lavande se faisait de Poudlard (elle avait tout de même retenu le nom de l’école) était assez simpliste. Un château, immense, où on lui apprenait à faire de jolis choses : comme faire pousser des fleurs par la pensée. Un pensionnat commun, pas beaucoup d’élèves. Rien que le Chemin de Traverse l’avait bouleversée : c’était la première fois qu’elle voyait autant d’êtres humains d’un seul coup. Elle se sentit soudainement terriblement seule, plus seule qu’elle ne l’avait jamais été au milieu du vide. Se mordant les lèvres, craignant d’avoir trop parlé, Lavande se raccrocha à ce qui lui faisait plaisir : regarder Zéphir. Imiter Zéphir. Cela lui permettait de ne plus poser les yeux sur les choses qui étaient trop grandes pour elle, qu’elle ne pouvait pas comprendre. Elle préférait attendre que cela arrive devant elle au lieu de spéculer. Spéculer sur le coup de bâton à venir faisait toujours plus mal que le recevoir.

Les gens d’mon vill’ge disent qu’les chouettes app’tent malheur… la mort… le mauvais prés’ge. Je n’en ‘vais encore j’mais vu des vivants. On les clout sur les po’tes des gr’nges.

Mais Jasper avait semblé si heureuse de parler de ce Gryffondor. Peut-être devait-elle faire un effort, un tout petit pas vers ce monde nouveau. Après quelques profondes inspirations, Lavande trouva le courage de regarder à nouveau sa nouvelle amie et lui demanda :

Gryff’ndor, c’est là où va les princes et les princesses… ? Si oui, c’est sûr qu’c’est là où t’iras.

Elle était si jolie, avec sa peau rose, ses tâches de rousseur, et bien sûr sa chevelure en cascade d’une couleur qui ne pouvait que magnifiquement se marier à une couronne en or. Et ce n’était pas ce qu’il y avait dans Gryffondor, le mot « or » ?

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MessageSujet: Re: It's how all begins (1936) | ft. Lavande  It's how all begins (1936) | ft. Lavande Icon_minitimeMar 19 Jan - 16:39

It's how all begins


Jasper comprit bien au silence qui suivit sa question que Lavande n’avait soit pas compris qu’elle s’adressait à elle, soit ne savait pas grand-chose au sujet des quatre maisons de Poudlard : c’est d’ailleurs ce dernier doute qui se confirma. La petite rousse cligna des yeux un instant, surprise. Pouvait-on réellement ne pas avoir été mis au courant de la cérémonie des répartitions et des maisons ? Entre tout ce qui se déroulait à Poudlard, cela lui semblait pourtant être l’essentiel à savoir !... Tant pis. Si personne ne l’avait expliqué à Lavande, alors elle se ferait une joie de le lui apprendre elle-même. Elle se redressa dans son siège avec un sourire tendre et les yeux pétillant de passion :

« Tous les élèves sont répartis entre quatre maisons, en fonction de leur caractère ! Chaque maison a son propre dortoir dans le château, et se disputent une coupe à gagner à la fin de l’année. On gagne des points en travaillant bien, et on en perd si on fait des bêtises ! »

Son sourire fendait son visage, mais une ligne s’était tracée sur son front. Elle n’était pas certaine de comment fonctionnait exactement le Choixpeaux, elle n’en avait eu que de faible retour de son père, juste assez pour connaître les bases du fonctionnement des maisons. Mais cela ne lui semblait pas assez, et trop imprécis pour pouvoir l’expliquer pleinement à Lavande. Elle réfléchissait à plus de détails, elle avait bien dû entendre ça, non ? Se soustrayant sans le vouloir au regard de l’enfant face à elle – qui l’esquivait de toute manière pour se concentrer sur Zéphir – il lui fallu quelque secondes pour assimiler l’information terrible apportée par cette dernière.

« Clouer… Des chouettes… Aux portes ? » Elle avait articulé lentement, dans un murmures, comme pour être certaines qu’elle avait bien compris chaque mot. Ses paupières tressautèrent, et elle frotta frileusement ses bras : « C’est terrible, les pauvres ! Je t’assure qu’elles n’apportent aucun malheur… Juste le courrier… Si le courrier est mauvais, ce n’est pas de leur faute… »

Jasper ne savait pas d’où exactement venait Lavande, mais elle se promis silencieusement de ne jamais y amener Zéphir. Le regard que Lavande posa de nouveau sur elle lui fit chasser ces terribles pensées de son esprit. Elle esquissa à nouveau un petit sourire, juste avant que sa peau de neige ne se colore de carmin. Elle secoua rapidement la tête, sans pouvoir retenir les notes rieuses qui échappèrent à sa gorge :

« C’est vraiment très gentil, mais je ne suis pas une princesse, tu sais ! » Enfin, elle ne savait sans doute pas, si elle avait été sérieuse. En se calmant, Jasper reposa ses mains sur ses genoux et lissa sa jupe : « Gryffondor est la maison des braves et des téméraires ! Serpentard, celle des rusés et des ambitieux. Serdaigle, les curieux assidus et Poufsouffle… Je ne sais pas trop, à vrai dire. »

Jasper se souvenait avoir entendu son père dire que sa mère aurait certainement été une Serdaigle, si elle avait été sorcière. Et il lui avait souvent parlé de la concurrence entre les Gryffondors et les Serpentards. Mais la dernière maison ? Il ne l’avait qu’à peine mentionné. Elle le découvrirait bien en temps et en heure. Une autre préoccupation avait accaparé son jeune esprit : et si sa nouvelle amie n’était pas dans la même maison qu’elle ? Cela lui semblait beaucoup plus inquiétant que de ne pas être choisie à Gryffondor. Gênée, Jasper se tortilla un peu sur son siège et glissa une mèche de ses cheveux roux derrière son oreille :

« Dis... Même si on n’est pas dans la même maison, ce soir… Tu voudras bien qu’on soit amie ? »

Sans qu’elle ne sache réellement pourquoi, quelque chose la poussait à vouloir garder Lavande près d’elle. Un lien qui s’était tissé aussi rapidement que le leur permettait leur jeune âge, et qui semblait déjà si important aux yeux de Jasper. Elle s’en moquait bien, que Lavande n’y connaisse rien à la magie, que ses parents soient tous les deux moldus, et même qu’elle aille à Serpentard si elle-même se retrouvait à Gryffondor ! Ce ne serait que des détails, si la fillette face à elle voulait bien devenir et rester son amie malgré tout.




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MessageSujet: Re: It's how all begins (1936) | ft. Lavande  It's how all begins (1936) | ft. Lavande Icon_minitimeMar 2 Mar - 23:05



It’s how all begins.

« Just a small town girl living in a lonely world,
she took the midnight train going anywhere. »

Rentrée 1936.

Cette chouette était si belle, ça lui changeait de tous ces pigeons, ces hirondelles et ces moineaux qui s'enfuyaient dès qu'elle leur courait après, et des corbeaux qui grattaient la terre labourée en automne. C'était la première fois qu'elle en voyait une avec les yeux grands ouverts. Ces yeux si brillants qui la fixaient en plein coeur. Ses plumes étaient soyeuses, pas brouillés et couvert de sang. La regarder était rassurant, comme un idyllique morceau de ce qu'aurait pu être sa verte campagne. Au milieu des cahots du train, du bruit assourdissant de son moteur et du décor qui défilait à la vitesse de la lumière autour d'elle – n'ayant jamais connu plus rapide qu'une charette tirée par des ânes – Lavande avait peur. Et les ailes vierges de ce grand rapace, bien que dans une cage, lui rappelait qu'elle s'envolait elle aussi pour une autre cage, mais une où elle pourrait enfin vivre.

De par son silence et son incompréhension, la jolie rousse entreprit de lui expliquer le fonctionnement des maisons. Être répartie selon son tempérament ? Être dans des dortoirs ? Se disputer une coupe avec des points qu'on gagnait si on travaillait bien ? Maintenant qu'elle lui racontait ces histoires, cela lui disait bien quelque chose. Le vieux monsieur qui lui avait apporté sa lettre lui en avait effectivement parlé, durant leur visite du Chemin de Traverse... mais elle n'avait pas écouté, ou n'avait pas tout compris; elle avait préféré ne pas poser de question afin de ne pas passer pour une idiote et ne de pas mériter sa place dans cette école. Jasper semblait si heureuse de ressasser ces informations, dans l'attente de la futur cérémonie. Mais en Lavande, l'inquiétude grandissait, si bien que ses mains se torturèrent entre elles, et qu'elle se rongeait de temps en temps la peaux de son pouce avec ses dents:

Ça veut dire quo', en fonct'on d'leurs car'ctères ? Y a la ma'son d'gentis et la ma'son d'méchants ?

Maintenant qu'elle était dans ce train, l'enfant était persuadée qu'elle pouvait poser toutes les questions qui lui venaient en tête. N'allait-elle pas vers une impasse ? Quatre maisons, tournant autour de quatre caractères. Si Gryffondor était la maison pour les belles princesses aux cheveux rouges, alors où allait les vilains crapauds comme elle ? Mais avant qu'elle ait pu obtenir sa réponse,  Jasper fut choqué d'entendre dire que l'on clouait les chouettes aux portes des granges. Lavande la regarda sans un mot; ce n'était pas si horrible que ça. Ça faisait juste bizarre la première fois, mais après on s'habituait. "Mais elles n'apportent aucun malheur" lui répondit-elle. Ah. Lavande baissa la tête, faisant la moue; pourquoi on les clouait alors ? Qui disait vrai ? Lavande avait envie de croire la princesse, parce qu'elle était la plus jolie et la plus gentille. Elles n'apportent que le courrier.

Appo'ter le co'rrier ? Chez moi c'un grand m'nsieur qui met l'co'rrier dans des boites. Mais nous on en rec'vait pas.

Les gens de son village n'aimaient pas recevoir du courrier. C'était toujours des mauvaises nouvelles, des services à rendre, des impôts à payer, des comptes à rendre. De temps en temps, des nouvelles de la ville. Mais tout cela était très flou pour Lavande. Parfois, elle s'était prise à espérer que son père donna des nouvelles afin de vite se rendre à l'évidence : elle ne saurait pas même les lire. Mais l'idée que les chouettes puissent faire le travail du grand monsieur au petit sac la rendait rêveuse. Elle se remit à regarder Zéphir avec un petit sourire. Alors cette majestueuse créature pouvait faire tant de choses ? Lavande se prit à rêver d'en avoir une aussi; mais pour écrire à qui ? Il lui faudrait d'abord apprendre à écrire.

Jasper répondit enfin à sa question quant aux maisons: chaque nom de maison avait sa particularité, ainsi qu'elle le lui avait dit. Les courageux, les rusés, les curieux et les autres. Lavande lui jeta un petit coup d'oeil timide; malgré cette explication, elle restait persuadée que sa gentille interlocutrice irait obligatoirement à Gryffondor... mais elle ? Elle n'était pas brave, ni ambitieuse, ni curieuse. Au mieux, son niveau intellectuel ne semblait pas avoir dépassé les six ans. La jeune fille jouait encore dans la boue avec des feuilles, trainant dans les bois avec les animaux ou dans les étables avec les cochons et n'ayant encore jamais lu un seul livre.

Ah... j'ira pt'être à Poufsouffle alors...

Mais ce fut à cette seconde que l'inprévisible se produit: Jasper, la jolie princesse rousse – qui n'était finalement pas une princesse, même si Lavande la voyait encore comme telle – lui proposa de devenir son amie.

A... amie ?

C'était un grand mot. Personne ne lui avait jamais demandé. Elle n'était même pas certaine de savoir ce que ce mot signifiait vraiment. Elle s'en doutait vaguement, comme une notion inhérente à la nature humaine comme "manger" ou "boire". Avoir quelqu'un sur qui compter, ne plus jamais être seule. Était-ce bien ça la bonne définition ? Les yeux de Lavande se remplirent de larmes, fixant Jasper. Si elle n'était pas une princesse, alors devait-elle être un ange pour être capable de faire preuve d'autant de gentilesse. La née-moldue ramena ses mains sur son ventre, et les tordit jusqu'à sa poitrine. Un tsunami d'émotions la renversait, projettant des années de souffrances à cette seule minute : alors tandis que son visage se crispait dans une effroyable grimace, luttant contre les larmes, elle s'abandonna à celles-ci et se laissa fondre en un long sanglot. Un silencieux sanglot, car il semblait qu'elle était incapable de crier ou tout simplement de parler fort. L'eau coula abondamment sur ses joues, luisant sur sa peau blanche. Lavande hocha violemment la tête, acceptant l'offre de la fée rousse. Oui, elle voulait être son amie.

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