La Glace et la Lune - Gellert - Page 2



 
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La Glace et la Lune - Gellert

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Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
Âge : 61 ans.
Sang : Sang-Mêlé.
Nationalité : Anglaise.
Patronus : Un Phénix.
Épouvantard : Le cadavre de sa sœur et, depuis peu, la silhouette de Gellert Grindelwald qui s'éloigne de lui inexorablement, et ce malgré sa main tendue vers lui.
Reflet du Riséd : Gellert Grindelwald à ses côtés.
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MessageSujet: Re: La Glace et la Lune - Gellert  La Glace et la Lune - Gellert - Page 2 Icon_minitimeJeu 11 Aoû - 11:24



La Glace et la Lune

« Salle d’Etude des Runes »

Décembre 1942

Gellert s’était laissé faire sans mot dire. Même, il répondait au baiser avec une tendre ferveur, malgré la surprise de la rébellion de son prétendu élève qui le contraignait à se lover contre lui. Personne n’était dupe de ce piètre jeu d’acteurs, et tous deux savaient qu’ils ne se cherchaient que pour mieux se trouver, enlacés qu’ils étaient, les doigts gantés d’Albus s’entremêlant aux cheveux de soie sur la nuque de son homme, en profitant pour approfondir le baiser. Il prit son temps, s’appliquant avec tendresse avant de briser ce baiser mais l’étreinte qui leur liait les hanches, sa main toujours contre la nuque froide que l’enfant des Alpes n’avait pas même pris la peine de couvrir d’une écharpe, quand Albus sentait déjà que la sienne commençait à lui manquer. A cette douce provocation, Gellert répondit tendrement, en profitant pour replacer dans son bonnet une mèche qui avait flamboyé d’un roux solaire, autrefois. Et ce fut à son tour de déposer un bref baiser sur ses lèvres, ses yeux étincelant de la malice qui les avait liés au premier regard.

Gellert jouait la carte de l’honnêteté. Oui, cela lui plaisait de rester ainsi contre son homme. Cependant, s’ils se décidaient à rester ainsi l’un contre l’autre, le patinage semblait compromis. Albus mima une mine désolée, faussement boudeuse, lorsque Gellert vint caresser sa joue mangée de barbe. Et son petit air vint se muer en une contrition faussement docile, lorsque son homme vint lui rappeler que ce soir, c’était lui le Professeur, avec pourtant ce large sourire malicieux qui trahissait le peu de crédibilité insufflé à ses dires. Albus aussi eut un sourire immense, malgré ses yeux qui restaient baissés dans une fausse humilité qui ne convaincrait personne, surtout pas le grand Gellert Grindelwald, qui décrochait doucement les extrémités de l’écharpe de laine des doigts gantés de son homme, pour la lui nouer autour du cou, avec la prévenance extrême et attentionnée de celui qui a peur de voir son âme sœur se briser en morceaux.

Albus lui rendit son sourire tendre et se laissa faire, touché par cette sollicitude de gentleman qu’il ne lui avait pas connu et qui le faisait fondre. Le Gellert adolescent qu’il avait aimé l’avait été aussi, à sa manière. D’une manière plus bourrue et détournée, l’air de rien, comme pour ne pas s’avouer que ses désirs de le protéger confinaient à l’amour qu’il n’assumait pas encore. Tout bien réfléchi, il y’en avait eu plus de manifestations qu’il ne le pensait, conscientes ou non de la part du jeune rebelle Autrichien. Cette habitude d’escalader sa fenêtre pour se glisser dans son lit sans troubler le sommeil d’Albus. Cette manie de prendre tous les risques pour lui en faisait le mur toutes les nuits. Cette initiative du premier baiser dont ils avaient eu tant envie, tous les deux. Ces grognements bourrus lorsqu’il lui ordonnait de laisser la table et la vaisselle, après qu’Albus ait déjà confectionné tout le dîner, et qu’Abelforth avait déjà reclaqué la porte l’air de rien. Lorsqu’il le serrait contre lui sans rien dire, lorsqu’il le sentait triste ou maussade, que le manque récent de sa mère se faisait ressentir, ou qu’une énième injure d’Abelforth avait fait naître de grosses larmes au fond de ses yeux.

Et en vérité Gellert avait vu juste. Car Albus savourait de nouveau la tiédeur laineuse de son écharpe, qui le protégeait du vent glacial tandis que, la main au creux de celle de Gellert, ils semblaient voler sur la glace, et qu’il pouvait ainsi voir la blondeur polaire des cheveux de son homme se fondre en une auréole blafarde avec la Lune qui accueillait leurs amours en son sein. Les effluves de son parfum enivrant, même, semblaient s’entremêler aux embruns des arbres et de la Forêt Interdite tout près d’eux. Il était si beau ici, grand et mince, auréolé de la seule lueur de la Lune, qu’Albus s’étonnait d’en avoir encore le souffle coupé, après tant d’années, de déception, de larmes et de regrets. Il y’avait quelque chose chez son âme sœur qui le rendrait toujours fou et insensé, malgré le temps, les injures et les crimes que toute la boîte de Pandore ait pu contenir.

Et voilà qu’en plus de son indécente beauté, il joignait une sollicitude qui faisait fondre le grand sage Dumbledore habitué à la solitude depuis trop longtemps. Tout le monde croyait le grand Albus Dumbledore très entouré et très pris, ce qui était globalement vrai, en apparence. L’obtention de faveurs au Ministère, les déjeuners mondains, les cours et les discussions animées entre collègues n’avaient jamais pour vocation de s’intéresser à des sentiments dont le commun des mortels ne s’embarrassait même pas à penser. La rançon d’être un des plus grands sorciers, à la puissance folle et à l’intelligence hors norme, était d’être rendu inaccessible par tous. Et hormis la sollicitude bourrue de Minerva, les invitations de Slughorn à boire un verre et l’affection trop teintée de respect d’anciens élèves comme Belladone, il n’y avait que bien peu de monde pour se soucier sincèrement de la lassitude et de la mélancolie du grand Albus Dumbledore.

Aussi la prévenance du terrible Gellert Grindelwald était comme un souffle tiède sur sa nuque, une douceur de miel au creux de ces décennies de poussière à traîner ses insomnies seul au fond de son grand bureau vide de vie. Ses doigts gantés serrèrent un peu plus fort la main blanche, comme pour l’enjoindre à s’arrêter, plantant son regard d’azur énamouré dans les tréfonds du sien ;

- C’est absolument hors de question. Et depuis quand êtes-vous devenu un tel gentleman, Grindelwald ? Faites attention, il se pourrait que j’y prenne goût.

Avec un sourire tendre, Albus déposa un baiser sur les doigts glacés, les conservant au creux de la sienne, les yeux toujours plantés dans les siens ;

- Que dirais-tu de rentrer déguster un chocolat chaud avec moi ? Nous pourrions faire une partie d’échecs, ou parler de ce pauvre Dorian Gray devant un bon feu.

La main libre d’Albus glissa sur la hanche mince, l’attirant légèrement contre lui. Il y’avait dans ces plaisirs simples la certitude d’y trouver plus d’attraits et de vie que les plus grandes mondanités, puisqu’il était en compagnie du seul capable de combler le vide qu’il avait creusé lui-même, à force de tant d’années d’absence.
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Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: La Glace et la Lune - Gellert  La Glace et la Lune - Gellert - Page 2 Icon_minitimeDim 14 Aoû - 10:10



La Glace et la Lune

« A SONG OF FIRE AND ICE »

Bureau d'Étude des Runes, 23 décembre 1942.

Les moments où Gellert Grindelwald avait été lui-même avaient été d’une grande rareté durant toute sa vie. Longtemps il s’était menti, longtemps il avait endossé un rôle qui n’avait pas été le sien, se convaincant d’être un homme qu’il ne serait jamais. Son cœur avait saigné durant tant d’années d’être loin d’Albus et il n’avait étouffé cette douleur que par la haine et la violence, tentant de détruire ce qu’il y avait de bon en lui. Son calvaire, son fardeau, il y avait pallié en terrorisant les autres sorciers alors qu’il ne souhaitait que les affranchir, divisant le monde de ses semblables au lieu de l’unir. Ses complexes, ses doutes, il les avait comblé par une soif de pouvoir qu’il n’avait jamais tant convoité mais à laquelle il avait fini par y prendre goût. Par sa puissance, son érudition de la magie, son intelligence, il était capable d’obtenir absolument tout ce qu’il voulait. Malheureusement, son pire ennemi restait son cœur, véritable gangrène pour quelqu’un qui voulait à ce point se plonger dans les ténèbres. Il s’était enlisé dans une douce et tendre haine, un violent et détestable amour pour la seule et unique personne qu’il considérait comme son égal à l’époque.

Mais les choses avaient changé. Gellert s’était apaisé. Cet homme qui l’avait construit et détruit était en face de lui, lui souriant tendrement. Malgré tout le sang sur ses mains, malgré son âme rendue hideuse par ses crimes, Albus était toujours là, magnanime, royal. Il lui tenait les mains, l’attirait à lui et le regardait avec une douceur que l’ancien mage noir ne méritait certainement pas. Pourtant, c’était à cet instant-là où il se sentait lui-même. À répondre à son sourire, à le contempler avec la même douceur que lui. Sa colère était loin, enterrée. Depuis quelques temps, il se sentait comme exorcisé, se réveillant doucement d’une longue errance où il s’était perdu en-dedans. Désormais, il n’y avait plus que cet homme, pour qui sa flamme passionnelle brûlait librement. Toute la ferveur qu’il avait déployé dans une quête vouée à l’échec, il voulait la mettre au service de Dumbledore, de son amour qu’il avait pour lui. Il écouta alors sa douce voix taquine plaisanter sur ce « nouveau » visage que portait Grindelwald. Sa prévenance, sa galanterie, sur le fait que le professeur de Métamorphoses allait y prendre goût. Gellert se contenta de sourire silencieusement. Il espérait cependant que son amant sache que tout cela était spontané et désintéressé.

Puis Albus sembla émettre l’envie de rentrer au chaud, en profitant pour serrer ses doigts d’une main, utilisant l’autre pour l’attirer contre lui. Leur petite virée nocturne de patinage n’avait pas été si longue que cela, s’amusa-t-il à constater. Il se demanda d’où venait le problème : si Albus s’ennuyait ou s’il avait trop froid. Gellert, pourtant, ne chercha pas à taquiner son trop frileux amant. Doucement, il vint l’enlacer avec une grande tendresse. Il savait que les décennies passées à user et abuser de la magie noire avaient considérablement transformé son corps : plus pâle qu’un mourant, sa peau était également devenue plus fraîche, si ce n’était froide. Il misait donc sur la chaleur de son cœur, de son amour pour Albus, pour réchauffer ce dernier. Avec un sourire, toujours mélancoliquement silencieux, il posa son menton sur l’épaule de son homme avant d’un soupir bienheureux. Un instant il ferma les yeux, profitant seulement du calme de l’endroit, du vent qui jouait avec la cime des pins, de la Lune qui baignait les deux amants de sa lumière, de la glace qui reflétait ses rayons argentées. L’hiver ne faisait que commençait. Ils auraient toute la saison pour profiter encore de ces moments privilégiés et intimes.

— Tu as déjà froid mon amour ? Tu es pourtant bien couvert.

Avec un sourire taquin, il le regarda à nouveau avant déposer un baiser sur son front. Avec doucement, il prit ses doigts entre les siens et regagna la berge du lac.

— Si tu le souhaites, c’est moi qui me chargerai des chocolats chauds. Même si tu sais que j’ai la même lourde sur la crème que je mets par-dessus.

Il retira ses patins et prit la main d’Albus dans la sienne avant de regagner le château endormi et désert, dépeuplé de la quasi totalité de ses élèves. Machinalement, ils se dirigèrent vers le bureau d’Albus, plus spacieux, plus confortable, plus lumineux. Gellert le préférait au sien pour la simple raison que les appartements privées de Dumbledore étaient embaumés de son parfum qui le rendait fou. Une fois dans la salle, le repenti invita son homme à s’asseoir confortablement dans le divan et d’un geste de la main, fit apparaître tout ce qu’il fallait pour préparer son chocolat viennois.

— Alors mon amour ? Tu veux faire une partie d’échecs ou parler d’autre chose ? Tu n’as pu avoir qu’un aperçu de ma pédagogie, j’espère que tu l’as trouvé à ton goût.

Il apporta ensuite les deux tasses fumantes dont s’élevaient de chacune une généreuse montagne de chantilly. Il s’assit à côté de son homme se collant un peu à lui, en face du feu qui ronronnait dans l’âtre.

— Ne t’en fais pas, tu es mon élève préféré.

Avec un sourire et un regard taquin, il commença à boire prudemment son chocolat, espérant qu’il soit au goût de son homme. Il aurait pu passer des heures à se perdre dans l’azur pétillante des yeux d’Albus. Chaque moment passé avec lui était comme un rêve, un paradis qu’il n’aurait jamais pensé atteindre il y avait de cela quelques années. Il se moquait du pouvoir désormais. Il ne voulait plus s’enivrer de gloire et de puissance pour oublier que son cœur meurtri ne désirait qu’une chose. Désormais, il avait appris à s’écouter. Tout ce qu’il avait été n’existait plus. S’il devait rester dans l’ombre pour enfin être libre d’aimer le seul homme qui importait alors soit. Sa force, sa puissance, il la mettrait au service d’Albus et de Poudlard. S’endormir dans ses bras était désormais son seul objectif.
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MessageSujet: Re: La Glace et la Lune - Gellert  La Glace et la Lune - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMar 23 Aoû - 13:11



La Glace et la Lune

« Salle d’Etude des Runes »

Décembre 1942

Pour une fois à court de mots, Gellert se contenta de sourire d’un air tendre et mystérieux. Etait-il flatté, touché, ou simplement satisfait d’être parvenu à revêtir l’image d’une exquise galanterie ? Il en avait toujours été capable, pourtant. Même adolescent il avait eu pour Albus, malgré ses airs de prince effronté, ces égards dissimulés que lui-même n’avait pas assumé. Mais à présent le farouche adolescent était devenu un bel homme mûri, meurtri mais plus sage, qui ne rougissait plus du désir de le protéger et de l’aimer comme ils l’avaient toujours fait, depuis la première seconde ou leurs regards s’étaient croisés. Et même lorsqu’Albus évoqua l’idée de rentrer, l’idée de provoquer son fier amant ne parut pas effleurer un instant l’esprit de Gellert. L’instant semblait à la tendresse, alors, non, il ne lui répliqua pas à quel point il était déçu qu’une nuit d’hiver ait raison de la résistance du grand Albus Dumbledore. Non, il ne joua pas au prince rebelle qui se refuse au désir de son homme. Simplement, il vin glisser près de lui, laissant les doigts d’Albus s’emparer de sa main, posant son menton sur son épaule. La seconde main gantée vint glisser contre la nuque blanche, tendrement.

Et il n’y avait aucune moquerie perceptible au creux de ce qui semblait presque être une inquiétude. En réalité, Albus avait un peu froid, oui. Mais surtout, cette virée avait été l’occasion de se retrouver seul avec son homme, et il s’aperçevait soudain qu’ils seraient aussi bien à leur aise au chaud, à la tiédeur de boudoir de son bureau, observés par la multitude d’objets fantaisistes qu’Albus récupérait à travers le monde ;

- Un peu chéri, mais j’ai surtout envie de rentrer avec toi.

Caprice dont il avait le secret, auquel Minerva aurait obéi, certes, mais non sans avoir levé les yeux au ciel et marmonné dans sa barbe qu’il était insupportable. C’était déjà beaucoup, et c’était pour cela qu’il l’affectionnait tant. C’était pour cela, aussi, qu’il était tombé fou amoureux de l’arrogance princière de Gellert. Albus avait toujours aimé les âmes libres, de celles qui se jouaient de lui et ne le craignaient pas, et dont la franchise n’avait pas le but de blesser –comme beaucoup de ses détracteurs-, mais seulement d’instaurer l’honnêteté d’une relation vraie dont il n’était que trop privé, malgré le monde qui gravitait autour de lui. Il eut un léger sourire lorsque les lèvres froides se posèrent sur son front, et que les doigts diaphanes s’entremêlaient aux siens pour les ramener tous deux sur la berge. Et lorsqu’il entendit Gellert se proposer à concocter les chocolats chauds, le sourire d’Albus s’élargit, se faisant plus mutin ;

- Je l’entendais bien ainsi. Et puis y’a-t-il une autre façon de faire les chocolats ?

Albus lui jeta un regard malicieux, avant de se déchausser et d’enfiler de nouveau ses mocassins, sa main dans celle de Gellert tandis qu’ils franchissaient le manteau de neige pour retrouver la tiédeur du château. Et de concert, ils se dirigèrent vers le confort d’alcôve du bureau d’Albus, ou, une fois la porte ouverte, ils furent accueillis par un feu ronronnant et un cliquetis d’objets métalliques. Gellert, d’une pression de la main, fit signe à son homme de s’asseoir. Il s’occupait de tout. Les ingrédients et les ustensiles volaient avec grâce, sous l’impulsion de sa formidable magie, qui n’avait même pas besoin de baguette. A le contempler ainsi, il semblait un chef d’orchestre, souple, grâcieux et plus beau encore que lorsqu’il l’avait rencontré. Lorsqu’il lui laissa carte blanche pour le déroulement de la soirée, Albus eut un sourire mutin ;

- Ainsi je peux faire de toi ce que je veux ? Très tentant Grindelwald…Pourquoi pas une partie d’échecs, mais d’abord viens près de moi.

Pour appuyer ses dires, Albus tapota la place près de lui, et Gellert le rejoignait avec les tasses surmontées d’une quantité indécente de crème fouettée qui mit l’eau à la bouche du sage patriarche bien trop porté sur le sucre. Il se saisit de sa tasse avec un petit rire amusé tandis qu’il se tournait vers son homme ;

- Mais je l’espère bien.

Gellert buvait à tâtons, prudemment, regardant Albus du coin de l’œil. Il semblait avoir le trac. Le plus grand mage noir de son époque, qui avait fait trembler toute une génération de sorciers, inquiet de savoir si son homme trouverait son chocolat à son goût. Albus était touché, cela allait sans dire. Mais, surtout, une lueur amusée vint étinceler dans son regard. Et, quand il posa ses lèvres sur le rebord de la tasse avec une lenteur exagérée, une grimace de dégoût mal dissimulée étirant sa barbe. Posant lentement la tasse sur la table, Albus prit un air triste et désolé ;

- Oh, Gellert, je suis navré…Je ne voudrais pas te froisser mais…Ta crème a un aspect et un goût très étranges…Tu as dû louper quelque chose dans ta formule, viens voir s’il te plaît…

Sans vraiment attendre de réponse, Albus se saisit délicatement de la cuillère que Gellert avait planté sur la montagne de crème, s’approcha avec celle-ci et la tasse dans l’autre main, comme pour lui glisser la cuillerée de crème entre les lèvres pour qu’il se rende compte par lui-même. Et, à un quart de seconde de sa bouche, la cuillère céda la place à la tasse, vacillante de chantilly, dont une grosse partie vint s’étaler sur le nez, la moustache, les lèvres et le menton de son homme, qui, une seconde, eut un air complètement hébété. Albus, quant à lui, était parti d’un rire tonitruant, qui ne semblait pas vouloir s’arrêter. Il avait posé la tasse sur la table et serrait ses côtes de ses bras, tandis que des larmes perlaient à ses yeux, à voir la fière beauté de Gellert ainsi prise de court et maculée de crème. Malgré tout, Albus eut pitié et se saisit d’une serviette en papier qu’il lui tendit, mais son bras tremblait tellement qu’il ne parviendrait pas à ôter quoi que ce soit lui-même. Alors il se contenta de le lui offrir du bout de ses doigts tremblants, tâchant de ne pas se souvenir à combien de décennies remontait la dernière fois qu’il avait été aussi hilare.
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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: La Glace et la Lune - Gellert  La Glace et la Lune - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMar 23 Aoû - 16:28



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« A SONG OF FIRE AND ICE »

Bureau d'Étude des Runes, 23 décembre 1942.

Retournés dans la chaleur du bureau d’Albus, les deux amants se tenaient l’un assis à côté de l’autre, une douce ambiance paisible planant au-dessus d’eux. Gellert chérissait ces moments dont il s’était privé que par orgueil. Désormais, il ne comptait plus mettre l’azur des yeux de son homme dans son dos. Il espérait le voir éternellement sourire et heureux. Il le regarda prendre sa tasse de chocolat chaud, tandis que lui-même commençait à tremper les lèvres dans sa boisson sucrée encore brûlante. Il avait bien dosé, se félicitant lui-même intérieurement, se disant qu’Albus allait une fois plus adorer et qu’il allait lui en redemander un autre, faisant fi de ce qui était raisonnable, dès qu’il aurait fini sa première tasse. Mais l’ancien mage noir déchanta rapidement et se retrouva même inquiet devant la grimace de son amant. Naïf, il tomba dans le piège que lui tendait son homme. Ses sourcils se froncèrent doucement, dubitatif et s’étonnant de voir qu’il avait raté quelque chose dans le chocolat d’Albus alors qu’il y avait mis tant de soin dans sa préparation. Frustré, agacé par lui-même, il ne remarqua pourtant aucun défaut dans l’aspect de la crème de la boisson d’Albus. Il compara d’un coup d’œil rapide à la sienne et ne vit aucune différence.

Confus et contrit, il laissa son homme approcher tasse et cuillère de lui. Ce fut à cet instant que son instinct perçut la malice dans le regard de son amant. Il était cependant bien trop tard pour réagir ou même se douter de ce qu’Albus comptait réellement faire. En un battement de cils, la cuillère pourtant si proche de ses lèvres en fut soustraite, laissant le champ libre au professeur de Métamorphoses de venir répandre ladite crème sur son visage pris de court. Gellert resta statique quelques secondes les lèvres entrouvertes, le bas de sa figure couvert de chantilly. Surpris, hébété, il regarda impuissant Albus s’écrouler de rire à côté de lui. Les épaules affaissées, son regard d’ordinaire si arrogant perdu sur son amant qui était parti dans un fou rire inarrêtable, il essaya de comprendre ce qu’il s’était passé et comment cela avait-il pu arriver. D’une part, il était presque en colère contre lui-même de s’être fait avoir ainsi, comme un débutant. D’avoir baissé sa garde, d’avoir cru un seul instant qu’il ait pu rater sa crème chantilly. Il prit alors la serviette qu’Albus peinait à lui donner et commença à s’essuyer lentement son visage couvert de mousse sucrée.

Il aurait pu presque être vexé et fâché suite au geste d’Albus mais ce ne fut pas le cas. Mais voir son amant autant rire aux éclats était peut-être le plus beau son qu’il ait pu entendre, même s’il en était la victime. Adouci par l’éclat de voix de son homme, par cette larme de joie qui perlait entre ses paupières, Gellert n’eut qu’un simple sourire tendre, balayant l’odieux soupçon d’ego qu’il avait osé eu avoir le temps d’une petite seconde. Il le regarda là, immobile, toujours à enregistrer le choc de l’audace de son homme envers lui. Quelques années auparavant, celui qui aurait eu l’affront de lui faire une telle farce se serait retrouvé éjecté à l’autre bout de la pièce, contre le mur. Grindelwald lui aurait également fait ravaler ce rire moqueur qui raisonnait bruyamment, pur et sans retenue, contre les murs de pierre du bureau d’Albus. Mais l’homme hilare sous ses yeux n’était pas n’importe qui. Il était celui qui était capable de faire cela à Grindelwald. De pouvoir se moquer de lui, de lui rire au nez après l’avoir couvert de chantilly sans être inquiet un seul instant par le caractère parfois farouche de son amant. Non, Gellert se tenait toujours là, un sourire rieur et doux à ses lèvres. Avec un ton faussement outré, il dit alors :

— Comment osez-vous, Dumbledore…

Avec un sourire taquin, il commença à glisser ses doigts frais dans le cou d’Albus et de son autre main, chercha à chatouiller ses côtes également. Finalement, après quelques instants de lutte joueuse, Gellert parvint gentiment à bloquer son homme sur le canapé avec un sourire tout aussi amusé, sans rire pour autant, ce qu’il n’avait certainement pas fait depuis des années, à l’instar d’Albus. Sans rien dire, il mit le bout de son doigt dans la chantilly de l’une des tasses et en récolta une petite portion qu’il vint déposer sur le nez de son amant. Fier de son œuvre, il se redressa, libérant son homme de sa douce emprise et finit par dire, un grand sourire sur son visage pâle :

— Je vous trouve bien insolent ce soir, Dumbledore. Tout d’abord vous souhaitez écourter notre petit cours privé de patinage parce que vous avez froid, maintenant vous osez vous plaindre de ma crème pourtant parfaitement réalisé en me la mettant au visage… Serez-vous assez concentré pour faire une partie d’échecs ou allez-vous encore une fois vous comporter comme un enfant ?

Avec un sourire taquin, Gellert vint une nouvelle fois chatouiller les côtes de son amant. Il n’avait jamais pensé qu’il puisse le rendre aussi euphorique que cela mais cela ne le déplaisait guère. S’il devait jouer les idiots pour le faire rire à nouveau de cette façon, cela ne le dérangeait pas. Il espérait seulement qu’il ne se moque pas de lui ouvertement ni qu’il se joue de lui, profitant de son amour flagrant pour le tourner en dérision. Non, Albus n’était pas si mesquin. Il s’amusait parfois de choses simples et enfantines mais jamais de façon désobligeante ou irrespectueuse.

— Bois ton chocolat, insolent. Sinon tu n’en auras plus.

Faussement sérieux et autoritaire, son sourire trahissait sa véritable pensée. Pourtant, il reprit sa tasse et en but quelques gorgées également avant de la reposer. Puis avec un long soupir, il vint poser sa tempe contre l’épaule de son homme, regardant de ses yeux heureux le feu danser dans l’âtre, le rire heureux et spontané d’Albus raisonnant encore dans son cœur réchauffé par l’éclat de joie honnête de son amant. Blotti contre lui, il attendit patiemment que son homme retrouve son sérieux et son calme. Taquin et puérilement vindicatif, un sourire joueur trahissant ses intentions, Gellert recommença pourtant subtilement ses chatouilles, bien destiné à embêter son amant lui aussi.
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MessageSujet: Re: La Glace et la Lune - Gellert  La Glace et la Lune - Gellert - Page 2 Icon_minitimeJeu 1 Sep - 10:14



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« Salle d’Etude des Runes »

Décembre 1942

C’était déroutant et touchant, de voir la roide figure impassible du grand Gellert Grindelwald tomber en décrépitude, pour la prétendue déception de son amant et de son chocolat raté. Il était délicieux, pourtant, son chocolat. Comme tout ce qu’il avait entrepris, cela avait été un succès. Tout sauf le mal. Sans doute n’avait-il pas été fait pour cela, mais une fois encore, il n’en avait fait qu’à sa tête. Et aujourd’hui rongé par le venin salvateur de la rédemption, sa contrition pour la futilité d’une boisson chaude avait quelque chose de poignant, mais d’amusant aussi, pour cet amant malicieux qui ne s’était pas déparé de son âme d’enfant, et qui regardait dans franc et candide éclat de rire la fière beauté de son homme ainsi prise de court. Pourtant, à la toute dernière seconde, Gellert avait figé ses yeux sur le monticule de crème qui se rapprochait beaucoup trop. Il avait compris trop tard, ne pouvant plus éviter le drame, et lorsque sa délicieuse chantilly aérienne lui éclaboussa le nez et le menton, il s’y dessina un tel air qu’Albus ne pouvait plus s’arrêter de rire. C’était cet air qu’il avait cherché, et qu’il avait trouvé ce soir au-delà de ses espérances. C’était de sa faute, à Gellert. Même adolescents, Albus avait tant aimé voir se froisser cet air d’arrogance inflexible dont il était tombé fou amoureux, lorsque par malice il le surprenait, et lorsque la bataille semblait se jouer sur ses traits entre la colère de se sentir ridiculisé et la joie communicative de son amant rieur.

C’était risqué, comme blague. Gellert était très fier, et ses colères imprévisibles. Mais Albus ne pouvait pas aller contre sa nature, et n’avait pas peur de lui. Auquel cas, leur relation eut été bien triste. Mais, une seconde, il crut bien que Gellert allait se fâcher. Se lever et claquer la porte sur l’immaturité de son homme. Lui répliquer que le grand et sage Dumbledore n’était en fait qu’un gamin stupide, qui devrait avoir honte de se comporter comme le pire de ses élèves. Mais non. La stupéfaction et le choc passés, ses traits muèrent en un sourire vaguement tendre, rieur et enjoué lui aussi, tandis qu’il récupérait la serviette que lui offrait négligemment Albus pour s’essuyer le visage. A son ton faussement outré qui ne trompait personne, Albus répliqua d’un sourire tout aussi faussement contrit. Mais avant qu’il ait pu répliquer, ses doigts étaient passés au creux de son cou, et son rire qui s’était calmé se dissipa en un tendre sourire, et il commençait à s’alanguir, quand la seconde main pernicieuse passa sur ses côtes, et qu’Albus se tordit dans un sursaut, riant de nouveau et cherchant à s’échapper de son étreinte ;

- Ah, non Gellert, pas ça !

Malgré sa minceur persistante et les sévices physiques dont il n’était pas tout à fait remis, Gellert avait conservé une poigne impressionnante. Albus chercha à se débattre pour échapper à son emprise, mais ce ne fut pas chose aisée, et c’est pourtant lui qui finit par se retrouver au fond du divan, les poignets serrés l’un contre l’autre par une seule des mains blanches. Albus avait toujours négligé le combat à la Moldue, comme beaucoup de sorciers, et Gellert lui avait déjà fait part de l’erreur de sous-estimer cette force. Et bien qu’Albus n’y mette aujourd’hui pas toute sa force qui restait non négligeable malgré tout, nul doute qu’il n’aurait aucune chance face à un Gellert bien nourri pendant au moins une année. Lorsqu’il le vit approcher de son visage, de la crème plein son doigt, Albus se tortilla de nouveau, en vain, et le bout de son nez aquilin et brisé ne fut pas épargné de la petite malice qu’il avait infligé à son homme, tout à l’heure. Aussi, lorsqu’il le libéra, ce fut à son tour d’essuyer le méfait de son amant, tandis qu’il l’écoutait d’un air faussement désolé jouer les professeurs mécontents, ne pouvant empêcher un grand sourire d’éclairer son visage ;

- Eh bien j’hésite. J’ai bien envie de jouer aux échecs avec toi, mais tu ne risques pas de me refaire une telle mine. Si seulement tu la voyais, je crois que je pourrais en mourir de rire. Ah, Gellert, toi qui as si longtemps cherché à me tuer, aurais-tu cru que tu possédais une méthode aussi efficace ?

D’humeur enjouée, Albus repartit d’un éclat de rire, exacerbé par Gellert qui venait de nouveau chatouiller ses côtes, tandis qu’il essayait d’échapper à ses longs doigts pernicieux. Lorsque l’étreinte cessa, le ton professoral réapparut, et Albus avait recouvré son calme lorsqu’il répondit avec un tendre sourire ;

- Bien sûr. De plus, il est délicieux ton chocolat, mon amour…Oh, mais attends, j’ai des muffins au citron tout frais de ce matin…

D’un geste, une assiette en porcelaine surgit d’on ne sait où, lévita doucement pour se poser sur la table basse, tandis qu’Albus reposa sa tasse dans laquelle il venait de boire avec délices une longue gorgée. Mais, dès l’instant où il voulut lui en fourrer un dans la main, sans attendre de consentement, ce fut Gellert qui relança les hostilités, en se saisissant de nouveau de sa taille pour lui chatouiller les côtes. Cette fois-ci Albus se fit plus offensif, attrapant au vol les doigts blancs de la main malicieuse, son autre main sur la taille grâcile qu’il n’eut aucun mal à coller au divan, tandis qu’il s’approchait, jusqu’à ce que leurs nez se touchent. Une seconde, derrière ses lunettes en demi-lune, Albus eut un air très sérieux et très sage, toute malice disparue ;

- Cela suffit maintenant, Grindelwald.

Albus darda son regard devenu intense et très sérieux dans le sien, espérant être convaincant, tandis qu’il lorgna un instant sur ses lèvres, laissant à Gellert le temps de comprendre ce qui allait lui arriver. Une seconde, il se contenta de les caresser de sa barbe, avant d’y poser véritablement les siennes. Elles avaient le goût du sucre de la crème et des sapins du dehors, alors Albus l’embrassa longuement, avec délices, la taille frêle à la merci sous sa main, coincé qu’il était contre la tiédeur de son corps tout contre lui. Et quand ce fut fini, la malice brillait de nouveau derrière les lunettes en demi-lunes, tandis qu’il s’écartait doucement, s’installant tout près de lui, lui glissant un muffin dans la main ;

- A présent goûtes en un, ils sont délicieux, et tu n’as pas mangé grand-chose au dîner. Et puis tu sais, j’ai trouvé que tu avais un peu perdu en force physique, tout à l’heure.

Petit sourire provocateur, insupportable, qui lorgne son homme tandis qu’Albus grignote d’un air malicieux un petit morceau de son propre muffin. C’était si facile, cela marchait à chaque fois. D’humeur taquine, Albus n’avait aucune intention de se priver de malmener un peu son fier amant, qui le lui rendait bien.
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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: La Glace et la Lune - Gellert  La Glace et la Lune - Gellert - Page 2 Icon_minitimeJeu 1 Sep - 12:01



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« A SONG OF FIRE AND ICE »

Bureau d'Étude des Runes, 23 décembre 1942.

Immobiliser Albus avait créé un grand sourire sur le visage du repenti qui s’amusait de prendre cette revanche sur son homme. L’illustre professeur sembla même se retrouver surpris d’être ainsi maîtrisé par un homme rendu étique d’avoir passé quinze années à Azkaban. Mais Gellert s’en amusa, regardant son œuvre, son petit monticule de crème posé sur le nez droit de son amant. Il savait qu’Albus ne se vexerait pas. Son orgueil se froissait bien moins vite que celui de l’ancien mage noir qui avait toujours ce moment de flottement d’ignorance s’il devait se sentir honteux et en colère ou simplement amusé d’une telle provocation. Certaines racines de son passé tumultueux, rempli de confrontations et de duels, étaient encore profondément plantées en lui et même le grand Albus Dumbledore peinait parfois à les lui retirer. Mais le temps ferait son œuvre, de cela, il était convaincu. Ils échangèrent un sourire doux, aimant et complice avant que Gellert ne recommence à jouer les malicieux brièvement, glissant à nouveau sa main pernicieuse sur les côtes de son homme qui tenta instinctivement de s’en libérer. Puis, Albus s’essuya à son tour le visage, se redressant doucement, indiquant hésiter sur la fameuse partie d’échecs qu’il avait lui-même proposer plus tôt.

Néanmoins, la petite plaisanterie sur le meilleur moyen de le tuer ne fit pas rire autant Gellert que l’auteur de ladite blague. En effet, si le repenti eut un sourire jaune mais poli, tentant de masquer comme il le pouvait son léger malaise. Il regrettait cette période où seule la colère et la haine le faisaient avancer. Ou il s’était imaginé que la mort de Dumbledore était le seul moyen de s’affranchir de ce qu’il y avait encore d’humain en lui, d’exorciser cette lumière qui semblait lui paralyser le cœur, lui retenir son geste. Non, il n’avait pas envie de rire sur la mort de l’homme qui l’avait maintenu en vie. Alors, comme pour oublier cette pensée un peu morne, il essaya à nouveau de le chatouiller, retrouvant tant bien que mal son air taquin, s’amusant de voir Albus se tortiller légèrement pour échapper à ses doigts pernicieux. Se saisissant tous les deux de leur tasse respective pour en boire une longue gorgée, l’illustre professeur indiqua avoir des muffins au citron tout frais pour accompagner leur boisson. Les tasses reposées sur la table, Gellert vit que l’occasion était trop bonne pour ne pas s’en saisir une nouvelle fois : le bras tendu d’Albus était une proie facile, à sa merci. Sa garde était baissée.

Alors l’ancien mage noir redevenu espiègle le chatouilla à nouveau. Mais son amant fut, contrairement à ce qu’il pensait, sur ses gardes et se saisit de sa main puis de sa hanche pour le maintenir au fond du sofa. Tandis que leurs visages étaient devenus très proches, Gellert eut un sourire provocateur, arrogant, essayant de retenir son sourire insolent devant l’air devenu incroyablement sérieux d’Albus. Par ailleurs, son ton devenu incroyablement sage manqua de faire pouffer le repenti, pourtant coincé contre le corps chaud de son amant. Ainsi pris au piège, il se laissa faire, profitant de la caresse de la barbe de Dumbledore qu’il aimait tant sur ses lèvres avant de fermer les yeux quand celles de son homme vinrent s’y poser. Ce long baiser finit de chasser la mélancolie passagère qui lui avait serrée brièvement le cœur précédemment. Apaisé, il se détendit doucement jusqu’à ce que les lèvres d’Albus se retirèrent des siennes. Il vit alors dans ses yeux la malice recouvrée, ce côté sérieux, presque austère, ayant disparu avec le baiser. L’illustre professeur se rassit contre lui, lui mettant un muffin dans la main sans lui demander son avis, en profitant pour le taquiner une fois de plus.

— Albus, quand vas-tu arrêter de compter le nombre de rondelles de carottes dans mon assiette ?

Il sourit et mangea le muffin au citron qui était effectivement très bon. Il lui lança un regard, profitant de cet éclat pétillant dans l’azur des yeux d’Albus. Cette lueur malicieuse, il l’aimait tant, lui arrachant un plus grand sourire encore. Après une gorgée de chocolat chaud, il vint poser sa tempe sur l’épaule de son homme.

— Les muffins sont effectivement très bons. Mais si je peux en manger autant que je veux parce que visiblement ma ligne ne te convient pas, es-tu sûr que cela est vraiment bon pour ce que tu as ?

Avec douceur et taquinerie, il vint lui pincer affectueusement les hanches. Un grand sourire aux lèvres, il poursuit :

— Et puis, si j’ai perdu en force physique, j’ai quand même réussi à te maîtriser à l’instant donc fais attention à ce que tu dis si tu ne veux pas que cela recommence.

Cela était évidemment dit sur le ton de la plaisanterie et du jeu. Jamais Gellert ne se serait permis de proférer de telles menaces en étant sérieux. À l’époque, peut-être. Mais il vouait une énergie monstre à essayer de ne pas s’en rappeler, à laisser tout cela derrière lui. Non, il n’y avait plus qu’une complicité additionnée à un amour passionnel trop important pour être vraiment compris par les deux concernés. Le famélique mage noir se redressa alors et reprit :

— Par ailleurs, tu aurais plus de chances de gagner aux échecs qu’à la bagarre. Si j’ai perdu de la force à Azkaban, j’y ai également perdu mon niveau de jeu à l’échiquier. Et comme je sais à quel point tu peux être mauvais perdant parfois…

Un grand sourire un brin provocateur étira les lèvres du repenti qui regarda d’un air toujours plus espiègle son amant. Avec insolence, il se saisit d’un nouveau muffin et s’amusa à le lancer d’une main à l’autre.

— Cependant, tu as l’air un peu dissipé pour les échecs. Ce serait dommage que même là, tu perdes face à moi, le maigrichon qui ne finit même pas son assiette de carottes.

Toujours souriant, il mordit dans le muffin sans quitter Albus des yeux, espérant que ses provocations taquines réussissent à toucher l’orgueil de son homme. Discrètement pourtant, il ramena un des coussins du divan près de sa cuisse, prêt à s’en servir si besoin était.
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MessageSujet: Re: La Glace et la Lune - Gellert  La Glace et la Lune - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMer 7 Sep - 14:39



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« Salle d’Etude des Runes »

Décembre 1942

Gellert dissimulait bien mal son incrédulité face au soudain air trop sérieux de son homme. Même ainsi, sa silhouette encore grâcile coincée entre les bras d’Albus, son visage à quelques centimètres de la feinte gravité du sien, il arrivait encore à esquisser ce demi-sourire arrogant, comme s’il triomphait malgré tout, en toutes circonstances et quoiqu’Albus puisse en dire. Tout ce petit jeu aurait pu en agacer un autre, mais ces deux âmes gémellaires s’amusaient des mêmes taquineries d’adolescents, desquels aucun d’eux n’était dupe. Gellert pouvait jouer la carte de la fierté nonchalante et afficher ses allures de prince, Albus pouvait user de son air d’éminent sage et de Professeur respecté. Ils savaient qu’ils n’étaient que deux gamins abîmés par l’existence, tant et si bien ravis de se retrouver qu’ils tâchaient de ne pas laisser tomber une miette de cette joie puérile qu’ils s’étaient arrachés tout seuls, au printemps de leur vie. Albus pouvait sentir les lèvres de Gellert frémir sous les siennes, et lui-même approfondissait l’étreinte plus que de raison, trop heureux de l’avoir là, au creux de ses bras, pour s’empresser de le lâcher.

Pourtant il fallut bien briser le baiser, et ce qui semblait un reproche était exprimé avec un ton si tendre et une telle lueur de malice dans le sourire qu’Albus la lui rendit, se saisissant du bout de ses doigts diaphanes avec lesquels il joua distraitement ;

– Lorsque je cesserai de m’inquiéter pour toi, ce qui risque d’arriver quand les sorciers chevaucheront les centaures, ou lorsque l’on aura trouvé quelqu’un pour me vaincre, peut-être…

Albus eut un large sourire, ravi de sa propre blague, tandis que Gellert plongeait ses lèvres dans son propre chocolat, avant de poser sa tête contre lui. Attendri, Albus glissa son bras autour de la taille encore trop mince, le regardant déguster son muffin tandis qu’il reprenait un air insolent, admettant qu’ils étaient très bons, et se permettant une remarque si éloignée de cette exquise galanterie dont il avait fait preuve ces dernières semaines qu’un instant il ouvrit des yeux ronds, ne sachant pas vraiment comment réagir. D’ordinaire d’une confiance extrême qui faisait plus que friser l’orgueil, Albus, face à Gellert, devenait subitement humble en matière d’apparence. Son prince arrogant avait aimé un jeune homme grand et élancé à la crinière flamboyante, quand aujourd’hui il retrouvait un homme dans la force de l’âge, à la chevelure fanée et à la silhouette épaissie par la gourmandise qui avait été un de ces seuls plaisirs, ces quatre décennies durant. Pourtant, il ne semblait y’avoir aucun mépris dans les yeux de son trop bel homme, lorsqu’il vint lui pincer les hanches d’un air malicieux. Et puis après tout, n’avait-il pas commencé en évoquant sa puissance physique affaiblie par les sévices d’Azkaban ? Et puis, devant ce franc sourire illuminé d’une joie qu’il ne lui voyait que trop peu souvent, Albus ne put s’empêcher de le lui rendre, toutefois quelque peu terni par l’éclat d’une certaine mélancolie de n’être plus celui dont son homme était tombé amoureux ;

– Et moi qui pensais que tu les aimais, mes hanches, mufle que tu es…

Albus prit un air boudeur exagéré, qui s’accentua malgré le sourire qui, paradoxalement et inconsciemment, venait étirer son visage tandis que Gellert feignait de le menacer. Se raidissant dans un air d’orgueil impérieux, Albus prit sa voix la plus ferme, la plus sage et la plus impénétrable possible ;

– Chance éhontée, Grindelwald. D’autant plus que je me suis laissé faire.

C’était surtout son mensonge, qui était éhonté. Albus n’avait pas mis toute sa force dans sa défense, cela était vrai. Mais sous la poigne ferme de son homme, il avait acquis la certitude qu’il aurait perdu, en combat sérieux, alors même que Gellert était encore en sous-poids. Mais Gellert, décidément, était joueur. Il voulait sans doute se venger, et, après tout, c’était de bonne guerre. Plus insolent que jamais, il jonglait avec un second muffin tandis qu’il dardait sur lui des yeux provocateur, face auxquels Albus haussa un sourcil derrière ses lunettes en demi-lune ;

– Je ne suis pas mauvais perdant. Et puis, cela m’arrive trop rarement pour pouvoir en juger. Et on ne joue pas avec la nourriture, Gellert.

Son ton qu’il voulait imperceptible trahissait cependant une note d’amusement. Le regardant mordre dans son muffin tandis qu’il le provoquait toujours, cette fois-ci Albus eut un léger rire qu’il voulait feindre désapprobateur, tandis qu’il prenait lui aussi une voix plus arrogante ;

– Dis plutôt que tu as peur de la défaite, Grindelwald. Mais tu as raison, je n’ai pas vraiment la tête aux échecs.

Albus eut un sourire, achevant son muffin en une dernière bouchée, se souvenant de la réflexion de Gellert de tout à l’heure, insinuant que sa silhouette amincie par les sévices d’Azkaban n’était pas au goût de son homme. Son bras vint glisser doucement autour de sa taille frêle, pour la ramener contre lui. Son souffle vint agacer son oreille lorsqu’il lui murmura doucement ;

– En tout cas, moi, je te trouve indécemment beau. Simplement, je m’inquiète de ne pas te voir recouvrer l’appétit. Je cesserai de surveiller ton assiette lorsque je ne pourrais plus compter tes côtes.

Cette fois-ci, ce fut à son tour de lui pincer la hanche qu’il avait sous la paume, glissant insidieusement ses doigts sous le pan de sa chemise pour remonter doucement sur la peau fraîche, le sachant tout aussi chatouilleux que lui. Toujours le souffle dans le creux de son oreille, il l’agaçait de son décompte, à mesure qu’il rencontrait une côte, et qu’il remontait sous la chemise « 1,2…3 » et que son étreinte se resserrait pour l’empêcher de lui échapper. Avec un sourire joueur, il déposa un baiser léger sur ses cheveux, ravi de sa petite revanche et du brusque revirement de situation qui s’annonçait.
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MessageSujet: Re: La Glace et la Lune - Gellert  La Glace et la Lune - Gellert - Page 2 Icon_minitimeJeu 8 Sep - 13:18



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Bureau d'Étude des Runes, 23 décembre 1942.

Malgré le commentaire léger de Gellert, Albus ne semblait pas disposer à laisser le repenti manger ce qu’il voulait. L’illustre professeur lui avoua qu’il s’inquiéterait toujours pour lui, même jusqu’à la fin des temps ou si quelqu’un de suffisamment puissant venait l’affronter. L’arrogance taquine de cette remarque fit sourire l’ancien mage noir. La confiance qu’arborait son amant parfois frisait la vanité, l’orgueil bien que dans son cas exceptionnel, il était honnête et logique. Oui, il n’y avait personne qui puisse rivaliser avec le grand pouvoir d’Albus Dumbledore hormis peut-être son amant, blotti dans ses bras, qui n’allait certainement pas faire d’esclandre parce que son homme se préoccupait de sa santé. Alors oui, Gellert le laisserait s’inquiéter s’il le voulait, bien qu’il n’y eut aucune raison de s’en faire à son sujet. Le mage noir mangeait à sa faim et même si l’angoisse venait lui couper l’appétit parfois, il savait que la présence d’Albus chassait sa nervosité pathologique qu’il avait développé à Azkaban. Il lui faudrait un peu de temps avant de pouvoir enchaîner festin sur festin mais Gellert se montrerait patient, refusant de se gaver même si cela pouvait faire plaisir à son homme. Mais qu’Albus s’inquiète pour lui ainsi l’amusait.

Puis, l’illustre professeur aux cheveux cuivrés sembla pris de court lorsque son espiègle amant se permit une remarque sur ses hanches plutôt généreuses. Pourtant, cela n’avait pas été le but de Gellert de le vexer. Au contraire, il cherchait même à se contre-attaquer doucement à la petite pique qu’Albus avait faite sur son propre poids, insuffisant certes. Mais il semblait surpris, presque attristé, ce que l’ancien mage noir eut du mal à comprendre. Avait-il été vraiment blessé par cette remarque ? Mais Gellert était trop heureux pour laisser le doute s’immiscer et faire fléchir son grand sourire aimant et malicieux. Albus le lui rendit, poliment, pâle, comme triste et déçu. Il dit alors qu’il s’était trop trompé, s’imaginant que l’ancien mage noir aimait pourtant ses hanches. Ce dernier eut un sourire doux mais ne répondit rien. Oui, il les aimait. Bien évidemment. Le corps d’Albus avait changé en quarante ans, peut-être plus que celui du germanique qui avait réussi à conserver une allure relativement élancée, les quinze années passées à Azkaban aidant. Mais il aimait cette allure virile que cela donnait à son homme. Cette prestance mature et pourtant douce qu’il dégageait. Ses hanches étaient juste la preuve qu’à l’intérieur, il avait conservé ce cœur d’adolescent rêveur.

Albus se prit pourtant au jeu, se montra boudeur et provocateur, répondant aux fausses menaces de son amant. Ce dernier en fut rassuré, préférant voir son homme joueur plutôt qu’abattu par un commentaire taquin. Une nouvelle fois, l’illustre professeur joua la carte de l’arrogance, prétextant sa grande force physique et le fait qu’il s’était laissé faire lorsque Gellert l’eut immobilisé. Ce dernier eut un sourire incrédule, répondant l’orgueil d’Albus par une insolence effrontée. Il ne le croyait pas. S’il ne doutait pas de la force de son homme, l’ancien mage noir se savait pourtant meilleur dans ce domaine là, malgré son insuffisance pondérale. Cependant, si Dumbledore répondait aux provocations incessantes de Gellert, il ne sembla pas céder au jeu, continuant de rétorquer calmement et avec arrogance à ses piques taquines. Tandis qu’il continuait de dire qu’il était bien trop fort pour perdre et que lui, Grindelwald, avait peur de la défaite, il finissait son muffin sous les yeux toujours autant amusés et insolents de l’ancien mage noir. Mais Albus finit par craquer, attirant Gellert contre lui. Ce dernier se laissa faire, souriant toujours, le laissant le railler une nouvelle fois sans rien rétorquer. Il frémit doucement cependant en sentant la paume chaude de son homme glisser pernicieusement le long de son corps frêle.

— Aurais-je réussi à froisser ton gargantuesque ego, mon amour ?

Souriant toujours, il avait pourtant imperceptiblement offert son cou à Albus dont il sentit le souffle sur sa peau. Doucement, il finit par glisser ses mains sur les fameuses hanches du professeur et ferma tendrement ses mains dessus. Finalement, il se redressa, regardant son homme dans les yeux. Il se permit alors de l’embrasser tendrement, longuement, glissant à son tour une main sous le pan de chemise d’Albus pour venir chatouiller de ses doigts glacés la peau chaude et douce de la hanche de son homme. Finalement, après quelques longues secondes, il s’arracha au baiser et dit d’un air faussement menaçant :

— Laisse mes côtes tranquilles.

Grâce à ses mains sur ses hanches dont il raffermit l’emprise, il parvint à doucement pousser Albus vers l’arrière, l’obligeant à s’étendre sur le divan. Souriant, Gellert se pencha au-dessus et glissa à son tour à son oreille :

— Et tes hanches, je les aime plus que tout, elles sont très bien pour t’attirer contre moi.

Tout en déposant un baiser sur son cou, il continua de ternir ses hanches dans ses paumes, l’obligeant à rester sagement allongé sur le sofa. Puis, Gellert finit par le libérer, un sourire espiègle et pas peu fier de lui sur ses lèvres. Il se leva du divan, reprit son deuxième muffin entamé qu’il termina, se tenant dos au feu.

— Je devrais peut-être te laisser non ? Pudique comme tu es, je ne voudrais pas te priver d’un bon bain qui te réchaufferait ou de ton lit confortable à cause de ma présence.

En réalité, Gellert ne comptait pas bouger du bureau d’Albus et il savait que ce dernier l’avait compris également. D’un geste de la main pourtant, la vaisselle présente sur la table basse se réorganisa d’elle-même, faisant de la place pour l’échiquier qui arrivait en voletant magiquement. Il s’assit alors dans le fauteuil en face d’Albus, croisant ses jambes avec nonchalance et arrogance. Il appréciait beaucoup jouer avec l’ego de son homme qui était tout aussi chatouilleux que sa peau. Il prenait un plaisir fou à le provoquer, quitte à essuyer des contre-attaques méritées de la part de son amant. Mais il adorait voir cet éclat malicieux pétiller au fond de son regard azuré qui lui n’avait pas changé.

— Même si je dois reconnaître que tu es plutôt bel homme, Dumbledore. Malgré cette mauvaise foi dont tu fais preuve pour ne pas reconnaître que tu exècres la défaite et que tu refuses de la reconnaître. Par ailleurs, tu as dit que tu cesserais de t’inquiéter pour moi quand tu trouverais quelqu’un capable de te vaincre. Jusqu’à preuve du contraire, je t’ai vaincu à l’instant. Et même si tu t’es laissé faire, tu as quand même perdu. Donc, je t’ai vaincu par ta propre volonté. Tu dois cesser de compter mes carottes comme tu viens insolemment de compter mes côtes, rustre manant.

Bien évidemment, il ne pensait pas un mot de ce qu’il disait mais il s’amusait bien trop dans cette joute verbale. Son regard provocateur, rieur, n’avait quitté Albus des yeux qu’il dévorait presque si l’amusement n’était pas si présent. Nonchalamment installé, il croisa ses mains sur son ventre, les jambes toujours croisées.
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MessageSujet: Re: La Glace et la Lune - Gellert  La Glace et la Lune - Gellert - Page 2 Icon_minitimeLun 19 Sep - 14:16



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Décembre 1942

Gellert s’était laissé faire avec une arrogance nonchalante. Et, malgré sa prétendue indifférence princière, Albus ne pouvait que le sentir sous sa paume tiède, la minceur de son corps grâcile frémir sous la légèreté de ses caresses. Comme chaque fois que sa vulnérabilité risquait d’être trahie, son fier amant attaquait. Pourtant, sa volonté semblait étiolée, indolente, et inconsciemment son corps se laissait asservir par l’étreinte d’Albus, offrant la pâleur délicate de son cou à son souffle chaud tout près de lui. L’éminent Professeur ne put que sourire à l’insolence, et céder au désir d’y poser ses lèvres. La peau était fraîche, d’une blancheur éclatante, et si délicate que chaque fois qu’il la caressait de sa barbe, il se serait presque fustigé de l’hérésie d’en abîmer la finesse. Profitant d’avoir le souffle si près de son oreille, Albus s’arracha une seconde à son cou, son sempiternel sourire mutin étincelant plus que jamais au creux de sa barbe de cuivre ;

- Voyons Gellert, je te trouve bien présomptueux. Tu es bien loin de parvenir à effriter ce soi-disant ego, que dans mon cas j’appellerai plutôt lucidité.

Pourtant, ce fut au tour de Gellert de profiter de l’étreinte. Ses mains vinrent tendrement s’agripper à l’objet de sa malice de tout à l’heure, l’hétérochromie pénétrante de son regard se dardant sans pudeur dans le ciel d’été du sien. Albus n’eut pas le temps de rosir, que la finesse de ses lèvres s’approchait déjà, caressant sa barbe, les mains toujours agrippées à ses hanches. Le baiser vint, tendre, profond, et Albus s’y laissa prendre, frémissant contre ses lèvres lorsque la fraîcheur pernicieuse de ses doigts glissa sous un pan de sa chemise, caressant ses côtes doucement, dans la vengeance douceâtre de l’affront que le mutin Professeur lui avait tout à l’heure, en comptant ses côtes. Et lorsque le baiser se brisa, le ton faussement menaçant de Gellert n’eut pour effet que d’élargir un peu plus le sourire d’Albus, qui toutefois s’effaça un instant sous la surprise de sentir la poigne sur ses hanches s’affermir, et de se retrouver basculé par la force pourtant ébranlée de son homme sur le divan, l’obligeant à se retrouver à demi-allongé sur le dos, Gellert penché sur lui, avec sur la beauté de son visage un air plus suffisant et plus triomphal que jamais. Ce fut à son tour de lui rendre la pareille, posant un baiser sur le cou de son homme immobilisé qui frémit une seconde sans rien pouvoir y faire, ne tentant même pas s’en dégager pour autant, son fier amant semblant prendre un plaisir beaucoup trop grand à la tenir à sa merci sous la force de ses bras. Et puis le compliment l’avait fait fondre plus que de raison, car décidément Gellert savait y faire quand il voulait, jonglant de mufle à prince charmant avec brio.

Enfin, afin de bien lui faire comprendre que c’était sa propre volonté à lui seul qui l’avait libéré, il desserra son emprise et se redressa avec une indifférence sournoise et calculée qui fit sourire un peu plus Albus qui se rasseyait, et lissait les pans de sa chemise que la feinte brutalité de son homme avait froissée. Avec sa nonchalance princière dont il s’était drapé, il achevait son muffin, les yeux pétillant de la malice glorieuse d’avoir tenu sous sa coupe le grand Albus Dumbledore. Mais sa victoire ne semblait pas lui suffire, car il se décida à contre-attaquer, se proposant à le laissant profiter seul de son bain brûlant, arguant sa pudeur dont il profitait pour le railler encore. Cette fois-ci, ce fut à son tour de feindre la sévérité, durcissant son regard, effaçant de sa barbe de cuivre son sourire mutin et bienveillant ;

- Crois-tu seulement, Grindelwald, que je vais te laisser me quitter ainsi ? Je ne t’aurais pas cru d’une si incroyable naïveté. Tu resteras avec moi. Dumbledore l’exige.

Il n’avait aucune intention de partir. Cela se voyait à sa position de prince nonchalant, trop confortablement installé pour vouloir décamper d’une seconde à l’autre. De plus, il agissait comme chez lui, sa main grâcieuse virevoltant au-dessous de la table, la débarrassant des vestiges de leur encas vespéral. Et puis l’échiquier, dans une demande impérieuse, sans appel, vint se positionner au centre, tandis que, plus arrogant que jamais, il vint reconnaître grâcieusement qu’il trouvait son homme à son goût, enchaînant toutefois sur sa prétendue mauvais foi et son déni pour la défaite. Gellert savait pertinemment qu’il aurait gagné en combat sérieux à la Moldu, en jouait et en triomphait sans vergogne, exagérant sa victoire pour mieux le railler. Albus prit un air faussement renfrogné, qui ne dura pas longtemps lorsque celui-ci s’amusa à le rappeler à sa basse extraction paysanne. Et si le grand Gellert Grindelwald n’était pas mieux issu, ils étaient si peu à connaître ses origines profondes, et il avait un tel air impérial, et il avait vécu tant d’années dans un magnifique château bavarois, que tout cela l’élevait plus qu’Albus qu’’il avait connu nourrissant son poulailler et balayant sa grange. Un léger rire s’échappa de ses lèvres, incapable de conserver le peu de sérieux qu’il feignait ;

- C’est que tout le monde ne peut pas avoir l’air d’un prince issu d’une contrée lointaine et glaciale comme toi, mon amour. Je ne suis qu’un paysan d’un petit village d’une région reculée d’Angleterre. Mais peut-être, un jour, m’emmèneras-tu dans ton château, si tu m’en trouves digne.

Cette fois-ci, un large sourire barrait son visage bienveillant. Toutefois, c’est plus taquin que jamais qu’il continua sa tirade ;

- Toutefois, je ne suis pas d’accord. Je ne peux pas être mauvais joueur, on ne me bat que trop peu souvent pour cela. Et puis tu ne m’as pas battu. N’oublie pas que je suis plus fort que toi Grindelwald. Et je vais te le prouver maintenant. Je te fais même la grâce de te laisser les blancs. A toi de jouer.

Avec une hauteur impérieuse très professorale, Albus tourna l’échiquier, croisant ses mains sur ses genoux, avec un air suffisant très calculé, attendant que s’exécute son trop fier amant, qui, il en était certain, se prendrait au jeu.
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Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
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La Glace et la Lune

« A SONG OF FIRE AND ICE »

Bureau d'Étude des Runes, 23 décembre 1942.

Là, à moitié allongé sur le canapé, Gellert avait senti Albus se détendre, baisser sa garde. Il avait arrêté l’idée de fanfaronner, se laissant simplement aller à la tendresse aimante que l’ancien mage noir donnait à son baiser. Et ce dernier s’amusait autant qu’il profitait de son sentir son amant si facilement fébrile et docile entre ses bras. Ayant assez profité de son homme, ne voulant pas trop lui en donner non plus, il s’était relevé pour retourner dans son fauteuil. Rapidement, Albus reprit contenance, se rhabillant, lissant les plis sur sa chemise et n’attendant pas un instant de plus pour lui lancer une nouvelle raillerie autoritaire qui eut pour seul résultat que de faire sourire encore plus insolemment Gellert. Ce dernier adorait quand son homme arborait cet air autoritaire, royal et arrogant qu’il n’utilisait globalement que pour le jeu. Cela le faisait rire et ne le rendait que plus charmant encore, aux yeux hétérochromes du natif des Alpes. Il ne dit rien, se contentant de hausser brièvement les sourcils, plus mutin que jamais. Avachi nonchalamment dans son fauteuil près du feu, il regarda son homme quelques instants, se perdant dans l’azur rayonnant de ses yeux si bienveillants et beaux.

L’échiquier s’envola alors doucement et vint se placer docilement sur la table basse qui s’était rangée d’elle-même tout aussi magiquement que le plateau de jeu. Suite à sa nouvelle pique, pourtant presque affectueuse, Albus ne sembla en retenir que l’allusion à ses modestes origines. L’éminent professeur en profita d’ailleurs pour faire un doux commentaire moqueur sur les prétendues contrées éloignées et froides desquelles Gellert viendrait et sous-entendait qu’il avait été un prince ou un quelconque personnage royal. Pourtant, la vérité, Albus la connaissait. Il savait que son amant n’était nullement issu de la bourgeoisie et qu’il avait simplement été recueilli par la bonne personne au bon moment. Sinon, tout comme l’actuel professeur de Métamorphoses, il avait connu, le purin, le crottin et la paille. Si Albus avait eu des poules, Gellert avait plutôt connu les chèvres. Le sourire mutin de l’ancien mage noir s’affaissa pourtant légèrement lorsqu’ils firent mention du château de Nurmengard. Cela faisait quinze ans qu’il devait être à l’abandon ou pire, réquisitionné par des fanatiques dont Gellert se serait bien passé. Il n’avait pas envie que l’endroit devienne une sorte de lieu de culte malsain à sa gloire révolue. Peut-être avait-il été vandalisé également. Il dit alors doucement :

— Il ne doit en rester que des ruines, de mon château. Mais ce n’est pas grave, toi, devenu roi, tu m’as gracieusement invité dans le tien.

Doucement, Gellert arbora un sourire tendre et aimant, toujours reconnaissant qu’Albus l’ait permis de vivre à ses côtés à Poudlard. Il essayait de s’en montrer digne le plus possible car cette deuxième chance n’était que le résultat d’un été passionnel trop vite consumé. Malgré tout ce que le mage noir avait pu faire à son amant et à la famille de ce dernier, Albus avait certainement vu en lui une lumière que personne d’autre, pas même le concerné, n’avait su voir. Ou alors, peut-être était-il juste fou, comme bon nombre de badauds s’accordaient à le dire. Le professeur aux yeux d’azur repartit de plus belle dans son arrogance victorieuse, arguant de ne pas pouvoir être mauvais joueur puisqu’il restait invaincu dans n’importe quel domaine, en profitant même pour déclarer que Gellert ne l’avait toujours pas battu. Il l’invita alors à jouer aux échecs, lui offrant gracieusement l’occasion de commencer. L’ancien mage noir le regarda un instant, souriant, avant de baisser les yeux vers l’échiquier. Étrangement, il ressentit comme une étrange déception, incapable d’en savoir la provenance. En réalité, il n’avait pas vraiment envie de jouer aux échecs. Il craignait que les deux hommes ne s’enlisent dans une concentration mutique et abandonnent cette joute verbale qui était pourtant si bien partie.

Mais Gellert ne voulut en aucun cas montrer des signes de cette déception qui prouverait qu’il venait d’être pris à contre courant par son homme. Il aurait cependant apprécié ce bain dont il avait émis l’hypothèse, même s’il n’aurait été que pour Albus si celui-ci l’avait décidé. Il aurait bien poursuivi leur fausse querelle avec son homme sur les genoux, lovés l’un contre l’autre, réchauffés par le ronronnement des flammes dans l’âtre tout en terminant leurs muffins, voire avec un second chocolat chaud. Non, la partie d’échecs ne l’engageait guère, sachant qu’il savait qu’Albus allait certainement le battre, ayant eu plus l’occasion de s’entraîner au cours de ces quinze dernières années que lui. Ainsi, Gellert se retrouvait tiraillé dans son ego, incapable de savoir ce qu’il souhaitait réellement. D’un autre côté, il serait ravi de battre son amant, convaincu que cela lui ferait gagner la bataille d’orgueils de ce soir. Se prenant au jeu pourtant, ne voulant pas qu’Albus perçoive sa légère réticence à jouer aux échecs, il dit finalement :

— Et j’y gagne quoi ?

Il se redressa doucement sur son fauteuil et avança son premier pion.

— Je veux dire, on peut mettre un peu plus d’enjeux. Je te laisse proposer tes paris. Que souhaites-tu que je fasse en cas de défaite de ma part ? Et qu’accepterais-tu de faire si je venais à gagner ? Et épargne-moi tes commentaires tels que « ça ne sert à rien que je te dise ce qu’il se passera si tu gagnes puisque je vais gagner », mon amour. Fais attention aux excès de confiance.

Toujours amusé et souriant, il regarda son homme si beau contre lequel il avait si bien quelques instants auparavant. Il espérait que cette nuit, il l’autorise à passer avec lui, simplement à sentir sa chaleur apaisante sous les draps. Il n’y avait qu’à ses côtés que Gellert connaissait réellement le repos. Peut-être Albus l’avait-il remarqué par ailleurs, lui qui voyait tout tel un Dieu omniscient. Cependant, le repenti s’était bien gardé de le lui dire, ne souhaitant pas entendre ses railleries moqueuses dans son oreille au moment il se blottissait contre lui. Gellert décolla son regard hétérochrome d’Albus et le reporta sur l’échiquier. La partie semblait bien mal engagée, déconcentré et rêveur qu’il était ce soir-là.
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