THE TRUTH UNTOLD

asia & hero

1er Septembre 1942. Salle commune des Serpentard.
Bloomed in a garden of loneliness
A flower that resembles you

« S'ils ont encore égaré la tienne, je sens que je vais descendre aux cuisines... » Ils n'avaient pourtant pas grand-chose à faire dans ce château. Monter les valises, cuisiner... Et ne pas se faire voir des élèves. Ils n'avaient pas à voir quel genre de créatures œuvraient dans l'ombre du château. Beaucoup de premières années, et même au-delà, n'avaient aucune idée de la présence des elfes de maison dans l'enceinte du château. « J'irais le rapporter au directeur Dippet pour que des mesures soient prises. » répondit-il d'un air bougon. Il regarda la montre qu'il portait à son poignet gauche, et qui avait autrefois appartenu à son père. Sa mère le lui avait confié lors de sa première année ici, à Poudlard. Depuis, elle ne le quittait plus. « Je pense que nous devrions monter, bien que je n'en éprouve pas du tout l'envie. » Il avait envie de s'écouter, et de rester devant la grande cheminée, à regarder les dernières flammes s'éteindre. Il adorait cet endroit. Beaucoup qualifiaient la salle commune des Serpentard de froide, mais il n'était pas de cet avis. Il avait toujours apprécié de se retrouver ici avec les autres membres de sa maison, ou seulement avec son cousin, le nez collé à l'épais mur transparent qui les séparait du lac noir. On y voyait des choses fascinantes, différentes de jour en jour. Les élèves de Gryffondor ne pouvaient pas en dire autant. Il se leva et passa une main dans ses cheveux bruns qui retombèrent en désordre sur son front. « Je persiste à dire que tout ça n'est qu'un horrible cauchemar, et que demain, tout sera différent. » Il rigola doucement. Non, évidemment que ce n'était pas une blague, il était bel et bien là. Et ils allaient devoir faire avec. Élèves, professeurs... Tout le monde.

Dans leur dortoir, leurs trois autres camarades de promotion ne dormaient pas du tout. « Vous n'avez pas mis du temps. » Asia haussa les épaules. Ce n'étaient pas comme s'ils n'étaient pas habitués à le voir toujours fourré avec son cousin, à n'importe quelle heure de la journée. Certaines choses ne changeaient jamais, malgré les tensions de l'an dernier. Certains avaient bien cru que leur binôme touchait à sa fin, s'ils savaient... Il fut soulagé de trouver sa valise, et la cage de son chat près de son lit. Il s'empressa de faire sortir Nyx avant qu'elle ne se mette à cracher dans tous les sens, et cette dernière étala aussi sec ses grands yeux jaunâtres lui jetant des éclairs. Foutu chat... pensa-t-il alors.


1er Août 1942. Quelque part en Albanie.
I wanted to give it to you
After I take off this foolish mask

« N'est-ce pas ? » Évidemment qu'il avait tout bien préparé. Il n'avait rien voulu laisser au hasard. Asia ne supportait pas le désordre, même si l'on pouvait penser tout le contraire quand on regardait sa chambre. Mais lorsqu'il était question de déplacements, de voyages... Il s'était réellement découvert une nouvelle passion. Il s'installa donc en tailleur et fouilla dans son sac. Le sortilège d'extension qu'y avait jetée Égée fonctionnait à merveille. Son frère était un sorcier très doué. Peut-être le plus doué de la famille d'ailleurs, il voulait bien le reconnaître. « Mmh, je l'espère aussi...» murmura-t-il. Il évita soigneusement son regard et posa à ses côtés une partie des vivres qu'il avait préparée pour leur premier repas. « C'est aussi un peu le but de ce voyage, je me devais de te l'avouer. » Ajouta-t-il, les yeux toujours rivés vers le fond de son sac qu'il ne distinguait de toute façon toujours pas. Les périodes de froids entre eux n'avaient jamais réellement duré. D'abord parce qu'elles étaient bien souvent provoquées par des petites disputes puériles, et qu'ils finissaient par admettre qu'ils ne pouvaient se passer l'un de l'autre. Il se souvenait seulement de cette fois où Hero, hors de lui, avait fini par exploser et l'avait défiguré. Il portait toujours sur son visage la trace de cet incident, comme pour ne jamais oublier. Mais depuis quelque temps, il souffrait de la distance qu'ils mettaient involontairement entre eux. « Je veux dire, nos discussions me manquent. Nous nous sommes éloignés et cela me peine vraiment Hero. » Non, ça me déchirait le cœur parce que j'avais besoin de toi, tout le temps. Je n'étais pas habitué à devoir peser mes mots avec toi, ni à mesurer le moindre de mes gestes. Je voulais que tout redevienne comme avant, mais après la discussion que nous avions eue... Ce n'était plus vraiment possible, c'est ça ?

*prononcé en français.
#6FA163 couleur dialogue

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asia & hero

1^er Septembre 1942, dans la salle commune de Serpentard.

« Non, tu feras rien du tout. J'irai les dégommer moi-même. » Même si jouer la princesseen danger lui plaisait bien et que voir son cousin descendre aux cuisines, complètement en pétard pour sa valise perdue, l'aurait fait beaucoup rire. « C'est que j'ai un honneur à défendre, vois-tu ? » En vrai, la plaisanterie avait assez duré. Si les elfes avaient volontairement caché sa malle quelque part dans Poudlard ou l'avait laissé sous la pluie, Hero prendrait chacune de ces stupides petites créatures, appliquerait son magnifique sortilège de laçage de cravate et accrocherait les misérables avortons ficelés dans chacun des coins de Poudlard. Une excellente façon de démarrer l'année scolaire en soit. « Au professeur Dip… Oh. » D'accord, ils n'avaient pas vu la chose sous le même angle sans doute. Bon, cela dit, les deux méthodes n'étaient pas tout à fait incompatibles. Asia pouvait très bien aller voir le directeur pour que des mesures soient prises, et en parallèle Hero pouvait transformer les elfes en rôti. Juste en attendant que ces mesures soient effectivement pris. Si tant est qu'elles le soient un jour.

Hero regarda un groupe de poissons passer derrière la vitre invisible, extrêmement pressés. L'une des sirènes du Lac Noir passa quelques secondes après, visiblement prête à les enfourcher sauvagement. Si Asia voulait déjà monter se coucher, il n'allait pas le retenir mais il se sentait un peu déçu. Je ne sais pas, j'imaginais que nous resterions là à papoter, comme nous le faisions parfois autrefois. Tu te souviens, lorsque nous faisons une tente avec nos draps à la maison ? Et la fois où, en première année, nous avions transformé ton lit à baldaquins en un formidable espace de jeu en fermant les rideaux ? Autrefois, nous savions nous amuser sans voir le temps passer. « Oui, tu as raison, montons. » Je n'avais aucune envie de monter retrouver nos autres camarades. J'aurais juste voulu passer du temps seul avec toi, comme pendant notre voyage, comme avant que nous ayons cette fichue discussion. Nous avions tout démoli ce jour-là, n'est-ce pas ? Malgré le voyage, malgré tout... Il ravala un soupir de déception et essaya de garder une mine joyeuse, suivant Asia vers les dortoirs.  Hero jeta à peine un coup d'oeil à ses camarades, constatant que sa fichue valise n'était pas là. « Non mais ils me cherchent vraiment, ces foutus elfes ! » Ok, demain la guerre des rôtis était déclarée. Il sentait qu'il allait finir dans le bureau du concierge, pendu par les pouces, les chevilles ou il ne savait quoi d'autre, mais peu important. Cette histoire devait cesser une bonne fois pour toute. Agacé, il fonça vers le lit de son cousin pour s'y écraser sauvagement, lançant un « Bouh » stupide à la chatte aux yeux dorés. « Je hais les elfes de maison, Nyx.* » Il aurait pu s'écrouler sur son lit, mais il avait envie d'agacer Asia. « Tu dors avec moi, cousin ? » Au milieu des couvertures, il lui jeta un regard narquois. En vrai, ça n'allait choquer personne qu'on dorme ensemble, tu sais ? Les gens nous savaient inséparables.


1^er Août 1942, quelque part en Albanie.

Hero frotta une trace noirâtre sur le tissu blanc de sa chaussette gauche et finit par se lécher le doigt pour voir si ça partait mieux. Dans l'idéal, la magie aurait été parfaite pour ce genre de détails mais sa baguette allait forcément vouloir lui jouer un mauvais tour. Et avant qu'il n'inonde le pays entier… Mieux valait se baver sur le doigt. Concentré sur sa chaussette, ça lui évitait d'avoir à subir de plein fouet la tension qui venait de s'installer entre eux. Bravo Hero, tu viens juste d'invoquer la mauvaise ambiance si familière de ces derniers temps. Tant pis, il fallait peut-être qu'ils aient une nouvelle discussion pour avancer ? Le jeune sorcier n'était pas sûr d'en avoir envie mais il ne supportait plus cette distance entre eux. Il s'immobilisa, laissant ses gestes en suspens pour fixer une petite motte de terre sur le sol. « Oui… Ça me manque aussi. » Mais ça avait nécessaire, non ? Avant que ça ne dérape et qu'ils ne ruinent leur relation pour de bon, il avait bien fallu mettre les choses au clair ? Hero détestait quand ça tournait mal. Il leva un regard un peu triste sur son autre moitié, son deuxième lui de toujours, et chercha quoi dire. « Mais nous n'avions pas le choix, n'est-ce pas ? » Il n'aima pas trop sa voix un peu trop douce, un peu trop faible. « Je veux dire, qu'est-ce que tu voulais que nous fassions d'autre ? » D'accord, il était à deux doigts de chialer, il fallait se reprendre. Hero se racla la gorge et se redressa brusquement. « On n'avait pas le choix, ok ? Y a des choses à ne pas faire et clairement, ça en faisait partie. » Derrière son ton cassant, l'adolescent se sentait complètement perdu, jeté dans la fournaise de ses émotions. Tu n'avais qu'à me dire ce que nous pouvions faire, Asia ? Tout aussi, tu l'avais vécu comme moi, non ? Cette envie ? Cette violence… ? On en avait convenu, il fallait choisir un camp, et nous l'avions fait. Peut-être que ce n'était pas celui qui me convenait mais c'était clairement le plus acceptable.

*prononcé en français.
#6666ff couleur dialogue

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1er Septembre 1942. Dortoir des garçons.
But I know
I can never do that

Évidemment, les affaires d'Hero étaient portées disparues. Pour la deuxième fois. Asia soupira et regarda son cousin s'agacer. Demain, les elfes avaient intérêt à courir très vite si elles ne voulaient pas finir en charpie. Et avec la baguette de son cousin, il pesait ses mots. Il avait la baguette la plus capricieuse qu'il n'eut jamais vue. Une catastrophe ambulante. Il écouta d'une oreille distraite la conversation de deux de ses autres camarades de chambrée à propos du quidditch et des matchs qui avait eu lieu cet été. Cette année, il tenterait d'être batteur à nouveau. Lors des sélections le mois prochain, il ferait son maximum. Il chasserait cette fille de l'équipe, puisqu'elle n'y avait de toute façon pas sa place. Hero le tira de sa rêverie soudaine et il afficha une moue. « Peur de faire des cauchemars du vilain mage noir qui nous sert de professeur ? » Il le taquinait évidemment. Il se changea  rapidement, imitant les autres, et se jeta sur son lit, en étoile. « Je vais essayer de ne pas te faire tomber. » « Je me souviens d'une fois où tu lui avais mis ton poing dans la figure, il s'était réveillé avec une de ces têtes ! » Les trois autres éclatèrent de rire et Asia les imita. Ce matin-là, quand il avait vu la tête de son cousin, il s'en était un peu voulu. Il passa un bras par-dessus ses épaules et ferma les yeux. « Je suis tellement fatigué. » Ils n'auraient été que tous les deux, Asia aurait apprécié de chanter un peu. Sa mère leur chantait si souvent des berceuses étant enfant, en grandissant, il avait pris le relais. Il avait une belle voix, personne ne pouvait dire que le contraire. Elle était réservée à ses frères et sœur, et à Hero. À personne d'autre. Les autres parlaient tard dans la nuit. quant à lui, il sentit très vite le sommeil arriver. « Bonne nuit. » souffla-t-il dans l'oreille d'Hero.


1er Août 1942. Quelque part en Albanie.
I must hide
Because I am ugly

Plus Hero parlait, plus Asia s'en voulait d'avoir mis les pieds dans le plat. En fin de compte, il aurait aimé tout oublier, et repartir de zéro, mais à quoi bon... « Oui... » On entendit à peine sa voix. Il croqua dans son sandwich et fit mine de se concentrer sur le paysage magnifique que l'Albanie avait à leur offrir. Pleins de choses ne se faisaient pas. Mais les gens en tenaient-ils compte pour autant ? Il préféra prendre une nouvelle bouchée plutôt que de répondre une chose pareille à son cousin. «Si tout ça te va, alors ça me va. » Tu sais, j'y ai repensé. Une nuit, deux nuits, trois nuits... Toutes les nuits depuis que la vérité entre nous avait éclaté. D'accord, nous avions convenu que ce n'était pas raisonnable, et que ce n'était peut-être qu'une passade. D'accord, ce n'était pas moral. Mais tu savais combien ça me coûtait de refouler tous mes sentiments à ton égard ?Ça me coûtait énormément. Il avait déjà terminé sa part. Il n'en avait pas préparé autant pour lui que pour son cousin. Asia ne mangeait rien. Tu sais, j'aurais aimé t'embrasser juste une fois. Pour voir si tout ça était réel. Si ce n'était pas juste une idée étrange qui m'avait traversé l'esprit. J'y repensais souvent tu sais ? Plus d'une fois j'avais passé mes doigts sur mes lèvres, juste pour imaginer les tiennes à leur place. Et puis je m'étais repris, honteux. On avait dit non. On avait tout arrêté avant même que ça commence. Ce n'était pas correct. Je devais abandonner mes rêveries sur toi, avec toi, pour me concentrer sur autre chose.

*prononcé en français.
#6FA163 couleur dialogue

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asia & hero

1^er Septembre 1942, dans la salle commune de Serpentard.

Si tu savais, cousin, combien j'avais peur de faire des cauchemars… J'en faisais presque toutes les nuits. Parfois, je pensais à mon père, égaré quelque part dans le monde et trop occupé à rétablir l'honneur de la famille pour penser à lui. J'avais vu ses blessures, les fantômes qu'il avait parfois au fond des yeux quand il rentrait. Est-ce que tu savais ce qu'il faisait pour le ministère, Asia ? Moi je n'en savais rien. Rien du tout. Il le faisait, c'est tout, et je me demandais i nous aurions à faire ça un jour nous aussi, par convictions politiques et pour cacher notre véritable allégeances. Est-ce qu'une idéologie conduisait à se cacher ? À souffrir ? Et puis bien sûr, il y avait les autres. Les autres cauchemars, je veux dire. Tu étais dans tous, parce que tu étais celui qui me faisait le plus souffrir. Hero regarda Asia s'avachir sur le lit, en étoile, en l'écrasant à moitié. Il l'observait par-dessu un petit repli de couverture, les yeux grands ouverts. « Aussi, chaque nuit, Léandre nageait d'Europe vers l'Asie pour rejoindre sa bien aimée, guidé par une lampe de la tour d'Héro.* » Son prénom venait de là, sans doute que celui de sa mère aussi. C'était sans doute faux, mais parfois Hero aimait àsonger que celui d'Asia puisant la même origine commune. Cette phrase, il la ressortait de façon aléatoire, comme un doudou sonore qui lui donnait confiance en lui et qui lui faisait songer aux trois personnes les plus importantes sur Terre : son cousin, sa mère et sa tante. « Ne me laisse pas tomber, Asia…* » Qu'est-ce que tu voulais qu'on soit l'un pour l'autre, hein ? J'avais des tonnes d'idées pour nous deux, aucune n'était correcte. Mais nous en avions parlé, nous avions lutté et… Enfin, Asia, ça ne fonctionnait pas. L'adolescent esquissa un sourire en sentant le souffle de son cousin dans son cou. « Bonne nuit, stupide moldu. » Il se redressa pour fermer les rideaux du lit à baldaquin. Pour la lumière, bien sûr.


1^er Août 1942, quelque part en Albanie.

Si ça me va ? Ça te donnait l'impression de m'aller, Asia ? Tu avais l'impression que je te sortais ces jolies phrases toutes faites parce que je les pensais ? Furieux, Hero adressa un sale regard à son cousin mais préféra ne pas répliquer, croquant plutôt dans l'énorme sandwich préparé à son intention. Dans l'idée, il aurait bien aimé secouer son cousin dans tous les sens, le secouer, le secouer jusqu'à… Quoi ? Jusqu'à quoi, Hero ? Tu voulais le secouer jusqu'à ce qu'il crie grâce ? Jusqu'à ce qu'il t'avoue ce qui pouvait bien se passer dans son stupide petit cerveau de piaf ? Jusqu'à l'épuisement, jusqu'à ce que tu t'écroules et que tu lui tombes dessus, sentant enfin son corps contre le tien ? Les yeux perdus dans le vague, Hero laissa un bref instant la rêverie se poursuivre. C'était de ça qu'il avait envie, et c'était bien ça qui leur était interdit. Tu te souvenais notre discussion, Asia ? Ce n'était pas raisonnable, nous en avions convenu. Nous en avions tous les deux convenus. Tu n'avais pas intérêt à dire que c'était ce que je voulais. Cette conversation le rendait malade. Énervé, Hero mangea la suite de son sandwich en silence, la gorge nouée. Ce voyage était à la fois une idée de génie et une pure séance de torture. C'est vrai, les deux cousins avaient envie de se retrouver, dans l'espoir de revenir à tout ce qu'ils avaient avant et qu'ils avaient petit à petit perdu avec cette fichue année. Mais c'était aussi un véritable supplice. Comment voulais-tu que l'on voyage en tête à tête sans que tout ça ne me revienne à l'esprit ? Nous avions été honnêtes, Asia, et tu savais tout ce qui m'avait traversé l'esprit tout au long de cette sixième année. Je te l'avais dit. Je t'avais raconté mes rêveries, mes envies, mes peurs, les interdits… Je t'avais tout dit. C'était cruel de m'infliger ça maintenant. « Ça n'a rien à voir avec ce qui me va ou non. » siffla-t-il en ses dents serrées. « Et j'espère que tu le sais. Mais laisse tomber, tu veux ? »

*prononcé en français.
#6666ff couleur dialogue

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asia & hero

1er Septembre 1942. Dortoir des garçons.
I am afraid
I am run-down
I’m so afraid

Les mots d'Hero, prononcés dans la langue de leur mère, le firent sourire. Les autres ne comprendraient pas. Les autres n'avaient même jamais pris la peine d'apprendre les rudiments de la langue étrangère qu'ils parlaient couramment pour déchiffrer leurs messages secrets. Il lui donna un coup de coude juste avant de tomber pour de bon dans les bras de Morphée.

Le lendemain.
Il fut réveillé le lendemain par les miaulements stridents de sa chatte. Ses camarades de chambré semblaient eux aussi sur le point de dégainer leur baguette pour la faire taire pour de bon. Il passa une main à travers les épais rideaux de son lit à baldaquin et tapota sa tête à l'aveugle. Elle lui croqua le doigt avant de fuir dans un drôle de miaulement étouffé et Asia grommela, à moitié endormi. Il avait beaucoup trop chaud pour un début de mois de septembre en Écosse, et il soupçonna son cousin d'y être pour quelque chose. Il le dégagea avec douceur et passa une main dans ses cheveux à l'abri des regards. C'était osé de faire ce genre de geste ici, mais Asia n'avait jamais vraiment su se retenir. Il se retint d'aller plus loin et s'étira avant de quitter son lit à contre cœur. « J'espère que l'on va commencer les cours par quelque chose des cool... » maugréa l'un de leurs camarades, leurs yeux mi-clos, encore gonflés de sommeil. Asia l'espérait aussi. Étrangement, il n'avait pas envie de commencer par les runes. S'il pouvait retarder ce moment au maximum... Fin de suspens lors du petit déjeuné, où leurs horaires de cours seront distribués. « Lève-toi Hero. Tu ne voudrais pas que cet empoté d'Andrew mange tout le pudding que tu adores, hein? » Il le secoua doucement et ne put s'empêcher d'avoir un pincement au cœur en le voyant se lever avec difficulté. Il était si adorable quand il dormait.


1er Août 1942. Quelque part en Albanie.
That you will leave me again in the end
I wear a mask again and go to see you

Est-ce que je venais de te vexer cousin ? Parce que ce n'était pas du tout mon intention, et j'espèrais que tu le savais. « D'accord. » Il le savait, le sujet finirait bien par leur revenir en pleine face à un moment ou à un autre de leurs voyages. Ce n'était qu'une question de temps avant que l'un des deux ne crève l'abcès  pour de bon. Il déplia la carte et fit mine de se concentrer dessus pour en plus avoir à le regarder. Le village qu'il voulait visiter en premier n'était plus très loin. La route les attendait en bas de la colline sur laquelle ils s'étaient perchés pour déjeuner. Ils n'auraient plus qu'à suivre le chemin, et à ne pas se perdre. Mais sur ce point, il était confiant.

Il se releva, après avoir attendu que Hero termine son déjeuné dans le silence complet et remit son sac à dos. « On peut y retourner ? » Il n'attendit pas vraiment sa réponse avant de se remettre en route. Le silence qui s'était installé entre eux lui pesait et presque naturellement, il se mit à chantonner. Encore un chant que ces idiots de la chorale avaient dû interpréter l'an passé au château. Idiot, peut-être, mais il avait une excellente mémoire dès lors que l'on parlait de musique : il avait retenu toutes les paroles. Un sourire naissant sur le visage, il posa enfin ses pieds sur le chemin qui les mènerait au village, détruit depuis des années, que les moldus fuyaient depuis le passage de Grindelwad.

Il balaya leurs paroles froides en se retournant, tout sourire vers Hero. Il passa son bras par-dessous le sien – sans cesser de chanter cette chanson qui décidément, allait pourrir sa journée, et lui fit presser le pas. « Regarde, on voit déjà les toits du village ! » Ils se distinguaient, au loin, ces toits d'un village devenu fantôme. Il était l'une des preuves, du souvenir que Grindelwad avait laissé ici. Un pays d'Europe parmi tant d'autres. Une nouvelle action pour rallier plus de personnes à sa cause, faire entendre un cri de détresse de la part du peuple sorcier.

*prononcé en français.
#6FA163 couleur dialogue

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asia & hero

1^er Septembre 1942, dans la salle commune de Serpentard.

« Fais taire cette stupide chatte... » Hero marmotta cette phrase dans son demi-sommeil, exaspéré mais trop peu réveillé pour trouver l'énergie de bouger. Il avait passé la nuit tout contre le corps d'Asia, bercé par chacune des respirations de son cousin. Il avait toujours aimé dormir collé-serré avec lui, profitant de la chaleur commune du lit et d'une présence à ses côtés. Tu vois, c'était ce genre de chose dont j'avais envie pour nous. Rien d'autre. Juste une présence perpétuelle car nous étions fusionnels à l'excès et que je n'étais jamais satisfait. Une main lui ébouriffa les cheveux. Hero remua en grommelant des paroles inaudibles et se redressa lentement sur un coude, les yeux fermés et la bouche entrouverte. Cinq minutes, c'était à peu près le temps qu'il lui fallait pour ouvrir complètement les yeux et obtenir un cerveau à peu près en état de marche. « Ooooh... » Il se laissa tomber contre les fesses de son cousin et plongea le nez dans son pyjama tout doux. « Le réveil est toujours trop tôt... » Après une ultime lamentation, l'adolescent se glissa hors du lit en s'emmêlant dans les rideaux et resta planté comme un idiot au milieu du dortoir. « J'ai pas d'affaires... » Il avait dormi en sous-vêtements à défaut d'avoir eu son pyjama avec lui.

Paré de pied en cape des affaires de son cousin, avec qui il partageait heureusement les mêmes tailles, Hero entra dans la Grande Salle comme une furie, déterminé à avoir encore un peu de petit déjeuner. « Dépêche-toi Asia, si cet insolent d'Andrew a tout terminé… ! » Non, il voyait encore du pudding là-bas au fond. Le Serpentard fonça comme jamais et sauta à moitié sur le banc, réservant d'office la place voisine. « Dégage, toi, y Asia ici. » Le première année de sa maison décampa en ouvrant de grands yeux. « Asia ! »


1^er Août 1942, quelque part en Albanie.

Fantastique, il avait déjà réussi à gâcher l'ambiance. C'était un peu comme ça ces derniers temps : tout semblait être redevenu comme avant mais ce n'était que factice. Si on grattait la peinture, elle s'écaillait aussitôt pour laisser apparaître tous leurs problèmes. J'étais malheureux, cousin, malheureux de cette situation que j'imaginais complètement inextricable. Comment pouvions-nous nous sortir de là ? J'avais la ferme impression que ni toi ni moi n'étions satisfaits de l'espèce d'accord que nous avions passé, et pourtant... Hero termina son sandwich en quelques bouchées, se forçant à avaler sur la fin. Cette conversation lui avait ruiné l'appétit. « C'est ça, retournons-y. » Il se leva en froissant la petite serviette en tissu qu'il avait amenée et la glissa dans son sac de voyage sans rien rajouter. Qu'est-ce qu'il pouvait dire ? Ou faire ? Feindre la bonne humeur ? Il n'avait jamais été très doué pour faire semblant lorsque ça n'allait pas et ce sujet l'épuisait. Asia se mit à chanter. J'aimais quant tu chantais, j'aurais pu t'écouter des heures pour le simple plaisir d'entendre ta voix. Il hésita à l'accompagner, estima finalement qu'il préférait bouder encore un peu en se contentant de jouer le (seul) public.


1^er Septembre 1942, dans la Grande salle.

« Cet emploi du temps est terrible... » Il posa sa cuillère d'un geste digne et se retourna vers son cousin en quête de son approbation. « Franchement… Tu ne trouves pas ? C'est juste inconcevable que nous travaillions autant pour un mercredi matin. Et que penser des vendredis après-midi ? » En soit, il avait un emploi du temps correct, sans oubli d'options, mais… Il claqua sa langue avec agacement et s'apprêta à quitter la table des Serpentards. « On y va, cous' ? » Aller où, c'était une bonne question, mais au moins sortir de cette grande salle beaucoup trop bruyante.


1^er Août 1942, quelque part en Albanie.

Hero rejoignit son cousin et observa les toits des maisons du village fantôme qu'ils apercevaient déjà. Un frisson d'excitation le traversa en imaginant les ruelles vidées de toute vie à quelques centaines de mètres d'eux. « Tu sais quoi sur ce village ? » Quitte à suivre Asia, il lui faisait confiance pour jouer les guides touristiques. Sans même attendre la réponse, Hero passa devant pour progresser avec prudence en direction de l'ancien village. Après quelques mètres, il sortit sa baguette de sa poche… Juste au cas où. On ne savait jamais avec ce type d'endroit complètement abandonné si quelques résidus magiques pouvaient encore subsister, ou quelques effrayantes créatures surnaturelles. Bientôt, les premiers murs apparurent devant eux. « On y est... » chuchota-t-il, se montrant naturellement plus discret. « On explore et on campe ici ? »

*prononcé en français.
#6666ff couleur dialogue

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asia & hero

1er Septembre 1942. La grande salle.
What I can do is
In the garden
In this world

Il vit Hero dégager un première année de sa place pour le laisser s'installer et il ne put s'empêcher de ricaner bêtement. Au fond, il y avait encore des dizaines de places libres à leur table, mais il avait eu le malheur de poser ses fesses à la place qu'il avait décrétée comme sienne la veille. Hero avait l'air ravi, il y avait encore de son délicieux pudding. Il se servit un verre immense de jus de citrouille et fit l'effort de mettre quelque chose dans son assiette pour se donner bonne conscience. Hero était déjà sur leur emploi du temps, alors que lui était concentré à épier les nouvelles têtes de cette année. Il lança un regard meurtrier à la née moldu qui avait l'audace de porter les mêmes couleurs de maison que lui et reprit sa mèche en place d'un geste de la tête. Un jour, il lui ferait tellement regretter d'être élève à Serpentard. Il se demandait encore comment lui faire comprendre de manière magistrale que les gens comme elles n'étaient pas censées pouvoir prétendre à la même éducation qu'une personne de sang pur. « Tant que je commence pas par les runes... » grommela-t-il sans prendre la peine de regarder son emploi du temps. Hero s’offusqua encore quelques minutes avant que Asia ne prête une réelle attention à leurs horaires. « Ce qui m'agace, ce sont nos heures d'astrologie... En revanche, je vois que nous commençons par les sortilèges. Une bonne nouvelle. » Il n'était pas particulièrement bon en sortilège, mais au moins, il repoussait le moment avant de se retrouver face à l'homme dont il voulait désormais taire le nom. « Allons-y oui...* » Il but rapidement le fond de son verre et emballa avec soin la demie tranche de pain perdu qu'il lui restait dans une serviette et la fourra dans son sac.

« Le programme de cette année à l'air très intéressant en sortilège ! » Il avait vaguement bouquiné le Livre des sorts et enchantements niveau sept, pour se donner bonne conscience avant la rentrée, et en avait retenu quelques leçons intéressantes. « J'espère que ta baguette restera sage pendant au moins le premier cours... » Il lui était souvent arrivé d'avoir peur pour la vie de son cousin. Plus d'une fois, il lui avait conseillé de changer de baguette. Il ne comprenait pas l’intérêt de garder cet objet – de tout évidement possède par un esprit maléfique – qui ne lui obéissait jamais. « Moins cinq points pour Poufsouffle. » lança-t-il à une première année qui avait dégainé sa baguette pour en faire sortir quelques étincelles au beau milieu du couloir. Un sourire satisfait il continua son chemin, laissant le jaune et noir derrière lui, le visage défait. « Je vais vraiment prendre mon pied cette année. Je le sens. » dit-t-il à Hero.


1er Août 1942. Quelque part en Albanie.
I bloom a pretty flower that looks like you
And breathe as the me that you know

« Grindelwad a soulevé les foules ici. Mais les autorités moldus sont arrivées, et tu connais la suite... Beaucoup de journaux en ont parlé, maman les a gardé à la maison. » Il imita son cousin et dégaina lui aussi sa baguette magique pour se tenir prêt, au cas où un éventuel danger pointerait le bout de son nez. Étrangement, l'ambiance de village, laissé quasiment à l'abandon depuis des années, lui plaisait. Les informations qu'il avait trouvé le concernant disaient qu'encore aujourd'hui, quelques personnes y habitaient.  « Faisons ça. » répondit-il.

Pour être mort, le village l'était. Pas un bruit. Même le vent semblait souffler discrètement, sans prendre la peine d'agiter les feuilles des quelques végétaux et arbres qui avaient repris le dessus dans les rues. Il nota en effet que certaines maisons avaient continué d'être entretenue quelques années avant d'être laissé pour compte, comme leur voisine. C'était beaucoup trop silencieux, et il avait un peu de mal avec ça. « J'ai lu que certaines personnes vivaient encore ici mais... Je me demande si l'information est toujours exacte. » Parce que pour le moment, le seul bruit qu'il entendait était celui de leur respiration et de leur pas sur sol. Rien d'autre.

*prononcé en français.
#6FA163 couleur dialogue

THE TRUTH UNTOLD

asia & hero

1^er Septembre 1942, dans la grande salle.

Sortilèges… Est-ce que Hero était heureux de commencer par un cours de sortilèges ? Certainement pas, c'était encore le meilleur moyen de montrer à tous qu'il ne maîtrisait toujours pas cette stupide baguette magique. Le cours allait bien se terminer avec une explosion ou… Bah, une nouvelle bêtise à mon actif et potentiellement une heure de colle pour avoir transformé le prof en chaudron... C'était déjà arrivé : en deuxième année, et parce qu'il butait sur un exercice depuis deux heures, il s'était énervé et avait changé son professeur de l'époque en un énorme chaudron en cuivre troué. Le professeur n'avait plus jamais daigné ni le regarder ni lui parler et il avait écopé de T en notes toute l'année. Hero claqua de la langue d'un air agacé en regardant cette maudite inscription sur son emploi du temps : dire qu'il aurait sans doute pu être brillant (non) si son idiote de baguette avait bien voulu jouer le jeu ! Mais non, c'était trop lui demander et il attirait à lui les regards inquiets quand on passait aux exercices pratiques. « Mais cher cousin, n'est-ce pas mon vœux le plus cher de commencer ainsi l'année scolaire ? » Asia compatirait. Asia compatissait toujours. Quand il ne se fichait pas de lui. Le serpentard lui jeta un regard mauvais en le mettant au défis de se moquer, mais son cousin était déjà passé à autre chose sans prendre garde à ses pseudo-états d'âmes sur les sortilèges.

Le sujet des sortilèges revint – hélas – plus tard. « J'espère bien aussi, sinon je la jette au feu. » Au final… Tu savais bien, Asia, que j'avais une profonde affection pour cet engin du diable sorti tout droit des enfers pour me hanter et me persécuter. Il avait songé des milliers de fois à la casser malencontreusement pour en racheter une nouvelle. Il en avait les moyens, ce n'était pas le problème… Mais chaque fois, il s'était ravisé. Même lorsqu'elle avait failli le brûler vif ou qu'il avait bien manqué d'assassiner son cousin, il avait changé d'avis au dernier moment. Peut-être était-elle réellement habitée par un esprit démoniaque ? En tout cas, c'était ce que pensait son cousin. Asia rhabilla un Poufsouffle que Hero détailla du regard en réprimant un rire léger. Son cousin abusait… mais son cousin abusait toujours, et lui était toujours derrière pour trouver ça beaucoup trop amusant. « Fais gaffe, le directeur va te sonner les cloches après. » Il n'en pensait pas un mot. L'adolescent se surprit à observer son cousin dans le couloir tandis qu'il marchait légèrement en arrière. Observer ses cheveux bruns, ses épaules, son pull… Il était un peu jaloux parfois, Hero, jaloux d'Asia et du charisme qu'il pouvait avoir sans s'en rendre compte. Bien sûr, son cousin en jouait constamment… Mais tu n'imaginais pas un seul instant tout ce que tu pouvais dégager au quotidien, hein ? C'était fou. « Aller, tous en sortilèges... » Hero se racla la gorge et passa devant Asia pour entrer le premier dans la salle et s'asseoir à la première place venue. Ça tournait pas rond dans ta tête, Hero... Il ouvrit son sac et jeta en vrac sur la table le livre de cours, un rouleau de parchemin et sa vieille plume usée. Il était sentimental, il gardait tout jusqu'à la fin, y compris sa plume de première année complètement hirsute et démodée. Le premier qui commentait, je le faisais exploser. Et Dieu seul savait combien ce n'était pas une image.


1^er Août 1942, quelque part en Albanie.

Un frisson de peur lui parcourut l'échine. C'était beaucoup trop bien d'être ici, Hero adorait le danger… Parce qu'il était une véritable flipette et que le moindre truc un peu hors des sentiers battus suffisait à le terroriser sur place. Et j'adorais cette sensation de terreur qui prenait aux tripes, qui tordait les boyaux et faisait refluer un vieux goût de bile amère dans la bouche. Il aimait avoir peur. Et vivre dangereusement ! N'est-ce pas Asia, que nous aimions vivre dangereusement ? En tout point de vue… Il affirma sa prise sur sa baguette, les mains moites, et écouta les explications d'une oreille distraite. « C'est dingue qu'il soit venu se perdre dans un patelin pareil... » Il en avait oublié de bouder. Que Grindelwald rassemble les foules dans les villes était logique, mais qu'il vienne se perdre au fin-fond de la cambrousse ? Quoi que, ce devait être plus simple de rallier trois pauvres paysans abrutis qu'une ville d'éclairés… Hero passa la langue sur ses lèvres sèches et prit l'initiative d'avancer au milieu des maisons en ruine. Le village ne devait pas être très grand mais juste assez pour se perdre petit à petit en ruelles sinistres. À la maison aussi, il y avait des vieilles pièces laissées à l'abandon comme ici, avec la même odeur de vide et de rien, cette impression que nous, vivants, n'étions pas du tout à notre place. Un village fantôme peuplé de spectres. Le jeune sorcier glissa un regard en coin à son cousin pour jauger son expression mais il ne parvint pas à la déchiffrer. « Si des personnes vivent ici ? » Mais pourquoi faire ? Tout était vide et sinistre… Hero aimait la ville, le brouhaha du chemin de traverse et les interdits de l'allée des embrumes. Vivre dans un endroit aussi sale et glauque que celui-ci… Disons que ça allait bien pour un tour d'Europe initiatique, pas pour y loger ! « C'est effrayant, ce que tu dis là. Je ne sais pas toi, mais je ne sens pas la moindre présence et... » Il préféra se taire, même s'il parlait à mi-voix depuis leur entrée dans la ville fantôme. L'idée que des gens puissent discrètement les épier depuis les nombreuses fenêtres condamnées… Hero leva vivement les yeux pour scruter les innombrables façaces mortes et désertes. Pas un mouvement. Même la nature, qui aurait dû reprendre ses droits, s'était tue et se cachait. « D'accord, j'ai du mal à imaginer Grindelwald dans cet endroit, face à une foule de gens. Tu imagines qui nous pouvions ressusciter les souvenirs ? Les faire vivre devant nous ? » C'était théoriquement possible avec une pensine, mais ils n'avaient pas de pensine et l'idée était plutôt de voir la vie s'activer de nouveau autour d'eux, dans ce village, comme un murmure du passé. « Enfin peu importe… On visite ? » Il parlait beaucoup, juste pour rompre cet insupportable silence. Hero se rendit compte qu'il avait instinctivement ralenti pour laisser son cousin le rattraper. Il n'avait plus envie d'ouvrir la marche maintenant que le village se révélait à eux dans toute son effrayante… splendeur.


1^er Septembre 1942, dans la Grande salle.

BAAAOUM. Hero regarda les miettes de son ex-bureau retomber en cendre sur le sol de la salle de classe. Il en était sûr, il avait vexé sa baguette et elle avait – encore – tout fait sauter. Penaud, il hésita à lever les yeux sur le professeur mais fut surpris de trouver dans son regard un mélange de pitié et d'agacement. Si les professeurs n'étaient même plus en colère alors… Alors il avait vraiment touché le fond. « Putain...* » grommela-t-il en laissant échapper un – très – rare juron. Vraiment, il avait travaillé ce sortilège pendant une bonne heure avant d'oser enfin le lancer sur l'objet, et sa stupide baguette avait choisi précisément cet instant pour… Pour quoi d'ailleurs ? Que retirait-elle de tout ça si ce n'était le danger constant de finir carbonisée dans la cheminée de la salle commune ? « Ça m'énerve. » Le Weasley passa une main dans ses cheveux pour les recoiffer et leur donner un savant pli coiffé-décoiffé avant de fusiller du regard tous ceux qui pouvaient bien l'observer. « Tss... » Heureusement qu'il lui restait le Quidditch...

*prononcé en français.
#6666ff couleur dialogue

THE TRUTH UNTOLD

asia & hero

1er Septembre 1942. Salle de cours.
But I still want you
I still want you

Asia avait vu juste, son cousin et sa baguette maléfique ne faillirent pas à leur réputation. Il le regarda s'agacer dans son coin et d'abord, fut pris d’une irrépressible envie de rire. Cependant, parce que ce n'était que le premier jour, et qu'il ne voulait pas mettre de mauvaise humeur Hero plus qu'il ne l'était déjà,il se retint. Il leva les yeux au plafond et, raclant son tabouret sur le parquet qui recouvrait le sol de leur salle de classe, il se rapprocha de son cousin. Lui avait plus ou moins réussi son sortilège au bout de plusieurs essais. Il ne brillait pas vraiment dans cette matière, et fournissait des efforts plus que moyen, sans vraiment se donner la peine d'y arriver. Ses objectifs étaient ailleurs. « Détend-toi. » S'agacer, avec l'objet qu'il avait entre les mains, n'aidait en rien. Asia se sentait toujours un peu illégitime quand il se mettait à donner de pareils conseils à son cousin. Lui qui était le premier à partir au triple galop, à s’emporter pour un rien... Il jeta un regard assassin à ceux et celles qui avaient ne serait-ce qu'oser lever la tête de leur bouquin pour critiquer le Weasley. Machinalement il posa une main sur celle de son cousin.

Ce genre de geste qu'il faisait si souvent, sans même s'en rendre compte. Sans prêter attention à ce que les gens pouvaient s'imaginer.

«  On ne peut pas tout réussir du premier coup. » lui dit-il d'une voix posée. «  Tu sais, je ne comprends toujours pas pourquoi tu ne t'es pas débarrassé de cet objet diabolique mais... » Puisqu'elle avait manqué de le tuer à plusieurs reprises, après tout. Asia s'était retenu plus d'une fois de la balancer dans la grande cheminée de leur salle commune. «  … je vais finir par croire que tu aimes vraiment risquer ta vie pour un cours aussi bidon que celui-ci. » Il avait chuchoté ces derniers mots, afin que leur professeur ne puisse les entendre. Il ne manquerait plus que préfet en chef soit surpris à critiquer ouvertement certains cours dispensés à Poudlard. «  Nous n'avons pas de cours, après manger, avant la fin de journée après celui-ci. Si tu veux, nous pourrions aller sur le terrain d'entraînement, histoire de se changer les idées, mmh ? » S'il demandait l'autorisation à leur professeur référant, nul doute que ce dernier accepterait. «  En attendant, tu veux recommencer pour voir ? » Il désigna sa baguette d'un geste du menton et décolla enfin sa main de la sienne, conscient que certains commençaient à se poser des questions sur les messes basses des deux cousins.


1er Août 1942. Quelque part en Albanie.
Maybe back then
A little
Just this much

«  Si seulement... » répondit-il à son cousin d'une voix basse. Il rattrapa son cousin, accélérant un peu la marche et acquiesça. Au fond, il se demandait si des gens vivaient encore réellement ici. C'était bien ce qu'il avait lu, mais maintenant qu'il s'y trouvait, qu'il découvrait l'endroit, il se remettait en question. Il n'avait aucun doute sur le fait que, par le passé, le village devait être plus chaleureux. Il imaginait avec difficulté des gens fonder une famille ici, s'installer, y vivre... Maintenant que l'endroit était désertique, dépourvu de toute âme humaine.

Soudain, un bruit, celui qu'un lot de bouteilles que l'on faisait tomber au sol attira son attention. «  Tu as entendu ? » Il n'attendait pas réponse de son cousin pour avancer vers l'origine du bruit. Ses pas, et la répétition du bruit, le guidèrent jusqu'à une maison abandonné, comme toutes ses voisines. Les volets tombaient littéralement en ruine, et son état avait l'air bien pire que les bâtisses d'en face. C'était comme si la maison avait décider de tomber en ruine avant toutes les autres. Du bout des doigts, il se risqua à pousser la porte d'entrée qui ne semblait tenir que par l'opération du saint esprit. Elle céda aussitôt sous la pression, et grinça en s'ouvrant lentement. «  Lumos. » L'intérieur était sombre, puant. Une effroyable odeur de moisissure lui attaqua les narines et il plaqua aussitôt une main sur son visage. À chacun de ses pas le parquet grinçait, et il avait la désagréable sensation que l'étage au dessus de sa tête allait s’effondrer sur lui. Il pointa sa baguette vers le plafond et plissa les yeux. «  Tu as vu ça ? » murmura t-il à son cousin. Un amas de moisissure verdâtre semblait joindre les lattes du parquet. Il y avait décidément quelque chose de pas net avec cette baraque. Il posa un pied sur la première marche d'un escalier qui menaçait de s'effondrer et sa ravisa en apercevant ce qui l'attendait au bout. Debout, sur de ridicule pattes frêles et très fine, se hissait un tas de moisissure immonde. « Lumos maxima. » Le tas verdâtre bougea lentement, puis, tout à coup, de grand yeux noirs, brillants, s'ouvrirent. Asia laissa échapper un cris de surprise tandis que la créature dévala à toute allure les escaliers, lui fonçant dessus par la même occasion. «  Protego ! » Le sortilège fut inutile, la chose en question disparu sous une latte de plancher, laissant derrière elle des sécrétions qui manquèrent de lui faire tourner de l’œil. «  Un... un... bandimachin-chose... » Il avait oublié le nom exact. Il n'avait jamais été très bon en cours de soins aux créatures magiques.

Et puis soudain, il lui sembla entendre un drôle de craquement au dessus de son crâne. Il leva de nouveau les yeux pour voir un bout de plafond lui tomber dessus. «  Aaaah ! » La maison venait de commencer à s'écrouler.

*prononcé en français.
#6FA163 couleur dialogue

THE TRUTH UNTOLD

asia & hero

1^er Septembre 1942, en cours de sortilèges.

Sa plume était entière. C'était ridicule de penser à cette vieille plume stupide, mais le souffle de l'explosion l'avait expédiée un peu plus loin, où elle retombait paisiblement, comme si de rien n'étant. Sans doute quelle avait l'habitude au bout de la septième année. Sa baguette l'énervait. Mais comme le reste, tu n'allais pas la jeter, Hero, parce que tu étais beaucoup, beaucoup trop sentimental. C'était probablement la seule chose qui le retenait de la jeter au feu ou de la balancer dans le Lac noir : il aimait cet objet. La probabilité qu'elle revienne en plus le hanter s'il venait à commettre un geste malheureux incitait aussi à la prudence. Je bouillais sur place, en silence, vaguement désespéré, et toi, tu... Hero se crispa instantanément quand la main de son voisin de table se posa sur la sienne. Il n'y avait jamais eu de gêne entre eux, jamais cette espèce de tension désagréable qu'ils avaient eux-mêmes créée. Nous n'aurions jamais dû parler de tout ça l'année dernière. Nous n'aurions jamais dû évoquer cette… Possibilité. Parce qu'elle ne l'était pas vraiment, si… ? Possible ? Enfin nous avions convenus que c'était trop compliqué, et maintenant… Maintenant, il était assis sur une chaise en cours de sortilège et il avait chaud. Il transpirait comme un âne parce qu'Asia lui touchait le dos de la main.

Avec un « hem » vaguement gêné, Hero retira sa main d'un geste sec et se pencha pour récupérer sa plume. « Parce que j'aime cette baguette, d'accord ? Ce n'est certes pas raisonnable, mais je l'aime beaucoup. Comme beaucoup d'autres choses pas beaucoup plus honnêtes. » La dernière phrase, Hero l'avait marmonné dans sa barbe. Risquer sa vie ? Tu étais très amusant, cousin. « Il faut croire, oui... » Il raffermit sa prise sur sa baguette pour retenter l'expérience. Au pire… Ça explosait de nouveau, non ? « Va pour le terrain d'entraînement après. »


1^er Août 1942, quelque part en Albanie.

Il avait peur. Il n'avait jamais été spécialement courageux, mais aujourd'hui il était carrément mort de trouille. Suivant son cousin de près, toute dispute envolée, Hero glissa un coup d’œil derrière lui pour s'assurer qu'il n'était pas suivi. Quand il s'apprêta à entrer à la suite d'Asia… Il s'aperçut qu'il avait disparu. « Asia… ? » Comment avait-il pu se volatiliser aussi vite ? Il était entré dans une maison ? Le cœur battant de peur, Hero fit quelques pas en direction d'une porte qui battait au vent, et sursauta en apercevant une silhouette chevelue. C'était juste lui, se reflétant dans les carreaux sales et brisés d'une masure à l'abandon. « Asia, c'est pas marrant... » S'il lui faisait une blague, elle était extrêmement mauvaise… Et ce voyage commençait sacrément mal. « Asia, tu... » Il poussa la porte de la maison et aperçut la silhouette de son cousin. Tu n'avais même pas vu que je ne t'avais pas suivi. Cette idée le rendit triste. Et agressif. « Tu aurais pu m'attendre ! » siffla-t-il à mi-voix. Hero rejoignit son cousin juste à l'instant où un truc sale et visqueux se glissait sous une latte de plancher et que le plafond commençait à grincer. Asia poussa un cri quand un morceau de plafond se décrocha. Et moi, bon idiot que je suis, je ne perdis pas mon temps. « Attention ! » Il se jeta littéralement sur son cousin pour le pousser le plus loin possible. Je crois que nous sommes tomber… Je ne sais plus. Je me souviens qu'une chose m'a percutée la tête et le dos et que nous nous sommes écrasés par terre. Je me souviens de l'odeur de ton col de chemise, avec la lessive de la maison. Je me souviens m'être dit que tu sentais bon, et qu'il n'y avait pas de meilleur instant que celui-là. Je me souviens aussi avoir été fâché, parce qu'il fallait être stupide pour rentrer comme cela dans une maison en ruine. Accessoirement, j'étais aussi fâché parce que tu m'avais planté dehors, tout seul. « … Asia… ? » Dans la poussière, sa voix sifflante résonna bizarrement. Hero bougea mollement avec un gémissement de douleur et tapota la poitrine de son cousin. Les deux étaient allongés par terre, lui écrasant largement Asia. Une bonne partie du plafond avait dû s'écrouler et ils étaient couverts de poussière, de bois, de saletés… Une poutre épaisse était tombée à moins de trente centimètres d'eux. Hero laissa retomber son front sur l'épaule d'Asia et soupira. « Tu… Tu es vraiment un abruti, tu le sais ? » Il contint une crise de toux. Il avait toujours été allergique à la poussière. Des origines princières, disait Mère. Une constitution un peu faible, disait Père. « Tu vas bien ? » Il aurait peut-être dû commencer par là. Le jeune sorcier chercha la force de se redresser sur un coude pour observer le visage d'Asia. Tu étais tout gris. Enfin je devais être pareil. Je me sentais même humide, et douloureux. Hero se palpa délicatement le cuir chevelu jusqu'à trouver l'origine de l'humidité : une belle entaille. « Fantastique. » Il ne regarda pas ses doigts, la vue de son sang suffisait à… « Putain, tu es vraiment con, hein ! Tu ne pouvais pas attendre avant d'entrer dans la première demeure abandonnée ?!* »


1^er Septembre 1942, en cours de sortilèges.

« Enfin fini ! » Hero rassembla ses affaires en vitesse et jeta tout pêle-mêle dans son sac. « On va directement au terrain d'entraînement ? » C'était bon, fini pour maintenant, il allait pouvoir prendre l'air et non plus rester des heures assis sur une chaise des plus inconfortables. « Aller, vite. » Le professeur faisait toujours un peu grise-mine après l'explosion d'un énième bureau, et et Hero ne voulait pas avoir à passer quelques heures supplémentaires à lancer des reparo inefficaces sur la table. S'il savait réparer, ça se serait su depuis belle lurette.

*prononcé en français.
#6666ff couleur dialogue