Chimères - Lavande



 
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Chimères - Lavande

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Belladone Raven
Belladone Raven
Âge : 28 ans
Sang : Sang-Pur
Nationalité : Anglaise
Patronus : Un corbeau
Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal
Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et crin de licorne
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Double-Compte : Desiderata / Aurora / Minerva / Solveig / Albus
Date d'inscription : 27/08/2019

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MessageSujet: Chimères - Lavande  Chimères - Lavande Icon_minitimeVen 25 Fév - 16:28



Chimères

« Bureau du Professeur de DCFM »

Automne 1942

Dehors, la pluie tombait dru. La lourdeur des nuages avait fini par crever, et une nuit de plomb avait péniblement cédé la place aux cieux appesantis. Demain matin, l’herbe détrempée crisserait sous les semelles de cuir, et du déluge infernal renaîtrait la douceur d’un automne opiniâtre, qui se bat encore contre les prémices du gel et des premiers flocons de la saison. Dans l’insouciance d’une plénitude vague de bienheureux, Belladone lisait. Dans un sursaut d’indifférence salutaire, dans un éclat foudroyant d’égoïsme éhonté, le jeune Professeur torturé s’était délesté du poids de fardeaux trop lourds à son âme lunaire. Oubliés les élèves, oublié le déferlement de la tempête qui déchaînait son ire avec fracas contre les carreaux. Oubliée même l’étreinte à la trop triste étudiante aux yeux de marécage. Son centre de gravité dans les insolubles tourments de l’héroïne malade d’amour, dont les peines énamourées et plaintives s’éperdaient sur des dizaines de pages dont ses yeux d’encre dévoraient la prose aisée et grâcieuse. Oubliée même la bienséance bourgeoise qui lui ceignait le cou et les poignets parachevés de boutons de manchettes en argent. Eperdu dans le tourbillon d’émoi tranquille du roman Moldu emprunté à Dumbledore, les jambes nonchalamment alanguies sur le divan de son bureau, le nœud de cravate desserré sur une chemise dont il avait ôté avec délices les deux boutons qui lui emprisonnaient la gorge.

Le sachet de Patacitrouilles semblait avoir été jeté sur la petite table basse. Et la main de Belladone y plongeait dans les tréfonds avec une nonchalance distraite, mâchonnant les sucreries sans faim, se délectant de cette négligence insouciante qui ne lui ressemblait pas ; se surprenait à y trouver un réconfort fou, pourtant, et à voir s’aiguiser une admiration pour le génie de Dumbledore qu’il avait pourtant cru à son apogée. Car le terme d’emprunt utilisé pour le roman était en réalité plutôt inexact. Le brillant Professeur le lui avait plutôt fourré dans les mains à l’achèvement de son ultime cours de la journée, déclarant que l’ouvrage lui avait fait passer de merveilleuses soirées, qu’il le lui recommandait chaudement, avant de le laisser planter là sans autre forme de procès, déclarant qu’il espérait qu’il y’ait des côtelettes d’agneau au dîner.

Bien sûr, Albus Dumbledore avait vu le trouble s’instiller dans ses prunelles d’encre. Bien sûr, il avait deviné le spectre de tourments que d’autres avaient contemplé sans voir. En proie à un tourbillon émotionnel invisible au commun des mortels, Belladone s’était vu repêché de la noyade par son auguste bienfaiteur, qui n’avait rien cherché à savoir, se contentant de lui offrir une bouée qui lui accorderait quelques heures salutaires de ce répit qu’il goûtait là.

Parce qu’il n’avait pas mésestimé le contrecoup de cette soirée. Le revers de cette audace éhontée, un brin alcoolisé. Irrépressible désir qu’il avait cru assouvir dans un élan de compassion, avant de se vouer lui-même aux gémonies en admettant enfin qu’il en avait crevé d’envie. Serrer enfin contre lui la poupée grisâtre et tremblante des larmes qui dévalaient enfin ses joues de craie, et offrir au frêle fantôme qui tentait de se faire oublier la tiédeur d’une humanité qu’on lui refusait. Se surprendre à y étioler sa propre solitude, à y apaiser là ce besoin d’affection et de tendresse exacerbées qui lui avait valu tant de railleries à l’école, et qui faisait de lui aujourd’hui le petit protégé de la fratrie Raven. Se découvrir une âme de protecteur, lui le fragile des autres, et réaliser ce qu’il savait déjà ; la force de la tendresse, mésestimée de trop, qui pouvait faire des miracles. Ici, elle avait été le terreau fertile qui avait permis à la rose sauvage piétinée par les ronces de ne pas faner tout à fait. Soudain elle s’était dressée, extirpant sa beauté de la fange sous laquelle on l’avait ensevelie trop longtemps, avait décidé de croire à la confiance que lui insufflait cet idiot de Professeur trop jeune, avait essuyé ses larmes et avait frémi contre lui, ragaillardie et remise d’aplomb par la seule force d’une affection toute simple que personne, jamais, n’avait pris la peine de lui octroyer.

Et c’était bien trop dur pour une âme aussi tendre, de se fustiger d’avoir cru abuser de sa position, et de se convaincre que l’étreinte avait été désintéressée, mûe uniquement par le désir de protéger de ses chagrins indicibles la plus triste de ses élèves. Mais la vérité était là, toute petite et mal enfouie, lui rognant le cœur et les tripes, tentant de le convaincre à quel point son image de sage garçon de bourgeois inoffensif n’était qu’un mensonge d’apparât, à quel point il avait outrepassé son rôle de Professeur, à quel point il n’était qu’un manipulateur, en somme. Il ne pouvait pourtant se résoudre à cette souillure faite à son âme. Parce que son bon cœur et son âme tendre, c’était tout ce qu’il avait eu pendant si longtemps ; c’était cette arme qu’il avait opposée aux méchants, et cette tâche qui y était faite semblait en étioler l’imperméabilité, en fendre la cuirasse, le rendre vulnérable à ce Mal qu’il avait toujours exécré et auquel il semblait appartenir, désormais.

Pour l’innocent qui n’a jamais eu à endurer les peines de la culpabilité, le choc est terrible. La douleur est sourde, persistante, omniprésente. Chaque seconde qui s’égrène, chaque regard qui se rive sur l’asphalte, chaque sourire chétif semble du sel sur une plaie ouverte, et là où il ne voyait qu’affliction désespérée, sur le petit visage grisâtre de fantôme, désormais, il semblait voir les stigmates de son propre égoïsme, ajoutées à toute l’opprobre déjà subie par la trop jeune fille, déjà fanée par la fange des autres. Et ce monstre infâme et affamé n’avait de cesse de lui dévorer les tripes et les nerfs, nuit et jour, trop heureux de se délecter de la pureté d’une âme qui n’avait jamais rien eu à se reprocher. Aussi, cet instant d’accalmie, c’était l’oasis offerte à l’agonie d’un homme en plein désert, la formidable amnésie, pour quelques heures, de l’enfer qu’était devenu son quotidien.

Et Belladone savourait ce miracle, plein de gratitude envers Dumbledore et la prose qui lui enivrait des sens en délicieuse léthargie. La ténacité de l’insomnie de ces dernières nuits se rappelant à lui à la ferveur de ses nerfs vaincus pour un temps, les paupières s’appesantissaient dans une lutte gagnée d’avance, combat auquel l’esprit enfin au repos du tendre Professeur n’avait envie d’opposer une quelconque résistance. Une seconde, il lutta un instant, ses yeux d’encre se fixant sans succès sur une phrase qu’il avait déjà lue deux fois, mais qu’il ne comprenait toujours pas. L’héroïne était entrée quelque part ? La chambre à coucher ? Non, peut-être était-ce le salon, ou un feu crépitait dans l’âtre. N’était-elle pas simplement restée sur le seuil ? Un instant, l’image qu’il se faisait de la jeune fille énamourée, l’imaginant avec de grands yeux d’eau qui lui mangeait le visage, se fondit dans le propre boudoir qui lui servait de bureau. Un instant, les flammes Moldus de l’âtre de la cheminée victorienne se mêlèrent au brasier magique qui chuintait de sa mélopée tranquille dans l’écrin du bureau de Belladone. Vaguement, il entr’aperçut sa lueur défaillir, s’étiolant entre les cils d’encre qui se rejoignaient dans une irrésistible union. Et la brutalité du livre qui tombait ouvert sur sa poitrine ne l’extirpait même pas de sa torpeur naissante, ses mains le retenant dans un geste vague, posées à plat sur la couverture.

Avait-il rêvé ce cliquetis de clé qui fouillait la serrure de son bureau ? Ou n’étaient-ce que les réminiscences de sa lecture qui se jouaient de sa torpeur alanguie, apparaissant en ombres mouvantes et en hallucinations floues ? A mesure que les secondes qui n’avaient plus de sens s’égrenaient, cet imbroglio revêtait de moins en moins d’importance. Le cliquetis avait été aussi léger qu’une plume qui se pose sur un arbre un soir de printemps. Il n’avait duré que l’instant d’un battement de cils, et l’esprit de Belladone se surprenait à s’en moquer, s’éperdant enfin dans les tréfonds d’un sommeil miraculeux qu’il n’en pouvait plus d’appeler à corps et à cris.

Mais ce petit bruit de pas timide qui s’approchait, il ne l’avait pas rêvé. Belladone ouvrit un œil brumeux sur la petite fanfare délicate qui martelait l’asphalte de son bureau. Croyant rêver une seconde, il ne dit rien de prime abord. Puis la conscience de la réalité s’imposa, et il se leva comme après une douche froide, parfaitement réveillé, dans un sursaut effarouché ;

- Mademoiselle Lavande ! Mais…

Il avait failli lui demander ce qu’elle faisait là, avant, dans un sursaut de lucidité, de se souvenir qu’il l’avait expressément invitée, en lui offrant le double des clés de son bureau. Elle était plantée là, devant un Belladone plus débraillé que quiconque à Poudlard ne le verrait jamais, les yeux lourds et la cravate relâchée sur sa poitrine. En se redressant, l’ouvrage était tombé à ses pieds. Il le ramassa d’une main hâtive pour le jeter près du sac de Patacitrouilles, passant sa main dans ses cheveux pour les lisser grossièrement, resserrant son nœud de cravate dans un geste distrait. Tâchant de retrouver une contenance étiolée en mille morceaux, Belladone eut un sourire, évitant tant bien que mal de croiser le regard d’émeraude ternie de la plus triste de ses élèves ;

- Vous aviez besoin de calme pour étudier ? Vous pouvez vous installer…

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Lavande Huntergrunt
Lavande Huntergrunt
Âge : 17 ans.
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Reflet du Riséd : Elle n'y voit rien, pas même son propre reflet.
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MessageSujet: Re: Chimères - Lavande  Chimères - Lavande Icon_minitimeVen 8 Avr - 0:06



Chimères

« Bureau du Professeur de DCFM »

Automne 1942

Jamais encore, Lavande ne s'était autant perdue dans la lune que ces derniers jours. Depuis cette soirée où elle avait tenu le corps fin et protecteur de son professeur entre ses bras, senti la caresse de sa barbe soigneusement entretenu contre sa propre joue, et la pression de ses doigts autour de sa taille... la jeune Serpentarde ne faisait qu'en rêver. Elle était rentrée à son dortoir, ce soir-là, avec le sourire épanouie et les yeux rouges. Comme d'habitude, elle troqua ses vêtements contre un vieux pull délavé et un caleçon long de feu son père comme seul pyjama, et s'enfonça dans son lit. Dans ses songes, elle revit ses yeux noirs qui parcouraient la peau de son visage, la douceur de sa chemise dans son poing... c'était comme s'il était toujours là, elle pouvait encore sentir la pression de ses doigts sur son corps, le contact de son épaule contre son cou et de leurs têtes si proches. C'était la première fois de sa vie, d'aussi loin qu'elle essayait de s'en souvenir, qu'on l'avait touché comme ça. La première fois de sa vie aussi, qu'elle avait avoué à quelqu'un le plus sombre secret de son cœur. Elle n'était plus seule. Il était là, avec elle, toujours avec elle : le double des clefs de son bureau pressait et imprégnait son motif contre sa peau. Son cœur ne battait plus à s'en rompre les nerfs, mais sa litanie résonnait encore dans son esprit, du sang ferreux contre le fer de la clef. Jamais de la vie, en se préparant à ce rendez-vous, elle s'était sérieusement imaginée que tout aurait pris cette tournure. Bien évidemment qu'elle s'était imaginée des mains se frôlant, des compliments et peut-être un baiser, ne serait-ce que par fantasme adolescent. Mais ce qu'il s'était passé ce soir-là valait mieux que tous les songes ; ils avaient construit quelque chose de fort ce soir-là.

Pendant les cours, Lavande peinait à se concentrer. Son cœur battait plus loin, amenant son esprit à revivre perpétuellement le même instant de bonheur. Ce court instant qui aura donné l'impression d'être une éternité. Jamais elle n'avait été si heureuse, et cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait passé les buissons de sa clairière de délivrance... et pourtant, il lui semblait bien que quelque chose clochait. Lors des cours que donnait Belladone Raven à sa classe, pas une seule fois leurs regards ne se sont croisés. D'ordinaire, le professeur Raven ne manquait pas une occasion de lui sourire, mais cette fois-ci, c'était comme s'il l'évitait. Lavande tenta de trouver une raison logique à cela : peut-être travaillait-il trop, et évitait-il le regard de tous ses élèves pour ne pas être perturbé dans son cours, peinait-il par fatigue ? Pourtant, au fond de son cœur vicié par l'abandon, elle ne pouvait s'empêcher de se demander si tout était de sa faute. Ne l'appréciait-il plus ? Avait-elle fait une erreur d'autant se dévoiler ? Regrettait-il de lui avoir remis le double de ses clefs qui jamais ne quittait son cou ? Toutes ses questions tournant et se retournant dans son esprit l'empêchèrent un peu plus de se concentrer sur les cours. Elle n'arrivait même plus à répondre à ses rares amies qui l'accompagnaient en classe. Jasper peina à lui faire sortir trois mots, et quand bien même, c'était accompagné de soupirs. Elle qui n'était déjà pas une compagnie très agréable pour les gens de son âge s'enfermait un peu plus dans un âpre silence d'une sourde mélancolie.

Un soir qu'elle rentrait de Potions, Lavande fit un détour dans la salle de bain commune et se nettoya le visage. Aujourd'hui non plus, il ne l'avait pas regardé. Cela l'avait mise dans une colère noire. Elle était à deux doigts de se lever en plein cours pour partir à la clairière ; l'aurait-il suivi ? La jeune fille était en manque de son regard, et elle était prête à tout pour l'obtenir à nouveau. Se brossant les cheveux avec le seul peigne abîmé qu'elle avait dans ses affaires, Lavande fut prise d'une réflexion. Jamais la Lavande de Septembre n'aurait agi de la sorte. Celle-ci aurait tristement baissé la tête et serait retournée dans son cercle vicieux, attendant la mort comme seule véritable et vieille amie. Mais ce n'était plus possible. Une nouvelle vigueur était née en son sein : peut-être la clef n'ouvrait-elle pas seule les portes du bureau de Belladone Raven ? Lavande ne pouvait plus faire comme si de rien était ; elle ressentait une puissance envahir ses veines comme jamais auparavant. Toute la magie qui s'était libérée lors de son sanglot, associé aux résultats toujours plus encourageant de ses cours particuliers avec Grindelwald, lui avait redonné confiance. Pouvait-elle être autre chose qu'un monstre ? Quand elle voit son reflet dans les yeux de Belladone, elle en est persuadée. Il y avait quelque chose, comme de la curiosité et de la bienveillance entremêlées, une obsession rêveuse, une douceur, un poison viscéral dans ses yeux, que Lavande voulait à tout prix goûter jusqu'à ne plus sentir ses lèvres.

Cela devenait pour elle-même une obsession. Elle qui n'avait plus de raison de vivre autre que la violence au bout du tunnel, se rendait compte qu'elle voulait vivre un jour de plus. Une soirée de plus pour boire le thé devant un feu de cheminée avec l'homme de ses pensées. Une nuit de plus pour entendre le son de sa voix. C'était un sentiment si intense qu'il lui tordait le ventre. Jamais elle ne se serait imaginée que l'amour pouvait faire si mal. Mais ce n'était pas comme les autres douleurs : elle ne ressentait pas le besoin de fuir dans la clairière pour se reposer et calmer ses aigreurs, elle n'était pas sur le point d'exploser et de tuer tout le monde. Non... Lavande voulait le serrer dans ses bras, danser avec lui, chanter tout son amour, lui préparer son thé pendant qu'il travaillerait à son bureau, et tendrement embrasser ses cheveux. Était-ce trop naïf de sa part ? Elle se refusait à y penser, l'espoir était un sentiment déjà suffisamment lourd à porter sans y lacérer des pointes de doute.

Ainsi, Lavande termina de brosser ses cheveux, de nettoyer son visage, et fit reluire la clef sacrée à la lueur des meurtrières qui donnaient sur le parc du château. Se rendant à son dortoir, elle remarqua le précieux silence qui y régnait et compris : tout le monde était dans la Grande Salle en train de manger. Lavande avait été si préoccupée par ses malheurs et ses craintes qu'elle avait entièrement oublié sa faim. Mais qu'à cela ne tienne, elle sauta sur son lit, se complaisant dans la joie d'être enfin seule comme durant les vacances scolaires, et se pencha vers son sac pour y récupérer des sachets de patacitrouilles que lui avait offert son professeur préférée. Cela faisait un moment qu'ils étaient dans son sac, car Lavande faisait très attention à ne pas se goinfrer -elle ne voulait pas revenir vers lui pour quémander de nouvelles sucreries- mais à cet instant, le plaisir de ne pas être au milieu de la foule la convainc à prendre une bouchée, puis une autre. Ils avaient un peu séché avec le temps, mais ce serait assez pour remplacer le dîner. Ensuite, Lavande s'arrangea pour faire le tri dans les vêtements qui lui restaient. Le temps se rafraîchissait, même dans le château ; aussi opterait-elle pour sa longue jupe, celle-là même qu'elle avait porté lors de cette dernière soirée, mais troquera sa chemisette dévoilant ses bras nues (vêtement qu'elle avait mainte fois reniflé dans l'espoir de retrouver l'odeur floral du professeur) contre sa chemise d'uniforme, quand bien même celle-ci possédait quelques tâches d'encres au coin des manches. Elle resserra la cravate autour de son cou et soupira : elle ressemblait à une gouvernante du siècle dernier, il ne manquait plus que le chignon. Pire encore, la jeune fille ne se trouvait pas du tout affriolante. Pas un centimètre de peau autre que ses mains et son visage n'était apparent. Elle fut perplexe. Devait-elle ouvrir sa chemise et laisser tomber la cravate ? Après tout, elle n'était pas vraiment au courant des modes... Non, un peu de sérieux. Le froid s'apprêtait à régner en maître, et cela ne rimerait à rien d'attraper une grippe ou pire encore.

Lavande prit son sac en bandoulière et se dirigea vers le quatrième étage. C'était déjà un long chemin à parcourir depuis les cachots, mais elle ralentit volontairement son pas, s'attardant à observer le parc à travers les vitraux d'un couloir. Elle ne souhaitait pas arriver trop tôt, et attendit que les clameurs de la Grande Salle s'estompent dans l'obscurité naissante. Son souffle se perdait entre ses mains glacées, son cœur pressée battait une valse sauvage : il fallait qu'elle voit, vite. Quand il ne resta plus que les torches pour éclairer le couloir, Lavande reprit sa route. Tous les élèves avaient pris le chemin de leurs dortoirs, et une fois de plus, personne ne s'inquiétera de son absence. Passant la porte de l'immense salle de classe, elle prit une profonde respiration : chaque fois qu'elle venait ici de nuit, c'était un nouveau sentiment qui l'étreignait à la gorge, une nouvelle plénitude. Elle monta les marches une à une, consciencieusement, aux rythmes des battements de son cœur, et enfin sortit de sa chemise la clef du paradis. Un simple clic, un seul, suffit à ouvrir la porte. Pour la première fois, Lavande entrait elle-même dans le bureau comme si elle y fut chez elle. Une bouffée de chaleur monta à son visage, et elle ne sut si c'était d'excitation ou si la chaleur ambiante du bureau ne venait pas de l'étouffer. Elle referma la porte derrière elle. La délicieuse pénombre auréolant ces meubles anciens et ces canapés moelleux lui était désormais bien familière. Des larmes lui vinrent aux yeux : elle rentrait à la maison. Le bonheur du foyer, du toit où rien ne peut nous arriver, où un sourire et un mot de bienvenue seront toujours à l'ordre du jour. Elle s'avança dans la pièce et bientôt retint un éclat de surprise : Belladone Raven dormait paisiblement, allongé sur le canapé, un livre sur le torse. Il était si divinement beau que cela en était criminel.


Sa chemise légèrement débraillée, entrouverte par la liberté d'une cravate désordonnée, lui conférait un pouvoir d'une sensualité qu'il ne se serait jamais soupçonné. Lavande resta là, les yeux figés sur la naissance de son cou et de ses clavicules. Elle en salivait. Il ne suffisait que d'une caresse, du rebord de sa joue, sur la soigneuse barbe, pour descendre le long de sa pomme d'Adam jusqu'au creux de cette chemise. La porte ouverte à de plus amples douceurs. Le feu de la cheminée déployait sur sa peau des voiles dansantes et rougeâtres, accentuant un peu plus la beauté sauvage de cet homme d'ordinaire si maîtrisé de lui-même. Comment pouvait-il être aussi insouciant, sans se douter une seule seconde qu'à quelques pas de lui se trouvait une jeune demoiselle au cœur saignant et au corps pur, dont il réveillait sans le vouloir tous les instincts les plus primaires ? Lavande posa doucement son sac au sol, à côté du premier fauteuil, et s'approchait un peu plus. Sa démarche était souple et son pied léger, à l'affût du moindre mouvement de son professeur comme un félin guetterait le souffle de sa proie. Il était devant elle, si fragile et vulnérable, alors même que sa beauté n'avait jamais été aussi agressive. Lavande le fixait sans jamais cligner des yeux, craignant de manquer une seule seconde de cette grâce. Tendre une main, juste un instant, vers ce cou. Y poser un baiser, un seul. Risquer le dérapage, de cette gorge palpitante sous ses lèvres, et ressentir le désir de mordiller cette peau humaine. Ressentir toute la vie battante de son corps contre le sien, et se sentir soi-même en vie, enfin...

Mais la Serpentarde n'en eut pas le temps : alors qu'elle était presque penchée sur lui, ses yeux s'entrouvrirent. Il fut une seconde de silence où leurs regards hagards se croisèrent. Au même instant, ils se redressèrent tous deux avec précipitation. Lavande se recula avant de lui tournant le dos, posant ses paumes sur ses joues et son cou pour les refroidir : son visage était plus écarlate qu'un coucher de soleil. Qu'était-elle sur le point de faire ?! Son corps tout entier lui faisait mal tant chaque centimètres carrés de sa peau avaient été électrisé par cette sublime vision. Ce choc fut sitôt suivi d'une déception, ne pouvait-il pas resté endormi encore quelques minutes ?! Lavande passa ses paumes sur son front, tapota ses joues et frotta ses bras avant de se retourner vers le professeur Raven. Entre-temps, ce dernier avait refermé sa chemise et resserré son nœud de cravate -au grand damne de Lavande- et lui sourit en évitant une nouvelle fois son regard, déclarant qu'elle pouvait s'installer pour travailler dans le calme si elle le désirait. A cet instant, Lavande perdit tout courage. Même seul à seul, il ne croisait plus son regard.

Je... je...

Ô combien cruel, le professeur Raven pouvait être. Sans doute estimait-il au mieux, après tout, Lavande lui avait suffisamment offert de sa confiance pour lui offrir sa vie les yeux fermées, mais tout ceci la blessait terriblement. Elle déglutit et croisant les bras pour se donner de la contenance, lui dit enfin :

Je ne suis pas venue pour travailler.

Mais c'était maintenant elle qui n'osait plus le regarder dans les yeux, après cette phrase qui ne pouvait laisser présager que plus d'intimité. Se mordant les ongles, Lavande se força à fixer la nuque de Belladone pour mieux lui demander :

Je suis venue vous poser une question... je ne... je ne veux pas que... enfin... s'il vous plaît, pourquoi vous ne me regardez plus dans les yeux ? Quand nous étions en cours, avant, vous me regardiez et depuis que je vous ai dis pour mon secret, j'ai l'impression que vous m'évitez. S'il vous plaît, regardez-moi.

Je vous en supplie, regardez-moi. Sa voix s'amenuisait derrière ses doigts. Elle avait besoin de lui pour vivre, plus que jamais... à tel point qu'elle craignait d'avoir besoin de toujours plus, toujours plus, et qu'un jour, cela soit impossible. Cette petite plante verte des marais, n'ayant jamais vécu que d'eau boueuse, goûtait pour la première fois de sa vie à une eau pure, scintillante, qui provenait directement du ciel une nuit de pleine lune. Elle ne pourrait plus s'en passer, le comprendrait-il ?

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Belladone Raven
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MessageSujet: Re: Chimères - Lavande  Chimères - Lavande Icon_minitimeVen 2 Sep - 12:37



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« Bureau du Professeur de DCFM »

Automne 1942

Non, Belladone n’avait pas rêvé. Là, dans l'affolement d’un réveil en sursaut, son esprit embrumé ne parvenait pas encore à décider s' il aurait préféré la rêver ou non, cette présence en face de lui. Bien sûr qu’il avait envie de la voir. Mais après avoir lutté si fort contre sa propre volonté à lui, contre sa culpabilité dévorante, et surtout contre ses grands yeux implorants à elle, dont il faisait mine de ne pas voir l’émeraude pâlie et dévastée en salle de classe, voilà qu’elle réapparaissait, et qu’il fallait tout reprendre depuis le début. Mais il n’en avait plus la moindre envie, à présent qu’elle était là, dans tout l’élan de ce courage qu’il n’avait pas eu, et qu’elle le regardait de toute la hauteur de sa petite taille, et qu’il n’était pas du tout présentable, et qu’il avait la fâcheuse manie de rougir beaucoup trop vite. Parce qu’il aurait juré l’avoir vu penchée sur lui, entre ses cils qui s’entrouvraient sur le monde, mais parce que la demi-seconde d’après elle était droite et immobile devant lui, il n’aurait pas pu promettre qu’il n’avait pas rêvé ce visage penché tout près du sien, et le souffle tiède contre sa barbe. Mais après s’être fustigé de son indécence ces derniers jours, se permettre un tel rêve n’arrangeait rien à l’écume de remords qui lui empoisonnait l’âme. La situation non plus. La pauvre Lavande n’y était pour rien. Il lui avait offert ce jeu de clés, en lui faisant promettre de ne pas hésiter. Et au lieu du calme de sanctuaire qu’il lui avait juré de mettre à sa disposition, voilà qu’elle trouvait son Professeur endormi, échevelé et débraillé.

Belladone se redressa comme sur un ressort, ses yeux rivés sur le bouton de sa chemise et le nœud de sa cravate qu’il s’évertuait à nouer lui donnant l’excuse idéale pour ne pas croiser le regard d’émeraude de sa trop triste élève. Il pouvait pourtant remarquer qu’elle portait la même jupe que lors de leur dernière entrevue, un peu élimée aux ourlets, ainsi que sa chemise d’uniforme, aux manches tachées d’encre au niveau des poignets. Un instant, le cœur de Belladone se serra. Et, malgré l’enfer de ces derniers jours, l’irrépressible envie de la prendre dans ses bras vint de nouveau lui marteler la poitrine, l’étouffer et annihiler tous ces scrupules qui lui avaient ôté le sommeil. Il n’en fit pourtant rien, s’en remettant encore au courage de la jeune fille, qui semblait puiser dans ses ultimes ressources pour parvenir à bredouiller deux mots entrecoupés. Et cette fois-ci la culpabilité revint au galop, parce qu’il se sentait lâche, qu’il n’avait pas le droit de lui laisser porter la responsabilité de son indécence à lui sur ses frêles épaules qui vacillaient déjà beaucoup trop.

Pourtant, ce fut elle encore qui trouva la hardiesse de mettre les pieds dans le plat. Les yeux lâchement rivés devant lui, Belladone, toujours assis sur son divan mais alerte, la vit croiser les bras dans une posture autoritaire qui aurait presque pu lui faire penser à sa collègue Minerva. Et cette imitation inconsciente, parfaite, aurait pu l’amuser, si toute cette situation ne lui paraissait pas aussi dramatique. Et cette voix. Ce ton impérieux, grave et sans appel, d’un calme glacial. Soudain, sous l’inflexion de cette voix qui ne s’était pourtant pas élevée d’un pouce, Belladone leva les yeux. Pourtant, il ne réussit pas à croiser l’émeraude ternie qu’il s’était appliqué à fuir ces jours derniers. C’était là le talon d’Achille de l’autorité d'apparat que s’était forgée Lavande. Comme si ce regard qui ne se plantait pas dans le sien prouvait sa détresse, et l’énergie qu’il lui avait fallu pour feindre une sévérité qu’elle n’avait pas envie de jouer, mais à laquelle la lâcheté de son Professeur la contraignait.

Elle, elle affrontait. Plus que lui, Professeur certes mais enfant de bourgeois trop habitué au coton au creux duquel son existence avait été embrumée, trop habitué à n’être coupable de rien et à se tenir bien trop tranquille pour ressentir ne serait-ce que les prémisses des affres de la culpabilité qui le rongeait aujourd’hui. Sa chevelure d’encre venait visiblement d’être peignée. Elle paraissait lisse, brillante et soyeuse, et, grâce au feu qui l’auréolait derrière, on aurait cru qu’une myriade d’étoiles avaient décidé d’y élire résidence. Avec sa longue jupe et sa chemise boutonnée jusqu’en haut, elle avait un air très sage, et Belladone se sentit attendri plus que de raison par cette image de douce jeune fille qu’elle lui renvoyait, malgré qu’elle vienne de lui asséner qu’elle n’était pas là pour travailler. Et dans cette affirmation impérieuse, il y’ avait la promesse que Lavande comptait bien venir chercher l’explication qu’il lui refusait, de gré ou de force. Et n’était-ce pas ce qu’elle faisait déjà, plantée devant lui, vacillante mais déterminée ? Ne cherchait-elle pas à le prévenir de l’orage qui menaçait de s’abattre sur sa tête, à présent qu’il lui avait fait l’affront de l’ignorer ?

Belladone attendit une tempête qui ne vint pas. Peut-être eut-il préféré cela au discours précautionneux de Lavande qui s’éleva, doucement, comme pour lui briser le cœur. Il y percevait la supplication, le ton implorant d’une personne injustement blessée qui réclame une explication à l’affront qui lui a été fait. Et tandis qu’il obéissait enfin, c’était elle qui ne regardait plus. Alors, comme lors de cette fameuse soirée où il s’était enhardi au point la serrer au creux de ses bras, cette fois-ci il comprenait que c’était à lui, encore, d’agir en homme, en Professeur et en référent. Ce n’était pas à elle de subir le joug de ses atermoiements. Prenant une longue inspiration, exhalée de ses lèvres encore pâlies de sommeil, Belladone lui montra du doigt le fauteuil le plus proche du divan ;

- Asseyez-vous, s’il vous plaît Mademoiselle.

Comme pour se donner contenance, et occuper ses mains, Belladone s’était saisi de sa baguette. En un instant, c’était toute la douce cacophonie de la préparation du thé qui se mettait en branle. La bouilloire qui sifflait et l’eau brûlante qui se déversait dans la théière de porcelaine. Les tasses et les soucoupes délicatement peintes d’entrelacs de fleurs roses et bleues qui clinquèrent lorsqu’elles prirent place sur la table basse. Quelques minutes de silence pesant, entrecoupé du craquement de la grosse bûche dans l’âtre, et du sifflement de la bouilloire, quand la théière vint léviter avec douceur sur la table basse, dégageant les effluves d’un puissant thé noir, dont Belladone se hâta de servir deux tasses brûlantes, accompagnées d’une assiette en porcelaine remplies de sablés anglais au beurre. Avec prudence, le jeune Professeur saisit la tasse au creux de ses paumes, après l’avoir abondamment sucré, tâcha d’avaler une gorgée du puissant breuvage pour se donner un semblant de contenance. Mais il était définitivement trop chaud. Belladone le reposa avec une grimace, et prit un air décidé, enfin prêt à ne plus retarder l’échéance, et à se conduire en homme. Après tout, il y était déjà parvenu, une fois ;

- Vous avez raison. Je vous ai traité injustement, et mon comportement n’a pas été digne de celui d’un Professeur. Ce soir-là, vous aviez beaucoup de peine, et j’ai réagi dans l’urgence, comme sans doute je l’aurais fait en temps normal, ni plus ni moins. C’était sans compter mon statut, mais surtout les responsabilités et l’autorité qu’ils me confèrent. C’était inconvenant. Je vous prie de bien vouloir m' excuser. Ainsi que cette ignorance que vous n’avez pas mérité. Mais cela ne change rien à ce que nous avions convenu, rassurez-vous. Vous pouvez venir ici autant que vous le voudrez, vous ne me dérangerez pas.

Tout cela sonnait très formel, et surtout un peu faux. Le déni restait un ennemi puissant, terré au fond d’yeux qui croyaient voir clair. Belladone avait l’impression, en s’enfonçant dans le reniement de ce qu’il avait réellement ressenti dans l’étreinte, de se comporter en chevalier servant, honorable, faisant fi de ses propres émotions dans le but de protéger sa jeune élève qui n’aurait dû songer qu’à ses études et à ses projets d’avenir. Certains approuveraient cette façon de penser. D’autres, pourtant, verraient là une énième preuve de sa grande lâcheté à l’égard de la jeune fille, et de ses propres sentiments qu’il se plaisait à refouler dans les affres de sa mélancolie. Oh, il pouvait le nier autant qu’il le voulait. Mais ces derniers jours lui avaient prouvé à quel point il était assoiffé et perdu, sans la source d’émeraude ternie à laquelle il s’était arraché tout seul. Avec quelle légèreté la mélancolie qui s’était abattue comme une chape de plomb sur ses épaules s’était délestée sous les effluves de savon de la chevelure parsemée d’étoiles. A quel point sa seule présence ici, aussi triste et terne soit-elle, lui insufflait au cœur la vaillance dont il s’était cru dénué pour toujours, après cette soirée-là.

Pour lui prouver sa repentance, et parce qu’il en mourrait d’envie, Belladone planta l’encre insondable de son regard dans la mélancolie du sien. Là, auréolée par les flammes, les joues rosies par l’audace qu’il n’avait pas eu, elle était si jolie que le cœur de Belladone parut exploser au fond de sa poitrine. Et comme il se sentait imbécile, de s’être privé d’une telle contemplation ces jours derniers ! A présent que son regard se fondait dans le sien, la conviction qu’il serait incapable de l’y arracher de nouveau vint lui sourdre au creux des veines, dans une vérité immuable. Même s' il le voulait, il ne serait même plus capable de recommencer. Alors, non seulement il la regardait, mais il lui offrit un tendre sourire, enthousiasmé par sa compagnie qu’elle avait eu le courage de venir chercher d’elle-même ;

- Eh bien, comment se passent vos cours en ce moment ? Le Bal de Noël approche à grands pas, et j’ai l’impression que les jeunes filles y pensent beaucoup plus qu’à leurs études, en ce moment, ce qui peut se concevoir, même si je ne devrais pas le dire. Oh mais…Prenez un sablé, ils sont délicieux. Ils viennent d’une boutique Moldue à Londres, c’est le Professeur Dumbledore qui me l’a fait connaître. On peut dire qu’il s’y connaît en confiseries.

Comme pour l’encourager, Belladone s’empara lui-même d’un des gâteaux épaissi par le beurre, et délicieusement recouvert de sucre glace. L’enthousiasme mêlé au malaise le rendait bavard, volubile,et surtout, la légèreté de son verbiage le rassurait, l’empêchait de songer à la gravité de ce qui se passait entre eux, de ce qu’il ne voulait pas voir et pas accepter. Pas encore. Avec un sourire à l’attention de la jeune fille, Belladone mordit dans son sablé. Ils étaient délicieux. Ils lui plairaient.


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