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Ananas, Framboise et Chocolat.

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Belladone Raven
Belladone Raven
Âge : 28 ans
Sang : Sang-Pur
Nationalité : Anglaise
Patronus : Un corbeau
Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal
Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
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MessageSujet: Re: Ananas, Framboise et Chocolat.  Ananas, Framboise et Chocolat. - Page 3 Icon_minitimeVen 5 Fév - 12:11



Ananas, Framboise et Chocolat

Bureau du Maître des Potions

Octobre 1942

Slughorn avait approuvé l’idée de Belladone avec toute la bonhomie qui lui était coutumière. Le sourire de Belladone s’élargit un peu plus à l’évocation de la fierté de son frère. Il s’agissait là d’un euphémisme poli, pour qualifier l’orgueil démesuré de celui qui portait beaucoup trop bien son prénom. Et lorsque le Maître des Potions lui assura compter sur son soutien pour tempérer ces accès de prétention, les embruns d’alcool aidèrent Belladone à exprimer sa perplexité par un bref éclat de rire.

- Je ferais de mon mieux, je vous le promets…Mais vous savez, mon aîné n’est pas le genre à se laisser dicter sa conduite…Surtout par le petit dernier de la fratrie !

Belladone eut de nouveau un bref éclat de rire, décomplexé par le rhum et le vin qui l’enivraient plus que de raison, s’imaginant la dignité outragée qui froisserait les traits du talentueux Narcisse, si d’aventure son fragile benjamin s’osait à l’audace de lui faire la leçon. La prudence s’étiolait pourtant, à mesure que s’épaississait les brumes exhalées par les nectars d’une exceptionnelle qualité de celui qui, décidément, n’était pas le Directeur des rusés sans raison. Car un froncement de sourcils de Slughorn avait accueilli l’objection timide de Belladone, à l’idée que Kanaeko calque ses pas sur le sillage triste de la douce et malheureuse Lavande. Comme s’il s’offusquait d’être contredit par cet ancien élève fragile et joufflu, ou comme s’il s’étonnait qu’en à peine une saison, Belladone se targue déjà de connaître suffisamment bien la farouche Née-Moldue pour suggérer que l’initiative ne lui plaise pas.

Aussi le jeune homme n’osa plus rien désapprouver lorsqu’Horace ajouta qu’il convoquerait les deux jeunes filles dans le but de leur exposer son plan. S’il avait l’intime conviction que la proposition ne plairait pas à Lavande, au moins avaient-ils évité la déplaisante idée de la faire suivre par ce trop charmant et trop talentueux jeune garçon. De plus, la franchise, le courage et l’honnêteté de Kanaeko inspiraient confiance. Avec elle au moins, Lavande ne risquerait rien. Et le sourire de Belladone réapparut à mesure que la conversation s’allégeait, Gellert ayant complimenté la qualité du vin qui, indéniablement, restait exceptionnelle. La réputation d’hôte d’Horace Slughorn n’était en rien exagérée. Le jeune Professeur acquiesça à la déclaration d’Horace par un hochement de tête enthousiaste, approuvant ces dires en plongeant une fois de plus les lèvres au creux du nectar pourpre et délicat.

Slughorn, qui restait bien plus qualifié pour répondre de la question du niveau de bêtises perpétré par maison que le fraîchement nommé Professeur Raven, paraissait plus mitigé. Il semblait pourtant à Belladone que l’écrasante moitié des remontrances et punitions administrées à Poudlard revenaient aux maisons du Lion et du Serpentard. Les fauteurs de trouble existaient au sein des deux autres maisons, certes. Mais les méfaits des Poufsouffle lui paraissaient majoritairement plus timorés, et ceux des Serdaigle bien rares. Mais sans doute son regard, malgré sa bonne volonté, restait-il partial. L’équité de jugement prendrait sans doute un peu de temps, ce qu’il chercha à faire comprendre à la petite assemblée d’un ton joyeux ;

- Certes non ! D’autant que chaque maison regorge de formidables élèves ! Enfin, vous n’ignorez pas la tendresse qui me lie à la maison Serdaigle, et je crains que parfois elle ne fausse un peu mon jugement !

Belladone eut un bref éclat de rire, se saisissant du couteau pour se couper une belle tranche de pain qu’il tartina généreusement d’une épaisse couche de beurre. La tartine destinée à accompagner son jambon prête, il y mordit à pleines dents, conscient de la vigueur que les mets splendides pourraient l’aider à retrouver, à présent qu’il s’était rendu fébrile à force de boire. Horace prêtait un intérêt à son avis auquel il n’était guère habitué, et qui le fit rougir de nouveau. Il comprenait ses craintes relatives à la petite terreur aux boucles blondes dont l’audace et la cruauté paraissaient sans limites. Pourtant Belladone s’en remettait au jugement d’Horace, plus mitigé, plus fin et, en toute honnêteté, beaucoup plus empreint de discernement que celui du trop tendre jeune homme, qui commençait à admettre –l’alcool aidant- sa partialité totale relative au sort de la malheureuse Lavande. Belladone riva les yeux sur son collègue et hôte et hocha la tête avec humilité, le Maître des Potions restant indéniablement le plus qualifié pour s’occuper de la scolarité de la terrible nouvelle recrue de sa Maison ;

- Bien entendu, vous êtes le plus qualifié pour juger de la situation. Ce que j’ai vu m’a bouleversé, aussi mon jugement manque sans doute de clarté. Il est vrai qu’elle reste très jeune et qu’elle a évolué au sein d’une idéologie crasse et surannée…Aussi, laissons-lui la chance d’évoluer à Poudlard, qui reste définitivement un endroit plus sain pour une fillette…

Concernant le mensonge éhonté relatif à la paternité de Desiderata, qu’elle jetait au visage de qui voulait l’entendre, Horace semblait approuver sans restriction les arguments de Belladone qui en arguaient la stupidité. L’intelligence de la fillette n’était pas mise en cause. Un mensonge proféré par l’entourage tout entier depuis le berceau ne pouvait qu’être cru et assimilé comme une inébranlable vérité. Mais la famille avait-elle réfléchi un instant ? Une vérification grossière des dates suffisait à faire s’effondrer le château de cartes, l’édifice branlant de cette pseudo-vérité qui ne tenait pas debout. Belladone approuvait d’un sérieux et vigoureux signe de tête la petite litanie d’Horace.

Gellert était resté silencieux jusque-là. Mais à sa proposition de s’amuser un peu, les regards s’étaient soudainement braqués vers lui. Sans doute était-il très satisfait du petit effet produit par sa déclaration, car sa main fouillait avec une lenteur manifeste au creux de sa poche, et c’est avec un léger sourire taquin qu’il en ressortit cette chicha qui avait provoqué une violente quinte de toux au pauvre Belladone qui avait pris le risque de s’y essayer. De fait, le jeune homme ne pouvait que comprendre la stupéfaction émerveillée d’Horace, sa réaction ayant été similaire. Devant l’honneur qui leur était fait à tous deux, Slughorn paraissait sincèrement ému. Un peu troublé aussi, lorsqu’il proposa à Gellert d’installer son légendaire instrument. L’alcool et l’honneur l’enhardissant sans doute, le Maître des Potions s’osa à évoquer le don de double vue du célèbre Grindelwald, allant même jusqu’à le questionner quant à son utilisation depuis sa sortie d’Azkaban.

Gellert ne semblait nullement se courroucer de la curiosité ambiante qui régnait en maîtresse au cœur de la soirée. Même il rassura Horace, enchaînant sur une litanie relative au Don de Divination et aux interrogations de Dumbledore qu’il partageait, quant au fait que son enseignement se révèlerait inutile à quiconque ne dispose de ce talent inné. Belladone ne dit rien, se contentant d’écouter Grindelwald. Son esprit cartésien et son goût des sciences exactes le rendait circonspect, méfiant presque en l’étude de cet art qu’il considérait comme nébuleux. Il ne niait pas le don de son improbable ami –certaines de ses célèbres prédictions s’étant, de plus, révélées irréfutables-, mais n’était pas prompt à considérer cette pratique comme une vérité ou une science, cet art restant à manier avec prudence selon lui.

Gellert, au moins, avait cette honnêteté relative à son indéniable talent en la matière, puisqu’il avouait ne pas être totalement maître des visions qui s’imposaient à lui. Et Belladone avait beau être dubitatif, il pouvait se targuer de louer la logique et le rationnel ; quand Grindelwald annonça qu’une de ses visions le concernait, il renvoya au léger sourire de son ami un regard d’encre écarquillé et une bouche entrouverte de stupéfaction. Sa tartine lui glissa des mains tandis qu’un mélange d’inquiétude, de curiosité et d’avidité le saisit soudain à l’idée d’entendre ce que le grand Gellert Grindelwald pouvait avoir à lui prédire. Tâchant de reprendre avec sa contenance une mine moins idiote que celle qu’il devait arborer là, il s’en enquit ;

- Mais…Vous ne m’en avez jamais parlé ? Est-ce récent ? C’est donc une mauvaise nouvelle ?

Belladone fronça les sourcils devant son ami qui souriait toujours, se demandant vaguement s’il prenait plaisir à le torturer, tandis qu’il expliquait à son petit auditoire que la fumée de son instrument était plus pratique pour exposer ses visions à un large public, comme ceux qui venaient l’applaudir des quatre coins du globe durant ses heures de gloire. Il leur fit l’immense honneur de proposer d’essayer, et si Horace se hâterait sans doute de céder à l’irrésistible proposition qui ne se présenterait peut-être jamais plus, Belladone passait son tour. La violente quinte de toux la première fois lui avait suffi. Définitivement, il ne serait jamais homme à fumer.

- Merci Gellert…Commença Belladone qui tendait son assiette au creux de laquelle son ami empilait les dites côtelettes. Toutefois, sans vouloir passer pour un ingrat, la première tentative m’a suffi. Je ne voudrais guère reproduire le quasi-étouffement de la fois dernière.

Belladone eut un sourire mi-amusé, mi-navré, tandis qu’il rivait son regard sur son assiette pleine de côtelettes et son verre de nouveau rempli par les soins attentionnés de Grindelwald, laissant à Slughorn le plaisir de découvrir cet instrument et de satisfaire son insatiable curiosité que l’ancien mage noir, magnanime, semblait prêt à combler, ce soir.


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Horace Slughorn
Horace Slughorn
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MessageSujet: Re: Ananas, Framboise et Chocolat.  Ananas, Framboise et Chocolat. - Page 3 Icon_minitimeSam 20 Fév - 17:58



Ananas, Framboise et Chocolat.

« Bureau du Maitre des Potions »

Octobre 1942

Le bref éclat de rire du jeune professeur fit lever un sourcil au Maître des Potions. Il se doutait bien qu'il allait être difficile de maîtriser l'orgueil un peu trop farouche du jeune Auror. Mais il espérait, tout de même que, le moment venu, Belladone ce souvienne de ses paroles et arrive tout de même à calmer son frère histoire qu'il ne discrédite pas, malgré lui, ce noble métier. Après tout, ils ne sont que peu nombreux au ministère et de nouvelles recrues sont toujours bonnes à prendre. Si Narcisse devait venir, il fallait que ce soit pour qu'il promouvoit ce métier difficile qui ne laisse que peu de place à une vie de famille.

Mais il eut un léger sourire à la remarque du jeune professeur concernant son ancienne maison. Il est difficile de rester impartiale et le vieux Slugh était bien placé pour le savoir étant donné qu'il était lui-même Directeur de Serpentard. Il ne le reconnaîtra pas ouvertement, mais Serdaigle était, en effet, l'une des maisons qui posait le moins de problèmes... Mais, outre leur côté « enfants sages », ils ont aussi leur défauts. La plupart sont très érudits, mais peu d'entre eux le montrent ouvertement, certains étant trop timide, trop introvertis pour répondre de façon spontanées aux questions orales. D'autres sont trop imbus de leur personne, au point même de remettre en cause la parole de leur professeur. Tout cela pour revenir au problème initial : Aucune maison n'est parfaite.

Une nouvelle fois, Slughorn hocha la tête concernant la conclusion de Belladone sur Desiderata. Il ne lui faisait aucun doute que l'ancien Serdaigle finirait par devenir un bon professeur, partial et juste. Il lui faudra juste un peu de temps, quelques erreurs de parcours pour mieux comprendre, mieux s'adapter. Il eut un sourire et une grande sympathie brilla dans son regard. En y repensant, il regrettait que ce jeune homme ait si peu de pouvoirs, car il avait tout pour devenir un grand sorcier. Pour quelqu'un comme le Maitre des Potions qui vénérait tant le talent, il s'agissait là d'un gâchis tragique.

L'ancien mage noir était resté silencieux, mangeant calmement. Mais le vieux Slugh ne doutait pas un instant qu'il écoutait toute leur conversation avant de sortir le crâne chicha de sa poche. Finalement, le mage noir lui répondit avec un air nonchalant que la curiosité ne le dérangeait guère. A la fois intrigué et intéressé, le Maitre des Potions posa ses couverts et l'écouta. Alors, ils étaient tous d'accord sur ce point-là. Nul doute que le don de double vue n'est pas donné à tous et le proposer en option à Poudlard était une chose qu'il désapprouvait également, mais qui était-il pour aller contre le jugement du Professeur Dippet ? Cependant, il avait à présent l'avis d'un véritable voyant. Cette fin de phrase fit sourire Slughorn qui ne put s'empêcher de penser à une fillette de sa maison, mais il n'en dit rien pour le moment, le laissant terminer... Cette explication piqua sa curiosité à vif et son regard alla sur Belladone qui, visiblement décontenancé par cette révélation, demanda plus d'informations à son ami qui ne lui répondit pas tout de suite. Cela ne regardait probablement pas Horace et ce dernier ne voulait pas forcément être mis au courant. Connaître l'avenir peut se révéler parfois dangereux et nous pousser de façon inéluctable vers ce destin funeste (car la plupart des prédictions sont de mauvais augure).

Le vieux professeur restait silencieux, laissant son nouveau collègue expliquer comment fonctionnait le système d'écran de la chicha, l'air passionné par ses explications. A sa proposition, Belladone sous-entendit l'avoir déjà essayé ce qui fit lever un sourcil songeur à Slughorn. Alors, ces deux-là devait être bien plus proche qu'il ne le croyait... Enfin, contrairement à son jeune confrère, Slugh ne se fit pas prier :

« Eh bien, ce serait avec plaisir en ce qui me concerne, Gellert. Je pense même que ce sera parfait avec le dessert. »

Il laissa ses invités se servir et en profita pour poser quelques questions :

« Vous savez, je suis tout à fait d'accord avec vous. Tout le monde n'a pas le troisième œil et les cours de divinations n'ont, bien souvent pas lieu d'être. Mais, parfois, il permet de révéler des talents. Voyez vous, il y a une jeune fille de ma maison qui s'est révélé être une brillante voyante alors qu'elle entame tout juste ses cours de divination en troisième année ! Après, il fallait s'y attendre avec une telle ascendance. J'ai appris l'année dernière qu'elle était l'arrière petite fille de Cassandra Trelawney. D'ailleurs, vous l'avez sûrement déjà rencontré, cette petite ! Elle a pris rune en option également : miss O'Gerthy. »

Il était fort probable qu'il puisse aider cette fillette également à s'élever et devenir aussi célèbre que son arrière grand-mère malgré son handicape. Le fourbe directeur de la maison au serpent d'argent pensait déjà à inviter cette petite à ses petits dîners si elle tenait toutes ses promesses d'avenir. Il hésita un instant, le temps de se servir à son tour en côtelettes et en alcool (ses joues et son nez devenant de plus en plus rouges), il s'adressa à ses deux invités :

« J'aimerais vous demander, à vous Gellert qui avez de l'expérience en voyance, mais à vous aussi Belladone, si vous pensez qu'il est bon de connaître l'avenir, le sien ou celui d'une autre personne ? »

Cette question risquait de mettre un peu de plomb dans l'ambiance et, en sa qualité d'hôte, c'était hautement risqué. Mais l'alcool et la curiosité prenait le pas sur tout le reste pour le moment.

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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Ananas, Framboise et Chocolat.  Ananas, Framboise et Chocolat. - Page 3 Icon_minitimeDim 28 Fév - 11:41



Ananas, Framboise et Chocolat

« IN TABERNA QUANDO SUMUS »

Automne 1942.

Les yeux achromatiques de Gellert se posèrent sur son verre à nouveau vide quand Belladone demanda des précisions sur cette vision qu’il avait dit avoir à son sujet. À combien de verres était-il déjà ? Le compte était déjà perdu depuis un moment, même s’il n’avait pas fait réellement d’efforts pour essayer de s’en souvenir. Peut-être aurait-il dû. La potion que lui avait faite Albus avait visiblement ses limites, sentant ses joues s’imprégner d’une douce chaleur et sa langue se déliait d’une franchise un peu trop enthousiaste. Peut-être était-ce seulement la joie de se retrouver au milieu d’une compagnie agréable, loin de la propre prison de son esprit. Avec Belladone et Slughorn, il profitait de cette trêve qu’on lui accordait, loin de ses terreurs nocturnes des réminiscences d’un passé houleux qui avait laissé plus des traces dans l’âme de Grindelwald que celui-ci voudrait bien l’admettre. Sentant ses entrailles se crispaient légèrement – et la digestion n’y étant pour rien –, il préféra sourire, chassant cette aura sombre qui commençait à lui engourdir l’esprit et se servit attentivement un nouveau verre. Noyer ses angoisses dans l’alcool n’était certainement pas une solution durable, mais elle était la meilleure qu’il avait pour le moment.

Malgré son léger sourire, il se garda pourtant bien de dire à Belladone ce que contenait sa vision. D’une part, elle était bien trop personnelle. De l’autre, elle s’avérait bien funeste. Quelque part, une partie de Grindelwald niait ce qui allait potentiellement se produire. Tout comme la véritable raison de sa reddition et de sa présence à Poudlard, le repenti avait la fâcheuse habitude de penser qu’il pourrait tout gérer tout seul, gardant ses secrets pour lui. Pourtant, dans le cas de Lavande, il aurait besoin de toute l’aide disponible. Mais le mariage était également un engagement fort et lourd en conséquences et sacrifices. De plus, détail important, Belladone était le professeur de la jeune fille. Au-delà de leur différence d’âge, il était également une figure d’autorité. La question de la moralité germa alors dans l’esprit de Gellert qui n’était certainement pas le mieux placé pour faire des leçons sur ce sujet-là. Il se tourna alors vers Belladone. Ce dernier avait le droit à une réponse. Il ne pouvait pas le laisser là, sans rien dire de plus. Cela lui permettrait également de choisir avec soin ses mots pour éviter de brusquer la sensibilité du jeune homme. Et puis, il ne s’agissait que d’une vision. Et malgré le caractère versatile de ces dernières, Gellert était bien placé pour savoir ô combien elles pouvaient empoisonner l’esprit.

— En temps voulu, Belladone. Ne t’inquiète donc pas.

Il marqua une pause, regardant son ami droit dans ses yeux d’encre. Puis, il haussa les épaules.

— Si c’était vraiment grave ou urgent, je t’en aurai déjà fait part.

Il reporta son attention sur son assiette, continuant de savourer les délicieux mets que Slughorn leur proposait ce soir. D’une oreille, il entendit Belladone décliner poliment la chicha, disant que sa première expérience avait désastreuse. Gellert ne put contenir un petit rire amusé.

— Allons, tout le monde s’étouffe la première fois. C’est à partir de la seconde que cela devient agréable.

Les yeux taquins et le sourire espiègle, il regardait son ami avec nonchalance. Il ne voulait bien évidemment pas le forcer à quoique ce soit mais il devait avouer qu’il éprouvait un plaisir coupable de voir Belladone se renfermer légèrement de gêne. C’était d’ailleurs bien trop facile de voir ses joues rosir doucement de honte et Gellert devait avouer qu’il ne s’en lassait pas, même s’il n’avait, bien évidemment, aucune intention malveillante à son égard. C’était seulement une taquinerie, certes puérile, mais inoffensive.

Slughorn parla alors de la divination enseignée à Poudlard et semblait rejoindre son avis sur le fait qu’elle ne devrait pas être à la portée de tout le monde. Gellert acquiesça d’un signe de tête. La matière devait être disponible pour ceux possédant un véritable don et non être une perte de temps pour la grande majorité des élèves qui auraient fait l’erreur de la choisir. Le maître des potions parla alors d’une élève de sa maison et l’ancien mage noir comprit instantanément de qui il parlait. Si Grindelwald ne connaissait Cassandra Trelawney que de nom, il se doutait qu’elle semblait être un personnage important dans l’Histoire de le magie britannique. Il eut alors un sourire, se souvenant de la discussion un peu houleuse qu’il avait eu avec l’enfant, quelques semaines auparavant.

— Oui, je la connais. Concentration un peu fugace et aléatoire mais qui ne porte pas beaucoup préjudice sur son travail. Cependant, je crains qu’elle ne fasse partie de ces gens qui ont le don fâcheux de s’entourer de personnes qui ne leur conviennent pas.

Instinctivement et involontairement mais poussé par sa propre culpabilité, il jeta brièvement un regard à Belladone avant de reporter son attention sur Slughorn.

— O’Gerthy semble s’être prise d’amitié pour Rosier. S’il ne s’agit que d’enfants, j’ai du mal à penser que Rosier aura une bonne influence sur elle. Sauf si elle change rapidement de comportement. Mais j’ai dû mal à croire qu’une enfant ayant déjà des a priori si fermés et extrêmes sur les personnes qui l’entourent puisse se prendre d’affection pour une camarade présentant une… différence.

Peut-être était-ce seulement sa mauvaise expérience à Durmstrang qui lui faisait penser que les étroits d’esprit ne puissent pas faire preuve de compassion. Il s’imaginait Hjalmarson se lier d’amitié avec un aveugle ou un estropié et quelque chose ne coïncidait pas, même si ses alliés les plus proches semblaient tous souffrir d’un manque flagrant d’intellect. Il se recentra alors sur le sujet :

— Je garde les deux à l’œil. Surtout O’Gerthy. Je n’aimerais pas que cette enfant fasse des choix qu’elle regretterait par la suite.

Il sourit alors avec bienveillance. Il était un professeur désormais. C’était son rôle de protéger et d’encadrer les élèves de l’école. De plus, s’il avait été libéré de Poudlard pour trouver le prochain mage noir, autant s’acquitter de sa tâche avec sérieux et implication. Et Desiderata faisait partie de sa liste de suspects. La discussion avec ses collègues ce soir, à défaut d’avoir apporté des réponses solides et concrètes (ce à quoi il ne s’était pas attendu de toute façon), lui avait permis d’affirmer ses doutes sur certains individus et d’en effacer certains pour d’autres. Bien évidemment, il en ferait part à Albus, même s’il se doutait qu’il n’apprendrait certainement rien de nouveau à ce dernier. Slughorn l’arracha alors de ses pensées, posant alors une question à laquelle Gellert n’avait jamais songé. Il le regarda quelques instants, cherchant ses mots et ses arguments. L’image d’un Albus vieillard et affaibli à l’extrême supplier son bourreau puis se faire percuter par un sortilège de mort en pleine et ensuite basculer dans le vide figea le visage de Grindelwald dans une expression de gravité. Il songea également à sa propre mort, seul dans une cellule et du visage défiguré par la magie noire de son meurtrier ou de sa meurtrière. Son visage recouvra pourtant rapidement son sourire même si son regard s’était perdu dans le vide.

— C’est une question difficile. Tout dépend de l’avenir que l’on y voit. Les visions sont changeantes et ne sont pas une science exacte. Cependant, il se peut qu’elles s’avèrent être vraies également. Il y a un caractère très incertain avec elles et il devient très difficile de prendre une réelle décision. Si l’on choisit d’agir en fonction d’elles, c’est faire un pari risqué sur sa propre vie.

Il marqua une pause et son sourire s’élargit un peu plus.

— C’est à cause d’une vision que j’ai choisi de me rendre, il y a plus de quinze ans. Je ne vous en dévoilerai pas sa nature mais je pense qu’on peut le qualifier d’un coup de tête. Au final, ce n’était peut-être pas si mal, comme décision.

Il finit son verre de vin d’une traite, comme si cela pouvait lui faire noyer ce qu’il risquait de révéler en plus. Cependant, c’était bien l’alcool qui lui déliait la langue.

— La seule chose que je peux vous dire, néanmoins, mais vous vous en doutez sûrement, c’est qu’il s’agit d’un destin tragique. Un destin tragique que j’aimerais… éviter. Je vous ressers du vin, Horace ?

Il savait que la curiosité de ses deux collègues serait démesurément grande, surtout dans leurs deux esprits vifs. Une foule de questions devait se bousculer dans leurs têtes mais Gellert devait garder la pudeur de ne pas y répondre. Il devait également freiner sur l’alcool où, d’ici quelques dizaines de minutes, il serait en train de dévoiler ses secrets à Belladone et Slughorn par le biais de sa chicha. Il regarda son verre vide et préféra se servir de l’eau.
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Belladone Raven
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MessageSujet: Re: Ananas, Framboise et Chocolat.  Ananas, Framboise et Chocolat. - Page 3 Icon_minitimeMer 10 Mar - 16:12



Ananas, Framboise et Chocolat

Bureau du Maître des Potions

Octobre 1942

Ne pas s’inquiéter ? Gellert prenait-il un malin plaisir à jouer avec ses nerfs ? Belladone soutint le regard impénétrable, l’océan d’encre de ses yeux chuintant au rythme de l’inquiétude perplexe provoquée par le choc d’une révélation que son ami laissait en suspens. Son haussement d’épaules, sans doute, était voué à le rassurer. Peut-être pas, mais la certitude, c’est que le jeune homme n’avait rien perdu de la fébrilité qui l’anime depuis cette confidence éructée entre la poire et le fromage. Et lorsque les yeux de Grindelwald s’arrachèrent à son regard pour se river sur son assiette, Belladone, lui, se saisit de son verre de vin, apaisant là le trouble qui venait de l’assaillir en une avalant d’une longue lampée ce qui restait de son verre.

Pendant ce temps Horace acquiesçait avec bien plus d’enthousiasme à la propositions d’exhalaisons de cette fumée blanche et âpre qui avait manqué de faire s’étrangler le pauvre Belladone trop peu accoutumé aux dérives du tabac. Et un sourire un peu pâle tremblotait sur son visage encore décontenancé devant l’insistance affectueuse de Gellert à vouloir lui provoquer de violentes quintes de toux. Devant son verre vide, le jeune Professeur achève son morceau de pain beurré, le grignote du bout des dents, la véritable faim assouvie désormais.

La Divination. Belladone préférait taire son scepticisme, cette impression de perte de temps qui ne le quittait pas. Nier devant Gellert Grindelwald l’existence de voyants véritables relèveraient d’une audacieuse absurdité. Non, les voyants existaient, infime et exceptionnelle partie d’une populace sorcière dont le don relevait, à ses yeux, de l’instinct et de la nature plus que d’un enseignement qui ne profiterait qu’à la poignée de miraculeux intéressés. Enseigner la Divination à toute une génération sorcière, cela revenait, aux yeux de Belladone, à enseigner la Magie à tous les Moldus, plutôt que d’en déceler les enfants mages, comme Poudlard le faisait déjà. Pourtant le Maître des Potions ne semblait pas si loin de partager son avis, évoquant la découverte d’un talent véritable au sein de sa Maison, chez une jeune élève de troisième année que l’on ne pourrait qualifier en toute honnêteté de véritablement studieuse, mais que Belladone aimait bien. Ainsi donc la petite étudiante sourde, discrète, un brin distraite mais attachante, se révélait être la descendante de l’illustre Cassandra Trelawney ?

- Qu’est-ce qui vous fait penser cela Gellert ? J’avoue que j’ignorais totalement l’ascendance et le don extra-lucide de Mademoiselle O’Gerthy, mais c’est une élève que j’apprécie. Elle pourrait, comme l’a dit Gellert, être plus concentrée, certes, mais le travail est plutôt bon et elle ne trouble pas mes cours.

Sans doute, Gellert avait-il de bonnes raisons d’exprimer ses inquiétudes. Et il était certain qu’elles étaient fondées, même si Belladone était soudain curieux de savoir de qui il s’agissait. Et lorsque le nom résonna aux oreilles frémissantes d’ivresse du jeune homme, ses sourcils se froncèrent, avec au cœur la désagréable impression que tout ce qui se tramait de mauvais à Poudlard depuis la rentrée faisait écho à ce nom maudit de Rosier, imprimé sur la mine boudeuse et les boucles faussement angélique du dernier rejeton de l’ancestrale famille. Comble de la perplexité, Belladone était on ne peut plus d’accord. Cette affection soudaine semblait bien louche, et il n’y avait que peu de chances pour qu’elle soit désintéressée. Rien ne semblait naturel, gratuit ou léger, sous les boucles d’or de cette si jeune enfant. Belladone acquiesça au scepticisme de son ami, désormais Professeur ;

- Vous avez raison. Malheureusement tout ce qui a de près ou de loin un rapport avec la petite Rosier se doit d’être un minimum surveillé.

Et la soirée s’étirait à mesure que les joues rosissaient sous le bon vin et la chère fine. Les langues se déliaient aussi, et la curiosité d’Horace Slughorn affleurait de sa ruse légendaire, prudence qui s’étiolait sous les embruns d’alcool et la bonne composition du grand Gellert Grindelwald, ce soir. Et la question semblait atrocement difficile, surtout pour l’esprit embrumé de Belladone qui, décidément, ne savait pas comment il allait pouvoir se tenir debout et ramper jusqu’à sa chambre. Une seconde, le jeune homme fut tenté de répondre. Simplement non. Parce que les desseins de l’avenir n’étaient-ils pas inéluctables, une de ces lois immuables de la nature, à l’instar de la mort, de l’amour et de ces piliers contre lesquels nombre de générations d’humains s’étaient écrasés lamentablement à vouloir s’essayer à passer outre ? Alors oui, Belladone trouvait plus sage, n’était pas assez courageux, sans doute, pour tâcher de lutter contre un destin face auquel il était désarmé ? Peut-être était-ce de la lâcheté, peut-être était-ce de la résignation ? Mais en effet, le jeune Professeur était d’avis qu’il valait mieux ne rien savoir, et pourtant. A présent que Gellert lui avait fait révélation de cette vision, le paradoxe brûlant qui tiraillait chaque être humain à l’idée de détenir le pouvoir d’en savoir un peu plus sur les desseins que lui réservait l’existence, lui insufflait de sourdes envies de savoir.

Alors il se contenta d’écouter. Gellert, en sa qualité d’extra-lucide, restait le plus à même de répondre à la question posée. Et au moins partageaient-ils le même avis sur le caractère instable et incroyable risqué de la confiance aveugle en ces visions, mêmes véritables. Et le sourire se fit plus large lorsque la révélation tomba comme un boulet de canon. Belladone en resta pantois un instant, son morceau de pain beurré pendant entre ses doigts, écoutant l’aveu que lui et Horace étaient les premiers à connaître. De cela, il était certain. Et la nature de cette vision, il ne la révélerait pas. Et jamais il ne serait venu à l’esprit de Belladone de se fendre d’une telle audace, malgré l’avidité un brin inquiète qui lui brûlait la langue de savoir. Persuadé malgré tout que seul un rapport avec Albus Dumbledore aurait pu faire ployer le genou du grand Gellert Grindelwald en plein apogée de sa suprématie sur le monde sorcier. Un frisson parcourut l’échine de Belladone à l’évocation d’un destin tragique, comprenant là qu’effectivement, il préférait, et de très loin, ne jamais avoir à être mis au courant des caprices du destin. Peut-être justement ce don était-il réservé aux rares qui avaient le courage de l’affronter. Le jeune Professeur se contenta de toussoter d’un air embarrassé ;

- Hum…Eh bien, je pense qu’Horace se joint à moi pour espérer que vous parviendrez à vos fins…N’hésitez pas si nous pouvons vous aider en quoi que ce soit…En revanche, je veux bien du vin, s’il vous plaît, Gellert…

Verre qui se tend sur un sourire qui s’élargit. La conversation avait beau avoir pris une tournure morose, voire tragique, l’ébriété et l’agréable tiédeur de la soirée semblait vouloir faire persister cette bonne humeur qui d’ordinaire fuyait le mélancolique Belladone. Et puis si Gellert voulait parler, il en ferait selon son bon vouloir. N’en avait-il pas toujours été ainsi ?



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Horace Slughorn
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MessageSujet: Re: Ananas, Framboise et Chocolat.  Ananas, Framboise et Chocolat. - Page 3 Icon_minitimeMer 17 Mar - 22:48



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« Bureau du Maitre des Potions »

Octobre 1942

Le bedonnant professeur se sentit quelque peu soulagé lorsque Gellert souffla à Belladone qu’il lui révèlerait sa vision qu’en temps voulu. Sage décision. Néanmoins, il soulagea l’assemblée en révélant que cette vision n’était pas aussi grave que ses collègues ne semblaient le craindre. Préférant laisser cela hors de la conversation pour le moment, cette dernière fut déportée à nouveau sur la chicha ce qui fit rire également Slughorn. Après tout, lui-même avait pas mal abusé des bonnes choses et ce genre de drogue n’était rien de plus qu’un doux plaisir ponctuel. D’ailleurs, il approuva les paroles de Gellert la concernant d’un geste de tête en levant son verre pour une énième fois afin de le porter à sa bouche. Désormais, ses pommettes et son nez avaient pris une teinte lie de vin…

L’ancien mage noir semblait approuver les paroles du Maitre des Potions concernant la divination ce qui n’était pas pour lui déplaire. Sans surprise, la révélation comme quoi la petite O’Gerthy descendait directement de Trelawney eut son petit effet parmi ses collègues… Enfin, surtout auprès du jeune Belladone. N’étant pas natif de Grande Bretagne, il y a de fortes chances pour que son nom n’ait pas atteint les oreilles de Grindelwald, outre-Manche, avant ce jour. Dans tous les cas, les paroles de ce dernier ne le rassuraient pas tellement et une mine grave s’afficha rapidement sur le visage du bedonnant professeur.

« Oui… C’est ce que je craignais. Je ne sais pas pourquoi cette… amitié soudaine et inattendu, mais avec tout ce que vous m’avez dit ce soir sur Miss Rosier, cela m’inquiète. Après, comme vous l’avez dit, il ne s’agit encore que d’enfants et Miss O’Gerthy elle-même manque quelque peu de maturité pour son âge… »

Il soupira et se tourna vers Belladone qui faisait presque l’éloge de cette fillette. Il lui sourit doucement.

« Oui, vous avez raison… Nous ne savons pas comment une telle relation peu tourner… De toute manière, ce n’est pas une chose pour laquelle nous avons le droit d’intervenir. Nous pouvons guider les élèves, mais on ne peut pas les forcer à ne pas fréquenter les personnes qu’ils veulent. Après, ne sait-on jamais ?... Peut-être que Miss O’Gerthy arrivera à mieux faire ressortir le bien chez Miss Rosier que nous autres ? Les élèves sont si souvent imprévisibles… »

Bien qu’il l’espérait sincèrement, Slughorn croyait à peine à ses propres paroles et reprit une gorgée pour la peine. Desiderata était, déjà, plus mature même que son ainée de troisième année. Difficile de savoir ce qu’il se passait dans la petite tête blonde, mais cela n’augurait rien de bon.

« Je suis d’accord avec vous… Espérons simplement que les choses s’arrangeront, autant pour l’une que pour l’autre ! »

Mais la réponse à la question il avait posé auparavant allait trouver réponse et il s’arrêta de manger afin de regarder l’ancien mage noir avec son regard perçant. Gellert sembla prendre le temps d’y réfléchir patiemment et choisit ses mots avec soin avant de, finalement, répondre au Maitre des Potions, un sourire aux lèvres mais le regard dans le vague. Il lui expliqua alors que les visions ne sont pas une science exacte et qu’il est, de ce fait, très difficile d’agir en fonction d’elles. Il raconta, également, qu’il s’était rendu, justement, à cause d’une vision et, bien que cela répondait à une question que se posait le vieux Slugh depuis un bon moment, cela ouvrait la voie sur d’autres questions plus intrigantes encore. En effet, si l’ancien mage noir ici présent venait de révéler lui-même le manque de fiabilité des visions, pourquoi avoir abandonné sa quête pour, justement, une vision ? La réponse était simple en soit : Ce qu’il avait vu devait être une possibilité d’avenir tellement terrible pour lui qu’il a préféré se rendre histoire que ce futur devienne caduc… Mais qu’est-ce qui peut être pire qu’Azkaban et ses Détraqueurs ?... Le bedonnant professeur s’appuya contre sa chaise dont le bois craqua légèrement sous son poids alors qu’il contemplait son verre vide, l’air absent à son tour… Cette histoire l’avait scotché… Il brulait d’envie d’en savoir plus sur cette vision, mais il savait qu’il n’aurait pas de réponse. Néanmoins, Grindelwald avait surement pris la bonne décision, pour le monde et, qui sait, pour lui-même aussi ? A priori, il ne semblait pas se plaindre de ce qu’il lui était arrivé. A sa question, Horace sortit de sa réflexion et lui sourit en se redressant.

« Volontiers Gellert… C’était vraiment une explication fascinante… Je rêverai d’en savoir plus en vérité mais je pense que cela ne nous regarde pas. Néanmoins, comme l’a dit Belladone, si nous pouvons vous aider à quoi que ce soit, n’hésitez pas !... »

Il but une longue gorgée de vin après que Gellert l’ait servi puis reposa son verre et tapa dans ses mains.

« Est-ce que cela vous dirait que l’on passe au dessert ? Il serait particulièrement triste de se caler l’estomac aussi tôt ! »

Il agita sa baguette et, comme dans la Grande Salle, les assiettes semblèrent disparaitre alors que d’autres apparurent devant les invités, propres et plus petites alors que de doux mets sucrés et un beau plateau de fromage venait d’apparaitre… Mais surtout, le plus impressionnant, une belle fontaine de chocolat en argent venait d’apparaitre juste devant le jeune professeur Raven. Le rusé Slugh eut un léger sourire, plutôt fière. Il espérait, du moins, parmi tous ses desserts, que l’un d’eux plairait à Grindelwald.

« Assez parler de choses fâcheuses. Parlons de choses un peu plus gaies si vous le permettez. Professeur Raven, un brave jeune homme comme vous, vous avez dû trouver une fiancée durant vos voyages, non ? »

Les effets de l’alcool commençaient à rudement peser sur le bedonnant professeur qui commençait à ne plus trop contenir sa curiosité sur tous les points. Heureusement, il avait assez de présence d’esprit pour ne pas poser cette question à Grindelwald qui venait de passer quinze ans d’Azkaban… Mais il espérait, du moins, que cette question détendrait l’atmosphère générale de la pièce.


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MessageSujet: Re: Ananas, Framboise et Chocolat.  Ananas, Framboise et Chocolat. - Page 3 Icon_minitimeMer 31 Mar - 10:35



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« IN TABERNA QUANDO SUMUS »

Automne 1942.

Gellert finissait tranquillement son assiette remplie de viandes en sauce et de champignons savamment cuisinés et revenus à feu doux. La cuisine de Poudlard était vraiment délicieuse. Dans ses souvenirs, celle de Durmstrang est fade et indigeste, ni chaleureuse et encore moins appétissante, tout juste bonne à combler un estomac vide et un organisme fatigué. Il n’y avait cependant rien d’épanouissant. Cela pouvait paraître grotesque mais la charcuterie de l’école britannique lui rappelait ses montagnes bavaroises natales, là où la nourriture était un sacrement à honorer. Ses quinze années passées à Azkaban n’avaient pas été un plaisir gustatif non plus. Alors oui, il se vengeait sur les mets que lui proposait Slughorn ce soir-là. Oui, il abusait de l’alcool dont il sentait les effets malgré la potion qu’il avait ingéré avant. Mais la compagnie était plaisante et agréable. La conversation du Maître des Potions était vive et alimentée joyeusement tel un feu de joie. Il se sentait bien et pour rien au monde il n’aurait cédé sa place pour autre chose à cet instant. Avec un sourire, il se servit un nouveau verre, un dernier, écoutant d’une oreille la conversation qui se poursuivait sur O’Gerthy et Rosier, omettant sûrement de répondre à une interrogation.

Sa tête lui tournait légèrement après tout et il avait l’impression que sa vue se brouillait à certains moments. Il ignorait la quantité d’alcool qui traversait son sang, mais cela aurait sûrement suffi à abattre un buffle. Il essaya pourtant de se reconcentrer sur la discussion mais il ne trouva rien à ajouter à tout ce qui venait d’être dit. Il n’y avait pas non plus grand-chose que les trois professeurs puissent faire cette heure qui devenait de plus en plus tardive. De plus, ils ne pouvaient se permettre de séparer les deux jeunes filles sous prétexte qu’ils craignaient que l’une ait une mauvaise influence sur l’autre. Autant séparer tout de suite Belladone de lui, Grindelwald, avant que son esprit candide ne devienne corrompu par la noirceur du cœur froid du mage noir. Rapidement, il chassa ses pensées maussades et préféra revenir son assiette et son verre, qu’il termina tous les deux. Repus et à l’extrême limite de l’ébriété, il eut un soupir de satisfaction tandis qu’il s’appuya confortablement contre le dossier de sa chaise. Le professeur Slughorn parla alors de desserts, ce qui étira le sourire de Gellert, ce dernier préférant volontairement garder le silence face aux divers commentaires inquiets de ses collègues quant à la réelle raison de la reddition du plus grand mage noir de son temps.

Est-ce que tout était réellement sous contrôle ? Parviendrait-il à empêcher les funestes visions qu’il avait eues il y a plus de quinze ans ? L’avenir seul lui dira. En attendant, il se contentait d’avoir un œil attentif sur ce qu’il se passait au château, prêt à défendre Albus à la moindre manifestation hostile à son égard. Mais il n’était pas l’heure et encore moins le lieu de s’empoisonner son esprit engourdi par l’alcool avec ce genre de pensées. Tandis qu’il regardait son verre de vin, d’autres mets apparurent sur la table dont une assiette généreuse de fromage en tout genre et d’autres gâteaux, tartes et sucreries. À la vue de son verre de vin rouge, Gellert se sentit presque obligé de prendre un bout de tomme. Son regard se posa ensuite sur l’abondante fontaine au chocolat. Jamais il n’avait une telle installation. Il connaissait la fondue savoyarde, recette alpine et française, mais il n’avait jamais entendu parler de cette variante à base de cacao. Intrigué, il la regarda quelques instants, comme hypnotisé par la cascade épaisse et brune qui s’écoulait lentement de l’installation.

Continuant de manger sa part de fromage, Slughorn eut alors une question qui manqua d’étouffer Gellert dans son verre de vin rouge. L’interrogation était franche et directe, même si elle était destinée à Belladone. L’image du mariage entre lui et Lavande lui revint alors en tête et le vin manqua d’être avalé de travers. Bien qu’il ne fût pas directement concerné par la question, il se sentit pris au piège par sa maladresse. Essayant de paraître digne, il reposa lentement son verre, l’envie de tousser pour se dégager ses bronches en feu plus forte que jamais. Il regarda un instant Belladone, ne sachant comment faire pour l’aider dans cette question indiscrète, et préféra se servir sans rien dire une part de tarte aux framboises. Par ailleurs, une partie de lui-même était étrangement curieuse de savoir ce que son ami allait répondre. Il se doutait que les relations de Belladone ne devaient pas être légion mais personne n’était à l’abri d’une surprise. Après tout, lui-même dégageait une impression de séducteur alors que c’était bien tout l’inverse et que ses préférences étaient même à l’encontre de tout ce que le commun des mortels pouvait s’imaginer. Il resta donc silencieux, attentif, n’osant encourager Belladone à parler mais ne désirant plus pour autant l’aider. Il n’interviendrait que si son ami se retrouvait vraiment au pied du mur face aux interrogations de Slughorn.

Mais sa vision concernant le mariage flottait dans son esprit embrumé. Tandis qu’il essayait d’y mettre de l’ordre et de trouver un sens cohérent à tout ceci, il se demanda enfin si cet étrange couple était plausible. Gellert savait que Lavande appréciait énormément son professeur de Défense Contre les Forces du Mal et que ce dernier avait fait preuve d’un étrange courage face aux Aurors. Ou une improbable imprudence. Lui donner sa baguette sans protester ni réfléchir, aveuglé par une confiance en Grindelwald qui avait sortir Dumbledore de ses gonds, n’était pas un comportement digne d’un être aussi posé et intelligent que Belladone. Mais ce dernier n’était pas le premier homme qui pouvait prendre des décisions stupides juste pour les beaux yeux de quelqu’un d’autre. Gellert aussi avait fait des choix ridicules et dénués de sens pour (et même contre) Albus. Pour la première fois alors, l’alcool aidant sûrement, il se demanda si Belladone n’avait pas un petit faible pour Lavande. Un sourire se dessina brièvement malgré son regard dur et légèrement vaporeux posé sur sa tarte à la framboise. Cependant, plus il essayait de réfléchir, plus il avait l’impression que son crâne chauffait désagréablement. Alors, il avala une bouchée de son dessert et sourit à son collègue bedonnant :

— J’espère qu’en posant cette question à Belladone, Horace, vous nous partagerez également vos expériences !

Il eut un petit rire inoffensif et amusé. Finalement, il avait choisi d’aider son ami, plus ou moins. Cela obligerait le Maître des Potions à ne pas contrôler totalement la conversation face à un Belladone trop docile pour se défendre équitablement.
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MessageSujet: Re: Ananas, Framboise et Chocolat.  Ananas, Framboise et Chocolat. - Page 3 Icon_minitimeVen 16 Avr - 11:45



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Bureau du Maître des Potions

Octobre 1942

Il était inutile de tenter de faire avouer à Gellert Grindelwald quelque chose qu’il ne voulait pas révéler. Belladone n’en avait ni la force de caractère, ni la sobriété, ce soir. Pas la moindre envie, non plus, de lui faire avouer une révélation contre son gré, quand bien même ce miracle fut-il possible. Le jeune homme se laissa porter par l’ivresse et les autres sujets qui affleuraient au fil de la soirée et de l’alcool qui s’écoulait des verres jusque dans les plus petites veines des protagonistes soudain plus enclins à l’amitié et aux confidences. Et le sujet de l’improbable amitié qui avait vu son éclosion récemment entre la discrète O’Gerthy et la terrible petite Rosier mettait en lumière l’expérience de Slughorn qui demeurait indéniablement, et en toute impartialité, un des meilleurs Professeurs de Poudlard. Là encore, il prouvait son expérience des élèves et la sagesse de ne pas émettre de jugements trop prompts à l’encontre de caractères juvéniles qui avaient encore le temps de se forger. Et Belladone était lui-même bien trop sage et bien trop honnête pour ne pas admettre que son amertume relative à l’indifférence presque dédaigneuse que lui avait voué le Maître des Potions durant sa scolarité n’altérait en rien son inépuisable savoir et ses capacités pédagogiques, sans doute aiguisées grâce à ses longues années d’expérience. Comme tout un chacun, Horace Slughorn avait ses défauts, certains propres à sa maison ; rusé et malin, il aimait à être flatté et complimenté et, si son petit cercle élitiste d’élève triés sur le volet n’était ignoré de personne, la masse de délaissés tels que Belladone avait pu l’être n’avaient eu à souffrir d’aucune brimade ou d’aucun rejet de son enseignement. Un regain d’affection, pour lequel l’alcool n’était sans doute pas étranger, l’anima pour son désormais collègue ;

- Je crois que nous pouvons nous fier à votre grande expérience des élèves, surtout lorsqu’il s’agit de votre Maison. Ne jugez pas ma partialité et mon prompt jugement envers la petite Rosier trop sévèrement, je vous prie. Je débute dans l’enseignement et j’ai à cœur de corriger ces traits qui altèrent ma vision de ce que doit être un bon Professeur. Il arrive effectivement que de bonnes relations puissent agir positivement, d’autant plus sur une personne aussi jeune que la petite Rosier. Et je ne doute pas des bons sentiments de la petite O’Gerthy, qui a toujours été une élève très calme et très discrète.

Et en réalité la confiance en Slughorn, aidée sans doute une fois encore par les embruns d’ivresse, le rasséréna un peu sur le destin terrible que promettait déjà la petite Rosier à un si jeune âge. Et Belladone se faisait écho de la curiosité avouée sans honte du Maître des Potions, dans un hochement de tête et un sourire que l’alcool avait rendu vague, à l’idée de connaître l’étendue de la vision tragique qui avait convaincu Gellert d’accepter un poste à Poudlard et cette semi-réclusion qu’il vivait plus ou moins bien. Mais tout comme son jeune confrère, les deux collègues étaient bien trop intelligents pour tenter d’arracher par la force, la ruse, ou quelque moyen malhonnête quelque chose que le plus grand mage noir de son ère, aussi Belladone se contenta-t-il d’imiter Horace et d’avaler une longue gorgée de vin que Gellert venait de lui servir, après qu’il lui remercié d’un vague sourire. Et lorsque le Maître des Potions annonça le retour des festivités, le sucre à l’honneur, c’est un jeune gourmand cette fois-ci complètement ivre qui s’exclama d’une voix pleine d’entrain, peut-être un peu plus fort qu’il ne l’aurait voulu ;

- Je ne raterai cela pour rien au monde ! Après le sublime dîner que vous venez de nous offrir, ne serait-ce pas une hérésie de s’arrêter en si bon chemin ? Vraiment, votre réputation d’hôte exceptionnel n’a vraiment pas été usurpée ! Je contribuerai à la redorer un peu plus, soyez en sûr !

Et les yeux d’encre embrumés d’ivresse s’écarquillèrent de plaisir et une lueur d’émerveillement presque enfantine éclaira un sourire qui fendit toute la largeur de son visage lorsque vinrent s’amonceler sur la table débarrassée d’un coup de baguette des pâtisseries somptueuses, de la merveilleuse tarte à la framboise au gâteau à l’ananas doré au miel, au clou du spectacle, une immense fontaine en chocolat que venaient encercler de grandes coupes en argent emplies de fruits aux couleurs alléchantes. Fraises charnues, mangue, framboises, oranges. Et un immense gâteau surplombé de crème, et une tarte à la mélasse, et quelques saladiers de confiseries diverses, Patacitrouilles, Fondants du chaudron et fruits confits dont Horace Slughorn était réputé raffoler.

- Horace, par Merlin, vous vous êtes surpassé !

Et les mains de Belladone se joignirent à ses yeux étincelants, lorsqu’une main se tendit vers une des pelles à gâteaux qui gisaient là, au centre de la table, un regard sur son hôte et sur Gellert. Mais la main se figea au-dessus du merveilleux gâteau à la crème, et ses joues devinrent brûlantes, dissimulées par la rougeur de l’alcool qui les marbraient de plaques écarlates depuis longtemps déjà. Grindelwald lui-même sembla avaler son vin de travers, tandis que Belladone tâchait de reprendre contenance en se servant une énorme part de ce sublime gâteau qu’il ne toucha pas, pourtant, se râclant la gorge. L’image de Lavande se superposant aux brumes éthérées de son ivresse lui fit refermer la bouche un instant, avant de se lancer dans une défense piteuse ;

- Oh et bien…Je suis au regret de vous dire que non…Enfin, j’ai effectué mon voyage seul, mais…J’avais bien quelqu’un à mon départ mais…Je crois bien avoir été un peu long…

Belladone eut un léger rire désabusé et embarrassé par ces révélations qu’il n’oserait jamais osé proférer sans autant d’alcool qui diluait le sang de ses veines. Rire qui se mua en gratitude lorsque Gellert vint à sa rescousse, encourageant Horace à en faire autant. Un peu rasséréné, un sourire aux lèvres, Belladone leva un regard plein d’affection vers son ami, avant d’attaquer une bouchée de la merveilleuse génoise surmontée de crème ;

- Et bien Horace, je crois bien que vos desserts sont le clou du spectacle ! Mais c’était là votre but, n’est-ce pas ?

Yeux rivés sur l’assiette, Belladone retourna à son dessert, pourvu que l’on évoque plus le désert affectif que s’était révélée sa vie sentimentale de rat de bibliothèque.

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MessageSujet: Re: Ananas, Framboise et Chocolat.  Ananas, Framboise et Chocolat. - Page 3 Icon_minitimeSam 24 Avr - 16:59



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« Bureau du Maitre des Potions »

Octobre 1942

Slughorn connaissait ses valeurs et en appréciait les compliments. Cependant, ceux de Belladone lui allaient droit au cœur, surtout venant d’un élève qui n’avait jamais fait partit de son petit cercle d’élite et qui avait, du coup, toutes les raisons de lui en vouloir. Il lui répondit avec un large sourire et des yeux brillants, remerciement silencieux qui n’avait rien à voir avec l’alcool qui lui avait donné un léger teint viticole. Doucement, il leva une main, lui faisant comprendre qu’il ne jugeait pas sa partialité. Le bedonnant Professeur avait bien compris que son jeune collègue évoluera pour le mieux dans ce sens et que cette erreur était compréhensible étant donné qu’il ne faisait que débuter dans ce métier…

Horace fut plus que satisfait pas la réaction de ses collègues à la vue de l’apparition du désert. Après tout, il avait tout donné pour ce repas et, en voyant de ses propres yeux la quantité de mets qui se trouvait à nouveau sur la table, il commençait à se demander lui-même s’il n’en avait pas un peu trop apporté… Bah, tant pis. Cela offrira un repas copieux aux si sympathiques Elfes de Maisons qui prenaient tant soin de Poudlard. Bien que la fontaine en chocolat lui faisait de l’œil, il laissa ses convive se servir en premier.

Sa question concernant les éventuelles aventures de Belladone n’eut pas l’effet escompté. Tout d’abords, Gellert s’étouffa durant un instant dans son verre. Le Maitre des Potions se tourna vers se dernier, levant un sourcil intérogatif, puis vers Belladone dont le visage était devenu aussi cramoisi qu’une tomate à maturité (et ce ne semblait pas être que à cause de l’alcool). La réponse ne tarda guère à venir mais elle ne semblait pas convenir à Horace qui fixait le jeune homme avec de grands yeux suspicieux, persuadé qu’il cachait quelque chose. Il allait lui poser une question concernant cette fameuse fille, histoire de savoir de qui il s’agissait et s’il avait essayé de la revoir, mais la réplique de Gellert lui coupa l’herbe sous le pied. Ce fut à son tour de devenir un peu plus rouge et de rire légèrement, essayant de dissimuler son embarras.

« A mon grand regret, je n’ai pas plus de chose à vous révéler là-dessus, messieurs. Oh, j’ai connu quelqu’un à une époque, mais… la vie en a décidé autrement. »

Il rit de bon cœur en laissant son dos s’appuyer contre le dossier. La chaise laissa échapper un grincement réprobateur contre le poids de l’homme qu’elle soutenait. Slughorn se tapota le ventre en lançant machinalement.

« Et puis, je n’ai pas essentiellement un physique qui plait à la gente féminine, il faut le reconnaitre. Bah, je m’en porte très bien ainsi. Mon amour est mon métier… et mes élèves sont comme mes enfants. »

Cette dernière phrase avait été prononcée avec le cœur, son regard tourné vers la petite étagère où ses meilleurs élèves s’y trouvaient photographié. La seule chose à laquelle il tenait plus qu’a son travail était sa propre vie. Mais quel gout aurait sa vie sans son travail ? Se rendant compte qu’il commençait à broyer du noir, il se servit une pleine coupe de chocolat et une assiette d’ananas confits. Il sourit à son jeune collègue en hochant la tête.

« En effet, Belladone. Mon but était de vous combler. Après tout, j’ai une réputation à tenir. »

Il rit ouvertement, lui-même déridé par l’alcool. Visiblement, le jeune professeur Raven ne voulait pas trop que l’on revienne sur ses amourettes d’enfance. Alors, il se tourna vers la seule personne autour de la table qui n’avait pas encore évoqué son passé affectif. Aidé par l’alcool, Gellert Grindelwald l’effrayait beaucoup moins. Après tout, il n’aurait jamais posé la question suivante à l’ancien mage noir s’il se trouvait sans une once d’alcool dans le sang :

« Et vous, Gellert ? Avez vous déjà vécu une relation ?... Après tout, vous avez la réputation d’être un locuteur exceptionnel en plus de posséder un savoir et un talent magique unique. De nombreuses femmes devaient être à vos pieds. »

Il y avait un paradoxe après tout dans tout cela… Car il n’avait jamais été mentionné comme quoi Gellert Grindelwald avait eu une compagne par le passé (en dehors des rumeurs qui entouraient Vinda Rosier que l’ancien mage noir semblait avoir balayé d’un revers de la main durant la soirée). Cette question était risquée, mais le pauvre Bedonnant professeur n’arrivait plus à mesurer le danger de ses propres questions tant l’alcool l’avait dépourvu de mesure, laissant place à la plus pur des curiosités.



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MessageSujet: Re: Ananas, Framboise et Chocolat.  Ananas, Framboise et Chocolat. - Page 3 Icon_minitimeVen 14 Mai - 20:26



Ananas, Framboise et Chocolat

« IN TABERNA QUANDO SUMUS »

Automne 1942.

Pourtant repus, Grindelwald continuait pourtant de se goinfrer de desserts. Toujours plus friand de sucré que de salé, les tartes et autres pâtisseries n’avaient aucun mal à être engloutis, comme si l’estomac du mage noir était d’une élasticité infinie. Le pire était bien évidemment les framboises. Fort heureusement pour son système digestif, elles n’étaient seulement qu’en tartes et leur nombre était donc limité, évitant à l’Autrichien l’indigestion. Tandis qu’il mangea la (généreuse) part de son dessert, il écouta attentivement la réponse de Belladone à la question indiscrète de Slughorn. Il avait bien essayé de sortir son ami de ce mauvais pas mais, l’alcool aidant probablement, le jeune professeur eut le courage de répondre à l’interrogation. Il serait mentir de dire que Gellert n’était pas curieux de connaître la vie sentimentale de son ami. S’il avait déjà quelques idées dessus (c’est-à-dire qu’elle ne devait pas être très palpitante), il ne pouvait nier son intérêt pour plus de détails. Après tout, c’était un juste retour des choses, lui qui avait avoué ses plus profonds secrets par une nuit d’ivresse incontrôlée. Regrettait-il ce moment de perdition ? Parfois, mais il savait que son passé était gardé entre de bonnes mains. Il avait en effet une confiance indéfectible en Belladone.

Ce dernier répondit alors à la question qu’on lui posait et resta assez évasif. Comme prévu, il ne semblait jamais avoir été un coureur de jupons. C’était à se demander s’il était conscient qu’il possédait un charme indéniable et qu’il était loin, très loin d’être désagréable au regard. Gellert dut avouer qu’il ne comprit pas comment la compagne de l’époque de Belladone avait pu le laisser tomber pendant son voyage. Il savait que son ami était certes parti pendant des mois mais s’il y avait eu un vrai lien entre les deux jeunes gens alors, la demoiselle l’aurait suivi jusqu’au bout du monde, partageant ses idéaux et ses ambitions. C’était du moins ainsi qu’il voyait les choses. Peut-être parce qu’elles lui rappelèrent sa propre situation, en quelques points similaires, si l’on omettait la tragédie familiale qui avait recouvert de ses nuages noirs la courte idylle qu’il avait vécu. Il répondit au sourire de Belladone, bien que tristement, se sentant comme désolé pour lui. Ironiquement, son ami était l’une des victimes indirectes de sa croisade : s’il ne l’avait pas faite, le jeune Raven n’aurait pas voué un intérêt peut-être trop prononcé à sa personne et aux forces obscures en général.

Beau joueur, Slughorn accepta de répondre à son tour à la question et quelque chose indiqua à Gellert qu’il serait bientôt le prochain. Pour l’instant, il se contenta de rester silencieux, portant son regard hétérochrome sur l’hôte de la soirée. S’il s’attendait à ce qu’Horace se montre un peu plus explicite sur sa vie amoureuse, il se montra cependant évasif comme son ancien élève. L’ivresse discrète fit se dessiner un sourire sur les lèvres pâles de Gellert. Devrait-il donc détailler son intimité uniquement pour sortir du lot et se démarquer comme il avait l’habitude de faire ? C’était certes uniquement de l’orgueil et de la vantardise mais l’alcool ingéré en grande quantité que sa petite potion peinait à freiner n’aidait pas à réfréner son arrogance. Il fut pourtant surpris que Slughorn n’ait eu qu’une seule personne dans sa vie. Il se trouva même attristé pour lui que l’histoire ne se soit pas bien terminée. Comme d’habitude, cela dit… Les professeurs de Poudlard semblaient être des moines perdus dans une abbaye. McGonagall, Vargas la divorcée, McQuarrie, même les femmes ne dérogeaient pas à la règle. Quand Horace fit cependant la remarque qu’il était marié à son travail, un sourire amusé mais nullement mesquin étira les traits de craie de Grindelwald qui ne put s’empêcher de dire :

— On croirait entendre Dumbledore.

En effet, ce dernier semblait tenir le même discours, à quelque chose près. L’alcool pesant sur ses paupières, les rendant lourdes, une lueur déterminée apparut cependant dans les iris noire et blanche du mage noir. Les dires de Dumbledore, il comptait bien les changer. Il fut pourtant ramené à la réalité quand Horace, comme prévu, lui posa la même question. Un petit rire s’échappa de ses lèvres étirées d’un rictus amusé et espiègle.

— Je me doutais que je n’y échapperai pas. Je vous trouve bien audacieux, Horace, à croire que vous avez oublié qui vous avez devant vous.

Il savait que son sourire pouvait paraître menaçant et il devait avouer que ce petit jeu lui plaisait. Pourtant, les blagues les plus courtes étaient les meilleurs aussi préféra-t-il afficher une mine plus joviale et amicale.

— Il est vrai que j’ai eu plusieurs femmes qui me tournaient autour, dont plusieurs mères d’élèves à Poudlard.

Il rit de nouveau. L’alcool ne l’aidait pas vraiment à tenir sa langue.

— Mais voyez-vous, aucune d’entre elles ne m’ont vraiment intéressé. Vous devez vous en douter, je n’accorde ma confiance qu’à une petite poignée de personnes aucun de mes partisans n’en faisait partie.

Il marqua une pause et s’installa au fond de sa chaise, se permettant de manger un bout de mangue.

— Les femmes ne m’intéressent pas parce que j’ai une préférence disons… « anormale », déviante pour certains. J’ai eu quelqu’un dans ma vie et cette personne était un homme.

Il eut un vague sourire, le regard perdu dans le flot de la fontaine de chocolat.

— Cela ne sert à rien que je vous dise son nom, vous ne le connaissez pas de toute façon.

Bien évidemment, il mentait mais il n’allait pas exposer un tel secret à Horace. Belladone, quant à lui, comprendrait certainement sa discrétion, même si le mage noir se montrait plus que généreux en dévoilant son orientation sexuelle. Après tout, il avait massacré des centaines de personnes, avait plongé l’Europe dans un chaos et une terreur sans nom, ce n’était pas le fait d’être homosexuel qui allait profondément changer l’opinion des autres sur sa personne.

— Alors, tout comme les femmes, il y a bien eu quelques hommes d’intéressés et ce de façon légèrement réciproque mais… Il faut croire que je suis têtu et obstiné car je n’ai jamais pu me sortir celui que j’ai côtoyé de la tête.

Il eut un sourire enjoué en regardant Slughorn. Il avait bien plus parlé que ses collègues mais là était tout le but de la manœuvre : en étant honnête et ouvert, il plaçait son hôte dans une sorte de position de redevance. Il ne pourrait rien lui refuser après lui avoir révélé un tel secret.

— Une part de tarte au citron, Horace ?

Le regardant droit dans les yeux, il le testa, voulant savoir s’il relèverait l’indice ou si l’alcool avait définitivement altéré sa ruse pour la soirée. Finalement, il reporta son attention sur Belladone :

— Au fait, tu es sûr pour la chicha ? J’ai changé un peu ce qu’il y avait dedans, peut-être que tu t’étoufferais moins.

Toujours victime de sa gourmandise, il s’empara d’un Fondant au Chaudron. Ce fut la première fois qu’il fut un peu déçu des mets proposés par son hôte, même si la friandise restait délicieuse, mais rien ne valait la spécialité de sa grande tante Bathilda, après tout.

— Au fait, bien évidemment, ce qui a été dit ici reste ici. Le peu de personnes au courant de ce secret sont mortes, bien entendu. Je vous demanderai donc de faire preuve de… discrétion.

Il souriait toujours, sans l’ombre de la moindre menace. Il avait pourtant confiance en Belladone, Slughorn un peu moins. Mais il avait cru comprendre que le Maître des Potions n’était pas le sorcier le plus téméraire de sa génération et qu’il ne risquerait certainement pas de s’attirer les foudres du plus grand mage noir de son temps.
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MessageSujet: Re: Ananas, Framboise et Chocolat.  Ananas, Framboise et Chocolat. - Page 3 Icon_minitimeMer 16 Juin - 14:09



Ananas, Framboise et Chocolat

Bureau du Maître des Potions

Octobre 1942

La conversation dérivait vers les eaux tumultueuses des amours des uns et des déceptions des autres. Et à la vérité, la mélancolie solitaire de Belladone ne semblait pas en reste face à ses deux comparses de célibat. Slughorn admettait sans honte, dans un rire plein d’un enthousiasme résigné, cet abandon des mystères de la séduction qui ne l’intéressaient guère plus. Le jeune homme eut un sourire devant la sincérité d’Horace relative à son physique bonhomme ; sourire qui s’étira lorsque Gellert lui ôta les mots de la bouche. Cette petite litanie énamourée relative à son affection pour le Professorat et son paternalisme pour les chères têtes blondes qui défilaient, inlassables, génération par génération à ses yeux vieillissants, portait trop de similitudes avec l’amour qu’Albus Dumbledore portait à Poudlard pour ne pas s’y arrêter. Et le sursaut de Belladone se mêla au léger rire de Gellert lorsque le Maître des Potions s’osa à l’audace de réclamer un tel témoignage de l’intimité du plus grand mage noir de son époque. Ricanement presque sinistre qui ne lui disait rien qui vaille, mais à peine le cerveau embrumé du jeune homme eut-il le temps de s’inquiéter, que Gellert se radoucissait. Et c’est la mine presque enthousiaste qu’il admettait que, du temps de sa gloire, les femmes avaient gravité autour de lui à la manière d’abeilles autour d’un pot de miel.

Si tout ceci n’était guère surprenant, Belladone, les yeux écarquillés, attendait néanmoins la suite avec une impatience que son état ne parvenait plus à dissimuler. Dans une tentative piteuse de n’avoir pas l’air trop intéressé, il enfourna une énorme cuillère de gâteau à la crème, tandis que, énigmatique, Gellert avouait à demi-mot le secret que le jeune homme connaissait déjà. Grindelwald s’arrêta sur cette affirmation pleine d’ombres et de nuages, à laquelle Horace, sans doute, ne devait pas comprendre grand-chose. Mais le mage noir avait prouvé à maintes reprises qu’il maniait avec brio le talent d’orateur, savait retenir ses foules en haleine et y prenait un plaisir certain. Une lueur indéfinissable brûlait au fond de ses yeux tandis qu’il savourait la pause marquée par le morceau de fruit qu’il grignotait d’un air attentif.

Car enfin, la révélation tomba. Et cette fois-ci Belladone en lâcha sa cuillère, l’encre de ses pupilles écarquillée plus que jamais au fond de ses yeux devenus ronds comme des balles de Bavboules. Certes, il avait gardé le secret, sans nul doute pour l’intégrité d’Albus, et cette marque de délicatesse toucha le jeune homme. Mais la confidence n’en restait pas moins spectaculaire, d’autant plus quand il faisait l’aveu de n’avoir jamais aimé qu’un seul homme au cours de sa longue et glorieuse vie. Belladone fourra de nouveau son nez sur son assiette remplie de gâteau à la crème, presque embarrassé par le sourire jovial de Gellert et l’ampleur de l’aveu qu’il venait d’offrir au Maître des Potions. Aussi l’entendit-il plus qu’il ne le vit virer brusquement de sujet, et proposer une douceur acidulée à son hôte qui venait peut-être de recueillir une des confidences les plus importantes de l’histoire sorcière.

Et puis, toujours l’air de rien, Gellert reporta subitement son attention sur Belladone, qui leva ses grands yeux noirs embrumés d’alcool de son assiette pour écouter poliment la proposition de tenter une nouvelle fois l’utilisation de cet appareil créateur d’impressionnants volutes de fumée qui avait manqué de l’étrangler la fois précédente. Toujours l’air de rien, le mage Autrichien s’emparait d’une friandise, tandis que Belladone esquissait un demi-sourire. S’il n’avait guère envie de retenter l’expérience, l’insistance de son aîné mêlée à l’insouciance de l’alcool assouplissait la désagréable tentative primaire qu’il avait ressentie. S’emparant lui aussi d’un fondant, arborant toujours ce demi-sourire presque taquin qu’il n’aurait jamais l’audace de porter à jeun, Belladone répliqua, ne se souciant même plus d’avoir la bouche pleine, l’alcool dissipant même les bonnes manières les plus élémentaires inculquées au berceau ;

- Et bien pourquoi pas refaire une tentative. Mais je n’insisterai pas davantage si je m’étouffe toujours autant.

Belladone s’esclaffa, d’un rire léger, alcoolisé, qui mourut dans sa gorge et sur ses lèvres sous la menace à peine voilée du mage noir. Il était bien évident que ni Belladone ni Horace n’étaient suffisamment stupides ou suicidaires pour se risquer à éventer une telle information. Et pourtant, la mise au point lui glaça les veines, et ce malgré l’absence la plus totale de trahir son ami. Pourtant, Grindelwald souriait. Mais y’avait-il sorcier plus compliqué à déchiffrer que l’insondable mage noir repenti ? Sans doute pas. Aussi Belladone se décida à revenir à la conversation plus intimiste mais bien moins dangereuse qui lui mettait le feu aux joues tout à l’heure. A présent sérieusement éméché, il levait son verre à moitié plein, le liquide tremblant légèrement au creux de sa poigne incertaine ;

- A nos amours déçus donc ! Et surtout à Horace, pour ce merveilleux dîner !

Le verre levé en l’air atteint ses lèvres, fendues en un sourire immense destiné à ses deux comparses, au moins aussi alcoolisés que lui. Belladone ne se serait guère douté que l’ambiance serait si bon enfant, ni le repas si somptueux. Et à vrai dire toutes ces bonnes surprises n’étaient pas pour lui déplaire. Rendu léger et enthousiaste par l’alcool, il se découvrait en la personne de son ancien et indifférent professeur et du mage noir craint et fascinant les deux plus improbables amis qui soit, et ces deux liens, aussi incongrus soient-ils, le rendaient simplement heureux.


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