Vengeance - Kanaeko



 
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Vengeance - Kanaeko

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Solveig A. Asbjørnsen
Solveig A. Asbjørnsen
Âge : 18 ans.
Sang : Née-Moldue.
Nationalité : Norvégienne.
Patronus : Un loup.
Épouvantard : La silhouette de Grindelwald souriant, baguette pointée sur ses parents, une lumière verte jaillissant sur eux.
Reflet du Riséd : Le même jet de lumière verte qui a tué ses parents, mais qui s'extirpe de sa baguette à elle, frappant la poitrine de Grindelwald. Retour à l'envoyeur.
Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et ventricule de dragon.
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Double-Compte : Belladone / Desiderata / Aurora / Minerva / Albus
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MessageSujet: Vengeance - Kanaeko  Vengeance - Kanaeko Icon_minitimeJeu 6 Mai - 13:17



Vengeance

« Couloirs du deuxième étage »

Automne 1942

Solveig avait attendu, la tête haute et les lèvres pincées, la promesse bafouée du frémissement qui n’était pas venu. Seuls les plis de sa robe de sorcière de coton bleu pâle avaient frissonné sur le pavé noirâtre qui sillonnait l’allée des Embrumes. L’endroit, réputé lugubre, ne l’avait pas effrayée. Nul doute, il méritait bel et bien sa notoriété sinistre. Aux regards vides qu’elle avait senti s’accrocher sur le sien, aux marmonnements intelligibles de passants dépenaillés, à leurs imprécations funestes qu’ils assénaient dans le vide, et qui fendaient l’air vicié de magie noire de leurs menaces vaines. La majorité avait ses avantages, indéniables, et l’élève de dernière année avait usé du privilège d’une sortie à Pré-Au-Lard pour s’esquiver, dans un transplanage savamment effectué, dans le recoin le plus déserté du pittoresque village sorcier.

La clochette rouillée perchée à l’encadrure de la porte avait grincé d’un sifflement aigre, plutôt que de vrombir du carillon léger et jovial que l’on attendait d’elle. Et Solveig avait plongé sans crainte la noirceur vengeresse de ses prunelles insondables au creux de celles écarquillées d’un vieillard édenté dont la bouche s’était déformée en un mauvais rictus à son entrée au cœur de l’antre infâme qui lui tenait lieu de boutique. Des doigts, des crânes, d’indéfinissables morceaux d’anatomie baignaient dans la lueur verdâtre qui emplissait les bocaux poussiéreux au creux desquels ils étaient exposés. De longs étals de bois regorgeaient d’ingrédients répugnants, allant des griffes de loup-garous aux pattes d’araignées et aux yeux de gobelins. Et Solveig n’était ni spontanée, ni idiote. Elle avait longuement hésité et tergiversé. Acheter un poison déjà prêt à l’emploi revenait à s’offrir un aller simple pour Azkaban. L’obscur manuel de Potions illégales, déniché dans les tréfonds lugubres de la Réserve, l’avait convaincue d’opter pour une autre solution. Et si elle avait même songé un instant au Polynectar, elle eût tôt fait de se raviser, au regard de la ridicule longueur de sa concoction, et de la prudence superflue qui frisait la paranoïa. Elle s’était contentée de voiler la blondeur de Lune de ses cheveux sous le capuchon de sa robe, et le sombre vendeur lui avait fourré sans même un regard au creux de sa main les quelques ingrédients manquants qu’on ne trouvait pas au Chemin de Traverse.

Feuilles d’aconit et sang de gobelin vite dissimulés au fond d’une des poches de sa robe, elle s’était fendue d’une bouteille d’excellent hydromel et avait peiné à arracher les huit gallions de sa maigre bourse. S’il s’agissait là de la plus formidable dépense jamais effectuée par l’austère paysanne scandinave, elle savait aussi qu’il ne fallait guère lésiner sur les moyens ; le Professeur Slughorn avait la réputation d’un épicurien émérite. Offrir de la piquette en signant le paquet de son nom équivalait à se trahir de la plus sotte des façons, et Solveig était revenue à Pré-Au-Lard l’air de rien, siroter un café noir aux Trois Balais en faisant mine de réviser son Histoire de la Magie.

Il fallait s’enfoncer d’à peine quelques pas après la lisière de la Forêt Interdite pour découvrir Solveig effectuer la préparation de sa petite potion assassine au cœur de la nuit. Elle y passa quatre nuits entières. L’exercice était ardu, à la simple lueur de sa baguette et des étoiles, et lorsqu’elle en vint à bout c’est à la lumière de la Lune qu’elle entrechoqua l’éclat tranquille de la petite source claire qui reposait, limpide, au creux de sa fiole. Grindelwald allait enfin payer. Le goût de la victoire qui approche ses pas de conquérant oublié dans l’amertume de l’alcool aux embruns de miel dont elle avale une longue gorgée, qu’elle remplace par le poison incolore et inodore au creux de la bouteille qu’elle rebouchonne avec un soin méticuleux. La petite carte qui gisait au fond de sa poche d’uniforme fut nouée avec élégance autour de la bouteille. Solveig était satisfaite. Son imitation de l’écriture soignée et grâcieuse du Maître des Potions était plus que convaincante. Le message concis lui avait certes pris trois rouleaux de parchemin et plusieurs heures à s’user le regard sur l’autorisation d’accès à la Réserve que le Professeur Slughorn lui avait octroyé, mais elle y était parvenue. Et seul le résultat lui importait. Ses doigts libres vinrent rejeter derrière son oreille une mèche de cheveux qui s’ébattait à la brise. Un regard vers le ciel. Les premières lueurs de l’aube faisaient pâlir les étoiles. C’était le moment ou jamais.

Poudlard sommeillait encore, léthargie tranquille dont l’accalmie ne serait plus qu’un souvenir doucereux, dans une demi-heure à peine. Avant que ne s’éveille le branle-bas de combat des élèves affamés par la nuit, et que leur chahut braillard n’en vienne à briser le plan savamment ourdi par l’orpheline vengeresse. De ses pas feutrés, au silence de félin, Solveig parvint à gravir sans un bruit les deux étages qui la séparaient du bureau du Professeur honni et assassin notoire. Tente un « Alohomora » sans vraiment y croire. Et pourtant, sous la paume blanche, la porte, dans un grincement sinistre, s’entrebâille. Le triomphe est total pour l’étudiante qui s’était résolue à devoir laisser son cadeau hors de prix au pied de la porte. Et pourtant ! Une voix qui l’invective lui fait tourner les talons, dans un soubresaut surpris et agacé. Les sourcils froncés et les lèvres pincées, furieuse d’être ainsi déjouée dans la toile savamment tissée de son plan qui s’était jusque-là déroulé sans accroc, Solveig se retourne, prête à recevoir comme il se doit l’impudente qui se permettait d’anéantir là les efforts du but le plus crucial de toute son existence.
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Kanaeko Hantsuki
Kanaeko Hantsuki
Âge : 17ans
Sang : Sang-Mêlée
Nationalité : Américaine
Patronus : Antilope
Épouvantard : La personne qu'elle apprécie le plus au monde agoniser et lui reprocher de l'avoir abandonner.
Reflet du Riséd : Elle-même, tenant un bébé dans ses bras, une épouse à ses côtés .
Baguette : Bois d'acacia et plume de phénix
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Double-Compte : Myrtle E. Warren // Horace Slughorn // Magdalena O'Gerthy
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MessageSujet: Re: Vengeance - Kanaeko  Vengeance - Kanaeko Icon_minitimeSam 15 Mai - 23:31



Vengeance

« Couloirs du deuxième étage »

Automne 1942

*Comment j’en suis arrivée là ?...*

Cette phrase pourrait parfaitement résumer la soirée qu’allait passer la jeune Serpentard. Et encore, pour le moment, tout allait pour le mieux en ce qui la concernait… Si ce n’est qu’une fillette sourde et quasi-muette était de lire dans la paume de sa main comme s’il s’agissait d’un rouleau de parchemin. Elle n’avait pas voulu cela à la base… Tout ce qu’elle avait souhaitée, c’était mettre en garde la petite Magdalena. Son affection pour la fille Rosier avait déjà fait le tour de la salle commune et cela inquiétait la futur Auror qui craignait pour l’avenir de la petite diseuse de bonne aventure. Mais cette dernière était bien trop bornée… Les adolescentes, franchement. Mais, visiblement, elle avait été touchée par l’attention que lui avait porté son ainée et avait insistée pour lui révéler son avenir pour la remercier… Face à tant d’innocence, Kana n’avait su refuser. Lorsque Lena releva enfin la tête, elle lui offrit un sourire radieux et lui révéla son avenir :

« Je n’ai jamais vu une ligne aussi radieuse… Oh tu vas avoir droit à des hauts et des bas, mais… si tu te laisses une chance, tu auras droit à une vie longue et des plus heureuses. »


La voix, à la limite du murmure, avait quelque chose d’envoutant et d’assez peu rassurant… Et Kana peinait à croire la petite femme qui, pourtant, semblait exceller, déjà, dans son domaine. Elle fit une moue avant de sourire doucement :

« Merci Lena… Je m’en souviendrais. A toi de te souvenir de notre conversation à présent ! »

Elle se releva mais, à peine eut-elle le dos tourné que la voyante lui attrapa le poignet.

« Cette nuit… Celle qui a perdu sa famille essaiera de le tuer cette nuit ! »

« Hein ?! »

Lena avait parlé avec un ton rauque et grave, une voix qui n’était pas la sienne. Elle toussa un instant et lâcha Kanaeko, la regardant curieusement, se demandant pourquoi son ainée la regardait ainsi. Visiblement, elle ne s’était pas rendu compte de ce qu’elle venait de dire. La septième année courue, alors, dans son dortoir… Elle détestait déjà la Divination avant cela mais là, c’était le pompon ! Lena n’était pas du genre à faire ce genre de blague et, malgré toutes les appréhensions qu’avait la futur Auror concernant cette magie nébuleuse, elle n’arrivait pas à se sortir cette phrase de la tête.

Bien entendu, impossible pour elle de dormir cette nuit-là… Du coup, elle préféra se lever et se rendre à la Salle Sur Demande pour se fatiguer un peu, espérant y trouver le sommeil… Mais elle se tracassait bien trop et n’arrivait même plus à se concentrer, que ce soit sur l’esquive des sorts ou sur les sortilèges de septième année. Quitte à faire quelque chose d’inutile, autant prendre la prophétie de Lena au mot et patrouiller dans les couloirs, sous sortilège de Désilusion, cela va de soi… Pourtant, tout semblait normal. Poudlard dormait à poings fermé. C’est lorsque les premières lueurs du jours commençaient à être visible à l’horizon que la jeune Serpentard sentit enfin son corps se détendre. La nuit prenait fin et personne n’avait été tué, visiblement… Elle pouvait aller se coucher. Mais, arrivée dans le hall, la porte s’ouvrit de l’extérieur. Par réflexe, bien que toujours sous le sortilège qui la dissimulait, elle se cacha derrière un pilier… Quel fut sa surprise lorsqu’elle vit sa camarade de classe de Serdaigle passer devant elle. La bleu et bronze n’avait pas l’air dans son état normal et tenait dans sa main une bouteille… Cette image semblait tellement irréelle que Kana cru, un instant, rêver éveillée. Puis elle se souvint de la prédiction de Lena *Celle qui a perdu sa famille…* Le passé de Solveig n’était un secret pour personne et puis, à la vue de la route qu’elle prenait, Kanaeko commençait à comprendre. A pas feutrés, elle la suivit dans le dédale des couloirs et, sans surprise, elles se retrouvèrent rapidement face au bureau du Professeur Grindelwald… *Ne fais pas cela, Sol… Ne fais pas cela…* Mais elle ouvrit la porte et là, s’en était trop pour la future Auror qui annula son sortilège de Désilusion, cachant sa baguette dans sa poche, avant de lancer :

« Qu’est-ce que tu fais, Solveig ? »

Elle pensait que cette simple question, posée sur un ton calme et posé, sans aucune baguette dans les mains, l’aiderait à prendre conscience de la bêtise qu’elle était en train de faire. Kana ne connaissait Sol que comme une camarade particulièrement brillante bien qu’elle possédait un caractère bien trempé. C’était une femme intelligente et discrète qui ne demandait qu’à travailler en paix. Une pure Serdaigle en somme. Mais là, la Serpentard ne reconnut pas sa camarade. Son regard, son expression du visage, déformé par la haine, lui fit regretter de ne pas avoir sa baguette en main à ce moment précis, surtout lorsque l’on sait que Solveig est l’une des rares personnes rivalisant avec elle dans la connaissance des sortilèges d’attaques (avec Jedusor). Ne souhaitant pas l’encourager, Kana leva les mains doucement, paumes ouvertes, dévoilant bien qu’elle ne pouvait user de magie à l’heure actuelle.

« Sol… Ne fais pas la con… Tu vaux mieux que cela… »

Malgré tout, Kana était prête. Même sans baguette, elle s’entrainait depuis le début de l’année au désarmement à la moldu. Bien qu’elle ne souhaitait arriver à de telles extrémités, la Serpentard se tenait prête au cas où Sol tenterait de lui lancer un sort.

*Non mais vraiment… comment j’en suis arrivée là ?*


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MessageSujet: Re: Vengeance - Kanaeko  Vengeance - Kanaeko Icon_minitimeMer 2 Juin - 13:17



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« Couloirs du deuxième étage »

Automne 1942

La consécration funeste d’une vie de misère se parachevait enfin dans les méandres d’or de l’hydromel vicié. Les remous dorés s’écrasaient contre les parois de verre, et l’écume assassine paraissait savourer avec une patience tranquille l’imminence du crime à venir. Le fiel du poison au creux de la main trop blanche, de ces trop jeunes doigts qui s’y agrippent, dans la fureur vengeresse d’une enfance arrachée dans un éclat de lueur verte. Et même au creux de l’âme de Solveig, flétrie à l’instar d’une vieille femme parcheminée d’ans, une sorte d’accalmie terrible laissait planer son glas lugubre. Comme cette paix trompeuse avant la queue de l’ouragan, dernier sursaut de lucidité avant le grand saut, accomplissement du méfait qui scellerait une vie qu’elle lui avait voué. Une sorte d’implacable harmonie la reliait à son corps et aux alentours, communion avec la terre et l’asphalte, dont elle pouvait sentir jusqu’au frôlement de sa robe de coton brun qui frémissait sur la pierre encore froide de l’aube qui frissonnait au dehors.

Aussi le lourd chignon noué à la va vite vacilla sur sa nuque lorsqu’un revirement abrupt de toute sa grande silhouette lui fit faire volte-face au bruissement presque imperceptible qui lui avait alerté le tympan et l’instinct. Solveig offrit au mur un rictus de vieille femme déformé par la haine, se résolvant à se persuader d’avoir rêvé ce frémissement qui aurait pu n’être, après tout, que le becquetage d’un oiseau qui grignotait sa proie sur le rebord de la sienne. Et la Serdaigle ne se déparait pas de son but ultime, virevolta brusquement, plus que jamais décidée à immoler la sienne. Autel bâti à la peine orpheline d’une enfance détruite, alimenté par le sang des géniteurs sacrifiés au plaisir gratuit de ceux qui avaient cru leurs vies plus grandes.

Les doigts s'emparent de la poignée, décidés à abattre la prétendue repentance du mage noir du joug de sa fureur d'orpheline. Le but ultime de son existence d’ascète si proche que la bouteille semble lui électriser les doigts, et qu’un vague malaise lui donnerait presque le tournis, quand elle l’entend. Le grain de sable dans les rouages savamment huilés de sa vengeance ; la fausse note au cœur de la symphonie funeste, réglée comme du papier à musique. Dessein de toute une vie de colère contrarié par l’importune aux lueurs de l’aube. Et Solveig darde sur la trouble-fête l’abysse de haine qui noie l’intensité d’encre de son regard contrarié.

Même la sagesse placide avait disparu au profit de la désillusion amère qu’elle ne s’avouait pas encore. Tenaillée par la dévorante envie de faire déguerpir cette fouineuse de chez la fosse aux serpents et la certitude que ce serait impossible. Frustration désespérée qui se mue en rage, et Solveig, pour une des premières fois de son existence, s’oublie dans l’abandon à ses humeurs et à ses émotions qui lui hurlent que c’est trop bête et trop injuste, que celle-ci la surprenne aux premières lueurs de l’aube, à la toute fin, quand les plus délicates parties de son plan s’étaient déroulées sans un accroc ;

- Qu’est-ce que ça peut bien te faire Hantsuki ?

Et le désir de lui hurler de s’en aller se réprime malgré tout, sous les lèvres trop blanches à force d’être pincées par la rage déçue d’échouer si près du but. Nouveau regard noir qui dévisage celle qui avait semblé invisible une seconde auparavant. L’avait-elle suivie ? Avait-elle essayé de la piéger ? Que connaissait-elle véritablement de ses desseins, après tout ? Certes, ils la connaissaient tous, la tragédie de la petite paysanne aux parents Moldus immolés sur l’autel du bon plaisir des partisans de Grindelwald. Certes, elle était prise en flagrant délit d’effraction du bureau du mage noir, une bouteille à la main. Fallait-il vraiment que cette Kanaeko en tire la fâcheuse conclusion d’une tentative d’assassinat ? La Serdaigle n’en avait parlé à personne. L’autre ne pouvait pas savoir, ne pouvait que deviner. L’audace se jouait. Il ne lui restait, de toutes les façons, plus que cela ;

- Et qu’est-ce que tu crois que j’ai l’intention de faire au juste ?

Affront dans le regard, silhouette comme vissée à la pierre qui avait pivoté vers la fauteuse de trouble, abandonnant à regret la poignée qui aurait dû être son ultime obstacle avant la consécration de sa vengeance. Kanaeko était désarmée, les paumes en l’air comme pour prouver qu’elle ne préparait aucune de ces fourberies dont ses comparses de maison avaient le secret. Le désir d’attaque lui brûlait la langue, pourtant. Fourmillait dans le creux de ses doigts serrés sur sa baguette. Retenue par la base de ses principes d’honneur, les lèvres blanches se pincèrent un peu plus. L’agression d’un adversaire non offensif et désarmé demeurait encore bien trop lâche, bien trop gratuit, même pour une Solveig dont le château de cartes de la vengeance venait d’être souffleté par l’intervention de la Serpentard. La colère lui embrase encore les joues, pourtant, à mesure qu’elle la dévisage, celle qui avait ruiné les plans de toute une vie par sa simple présence dont elle ne semblait pas vouloir la débarrasser ;

- Pourquoi tu ne t’en vas pas ? Tu n’as rien à faire ici.

C’était idiot et provocateur, comme ordre. Elle non plus n’avait rien à faire ici et sans doute Kanaeko ne manquerait pas de le lui rétorquer. Mais il avait été asséné avec une telle sécheresse de reine impérieuse à un sujet, que sans doute beaucoup de camarades l’auraient accepté comme une consigne intimée par un supérieur et non un égal, et se seraient exécutés. L’instinct, toujours, se rappelait pourtant à Solveig, lui soufflant qu’il en faudrait plus, bien plus, pour faire bouger celle-ci.

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Kanaeko Hantsuki
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MessageSujet: Re: Vengeance - Kanaeko  Vengeance - Kanaeko Icon_minitimeDim 13 Juin - 16:44



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« Couloirs du deuxième étage »

Automne 1942

La jeune Serpentard n’a pas peur de grand-chose. Du moins, elle se sent toujours capable d’affronter des adversaires en tous genres. Mais là, le regard de Solveig était à la fois inattendu et effrayant. Kana ne la connaissait qu’avec un regard froid teinté de sagesse, certes, mais aussi reflétant un esprit solitaire, consumé par un passé trop douloureux. Mais là, il n’y avait plus la moindre sagesse. Seule demeurait la haine pure attisé par une vie entière de rumination depuis la mort de sa famille. La futur Auror n’aurait pas été surprise par une attaque de la Serdaigle ayant pour but de lancer un sortilège dangereux, voir impardonnable. Aussi, elle la prenait très au sérieux. Lorsque Solveig s’adressa à Kanaeko, elle parla avec une voix calme… bien trop calme. La brunette n’en fut que plus déstabilisé. Elle n’arrivait pas à prévoir les réactions de celle à qui elle faisait face. Elle était bien trop différente de la fille sage en cours mais aussi des élèves avec lesquels elle avait des différents habituellement. Elle était sûr d’elle, beaucoup trop.

Par prudence, elle préféra ne pas répondre à cette question. Du moins, pas pour l’instant. Son cœur tapait tellement rapidement dans sa poitrine qu’elle arrivait presque à sentir le cheminement de l’ensemble des voies sanguines dans son corps. Toute fatigue avait disparue, remplacée par une incroyable lucidité. Immobile, elle la laissa poser sa seconde question et, les mains toujours en l’air, elle les tourna, paume vers le ciel.

« Je doute que tu sois venue offrir un cadeau par pur bonne fois à l’homme qui a tué ta famille… »

La déduction était simple. Si Solveig était une des cruches de l’école, elle aurait pu avaler qu’elle se serait trompée de bureau. Mais la blondinette était tout sauf bête. Sinon, elle aurait pu, aussi, pousser la porte du bureau du professeur de runes pour parler avec lui, essayer de démêler le vrai du faux dans l’histoire de la mort de sa famille. Ça, elle aurait pu l’avaler, surtout venant d’une personne de la maison au corbeau. Mais…

« Je me doute bien que tu n’es pas venue taper un apéritif avec Grindelwald pour discuter calmement, surtout durant la nuit alors qu’il n’est pas dans son bureau… »

Sans parler que son regard trahissait ses intentions. Kanaeko parlait, elle aussi, avec une voix calme. Mais elle avait les sourcils froncés, le regard vif, prête à subir une attaque à tout moment. Après tout, la jeune Serpentard savait que, lorsque l’on est en colère, toute lucidité et toute logique peu disparaitre momentanément de notre esprit et que c’est à partir de là que l’on fait des bêtises que l’on finit toujours par regretter par la suite… et là, Solveig était sur le point de faire la connerie de sa vie. Aucune des deux jeunes femmes ne voulait baisser les yeux, toutes deux démontrant une force de volonté équivalente. Puis, finalement, Sol demanda à Kana de gentiment s’en aller… Cette phrase, sortie de nulle part, fit rire légèrement la Serpentard qui aurait surement éclaté de rire en d’autres circonstances tant cela semblait improbable. Son rire, plus nerveux qu’autre chose, se transforma rapidement en sourire, un peu mesquin, un sourcil levé. Quel culot de la part de Sol !

« « Tu n'as rien à faire ici. » dis-tu ? Tu n’as pas trouvé mieux pour me faire partir ? »

C’était une réponse à la provocation. Elle n’était pas plus détendue pour autant, mais la réaction de Sol l’amusait. Jamais elle n’avait, encore, croisé quelqu’un avec un tel toupet. Pour qui elle se prenait celle-là ?!... Surtout que ce n’était surtout pas le ton à prendre avec Kana. A présent, cette dernière, qui ne comptait pas partir de toute manière, n’avait plus envie de lâcher la jolie Norvégienne. Oh que non ! Elle fit alors un pas… puis un autre…

« Bien essayé, Asbjørngen. Mais tu devrais savoir… depuis le temps… que je n’obéis pas… facilement aux ordres… Au contraire… »

Elle s’avançait, pas à pas vers elle, gardant son sourire espiègle aux lèvres. La Serpentard était à sa porté et, ne cessant de se rapprocher, elle lui donnait l’illusion de s’offrir à elle. Il aurait été tellement simple pour Sol de la pétrifier et de l’oublietter en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire… quoi que… Kanaeko était toujours prête à s’esquiver en cas de danger. Lorsqu’elle arriva à une longueur de bras, elle tendit la main vers la bouteille.

« Aller, laisses tomber… Donnes moi cette bouteille et allons-nous en avant que l’on ne nous surprenne…»

Kana doutait que la jeune femme se laisse faire aussi facilement, mais, elle comptait sur sa bonne foi. Par contre, en lui donnant l’ordre de partir, la Serpentard avait d’autant plus envie de rester. Son coté rebelle était tout excité face à cette jeune femme déjà pleine d’autorité, et pourtant dévorée par une haine sans limite envers celui qu’elle considère comme un mentor.


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MessageSujet: Re: Vengeance - Kanaeko  Vengeance - Kanaeko Icon_minitimeMar 22 Juin - 11:16



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« Couloirs du deuxième étage »

Automne 1942

Il fallait porter au crédit de la trouble-fête son indéniable courage. Parce qu’il fallait un sacré toupet pour, désarmée et paumes levées vers le ciel, brandir le drapeau du traumatisme infantile à l’orpheline baguette brandie, dont les doigts fourmillaient de rage trop longtemps contenue. Et les éclairs continuaient de vrombir au fond de ses yeux noirs d’orage, et malgré tout la toute petite voix de la raison, étouffée par la hargne et l’agonie de ses illusions, saluait cette hardiesse trop rare chez ses congénères reptiliens, et leur piteuse tendance à confondre ruse et veulerie. Celle-ci ne manquait certes pas d’audace, bien qu’à cet instant précis, Solveig aurait avalé des litres de Polynectar sans sourciller plutôt que de l’admettre. Aussi se contenta-elle d’un regard plus noir encore, dans les tréfonds desquels s’entrechoquaient la myriade d’éclairs que l’audace de Kanaeko démultipliaient au fond de l’abîme d’encre des prunelles.

Parce que même armée de tous les trésors de patience du monde, la familiarité de la gêneuse étiolait dangereusement toute cette belle contenance et ces prétendus nerfs d’acier façonnés à coups de longues années de mutisme, de raideur et d’une dignité hautaine que ses désirs de vengeance alimentaient. Forteresse inexpugnable d’une glace que le venin du Serpent faisait fondre à vue d’œil, soleil rieur qui nargue la froide banquise en lui dardant la chaleur de ses rayons. Les doigts se crispent un peu plus sur le bois de sorbier, parcourus de ces décharges de magie que la colère y insuffle jusqu’au bout des ongles, et les dents se serrent sous les lèvres fermées, tandis que les yeux qui tout à l’heure jetaient des éclairs ne sont plus que deux fentes d’une encre si insondable qu’on ne saurait plus distinguer désormais la pupille de l’iris ;

- Dis-moi Hantsuki, est-ce qu’on a élevé les Hippogriffes ensemble ? Et en effet, cet homme a tué ma famille…Etrangement, tout le monde trouve normal qu’un assassin se promène au milieu de centaines d’élèves, mais en plus il a même des gardes du corps parmi eux…Incroyable…

La sidération lui avait échappé d’entre ses lèvres pincées par le rictus de colère dont l’écume menaçait de déborder à chaque provocation de la Verte et Argent. Après tout, Solveig ne cherchait qu’à débarrasser le monde du plus grand criminel sorcier de son époque. Que ses propres camarades tentent de l’empêcher d’accomplir ce que l’on pouvait considérer comme une mission d’intérêt public lui échappait complètement. Et le rire sardonique qui s’échappa des lèvres de la batteuse fut sans nul doute la provocation de trop. Kanaeko s’avançait, désarmée, souriante, dans toute la suprématie de son audace, et, à chacun de ses pas, Solveig devenait statue de sel, hésitant à frapper, en brûlant d’envie, mais retenue par une poigne invisible qui semblait resserrer son emprise sur sa robe, à mesure que son adversaire s’approchait. Effrontée, têtue, ses provocations sifflaient à ses tympans, et le maléfice lui brûlait les doigts, tandis que la main de Kanaeko se tendait, inexorable, vers le poison si durement acquis, confectionné et dissimulé que, dans un réflexe, elle ne tarda pas à mettre hors de portée derrière son dos ;

- Recules…Tu crois que j’hésiterais à attaquer quelqu’un de désarmé ?

En fait, si, bien sûr qu’elle hésitait. A dire vrai, le maléfice d’entrave ou de chauve-furies avait beau lui brûler les doigts, si elle n’avait vraiment eu aucun scrupule à frapper un adversaire désarmé, nul doute que l’éclair aurait déjà jailli de la baguette de sorbier, effaçant l’insupportable sourire de la Verte et Argent. Partir. Il le faudrait bien, à présent que son plan était connu. Solveig le voyait tomber à l’eau sans admettre qu’il sombrait dans l’écume noirâtre de ses désillusions ; comme si elle ne voulait pas voir l’édifice bâti par le sang et les larmes souffleté par la simple présence inopportune de la Verte et Argent. Alors oui, il lui faudrait bien partir. Oui, il lui faudrait bien abandonner là un plan savamment millimétré et orchestré dans ses plus infimes détails depuis des semaines. Elle ne s’y résolvait toujours pas, pourtant. Ne voulait pas s’avouer vaincue, surtout. Foutue fierté qui la roidissait devant cette fille trop courageuse et trop audacieuse devant laquelle, étrangement, elle ne voulait pas perdre la face. Et le menton se levait, fierté inconsciente, stupide bravoure face à celle qui ne semblait lui vouloir que du bien, là où son orgueil blessé ne voyait qu’affront ;

- Et bien vas t’en toi ! Je me fiche que l’on me surprenne ! Et puis après tout, même si je voulais tuer Grindelwald, en quoi est-ce que cela te chagrine ? Ce n’est pas comme s’il s’agissait d’un innocent…Mes parents ne sont que deux Moldus campagnards anonymes perdus dans la longue liste de ses crimes…

La volonté de Solveig avait beau vaciller, elle ne bougeait toujours pas. Comment certains élèves pouvaient-ils être si stupides qu’ils se surprenaient à prendre la défense d’un des plus grands criminels de son époque ? Se pouvait-il que même au sein de la plus prestigieuse école de sorcellerie du monde, Grindelwald soit en train de recruter des partisans l’air de rien ? Etait-ce vraiment l’orpheline vengeresse qui était à surveiller, ou ce genre d’étudiantes prêtes à se dresser, désarmées, face à une furie assoiffée de justice prête à en découdre, baguette à la main ? Grindelwald n’en avait visiblement pas fini d’haranguer les foules et, d’une manière ou d’une autre, Solveig finirait bien par trouver une manière de l’en empêcher.

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Kanaeko Hantsuki
Kanaeko Hantsuki
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MessageSujet: Re: Vengeance - Kanaeko  Vengeance - Kanaeko Icon_minitimeJeu 15 Juil - 22:20



Vengeance

« Couloirs du deuxième étage »

Automne 1942

Qu'elle veuille l’admettre ou non, Kana savait bien trop souvent se montrer provocante. Que ce soit de par son style vestimentaire, son attitude de pseudo justicière au sein de sa maison ou, tout simplement, pour son côté rebelle. Grondez la pour une chose, elle la refera dans l'instant. L’audace de Solveig, malgré la gravité de la situation, ne faisait qu’attiser le côté téméraire de la jeune Serpentard. Cependant, lorsqu'elle vit son regard lancer des éclairs et qu’elle entendit sa baguette crépiter sous la colère, la vert-argent fit de son mieux pour camoufler son sourire. Cependant, rien ne pouvait éteindre la lueur espiègle de son regard. Sol avait toujours été une fille peu commune aux yeux de Kanaeko, mais là, elle piquait sa curiosité. Cette fille semblait posséder une plus grande force de volonté et de caractère qu'elle ne le pensait. La sage première de la classe semblait, à l'heure actuelle, aussi redoutable qu’un dragon... dragon avec lequel Kana semblait prête à jouer, quitte à se brûler. La bouteille d’hydromel fut vite cachée dans le dos de la Serdaigle, confirmant les soupçons de la jeune femme concernant l'hypothèse qu’elle fut empoisonnée.

La rage bouillonnait dans les yeux et la bouche de Sol et à juste titre... Le regard de Kana vacilla un instant sous le poids de ses paroles. En effet, la jeune américaine ne faisait pas qu'apprécier l’ancien mage noir, mais elle le vénérait presque tel un ange libérateur, déchu à cause d’une vision du monde en désaccord avec les mœurs actuelles. Or, Solveig était là comme une preuve vivante que le « Plus Grand Bien » de Grindelwald avait un prix qui se payait par le sang. Les pertes ont été lourdes dans le monde entier et, bien souvent, il y eut des dommages collatéraux. Malgré tout, contrairement à ce que pensait Sol, Kanaeko ne pouvait pas croire que son professeur préféré ait tué de sang-froid toute une famille de moldu, juste pour le sport ou par dégout... Cela ne collait pas. Elle préférait penser qu'il s'agissait de quelques partisans de sang pur qui s’en serait pris à cette famille au nom de Grindelwald. Bien entendu, cette pensée allait directement à Vinda Rosier.

Dans tous les cas, la Serpentard préféra ne pas répondre dans l'immédiat. La Serdaigle semblait à deux doigts d’exploser. Oh oui, Kana aime jouer avec le feu, mais elle n’est pas non plus stupide au point de jeter une allumette sur un bidon d’essence. Toutes deux manquaient de sommeil, c'était indéniable. Cela jouait autant sur l'humeur de la norvégienne que sur les réflexes de l'américaine. Sol pouvait attaquer à tout moment et, pourtant, quelque chose retenait sa main, ce qui confortait Kanaeko dans son idée : Ce n’est pas quelqu'un de mauvais. N'importe quel Serpentard l’aurait déjà attaquée, profitant du manque de prudence de son adversaire, surtout après avoir été pris sur un fait aussi grave qu’une tentative de meurtre.

Justement, la menace de Solveig redonna, quelque peu, le sourire à la jeune débraillée. Non, désolé, mais elle ne l'en croyait pas capable, parce que sinon, elle aurait déjà foudroyé la jolie brune depuis bien longtemps. Mais les paroles suivantes firent lever un sourcil à la Serpentard. La norvégienne persistait à vouloir rester malgré tout. Fierté inconsciente ou volonté forgée dans le plus dur des aciers ?... Probablement un peu des deux. Elle voulait sa vengeance coûte que coûte. Or, Kana n'était pas de son avis car, au-delà du fait qu’elle voulait s’en prendre à une personne qu’elle appréciait, il y avait une autre raison qui poussait la Serpentard à stopper l’action de sa camarade bleue et bronze. L’américaine lui parla d’une voix calme :

« Solveig... Tu n’es pas ce genre de personne. » Elle fit une pause, plongeant ses yeux vairons dans les ÿeux marrons profond de la jeune femme en face d'elle... Très délicatement, elle posa sa main sur celle de sa camarade afin de lui faire baisser sa baguette. « Je n'ai jamais dit être là pour protéger Grindelwald... Je suis principalement là pour empêcher une personne au cœur bon de faire la bêtise de sa vie. »

Au fur et à mesure qu'elle la contemplait, elle se rendit compte que malgré cette coiffure qui la vieillissait considérablement et l'absence total d'artifice sur son visage, Solveig était remarquablement jolie. Elle faisait déjà femme et mature. Beaucoup auraient trouvé sa tête trop large, ses yeux trop écartés... Mais cela lui donnait un visage harmonieux, unique, presque poupin. Doucement, elle posa sa seconde main sur son épaule et... Bon sang ce qu'elle est maigre ! A travers ses vêtements, elle sentait l'os de l'épaule de la jeune femme.

« Je n'aurais pas la prétention de dire que je te comprends... Personne ne peut comprendre à moins de l'endurer. Ta colère, ta haine et ton sentiment d’injustice sont plus que légitime. Désirer la mort de celui qui a tué tes parents est logique... Mais, si tu le tues, tu te détruits toi-même. Ton âme sera brisée, à jamais. Et ta conscience disparaitra entre les murs d’Azkaban. »

Kanaeko soupire doucement, anticipant la réponse de sa camarade, elle reprend :

« Peu m'importe que tu ais décidés de consacrer ta vie à la mort d’un homme... ça restera un beau gâchis. Tu dis que ça ne me regarde pas, mais je m’en voudrais toute ma vie de t'avoir laissée faire une telle chose... De plus, tu connais mon ambition et quelle piètre Auror je ferais si, durant ma dernière année d'école, je laissais une de mes camarades commettre l’irréparable. »

La Serpentard, à présent, bougeait à peine, une main sur l’épaule de Sol, l’autre toujours posée sur sa main qu'elle ne lâchait pas, la réchauffant légèrement. Cette fille l’intriguait et, instinctivement, elle avait envie de la protéger. La née moldu ne s’en rendait pas compte, mais son pire ennemi n’était pas Grindelwald, c'était elle-même. C'est avec une grande délicatesse qu'elle prit la main de la norvégienne, qui tenait toujours sa baguette, dans la sienne, l'invitant à la suivre pour quitter la pièce.

« Dans tous les cas, je partirai avec toi ou pas du tout... »

Il s’agissait d’un pur combat de volonté mais Kanaeko espérait, ainsi, toucher un peu le cœur meurtri de la jolie blonde et la convaincre à laisser tomber son plan qui devait être calculé à la perfection et que seul le hasard avait contrecarré... ou le destin. Je vous laisse juge.


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Solveig A. Asbjørnsen
Solveig A. Asbjørnsen
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MessageSujet: Re: Vengeance - Kanaeko  Vengeance - Kanaeko Icon_minitimeMer 4 Aoû - 10:08



Vengeance

« Couloirs du deuxième étage »

Automne 1942

L’accusation, sourde, aigre, semblait avoir fait mouche. Solveig n’était pas réputée pour faire dans la dentelle, et ce sujet-ci avait le don de la rendre plus furieuse, plus amère et plus acariâtre que n’importe quel autre. Dans un autre endroit, à un autre moment, dans une autre vie, l’implacable Née-Moldue aurait loué le courage et la ténacité de la jeune fille extirpée tout droit de cette fosse à serpents qui ne portaient que trop bien cette réputation méritée d’insolence et de couardise. Mais ce soir, face à l’épouvantable gâchis qu’orchestrait, seule, la présence de la Verte et Argent, la colère de Solveig aveuglait tous ses sens, jusqu’à sa raison, jusqu’à la simple bonne foi qui aurait été d’admettre que Kanaeko avait raison. Qu’elle ne semblait guère lui vouloir de mal, et qu’elle aurait déjà hurlé à l’assassin, si le but était de lui faire du tort. La froide blonde était tout sauf une idiote ; elle avait déjà compris que la batteuse ferait vaciller sa terrible et implacable résignation. Elle avait déjà compris qu’elles repartiraient ensemble, et qu’elle, bredouille, serrerait au creux de sa main roide l’instrument inusité de son crime avorté. Mais la réalité, au creux de sa gorge, formait une boule amère, bien difficile à avaler.

Et elle avait beau se roidir, et elle avait beau se tenir prête, il lui fallait encore admettre que Kanaeko avait raison. Parce que malgré l’aigreur de ses menaces, éructées comme un crachat, malgré le sépulcre insondable de ses prunelles, la batteuse avait beau approcher, Solveig ne bougeait pas d’un cil. Bien sûr que non, elle n’était pas ce genre de personnes. Bien sûr que non, elle ne se réclamerait pas de l’engeance de ceux qui profitaient de la force d’une baguette pour asservir sorciers désarmés ou Moldus inoffensifs. Et si l’irrépressible envie de coller son poing roide sur la figure trop souriante qui s’approchait la tarauda un instant, elle la réprima aussi, décidément trop civilisée pour s’adonner à ce genre de bagarres. Un vague instinct de survie également, cette sensation qu’elle ne ferait pas le poids face à la musculature de la batteuse, dût également peser dans la balance.

Un tressaillement imperceptible agita les doigts trop blancs. Pourtant, l’impassible Solveig, l’espace d’une seconde, une seule, n’enleva pas sa main lorsque celle de la batteuse se posa sur la sienne. Et les prunelles d’encre s’écarquillèrent sous la surprise de dévisager la mine qui s’était si hardiment approchée. Moins que jamais, la jeune fille eut envie de l’attaquer. Et l’envie de se dégager s’étiola soudain, étrangement émue, avec dans ses yeux toujours secs la brûlure d’une larme inconnue qui fut refoulée un instant sous la dignité roide de l’implacable norvégienne. Mais que lui avait donc fait cette fille ? Et qui était-elle donc pour qu’elle se soucie d’elle au point de risquer le sortilège cuisant d’une vengeresse en mal d’assassinat ? Et lorsque la main se posa sur l’épaule maigre, et cette fois-ci Solveig ne put réprimer le tressaillement étrange qui la parcourut des pieds à la tête, étrangère à toute forme de contact, fille de froides et trop rares affections qui s’effarouchait à la chaleur lumineuse de la solaire Verte et Argent qui parvenait, par un incompréhensible miracle, à percer l’armure que Solveig avait cru d’acier trempé.

Il émanait une étrange sagesse de la litanie de Kanaeko. Une sagesse peu coutumière aux Serpentards, que Solveig, jamais, n’aurait cru retrouver au creux de cette fosse à reptiles qu’en dehors de Lavande elle évitait comme la dragoncelle. La fière scandinave, plus que tout autre chose –hormis peut-être le courage-, vouait un profond respect à la sagesse. Et la jeune fille semblait pétrie des deux, celle que Solveig avait longtemps pris pour une effrontée sans cervelle qui prenait un malin plaisir à se confronter au règlement. Et cette maturité inattendue, combinée à cette prévenance et à ce courage sans pareil dont elle avait fait preuve, contribuèrent, doucement, tout doucement, à apaiser la colère de Solveig. A lui faire comprendre, que, pour ce soir, son combat était vain, qu’il y’en avait de belles âmes qui comprenaient sa fureur vengeresse, mais suffisamment solides, suffisamment sages, pour éclairer sa colère de la triste réalité. Son combat était vain, et Kanaeko avait déjà gagné ;

- Mon sort ne m’importe pas, et Azkaban ne me fait pas peur. Quant à mon prétendu bon cœur, tu n’en sais rien. Peut-être suis-je aussi mauvaise que lui. Mais ça m’est égal. Je ne compte faire du mal qu’à l’instrument de mon malheur, et ce n’est qu’un juste retour des choses, après tout. Quant à comprendre, je pense que tu as tort, et que tu le peux. Ton père est Moldu je crois ?

Alors, oui, elle pouvait comprendre. Ou du moins imaginer. La cruauté de l’engeance qui avait cru pouvoir asseoir leur prétendue suprématie sur des êtres qu’ils ne prenaient même pas la peine de comprendre, ou de traiter en égal. Mais Kanaeko poursuivait sa litanie, arguant que la future Auror qu’elle voulait devenir commencerait bien mal sa carrière en échouant à empêcher un meurtre, fut-il celui d’ordre public du plus grand mage noir de son époque. Et l’œil avait beau la brûler, il restait sec pourtant, malgré cette sollicitude qui ne lui était que trop peu coutumière, malgré le risque encouru par la jeune fille pour l’empêcher de s’offrir un aller sans retour à la prison d’Azkaban. S’était-elle-même aperçue que sa main était complètement baissée ? La baguette pointait vers le sol, piteuse, vaincue, et, si aucun sourire réconfortant ou affectueux n’étirait les lèvres de la jeune fille, la concision dans les paroles était devenue moins aigre, plus résignée aussi, lorsqu’elle répondit à sa camarade ;

- Tu devrais pouvoir y arriver…Tu as le courage nécessaire, même si cela frôle peut-être la stupidité, de provoquer comme tu l’as fait quelqu’un quand tu es désarmée…Et puis, tu es plutôt convaincante aussi…A vrai dire, jusqu’à aujourd’hui, je te prenais surtout pour une effrontée sans cervelle…Je me trompe rarement pourtant…

Le contact persistait, roidissant un peu plus la fille du froid qui n’étreignait jamais personne. Le silence se fit lourd, chape de plomb qui pesait sur un échange commencé sur les chapeaux de roue. Et lorsque les doigts glissèrent avec délicatesse jusqu’aux siens, lorsque, dans une ultime démonstration de sa ténacité, la Verte et Argent confirma qu’elle ne partirait pas sans elle. Solveig plongea le sépulcre écarquillé de ses yeux au fond des siens. Ils avaient une étrange beauté, vairons et clairs, lumineux, solaires, quand ceux de la scandinave semblaient un abîme sans fond de noirceur et d’effroi. Et si Solveig ne répondit pas à l’étreinte, elle se laissa faire, et Kanaeko ne saurait sans doute jamais à quel point c’était déjà plus bien qu’elle n’en avait fait pour qui que ce soit. Les prunelles toujours résolument plantées à la lueur de celles qui lui faisaient face, et qui ne fléchissaient pas non plus, c’est d’un ton résigné, qui aurait pu paraître presque amusé, s’il n’avait pas été extirpé des lèvres de Solveig, qu’elle répondit simplement ;

- Et rien ne te fera flancher, c’est ça ?

Cela aurait pu être accompagné d’un sourire. Pourtant, les lèvres restèrent résolument pincées. Pourtant, d’un pas qui s’avançait, Solveig lui fit comprendre que, pour cette fois, elle avait gagné. Elle la suivrait.

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Kanaeko Hantsuki
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MessageSujet: Re: Vengeance - Kanaeko  Vengeance - Kanaeko Icon_minitimeMar 10 Aoû - 22:29



Vengeance

« Couloirs du deuxième étage »

Automne 1942

Il fallait le dire, Kana ne s’était jamais montré aussi douce avec qui que ce soit, et encore moins avec une personne sur le point de commettre une bêtise. Mais, il ne s’agissait pas d’une bêtise comme les autres, mais d’une tentative de meurtre. Que plus est, Solveig elle-même n’est pas une sorcière comme les autres : Elle est douée, intelligente, particulièrement maline et, aussi, chose que l’américaine commençait à entrevoir, calculatrice. Elle avait, sans nul doute, prémédité ce meurtre avec minutie et patience. Sans doute venait elle de calculer toutes les probabilités de s’en sortir dans un duel contre la Serpentard… Or, elle avait eu sa chance mais ne l’avait pas saisie. C’était peut-être cela qui avait poussé Kana à agir avec autant de douceur et de compassion. Mais y avait-il que cela ?

En effet, alors qu’elle posait sa main sur la sienne, Kanaeko cru sentir un léger tressaillement et les yeux de Solveig s’étaient écarquillés. Rien de surprenant, me direz-vous, dans la situation actuelle. Mais, c’est cette seconde réaction lorsque la Serpentard posa sa main sur l’épaule de sa camarade provenant de la maison au corbeau qui, après réflexion, étaient bien étrange… Comme si personne ne lui avait jamais montré la moindre affection, le moindre attachement. Après tout, il aurait été normal qu’elle se débatte, qu’elle la repousse (ce à quoi Kana s’attendait d’ailleurs) mais elle n’en fit rien, restant de marbre. Son regard restait d’encre mais, pourtant, la futur Auror commençait à se demander si la jolie blonde en face d’elle avait, un jour, ressentit la douceur de l’amitié et de l’amour… Elle semblait passer ses journées à étudier, pestant contre toute personne qui osait la tirer de son travail, chose que confirmait Darragh. Dans sa salle commune, elle ne semblait pas avoir plus d’ami qu’en classe et je ne parle même pas de petit copain… Quant à sa famille… Eh bien, vous savez ce qu’il en est.

Plus encore, la brunette avait envie d’aider cette femme. La voir ainsi lui donnait juste envie de la prendre dans ses bras et de lui offrir tout l’amour qu’elle aurait dû avoir. Mais, cela aurait semblé un peu bizarre compte tenu de la situation sans parler que ce serait surement de trop pour la grande blonde. Non, il allait falloir trouver autre chose…

Les paroles de Sol se firent plus douce, moins piquante. Elle ne semblait plus chercher à se débarrasser de la femme en face d’elle désormais. Mais ses paroles firent baisser doucement le regard de Kana… Finalement, oui, elle pouvait imaginer…

« Si c’était mon père qui avait été tué par Grindelwald… Je dois avouer que ce serait probablement moi qui serais là, à ta place, avec une bouteille d’hydromel empoisonné à la main. »

Avoua-t-elle tristement. Elle aimait son père… Et le fait qu’il était moldu, marié à une sorcière, le rendait d’autant plus vulnérable à la cruauté des sang purs extrémistes. Cela la mettrait dans une fureur vengeresse, même encore aujourd’hui. C’était aussi pour cela qu’elle agissait mais, je vous en reparlerai plus tard.

Petit à petit, Sol semblait s’adoucir… Enfin, à son échelle. Plus tard, dans son lit, Kanaeko sera prise d’un fou-rire en se rendant compte que Solveig était le parfait opposé d’Aurora. Si cette dernière est tout le temps enjouée, souriante, pétillante, bien habillée, coiffée, maquillée et, il faut le dire, quelque peu paresseuse, la Norvégienne, elle, ne sourit ni ne rit jamais, se montre toujours terne et sans le moindre artifice, passant son temps dans les livres et nulle part ailleurs.

La Norvégienne salua le courage de l’américaine tout en soulignant sa stupidité dans son action, ce qui tira un léger sourire à la brune. Mais, cette dernière remarque fit lever un sourcil à Kana. Mais, là aussi, nous y reviendrons plus tard car, durant un instant qui dura… trente secondes ?... Trente minutes ?... Les deux jeunes femmes restèrent là, chacune se noyant dans les yeux de l’autres. L’abime noir et sans fond des yeux de Solveig lui donnait un air éternellement fermé, comme si l’âme de la jeune femme était éteinte au fond d’elle… Peut-être n’étais-ce qu’une illusion, mais, alors qu’elles étaient très proches, que le contact durait, la brune avait l’impression de distinguer une lueur faible et lointaine dans les prunelles de la jolie blonde…. Lueur qui ne demandait qu’à grandir dans ce cœur noirci par une vie de solitude et de colère. Pour le coup, Kanaeko ne put s’empêcher de repenser au conte du Sorcier au cœur velu. Son désir de secourir cette âme en peine ne fit que grandir. Finalement, Sol lui répondit l’air résigné qu’elle avait comprit que rien ne ferait flancher la femme en face d’elle. Mais cet air résigné semblait presque cacher quelque chose… De l’amusement ?... Non là, la Serpentard était presque sûre de se faire des idées. Alors pourquoi s’attendait-elle presque à la voir sourire ?... Décidément, cette grande blonde est… différente… Très différente. Un mystère à elle toute seule et Kana, elle, ne se priva pas pour sourire en secouant la tête.

« Non… Rien du tout… »

Durant un court instant, la Serpentard posa sa main sur la joue pâle de la Serdaigle puis la retira, la tirant gentiment en dehors du bureau, veillant tout de même à ce que sa nouvelle amie ne laisse pas discrètement la bouteille derrière elle. Une fois dehors, elle soupira doucement, soulagée. Désormais, une pâle lueur filtrait à travers les hautes fenêtres de l’école. Le jour se levait et il n’était plus dangereux qu’elles soient repérées dans les couloirs même si les autres élèves ne se montreraient pas avant une bonne heure.

« Tu sais, tu as dit que tu me prenais pour une effrontée sans cervelle… Tu pensais cela pourquoi ?... Parce que je collectionne les retenues comme d’autres collectionnent les cartes de chocogrenouilles ?... » Elle rit. « Disons juste que je me laisse un peu trop souvent aller à mes émotions et mes désirs, et c’est là que l’on fait le plus de bêtises… Comme toi ce soir… Ce n’est pas une question d’intelligence. C’est plus profond que cela… et c’est ce qui fait de nous des humains, sorcier ou non. Les émotions, la douleur, la colère… le bonheur, l’amitié… l’amour… »

Des larmes coulaient sur ses joues… la fatigue et ses nerfs qui se relâchaient après ce qu’il venait de se passer la rendait terriblement émotionnelle. Elle s’essuya les yeux rapidement d’un revers de la manche, espérant que la blonde n’avait rien vu ni entendu l’émotion dans la voix de sa comparse de Serpentard. C’est alors qu’une idée brillantissime germa dans l’esprit embrumé de Kanaeko. Une idée qu’elle n’aurait jamais osé dévoiler à voix haute. Elle se tourna vers Sol et plongea à nouveau ses yeux dans les siens, souriant avec ce petit air taquin.

« Dis-moi, Solveig… est-ce que ça te dirait de venir au bal avec moi ? »

L’esprit de Kana tournait au ralentit et il lui fallut plus d’une seconde avant qu’elle ne se rende compte que sa proposition était déplacée… et incongrue. Sans parler qu’elle y allait déjà avec Darragh mais, pour d’autres raisons. Elle essaya de s’expliquer.

« Enfin… pas avec moi, avec moi ! Je veux dire, qu’on s’y retrouve et qu’on passe un bon moment histoire de se détendre et d’oublier tout cela !... »

Hélas, son cerveau était embrumé, comme alcoolisé, et elle ne trouvait plus les mots qui sonnaient juste. Elle voulait lui montrer qu’il existait autre chose que le travail et la solitude, qu’un peu de détente lui ferait du bien, même si Grindelwald sera surement présent. Elle lui aurait bien proposé une sortie à Pré-Au-Lard, mais la prochaine était prévu après les vacances de Noël et il fallait agir vite pour l’âme de Sol, avant sa prochaine tentative car, Kana en était persuadé, cette histoire n’était pas terminé et elle ne pourra surement pas sauver la mise de son professeur et mentor une seconde fois. Doucement, elle prit soin de réfléchir à chacun de ses mots.

« Je… J’aimerai juste passer plus de temps avec toi… car je suis sûr que tu as bon cœur… et j’aimerai t’aider à te le montrer… Si tu es d’accord bien sûr… »

Sa main serra légèrement cette de Sol… Kana ne s’en était pas rendu compte jusqu’alors, mais elle ne l’avait toujours pas lâché. C’est presque gêné qu’elle relâcha finalement sa prise et se racla la gorge, les joues devenues rouges pivoines.

« Tu n’es pas obligée de répondre tout de suite… la nuit… a été longue pour nous deux après tout… »

Son regard se posa sur la bouteille… Elle voulait lui proposer de récupérer la bouteille et de la laisser aller se coucher. Pourtant, malgré la fatigue qui pesait sur ses yeux et ses épaules, la brunette voulait continuait à percer ce mystère qu’était Solveig… Jamais encore une fille ne l’avait autant intrigué depuis… depuis Nozomi.



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MessageSujet: Re: Vengeance - Kanaeko  Vengeance - Kanaeko Icon_minitimeLun 23 Aoû - 21:06



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« Couloirs du deuxième étage »

Automne 1942
Solveig était fatiguée. La main qui s’était posée, doucereuse, au creux de son épaule maigre, semblait l’avoir rappelée à ses longues nuits d’insomnie. Dans l’étreinte aussi légère que la caresse d’une brise d’été, la batteuse tirait brutalement la fière scandinave à la réalité de sa condition physique ; celle d’une silhouette longiligne et noueuse épuisée par le manque de sommeil et la nervosité de son plan ourdi avec soin, dont elle payait aujourd’hui les pots cassées, sous la ferme poigne de l’auteure du gâchis de sa sombre fureur vengeresse. Un seconde de plus, l’abîme d’encre insondable s’écarquilla au creux des sources claires des yeux vairons qui lui faisaient face, comme pour se noyer dans les tréfonds de cet indicible courage et de cette grandeur d’âme qu’elle n’avait pas voulu voir chez celle que son esprit revêche avait catalogué parmi la grouillante fosse aux serpents qu’elle avait appris à éviter comme la peste. A la force de l’affection et d’une sagesse dont la dédaigneuse Serdaigle n’aurait pas cru la Verte et Argent capable, la stupidité de son inextinguible soif de crime s’étiolait, dans la conscience de ses yeux qui s’écarquillaient sur le sombre et inéluctable destin dont le précipice s’ouvrirait sur ses pas déchus, si sa main trop blanche se maculait du sang de l’assassin, fut-il celui du cruel despote qu’avait été Grindelwald.

Plus que toute autre chose, ce fut cette humilité soudaine, cet aveu de compassion d’une douleur qui aurait pu être commune, ce regard bravache qui se baisse enfin, dans le respect d’une douleur qu’elle n’imaginait que trop. Plus que jamais, la rusée gagnait du terrain sur son aînée. Moins que jamais, l’idée de faire du mal à l’obstacle entre elle et la vengeance de toute une existence d’amertume et de rage lui firent battre le cœur qui ne martelait plus sa poitrine. Une dernière secousse, un ultime frisson de ce froid courage qui la tenait debout. Et le poignet blanc, inflexible, s’affaissa soudain sous la patience bravache de la seule qui ait jamais osé s’opposer à celle à laquelle personne ne prêtait plus attention, désappointés par six années d’humeur taciturne et de sombre austérité ;

- Merci.

Dans les tréfonds de cet unique mot, il y’avait la toute la reconnaissance, de celle que Solveig n’avait jamais exprimé, de celle qu’elle n’avait jamais ressenti pour personne d’autre, qui parvenait jusqu’à l’exploit de percer une légère lueur dans les tréfonds d’encre de ses yeux, fébrile éclaircie qui traçait son sillage au fin fond du sépulcre d’un regard que rien, jamais, n’était parvenu à éclairer. Et peut-être était-ce la force de cet aveu qui la poussa à ne pas fuir la démonstration d’affection la plus proche et la plus intime qu’elle ait jamais connu ou accepté, en cette main à la paume légèrement calleuse qui s’était déposée sur la pâleur un brin émacié de sa joue blanche. Son regard interdit dissimulait dans sa noirceur immobile le léger affolement que lui provoquait cette proximité impromptue et nouvelle. Même, la confirmation que l’opiniâtre Verte et Argent ne bougerait sous aucun prétexte parvînt à l’exploit de lui arracher l’ombre d’un sourire triste, vaincu presque à la lueur bravache de la fière Kanaeko qui lui prouvait là à quel point elle avait eu tort, et à quel point elle était loin de l’écervelée cancaneuse dont son austérité s’était façonné la trompeuse image.

Personne, jamais, n’avait connu une Solveig si docile qu’à ce moment même. Et seuls les rayons de l’aube goguenards seraient témoins de la déconfiture de la scandinave précédée de la triomphale batteuse qui la tenait par la main. Et lorsqu’elle se retourna pour lui faire face, Solveig se surprit à sentir au creux de sa poitrine comme un pincement au cœur, à voir les larmes dévaler les joues de la Verte et Argent, à la découvrir si affectée d’un sort qui ne la concernait pas. Et cette fois-ci Solveig ne sourit pas, se contentant de froncer les sourcils d’un air de profonde réflexion ;

- Entre autres...J’ai tendance à mal considérer les gens qui refusent de se plier aux règles...Eh bien je suis plutôt l’inverse de toi...Ce que tu as vu ce soir est exceptionnel. Je m’efforce de contrôler mes émotions le plus possible, précisément pour éviter les bêtises dont tu parles...Enfin, tu m’as bel et bien prouvé qu’il ne s’agissait pas d’intelligence, et mon but n’était pas de te faire de la peine...

Toujours sans sourire aucun, Solveig leva les yeux sur les joues creusées par les sillons de larmes qui avaient dévalé les joues de Kanaeko. Il y’avait de l’intransigeance et de l’austérité chez la Norvégienne, mais nulle cruauté n’assombrissait son cœur, plus encore lorsqu’elle était gratuite et inutile. Non, blesser sa comparse n’avait pas été dans ses intérêts, et elle s’apprêtait à la suivre de nouveau, quand la question s’échappa des lèvres mutines et que le regard vairon redevenu pétillant et taquin s’entrechoqua à l’encre écarquillé des siens et à ses lèvres entrouvertes qui lui donnaient sans nul doute un air de béatitude stupide.

Solveig s’apprêtait à lui répondre qu’elle ne comprenait pas, qu’elles étaient deux filles et que cette invitation ne rimait à rien. Et pourtant, tandis que Kanaeko s’empêtrait en justifications brouillonnes, la scandinave réalisait qu’elle n’avait jamais posé un pied au Bal, qu’aucun garçon de Poudlard ne lui avait jamais donné la moindre envie de supporter sa compagnie une soirée. Et pourtant, l’idée de plonger un peu plus ses yeux dans le regard vairon de la batteuse et de se confronter à ce courage taquin, un brin insolent, qui lui donnait l’étrange et paradoxale envie de rire et de la désarmer. Et Kanaeko dut voir la grimace mutique de l’impassible blonde, car l’étreinte qui lui broyait littéralement la main se desserra et la fière scandinave décida de mettre un terme à l’émoi de la pauvre batteuse dont les joues étaient devenues cramoisies et qui s’égaraient en bredouillages confus ;

- Eh bien pourquoi pas...Je n’avais aucune envie d’y mettre un pied, parce qu’aucun garçon de Poudlard ne me donnait la moindre envie de passer une soirée entière avec lui...Mais nous sommes deux filles, c’est sûrement défendu...Un haussement d’épaules, l’ombre d’un léger sourire...Mais tant pis, après tout, nous pourrons prétendre que nous sommes venues seules...

Comme pour mettre fin à son tourment, Solveig eut peut-être un des premiers gestes d’affection de toute son existence. Les yeux toujours plongés dans les siens, elle serra un instant la main d’une pression légère, qui se voulait réconfortante. Peut-être était-ce défendu, mais de n’importe quel garçon de cette école, Solveig aurait refusé net une telle invitation.
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Kanaeko Hantsuki
Kanaeko Hantsuki
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MessageSujet: Re: Vengeance - Kanaeko  Vengeance - Kanaeko Icon_minitimeDim 29 Aoû - 17:28



Vengeance

« Couloirs du deuxième étage »

Automne 1942

Kana fut surprise par ce simple « merci ». Ce simple mot semblait lourd de sens, bien plus encore que le croyait la jeune Serpentard. Une chose était sûre : Sol se sentait comprise et cela semblait avoir fait pencher la balance en faveur de la jolie brune. Après tout, cette dernière ne savait pas mentir et à quoi bon être malhonnête ? Elle aurait réagi de la même manière que la norvégienne, inutile de se voiler la face. C'était pour cela qu’elle avait refusé de l’affronter et pour cela qu’elle ne la dénoncera pas. Sa haine ne disparaitra pas demain, peut-être même qu'elle ne disparaitra jamais. Mais elle ne devait pas laisser cette rage intérieure diriger sa vie et lui dicter son destin. Sans doute pourra-t-elle exploiter cette haine dans le futur pour faire de bonnes choses mais, pour le moment, l'objectif de Kana était de la rediriger sur une bonne route et elle semblait avoir réussi. Temporairement du moins.

D'ailleurs, la Serpentard cru revoir ce léger éclat dans ses yeux, faible et vibrant mais bien présent. Un cœur battait dans cette poitrine et ne demandait qu’à s'exprimer pour de bon, réagissant étrangement aux paroles et aux caresses de Kanaeko. Cette dernière y trouva la confirmation de sa théorie comme quoi Solveig avait un cruel besoin d'affection mais qu’elle le refoulait au plus profond de son être, sous une épaisse couche de rancœur et de haine. Alors qu'elle lui caressait la joue, un sourire triste apparu sur ses lèvres ce qui eut pour effet de déstabiliser légèrement la jeune Serpentard qui n’avait jamais vu sa comparse de Serdaigle manifester la moindre émotion sur son visage fermé... C'était une triste émotion, oui, mais cela restait un sourire. Comprenez bien Kana : Solveig est connue pour son visage fermé et son air pincée qu’elle a toujours affiché à l’école, lui donnant déjà l’air d’une vieille femme aigrie alors qu'elle restait une adolescente. Ce sourire semblait la rajeunir presque violemment et lui donna un air plus… tendre disons. La jeune américaine sentit son cœur basculer dans sa poitrine. Ce n’était pourtant pas grand-chose... Un sourire, un merci, une tentative de meurtre... Mais son cœur réagissait au quart de tour comme si cette fille lui plaisait ?!... Enfin, elle mit ça sur le dos de l’émotivité dût à sa profonde fatigue physique et mentale.

Solveig s’expliqua finalement. Une explication qui fit la lumière sur énormément de choses et pas seulement sur son analyse du comportement de la Serpentard. Ce qu’elle lui confia expliquait également ce comportement continuellement fermé et pincé. Elle refusait tout bonnement et simplement de laisser ses émotions prendre le pas sur sa raison. Pourtant, ce qu'il venait de se passer ce soir prouvait que ce n’était, peut-être, pas la bonne solution. Les émotions négatives latentes avaient influencé sa raison et fait de l’assassinat de Grindelwald une chose parfaitement logique et légitime... Cela la rendait dangereuse, bien plus que Kanaeko le pensait. Elle avait bien compris que son but n'avait pas été de la blesser. D'ailleurs, jamais de la soirée Solveig n'avait essayé de la blesser, autant physiquement que moralement. Il y avait eu une joute verbale, certes, mais rien de vraiment cruel.

« Ah non, ne t'inquiètes pas, tu ne m'as fait aucune peine... Je suis juste un peu... fatiguée. »

Kana était fatiguée à tel point qu’elle lui avait fait une demande qu’elle regretta presque aussitôt, redoutant un refus catégorique suivit d'un jugement glacial digne de la jolie Serdaigle. Cette idée se confirma presque lorsque la jeune femme fit une légère grimace. La Serpentard se sentait mal... pour la première fois dans sa vie, elle voulait prendre ses jambes à son cou et s'enfuir le plus loin possible pour éviter cette réponse qui sera, sans nul doute, très désagréable. Pourtant, la réponse arriva et la surprise de Kanaeko fut totale. Le rouge lui monta totalement aux joues et, malgré la teinte naturellement foncée de sa peau et la pénombre environnante, le rouge de ses joues était parfaitement visible. Pendant un long moment, cette réponse positive, exprimée de la plus calme des manières, cloua le bec de l'américaine qui resta comme pétrifiée de surprise. Est-ce que Sol... Non non, elle ne devait pas penser à cela ! Elle se l'était interdit ! Mais la grande blonde est belle, intelligente, continuellement pleine de surprises et dangereuse... Tout ce que Kana aime... Mais c'était contraire à la promesse qu’elle s'était faite. Pourtant, cette fille, fasse à elle, la mettait dans un état émotionnel comme personne ne l'avait fait avant elle. De plus, ce petit démon (ou petit ange ?) lui murmurait dans l'oreille que Sol aurait tout à gagner à l'avoir comme petite amie... Petite amie... Ces deux mots sonnaient bizarrement dans son esprit, faisant ressortir les paroles de sa mère, le jugement qu’elle avait subis par les autres élèves… Ce n’était pas naturel, et pourtant, elle n’y pouvait rien. Solveig eut, alors, un geste minime, serrant légèrement la main de Kana qui sortit de sa torpeur... Cette dernière n’arrivait même plus à retirer sa main. Elle avait ses yeux plongés dans l'océan noir de Solveig et, contrairement à ce qu'il s'était passé avec Aurora, elle n'avait pas forcément envie de l’embrasser... Par contre, elle aurait tout donner pour que ce moment dur encore et encore… *Merde… Je suis en train de tomber amoureuse…* Pensa-t-elle, en pleine panique intérieur, avant de répondre en essayant de conserver un air détendu :


« E... excuses moi... J'ai eu un moment de... Enfin... tu... » Elle fit une pause en se pinçant l’arête du nez de sa main libre, ne lâchant pas la main de la Serdaigle. « Merci... D’accepter. Je ne pensais pas... être à la hauteur de tes espérances. Pour être honnêtes, j'y vais avec Darragh mais, plus par convention. Darragh est un ami cher à mes yeux, mais rien de plus. Enfin je ne dis pas que toi et moi... » Elle se rattrapa juste à temps avant de dire quelque chose qu’elle aurait amèrement regretté. « Bref, j’ai des plans pour Darragh. Si tu le souhaites, je pourrais tout t’expliquer plus tard... Mais... franchement... c'est avec toi que je veux participer au bal. Et peu importe ce qui est conventionnel ou non. »


Elle espérait sincèrement que Solveig n'allait pas se sentir offensée. Car, ce qui avait été une proposition faite sur un coup de tête était devenu une véritable obsession pour Kanaeko. Elle voulait vraiment y aller avec Sol… Et il n’était pas seulement question du bal. Elle voulait apprendre à connaitre cette femme un peu plus et se rapprocher d’elle. Ce n’était pas bien, la Serpentard le savait. Mais quelque chose lui disait que, si elle n’essayait pas, elle louperait, peut-être, la chance de sa vie. De plus, la Serdaigle avait besoin d’elle. Elle avait besoin d’être guidée, qu’on lui montre qu’il y avait d’autres chemins que la vengeance pour honorer la mémoire de sa famille. En attendant, Kana s’était à nouveau noyé dans l’encre des yeux de Sol alors qu’une lumière couleur ambre, filtrée par les vitraux du deuxième étage, les éclairaient toutes les deux, main dans la main, offrant un tableau pour le moins surprenant mais d’une beauté inspirante.


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