Le feu sous la cendre - Gellert - Page 2



 
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Le feu sous la cendre - Gellert

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Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
Âge : 61 ans.
Sang : Sang-Mêlé.
Nationalité : Anglaise.
Patronus : Un Phénix.
Épouvantard : Le cadavre de sa sœur et, depuis peu, la silhouette de Gellert Grindelwald qui s'éloigne de lui inexorablement, et ce malgré sa main tendue vers lui.
Reflet du Riséd : Gellert Grindelwald à ses côtés.
Avatar : Jude Law.
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Double-Compte : Belladone le Fragile, Desiderata la Peste, Aurora la Simplette, Minerva la Sévère, Solveig la Dure à Cuire.
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MessageSujet: Re: Le feu sous la cendre - Gellert  Le feu sous la cendre - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMer 7 Juil - 11:00



Le feu sous la cendre

« J’ai vu dans ton cœur, et ton cœur est mien. »

Automne 1942

Gellert Grindelwald pouvait-il réellement comprendre ce qui était en train de se passer ? Car ceux qui côtoyaient Albus Dumbledore de longue date pouvaient être coutumiers de ses réponses mystérieuses, et de ses pérégrinations fantaisistes qui surgissaient au détour d’un sujet épineux, grave ou même sinistre. L’entendre se confondre en une litanie énamourée relative à la laine d’Ecosse et aux motifs juvéniles, quand le sujet de leur passion déchûe, gaspillée au vent d’une gloire éphémère, venait d’être abordée avec une franchise pudibonde, pourrait-être confondue à tort avec de la raillerie ou de l’injure. Et non, le dessein d’Albus Dumbledore, dans ce cas précis, n’était pas de tourner en dérision l’épouvantable gâchis d’un amour imperméable au temps, à l’absence, et aux tristement célèbre crimes de Grindelwald qu’il n’aurait de cesse de réprouver. Tout ceci était simplement trop, ce soir. Trop pour la pudeur et la tendresse d’Albus, savamment dissimulée derrière ce visage de grand sage et d’éminent sorcier, qui aujourd’hui tombait à ses pieds pour se fracasser sur l’asphalte, tandis que le reflet lui renvoyait l’écho de la plus grande faiblesse de sa vie, douleur indélébile, plaie endormie, léthargique, jamais morte tout à fait, tant qu’Albus vivrait, et qu’un cœur soumis au terrible Gellert Grindelwald battrait au creux de sa poitrine.

Il y’en avait beaucoup pour s’insurger, à raison, de ce qu’ils considéraient de la part du sous-directeur de Poudlard comme de la raillerie. Oui, c’est vrai, le malicieux Professeur se complaisait dans la moquerie taquine de ces membres du Ministère endimanchés qui lui faisaient affront, se sachant infiniment plus intelligent, incroyablement plus sage et éminemment plus puissant. Mais face à Gellert, il n’y avait que réserve face à cet amour qu’il avait conservé au creux de son cœur plein de mystère, relique sacrée qu’il craignait de voir fouler aux pieds de tous ces autres qui ne les valaient pas. Alors cette nuit, comme il était opportun de parler de ses chaussettes écarlates brodées d’astres lunaires, en oubliant que Gellert ne le connaissait pas, occultant ces quarante années de vide et de trou béant au creux de sa poitrine, à chercher l’amour de quelqu’un qui haranguait des foules innombrables en terrorisant le monde sorcier, après l’avoir abandonné devant le premier cadavre d’une longue série.

Ils ne se connaissaient pas, ou si peu. C’était la triste réalité, difficile à assimiler, impossible à exprimer, tant son chagrin nouait la gorge. Et pourtant ! Ce qu’avait écrit Albus au jeune amant fuyard, il y’avait plus de quatre décennies, se révélait si vrai que c’en était déroutant. Ils se ressemblaient trop. Les notions abstraites du temps et de la distance n’étaient rien, rien face à la fusion de ses deux âmes siamoises que même la force déferlante des éléments de Dame Nature ne semblait pouvoir séparer. Car Gellert avait plongé les yeux dans les siens. Et il n’y avait nulle colère dans cette contemplation éhontée, nul agacement de voir le sujet de leur passion consumée au vent d’une gloire déchûe s’étioler dans la barbante litanie des chaussettes d’Albus. Non, Gellert Grindelwald souriait, avec ce qui semblait sur son visage une certaine accalmie, voire une paix qu’il ne lui avait jamais vu sur ces unes de journaux ou son visage terrible de conquérant lui était apparu, plein de cette gloire despotique et de cette soif de règne qui l’avait animé tant d’années. Non, son sourire était tranquille tandis qu’il regardait son ancien amant, et lorsqu’il renchérit, sa remarque était presque tendre, et le sourire radieux d’Albus se teinta d’une tristesse soudaine. La mélancolie de la douceur de leurs échanges passés rendait l’affection douloureuse entre ces deux-là. L’œuvre du temps, cette-fois ci, pourrait leur être bénéfique ;

- N’est-ce pas ? Avec des lions, elles auraient été parfaitement Gryffondor. Mais j’imagine qu’il s’agit d’un motif bien plus difficile à broder.

L’humilité du sourire du grand Gellert Grindelwald avait quelque chose d’impressionnant dans sa pudeur et sa modestie, lui que le monde craignait, lui que personne n’osait regarder dans les yeux, et qui aujourd’hui se surprenait à sourire avec pudeur à celui qui l’avait extirpé de sa geôle infâme au fond de laquelle il aurait mérité de finir ses jours. Ô fous ignorants qui sous-estimaient le fabuleux pouvoir du Miroir du Risèd ! Gellert n’avait peut-être pas conscience encore de la manière dont le Miroir l’avait affecté. Albus le voyait baisser la garde. Il le voyait bien, ce masque impassible façonné par des années d’une maîtrise prodigieuse de l’Occlumancie, s’effriter sous le pouvoir du reflet séducteur qui le narguait de l’écho renvoyé du plus profond de son âme en léthargie depuis tant d’années. Et Albus n’était pas au bout de ses surprises.

Je suis désolé. Il n’y avait plus de pudeur dans le regard d’Albus lorsqu’il leva ses profondeurs d’azur sur le visage de son ancien et unique amant. Il avait fallu que les mots soient prononcés pour que le plus grand sorcier de son époque comprenne qu’il les attendait depuis quarante ans. Et la vague conscience que tout cela n’avait plus aucune importance aiguisait un peu plus son affliction. Il n’avait plus besoin de ces excuses. Gellert était pardonné depuis longtemps. Il n’y avait plus de colère au creux du cœur d’Albus Dumbledore. Seulement un sentiment d’abandon terrible, la conscience d’un terrible gâchis, le chagrin de n’avoir pas suffi au jeune Gellert plein de rêves, qui avait préféré souiller ses mains de sang sur le chemin de sa gloire funeste plutôt que de passer sa vie à l’aimer. Et derrière l’éclat des lunettes en demi-lune, dans les tréfonds d’un regard qui ne vacillait pas, une larme, unique, brilla et étincela au creux du ciel d’été des prunelles, pour aller rouler sur sa joue et se mourir au creux de la barbe cuivrée qui lui mangeait les joues.

Pourtant le regard ne se brisait pas. Albus n’avait jamais vraiment eu honte de pleurer. Et s’il lui avait fallu une seule et unique raison de faire couler ses larmes, Gellert n’était-il pas la plus légitime ? Geste instinctif d’homme tendre, inconscient presque, ses doigts se déplièrent, et sa main se tendit un instant, une seconde, avant de retomber dans le vide. Son unique amant se tenait, immobile, les mains croisées dans le dos. Et, pour peut-être une des premières fois de son existence, Albus perdit courage. Son bras retomba aussi vite qu’il s’était levé, soudain mû par une grande lassitude de vieil homme usé par la mélancolie et le chagrin. Le regard d’azur brillant de l’unique larme versée se fondit au dos vêtu de noir de Gellert qui amorçait son départ, vaincu lui aussi par ce miroir, tentant de garder la face dans cette injure éructée contre l’impitoyable objet. Ce fut à Albus d’avoir un sourire attendri lorsque Gellert se figea néanmoins, sembla ne pas pouvoir partir, lui non plus pas le moins du monde immunisé au pouvoir du Miroir malgré sa puissance. Comme une éclaircie dans un ciel de brouillard, le sourire d’Albus lui éclaira le visage, et à son tour il se décrocha du reflet enchanteur du Miroir, qui avait soudain bien moins de pouvoir, à présent que le reflet de chimère était là en chair et en os.

Le désir inconscient de se saisir des doigts blancs, Albus l’avait enfoui au fond de son âme. Pudeur inavouée, effroi de subir le rejet, l’abandon de celui qui, il y’a quarante ans, n’avait pas su se suffire de sa simple présence. Seuls, ses doigts effleurèrent un instant le bras recouvert de cette sempiternelle tenue noire que Gellert portait inlassablement. Juste une seconde, comme pour le sortir de sa léthargie contemplative, comme pour lui rappeler qu’il était là ;

- Je ne fais jamais de mise en garde à la légère…Ce miroir est dangereux, et n’apporte rien de bon à personne. Allons-nous-en. Nous pouvons boire un chocolat dans mon bureau, si tu le veux. Ensuite, je te raccompagnerai à ta chambre, que tu n’aurais jamais dû quitter.

Cette fois-ci, Albus souriait toujours. Mais c’était un tendre sourire, plein d’une douloureuse tristesse et d’une mélancolie lasse. Il lui faudrait vraiment songer à déplacer ce Miroir.


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Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Le feu sous la cendre - Gellert  Le feu sous la cendre - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMer 7 Juil - 14:42



Le Feu Sous la Cendre

« I APOLOGISE IF YOU FEEL SOMETHING »

Novembre 1942.

Le dos toujours tourné à celui à qui il devait certainement la vie, Gellert ne réalisait pas tout à fait ce qu’il venait de dire. Des excuses sobres et honnêtes qu’il n’aurait jamais pensé prononcer un jour. Malgré sa remarque insolente envers ce Miroir qui n’était que le reflet de sa propre détresse sentimentale, ses trois mots résonnaient encore contre la pierre de la cathédrale des objets oubliés. Quelques années auparavant, il aurait préféré qu’on lui arrache la langue au lieu de se rabaisser à s’excuser devant l’homme qu’il pensait haïr depuis toujours. Mais à cet instant, en voyant sa tête se poser sur l’épaule de son Némésis, il avait compris. Il avait compris que Dumbledore n’avait jamais été l’homme qu’il avait haï le plus, qu’il n’avait jamais été son plus grand ennemi. Non, son antagoniste principal, c’était lui-même. Lui-même qui s’était convaincu qu’il n’avait jamais eu personne pour avancer, qu’il ferait des grandes choses seul, qu’il repousserait les limites de la magie, autant blanche que noire, par la seule force de sa volonté et de sa puissance. Mais il s’était trompé. Dans cette ultime lettre, ruines de leur adolescence gâchée, dans ces longues phrases que Gellert connaissait par cœur et n’avait jamais oublié, Albus avait raison : ils étaient deux et il n’a effectivement rien pu faire de durable sans l’éclat doux et sage de son regard azuré.

Il apprécia cependant son silence, le manque de commentaires sur ces excuses d’une sobriété ridicule. Peut-être se doutait-il que cela n’était pas un exercice si facile, leurs fiertés respectives étant des plus démesurées. Mais Albus resta muet et Gellert comprit de lui-même que sa phrase pitoyable n’avait aucun poids face à l’immondice de ses crimes et des ravages incommensurables de sa colère. Il était tout bonnement inexcusable, lui, le plus terrible mage de son siècle, voire de l’Histoire. Le sang de ses victimes, certaines ayant même grandies ici, s’étant épanouies ici, maculait irrémédiablement ses mains pâles qu’il s’obstinait à cacher à sa vue. Rien ne pourrait réparer ce qu’il avait. Rien ne pourrait rendre toutes les vies ôtées par sa faute. Il ferma les yeux, refusant toujours de voir Albus qui respecta ce simple silence. Gellert craignait qu’il n’ait été mis en colère par la hardiesse de son excuse pauvre, pouvant être perçue comme mal venue voire effrontée. L’illustre professeur prenait certainement sur lui pour ne pas renvoyer l’impertinent mage noir d’où il venait. Grindelwald aurait dû rester à sa place, plutôt que de s’octroyer l’affront de présenter de si piètres excuses. Mais il n’aurait pu en faire un monologue sans que cela ne semble forcé. Car malgré la pauvreté de cette phrase, elle n’en demeurait pas moins parfaitement spontanée.

Il entendit Albus s’approcher de lui et il crut, l’espace d’un bref instant, sentir ses doigts frôler l’étoffe de sa manche. Curieux, Gellert tourna légèrement et instinctivement la tête vers celui qui l’avait profondément changé. Son regard azuré semblait être dépourvu de colère ou même de rancœur. Pris au dépourvu, le mage noir se perdit alors dans le bleu des iris d’Albus qui semblaient anormalement brillantes. Ce qu’il restait du cœur noir de Grindelwald se serra douloureusement lorsqu’il comprit. L’émotion de l’homme en face de lui fut communicative et la mâchoire pâle de Gellert se crispa pour tenter de conserver une certaine dignité dont il semblait être dépourvu ce soir. Longtemps, il regarda l’harmonie paisible mais profondément triste dans les yeux d’Albus, ignorant ce que les siens, dichotomiques, pouvaient bien exprimer. Il espérait cependant qu’au moins une de ses iris lui criait à quel point il désirait se jeter dans ses bras, à quel point il désirait cacher, honteux, son visage dans l’épaule chaude de cet homme qui l’avait rendu fou. À cet instant, il n’avait pas l’impression d’être jugé. Le sourire même d’Albus lui donnait l’impression qu’il pouvait être pardonné et qu’une nouvelle vie s’offrait à lui, loin des affres de sa rage vindicative. Après tout, Dumbledore avait certainement été l’homme le plus impacté, directement et indirectement, par ses crimes.

Il prit alors la parole, rappelant les sévices potentiels du Miroir, ses dangers et ses conséquences sur l’esprit. Gellert eut un sourire doux. Oui, il s’était laissé prendre au piège. Sa mélancolie profonde venait certainement de là, et pourtant. Il n’avait pas eu besoin de se faire avec Albus pour ressentir des regrets. Chaque nuit, enfermé dans son bureau, il était avec eux. Chaque nuit, ses remords l’accompagnaient tant que la Lune était haute dans les cieux. Mais voir ces quarante années passées séparés avait rendu la douleur concrète et vive. Et il avait l’impression que seuls les bras d’Albus se refermant sur lui pourrait la soulager. Il l’invita alors à partir et à boire un chocolat chaud, en privé. L’idée para d’un léger sourire, presque timide, le visage blafard du repenti. Bien sûr qu’il acceptait la proposition. Pour rien au monde il s’éloignerait de lui ce soir-là, pour rien au monde il retournerait s’enfermer dans sa solitude punitive. Mais Albus lui fit comprendre que c’était néanmoins le sort juste et logique qui l’attendrait dans une heure ou deux. Une ombre triste vint entacher le sourire doux de Gellert, le rendant plus discret, moins franc, acceptant néanmoins la sentence. Au moins pourrait-il profiter de quelques instants supplémentaires avec lui.

Mais un nouveau regard aux yeux humides finit de briser le cœur atrophié de Grindelwald, qui crevait d’envie de vivre à nouveau, d’assumer enfin chaque battement puissant et vif à l’idée de se retrouver contre et de concert avec celui de l’homme qu’il avait toujours et trop pudiquement aimé. Ce voile brillant trahissant une mélancolie certainement bien trop grande dans le regard d’Albus, Gellert ne voulait plus la voir. Et il refusait que ce soit à cause de lui à nouveau. Alors, de manière tout aussi spontanée, maintenant sa fierté de côté, il osa aller au-delà de son reflet et prit celui dont il avait probablement ruiné la vie fermement dans ses bras, collant son corps chaud contre son torse encore maigre et diminué par une décennie et demie à Azkaban. Gellert ferma alors les yeux, se laissant enivrer par cette chaleur profondément agréable, de son odeur doucement boisée. Il ne réalisait certainement pas ce qu’il était en train de faire mais toute cette étrange soirée semblait se dérouler comme dans un rêve. Quitte à prolonger l’irréalité de ce songe, autant le rendre le plus réconfortant, le plus rassurant possible. Tenant toujours Albus contre lui, ne comptant pas le lâcher de sitôt, Gellert finit par dire d’un ton léger :

— Un Britannique qui me propose un chocolat chaud au lieu d’un thé ? Je ne trouve cela presque scandaleux.

Un sourire apaisé aux lèvres, l’esprit comme agréablement vidé depuis des dizaines et des dizaines d’années, Gellert conservait précieusement le corps de son ancien amant contre lui, sentant le Pacte de Sang créé quarante plus tôt lui rentrer dans la poitrine. Même si sa lucidité semblait être embrumé par cette douceur à laquelle il n’était plus habituée, il ne s’était jamais si vivant. En réalité, il avait enfin l’impression d’être sa place. Son sang tambourinant dans ses oreilles, il espérait juste qu’Albus ne cesse brusquement cette étreinte aussi sincère que salvatrice.
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MessageSujet: Re: Le feu sous la cendre - Gellert  Le feu sous la cendre - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMer 7 Juil - 16:06



Le feu sous la cendre

« J’ai vu dans ton cœur, et ton cœur est mien. »

Automne 1942

Il fallait partir. Ce fichu miroir n’avait plus de sens, à présent que Gellert était là. Etait-il réellement en mesure de lui faire encore du mal, quand le crève-cœur de l’absence d’un morceau même de son âme était près de lui, désormais ? Albus aurait pu le narguer, ce cruel objet qui s’était joué de son désespoir tant d’années. Gellert était là, grâce à lui, grâce à la constance de sa passion, grâce à la force de sa volonté devant ils avaient tous plié, Ministère et Magenmagot, et tous ceux qui pouvaient s’égosiller à le traiter de fou ou de fantaisiste, mais sur lesquels le grand Albus Dumbledore aurait toujours préséance. Et ce n’était plus le manque de Gellert qui l’étouffait de chagrin, mais la conscience des années passées, d’un passé solitaire irrévocablement gaspillé sur l’autel de la gloire funeste d’un mage noir aujourd’hui repenti, vaincu par l’insidieuse douleur que renvoyait comme un écho des tréfonds de l’âme le reflet du Miroir. Gellert Grindelwald était, entre autres choses plus ou moins avouables, connu pour être le plus grand Occlumens qui foulait encore la terre. Et sans doute la chute n’en était-elle que plus rude, car nulle magie, nulle malice, nul artifice ne pouvait tromper le Miroir du Risèd, qui fouillait au plus profond du cœur de n’importe quel sorcier, peu importe sa puissance, la gravité de ses crimes ou la nature de ses désirs.

Aussi fallait-il partir. Il y’avait assez de cadavres, assez de sang et de douleur entre eux deux, pour que le miroir y insuffle sa cruauté traîtresse, sous la chimère de rêves inaccessibles, qu’Albus Dumbledore avait déjoué par la seule force de son bon vouloir, libérant de sa geôle infâme le criminel le plus terrible de son temps. Et celui qui avait trembler le monde sorcier tourna la tête lorsque les doigts de son ancien amant effleurèrent son bras. Son regard plongea dans l’azur de celui d’Albus, qui avait perdu la pudeur sacrée dont il s’était fait une loi, pour pouvoir survivre sans Gellert. L’odeur légèrement boisée, alpine presque, lui fouetta le visage et l’âme. Ils étaient si proches qu’Albus pouvait deviner chaque détail de ce visage d’albâtre, blanchi pour l’obscurité d’une magie inavouable, et dont son unique amour portait désormais les stigmates, comme les vestiges indélébiles de ses crimes et de ses exactions, en écho aux cicatrices qui devaient flétrir son âme que le Miroir avait eu l’exploit de parvenir à mettre à nu.

Albus ne vit rien venir. Le duelliste imbattable, le mage resté d’une vivacité exceptionnelle au combat, tout entier à la contemplation éperdue de ces prunelles uniques, qui avaient eu raison de sa sagesse dès le premier regard, se laissa happer sans rien pouvoir dire ou faire. Il lui fallut une seconde pour reprendre pied avec la réalité, et s’apercevoir qu’il était au creux des bras de celui dont le manque avait creusé sa poitrine quarante années durant. Dans ses bras. Albus ne réagit d’abord pas, les yeux fermés dans ce qu’il croyait un rêve qu’il voulait à tout prix voire perdurer. Les mains du seul et unique amant de toute sa longue vie s’étaient emparées de sa taille dans une étreinte presque ferme, les paumes contre le dos du sorcier qu’il avait abandonné à sa douleur solitaire il y’avait de cela quatre décennies. Et plus rien ne semblait avoir d’importance. Ni le sang sur ses mains qui le collait à lui, ni la solitude, ni le gâchis. Il était là, tout contre lui, si mince qu’Albus en eut le cœur serré un peu plus, une nouvelle larme se mourant contre l’épaule de Gellert, au creux de laquelle il avait enfoui son visage. Une de ses mains s’aventura jusqu’à la nuque froide, ses doigts glissant contre les cheveux désormais d’une blondeur polaire, presque blanche.

Son autre main avait glissé autour de la taille trop fine, cherchant à se fondre dans l’étreinte, pour qu’enfin leurs deux âmes fusionnent pour de bon, comme pour l’empêcher de partir encore, comme pour lui faire sentir que rien n’aurait plus jamais de sens, s’il l’abandonnait de nouveau. Il n’y avait qu’ainsi, au creux de ses bras, que tout paraissait enfin à sa place. Quarante années de déchirement, pour se sentir entier, enfin. Et Albus s’y alanguissait, les yeux fermés, délices éhontés de ce qu’il avait attendu tant de temps, et dont il avait presque fait le deuil. Le temps et l’espace n’étaient plus rien, le visage tout contre l’épaule de celui qui n’avait jamais vraiment quitté sa vie, leurs corps se fondant l’un dans l’autre, tant qu’Albus y sentait les côtes du prisonnier trop maigre encore, que la bonne chère de Poudlard n’avait pas eu le temps de rétablir tout à fait. Une larme ou deux vinrent peut-être encore maculer l’épaule de Gellert. Peu lui importait. Albus ne les sentait pas couler, tout à la fraîcheur des paumes roides qui se faisaient tendre au creux de son dos, tout à ces hanches qui saillaient en se collant aux siennes, tout à ces embruns du passé dans l’écume desquels il aurait pu se noyer sans mot dire. Ah, comme le Risèd lui paraissait un jouet ridicule désormais ! L’étreinte de Gellert aurait pu le faire devenir véritablement fou, sans plus aucune notion de rien, du temps, de l’espace et de la raison, et se serait laissé aller à mourir au creux de ses bras sans même s’apercevoir de sa déchéance, heureux simplement d’avoir accompli ce que ces quarante années de solitude avaient espéré, sans vraiment oser y croire.

C’est la goguenardise de Gellert qui le tira de son apathique. Rien ni personne d’autre n’aurait pu réussir cet exploit. Albus eut un léger rire, étouffé par l’épaule de Gellert, au creux de laquelle il se lovait toujours, et de laquelle il ne s’arracha pas pour lui répondre ;

- Ah oui ? Eh bien, le thé n’est pas reconnu pour ses vertus contre l’insomnie. Et puis, tu n’en trouveras pas de meilleur que le mien dans toute l’Angleterre.

Après une seconde ou une éternité, Albus, enfin, s’arracha doucement à l’étreinte, pour offrir la tendresse de son sourire au seul homme qu’il ait jamais aimé. Son bras était resté autour de la taille trop mince. C’est la main qui s’était aventurée jusqu’à sa nuque, qui cette fois-ci, s’osa à glisser le long du bras vêtu de noir, pour décrocher une des mains blanches de son dos, et s’accrocher doucement à ses doigts. D’une pression de la paume, le regard accroché au sien, Albus se retourna face au miroir, encourageant Gellert à faire de même ;

- Viens…Nous avons vaincu le formidable pouvoir du Miroir du Risèd…Ne te l’avais-je pas dit…A nous deux, nous pouvons tout.

Raillerie faite au miroir. Moque-toi donc de nos plus profonds désirs. Nous les avons concrétisés à ta face rieuse ! Gellert était près d’Albus, et à présent le reflet du plus profond désir du mage noir le plus craint du monde sorcier affichait sa triomphale réalité cette nuit-là, dans l’union des mains des plus puissants sorciers qui se soient jamais aimés.



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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Le feu sous la cendre - Gellert  Le feu sous la cendre - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMer 7 Juil - 18:26



Le Feu Sous la Cendre

« I APOLOGISE IF YOU FEEL SOMETHING »

Novembre 1942.

Le temps semblait s’être figé. Le poids des années ne se faisait plus sentir sur les épaules de Gellert qui avait l’impression d’être revenu quarante ans en arrière. Il n’y avait plus les pierres du château, la lueur pâle de l’astre lunaire sur ses joues blanches mais bien la chaleur des rayons d’un Soleil d’un été caniculaire. Les yeux clos, Albus contre lui, il retrouvait les odeurs de fougères séchées, de l’herbe jaunies par la chaleur, du chant des grillons dans les fossés. Il n’y avait aucun nuage à l’horizon. Le ciel d’un bleu profond et pur leur traçait un avenir aussi rayonnant que l’astre flamboyant sous lequel les deux adolescents s’apprivoisaient mutuellement, découvraient ensemble les prémices d’un amour aussi puissant et passionnel que destructeur. Mais ils avaient été si jeunes et insouciants qu’ils avaient été aveuglés par leur propre bonheur, la flamme brûlante de leur désir réciproque n’ayant pas encore mordu leurs doigts avides de découvrir la peau de l’autre. Gellert eut la respiration lourde, songeant à ces quelques semaines où il avait été vraiment heureux, animé par cette ardeur de cette amitié bien trop complice, cet amour bien trop fusionnel. Désormais, ils avaient vieilli. Mais cette chaleur dans sa poitrine trop froide depuis trop longtemps lui indiquait que son indéfectible passion pour Albus ne s’était pas érodée avec le temps.

Alors il resta là, profitant juste de le sentir vivant, contre lui, lui, le seul homme qui ait su aimer, se moquant bien des tasses de chocolat chaud ou de thé, du lendemain où chacun devrait retrouver ses élèves pour une journée de cours comme les autres. Qui savait de quoi demain était fait. Peut-être qu’ils seraient à nouveau des étrangers l’un pour l’autre, chacun trop pudique pour oser faire progresser les choses ? Où était passée leur fougue désinvolte ? Leur arrogante et narquoise insouciance ? La réponse, Gellert l’avait mais ne voulait y penser. Alors, il se raccrocha à la seule qui importait à l’instant et ferma légèrement ses poings sur le tissu du pyjama d’Albus. Il ne lâcherait pas tant que celui-ci ne le lui demandera pas. Il souhaitait le garder contre lui, rattraper le temps définitivement perdu dans les abysses de sa colère. Mais maintenant, il aspirait à autre chose. Il voulait voir autre chose dans les yeux d’Albus que cet air tristement mélancolique ainsi que définitivement y chasser ses larmes dont il était, il le savait, le seul responsable. Deux décennies auparavant, son ego se serait targué d’être l’unique homme vivant sur Terre à pouvoir faire pleurer le grand Albus Dumbledore. Mais, à ce jour, il en avait honte et ne désirait plus ce titre affreux.

Albus se consentit alors à répondre à cette étreinte et ce fut à ce moment-là que Gellert eut la sensation d’être incroyablement fragile et frêle. Ayant toujours été relativement élancé dans sa jeunesse, Azkaban avait grandement dégradé sa carrure naturelle et il se sentit bien misérable dans les bras de celui qui avait réveillé son cœur. Pourtant, par sa simple main douce et chaude sur sa nuque, Albus parvint à chasser chaque pensée désagréable dans l’esprit de Grindelwald. Soupirant d’une plénitude recouvrée, le repenti n’osait bouger le moindre muscle, s’accrochant toujours à la soie du vêtement du sorcier contre lui, lui refusant la moindre amorce de recul. Il pouvait également sentir le souffle chaud d’Albus dans son cou, tandis que son visage avait trouvé refuge dans son épaule. La sensation de chatouillement sur sa peau fit se dessiner un sourire sur les lèvres de Gellert, rapidement accentué par le doux ricanement étouffé de son ancien amant contre lui. Celui-ci se vanta de faire le meilleur thé d’Angleterre, même si cela n’était d’aucune utilité face à l’insomnie. Gellert se garda pourtant de dire qu’il ne songeait nullement à dormir, qu’il aurait préféré passer le reste de la nuit lové contre lui et à espérer que le Soleil ne revienne jamais les séparer.

Finalement, il sentit le corps d’Albus se décrocher du sien et par une vaine et discrète tentative de le retenir à lui, il affirma très légèrement la pression qu’il avait sur son dos. Cependant, il n’insista pas, docile en sentant la main chaude d’Albus descendre de sa nuque vers sa main. Gellert le regarda un instant, souriant légèrement, encore comme endormi par cette étreinte qui semblait avoir défié toutes les lois du temps. L’azur des yeux de son ancien amant pétillait à nouveau de sa lueur malicieuse, malgré toujours leur brillance anormale due sûrement à une émotion forte dont Gellert ne doutait pas une seule seconde. Peut-être avait-il les nerfs plus rodés, le cœur certainement moins tendre que l’homme qui le faisait pourtant battre à tout rompre, pour ne pas exprimer son ressenti de façon aussi explicite. Finalement, Albus tint à retourner devant le Miroir, décision qui rendit le rédimé mitigé. Il n’avait pas envie de voir ce qui lui manquait encore, peur d’être trahi par un subconscient mauvais et ambitieux. Pourtant, il sentit sa propre main serrer celle qu’elle tenait et, docilement, il se laissa guider, écoutant Albus, enthousiaste comme l’adolescent qu’il avait été, dénigrant leur ennemi commun du soir fait de verre et de métal. Gellert ne lâcha pas sa main, une certaine appréhension au creux de son ventre. Cependant, à son grand soulagement, son reflet n’avait pas changé : sa tête était toujours posée sur l’épaule d’Albus. Comme ayant l’insolence tenace de ne pas céder entièrement à la tentation, de rire encore au nez de celui ou celle qui voulait dicter sa vie, le mage noir ne vint pas poser sa joue sur la soie du pyjama du professeur de Métamorphoses. Il préféra garder sa nuque droite, un sourire moqueur aux lèvres sans bouger. Néanmoins, il continuait de serrer fort et tendrement la main d’Albus entre les siens, ne souhaitant pour rien au monde la lâcher.

— Ce n’est pas le Miroir que j’ai envie de regarder maintenant.

Avec un sourire espiègle, il n’en détourna pourtant pas le regard, comme cherchant à jouer avec Albus. Un jeu de non-dits taquins, comme beaucoup d’autres qui avaient forgé leur complicité entre eux. Finalement il regarda son épaule et, de sa main libre, pinça l’étoffe de son pyjama pour en analyser l’épaisseur.

— Allons-nous-en, oui. Il ne fait pas si chaud que cela, tu vas finir par attraper froid. Tu me feras goûter le meilleur thé de Grande-Bretagne, ce sera l’occasion.

De sa main libre, il fit recouvrir magiquement le Miroir de son drap avant d’inviter Albus à le suivre, le regard doux et taquin, un sourire aussi insolent que pudique en coin.
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Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
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MessageSujet: Re: Le feu sous la cendre - Gellert  Le feu sous la cendre - Gellert - Page 2 Icon_minitimeJeu 8 Juil - 16:00



Le feu sous la cendre

« J’ai vu dans ton cœur, et ton cœur est mien. »

Automne 1942

La terre tournait enfin rond. Le monde avait enfin un sens, à présent que la grande silhouette usée par le chagrin pudique se fondait dans la tendresse de l’étreinte dont les mains avaient été assassines pour tant d’autres. Les mêmes doigts qui avaient brisé des âmes et des familles par dizaines, aujourd’hui agrippées au pyjama d’un Professeur vieillissant, emmuré de lui-même au creux de la pierre froide d’Ecosse, deuil forcené de la gloire merveilleuse promise par les bonnes fées à son berceau, qu’il avait rejeté dans la promesse à Gellert de n’être rien sans lui. Et la prédiction d’Albus n’avait pas failli ; le grand Gellert Grindelwald avait bien essayé ; avait goûté au triomphe, au pouvoir absolu, au sang et aux crimes. Et la déchéance avait commencé dans la reddition, mais avec elle et sur son chemin semé d’ornière la repentance, douloureuse et expiatoire pour les méfaits terribles qui avaient terrorisé le monde et fait couler tant de larmes sur le visage fatigué d’Albus. Et les quarante années ne semblaient plus qu’un lointain et mauvais souvenir, comme orage passager au cœur d’un ciel d’été. Et l’éclaircie était si radieuse qu’Albus en fermait les yeux, le visage enfoui au creux de l’épaule protectrice qui avait destructrice pour tant d’innocents et d’anciens élèves qu’il avait encouragés, motivés et accompagnés à devenir ce qu’ils auraient été, sans l’intervention criminelle de celui qu’il n’avait jamais pu cesser d’aimer.

Albus Dumbledore avait pris le temps de pleurer ces victimes de son amant. Aujourd’hui ses larmes étaient pour lui, lui et ce qu’il aurait pu devenir, si seulement son amour avait suffi à celui qui était devenu le grand, terrible et tristement célèbre Gellert Grindelwald. Il n’avait eu que cela à lui donner, et ça lui avait tant semblé que l’abandon avait été semblable à un deuil, pire encore que celui de sa jeune sœur, ensevelie au lendemain du départ de Gellert, signant la promesse d’une vie morose, faite de regrets et d’inéluctable chagrin. Mais la longue s’achevait à la lueur polaire du visage de son ancien amant, et les ténèbres se mourraient au creux des bras de celui qui, pourtant, en avait été le prince et le despote.

Albus avait suffisamment pleuré pour les morts. Il s’était suffisamment laissé mourir à l’ombre des lochs Ecossais, s’était suffisamment étiolé à la solitude forcenée qu’il s’était imposée comme une évidence. Gellert ou personne, fut-il assassin ou despote, fut-il responsable de tous les maux de la terre, eut-il ouvert la boite de Pandore ; il n’y en aurait jamais que lui, et jamais personne d’autre ne verrait l’immense et vénérable Albus Dumbledore s’effondrer dans les bras et avouer cette vulnérabilité qu’il n’aurait jamais que face à lui. Et si ce fut lui qui s’arracha de l’étreinte, ce ne fut que pour mieux se saisir d’une des mains trop blanches, et d’agripper au creux de sa paume tiède les doigts longs et froids de l’unique amant de son existence.

Docile, soudain, l’impétueux mage noir lui rendit son étreinte, serrant la large paume entre ses doigts d’albâtre, se laissant guider sans réticence vers le Miroir auquel il avait tourné le dos il y’avait de cela un instant, ou une éternité. La vision de chimère, de celle auquel le monde sorcier n’aurait jamais cru, se dessinait, menaçante ou merveilleuse, idylle à laquelle Albus Dumbledore n’osait plus vraiment croire, et qui pourtant le tirait sans ménagement quarante années en arrière, à cet été sous le soleil radieux, à découvrir chaque seconde un peu plus ces petits riens de celui qui serait tout, à jamais, pour le cœur brisé du grand Albus Dumbledore. Triomphal, le Professeur malicieux narguait le Miroir et son reflet goguenard, traître bourreau qui lui avait insufflé plus profond encore le désir de Gellert qui lui avait crevé la poitrine, quand le mage noir repenti semblait, lui, n’avoir d’yeux que pour Albus.

Le Professeur solitaire rosit légèrement. L’audace de Gellert avait toujours frisé l’insolence et, plus jeune déjà, c’est bel et bien déjà le timide Albus Dumbledore qui rosissait sous les bravades de celui qui deviendrait l’assassin le plus terrible de son siècle. Aussi ne répondit-il rien. Gellert n’avait sûrement pas oublié ces silences embarrassés qu’il opposait à son toupet éhonté. Et il l’avait même soupçonné de bien s’en amuser. Et c’est la pression des doigts glacés sur la soie de son pyjama qui lui fit de nouveau lever les yeux vers le sourire espiègle de celui, qui, effectivement, semblait se délecter de la pudibonderie de son ancien amant. Et Albus se surprenait soudain à se trouver vieux et fatigué, Professeur solitaire au quotidien de chat d’appartement, devenu frileux, gourmand et douillet, face au Gellert ivre de liberté et d’aventures qu’une fois déjà, il avait fait fuir sans doute par l’ennui que lui promettait une existence auprès de lui. Parce qu’en effet, il commençait à avoir froid. Presque humilié à l’idée de l’admettre, vanité stupide de celui qui se refuse à vieillir devant cette âme sœur qui avait encore la fougue et l’enthousiasme de ses seize ans. Ses doigts se serrèrent un peu plus sur la paume blanche, comme pour l’empêcher de partir cette fois-ci ;

- Tu le goûteras demain à l’heure du thé, si tu le souhaites. Ce soir je te prépare une tasse de chocolat fumant. J’ai aussi de la réglisse et des caramels. N’oublie pas que tu as des cours à assurer demain, et moi aussi.

D’un regard d’azur distrait par la mélancolie et les émotions de la soirée, Albus regarda Gellert recouvrir, sans baguette, le Miroir du Risèd de son drap, laissant le traître objet à sa perfidie qui ne pouvait plus rien contre eux. Et Gellert s’approchait de la sortie, leurs doigts toujours entrelacés, quand Albus l’arrêta un instant ;

- Attends…Sais-tu que l’on me prête la capacité de me rendre invisible sans cape ? En réalité il ne s’agit que d’un simple Sortilège de Désillusion, mais particulièrement réussi, je dois bien l’avouer…Approche…

De sa main libre, Albus sortit sa baguette de la poche de son peignoir brun, et tapota le crâne d’une blondeur polaire de son ancien amant. L’opération fut réitérée sur lui-même, tandis que tous deux, effectivement, se fondaient tant à l’arrière-plan que le sous-directeur peinait à distinguer son ancien amant autrement qu’en serrant sa paume froide ;

- Nous pouvons y’aller…




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MessageSujet: Re: Le feu sous la cendre - Gellert  Le feu sous la cendre - Gellert - Page 2 Icon_minitimeJeu 8 Juil - 20:19



Le Feu Sous la Cendre

« I APOLOGISE IF YOU FEEL SOMETHING »

Novembre 1942.

Tandis que le tissu en toile finissait de dissimuler les dernières moulures du Miroir du Risèd dans un bruissement souple et discret. Gellert regarda ainsi une dernière fois l’objet avec un sourire. Non, il ne comptait pas y retourner de sitôt. Peut-être même n’avait-il plus jamais envie de le revoir. Il avait sa réponse une fois, peu importe ce que lui réservait l’avenir, il voulait s’imaginer ne désirant pas plus qu’être à côté de celui qu’il aimait depuis toujours. Ne lâchant pour rien au monde cette main qui avait quitté depuis trop longtemps ses doigts, il attendit patiemment qu’Albus lui emboîte le pas pour rejoindre la chaleur d’un bon feu de cheminée. Cependant, il fallait croire que son commentaire sur le thé avait titillé l’honneur britannique de l’illustre sorcier dont il tenait la main. En effet, celui-ci affirma qu’il ferait profiter du meilleur thé d’Angleterre au Bavarois à l’heure dédiée à la boisson chaude. Pour l’heure, il garda sa position sur le fait que le mage noir avait besoin d’un chocolat chaud pour trouver le sommeil et lui proposa même des sucreries. Le sourire de Gellert s’agrandit, amusé de voir qu’Albus ne semblait pas avoir perdu sa bonne vieille habitude de grignoter à n’importe quelle heure de la journée et de la nuit.

— Ne t’en fais pas pour moi, Albus. Je tiens la fatigue. Et… je ne suis pas très friand de la réglisse, désolé.

Avec un sourire taquin, il regarda les yeux bleus d’Albus un instant, s’y perdant dans leur profondeur si claire et pure. Finalement, l’instant ne fut que bref et, comme rappelé par une pudeur timide qu’il ne se soupçonnait pas, son regard contraire se reconcentra sur les dalles de la salle. Ses entrailles se serrèrent également et semblèrent contre une boisson chaude pour les délier. Ce n’était pas l’angoisse qu’il ressentait, ni la peur. C’était une émotion qu’il avait oubliée depuis longtemps, endormie, mais visiblement préservée de l’appétit destructeur des Détraqueurs. Telle une relique perdue et désormais retrouvée, ce sentiment qui le rendait étrangement heureux, il voulait le préserver, le conserver jalousement. Ainsi, il resserra avec douceur son emprise sur cette main chaude qui symbolisait bien des choses. Trop de choses même pour l’esprit de Grindelwald, qui restait malgré lui novice dans ce domaine, après en avoir été particulièrement réticent. Maintenant, comprenant qu’il n’était pas trop tard, il voulait tenter de réparer ce qu’il avait brisé, gâché, sacrifié au nom d’une cause perdue d’avance faute d’avoir perdu un bout de son âme en cours de route.

Finalement, il cessa d’avancer, Albus lui demandant de s’arrêter. Docile, Gellert s’exécuta, subitement inquiet d’une quelconque sorte de piège. Il s’était si ouvert en quelques minutes à l’homme qu’il aimait qu’il se sentit incroyable vulnérable. Il était à la merci du bon vouloir de cet homme, sur son terrain qui plus est. De plus, quand il vit Albus amorcer un geste, indiquant qu’il allait sûrement prendre sa baguette, Gellert ressentit, pour la première fois depuis très longtemps, de la peur. La peur de lui avoir fait aveuglément confiance et d’être trahi. Albus aurait eu toutes les raisons du monde de planifier une machination pareille : attendre que celui qui avait détruit sa vie en revienne à lui, lui avoue, à demi-mots certes, sa dévotion et son amour pour mieux lui planter un couteau dans le cœur. Mais les paroles d’Albus en furent tout autre. Au contraire, même il parla de sortilèges de Désillusion et d’approcher. Gellert le regarda un instant interdit. La pression sur sa main pâle cependant l’invita à lui faire confiance. Et il comprit alors. Invisibles, leurs doigts demeureraient entrelacés sans crainte d’être vus. Avec un sourire doux bien que se remettant de son émotion assez vive, il eut un léger sourire, baissa la tête et ferma les yeux.

À cet instant, il eut la sensation qu’Albus venait de lui casser un œuf sur la tête. Quand il posa son regard, il ne vient rien. Il sourit, bien que le sortilège fût bien trop puissant pour laisser voir quelque chose. L’illustre professeur avait eu raison de se vanter de la qualité de ses sorts. Ils étaient en effet d’une qualité incroyable. Gellert aurait pu renchérir sur ses propres dons mais cela aurait été sans fin : il connaissait la puissance d’Albus et il n’avait nullement besoin de débattre avec lui pour savoir qui avait la plus grande. Tout ce qui lui importait, c’était serrer cette main jusqu’au bout de cette nuit qu’il espérait infinie.

— Je te suis, Albus.

D’un discret mouvement du pouce, il caressera le dos de cette main chaude et lui emboîta le pas.
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