Jolie petite histoire...
Les deux garçons entrèrent en se chahutant dans le vaste jardin de leur propriété, l'un deux assénant un grand coup de sac sur son voisin. Amelia les avait vu grandir, ces enfants. Ils étaient nés ici, au milieu des maisons en pierre de Bibury. Ils en avaient déjà parcouru toutes les ruelles, exploré tous les prés à vaches, passés toutes les barrières.  Amelia les avait même gardés il y a quelques années, quand… La vieille sorcière laissa tomber le rideau et se détourna. C'était une époque sombre. 1930. Il pleuvait quand les hommes du ministère étaient venus, emmenant les Carrow et Weasley sans ménagement. Les deux mères étaient venues, trempées, pour confier les petits enfants avant de suivre leurs maris. Et elle était restée là, avec deux bébés dans les bras et une tripotée de marmots jouant sur ses tapis poussiéreux. La sorcière avait fait ce qu'elle faisait de mieux : elle avait cajolé les bébés, souris aux plus grands avant de leur raconter des récits. Vous vous souveniez de tous les récits magiques de Bibury, mes enfants ? Ouvrez grand vos oreilles ! On raconte que les sorcières se cachent dans les rues, vivent parmi vous, lancent des maléfices et offrent des potions d'amour… Et hop, un petit sortilège bénin, quelques petits chevaux de lumière qui galopaient sur le plancher… Elle aimait s'occuper des enfants, Amelia. Ce n'était pourtant pas une ville de sorciers ici. On comptait le vieux jardin Lestrange au bout du village, avec sa devise en français gravée au-dessus de la porte… Et c'était à peu près tout, avec moi bien sûr. J'étais persuadée que la vieille branche Lestrange qui vivait ici, rescapée d'un ancien mariage avec une quelconque famille anglaise, finirait par disparaître, mais d'autres Lestrange étaient venus. Un jour, alors que l'antique manoir commençait à s'écrouler, vous étiez venus.


1915, les hauts de Bibury, manoir Lestrange.

Ses bottes de pluie pataugeant dans la boue, une petite dame traversa la vieille route et grimpa avec une agilité surprenante sur le vieux muret du manoir. Elle les avait vu depuis la fenêtre de son salon, les lumières qui s'agitaient dans la vieille cour, et si des gens venaient saccager l'unique demeure sorcière du village… Se hissant dans un râle par-dessus le mur, elle resta bouche-bée. Il y avait une calèche dans la cour. Une calèche tirée par une créature invisible, quelques coffres qui prenaient l'eau… Et des gens qui courraient depuis la belle porte du bâtiment. Les derniers Lestrange étaient partis il y a des années, au gré de quelques mariages avec de belles familles. C'était une petite branche, ici, en Angleterre. Une petite branche d'immigrés français venus se marier à d'autres sangs-purs. Je crois que c'était un homme, venus de France pour épouser une belle anglaise. J'imagine que ça se faisait, dans ce genre de famille. Elle faillit glisser lorsqu'une femme apparut devant elle, une lanterne à la main. « Vous cherchez quelque chose ? » « Je… Vous êtes de retour ? » L'inconnue aux beaux cheveux bruns l'observa un bref instant avant de sourire. « Nous ne sommes jamais venus ici, madame. » Elle portait déjà la main à sa cape lorsqu'Amelia lui attrapa le poignet. « Mais… Vous êtes une Lestrange, n'est-ce pas ? » J'avais travaillé pour votre famille, il y a longtemps. J'avais aidé à élever les bébés, à… Tout et n'importe quoi. Je me souvenais encore de ma fierté lorsque l'aîné avait été diplômé de Poudlard, puis de celle lorsque la cadette était entrée au ministère. Ils s'étaient mariés, des années après, et j'avais été conviée. Puis le temps avait passé et j'étais tombée dans l'oubli. Moi, modeste sang-mêlée de Bibury, j'étais restée derrière et j'avais vieilli. Oh, ça ne m'avait pas tant dérangée, je savais que ça viendrait et vous étiez tous partis… Mais à présent ?

Ils étaient revenus comme ça, comme des fleurs, prendre possession du manoir familial. Il y avait des histoires derrière bien sûr. Venir se mettre à l'écart, comme cela, dans une demeure en ruine ? J'avais enquêté, j'étais beaucoup trop curieuse. Il avait été facile de découvrir que les deux femmes Lestrange étaient sœurs, qu'elles venaient de France et qu'elles avaient épousé leur mari lorsqu'ils étaient venus visiter la France. Il avait également été simple d'apprendre que l'un d'eux était un Carrow, et l'autre, son plus proche ami, un Weasley. J'avoue, j'avais été surprise de découvrir un Weasley ici. Pour moi, il s'agissait de cette famille au sang-pur qui appréciait les moldus depuis des générations, qui passaient pour des traîtres à leur sang aux yeux de leurs semblables. Celui-là était différent. Digne, mais réservé. J'aurais pu dire que j'en avais été un peu amoureuse à un moment donné, avec sa peau claire et ses cheveux auburn, mais je n'avais aucune chance. Je n'étais qu'une vieille fille perdue, une sorcière de bas étage et une sang-mêlée. Et surtout, il était éperdument amoureux de sa Lestrange.  


1925, dans le grand salon.

« Au fait, vous ne m'avez jamais dit comment votre époux vous a séduite... » Amelia adressa un sourire coquin à la jeune mère et posa un plateau plein de gâteau sur la petite table du grand salon. Léandre venait d'avoir son dernier enfant, un beau petit garçon qui lui ressemblait trait pour trait à l'exception de ses yeux verts qui venaient du père. « Non, c'est vrai... » La vieille nourrice adorait Léandre et son caractère frais et gentil. Elle était de bonne composition et de bonne compagnie, supportait beaucoup de taches ingrates et passait son temps à jardiner, perdue quelques part dans les plantations du domaine. « Il n'y a pas grand-chose à en dire, tu sais… Octave et Auguste voyageaient à travers l'Europe pour diverses… raisons. C'est là que nous nous sommes rencontrés. Enfin Auguste a rencontré Europe, le hasard a bien fait les choses. J'ai rencontré Octave grâce à ma sœur et… Oh, tu connais mon mari, ses petits sourires… ? Il n'a pas fallu grand-chose de plus. » Amelia croqua dans un biscuit pour se donner contenance. Les sourires, elle les connaissait bien. Elle les recherchait même, ces petits sourires en coin qui faisaient fondre n'importe quelle dame. Il cachait bien son jeu, monsieur Octave, capable de sourire à une femme comme le plus pur des hommes et de suivre la plus sombre des pistes la minute d'après. Amelia avait rencontré des Weasley, mais ils n'avaient jamais été comme lui. C'était des types un peu insouciants les Weasley, toujours relégués aux affaires un peu inutiles du ministère et du monde magique. Mais il y avait toujours, dans une famille, quelques éléments qui suivaient des voies parallèles. J'imagine que monsieur Octave faisait partie de ces gens. Qu'il avait lui aussi suivi une voie parallèle. La grande porte de l'entrée principale claqua et Léandre se leva comme un ressort pour bondir vers le hall. « Octave. » Amelia rassembla les petits gâteaux dans le plateau et se leva pour aller les ranger. Ils avaient tous choisi une voie bien difficile à suivre, bien pleine de sacrifice.


1930, dans le grand salon.

Caché derrière le placard, Hero regarda les ombres de ses deux parents s'enlacer. Il pleuvait dehors et l'éclat discret de la Lune à travers les nuages et la pluie remplissait la maison d'ombres effrayantes. « Que vas-tu faire, Octave... » « Rien. » « Rien ? Mais... » « Il y a des causes plus importantes qu'un homme, Léandre. Plus importante que… Plus importante que nous, d'accord ? » La discussion n'avait aucun sens et Hero commençait à avoir froid. Il s'apprêtait à se glisser hors de sa cachette mais ses parents quittèrent le hall pour s'asseoir dans les fauteuils du grand salon. « Et Auguste, il… ? » « Nous savions ce que nous faisions. Nous étions d'accord : si ça venait à mal tourner, si l'un de nous… Auguste le veut autant que moi, Léandre. Nous n'aurions pas fait différemment si les cas avaient été enfermés. » « Il ne verra pas ses enfants grandir, et... » Hero s'échappa pour de bon. Il n'aimait pas entendre sa mère pleurer et ce qu'elle disait lui faisait peur. Le gamin grimpa les marches en pierre en courant et ouvrit doucement une porte avant de se jeter sur le lit. « Pousse-toi Asia, fais-moi de la place, j'ai froid aux pieds... » Il se glissa sous la couette et colla ses orteils gelés contre les mollets de son cousin, ignorant ses bruits de protestation. Il n'avait pas envie de dormir tout seul dans son grand lit. Pas après avoir entendu la voix toute triste de sa mère. « Asia… ? Tu dors… ? » Il mit son pouce à la bouche pour se rassurer. « Je crois que Oncle Auguste ne va pas rentrer... » Il n'était pas sûr, les discussions des adultes étaient toujours trop compliqués à suivre… Mais s'il ne voyait pas ses enfants grandir, ça voulait dire que c'était parce qu'il ne serait pas là, si ? C'était déjà un inconnu, Oncle Auguste. Comme Père d'ailleurs. Hero ne les voyait jamais parce qu'ils étaient toujours quelque part en train de faire de « grandes choses » comme disait Mère. Occupés à courir comme disait dame Amelia. Mais s'ils ne rentraient plus jamais ? Le petit garçon se colla à son cousin en reniflant.


1931, dans la chambre de Hero.

« Hero, tu n'as pas le droit de frapper ta sœur. » « Je m'en fiche. » « Regarde-moi quand je te parle, Hero Weasley. » Le gamin leva un regard boudeur sur sa mère et croisa les bras. « Elle a dit que j'étais nul. » « Et ? » « Je ne suis pas nul. » Léandre manqua de lever les yeux au ciel et se contenta d'attirer son plus jeune fils contre elle en retenant un rire. Il lui faisait penser à son père avec ses moues boudeuses et son ego à fleur de peau. Toujours occupé à ne pas se laisser distancer, à faire mieux, à travailler pour égaler voire surpasser son cousin… C'était idiot, ils ne se ressemblaient en rien, n'excellaient jamais dans les mêmes domaines, ne s'intéressaient pas au même chose… Ils étaient comme chien et chat mais toujours fourrés ensemble, toujours occupés à quelques magouilles… Ça lui faisait plaisir, elle avait l'impression de revoir des versions miniatures d'Auguste et Octave. « Il faut que tu fasses mieux que ça, Hero. » « Quoi ? » Elle le repoussa pour le regarder bien en face. « Tu veux que ton père soit fier de toi, non ? Que le jour où il rentrera, il puisse voir combien tu fais des efforts, combien tu réussis dans la vie grâce à lui ? » Hero cilla, regarda de côté. « Oui, mais... » « Alors surpasse-toi. » Léandre offrit son plus doux sourire au petit garçon et le recoiffa. Elle s'inquiétait souvent pour lui. Derrière son sale petit caractère se cachait un gamin inquiet de ne pas être à la hauteur, de ne pas faire aussi bien que ses aînés ou même qu'Asia. Il voulait faire ses preuves, tous les jours, pour tout, il voulait être le meilleur. « Dame Amelia pleurait hier… Elle disait que Père ne rentrerait jamais ? » Léandre avait toujours laissé cette conversation de côté, mais aujourd'hui ? « Tu sais pourquoi Octave, ton père, a passé la vie sur les routes ? » Non, bien sûr que non. Octave était juste le grand absent de cette famille, comme Auguste. « Ton père est né dans une famille avec laquelle il ne s'est jamais entendu. Ou disons que cette famille lui apportait trop de mauvaises choses pour qu'il s'y sente bien. C'est pour ça qu'il est parti avec Oncle Auguste, qu'il l'a suivi où il aille, quoi qu'il fasse. Parfois, les gens ressentent le besoin de servir une grande cause pour montrer ce qu'ils valent, pour se détacher de ce que l'on voudrait qu'ils soient. » « Ah... » Léandre hésita un instant avant de sortir de la pièce et de revenir avec trois vieux  cahiers en cuir. « Tiens, ton père a écrit ça quand il était plus jeune. Il a commencé à Poudlard et a continué ensuite, pendant ses… voyages. » Elle était fière de la personne qu'était son mari, elle était fière de ce qu'il avait fait, avec Auguste, pour servir la Cause, elle était fière de leurs sacrifices énormes… Mais elle avait aussi peur. Est-ce que je faisais bien de confier tous tes états-d'âmes à ton fils, Octave ? Est-ce que je faisais bien de lui montrer ce pour quoi vous vous étiez tous deux sacrifiés ? Je ne savais même pas où tu étais aujourd'hui, si tu allais bien... Elle papillonna des paupières pour chasser les quelques larmes qui montaient. « Tu les liras quand tu auras le temps. »


1936, dans une barque en direction de Poudlard.

La bouche entrouverte, Hero fixa les centaines de fenêtres illuminées devant lui. La masse sombre du château de Poudlard surplombait le lac comme un rapace fondant sur sa proie, cachant en partie le grand ciel étoilé. Hero avait peur. Peur que son sang, celui de son père, ne lui joue des tours, ne l'humilie comme il avait humilié Octave Weasley des centaines de fois. Il avait peur de n'être qu'un Weasley, cette famille de ratés qui n'avaient jamais répondu à une seule de ses lettres. Il aurait aimé être comme Asia, pouvoir porter fièrement le nom de Carrow, ou même le nom de sa mère, Lestrange. Hero Lestrange… Ça aurait été bien. Mais non, il était Hero Weasley. Peu importe, Père était un grand homme, un homme fier, qui servait la Cause, qui venait de réintégrer le ministère en acceptant le pire pour grimper ensuite plus haut que n'importe qui. Weasley n'était qu'un nom, ça ne comptait pas. Du moins, il aurait aimé s'en convaincre, lui qui portait ce patronyme comme un poids.

« Tu me rappelles quelqu'un, Weasley, mmh... » Le Choixpeau lui marmonnait dans la tête depuis beaucoup trop longtemps, lui sifflant des mots doux, juste de quoi le faire douter, lui faire peur… Laisse-moi faire mes preuves, stupides chapeau râpé... « Tes preuves ? Tu es un petit sournois, mon garçon, prêt à n'importe quoi pour les faire, tes preuves... » Il y avait tellement à prouver, tous les jours… Prouver qu'il était autant un Lestrange qu'un Weasley, prouver qu'il était bien le fils de son père, ce père qu'il n'avait que trop rarement vu à la maison, prouver qu'il était digne de son sang-pur, digne de son cousin, digne de faire partie des plus grands… Il avait été élevé comme ça ces dernières années, Hero Weasley : comme un battant, prêt à tout pour réussir, pour honorer son père et son rang, pour montrer qu'il existait des différences entre les sorciers, qu'un sang pur ne pouvait que servir la magie et le monde magique… Il croisa le regard de son cousin, déjà assis à table, et sut que sa résolution était prise. Il voulait suivre les pas de son idole et de celle de son cousin, celle-là même pour qui leurs parents avaient tout sacrifier. « Si tu es sûr de toi... » chuchota le Choixpeau.


1937, à Noël dans le grand salon.

« Je suis très fier de toi, Hero. » Hero leva lentement les yeux sur son père et rougit de contentement. Il était bon en Quidditch, c'était sa fierté. Il n'avait pas les notes de son cousin ni le même intérêt pour les matières écrites mais il était bon en sortilèges et en défense contre les forces du mal et le Quidditch contribuait nettement à ses bonnes notes. Il était entré à l'automne dans l'équipe de sa maison, comme batteur. Ça avait été son ambition en première année, ambition qu'il n'avait pu satisfaire puisque aucun premier année n'était autorisé dans l'équipe si jeune. À présent… C'était chose faite. « Merci père. » « Ta mère était ravie dans ses lettres. Elle devrait rentrée pour Noël… J'espère. » Elle était partie en mission pour le ministère. Hero ne connaissait pas les détails mais il savait que c'était lié au sacrifice d'Auguste, le père d'Asia. Ils avaient tous besoin de se racheter une conduite auprès du ministère après toutes les affaires liées à Grindelwald. « D'accord... » Il avait espéré voir ses deux parents pour Noël, il devait l'avouer… Mais il savait déjà ce que dirait son père s'il le disait à voir haute. « Hero... » Son père mit un genou à terre pour le regarder droit dans les yeux. « Tu sais pourquoi je suis parti de chez moi à dix-sept ans ? » Le garçon cilla et regarda ailleurs. « Un peu… Il y a un trou dans ton journal. » « Pour mes convictions. Je ne partageais pas celle de mes parents ni de mes frères et sœurs alors je suis parti. C'est grâce à ça que j'ai rencontré ta mère et que vous êtes nés, tous les quatre. Et c'est pour ça même que Léandre n'est pas là ce soir, ni Auguste. Tes convictions doivent parfois primer sur tout le reste. Mais je suis sûr que votre mère pense à vous à chaque instant. » Hero ne trouva rien à répondre. Il n'avait jamais autant entendu son père parler. « D'accord… D'accord. » Il se redressa malgré lui, un peu pour faire plaisir à son père mais surtout pour rester digne quoi qu'il arrive. C'était vrai : savoir ce que l'on voulait aidait toujours à l'obtenir.


1941, lettre à sa mère.

Mère,

Tu savais pour ce voyage ? Je dois l'avouer, j'ai l'impression de partir découvrir le monde… et découvrir un peu Père aussi. Nous marchons sur vos pas et sur les siens, à Lui. On sillonne les villages, les chemins, pour mieux comprendre l'histoire, mieux comprendre qui nous sommes et où nous devons aller. C'est assez excitant mais aussi un peu effrayant. Nous n'existions même pas, ou à peine, quand tous ces événements se sont produits, et aujourd'hui… Il n'en reste que des miettes, mère. J'imagine qu'ils vont essayer d'oublier, tous autant qu'ils sont. Ça les arrangerait bien, à ces sangs-de-bourbe, d'effacer l'histoire, effacer la raison. L'autre jour, j'en ai eu la confirmation, mère. La magie se dilue lors des mariages avec les moldus. J'ai rencontré cette fille, une autre Weasley, déjà majeure et nous avons discuté. Promis, je n'ai pas été impoli. Une conclusion s'impose, mère : pourquoi, si la magie ne se perdait pas avec les moldus, les Weasley ne se mêlent-ils pas à eux ? On les considère comme des traîtres à leur sang… N'empêche qu'ils se marient entre sangs-purs. Père fait peut-être office de vilain petit canard mais ils ne sont pas si différents. Ils se cachent simplement derrière du politiquement correct. Enfin peu importe, je sais ce qui est juste, Asia saura me le montrer. Je sais bien qu'il est plus malin que moi sur ces sujets-là.

Bises,

H.

Hero relue rapidement la lettre, déplorant son style décousu. Il n'avait jamais été doué pour mener un récit de bout en bout : il divaguait toujours au milieu, perdant son interlocuteur dans mille et uns détails inutiles. Tant pis, sa mère comprendrait. Sa mère comprenait toujours tout quand cela venait de ses enfants. Le garçon souffla sur l'encre encore humide, roula soigneusement le parchemin et appela son hibou pour y nouer la missive. « Amène ça à ma mère, compris ? » Il hésit aun bref instant avant de donner une caresse affectueuse à l'animal. « Aller, file. »


1942, à son bureau au dortoir.

Hero ouvrit son journal et trempa sa plume dans l'encrier. « Asia est fâché. Son arrivée à Poudlard l'a bouleversé et je le comprends. Pour ma part, j'espère encore qu'il s'agit d'un plan, d'un quelconque stratagème. Je ne veux pas que nos parents se soit sacrifiés pour quelqu'un comme lui. Je ne veux pas avoir vu mon père se coucher devant le ministère en attendant son heure pour un type qui viendrait ramper à Poudlard pour suivre un pseudo-programme de réinsertion. Ce n'est pas n'importe qui et pourtant, il est là, dans les couloirs de Poudlard. » Hero s'interrompit un instant et resta la plume en suspens, à fixer la nuit par la fenêtre. Son cousin respirait fort, c'était amusant… N'empêche qu'il n'avait pas eu le cœur à rire ce soir. Il reprit son récit. « Je suis devenu capitaine de l'équipe de Quidditch l'an dernier mais cette année, je vais devoir recomposer l'équipe, au moins en partie. Une grosse part était faite de septièmes années, aujourd'hui diplômés. J'ai hâte de constituer une équipe à mon image. Je sais que je vais devoir y inclure Asia, sinon il me fera la tête pour les douze prochaines années. Attends, il ne faut pas qu'il lise ça où ma peine sera allongée à bien cinquante ans. Peu importe, il est tout, il doit être dans l'équipe lui aussi. » C'était de la triche, mais il était capitaine maintenant, il prenait ses responsabilités en son âme et conscience. C'était comme ça que fonctionnait le monde : les décisionnaires avaient tous pouvoirs, les autres suivaient. Il n'avait jamais voulu être un suiveur. « C'est moi qui décide qui vient dans mon équipe. Je le mérite, je suis un batteur hors-paire. » Il n'excellait vraiment qu'en ça et en défense contre les forces du mal, vaguement en potion aussi. Pour le reste, son talent lui faisait défaut et, quand ce n'était pas lui-même, c'était sa baguette. « Ma baguette continue de me jouer des tours. J'ai mis le feu à un professeur l'autre fois, il l'a pris comme un affront personnel… Dommage, je l'aimais bien. Je pense parfois à la casser en deux et à la jeter dans le Lac noir mais j'aurais peur qu'elle me noie en représailles. Je te jure, cette baguette est l’œuvre du Diable. J'ai vérifié pourtant, le phénix dont la plume est issue n'était pas fou ni agressif. Je ne comprends pas. En attendant, j'ai des retenus à foison à cause d'elle. Ça entache mon image, tu comprends ? » La baguette dans sa poche se mit brutalement à chauffer et Hero la balança sur le lit de son cousin en pestant.

Dans la vrai vie, je suis...
Quel est ton pseudo ? Pique à Choux. Un mec ou une fille ? Quel est ton âge ? 22 ans. Comment as-tu connu le forum ? Par Gillou le choubidou. Un avis dessus : As-tu un DC ? Madre de dios, non ! Code de validation : Dumbledore a été chassé de ce château par mon simple souvenir.

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