Jolie petite histoire...
Voir le soleil après avoir passé une quinzaine d'années sous la pluie d’Azkaban fut un soulagement certain pour le mage noir. Même s’il s’était lui-même jeté dans la gueule des Détraqueurs, il n’était pas mécontent de retrouver un air frais et sec. Cependant, il n’écoutait pas ce qu’il se disait autour de lui, qu’on le transporterait pour le juger apte ou quelque chose, ou non. À vrai dire, il s’en moquait mais il se doutait qu’on ne le sortait pas d’Azkaban, qu’on ne l’accompagnait pas jusqu’au Ministère de la Magie, pour lui dire qu’il allait rester à perpétuer à Azkaban. Confiant, il ne dit rien durant tout le trajet, regardant fixement devant lui, une armada d’Aurors autour de son convoi, la sécurité ayant été bien évidemment renforcée depuis son évasion tonitruante de son fiacre à New York, des années auparavant. Il ne broncha pas du voyage. Il n’en voyait pas l’intérêt. Il voyait sa libération non pas par un coup de génie mais par la docilité. Il n’avait parlé à aucun prisonnier durant son incarcération, n’avait tenté aucune évasion, restant tranquille voire même suffisamment agréable et courtois pour qu’on le remarque positivement au milieu des fous furieux d’Azkaban. Son salut était dans la tranquillité.

On le plaça sur une chaise dans cette grande pièce noire circulaire que le mage noir reconnut comme étant la salle d’audience. Inutile d’être un génie tel que lui pour comprendre que le Magenmagot se présenterait devant lui d’ici peu. Il attendit donc, patiemment et calmement, toujours escorté par sa petite brigade personnelle d’Aurors. Il s’amusa à penser que s’il faisait un geste brusque, tous ses gardiens dégaineraient leurs baguettes en une fraction de seconde. Cependant, ne voulant se porter préjudice pour la suite, il resta immobile, sans rien dire. Après toutes ces années passées enfermées, il était ravi de constater que même attaché et désarmé, il inspirait toujours une peur et méfiance vives dans les cœurs. Les membres du Magenmagot arrivèrent alors, le regardant comme s’il était une bête de foire. Une série de questions s’ensuivirent alors, le mage noir y répondant honnêtement, ne cherchant pas à se faire défaut non plus. Au bout de plusieurs heures de débat, on finit par lui proposer d’intégrer un plan de réinsertion, dans le cadre de lui donner une deuxième chance au vu de son bon comportement à Azkaban et à son audience. On lui expliqua brièvement cette prophétie et ce nouveau mage noir. On lui annonça également que quelqu’un se portait garant de sa liberté sous surveillance et qu’au moindre geste douteux du mage, son garant et lui-même subiraient le baiser du Détraqueur sans autre procès. Au vu des visages embêtés des jurés, il sut qui était cette personne assez folle pour avoir encore confiance en sa bonne volonté. Un sourire se détacha alors brièvement avant qu’il n’acceptât docilement les conditions de ce plan.

Si on lui avait dit qu’il finirait à Poudlard, à un poste provisoire d’étude des Runes, il aurait probablement ri au nez de son interlocuteur. Le fait qu’Albus Dumbledore se portât en plus responsable de tous ses faits et gestes le tiraillait entre un sentiment de sidération et d’amusement. Son vieil ami était tout aussi imprévisible que lui et, jusqu’à ce jour, il n’avait jamais été déçu du professeur. Pourtant, leur histoire commune n’avait pas été un long fleuve tranquille. En effet, depuis cet été 1899, la vie des deux sorciers avait drastiquement changé pour chacun d’eux. Gellert n’oublierait jamais cette journée chaude où il avait vu Albus pour la première fois, aîné d’une famille amputée de ses figures paternel et maternel et entravée par une sœur malade. Pourtant, cela n’empêcha les deux jeunes hommes à sympathiser immédiatement, Gellert voyant en Albus une même détermination que la sienne. Complètement obnubilé par les Reliques de la Mort dès son plus jeune âge, le jeune Grindelwald avait toujours eu cette volonté de prestige et de gloire, qu’il partageait avec son nouvel ami et qu’il avait convaincu de suivre dans sa quête des trois artéfacts. Cependant, l’histoire d’Ariana Dumbledore le toucha plus qu’il ne l’aurait pensé, éprouvant de nouvelles et solides convictions. Ce qu’elle avait subi par des Moldus était atroce et injuste. À ses yeux, les sorciers n’avaient pas à vivre cachés, les gens dépourvus de pouvoirs magiques étant biologiquement plus faibles à ses yeux.

Un nouvel idéal germa dans son esprit, des sorciers libres de toute répression, à ne plus avoir peur de laisser entrevoir leurs facultés grandioses, à ne plus user de maléfices pour vivre cacher des regards niais des Moldus. Une volonté de révolution monta en lui et ne tarda pas à séduire celui qu’il considérait malgré lui comme son âme sœur. Malheureusement, le frère d’Albus, Abelforth, ne voyant pas leur relation fusionnelle d’un bon œil, ne tarda pas à réprouver les plans futurs de Gellert, faisant semer un doute nocif dans l’esprit de son aîné. Sur le moment et encore à ce jour, le jeune étudiant fraichement renvoyé de Durmstrang ne comprenait pas comment quelqu’un dans la situation familiale d’Abelforth pouvait s’opposer à cette révolution parfaitement légitime. Après tout, il prévoyait cela pour venger Ariana et éviter qu’un cas comme celui-ci ne se reproduise. Et cette incompréhension de la part du cadet Dumbledore mettait Gellert hors de lui. Et puis, quand il fallut partir, Albus préféra rester auprès de sa famille qu’il aurait, soi-disant, délaissé. C’en fut trop pour Grindelwald qui ne parvint à contrôler sa colère sur Abelforth. Les deux adolescents se disputèrent. Violemment. Albus tenta de s’interposer. En vain. Cet échec de l’aîné de la fratrie eut des conséquences désastreuses que Gellert regretta malgré tout.

Ariana décédée, Grindelwald avait compris instantanément qu’il devrait faire cavalier seul. Cela n’avait pas entravé sa détermination, bien au contraire. Résolu à suivre ses convictions, il n’avait pas manqué à recruter un nombre conséquent de partisans au cours de plusieurs années, frappant l’Europe avec férocité, n’hésitant pas à éradiquer ceux qui n’avaient pas vu ses projets sous le bon angle. Grindelwald ne s’était pourtant pas arrêté en si bon chemin. Son pouvoir commença à s’étendre sur plusieurs continents, sans jamais pour autant atteindre l’Angleterre où l’ombre d’Albus régnait. Il se mit alors en tête d’abattre ce dernier, sûrement afin d’avoir l’esprit en paix et de tirer un trait sur ces deux mois d’été qui avaient marqué son existence à jamais. Peut-être par cruauté, il avait vu que cela devait être fait par le même Mal dont avait été rongée Ariana. Pour le côté dramatique ou ironique, probablement.

Une vision vint alors briser son ascension fulgurante. Grindelwald vieux et prisonnier, au sommet d’une tour qui n’était pas Azkaban, avec sa maxime écrite au-dessus du portail… Cet avenir n’avait rien de reluisant et supposait qu’il avait sûrement été stoppé dans sa révolution. Un choix s’offrit à lui : continuer et se précipiter vers un futur sans avenir ou arrêter tout tout de suite et saisir les opportunités d’être à nouveau libre quand elles se présenteraient. Il se décida rapidement, se rendit au Ministère de la Magie qui le condamna à Azkaban sans hésitation. Cette arrestation surprise ébranla une partie de la communauté magique qui fut d’abord surpris de voir Grindelwald chuter au milieu de son apogée mais également soulagé de voir le règne du mage noir s’achever. Ce dernier eut alors une quinzaine d’années pour réfléchir à ses actes et ses ambitions laissèrent place à une puissante lassitude face à son échec. Ayant l’impression d’avoir été incompris par le monde des sorciers qu’il ne voyait plus que comme des individus lâches qui se contentaient de leur faible petit confort, il n’aurait jamais parié que ce chemin parcouru l’aurait placé sous le contrôle d’Albus Dumbledore, au sein même de Poudlard, à gérer des étudiants en magie tout en essayant de dénicher qui serait le prochain mage noir qui affolait tant le Ministère de la Magie. Ainsi enfermé et surveillé au cœur de la sorcellerie britannique, Grindelwald devait s’avouer vaincu.

Dans la vrai vie, je suis...
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<t>Johnny Depp</t> → <y>Gellert Grindelwald</y>