L'ombre des grands - Gellert - Page 2



 
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L'ombre des grands - Gellert

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Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
Âge : 61 ans.
Sang : Sang-Mêlé.
Nationalité : Anglaise.
Patronus : Un Phénix.
Épouvantard : Le cadavre de sa sœur et, depuis peu, la silhouette de Gellert Grindelwald qui s'éloigne de lui inexorablement, et ce malgré sa main tendue vers lui.
Reflet du Riséd : Gellert Grindelwald à ses côtés.
Avatar : Jude Law.
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Double-Compte : Belladone le Fragile, Desiderata la Peste, Aurora la Simplette, Minerva la Sévère, Solveig la Dure à Cuire.
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MessageSujet: Re: L'ombre des grands - Gellert  L'ombre des grands - Gellert - Page 2 Icon_minitimeJeu 3 Fév - 12:21



L'ombre des grands

« Bureau du Professeur de Métamorphoses »

Novembre 1942

C'était à cet instant qu'il aurait lui prendre la main. Mais Albus n'avait que trop rarement vu l'humilité ou la réserve faire baisser l'œil insolent du grand Gellert Grindelwald. Comme l'aveu douceâtre d'un regret. Comme le triomphe de la repentance interminable sur le chemin de laquelle il venait de poser un pied courageux. C'est à cette seconde de doute et de chagrin que la paume tiède aurait dû resserrer son emprise sur les doigts fins et glacés ; comme pour lui dire de ne jamais avoir peur de se confier, que ses confidences étaient une offrande, qu’il les acceptait comme telles, qu'il était vain de lui dissimuler ses douleurs, quand ils avaient toujours souffert ensemble, tous deux. Albus n'en fit rien pourtant, perdu dans cette immobilité gourde d'adolescent dont il était persuadé de s'être dépouillé depuis de nombreuses décennies. Mais face à Gellert, il semblait que toutes ses belles certitudes volaient en éclat, s'éparpillaient à l'ouragan de sa présence princière, hypnotique, figé dans cette nonchalance alanguie qui rendait le moindre de ses mouvements d'une grâce exquise, qu'Albus appréciait chacun à sa juste valeur.

Albus aurait été en droit de l’interdire de parler d’Ariana. Il avait pour lui le droit à cette juste et sainte colère de frère aîné qui a failli, en laissant entrer dans la bergerie innocente des Dumbledore le loup assoiffé de sang et de justice, qui montrait encore patte blanche au printemps de sa vie. Quelques plus tôt, peut-être le grand Albus Dumbledore l’aurait coupé. Peut-être aurait froncé les sourcils, derrière l’éclat de ses lunettes en demi-lune. Peut-être sa main se serait-elle levée, dans un geste d’autorité mutique, et peut-être ses lèvres durcies se seraient entrouvertes pour lui intimer de taire l’évocation de la pauvre brebis immolée à sa ses passions dévorantes. Mais aujourd’hui Albus avait compris, dans cette immense sagesse que beaucoup louaient, à quel point le pardon l’apaisait lui aussi, à quel point il avait sa part de responsabilité, à quel point il était hypocrite et lâche de fustiger celui qu’il avait fait entrer de lui-même au sein de sa famille, qu’il n’avait pas su protéger.

Loin d’Albus l’idée de couper Gellert. Il le laissa parler, aidé par la douceur traîtresse du vin de Loire, un élan de tristesse assombrissant une fois de plus son regard d’azur lorsqu’il lui avoua ne pas se souvenir de sa visite. Au fond de lui, il le savait bien sûr. Ce n’était pas Gellert qu’il avait vu là-bas. Ce n’était que la carcasse agonisante d’une âme égarée, comme déjà morte, léthargie immobile qui lui avait servi à la fois de prison et de défense contre la voracité sordide de ses bourreaux avides d’espoir. Mais la rudesse de la réalité, de s’entendre ainsi dire qu’il ne l’avait ni vu, ni reconnu, ne s’était même pas abreuvé à la lueur du souvenir que son ancien amant avait tenté de lui insuffler, concrétisait l’état de décrépitude physique et morale extrêmes dans lesquelles il avait retrouvé celui qui avait été le fier et trop vivant amour de sa vie.

Gellert eut un sourire, et Albus le laissa continuer. Il ne comprenait pas. De cela, le Directeur Adjoint était plus coutumier. Trop brillant, trop sage, trop intelligent, souvent ses décisions restaient incomprises, et souvent son esprit fantasque se heurtait à l’austérité insensible de comparses qui n’en étaient pas vraiment. Cette fois-ci pourtant, il était normal que personne n’ait compris, pas même Gellert. Tout ceci se passait de tout ce pour quoi on vénérait le grand Dumbledore. Il n’y avait nulle sagesse, nulle raison, nulle réflexion dans cette décision dangereuse, spontanée, et frisant la folie. Il avait agi ainsi dans une fulgurance douloureuse d’un cœur meurtri, devant la souffrance contre-nature de sa raison de vivre qui se mourrait, et à laquelle il ne pouvait pas se résoudre. Beaucoup, s’ils avaient eu son pouvoir, en auraient fait de même. Mais il n’y en avait qu’un capable d’arracher l’homme de sa vie et plus terrible mage noir de sa génération aux griffes des Détraqueurs, et, en ayant le pouvoir, il n’avait pas hésité.

Mais lui non plus n’avait pas compris. Cette rédemption soudaine, à l’apogée de son pouvoir, quand personne hormis Albus ne pouvait plus rien contre lui. Le terrible Gellert Grindelwald avait tendu les poignets et s’était laissé mettre aux fers sans rien dire, s’immolant de lui-même au désespoir et à l’horreur de la prison dans laquelle, malgré son absence de résistance, on l’avait jeté sans ménagements et sans égards. Alors Albus avait, selon les volontés de son amour repenti, récupéré la Baguette de Sureau, et avait enduré, abasourdi et sans comprendre, la fin de son unique amant qui finirait de tristes jours sur l’ilot aride de vie et d’espoir.

Alors, ainsi, Gellert avait changé. Il avait grandi en maturité et en sagesse, et il avait enfin compris. L’affrontement aurait été inéluctable, et cette simple idée contre-nature de combat entre ces deux âmes qui s’étaient trop aimées l’avait résigné à abandonner, enfin, cette quête prodigieuse et assassine qui n’avait jamais eu de sens, sans cette âme solaire qu’il avait laissée derrière lui et qui aurait apaisé ses fureurs, et assagi ses passions. Alors, Gellert s’était infligé tout cela pour lui. Le mal commis, l’apogée d’une gloire à laquelle il avait toujours rêvée sacrifiée uniquement pour ne pas avoir à se retrouver baguette contre baguette face à celui qu’il n’avait, semble-t-il, jamais cessé d’aimer, malgré tous ses efforts et toute l’énergie déployée à son déni.

Albus lui rendit son sourire, lorsqu’il évoqua sa grande sagesse, ces certitudes que Gellert ayant compris sur le tard étant déjà prédites par l’adolescent aux cheveux flamboyants qui suppliait son amant de lui revenir. L’homme accompli et vénéré qu’il était devenu eut un sourire ému face au flot de révélations qu’il accueillait avec tendresse, avalant une gorgée de vin pour s’insuffler le courage de répondre à l’homme de sa vie ;

- Ainsi, tu as enfin compris Gellert. Tu as raison, pour tout. J’aurais détruit le Pacte de Sang, je t’aurais affronté, s’il l’avait fallu. Et j’aurais gagné, parce que je n’aurais pas hésité. Je te suis reconnaissant de m’avoir épargné ce calvaire. Nous deux séparés, cela n’avait aucun sens. D’où tes contradictions. Je pense les comprendre, tu sais. Tu as toujours été si têtu, si borné et passionné. Plutôt t’enfoncer dans ta pseudo haine contre moi plutôt que d’admettre que j’avais raison, et que tu t’étais trompé. Mais il semblerait que la voie de la sagesse se soit ouvert sous tes pas, et, de fait…

Cette fois-ci, Albus un sourire tendre. C’est ainsi qu’il avait aimé Gellert, ainsi qu’il avait accepté son âme indomptable et farouche, et c’est un Gellert plus vieux et plus sage qu’il aimait aujourd’hui, bien que le feu de ses passions reste vivace au fond d’un cœur qui n’avait pas changé. Joignant le geste à la parole, le Directeur Adjoint desserra le nœud de sa cravate, ouvrant un bouton du col de sa chemise fermée sur gorge, y plongeant la main pour en extirper l’étrange pendentif en argent, au cœur duquel s’ébattaient doucement, dans une symphonie langoureuse, les deux gouttes de sang de leurs âmes gémellaires. Albus le garda au creux de ses doigts un instant, figé quelques secondes dans la contemplation extatique de cette union du sang qu’il avait bien failli briser pour le salut d’un monde que son unique amour voulait garder sous son joug. Et, tandis que Gellert lui répondait qu’il lui concocterait tous les délicieux plats de sa contrée natale qu’il voudrait, Albus eut un sourire attendri et laissa doucement retomber le pendentif sur sa poitrine. Son regard d’azur plongea dans l’hétérochromie de celui de l’homme de sa vie, quand il s’osa à ce qu’Albus désirait depuis plusieurs minutes, et se saisissait de sa main. Le tendre Dumbledore serra les doigts blancs et froids au creux de sa paume tiède, ne décrochant pas son regard du sien, comme voulant s’y noyer ;

- Avec plaisir…Quand à ma folie de te libérer, je pense que tu pourras la comprendre toi aussi, une fois que je te l’aurais expliquée. Je t’ai bel et bien vu à Azkaban. C’était une idée du Magenmagot. Je crois qu’ils voulaient m’infliger une humiliation, car ils savent à quel point je hais les Détraqueurs, et je n’ai pas réussi à en faire débarrasser la prison. Alors, en qualité de Président, il fallait absolument que j’aille y faire une visite, vois-tu ? Albus eut un sourire narquois et désabusé. Ils savaient tous très bien que Père était mort là-bas, et que nous avions eu un lien dans notre jeunesse, même s’ils n’en sauront jamais la profondeur. Enfin, toujours est-il que je t’ai vu. Je n’ai pas vraiment envie de me remémorer cette image de toi, mais par Légilimancie, j’ai tâché de te parler. Mais tu t’étais si bien barricadé, Gellert, que je t’ai cru mort un instant. J’ai essayé, en vain. Alors, devant cette image de toi agonisant, j’ai décidé que je te sauverais, envers et contre tous, parce que te voir mourir là-bas m’était insupportable. Je crois que le Magenmagot s’est bien mordu les doigts de cette punition qu’ils ont voulu m’infliger. Cette fois-ci, Albus eut un léger rire, en repensant à la colère de tous ses comparses, et le malaise de celui auquel il avait tendu un bras narquois, car le désespoir des Détraqueurs le faisait vaciller. J’ai même tenté de t’insuffler un peu de lumière, c’était bien peu de choses, mais ce souvenir me fait produire depuis quatre décennies des Patronus dont je ne suis pas peu fier.

Sa main se resserra sur les doigts glacés, et son regard s’arrima un peu plus au sien. L’éblouissant éclat d’un soleil d’été, tapageur. Et les deux silhouettes d’adolescents rieurs alanguis à l’ombre de leur immense châtaignier. Et Albus qui rit, et Gellert qui s’approche, avec ses cheveux qui font pâlir la blondeur du soleil, et sa main, sa belle et longue main princière qu’il avait vu décharnée et noirâtre à Azkaban, qui avait glissé autour de sa taille. Et Albus qui avait retenu son souffle et écarquillé les yeux, et Gellert qui s’était approché, avec une telle lenteur qu’il se souvenait encore du soleil se mêler à la blondeur de ses cils. Et ce premier baiser dans un battement de cœur raté, et les paupières qui se ferment pour mieux savourer la douceur des lèvres maladroites encore, et Albus qui lui rend avec une tendre fougue, la main dans la douceur de soie de ses cheveux, le bras autour de la taille fine serrée dans ces sempiternels pantalons noirs. Le baiser qui se brise, et la farouche Gellert qui prend peur, et lui tourne le dos pour s’enfuir. Et le hardi Dumbledore qui ne l’entend pas ainsi, et se saisit d’une de ses belles mains, l’empêche de le fuir et enfouit son visage dans son cou, Gellert l’accueillant de son bras mince autour de sa taille et de cette sérénité bienheureuse à l’ombre de leur arbre qui aura duré jusqu’à la tombée de la nuit. A mesure que le souvenir s’égrenait, Albus arrimait un peu plus l’azur de son regard sur celui de Gellert, un large sourire se découpant sur sa barbe de cuivre. Il lui offrait là l’aveu le plus imagé et le plus irréfutable de la force inextinguible de son amour pour lui.


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Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: L'ombre des grands - Gellert  L'ombre des grands - Gellert - Page 2 Icon_minitimeJeu 3 Fév - 14:39



L'Ombre des Grands

« ICH LIEBE DICH, ICH BRAUCHE DICH »

Bureau du Professeur de Métamorphoses, Novembre 1942.

Gellert appréhendait cette ouverture gratuite qu’il venait d’offrir à Albus. Et bien vite ses craintes furent confirmées. L’illustre professeur en face de lui s’engouffra rapidement dans cette brèche d’ego que le repenti lui donnait sur un plateau d’argent. Lui soutint que tout ce qu’il avait dit était vrai. L’humilité de Grindelwald avait ses limites. Avouer sa probable défaite à Dumbledore était un don désintéressé, un aveu de son honnêteté. Pas une opportunité pour son interlocuteur de se conforter dans une supériorité établie mais nullement prouvée à ce jour. Le visage de Gellert perdit toute lueur de bonheur et de mélancolie pour se fermer, affichant désormais un air grave. Ce genre de choses, il n’avait pas besoin qu’on le lui dise. Mais il avait en face de lui quelqu’un à l’ego aussi démesuré que lui, qui n’avait sûrement jamais connu aucune rivalité à sa puissance magique ni à son intellect au sein de ce château. Agacé, Gellert détourna le regard et attendit patiemment qu’Albus ait fini de froisser son orgueil. L’envie de retirer sa main était également présente mais la chaleur des doigts de son hôte l’engourdissait et l’empêcher de revenir contre son propriétaire. Il encaissa donc sans rien dire, le visage impassible.

Peut-être qu’il ne se confierait plus aussi facilement à Albus. Il était déjà suffisamment pénible pour lui de révéler qu’il était capable de faire preuve d’une certaine humilité. Que dans sa grande intelligence, sa toute-puissance qui n’avait d’égal qu’une seule personne au monde, il pouvait se tromper, avoir tort. Il n’avait pas besoin que son âme sœur vienne retourner le couteau dans la plaie pour flatter son propre ego. C’était un jeu un peu pervers auquel il jouait et pourtant, à en croire le regard ensoleillé et le sourire tendre d’Albus, il ne s’en rendait même pas compte. Gellert se détendit alors légèrement et l’agacement se fit moins présent. Comment lui en vouloir ? Après tout, lui aussi avait subi une certaine forme de solitude. Là où Grindelwald avait été vénéré comme un génie du mal par une poignée de sorciers belliqueux, Dumbledore avait été vu comme un fou par une grande partie de la communauté magique britannique, hormis son fief à Poudlard. Peut-être s’amusait-il donc à écraser tous ces détracteurs dès qu’il en avait l’occasion, une certaine façon de leur infliger une leçon d’humilité par une humiliation discrète et savamment placée. Mais Gellert n’était pas son ennemi, loin de là. Ce mode opératoire n’était donc pas pertinent avec lui et n’allait, à force que repousser le repenti dans sa coquille pudique et fière.

Pourtant, les idées de l’ancien mage noir furent vite détournées par le geste d’Albus au niveau de son col. Les trois quatre verres de vin aidant, le regard hétérochrome de Gellert était rivé sur cette main qui défaisait légèrement son col pour aller y chercher un bijou que les iris asymétriques du germanique ne connaissaient que trop bien. L’argent finement travaillé ayant comme une forme de petite fiole avec en son centre, une liaison secrète, un symbole puissant qui avait toujours eu énormément de sens et d’importance aux yeux de Grindelwald. S’il avait toujours voulu voir le Pacte comme une protection personnelle efficace pour sa personne, ce pendentif avait une tout autre symbolique pour l’ancien mage noir : l’union de sa vie avec celle du seul homme qu’il n’ait jamais aimé. La réciprocité de sentiments forts et dont il avait souvent été privé toute sa vie durant. La marque d’une confiance inéluctable, d’une dévotion éternelle. Gellert avait fait ce choix avec beaucoup de sérieux. Beaucoup auraient pu croire que cela avait été une décision irréfléchie et immature d’adolescents trop puissants qui s’imaginaient déjà maîtres du monde mais non. Le repenti savait ce que ce Pacte avait symbolisait pour lui. Et le fait qu’il n’est jamais cherché à le détruire pouvait avoir plusieurs significations. Encore fallait-il le connaître un minimum.

Puis Albus répondit à son interrogation, à cette faille dans sa mémoire quelque peu malmenée à Azkaban. Il était venu et il l’avait vu. Il l’avait aperçu dans cet état de décrépitude, d’agonie lente qu’il s’était infligé lui-même. Qu’il eût essayé de s’engouffrer dans son esprit enterré bien profondément par une Occlumancie puissante dont Gellert avait sûrement repoussé les limites pour conserver un brin d’intégrité mental. Il avait tellement réussi que même Dumbledore n’était pas parvenu à venir lui effleurer la conscience. Et pourtant. Maintenant qu’il lui en parlait, il se souvenait de ce bref instant de chaleur dans quinze ans de pluie froide et morose. Comme une étincelle faiblarde dans un déluge. Une lueur pâle d’un phare en pleine mer. Un mirage dans un désert de vagues. Un éclat fugace d’un bonheur oublié, d’un culot qui avait été récompensé par une joie qui l’avait inondée toute entier, le tout sous un soleil d’été. Cette chaleur fragile, il s’en était nourri pendant le restant de sa captivité. Cet étrange sentiment qu’il ne reconnaissait plus après quinze ans d’Azkaban et vingt-cinq autres d’une haine nourrie à une cause perdue. Il se souvenait ne plus se souvenir ce que son cœur ressentait, de ses entrailles qui se serraient agréablement autrement que par la faim ou la haine. Cette étrange sensation, il l’avait gardée précieusement, il l’avait cachée avec encore plus d’ardeur aux Détraqueurs qui s’en serraient nourris avidement, il en était sûr.

Il sentit alors l’esprit malicieux d’Albus essayer de s’infiltrer dans le sien. Par réflexe, Gellert bloqua cette intrusion et lança brièvement un regard farouche à son hôte qui tenait toujours sa main. Il s’agissait bien là d’une mauvaise habitude que l’ancien mage noir avait adopté toute sa vie durant. Il resta là, quelques secondes à fixer Albus avant de l’inciter à rebrousser chemin, toujours un peu froissé des commentaires précédents. Puis finalement, Grindelwald céda une nouvelle fois et cessa ce bras de fer qui n’avait aucun sens. Dumbledore n’était pas là pour lui tirer des informations qu’il avait sans doute déjà. Alors, à moitié à contre-cœur, il lui ouvrit les portes de son esprit et rapidement un soleil éblouissant surgit dans sa mémoire. Une chaleur étouffante et l’odeur de l’herbe brûlée par le firmament estival furent les premières choses qui se gravèrent doucement dans son crâne. Puis vint l’ombre d’un châtaigner que Gellert n’aurait jamais oublié. Et enfin, leurs deux silhouettes d’adolescents. Tous les deux fins, Albus et sa rousseur cuivrée, Gellert et ses cheveux blonds qui avaient encore leur teinte légèrement dorée. Il se souvint de ce sursaut d’audace qu’il l’avait animé l’espace d’un instant et de cet insondable bonheur de ses lèvres contre les siennes avant l’effroi terrible ne vienne lui empoigner l’échine et lui fasse tourner le dos et amorcer une fuite. Il se souvint également de l’appréhension qu’il l’avait submergé à en devenir une honte. Et si Albus n’était pas « comme lui » ? Mais la douceur de sa main sur son poignet l’avait stoppé net dans sa fuite lâche et le ramena à lui. C’était là où il devait être. L’adolescent aux cheveux de cuivre et à la barbe naissante vint se blottir alors contre et il se souvint avoir compris que là était sa place. Il l’avait enlacé, glisser sa main dans ses cheveux et n’avait plus bougé, s’abreuvant de la chaleur du corps d’Albus et des rayons solaires qui lui frappaient le dos. Puis, dans un flash, il se retrouva en face d’un Albus de quarante ans plus âgé, à la barbe complète et à la chevelure plus fanée. Un bref léger sourire tendre et presque ému avait pu être aperçu sur les lèvres de Gellert avant que son visage pâle n’affiche à nouveau une insolence caractéristique.

— Pourquoi me montres-tu cela ?

Sa nonchalance lui offrait une protection confortable, un détachement certain face à toutes les situations graves ou compromettantes. Il aurait voulu lui dire que ce souvenir lui avait certainement sauvé la vie à Azkaban. Qu’il avait été une corde à laquelle il s’était agrippé avec acharnement pendant une période qu’il ne connaissait pas. Qu’il avait été sa ligne de vie, sa bouée et tout ce qui pourrait s’apparenter au maintien en vie. Mais il n’avait pas envie d’entendre Albus fanfaronner à nouveau en disant qu’il savait qu’il réussirait à l’atteindre. Qu’il se facilitait de cette audace à essayer de transmettre son sentiment le plus heureux au nez et à la barbe des Détraqueurs. Gellert baissa les yeux et retira finalement sa main.

— Je ne l’avais pas oublié.

Après réflexion, le repenti ne sut vraiment si ce souvenir était également son plus heureux ou son plus triste, illustrant l’aube d’un avenir gâché, d’un amour aussi puissant que destructeur. S’il était la source des Patronus d’Albus, Gellert, en revanche, doutait pouvoir en produire un. Ses rares moments de bonheur, il les avait partagés avec l’homme en face de lui, cela ne faisait aucun doute. Mais après quarante ans de haine et de désespoir, le bonheur était devenu amer et triste. Voire douloureux. Il n’y voyait que des actes manqués, des choix qu’il n’aurait pas dû faire, des erreurs à réparer qu’il ne pourrait jamais corriger. Le regard toujours bas, il ne dit rien, fixant son assiette vide. Le dîner était en train de prendre une tournure qui ne lui plaisait pas mais il ne pouvait s’empêcher d’être un minimum froissé par les propos d’Albus. Il savait également qu’il n’avait pas réagir si négativement à quelque chose d’aussi insignifiant. Il était clair de par les sourires et les yeux de l’homme de sa vie qu’il n’avait nullement cherché à le vexer ou le nuire. Mais Gellert finit même par croiser inconsciemment les bras sur sa poitrine, illustration de son renfermement sur lui et du fait qu’il n’avait plus envie de se confier aussi ouvertement que quelques minutes plus tôt. Pourtant, étant toujours le champ de bataille entre la dualité sempiternelle entre son ego et son cœur, Gellert ne parvenait à se résigner de se laisser Albus dans cet étrange silence soudainement froid entre eux. Mais finalement dans un soupir exaspéré à l’encontre de lui-même, un sourire espiègle se dessina à nouveau sur ses lèvres, les bras toujours croisés contre son torse. Son cœur avait gagné du terrain.

— Après, tu sais, nous avons déjà partagé une version plus récente de ce souvenir, malgré le fait que la saison ne s’y prête pas. Mais au lieu de la chaleur de l’été, il y avait quelques notes de piano.

Son commentaire n’avait aucun intérêt et ce fut pour cela que pudiquement et avec désinvolture, il vint jouer avec leur rebord de son verre vide, passant son doigt pâle et encore décharné dessus, comme s’il s’attendait à ce qu’il fasse le bourdonnement singulier du cristal.
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Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
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MessageSujet: Re: L'ombre des grands - Gellert  L'ombre des grands - Gellert - Page 2 Icon_minitimeVen 4 Fév - 10:42



L'ombre des grands

« Bureau du Professeur de Métamorphoses »

Novembre 1942

Quelque chose s’était passé. A la manière d’un ange qui passe, parfois, au détour d’une conversation, apaisant les tensions et les querelles larvées qui couvaient sous la cendre. L’ange qui se trouvait au-dessus de leurs têtes, depuis le début du dîner, avait filé dans un courant d’air glacial, chérubin moqueur et cruel qui laissait leur tendresse de tout à l’heure se figer dans une froide raideur. Là aussi, Gellert avait changé. Dans cette main qui se roidissait sous sa paume, dans cet imperturbable éclat qui durcissait son regard, Albus reconnaissait ses accès de colère soudaine dont son amant trop passionné était coutumier. Adolescent, sans doute, le jeune Gellert se serait levé. Peut-être aurait-il répliqué, acerbe, à ce dont il accusait Albus. Sans doute serait-il parti en claquant la porte, renversant une assiette de porcelaine au passage. Non, pour sûr, son fier amant avait grandi, en maturité et en sagesse. Mais n’était-ce pas plus douloureux de ne pas savoir pourquoi ces doigts grâcieux qui avaient enlacé sa taille, -jadis aussi fine que la sienne-, se figeaient ainsi sous sa paume aimante ? N’était-ce pas plus douloureux d’ignorer pourquoi ses lèvres qu’il avait senti trembler sous les siennes se pinçaient à n’esquisser plus qu’une ligne presque imperceptible ? Pourquoi dans ses yeux s’était éteint l’éclat de tendresse indicible qu’il y lisait il y’a une seconde ?

Gellert ne répondait pas. Albus abandonna sa fourchette, plongeant l’azur peiné de ses yeux dans les tréfonds insondables du regard farouche de l’homme de sa vie. La main qui détenait les doigts blancs se fit plus tendre, les serrant doucement au creux de sa paume, comme lui avouant qu’il ne comprenait pas, qu’il était seul depuis trop longtemps, qu’il ne lui avait insufflé que sa tendresse ce soir, qu’il ne lui voulait aucun mal. Sa Légilimancie se fit douce, prévenante, comme un martèlement timide à une porte fermée. Le fier et échaudé Gellert Grindelwald, dont les barrières avaient tenté d’être forcées quinze années durant, eut un comme un mouvement de recul mental. Albus serra un peu plus les doigts au creux de sa main, avec dans le regard la supplication de ne pas avoir peur et de lui faire confiance. La puissance du plus grand Legilimens de son temps était telle qu’ils pouvaient sentir les effluves d’herbe brûlée par le soleil estival. Albus était certain qu’il pouvait lui faire ressentir la chaleur qu’avait éprouvée son prince venu de contrées polaires, ne se résignant pas à abandonner ses sempiternelles tenues noires. Quarante ans plus tard, en se concentrant bien, Albus pouvait sentir la soie des mèches éparses de Gellert caresser ses joues lorsqu’il s’était approché. Il sentait encore la finesse des doigts glisser sur sa taille, et le baiser furtif, audacieux, qui s’était posé sur ses lèvres tremblantes tandis que son cœur battait la chamade.

Le réveil ne fut pas brutal, car Gellert était là. Si différent mais toujours aussi beau, toujours drapé de cette arrogance princière dont le jeune paysan anglais était tombé fou amoureux. Ses cheveux n’avaient plus l’éclat d’or des champs de blé mûris au soleil, mais la pâle lueur d’une Lune blonde un crépuscule d’hiver. Son visage avait blanchi à la laideur de ses crimes, mais il n’en avait pas peru de sa dédaigneuse beauté et de son arrogance délicate. Ses yeux n’avaient pas changé, dans cette hétérochromie qui n’appartenait qu’à lui et qui contribuait à cette auguste différence qui le plaçait au-dessus de tous. Albus s’oublia une seconde à cette indécente beauté, ne voyait qu’à peine l’ombre de sourire ému qui en traversa le masque impassible, croyant l’avoir imaginé, tant il avait été bref.

Et puis la douche froide. Il n’existait qu’un seul homme au monde capable de couper la verve de Dumbledore. Un instant, il resta figé, ne trouvant rien à dire. Son visage avait retrouvé cette nonchalance tranquille, narquoise, qu’il avait quand il voulait se moquer du monde, ou dissimuler ses sentiments. Personne ne saurait à quel point Albus avait aimé cette manie de le narguer et de rire de lui, quand il le prenait par la taille ou s’approchait de lui à pas de loup. Ô comme elle pouvait s’avérer blessante, cette figure trop belle de dédain, lorsqu’elle se raillait du plus beau souvenir d’Albus qu’il lui offrait là en toute pudeur et dans toute la sincérité dévoilée de sentiments qu’il ne lui avait jamais tus.

Albus rosit, et, lorsque Gellert dégagea ses doigts princiers de sa main tiède, il la ramena vers lui comme un animal chassé, se saisissant de son verre de vin comme pour amoindrir l’humiliation du rejet. En buvant une longue gorgée, le Directeur Adjoint fine mine de manger, malgré son appétit soudainement coupé, réfléchissant au pourquoi d’une tournure si improbable à une soirée qui s’annonçait sous de tels auspices. Bien sûr, il avait compris l’origine du problème. Gellert avait été blessé, alors il attaquait. Il était vrai que le brillant Albus Dumbledore avait de sévères lacunes à combler dans le domaine de l’affection. Voici quarante ans qu’il se jouait avec une condescendance bienveillante de cette plèbe médisante qui ne cherchaient qu’à l’insulter ou le discréditer. Ses très rares affections allant à la sage et impassible Minerva, qui saurait lui exprimer son mécontentement d’un ton égal, les narines pincées dans une colère réservée qu’Albus aurait tôt fait d’apaiser par une parole d’excuse ou une galanterie. La plupart de ses amitiés n’avaient pas la sincérité brute de Minerva, et les rapports du grand Albus Dumbledore, malédiction de sa puissance folle, restaient biaisés par cette vénération, cette jalousie ou cette haine qui ombrageaient le cœur des autres à son égard. Il n’avait eu que trop rarement l’occasion d’expérimenter l’humilité, et ô comme elle ne lui était que peu familière, et ô comme il était étrange de se sentir petit et faible face à quelqu’un. D’avoir conscience de la domination latente de celui qui n’avait qu’à s’esclaffer d’un rire sans joie, se gausser d’un mot, d’un geste, du plus beau souvenir de son existence, pour le briser entièrement. Albus but une plus longue gorgée de vin, prenant vaguement conscience qu’il avait un peu trop bu un peu trop vite pour s’insuffler un courage dont il n’avait pas besoin d’ordinaire, face au commun des mortels ;

- Eh bien…, parce qu’il s’agit du plus beau souvenir de mon existence. C’est pourquoi j’ai tenté de te l’insuffler, à Azkaban. C’était simplement pour que tu saches que, malgré ce que les Détraqueurs te faisaient subir et te faisaient croire, tu n’avais pas été complètement oublié et abandonné. Il y’avait quelqu’un qui t’avait aimé à la seconde ou il t’avait vu, et qui souffrait avec toi.

La formidable occasion d’un Gellert qui s’abandonne à une sincérité dépouillée de fierté et de pudeur était passée. Sans nul doute était-ce la faute d’Albus, bien qu’il ne sache pas vraiment à quel moment son orgueil démesurément stupide avait tout gâché. Sans doute quand il a affirmé qu’il aurait vaincu ? Peut-être. Mais son fier amour avait croisé les bras sur sa poitrine, signe farouche de sa colère pudibonde qui avait repris le naturel sur la tendresse de l’homme qui se confiait il y’a un instant. Après une interminable attente à fixer l’immobilité de Gellert, pourtant, celui-ci esquissa un léger sourire, ces sourires un brin malicieux pour lesquels Albus aurait fait n’importe quoi. Et lorsqu’il évoqua leur baiser d’il y’a quelques semaines, sur fond de lever du jour et de symphonie étincelante, le Directeur Adjoint lui rendit son sourire, achevant son verre de vin d’une main légèrement vacillante. Il avait définitivement un peu trop bu ;

- Ce n’est que trop vrai, et à présent il pourrait se mesurer à mon précédent souvenir. Mais je dois t’avouer que notre premier baiser revêtira toujours quelque chose de spécial à mes yeux. Albus eut un léger soupir. Mais j’ai toujours été sentimental. Et je crains que cela ne s’arrange pas en vieillissant.

Légèrement grisé par le sourire de Gellert et la traîtrise du vin trop délicat, Albus se décida. Il n’avait pas tenu les doigts de son ancien amant au creux de sa paume pour laisser la soirée s’achever sur un Grindelwald frustré et en colère. Si Albus était responsable de sa colère, et bien soit. Mais il ne le laisserait pas partir ainsi. Mimant un sourire espiègle et penaud, il amorça un geste pour se lever ;

- Veux-tu bien m’accompagner sur le divan près du feu ? Nous pourrions prendre le dessert là-bas, je commence à avoir un peu froid.

Demi-mensonge, mais qu’importait. Gellert, mieux que personne, connaissait sa malice et sa manipulation bienveillante pour arriver à ses fins. Il aurait certes plus chaud au coin du feu, mais il lui aurait suffi de remettre sa veste pour pallier le problème. Se levant tout à fait, sans attendre la réponse de Gellert, il s’approcha, tendant sa main dans un geste galant à l’homme de sa vie, ses doigts s’égarant un instant à effleurer sa joue froide qui avait toujours la douceur de la soie, s’éperdant dans les tréfonds des yeux qui semblaient se battre pour conserver leur éclat de colère impassible ;

- Qu’ai-je bien pu dire pour te froisser ainsi, mon trop fier amour ?

Le vin avait parlé plus qu’Albus, qui n’en avait cure ce soir. Le menton de son ancien amant était aussi froid que sa joue sous ses doigts, et ainsi dans une douceur exquise, Albus l’obligeait à le regarder. Et de si près il était plus beau encore, avec sa peau de neige de ses contrées alpines, avec la fierté insolente de ses lèvres qui roidissaient son visage impérieux, et ses yeux qui luttaient pour ne pas faiblir. Doucement, Albus réitéra ce souvenir trop lointain, et lorsque son autre main vint glisser sur la taille toujours aussi fine de Gellert, c’est la lueur du feu crépitant dans l’âtre et non d’un soleil d’été qui vint s’entremêler à la lueur des cils de l’amour de sa vie. Il l’embrassa doucement, longtemps, sa barbe de cuivre se heurtant à la soie tendre de la peau de son ancien amant, gardant son menton au creux de ses doigts tandis que ses lèvres approfondissaient leur lente caresse, se soulant de l’odeur de cèdre et de la fraîcheur de celles du seul homme qu’il ait jamais aimé. Albus ferma les yeux un instant, luttant pour ne pas s’abandonner au feu dévorant des lèvres de Gellert sous les siennes et de sa taille trop fine sous ses doigts. Non, mesuré, tendre, c’était lui qui donnait, lentement, comme un pardon, comme l’aveu d’une bêtise qu’il ignorait avoir commis. Enfin, doucement, et non sans difficultés, il détacha ses lèvres des siennes, les effleurant encore un instant de sa barbe aux reflets de cuivre que Gellert ne lui avait pas encore connu, il y’a quarante ans de cela. Dans un murmure, presque un souffle, Albus esquissa dans un tendre sourire mutin ;

- M’en veux-tu ?

Et, sans plus lui demander son avis, se saisit de sa main avis que la vigueur de refuser ne lui revienne, posant un baiser sur ses doigts pour le faire lever et l’amener à l’endroit qu’il avait décidé.

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Bureau du Professeur de Métamorphoses, Novembre 1942.

Gellert le laissa parler, cet homme au regard azuré qui semblait être dérouté par le brusque changement d’ambiance. Dans sa grande sagesse, il paraissait ne pas comprendre comment il avait pu froisser l’ego de l’ancien mage noir. Et ce dernier ne pouvait l’en blâmer, après tout. Il savait que lui-même était doté d’un caractère de flammes, impossible à contenir ou à anticiper. Que son arrogance n’avait d’égale que celle d’Albus en face de lui et que peu de gens s’étaient risqués à affronter. Son hôte ayant été habitué à une concurrence déloyale et faible en général, ayant constamment raison sur tout, il était ainsi normal que son quotidien reprenne le dessus. Ce fut pour cela que le visage de Gellert s’était détendu, malgré ses bras toujours sur sa poitrine. Il l’écouta dire qu’il avait souffert avec lui et il n’eut pas l’audace ni la mauvaise foi de dire que cela était faux. En réalité, il ne doutait nullement de la douleur qu’avait ressenti Albus au quotidien et à quel point il avait dû souffrir en ne le voyant qu’en tant que corps vidé de son âme, enveloppe charnelle désarticulée presque, sans une ombre des flammes passionnée qui l’avaient jadis animée.

Il connaissait le cœur trop grand d’Albus, trop empathique et c’était ainsi qu’il l’aimait. En effet, c’était peut-être cette douceur dans ses iris azurées, cette volonté de voir la bonté dans les âmes les plus tourmentées qui avaient réussi à dompter l’ancien élève chaotique de Durmstrang. Le jeune et brillant sorcier britannique avait réussi à apaiser le brasier de colère qui avait brûlé si longtemps dans son cœur. Il avait toujours cru en cette bienveillance cachée certes profondément derrière la haine vindicative qui avait animé son ancien amant devenu par la suite mage noir impitoyable. Grindelwald n’ignorait pas que, d’une certaine façon, Albus avait toujours fait confiance au jeune adolescent alpin qui l’avait tenu précieusement par les hanches. Qu’il n’était pas vraiment mort, tué par une ultime douleur de plus dans un cœur déjà meurtri par un passé houleux et sombre. Que cette douceur dont seul Albus avait pu être témoin, avait été savamment dissimulé mais nullement détruit, à l’instar de sa prendre conscience à Azkaban. Peut-être était seulement ce qu’il restait de lui, au final. Que le reste eût été dévoré sans pitié par les Détraqueurs, que toute la haine qui l’avait envahi avait été le met principal de ces créatures du désespoir et que la seule chose qu’ils n’étaient parvenus à atteindre était cette bonté qu’Albus avait pu voir et que Grindelwald s’était caché à lui-même.

Alors non, il ne doutait pas de la souffrance qu’avait pu avoir le trop tendre Dumbledore, n’ayant certainement vu là que le gâchis d’un destin qui aurait pu être rayonnant. D’un homme qu’il avait profondément aimé, qu’il avait déçu et qui s’infligeait une torture qu’il n’aurait souhaité à personne. Et Gellert savait qu’il aurait fait de même. Qu’à un moment ou un autre, il aurait été incapable de voir en face la lumière des yeux d’Albus s’éteindre. Que cela lui aurait été insoutenable et aurait été capable de lui faire irrémédiablement vriller l’esprit. Il comprenait désormais mieux pourquoi Dumbledore avait pris ce pari fou de libérer Grindelwald d’Azkaban. Tous deux partageaient ce désir de justice depuis si longtemps, que leurs cœurs, quand ils battaient ensemble, saignaient de savoir des innocents souffrir sans raison. Et même si personne n’oserait remettre en cause la culpabilité évidente de Grindelwald, ce dernier possédait néanmoins un statut particulier dans l’esprit du plus grand sorcier de son temps. Mais ce privilège était partagé. Gellert aurait été tout simplement incapable de nuire directement à son ancien amant, c’était pour cela que dans sa haine, il avait eu la lâcheté de déléguer. Et maintenant, il n’y avait aucun mot pour décrire à quel point il s’en voulait. Les yeux baissés, il dit alors :

— Et moi, je ne le suis pas assez. Sentimental. À nous deux, nous nous complétons.

Gellert adopta un sourire narquois, dissimulant des excuses discrètes de ce comportement plutôt abrupt et quelque peu injustifié. Ses épaules se détendirent et il regarda son homme se lever de sa chaise. Il l’invita à aller sur le divan, arguant commencer à avoir froid. L’espièglerie sur le visage de craie de l’ancien sorcier noir se fit plus franche, malgré cet air toujours un peu brusque qu’il conserva malgré lui.

— Albus, avec tout ce que nous avons bu comme un vin – que tu as très bien choisi par ailleurs – cela m’étonnerait que tu aies froid.

Cependant, docile, il prit la main que son hôte lui tendait et se leva à son tour. Puis doucement, la paume chaude d’Albus glissa vers sa joue et leurs regards se croisèrent et ne se lâchèrent plus, plongeant l’un dans l’autre et mettant un terme à l’écoulement du temps. Gellert ne bougea pas tandis que les doigts de Dumbledore glissèrent vers son menton. Il soutint ce regard d’azur estival qui n’avait pas changé d’éclat en quarante ans. L’air impassible, Grindelwald s’y perdit longuement, redécouvrant à chaque fois la splendeur auguste d’Albus et de ses cheveux de cuivre, de cette barbe épaisse et entretenue qu’il s’était surpris à adorer. Le visage du professeur n’avait évidemment plus rien d’un adolescent pudique et sensible. Il avait désormais tout d’un homme, légèrement marqué certainement par l’horreur du monde. Il pouvait presque ressembler à un lion si son nez fin et brisé ne venait pas casser la douceur de ses traits.

À sa question, Gellert ne répondit pas. Il en était incapable. Albus se montrait si prévenant et tendre, les flammes de l’âtre dansant sur sa joue avec grâce, rendant la rousseur de sa barbe plus flamboyante encore, l’empêchait de se souvenir de pourquoi il avait été vexé. Il ne se rappelait plus pourquoi il avait croisé les bras par orgueil, ni des propos d’Albus qui avaient amené une telle situation. Il répondit seulement par un petit sourire désolé ou ignorant, perdu dans sa contemplation des yeux de son ancien amant. Puis vint le petit surnom, d’apparence inoffensif et anodine mais révélateur. Le vin l’ayant sûrement aidé, l’auguste sorcier britannique venait de signifier qu’absolument rien avait changé entre eux depuis des années. Que leurs simagrées pudiques, de rien ne vouloir précipiter après tout ce temps, n’étaient que des façades alors que tous deux brûlaient encore du même désir pour l’autre. À moins que cela ne fût le vin qui l’avait fait parler, lui faisant perdre conscience du poids des mots et de leur importance. Mais Gellert s’en moquait.

Albus, qui avait posé sa deuxième main sur hanche, vint caresser ses lèvres des siennes. L’ancien mage noir sentit alors toutes ses défenses tomber, tout son courroux s’envoler instantanément sous la douce et tendre pression du baiser que l’homme de sa vie lui accordait. Il y avait un léger goût de vin qu’ils devaient se partager encore mais cela n’enivra que plus Gellert qui posa quant à lui ses deux mains sur ses hanches. Il savait, malgré son esprit grisé par la douceur des lèvres d’Albus, il ne pourrait retirer ses mains de la barbe de feu qui lui caressait sa peau pâle rasée de près. Il était bien le seul à pouvoir le rendre si vulnérable aussi rapidement. Ce baiser, aussi timide et pudique était-il, appelait à autre chose, grondant d’un brasier passionné qui ne s’était jamais tari. D’un amour aussi réciproque que démesuré que les deux hommes, pour une raison de bon sens et certainement d’obligation sociale, essayaient tous deux de contenir. Inconsciemment, ils se pliaient encore à leurs statuts passés, Dumbledore le bon et le sauveur et Grindelwald le terrible mage noir, son ennemi juré, tous deux jouant encore les rôles du héros et de son Némésis. Et pourtant, involontairement et presque avidement, malgré le bonheur incommensurable que lui avait prodigué ce baiser auquel Albus avait malheureusement mis un terme, Gellert n’en fut pas pleinement satisfait. Il voulait en montrer plus, la flamme de son amour qu’il apprenait enfin à accepter au fond de lui brûlant de voir l’azur de ces yeux cachés par des lunettes en demi-lunes se poser sur lui à nouveau. Il resta un instant suspendu à ses lèvres, les siennes elles-mêmes légèrement entrouvertes tandis que la caresse de cette barbe qui lui faisait décidemment tourner la tête ne vienne lui faire comprendre qu’il n’y aurait rien de plus. Alors Gellert rouvrit légèrement les yeux et aperçut le sourire mutin de l’homme de sa vie.

— Bien sûr que non, je suis un idiot, ne l’oublie pas…

Un sourire bienheureux sur le visage, il le suivit jusqu’au divan où ils s’assirent tous deux. Serrant toujours la main d’Albus avec tendresse dans la sienne, il regarda danser les flammes dans l’âtre sans trouver autre chose à dire. Un nouveau silence radicalement différent du dernier s’installa. Le sourire des lèvres pâles du repenti ne dépérit pas, restant gravé sur ses joues de craie. Puis, finalement, la nuque appuyée sur le dossier, Gellert se consentit à regarder le visage de son ancien amant plus longuement encore. Tous deux avaient énormément changé en quarante ans, et cela était parfaitement normal, mais plus il regardait Albus de ses yeux hétérochrome, plus il le trouvait rayonnant, magnifique et solaire. Leur passion d’adolescents qui se découvraient avait changé, sans nul doute. Mais leurs différents n’avaient pas tari l’adoration qu’ils se vouaient l’un à l’autre. Perdu dans sa contemplation, son sourire devenu paisible toujours sur ses lèvres, il finit par dire :

— Et toi, m’en veux-tu, mon trop sensible amour ?

Son sourire se fit désolé, culpabilisant de cette saute d’humeur qu’Albus avait su parfaitement désamorcer. Il se savait déjà être un fardeau, surtout administrativement. Mais il ne souhaitait pas rajouter une charge supplémentaire aux épaules du seul qui comptait pour lui et du seul qui lui accordait sa confiance. Il aurait cependant voulu faire profil bas, mais la lueur des flammes magnifiant le visage de cet homme solaire et le vin aidant, Gellert se décida à poser la paume de sa main sur la joue d’Albus qu’il regarda avec mélancolie.

— Je suis ravi de faire partie de ton plus beau souvenir, Albus. Ravi et surtout flatté… Pardonne-moi d’avoir été un peu rustre…

Du pouce, il caressa sa barbe avec douceur, regardant toujours les flammes danser dans l’azur de ses yeux. Puis finalement, son sourire se fit plus large, plus taquin.

— Et sinon, qu’as-tu préparé pour le dessert ? Tu sais que je n’ai toujours pas eu le courage de coûter votre gelée, à vous les Britanniques ?

Il retira sa main de sa barbe et reprit sa main dans la sienne.

— Veux-tu que j’aille nous le chercher ?

Mais avant qu’Albus n’ait pu répondre, Gellert s’était déjà relevé, gardant toujours sa main chaude dans la sienne, dont il embrassa le dos, le tout en le regardant droit dans les yeux, les siens brillant d’une lueur joueuse.
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L'ombre des grands

« Bureau du Professeur de Métamorphoses »

Novembre 1942

Là, dans le silence de cathédrale troublé par les crépitements de l’âtre, Albus se livrait. De tout son cœur immense ouvert et à vif, il lui confiait à quel point il l’avait aimé. A quel point il avait trouvé beau l’adolescent rieur à l’accent à couper au couteau ; à quel point la colère sourde n’avait pas suffi à éteindre le volcan de cette passion incandescente, qui avait continué à couver sous les cendres de tout ce gâchis ; à quel point il avait eu mal en voyant sa lumière s’éteindre à l’ombre des Détraqueurs, à quel point l’aimait encore, toujours trop, peut-être plus qu’avant. Il n’avait même pas peur. Gellert pouvait le blesser tant qu’il le voulait. Jamais il ne parviendrait à lui arracher cette flamme dévorante, qui avait parfois vacillé, mais jamais faiblit, si chétive ait elle été parfois. Gellert lui avait déjà trop fait pour avoir l’espoir de voir Albus abandonner.

Mais bien vite, Albus s’aperçut que la colère était passée. Les traits roidis de l’amour de sa vie s’étaient détendus, de manière presque inconsciente, et, lorsque ses yeux se rivèrent vers la nappe trop blanche sur laquelle se fondait sa main, ils avaient recouvré leur humilité pudibonde de tout à l’heure. A son soudain aveu, Albus sourit tendrement. Oui, il avait raison, mais pas tout à fait. Ils se complétaient, cela, c’était le fondement de leur nature même, le ciment brut des fondations de cette indestructible passion qui avait résisté à l’ouragan de la haine, des crimes et de la prison. Mais de sentiments, Gellert n’était pas dénué. Pudique, réservé, farouche, tant qu’il le voulait. Il pouvait donner à tous le spectacle de l’orgueilleux prince insensible qui se fiche de tout, et qui balaye le monde d’un revers de main. Mais Albus avait vu le jeune garçon ivre de colère, fraîchement renvoyé de Durmstrang, hésiter et rire entre ses bras, jouer au fier garçon mais se laisser aller à l’aimer, malgré tout, à mesure que le brillant adolescent aux cheveux flamboyants lui ouvert son cœur, sa famille, et tout ce qu’il possédait. Son sourire se fit plus tendre, et moins peiné qu’auparavant ;

- Je crois que tu l’es. Pour qui veut bien voir.

Gellert avait repris son air narquois. Visiblement il ne croyait pas un mot de la petite entourloupe de l’espiègle Dumbledore. Car non, ce soir, gorgé de vin français, bercé par la chaleur douceâtre de la cheminée et par la flamme du sourire de Gellert, le frileux Professeur de Métamorphoses n’avait pas froid le moins du monde. Toutefois, c’est avec tout cet aplomb malicieux dont il savait faire preuve qu’il lui répondit le plus naturellement du monde ;

- As-tu oublié à quel point j’étais frileux ? Même en plein été, je me couvrais la nuit parce que je laissais entrouvert, pour que tu puisses revenir à ta guise.

Pourtant le farouche Gellert s’était laissé faire, et le sourire tendre à l’évocation de ce souvenir vacilla un instant à la contemplation de la roide beauté de son ancien amant qui avait changé mais ne semblait pas avoir vieilli. Ses lèvres s’approchèrent avec lenteur, et Gellert lui offrait les siennes avec cette nonchalance princière qui grisait toujours autant le solitaire Professeur de Métamorphoses. La tâche de donner à son trop fier amour un doux et tendre baiser était déjà ardue en elle-même. Les deux mains sur ses hanches ne l’aidèrent pas à garder toute la mesure qu’il tentait d’insuffler à la caresse délicate de ses lèvres qu’il approfondit un instant, dans l’inconscience du brasier qui lui consumait les hanches sous les doigts glacés, et sous les lèvres froides qui répondaient à l’invitation, s’entrouvrant sous la barbe qui meurtrissait la soie délicate de sa peau. Albus lutta contre l’irrépressible désir de serrer la taille trop fine contre lui. Y parvint, se contentant de la garder au creux de sa paume tandis que, dans l’achèvement du baiser, Gellert semblait encore offrir ses lèvres, entrouvertes et alanguies à la soif d’Albus qui eut un mince sourire. Il avait réussi, certes. Mais n’était-il pas pris à son propre piège, lui aussi ? Derrière l’éclat des lunettes en demi-lune, l’azur malicieux s’était assombri, et sa voix était un peu rauque lorsqu’il sourit tendrement à trop fier homme redevenu humble ;

- Encore quelque chose que nous avons en commun…

Docile, Gellert suivit Albus qui l’entraînait près du feu sous un prétexte fallacieux. Et quand enfin ils furent assis l’un près de l’autre, le Professeur de Métamorphoses avait eu ce qu’il avait voulu. Gellert était à ses côtés, souriant, apaisé, scrutant les traits d’Albus avec une tendresse qui lui fit fondre le cœur. Et, à la lueur du feu et du vin, Albus rosit lorsque Gellert lui retourna cette marque d’affection qui prouvait leur amour, à tous les deux, et son sourire se fit plus tendre encore ;

- A ton avis ?

Bien sûr que non. Et Gellert le savait. Attendri plus que de raison par l’expansivité de son pudique amant, il le laissa poser sa main sur sa joue mangée de barbe, le laissa plonger un regard tout à l’heure roidi d’une colère impassible, à présent terni de chagrin et de nostalgie. Gellert ne cherchait plus à blesser et avouait la valeur que ce souvenir qu’il avait feint de dédaigner tout à l’heure avait pour lui aussi. Albus ferma les paupières une seconde, se laissant aller à savourer la caresse du pouce froid sur sa barbe de cuivre, avant de glisser de nouveau une main autour de cette taille qu’il aimait tant, malgré qu’elle porte encore les stigmates de la maigreur acharnée réservée aux criminels d’Azkaban, affamés de nourriture et d’espoir ;

- Ce n’est rien…Je peux me montrer insupportable, moi aussi, parait-il. Le plus triste est que je ne m’en aperçois même plus. Quant à mon souvenir, tu en fais bien plus que partie…Tu en es le principal acteur…

De la paume qui détenait la hanche trop fine, Albus le ramena tendrement contre lui, dévorant du regard ce sourire taquin, qui, il en aurait mis la main au feu, s’apprêtait à se moquer de lui. Et le trop malin Professeur avait gagné son pari fait avec lui-même. Il éclata d’un léger rire cristallin, ramena délicatement de sa main libre une mèche blonde sur le front de Gellert, qui n’était pas le moins du monde décoiffé, pour le plaisir délicieux d’entre caresser la soie polaire entre ses doigts tièdes ;

- J’ai fait du pudding au chocolat. N’aies crainte, je ne t’aurais pas infligé un pareil calvaire. Il semblerait que les Anglais soyons le seul peuple doté de capacités gustatives permettant de ne pas vomir ce dessert. A la menthe, je la trouve délicieuse.

La main quitta doucement sa barbe, pour se nicher tendrement au creux de la sienne, tandis qu’il se levait avec élégance, proposant d’aller le chercher. L’idée de voir Gellert quitter sa tiède proximité pour aller récupérer un dessert dont il n’était même pas certain d’avoir encore envie lui parut soudain insensée. Le baiser léger et tendre posé sur le dos de sa main renforça sa conviction. Serrant les doigts fins au creux des siens, Albus tenta de retenir la main qui s’éloignait déjà :

- Non, s’il te plaît Gellert, reste…

Joignant le geste à la parole, Albus extirpa d’un mouvement vif sa baguette de sa poche, et le pudding, les deux petites assiettes de porcelaine et les deux cuillères en argent vinrent atterir avec une grâce mesurée sur la petite table face à eux. D’une pression de la main, il l’invita à se rasseoir, une lueur tendre dans le regard, ses joues rosissant de nouveau ;

- Me prendrais-tu dans tes bras ?

Sans attendre lui non plus, Albus nicha son visage au creux de son cou, rapprochant la taille fine de la sienne, se soulant de ces effluves de cimes alpines qui se dégageaient de la peau de neige. Doucement, ne résistant pas à l’envie, il y déposa un baiser aussi léger qu’une plume, sa seconde main autour des hanches un peu maigres encore tandis qu’il abandonnait doucement le poids de sa tête sur l’épaule qui avait son roc, autrefois.


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Bureau du Professeur de Métamorphoses, Novembre 1942.

Même si Gellert s’était douté de la réponse, il était rassuré qu’Albus ne tienne pas en compte son petit moment d’agacement. Il savait qu’il déployait déjà beaucoup d’énergie à lui assurer un minimum de tranquillité et de liberté à Poudlard, il n’aurait sûrement pas tenu le rythme si son prisonnier se comporter telle une diva exigeante. C’était peut-être parce que le repenti tenait au professeur devant lui que ses remarques l’affectaient plus. Il eut un léger sourire sincèrement reconnaissant et le laissa glisser sa main sur sa hanche. Chaque contact que lui accordait Albus était comme une longue diffusion de chaleur dans son corps qui n’avait connu que la froideur humide d’Azkaban pendant quinze ans. Il n’était plus habitué à ce genre de contact doux et tendre car peu l’avait ainsi saisi tout au long de sa vie. Pour ne pas dire qu’il n’y avait que lui. Mais cela suffisait au bonheur de celui qui n’en méritait pas. Continuant de le regarder, alangui, il l’écouta parler et même rire. Un rire si pur qui aurait presque fini par rendre le sourire de l’ancien mage noir presque mièvre tant il n’avait d’yeux que pour lui. Il avait l’impression d’être redevenu l’adolescent, qu’il avait repris sa place là où il l’avait laissée, quarante ans en arrière, le laissant jouer avec ses cheveux.

— Vous avez un problème avec la menthe, vous, les Anglais. Vous en mettez même dans les petits pois…

Puis Albus ne sembla pas supporter le fait que Gellert se soit arraché à son étreinte. Il n’allait pas loin pourtant, il voyait les assiettes de là où il était. Gardant sa main dans la sienne, il l’observa sortir sa baguette pour faire venir à lui le dessert, ce fameux pudding au chocolat, pâtisserie loin d’être mauvaise mais qu’il trouvait assez bourrative… De plus, il n’avait plus tellement très faim mais il s’avérait que malgré son appétit quelque peu irrégulier en fonction des jours, il demeurait gourmand quand les opportunités se présentaient. Gellert capitula alors à la requête d’Albus et retourna se rasseoir contre lui, sa hanche contre la sienne. Puis son hôte lui demanda d’une façon beaucoup trop irrésistible de le prendre dans ses bras. Demande à laquelle il répondit instantanément, enlaçant sa hanche sans nul doute plus large que la sienne. Puis, sans attendre plus longtemps, Albus vint lover son visage dans son cou. Étrangement, Gellert sentit sa nuque se raidir, comme s’il était redevenu un adolescent timide qui ne savait pas trop ce qui était en train de se passer. Il le laissa faire, fermant paisiblement les yeux. Si Gellert était incapable de puiser dans son passé pour produire un Patronus, peut-être qu’un de ces moments comme ceci pour être la solution.

Car à cet instant, il n’y avait plus de soupe à l’oignon, de rôti de bœuf baignant dans sa sauce ou de pudding au chocolat. Il n’y avait que les lèvres timides et chaudes d’Albus dans son cou. C’était un geste pourtant si anodin mais pour lui (et cela était certainement le cas du professeur de Poudlard également), cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas ressenti cela, si longtemps qu’il s’était privé du contact de l’homme de sa vie qu’il avait l’impression de redécouvrir une telle chaleur. Le temps se fracturait, allant à la fois trop vite et pourtant s’étant arrêté. Il ne savait pas si c’était le parfum masculin d’Albus ou les verres de vin mais sa tête était engourdie par la chaleur des flammes qui venaient lui lécher le visage et du corps auquel vouait tout son amour contre lui. Tandis qu’Albus posait sa tête son épaule, son souffle venait doucement lui chatouiller la peau de son cou, Gellert renforça légèrement et tendrement le contact de son bras, pressant ainsi un peu plus l’homme de sa vie contre lui. Puis, il vint doucement poser sa joue sur les cheveux de cuivre contre lui, et conserva ses paupières fermées.

Il chercha alors, de sa main libre, à reprendre celle de son amour entre ses doigts. Mais engourdi par cette douce chaleur qui l’enveloppait un peu plus chaque seconde, il ne parvint qu’à la poser machinalement sur sa cuisse vêtue de son pantalon de costume gris clair. Là, il se laissa emporter, somnolant presque un peu à cause de la digestion, encore peu habitué à manger autant. Il eut un long soupir bienheureux et perdit toute notion du temps. Peut-être s’était-il endormi, là, la tête d’Albus blottie entre son épaule encore décharnée et sa joue creuse. Qui aurait cru, plus de quinze auparavant, que Gellert Grindelwald, qui avait envoyé ses troupes mourir sur les défenses de Dumbledore avec tant de ferveur et de haine, se serait retrouvé ici, à vivre certainement l’un des meilleurs moments de sa vie, autant celui que tout le monde considérait comme son ennemi juré ? Bien évidemment que si cela se savait, cela aurait fait du bruit. Mais Gellert n’avait pas envie de songer aux conséquences, il se laissa aller, revoyant devant ses yeux ensommeillés la chaleur de l’été de la campagne britannique, les cheveux d’un cuivre splendide de ce garçon qui avait fait chavirer son cœur d’un seul regard rempli d’arrogance et de malice. Puis il recouvra légèrement ses esprits et rouvrit péniblement un œil. Aucun des deux hommes n’avait bougé.

— Albus…?

Il attendit quelques instants, vérifiant que son âme sœur n’était pas tombée dans un sommeil plus profond que le sien.

— Tout pourrait s’embraser dehors maintenant que je ne bougerai pour rien au monde…

Il eut un sourire doux et embrassa alors tendrement le sommet du front de son amour, là où les années avaient rarifié ses cheveux. Il ne reposa pas tout de suite sa joue, pourtant, regardant encore ce visage si beau contre lui. Il ne réalisait pas toute la chance qu’il avait d’avoir l’homme certainement le plus pur et le plus bon – et à ses yeux le plus beau – contre lui. Lui qui avait été rejeté par tant, Albus l’avait recueilli sans tenir compte de ses origines, de son passé, de son regard. Quelque part, Gellert se disait que cela devait même un peu lui plaire. Un sourire amusé aux lèvres, il continua de regarder les flammes danser dans l’âtre, se demandant combien de temps encore ils allaient aux chastes comme cela. Pourtant, aucun des deux ne semblaient vraiment décidés à franchir le pas, comme étant redevenus les deux adolescents timorés qu’ils avaient été. Chaque chose en son temps après tout. Gellert était certes de nature impatiente mais il ne sentait pas si pressé que cela. Son regard se posa alors sur la table basse et le couteau se mit à léviter tout seul pour couper une part généreuse qui fut déposée dans une des assiettes en porcelaine. Puis, d’un léger geste de la main, Gellert fit venir l’assiette solitaire à eux.

— Je goûterai dans ton assiette.

Une lueur taquine au fond des yeux, ce fut à son tour de caler sa tête contre son épaule, allant même jusqu’à cacher son nez dans son cou afin de définitivement s’enivrer de son parfum aussi chaud qu’agréable, ses mains n’ayant toujours quitté ni sa hanche, ni sa cuisse.

— D’ailleurs, Albus, s’il te plaît, ne rase jamais cette barbe.

Comme pour appuyer ses propos, il vint légèrement frotter son front contre la joue de son homme, le nez chatouillant son cou.
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Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
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MessageSujet: Re: L'ombre des grands - Gellert  L'ombre des grands - Gellert - Page 2 Icon_minitimeLun 7 Fév - 17:27



L'ombre des grands

« Bureau du Professeur de Métamorphoses »

Novembre 1942

La docilité de Gellert frisait la langueur. Indolence exquise de prince nonchalant, sa taille semblait se fondre sous les doigts qui le ramenait contre un Albus grisé de tendresse et de vin français, dépouillé de la toge de pudeur malicieuse dont se drapait ce sage parmi les sages, vénéré par tant et haï par les petits. Sans même un battement de cil réprobateur, sans même une anicroche dans ce souffle trop près du sien, il avait laissé son ancien amant jouer avec la soie délicate de ses cheveux qui, avec les ans, semblaient s’être abreuvés au spectre de la Lune. Un éclat de soleil éblouissant traversa les cieux d’azur du regard d’Albus, à l’unisson de son léger rire qui s’égrena au creux de l’alcôve troublée des crépitements de la bûche frémissant dans l’âtre. Singeant une mine gravement offensée par une affreuse injure, Albus se surprit à exacerber ses airs de Lord Anglais, excepté ce sourire malicieux et amusé, pour répondre à l’outrecuidance Autrichienne ;

-  Tu apprendras, mon cher ami d’Outre-Rhin, que les petits pois à la menthe sont une fameuse spécialité Anglaise, que tu perds à ne pas goûter. Je ne manquerai pas de remédier à cela.

Le sourire se fit plus taquin encore, sous la menace de l’ultime phrase de sa tirade, tandis que son regard d’azur s’éperdait à l’or blanc de la mèche de soie qu’il détenait distraitement entre ses doigts, comme s’il s’était agi d’une relique sacrée. Et soudain, Gellert se lève. Pour une futilité telle que le dessert. Comment, quelques heures auparavant, Albus avait-il pu se préoccuper à ce point de la saveur et de l’onctuosité qu’auraient son pudding au chocolat, à présent qu’il se soulait de vin de Loire, de la chaleur de l’âtre et des effluves de la peau de l’homme dont il n’avait cessé de chérir le souvenir, quand tous le considéraient comme mort depuis si longtemps ?

Ô comme il vivait pourtant, sa main diaphane frémissant à la tiédeur de la sienne ! Ô comme il vivait quand son esprit indomptable cédait à la supplique de son tendre geôlier ! Ô comme il vivait quand ses doigts grâciles glissaient sur la taille de son solaire et ancien amant, dans l’accomplissement mutique de son désir exprimé sans pudeur et sans ambages. Et Albus n’en pouvait plus de s’extasier du miracle de détenir la taille grâcieuse sous sa paume tiède de passion, et se laissa attirer sans mot dire, avec toute la délectation extatique du prodige de se retrouver au creux des bras de celui dont il s’était préparé tant d’années à se défendre de la pseudo haine qu’il avait éructé à la face de tous à son égard. Gellert avait déployé toute la force de son déni et de son rejet pour ce qu’ils avaient été l’un pour l’autre. En vain. Dans l’avènement d’un brasier qui renaît de ses cendres, dans le plus irrépressible appel de leur nature profonde qui ne semblaient vouer qu’à s’aimer, le bras vaincu s’était saisi de la taille de celui qu’il avait cru son ennemi, l’attirait à lui tandis que l’autre, qui jamais n’avait jamais cherché à lutter contre la sourde passion qui unissait leurs âmes mêmes, s’y blottissait, ayant enfin retrouvé la place que l’existence lui avait attribuée.

Là, le visage au creux de son cou, il n’y avait plus rien de factice. Plus de pudeur, plus de mensonges, plus de vanité ou d’orgueil qui n’avaient plus aucun sens. Choc des titans qui ne s’affrontent pas, dans la conscience d’être désarmé face à l’autre, se l’avouer enfin, s’en repaître et remettre sa fragilité à la force de l’autre, pour que de leurs cœurs qui battent à l’unisson naisse une puissance commune, que rien ni personne ne pourrait ébranler.

Il était presque comme dans ses si lointains souvenirs, ce baiser au creux du cou de l’homme de sa vie. Il n’y avait plus ces ondulations d’or qui s’étaient mêlées aux lèvres d’Albus ; il n’y avait plus la chaleur d’une peau tiédie par le soleil. Mais, toujours, il avait la douceur innée qu’il insufflait à ses longues mains qui parcouraient une chevelure qui, elle aussi, n’avait plus l’abondance et l’éclat roux flamboyant d’antan. Albus avait perdu la notion de temps et d’espace, avait complètement oublié son stupide dessert, cette nuit qui tombait, ces Aurors belliqueux à qui il avait arraché Gellert le temps d’une éclaircie hors de leur quotidien infligé par le monde, hors de la condition de repenti et de prisonnier de celui qui n’était plus que son amant retrouvé, ce soir, entre ses bras trop longtemps roidis par une solitude forcenée. Et lorsque le mage noir terrible qui avait fait trembler l’Europe, laissa reposer sa tête lourde de sommeil et de repentir sur la chevelure clairsemée de celui qu’il avait si longtemps considéré comme son rival, celui-ci, enfin à sa place, lui dont l’âme errait sans but depuis tant d’années, se sentit fondre à la fragilité qu’enfin Gellert lui faisait l’offrande de ne plus lui dissimuler. Posant doucement sa main sur les doigts qui s’étaient alanguis sur sa cuisse, Albus resserra doucement sa prise autour de ses hanches, sentant vaguement ses paupières s’alourdir à mesure que Gellert pesait un peu plus sur lui. Bienheureux de la confiance mutique qu’il lui octroyait, il laissa le prisonnier famélique et dénutri d’il y’a quelques mois savourer le repos et la digestion salvatrice à un calvaire qui aurait achevé le commun des mortels.

Statue de sel, Albus restait inexorablement immobile, n’osant bouger un cil, de peur de briser la sacralité du miracle d’un Gellert Grindelwald qui reposait entre ses bras. Là, Albus pouvait assouvir sa contemplation extatique tout son saoul, le regardant de tout près, apaisé et vulnérable derrière ses paupières closes sur lesquelles ses cils d’une blondeur polaire s’entremêlaient et étincelaient à la lueur du feu. Son cou et le creux de son épaule, qui accusaient encore la maigreur infâmante d’Azkaban, et l’exquise ligne de la mâchoire, qui semblait tracée au crayon. Une envie d’en suivre le contour délicat de son doigt tiède effleura un instant l’esprit d’Albus, avant de se raviser, laissant sa main serrée sur les doigts blancs, tandis que l’autre gardait les hanches maigres contre lui, avec la tendresse jalouse, presque féroce, de celui qui a été privé trop longtemps de sa raison de vivre.

Une voix hésitante, d’outre-tombe, extirpa Albus de sa bienheureuse torpeur contemplative. Pour montrer qu’il était bel et bien éveillé, et qu’il avait son attention, le Professeur de Métamorphoses serra tendrement les doigts qui s’étalaient avec nonchalance sur sa cuisse, et répondit par un léger grognement de contentement, plus que par un acquiescement véritable. Puis, l’aveu de Gellert, si touchant qu’Albus eut un sourire attendri, devant l’assassin qui avait fait trembler les foules à demi-assoupi contre lui, à lui confesser à quel point il se sentait bien entre ses bras. Le sourire d’Albus se fit plus malicieux, bien que Gellert ne puisse pas le voir ;

- Même si tu l’avais voulu, je t’en aurais sans doute empêché...

Son sourire s’élargit tandis qu’il resserrait sa prise sur la taille fine, comme pour confirmer ses dires. Mais lorsque les lèvres froides survolèrent son front, lorsque le visage de cire resta un instant en suspend pour le regarder, ce fut bel et bien Albus qui rosit encore, trop peu habitué à se sentir incertain, trop conscient d’avoir radicalement changé d’apparence, trop peu coutumier de s’y attarder. Mais Gellert ne prolongea pas le calvaire trop longtemps, faisant de lui-même le service du dessert, du fond de son divan, un mage tel que lui n’ayant guère besoin d’instrument pour des sortilèges aussi simples que la lévitation. Albus hocha la tête, un air de nouveau taquin sur le visage lorsque Gellert décida qu’il picorerait dans son assiette ;

- Alors à toi l’honneur…

Dans un sourire taquin, il lui tendit la cuillère pleine d’une bouchée de gâteau, son autre main toujours agrippée à sa hanche qu’il ne semblait pas vouloir lâcher. Gellert ne l’avait pas lâché non plus, et même son visage était venu s’enfouir contre son épaule tiède, et Albus l’avait recueilli avec joie et sans rien dire, la cuillère pleine et l’assiette flottant toujours devant eux, dans leur superbe indifférence, tout à l’extase de leur admiration respective. Et Albus n’en finissait pas de rosir, car l’éloge de sa barbe ressemblait tant à l’esprit de Gellert, compliment abrupt et direct, presque impérieux, qu’il s’en émeuvait plus que de raison. Et quand le doux visage vint se meurtrir à sa barbe de cuivre, Albus se sentit faiblir un peu plus, se sentant fondre à la fraîcheur de soie qui paraissait le réclamer ;

- Je dois dire que tu es très convaincant…

Il avait parlé dans un souffle, tandis que son visage se tournait imperceptiblement, ses lèvres comme toujours rappelées irrésistiblement aux siennes, sa barbe les effleurant dans une caresse dont il ne paraissait jamais devoir se lasser. Doucement, elles vinrent retrouver la douceur de glace des siennes, s’y joignant de nouveau dans une caresse délicate, happées par l’appel mutique qu’elles semblaient implorer, là, tout près de lui, et leur odeur suave qui l’enivrait ;

- Que tu es beau…

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MessageSujet: Re: L'ombre des grands - Gellert  L'ombre des grands - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMar 8 Fév - 23:02



L'Ombre des Grands

« ICH LIEBE DICH, ICH BRAUCHE DICH »

Bureau du Professeur de Métamorphoses, Novembre 1942.

Pour rien au monde Gellert souhaitait que la nuit continue de s’échapper inévitablement, dans quelques heures, chassée par le sempiternel soleil, héraut des leurs responsabilités quotidiennes qui allaient soustraire le grand, l’illustre professeur à sa vue aimante. Il voulait passer le reste de sa soirée avec lui, contre lui, à s’engourdir de sa chaleur et de son parfum, de sentir la caresse de sa barbe sur son front. Car il savait que dès qu’une porte les séparerait à nouveau, ils feraient comme si rien ne s’était passé, comme si ce dîner n’avait été qu’un moment suspendu dans le temps, au-delà d’eux-mêmes, un mirage qui n’avait pas vraiment existé mais que l’on préservait avec soin. Il savait qu’au petit-déjeuner, un sourire gêné serait échangé mais qu’aucun mot ne serait prononcé. Comme si l’ombre de l’interdit de leur relation planait toujours sur eux. Cela attrista Gellert. Il ne parvenait pas à se faire suffisamment confiance pour faire l’effort de remédier à la probable situation du lendemain. Il savait qu’il allait se murer à nouveau dans sa pudeur fière, le menton haut, continuant d’offrir ses sourires malicieux à l’homme de sa vie sans pour autant prendre en compte leur soirée passée entre eux.

Pour l’instant il profitait juste de sa douce mais virile odeur, de ses effluves d’homme qu’il appréciait vraiment. Bienheureux, un sourire aux lèvres, il resta là quelques instants avant de constater qu’Albus souhaitait qu’il goûte en premier le pudding. Il se redressa alors et le regarda un instant dans ses yeux d’azur. Cela suffit à l’illustre professeur pour poser à nouveau ses lèvres sur les siennes. Cette fois-ci, Gellert posa à son tour la paume de sa main fraiche sur les joues camouflées derrière le cuivre de sa barbe et savoura ce baiser avec tendresse. Le contact de ce dernier n’avait pas changé. Cela était peut-être le deuxième de la soirée mais il se rendait compte maintenant que son souvenir était resté authentique, intact. À chaque fois, il avait l’impression de revenir quarante ans en arrière, de sentir la chaleur du Soleil sur sa nuque cachée de ses cheveux encore dorés. Et pourtant que de temps avait passé, que de sang avait coulé, que leurs visages avaient changé… Mais il y avait certaines choses que le cours du temps n’était parvenu à éroder, comme cet amour tenace, plus fort encore que la rancœur ou la haine, que l’ambition ou la douleur.

Chaque baiser était comme un geste insensé et improbable et celui-ci ne dérogea pas à la règle. Pourtant, Gellert se souvint de leur été ardent, où ils avaient passé une grande partie de leur temps leurs lèvres greffées à celles de l’autre. S’embrasser langoureusement était devenu presque anodin tandis qu’ils se découvraient encore à l’aube de leur vie. Il y avait désormais tout à refaire, ce qui amusait Gellert même si lui-même se retrouvait dans cet état de pudeur étrange de cet homme qu’il avait toujours connu sans pour autant que ce soit toujours le cas. Ils avaient changé, oui, indubitablement. Mais n’était-ce pas mieux, finalement ? Les joues qui n’avaient plus rien de juvénile d’Albus, doucement rosées certainement par le feu et le vin de Loire, ne communiquaient-elles pas cette sagesse infinie qu’il avait accumulé au fil des décennies ? Ses cheveux légèrement ternis, la preuve qu’il avait grandi, d’une certaine façon ? Et pourtant, Gellert savait que c’était toujours ce même regard qui se posait sur lui avec amour toujours ce même cœur qui battait. Et il en allait de même pour le repenti qui se savait perdu dans ses pensées que ses lèvres jointes avec une tendresse certaine à celles d’Albus embrouillaient.

Puis finalement, la caresse cessa et l’homme de sa vie s’éloigna à nouveau, légèrement, Gellert sentant sa barbe lui caresser le menton une nouvelle. De ça, il en devenait fou, ne retirant pour rien au monde sa paume de la joue d’Albus. Il le regarda un instant, souriant d’une tendre espièglerie, acceptant le compliment avec plaisir et presque pudeur. Sans rien dire, comme pour le remercier, ce fut lui, cette fois-ci, qui déposa un nouveau baiser sur ses lèvres, par gratitude, certes mais également par gourmandise. Il ne voulait pas qu’Albus commence à penser qu’il n’en avait pas grand-chose à faire de lui et qu’il était seulement là pour profiter du tendre cœur du plus grand sorcier de son temps. Non, Gellert s’était rendu compte, presque trop tard, qu’il ne pourrait jamais lutter face à l’amour qu’il vouait à cet homme si différent et pour si proche de lui. Que rien ni personne, pas même lui-même, ne pourrait l’empêcher de vouloir se blottir contre lui, de s’enivrer de son parfum et d’avoir besoin de son regard et de ses sourires. Il y avait peut-être ce côté très égoïste de vouloir que le bonheur d’Albus soit tourné vers lui et grâce à lui mais il savait également la réciprocité de sa pensée.

— Et toi, tu es magnifique…

Un surnom affectif faillit glisser hors de ses lèvres déjà trop loin de celles d’Albus. Pourtant, toujours cette même pudeur l’empêchait d’aller plus loin, de peur de brusquer l’auguste professeur qui lui accordait la permission de lui caresser sans gêne la joue. Après un dernier sourire, il regarda la cuillère qui était restée là, entre les doigts d’Albus. Une lueur taquine dans ses yeux hétérochromes, il s’en empara, et mit dans sa bouche la part de gâteau. Puis il se recula le plus possible de son hôte, laissant ses cuisses contre les siennes, cependant, comme s’il voulait empêcher le professeur de récupérer sa cuillère. Une invitation au jeu, comme ils avaient eu l’habitude de faire. Le commencement de chamailleries juvéniles et inoffensives qui avaient été pourtant leur berceau de leur complicité indéfectible et singulière.

— Ton gâteau est très bon, Albus ! Un peu compact, cependant, je ne sais vraiment pas comment vous faites les Anglais. C’est peut-être votre thé qui doit jouer avec vos sens gustatifs.

Puis, la cuillère toujours dans la bouche, Gellert finit par s’étendre de tout son long sur le canapé, posant ses jambes finies sur les cuisses de son ancien amant, le regardant toujours droit dans les yeux avec une insolence sans limite.

— Tu devrais le goûter, toi aussi.

Toujours avec nonchalance, il croisa les jambes et fit légèrement léviter la cuillère à quelques centimètres de sa paume ouverte.
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MessageSujet: Re: L'ombre des grands - Gellert  L'ombre des grands - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMar 15 Fév - 15:21



L'ombre des grands

« Bureau du Professeur de Métamorphoses »

Novembre 1942

Gellert semblait ne rien devoir lui refuser, ce soir. Sa docilité, sa langueur, sa sincérité, son exquise beauté offertes au bon vouloir bienveillant de son geôlier toujours aussi désespérément amoureux de lui. Albus en abusait peut-être un peu ; de cette manie taquine –et aux dires de certains, insupportable- qu’il avait de toujours parvenir à ses fins, n’hésitant pas à exacerber une humilité toute relative et une feinte fragilité pour recueillir sans vergogne les confidences douceâtres du pudique et farouche Gellert Grindelwald. Assouvissant cette inextinguible soif qu’il avait eue de lui par les baisers qu’il s’appropriait dans une douceur émerveillée. Ces mains qui semblaient toujours devoir encercler la taille trop fine encore, volonté inconsciente de propriétaire à qui on avait trop longtemps dérobé cette partie d’âme arrachée à son être juvénile encore ; ces lèvres qu’il se réappropriaient, après la trop longue séparation, cherchant à en combler le vide abyssal en s’y éperdant tant et tant de fois qu’il lui semblait que la lassitude ne lui viendrait jamais de redécouvrir le seul homme qu’il ait jamais aimé.

Gellert y répondait, avec toute cette tendresse grâcieuse que les ans ne lui avaient pas ravis. Les doigts diaphanes qui glissaient avec douceur sur sa joue comme la preuve de la sincérité de sa louange de tout à l’heure. Car s’il y’avait une beauté princière, inaltérable qui avait subsisté chez Gellert, celle d’Albus avait pris une direction paradoxale qui rendait incertaine l’appréciation de son ancien amant. Il avait connu un jeune homme élancé, au visage blanc et imberbe, coiffé d’une toison d’un roux flamboyant qui lui tombait au creux des épaules. Albus Dumbledore, à l’aube de la soixantaine, était un homme bâti et élégant, engoncé dans ses sempiternels costumes de tweed anglais, dont le visage mangé d’une épaisse barbe de cuivre semblait vouloir faire oublier les vestiges de sa toison de feu qui s’était clairsemée. Derrière les lunettes en demi-lune, pourtant, l’azur de ciel d’été de ses grands yeux étincelait toujours du même soleil brûlant et taquin qui avait couvé leurs premières amours. Et sous la barbe, les lèvres s’étiraient toujours de la même lueur mutine, farouche, quoi qu’un peu étiolée par le temps et les larmes.

C’est avec humilité que Gellert sembla accepter le compliment un peu béat, extirpé des lèvres d’un Albus bienheureux. Et c’est rosissant qu’il accepta le sien avec la même pudeur, le laissant s’emparer de ses lèvres une énième fois, comme suffoquant tous les deux de cette soif qu’ils n’en pouvaient plus d’assouvir. Les retrouvailles intimes, embarrassée par la pudeur effarouchée des deux immenses sorciers redevenus adolescents fut sauvé par la propension à l’insolence malicieuse de Gellert. Comme un éclat d’impertinence dans le regard qui avait terrifié l’Europe, quand les longs doigts blancs vinrent s’emparer de la cuillère que lui tendait Albus. Comme un sursaut d’impudence lorsque sa taille grâcile s’éloigna de lui en le toisant d’un œil faussement mystérieux, faisant attendre son verdict avec une tension toute calculée. Albus savait pertinemment que le pudding, plus encore pour un étranger, n’était pas la pâtisserie la plus fine ou la plus raffinée qui soit. Mais, pour un anglais digne de ce nom, il avait ce goût de réconfort, ce parfum de Madeleine de Proust des repas familiaux au coin du feu un soir pluvieux. Albus eut un sourire amusé, ravi que le dessert lui plaise malgré tout, conscient de l’ambiance malicieuse qu’il essayait d’insuffler à l’entrevue trop intimiste ;

- Laisse-nous donc à notre cuisine, impudent montagnard ! Le pudding se mange ainsi. Ravi qu’il te plaise malgré tout.

L’insolent Gellert était revenu. Le prince nonchalant, dans toute sa splendeur, qui raillait le monde d’un sourire et balayait les convenances d’un rire moqueur. C’est une lueur de défi, cette fois, qui brillait dans son regard lorsque son corps grâcile vint s’alanguir de tout son long sur la petite banquette, les jambes nonchalamment étendues sur les cuisses du trop Britannique Albus dont la posture parfaite lui donnait soudain des airs de statue. Pardessus ses lunettes en demi-lune, une œillade faussement outragée et menaçante répondit à l’insolence éhontée et savamment calculée du farouche Autrichien. Un sourire mystérieux étira la barbe de cuivre, tandis que son regard d’azur passait de la cuillère en lévitation aux jambes de son impudent prisonnier dont la légèreté sur ses cuisses lui serrait encore un peu le cœur, si il y pensait trop. Son regard mutin se posa de nouveau, avec un brin de mystère, sur l’altière beauté du visage de Gellert qui s’alanguissait sur son divan, tandis qu’une de ses mains se posait sur un des genoux qu’il avait avachis sur ses cuisses. Lentement, les doigts glissaient, effleuraient presque la cuisse vêtue de ses sempiternels pantalons de cuir noir, cherchant à agripper la main blanche, insolemment alanguie le long de son corps. Lorsqu’enfin les doigts blancs vinrent rafraîchir de leur soie glacée la tiédeur de la paume d’Albus, ils les serra un peu plus, se penchant vers le visage allongé avec une lenteur extrême, comme pour amorcer ce qui s’annonçait être un énième baiser de cette tendre soirée.

Et à la vérité, à s’approcher chaque seconde un peu plus de la trop fière et trop insolente beauté de Gellert, il n’eut ni la cruauté ni la volonté d’esquiver ses lèvres. Toutefois, le baiser eut la brièveté d’un songe et la légèreté de la caresse d’une plume, car une demi seconde plus tard les doigts libres d’Albus s’emparaient de la cuillère, et le fielleux manipulateur reprenait sa posture assise initiale, un sourire de triomphe narquois sur les lèvres tandis qu’il plongeait la cuillère dans la pâtisserie qui gisait sur l’assiette de porcelaine ;

- Tu as raison. Il ne vaut pas celui de Mère, toutefois je suis satisfait. Il faut croire que certaines choses ne s’oublient pas. Est-ce que tu te souviens, la première fois que tu es venu dîner à la maison ? J’avais préparé son ragoût, mais, avec le recul, je crois que tu avais eu la délicatesse de faire semblant de l’apprécier.

Albus eut un léger rire à cette évocation nostalgique, tandis qu’en signe de paix, et surtout parce qu’il en mourrait d’envie, sa main libre vint retrouver le genou de Gellert, s’y posant avec une délicate tendresse tandis que son regard le narguait toujours d’un peu haut, son ancien amant toujours affalé sur lui avec une négligence savamment orchestrée. Un sourire brillant d’une plénitude béate s’étira qu’il sentait ses paupières s’alourdir à la chaleur du feu, du vin et du copieux dîner qu’il avait préparé ;

- Tu parlais de thé tout à l’heure…Veux-tu que j’en prépare ?

Sans même attendre de réponse, une petite flamme s’alluma sous la bouilloire en étain, les feuilles s’amoncelant d’elle-même au fond d’une petite théière en porcelaine appartenant à un service qu’il avait récupéré de ses parents. Quelle que fut la réponse de Gellert, il en boirait malgré tout, dans l’accomplissement de la petite cérémonie qu’il n’avait pas manqué une seule soirée en quarante ans.


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Gellert Grindelwald
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L'Ombre des Grands

« ICH LIEBE DICH, ICH BRAUCHE DICH »

Bureau du Professeur de Métamorphoses, Novembre 1942.

Toujours à se prélasser dans sa position provocatrice, Gellert continuait de regarder Albus avec un grand sourire insolent, dissimulant derrière une tendresse toute particulière. Ô combien de temps il pourrait perdre à se noyer dans l’azur pétillant des yeux de l’illustre professeur. Lui qui avait couru à travers les secondes qui s'égrenaient pendant tant d’années. Lui qui avait gagné le plus de temps afin de mettre à bien ses projets sous l’égide du plus grand bien. Ce n’était plus le cas désormais. Comme il avait pu être stupide. Comme il avait pu être ignorant et têtu. Il s’en voulait d’avoir immolé toutes ses années pour rien. Pourtant, il avait toujours été convaincu que son combat était louable. Aujourd’hui encore, il sentait qu’il avait toujours cette flamme de justice qui brûlait en lui. Mais la colère et la haine avaient disparu. Leur lumière rougeoyante éteinte par la beauté azurée des yeux de cet homme qui lui souriait. Rien ne pourrait le déloger de ce canapé où il était si nonchalamment installé. Lui-même se faisait violence pour ne pas se blottir contre les bras chaleureux de celui qui avait ramené son cœur à la vie. Il faisait toujours preuve de cette pudeur fière, ne voulant pas montrer tout tout de suite à Albus.

Qu’est-ce que cela était ridicule, par ailleurs. Pourquoi perdre encore du temps alors que quarante années les avaient séparés ? La fierté, l’orgueil seraient donc plus forts qu’un amour inconditionnel entre deux âmes sœurs ? Ou l’amour de Gellert n’était peut-être pas si profond envers Albus ? Non, de cela, il était certain que c’était faux. Personne d’autre que Dumbledore ne pourrait l’entraîner à éveiller le meilleur de lui… et le pire également. La façon dont il lui faisait perdre toute sagesse, tout discernement moral était bien la preuve du contrôle d’Albus (involontaire certainement) sur lui. Mais il s’en moquait. Il avait enterré sa haine loin. Il voulait l’oublier et s’abandonner dans les bras de son homme si ce dernier voulait bien de lui. Peut-être se cherchait-il encore, après tout. Malgré ce dîner d’une qualité irréprochable, il y avait toujours ce non-dit qui planait entre eux. Ces petites marques d’affections franches et spontanées qui leur feraient prendre confiance à tous deux. Car là, malgré ces quelques baisers volés, il y avait ce sentiment d’interdit qui planait toujours et encore, le même que pendant leur adolescence. Seulement, ils donnaient l’impression que même envers eux, cette affection était prohibée. Et Gellert avait l’impression que ce combat contre lui-même ne cesserait jamais.

Et tandis que ce flot de questionnements continuaient d’embrouiller sempiternellement l’esprit de Grindelwald, la main de Dumbledore glissa lascivement de son genou à sa cuisse, coupant discrètement le souffle de l’ancien mage noir qui le retint inconsciemment. Puis les doigts du seul et unique amour de sa vie vinrent se saisir des siens, sans impunité, malicieux, espiègles. Gellert serra cette main chaleureuse dans la sienne, le regard rivé dans celui d’Albus qui se rapprochait de lui. Comme un adolescent, le repenti entendit son cœur lui martelait les tympans, le visage demeurait serein malgré les tambours palpitants dans son corps. Il ferma alors les yeux, s’abandonnant totalement à Albus au-dessus de lui qui déposa à nouveau doux sur ses lèvres. Et avant qu’il n’eut le temps de faire quoique ce soit, avant qu’il n’eut le temps de s’abandonner entièrement à l’homme de sa vie incontestablement, ce dernier lui vola la cuillère de ses doigts dociles avant de s’enfuir loin de ses lèvres. Gellert mit quelques instants à revenir, encaissant la douche froide sans trop comprendre ce qu’il venait de se passer, regardant le sourire fier de son larcin d’Albus. Avec un sourire faussement agacé, il le regarda manger son morceau de pudding, tandis que la main de l’être aimé recouvra sa place sur son genou.

— Du thé ? Pourquoi pas… Mais quelque chose de classique. J’ai encore du mal avec les feuilles de plante à l’eau chaude.

Taquin, il continua de sourire à son homme, conservant ses jambes sur celles du professeur. Il regarda la flammèche déjà allumée avant même sa réponse. Souriant, il se laissa bercer quelques secondes par la danse des flammes dans l’âtre. Doucement, il sentait ses joues chauffer agréablement, ne sachant s’il s’agissait de l’addition de la cheminée, de la digestion et de la chaleur d’Albus ou… d’autre chose. Peut-être l’alcool. Cependant, il se retint de faire le moindre commentaire sur la température de la pièce, ni sur le fait qu’il n’avait nullement besoin d’être réchauffé par le thé. Il reporta son regard sur la main sur son genou et finit par dire, certainement poussé par le vin, la somnolence et la tranquillité :

— Je préférais quand elle était sur ma cuisse.

Presque avec défi, le regard certainement un peu lubrique, Gellert plongea ses yeux hétérochromes dans ceux si beaux de son homme, l’attendant presque, lascivement. Le temps sembla s’arrêter une nouvelle, complètement distordu en présence de ces deux sorciers si similaires, trop même. Finalement, il fut sorti de sa contemplation par le sifflet strident et brusque de la théière non loin, sursautant presque. Reprenant ses esprits, il jeta un coup d’œil au filet de vapeur qui s’élevait de la bouilloire avant de reporter son attention sur Albus, demandant silencieusement quelle serait la suite de la soirée.
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