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L'ombre des grands - Gellert

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Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
Âge : 61 ans.
Sang : Sang-Mêlé.
Nationalité : Anglaise.
Patronus : Un Phénix.
Épouvantard : Le cadavre de sa sœur et, depuis peu, la silhouette de Gellert Grindelwald qui s'éloigne de lui inexorablement, et ce malgré sa main tendue vers lui.
Reflet du Riséd : Gellert Grindelwald à ses côtés.
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MessageSujet: Re: L'ombre des grands - Gellert  L'ombre des grands - Gellert - Page 3 Icon_minitimeVen 18 Fév - 17:28



L'ombre des grands

« Bureau du Professeur de Métamorphoses »

Novembre 1942

Albus s’oubliait dans sa petite victoire d’adolescent sur le plus grand mage noir de son époque, désarmé et nonchalant, affalé au creux du divan de celui dont il avait juré de débarrasser le monde. S’éperdait dans les réminiscences futiles de leurs premières amours, s’égarait en divagations gaies et creuses dont le malicieux sorcier avait le secret, lorsque la pudeur l’embarrassait. Tout était si simple avec le commun des mortels. Un sourire taquin, un clin d’œil espiègle, cette sensation de supériorité bienveillante qui contribuait à cette sensation de solitude qui l’étreignait souvent. Mais avec Gellert, toutes ces belles certitudes s’effondraient. Et le roublard qu’était Albus, très fier de sa petite entourloupe, se trouvait bien attrapé en sentant la fraîcheur des longs doigts étreindre les siens, et en sentant frissonner sous son sourire mutin les lèvres diaphanes qui s’offraient à lui, alanguies, presque. Le brillant Professeur se recula un peu brusquement, dissimulant sous son bavardage futile la triste réalité d’avoir été pris à son piège, avalant une nouvelle bouchée de pudding comme pour conserver une contenance étiolée par la soif à peine dissimulée que Gellert avait de lui.

Lui non plus ne s’était pas départi de son sourire, insolent et narquois, malgré l’évidence qui les avaient frappés tous les deux, malgré qu’ils sachent à quel point il était vain de chercher à se mentir, parce qu’ils se connaissaient trop, parce qu’ils savaient à quel point ils s’étaient manqués, et parce qu’au fond d’eux ils n’ignoraient pas à quel point ils s’étaient aimés.

Il y’avait pourtant cette retenue idiote qui les freinait. Pudeur d’adolescence recouvrée à force de solitude, chagrin d’une passion gâchée aux mauvais choix de l’un et à la sagesse de l’autre. Effroi d’un énième tour de celui qui avait abusé du cœur trop tendre du plus grand sorcier de son ère, vaincu par les baisers et les belles paroles du fier orateur qui s’était déjà joué de lui, une fois. Tant de choses dépendaient de sa capacité à insuffler sa confiance, désormais. Si il n’y avait eu que sa propre vie en jeu, peut-être se serait-il déjà abandonné aux bras du meurtrier repenti, qui à s’y perdre, quitte à voir s’éteindre cette flamme vacillante de vie qui semblait n’avoir eu de sens qu’avec lui. Désormais il n’était plus l’adolescent insouciant et égoïste qui avait voué son âme à Gellert. Il avait charge d’âmes, se savait patriarche de toute une génération, martelé par la conscience terrible d’avoir potentiellement introduit le loup dans la bergerie et d’être le seul capable de l’arrêter, si ses intentions criminelles ne s’étaient pas étiolées à l’horreur d’Azkaban.

Le risque était trop grand. L’infiniment sage Albus Dumbledore ne le savait que trop. Et pourtant, comme il mourait d’envie d’y croire, au Gellert Grindelwald repenti et fou amoureux de lui, et comme il lui fallait s’armer de volonté pour ne pas échouer à nouveau, et succomber à cette supériorité qu’avait toujours eu Gellert sur cette âme qui semblait n’avoir été façonnée que pour lui appartenir. Son sourire s’entrechoqua au sien, mêlé de l’ombre à peine perceptible d’une mélancolie qui pesait désormais sur leurs amours, l’écoutant moquer le breuvage fétiche des Anglais, dont il avait dû avaler en une saison plus de litres que durant ses presque six décennies d’existence ;

- Ne t’en fais pas, il sera très léger. Le but n’est pas d’accroître tes insomnies. Et puis, il t’aidera à digérer nos trop lourdes pâtisseries, à nous autres, Anglais.

Une œillade taquine s’entrechoqua à la sienne, tandis que la bouilloire sifflait, et que, par des gestes distraits de chef d’orchestre, Albus lui faisait déverser son contenu brûlant sur les feuilles de thé qui recouvraient le fond de la théière en porcelaine. Sucrier, tasses et petites cuillères se mouvaient sous l’impulsion leste de son poignet, s’installaient docilement sur un petit plateau qui vint rejoindre la table basse. Et, dans le service des deux tasses fumantes, Albus tenta d’oublier le trouble qui se saisissait des deux plus grands sorciers du monde, à se découvrir toujours aussi assoiffés l’un de l’autre qu’au premier jour.

Gellert n’avait pas dit son dernier mot, pourtant. La tendre main d’Albus, sagement revenue au maigre genou de son ancien amant, n’avait pas bougé. L’insolent mage noir repenti y lançant une œillade osée, au creux de laquelle brillait l’éclat de ce qu’aucun ne voulait s’avouer. Le pudibond Professeur de Métamorphoses rosit, tentant de noyer son trouble au creux de sa tasse de thé dont il étiola l’amertume d’une cuillère de sucre. Le breuvage lui fit reprendre un semblant de contenance, lançant un regard mélancolique et plein d’un désir inassouvi vers son ancien amant qui le réclamait ;

- Penses-tu que cela soit bien raisonnable ?

Le ton s’était efforcé de garder ces intonations de sagesse qui inspiraient tant de respect au sein du monde sorcier. Pourtant, un sorcier tel que Gellert Grindelwald n’aurait aucun mal à y déceler la supplication chevrotante, mal dissimulée, trahissant le désir sourd d’accéder à sa requête et de s’abandonner à leur désir commun qu’il mourrait d’envie d’assouvir entre ses bras. Pourtant, mû par cette irrépressible passion jamais réfrénée pour le seul homme de sa vie, sa main glissait de son cou pour s’égarer doucement sur sa cuisse, incapable de lui refuser cette tendresse dont il avait été privé tant de décennies, plongeant un regard qui avait perdu de son éclat malicieux dans les tréfonds hétérochromes d’un Gellert qui se dissimulait mal derrière son aura d’insolence nonchalante. Quelques longues secondes qu’il n’aurait su quantifier, oubliant un instant ce qui l’empêchait de se livrer aux bras de l’homme dont il crevait d’envie, avant que le sage et vieillissant Professeur ne reprenne le dessus sur l’adolescent malade d’amour au cœur piétiné par le cruel enfant rebelle de Durmstrang ;

- Ton thé va refroidir…

Doucement, une dernière étreinte des doigts tièdes sur la cuisse mince. Et la main glissa sur le cuir noir du pantalon, retrouvant le genou qui s’était nonchalamment étalé sur ses jambes, ses lèvres se pinçant en un sourire navré, peut-être plus désolé que lui encore, de ne pas savoir s’abandonner encore tout à fait aux bras de celui qui avait fait la promesse d’être celui qui le vaincrait par tous les moyens.


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Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: L'ombre des grands - Gellert  L'ombre des grands - Gellert - Page 3 Icon_minitimeDim 20 Fév - 10:28



L'Ombre des Grands

« ICH LIEBE DICH, ICH BRAUCHE DICH »

Bureau du Professeur de Métamorphoses, Novembre 1942.

Gellert avait comme regretté cette parole hardie et quelque peu alcoolisée. Cette demande implicite d’une tendresse douce dont il avait été privé pendant si longtemps, en grande partie par sa faute. Mais sa requête était bien inoffensive même s’il voulait créer une certaine proximité plus intime avec l’homme de sa vie dont les jambes lui réchauffaient l’arrière des cuisses. Mais cette main posée timidement sur ce genou était la preuve que ce qu’ils faisaient n’était pas correct ni prudent. Il était évident que Gellert n’avait pas la peine confiance d’Albus, cela était même normal. Et pourtant, à se dévorer ainsi des yeux, il semblait que l’enfant terrible de Durmstrang n’ait jamais commis la moindre atrocité, ni la moindre faute et que sa vie s’était écoulée dans la plus grande sérénité auprès d’Albus, à déguster des thés dont un qui était actuellement en train d’être versé dans leurs deux tasses. Le regard d’Albus avait changé pour s’imprégner d’une douce mélancolie désolée. Il n’avait pas besoin de parler, il comprenait ses raisons. Il n’ajouta rien, regardant seulement le filet d’eau brûlante s’écouler lentement dans la porcelaine qui lévitait gracieusement à quelques dizaines de centimètres d’eux, un léger filet de fumée s’en échappant.

Non, cela n’était pas raisonnable. Il le savait, en regardant au fond des iris azurées d’Albus, que cette décision plein de sagesse certes, de lui plaisait pas non plus. Le corps brûlant toujours de ce désir inassouvi pour cet homme qui avait certes beaucoup changé d’apparence mais qui au fond était demeuré le même, Gellert ne bougea pas, ne dit rien, son regard hétérochrome soutenant toujours celui désolé de son homme. Aucun des deux n’ignoraient pourtant que la défaillance de leurs voix et que la flamme brûlante dans leurs yeux leur criaient de façon insoutenable de sentir leurs deux cœurs battre ensemble, de joindre à nouveau leurs lèvres dans un langoureux et sincère baiser, de se redécouvrir comme au premier jour malgré cette quarantaine d’années passées loin de l’autre. Mais non. Albus avait invoqué la sagesse, Gellert misait plutôt la pudeur. Une pudeur naïve et puérile mais pas moins dénuée de sens ni de raison. Après tout, comment pouvait-il faire confiance à l’ancien mage noir ? N’attendait-il pas, tapi dans l’ombre, un moment de faiblesse, d’abandon, de la part de son plus grand rival pour l’éliminer et avoir le champ libre ? Qu’Albus puisse s’imaginer quelque chose comme cela blessait fortement Gellert qui, malgré tout, ne pouvait pas l’en blâmer.

Puis finalement, le repenti sentit une main chaleureuse se poser sur sa cuisse, comme il l’avait demandé. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, tandis qu’il croisa le regard désolé de cet homme autour duquel il avait construit l’entièreté de sa vie. Gellert avait bien compris qu’Albus n’irait pas plus loin, même s’il n’avait voulu le décevoir. Et pourtant, cette petite main timide sur sa cuisse lui laissa quelques impressions très contradictoires. La première, ce désir toujours passionnel envers son homme, l’envie de se coller contre lui et aggraver son ivresse par son parfum si doux et masculin à la fois. L’envie irrépressible de sentir sa chaleur l’envelopper, la caresse de sa barbe contre sa peau. Cette main sur cette cuisse l’appelait à bien d’autres choses. Cependant, cela lui indiquait également qu’Albus serait toujours plus loyal à sa sagesse qu’à l’irraisonnable. Et encore une fois, Gellert ne pouvait pas l’en blâmer mais ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine déception, profonde même, sans qu’il puisse y faire quoique ce soir. Il n’était pas vexé pour autant, mais c’était pour lui un crève-cœur. Et son tempérament insolent, nonchalant et même rebelle n’avait aucun argument pour tenter de convaincre Albus. Il n’insisterait pas.

La petite phrase de l’illustre professeur raisonna dans l’étrange silence de la salle tandis que sa main revenait à son genou. L’éclat d’insolence impulsive de Gellert avait disparu de ses yeux. Tout aussi désolé qu’Albus, il resta immobile quelques instants et finit par se redresser, retirant finalement ses jambes de celles de son homme. Il accueillit la tasse dans ses paumes et constata amèrement qu’il n’en voulait plus, de ce thé qui sentait pourtant si bon. Il ne voulait plus non plus envoyer de pique sur les habitudes britanniques. Pourtant, il colla néanmoins son corps contre le sien, s’abreuvant de cette chaleur comme si cela lui était désormais vital. La présence d’Albus lui était nécessaire maintenant. Trop longtemps leurs deux âmes jumelles avaient été séparées. Par sa faute qui plus est. Il ne voulait plus en être privé par un ego stupide qu’Azkaban avait peut-être fini par mater. Finalement, Gellert finit par boire son infusion – qui, à son palais non initié, ressemblait à toutes les autres – et sourit timidement à son homme, si près de loin et pourtant si loin. Il finit son thé dans le silence, ne trouvant pas grand-chose à dire pour détendre cette atmosphère devenue morose. Les deux brûlaient d’un désir mutuel, réciproque et fort. Mais le poids de leur passé qui avait eu raison d’eux ce soir-là, n’aurait-il pas raison de leurs futures années ensemble ? La tasse terminée, il la reposa délicatement dans la petite coupelle devant lui.

— Ton thé était très bon, Albus. Je n’en attendais pas moins de toi.

Il eut un sourire tendre et taquin, le tout en lui jetant un regard espiègle. Finalement, il lui prit la main, qu’il serra avec tendresse avant d’en embrasser les doigts.

— Peut-être devrions-nous aller nous coucher. Deux vieilles personnes comme nous…

C’était une excuse pour rentrer dans ses appartements. Si se séparer d’Albus pour la nuit lui crever le cœur, il préférait pourtant se préserver le plus possible en étant loin de la personne de ses désirs. Il ne voulait pas que l’illustre professeur pense qu’il fuyait, au contraire même. Lui aussi jouait la carte de la sagesse d’une certaine façon. Il aurait bien voulu s’assoupir dans les bras de son homme, mais cela semblait inconcevable pour le moment. Autant éviter de se torturer, nargué par une tentation violente et mesquine. S’il arrive à s’endormir seul dans son lit, il s’imaginerait cependant les bras d’Albus. Il se leva donc, en profita pour s’étirer légèrement et sourit à son hôte.

— Le dîner était vraiment excellent, Albus, merci pour tout. J’espère que l’occasion se représentera.

D’un sourire poli et jovial, il tentait de dissimuler la peine et la douleur que se séparer de lui, même pour la nuit, lui causait. Il espérait que cela ne soit pas aussi visible que son désir ardent pour sa chaleur et sa tendresse.
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MessageSujet: Re: L'ombre des grands - Gellert  L'ombre des grands - Gellert - Page 3 Icon_minitimeMar 22 Fév - 15:03



L'ombre des grands

« Bureau du Professeur de Métamorphoses »

Novembre 1942


L’ange, de nouveau, avait filé. Malicieux et taquin à leur image, avec une pointe de cruauté dont ils étaient néanmoins dépourvus, il n’avait fait que passer, saupoudrant l’air des poussières d’étoiles de leurs nuits d’antan et des éclats brûlants du soleil passé, qui avait bercé leurs premiers amours. Ce petit vent de miracle confinait à la mesquinerie, à présent qu’on le leur arrachait si vite, pour les laisser retomber, mornes et résignés, à l’apathie de leur chagrin. La renaissance de leur amour en sommeil avait soif de ténacité, de volonté et de sacrifice. Comme le bouton de rose dissimulé sous l’horreur d’un champ de bataille, qui déploie toutes ses forces à percer la terre gorgée de sang, et à opposer sa beauté tendre à la plaine désolée et stérile enlaidie par les crimes. Le manque de l’autre à peine assouvi par quelques baisers les avaient laissé pantelants et hagards, comme abasourdis, revenant enfin à la dure réalité qu’ils ne voulaient pas voir ; un Gellert Grindelwald qui avait trompé son monde maintes et maintes fois, et qui, peut-être, n’attendait que la faiblesse de cœur d’Albus, déjà abusée une fois, pour en finir, enfin, avec le seul qui puisse quelque chose contre lui.

Albus n’avait pas le droit. Il avait charge d’âmes désormais. Ils étaient trop nombreux à compter sur lui, pour se laisser étrangler par son rival, et mourir là entre les bras de celui que lui seul avait le pouvoir d’arrêter. Au moins n’avait-il pas besoin d’exprimer son chagrin. Un regard qui s’entrechoquait, et les deux âmes sœurs se comprenaient mieux que personne, mieux qu’avec mille mots. Dans le ciel d’été du regard d’Albus, Gellert avait compris la signification des nuages qui s’y amoncelaient. Il n’y avait rien à expliquer. Il en mourrait d’envie, mais sa propre sagesse le prenait à la gorge. Et, de par son mutisme, de par son regard qui avait perdu son animosité farouche de tout à l’heure, Gellert lui signifiait qu’il avait compris ; qu’il avait raison, et qu’il ne lui en voulait pas. L’hétérochromie de son regard se posa sur la main tendre qui avait obéi à son désir, néanmoins, et lui effleurait la cuisse avec tendresse. Puis, l’ange chapardeur ayant filé pour de bon, il se redressa, adoptant une posture convenable, restant malgré tout collé à la silhouette d’Albus qui lui tendait sa tasse de thé.

Gellert la but en vitesse, comme résigné, décidé à fuir au plus vite l’intenable décision de sagesse qu’un mot, qu’un geste pourrait faire voler en éclats. Avec cette irrésistible élégance princière paradoxale à son image de mauvais garçon, il le complimenta sur la qualité de son thé, éloge auquel Albus répondit par un sourire qui se voulait narquois, mais qui sonnait faux. Et cette manière qu’il avait de se saisir de la main d’Albus avec une tendresse exquise pour en baiser les doigts, était si irrésistible, accompagnée de ce sourire qui semblait toujours se moquer de lui, qu’il faillit bien s’y perdre un instant. Cette fois-ci c’est Gellert qui avait raison. Il leur fallait se quitter, et vite. Albus eut un léger rire, dans les tréfonds duquel chevrotait son désir inassouvi qu’il avait de lui, et qu’il se refusait de lui-même ;

- Allons, Gellert, j’ai l’impression que tu n’as rien perdu de ta fougue et de ton espièglerie d’adolescent. Mais tu as raison, sans doute faudrait-il que nous allions nous coucher. Je commence tôt demain.

C’était vrai. Albus avait indéniablement vieilli, laissant le jeune homme longiligne à la crinière de feu derrière lui pour la maturité d’un homme perclus de responsabilités. Il y’avait quelque chose dans le regard et le sourire de Gellert que même la langueur du temps et l’horreur d’Azkaban n’étaient pas parvenu à briser. Derrière la peau rendue diaphane par ses crimes, Albus voyait celui qu’il avait aimé au premier jour, l’air narquois et l’arrogance princière du visage mince qui semblait se moquer de tout et de tous. Après quarante années et bien des épreuves et des sagesses accumulées, le brillant et vénéré Professeur s’apercevait que l’effet délirant qu’avait sur lui le grand Gellert Grindelwald était resté intact.

C’est pourquoi il lui fallait le congédier, avant que ne se commette l’irréparable, leurs pieds déjà bien trop dangereusement au bord du précipice. Albus se leva, tendant élégamment la main à son homme pour lui permettre de se lever, lui aussi. Et ce fut à son tour de poser un baiser sur les doigts longs et blancs qu’il tenait au creux de sa paume, comme pour le remercier de l’éloge qu’il lui faisait encore ;

- Bien entendu. Ma porte t’est toujours ouverte. Je te demande pardon pour t’avoir fait croire le contraire, en t’évitant ces dernières semaines. J’ai cru qu’il valait mieux te laisser prendre tes marques sans interférer, mais c’était une erreur. Fort heureusement, le jeune Belladone a su y pallier…

Avec un regret non dissimulé, Albus lâcha la fraîcheur des doigts qu’il détenait au creux de sa paume, se servant de cette main pour entrouvrir la porte de son bureau et s’arracher de lui-même à son homme dans les bras duquel il aurait tant désiré s’endormir ;

- Et bien bonne nuit, Gellert. Je te dis à demain.

Sur le seuil, la cavalerie attendait, épuisée et renfrognée, le retour de leur prisonnier avant de pouvoir eux-mêmes s’accorder un peu de repos. Albus leur offrit un large sourire, et aucun n’aurait pu déceler la mélancolie et le désir inassouvi qui brillait dans l’azur de ciel d’été de ses yeux une seconde plus tôt. Là, il leur confia à regret son âme la plus précieuse, malgré la souillure de ses avanies et de ses crimes, et s’en retourna à son bureau qu’il ne supportait plus de voir vide, à présent que le cœur gémellaire au sien dormait si près de lui.


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