Résurrection - Gellert - Page 2



 
Le deal à ne pas rater :
Cartes Pokémon : la prochaine extension Pokémon sera EV6.5 Fable ...
Voir le deal


Partagez

Résurrection - Gellert

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5  Suivant
Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
Âge : 61 ans.
Sang : Sang-Mêlé.
Nationalité : Anglaise.
Patronus : Un Phénix.
Épouvantard : Le cadavre de sa sœur et, depuis peu, la silhouette de Gellert Grindelwald qui s'éloigne de lui inexorablement, et ce malgré sa main tendue vers lui.
Reflet du Riséd : Gellert Grindelwald à ses côtés.
Avatar : Jude Law.
Messages : 215
Double-Compte : Belladone le Fragile, Desiderata la Peste, Aurora la Simplette, Minerva la Sévère, Solveig la Dure à Cuire.
Date d'inscription : 14/02/2019

Résurrection - Gellert - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Résurrection - Gellert  Résurrection - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMer 23 Nov - 13:48



Résurrection

« Cimetière de Godric’s Hollow »

Eté 1899

Face au pétulant et trop brillant jeune aîné des Dumbledore, il y’avait deux sortes de réactions ; il y’avait ceux qui buvaient ses paroles, l’œil étincelant et le sourire aux lèvres. Et puis il y’avait ceux, qui, comme Abelforth, trouvaient insupportable cette manie de briller et de pérorer. Et en réalité, il y’avait de quoi. Le génie avait de quoi susciter la jalousie, l’envie, voire l’agacement et la colère lorsqu’il s’accompagnait d’orgueil et de conscience de sa supériorité comme avec Albus. Pourtant, la clémence de beaucoup à son égard venait de sa propre bonté. De sa bienveillance, de son absence de raillerie, de la sincérité de ses sourires et de son refus d’écraser les autres de ce pouvoir dont beaucoup de ses détracteurs auraient sans doute fait moins bon usage en en disposant du quart. Et ainsi, de prime abord, Albus n’aurait pas cru que le jeune et d’apparence si fière Gellert fasse partie de la première catégorie. Il écoutait avec patience, avec attention même, semblant graver dans sa mémoire les moindres mots de la longue litanie du trop patriarche à la crinière flamboyante. Et même quand Abelforth le coupa, il ne dit rien, restant en dehors de la conversation avec la sagesse de ceux qui n’interviennent pas dans un domaine qu’ils ne connaissent pas.

Et puis ce fût au tour d’Albus d’être attentif, bien que Gellert ne fasse que lui confirmer la sinistre réputation qu’avait Durmstrang en terme d’idéologie nauséabonde. Et de fait, la question devenait si délicate qu’il n’osa pas lui demander le statut de son sang, qui l’indifférait bien entendu, mais qui lui aurait donné une importante indication de ce qu’avait dû être sa scolarité à Durmstrang. Puisqu’il ne pouvait pas être un Né-Moldu, un statut de Sang-Mêlé et les persécutions qui ont dû s’ensuivre suffiraient sans doute à expliquer son incroyable méfiance, son mutisme, son regard qui se durcissait à chaque mot qu’il prenait comme une intrusion, ces manières de bête aux aguets qui semble redouter une attaque.

Non, il avait bien compris que le jeune homme n’avait aucune envie de se dévoiler, et ne comptait pas l’y contraindre, ce qui détonait du Albus que tout le monde connaissait, qui obtenait toujours ce qu’il voulait à force de persévérance, bienveillante, toujours, mais parfois intrusive. Cette fois-ci, quelque chose lui disait de ne pas brusquer ce fier garçon un peu trop méfiant. Et pourtant, rien, pas même le trépas récent de sa mère, pas même l’impassible arrogance sur le visage de garçon spartiate ne parvint à retenir sa malice naturelle. Et il faillit presque regretter ce coup de poker, croyant avoir soudain tout gâché devant cette mine qui se renfrognait, méfiante, mécontente. Mais, devant le lumineux sourire de l’adolescent taquin, le jeune Autrichien se dérida, comprit, sourit à son tour, comme éclairé par la propre lueur de l’aîné des Dumbledore. Il le remercia et servit poliment toute la petite fratrie. Sans attendre, Albus plongea sa cuillère dans le dessert moelleux et fondant, en avalant la première bouchée avec un délice évident. Gellert était un bien meilleur pâtissier que lui. C’est donc chaudement et sincèrement qu’il repondit ;

- C’est délicieux, tu es très doué ! On sent vraiment bien la cannelle et les amandes. Avec les pommes, c’est vraiment très bon. Je veux bien la recette, même si je ne suis pas sûr de le réussir aussi bien.

Albus lui sourit avec franchise, de plus en plus fasciné par le jeune homme, tandis qu’Ariana mangeait avec un enthousiasme qui faisait plaisir à voir, et qu’Abelforth, malgré son air grincheux, dévorait avec avidité. C’est qu’il n’y avait que bien peu d’adolescents de son âge capables de faire vaciller sa confiance en lui, et son excellence dans presque tous les domaines. De plus, Gellert ne semblait pas perdre le nord. Si Albus, désireux de sa compagnie, l’avait appâté avec des informations sur les Peverell qui semblaient l’avoir vivement fasciné, il ne comptait guère laisser le flamboyant britannique se jouer de lui, et occulter sa promesse. De plus, la légère malice dans la fin de sa tirade lui fit comprendre qu’ils avaient donc un point commun, bien que la sienne soit plus dissimulée, et plus pince-sans-rire, que celle du solaire Albus. Son sourire s’élargit ;

- Tu ne crois pas si bien dire. Enfin, presque. Il est impossible en sept années d’études d’écumer tous les livres de la Bibliothèque de Poudlard, d’autant que certains, situés dans la Réserve, sont interdits aux élèves. Ce qui est dommage, ce sont souvent les plus intéressants…D’un léger clin d’œil, Albus lui fit comprendre que sa réputation d’élève modèle aurait pu être entaché par ces quelques entorses au règlement, s’il n’avait pas été suffisamment malin pour ne pas se faire prendre. Mais au fil de mes lectures, j’ai bien eu vent d’une théorie concernant les Peverell, à laquelle j’adhère désormais. Est-ce que tu connais les contes de Beedle le Barde ? Tous les petits sorciers britanniques ont été bercés à ses contes, et les enfants de Moldus pour qui ce n’est pas le cas en entendent très vite parler à Poudlard. Quoi qu’il en soit…Accio…Un petit ouvrage survola les escaliers depuis sa chambre, pour atterrir au creux des mains d’Albus…C’est mon exemplaire, je peux te le prêter, mais il était à mon père alors n’oublie pas de me le rendre s’il te plaît, j’y tiens beaucoup…Et puis, l’ouvrant à la première page, il le lui tendit pour qu’il s’en empare, le doigt sur un petit dessin tracé à l’encre par lui-même ; Est-ce que ce symbole te parle ?

Albus s’arrêta là. Avant de se perdre dans une énième longue diatribe sur le contre des trois frères, il s’agissait déjà de savoir si Gellert connaissait l’existence de ce recueil, de son auteur et de cette théorie qui, peut-être, l’avait mené jusqu’ici. Avec un sourire, le jeune garçon lui abandonna son ouvrage entre les mains, déclara avec entrain ;

- Et bien moi, je vais reprendre du strudel. Je ressers quelqu’un ?

©️ plumyts 2016
Revenir en haut Aller en bas
Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
Admin
Âge : 59 ans
Sang : Sang-Mêlé
Nationalité : Austro-Hongrois
Patronus : Phénix
Épouvantard : Albus Dumbledore / Le cadavre d'Ariana Dumbledore / Lui-même vieux et affaibli
Reflet du Riséd : Albus Dumbledore
Baguette : Aucune, confisquée par le Ministère
Avatar : Johnny Depp
Messages : 897
Double-Compte : Darragh O'Sadhbh et Morgan DeWitt
Date d'inscription : 14/02/2019
Âge IRL : 27

Résurrection - Gellert - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Résurrection - Gellert  Résurrection - Gellert - Page 2 Icon_minitimeVen 25 Nov - 10:50



Résurrection

« IM WASSER VERBRANNT »

Godric's Hollow, été 1899.

Gellert avait cru voir dans les yeux d’Albus un soupçon de doute lorsqu’il lui avait retiré le couteau de sa portée. Comme si son air farouche et renfrogné avait pu faire vaciller cette arrogance pétillante et joviale le temps d’un instant. Mais les deux adolescents semblaient s’être compris sans même se parler, que tout n’était qu’un jeu, une taquinerie étrangement complice entre deux individus qui ne se connaissaient que depuis quelques heures. Il semblait que le côté méfiant voire paranoïaque du jeune germanique s’envolait face au solaire Albus qui semblait dépourvu de méchanceté. Pourtant, Gellert demeurait sur ses gardes, essayant de ne pas trop se faire endormir par son beau sourire et la pureté de ses yeux. Après Durmstrang, il n’avait plus le droit de se montrer naïf et crédule. Il existait toujours la probabilité que l’aîné des Dumbledore soit, finalement, comme les autres. Mais, tristement, c’était le comportement de son frère jaloux qui le faisait briller encore plus. Naturellement grognon, Abelforth poussait Gellert à ne pas lui faire confiance, à se méfier de ses réactions apparemment sanguines et impulsives. Malheureusement pour lui, cela ne faisait que ressortir le caractère jovial d’Albus et à instinctivement se tourner vers lui pour une conversation douce et intéressante.

Cependant, il semblerait que la qualité de son strudel ait réussi à rendre moins bourru le visage déjà brut du jeune Abelforth. Même la mutique Ariana semblait manger de bon cœur. Gellert remercia Albus d’un sourire modeste lorsque celui-ci vanta la réussite de son dessert. Étrangement, le compliment du jeune garçon lui fit timidement baisser les yeux, peu habitué à ce qu’un inconnu complimente sciemment quelque chose qu’il faisait. Là où il avait toujours évolué dans l’agressivité et l’esprit de compétition, où il se faisait réprimander parce qu’il frappait souvent plus fort que tout le monde, où ses talents innés effrayaient plus qu’ils ne fascinaient, la cuisine semblait en revanche lui donnait des allures de garçon pacifiste. Puis, comme prévu, le sujet de la conversation abordée plus tôt dans le cimetière sembla faire naître une étincelle dans le regard déjà pétillant d’Albus qui ne tarda pas à se lancer à nouveau dans un monologue explicatif. Quelque part, Gellert fut déçu de constater que le flamboyant adolescent n’était pas un descendant des Peverell (cela aurait pu accélérer ses recherches). Pourtant, il semblait très au courant des légendes qui entouraient la mythique fratrie. Alors qu’il faisait une brève introduction sur la bibliothèque de Poudlard, Gellert l’écouta sans rien dire.

Albus ne tarda pas à lui parler des contes de Beedle le Barde, ouvrage que le jeune germanique ne connaissait que trop. Visiblement très populaires en Angleterre pour ne pas dire incontournables, les légendes étaient parvenues à Gellert par le biais de sa grande-tante qui lui avait envoyé un exemplaire traduit en allemand alors qu’il n’était encore qu’un bambin. Il se souvenait encore de ses parents qui lui lisaient quelques contes avant d’aller dormir, se rappelait que celui des Trois Frères lui faisait peur mais le fascinait. Incapable de s’en détourner, son père et sa mère avaient du mal à le convaincre d’essayer de lui en lire un autre. Excédés, lassés de toujours lire le même conte, ils avaient fini par lui apprendre à lire assez tôt afin de préserver un peu de santé mentale. Donc oui, il connaissait le conte et ses légendes, les théories qui en découlaient et les artefacts que le monde sorcier renfermait certainement. Albus fit alors venir un livre différent de celui qu’il connaissait (en raison de leur édition différente) et lui donna, lui intima d’y faire attention car il s’agissait d’un lègue de son père disparu. Gellert le prit donc religieusement, curieux de voir cette couverture qu’il ne connaissait pas et regarda le symbole tracé à l’encre. Le fauteur de troubles à Durmstrang ne put s’empêcher d’avoir un sourire en s’imaginant ce dessin d’aspect runique toujours gravé dans les murs de son école.

— J’en reprendrai bien, s’il te plaît.

Poliment, il reposa le livre et tendit son assiette. Une fois qu’Albus eut les mains à nouveau libres, Gellert reprit l’ouvrage dans ses paumes et le rendit à son propriétaire.

— Je te remercie beaucoup, mais j’ai déjà mon exemplaire chez ma grande-tante. Je ne veux pas risquer d’abîmer le tien alors que je n’en ai pas besoin.

Il lui sourit avant de reprendre.

— Oui je connais ce symbole, le triangle représente la Cape d’Invisibilité, le cercle la Pierre de Résurrection et le trait pour la Baguette de Sureau. Chacune des reliques que la Mort a donné aux frères Peverell.

Il regarda Albus ayant l’impression d’avoir du mal à soutenir son regard si bleu, lui qui n’avait pourtant aucun mal dans cet exercice. Presque intimidé, il regarda son strudel, son sourire plus large encore.

— Je serai curieux d’entendre parler de cette théorie. Les contes de Beedle le Barde sont moins connus dans ma région. C’est Bathilda qui m’a fait parvenir un exemplaire traduit et elle m’a indiqué qu’il y avait la tombe d’Ignotus Peverell dans son village. C’est pour cela que j’ai décidé d’y faire un tour. Je ne pensais pas rencontrer quelqu’un qui semble fasciner également.

Il releva alors son regard asymétrique vers celui azuré d’Albus, ayant presque l’impression qu’Abelforth, lui, levait les yeux au ciel comme exaspéré. Gellert avait vraiment du mal à comprendre ce qui importunait tant le cadet des Dumbledore, à cette conversation. Peut-être était-ce le contexte de la mort de leur mère qui le rendait si aigri mais son instinct lui indiquait que rien n’aurait changé dans d’autres circonstances. Abelforth semblait juste ne pas apprécier son frère ainsi que toutes personnes s’intéressant à lui ou sympathisant avec lui. Pourtant Albus était beaucoup plus avenant et chaleureux que lui. Par politesse, Gellert dit :

— Peut-être pourrions-nous en parler ailleurs ? Je ne voudrais pas importuner ton frère et ta sœur.

Il espérait seulement qu’Abelforth ne prenne pas la mouche dans cette tentative de le laisser tranquille. Il le sentait bouillir et craignait qu’il n’explose à un moment donné. Et le jeune germanique ne voulait pas créer de problèmes, encore moins devant Albus dont la relation semblait s’esquisser en amitié.
©️ plumyts 2016
Revenir en haut Aller en bas
Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
Âge : 61 ans.
Sang : Sang-Mêlé.
Nationalité : Anglaise.
Patronus : Un Phénix.
Épouvantard : Le cadavre de sa sœur et, depuis peu, la silhouette de Gellert Grindelwald qui s'éloigne de lui inexorablement, et ce malgré sa main tendue vers lui.
Reflet du Riséd : Gellert Grindelwald à ses côtés.
Avatar : Jude Law.
Messages : 215
Double-Compte : Belladone le Fragile, Desiderata la Peste, Aurora la Simplette, Minerva la Sévère, Solveig la Dure à Cuire.
Date d'inscription : 14/02/2019

Résurrection - Gellert - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Résurrection - Gellert  Résurrection - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMar 6 Déc - 17:29



Résurrection

« Cimetière de Godric’s Hollow »

Eté 1899

C’était étrange, que ce garçon si fier incline soudain la tête d’un air timide, presque pudique, face à la sincérité du compliment d’Albus. Le jeune garçon fit montre de ne rien voir, le resservant en strudel, un peu plus intrigué encore par cet adolescent polaire venu de contrées lointaines, si cela était toutefois possible. La suite lui prouva que oui, lorsqu’il eut un sourire mystérieux face au dessin tracé à l’encre par Albus lui-même, déclarant qu’il s’agissait là des Reliques de la Mort, représentant la cape d’invisibilité, la pierre de résurrection et la baguette de sureau. Albus  s’efforça de ne pas ouvrir des yeux ronds, hébété mais également un peu frustré de ne pas pouvoir impressionner le jeune homme, ce dont il parvenait avec le commun des mortels, mais pas avec le seul avec qui il l’aurait vraiment voulu. Malicieux et bon joueur malgré tout, Albus récupéra son ouvrage que Gellert lui rendait avec délicatesse ;

- Je te retourne cette réflexion, d’autant que je ne suis pas habitué à ne rien apprendre à mon interlocuteur. Le jeune homme éclata d’un léger rire gai. Mais oui, je trouve cette théorie fascinante, convaincante même, bien qu’elle ne soit qu’extrêmement peu connue, et encore moins admise. Alors qu’un élève de Durmstrang en ait non seulement entendu parler, mais s’y intéresse et s’est penché sur la question, c’est vraiment exceptionnel. Ne crois pas à un jugement de valeur, c’est simplement que Beedle le Barde est surtout ancré dans la culture anglo-saxonne. Je ne pensais pas qu’il avait franchi les frontières de nos amis d’outre-rhin.

Albus lui offrit un immense et lumineux sourire, percevant là les prémisses de discussions enflammées, passionnantes et passionnées, échanges qu’il avait cru morts et enterrés avec sa pauvre mère et son destin scellé par son trépas. A la proposition du jeune homme, Albus jeta un regard à sa fratrie ; Abelforth avait sa mine renfrognée, Ariana semblait rêveuse. Il avait raison. Sa perspicacité et son empathie le touchèrent plus que de raison ;

- Tu as raison. Je connais un endroit sympathique, nous pourrons discuter à l’ombre d’un grand chêne. Tu n’auras qu’à me passer après le déjeuner, je t’y emmènerai.


Deux semaines plus tard

Le chêne immense dispensait sa fraîcheur salvatrice. A l’ombre de celui-ci, les deux adolescents, devenus inséparables, paressaient tranquillement. Albus avait appris à découvrir la fierté de Gellert, qui se refusait à admettre combien il souffrait de la chaleur, ne se résignant pas à abandonner ses vêtements trop noirs pour un tel soleil de plomb. Albus en avait déjà ri, mais Gellert avait nié, farouche, à sa manière spartiate de soldat orgueilleux, le menton relevé et la silhouette droite, figée dans une posture militaire qui ne convenait pas vraiment à quelqu’un de si jeune. Comme Albus, il avait une silhouette longue et délicate, mais plus souple et plus nerveuse, avec de longues jambes fuselées qui plaisaient un peu trop au jeune patriarche, qui s’était déjà détourné en rougissant, en s’apercevant qu’il les regardait. Et le brillant Albus Dumbledore, l’irrésistible Albus Dumbledore, coqueluche des professeurs et obtenant toujours ce qu’il voulait de tout le monde, découvrait soudain le délice tourment de se retrouver asservi aux sourires de Gellert, ces sourires narquois, un brin moqueur un brin amusé, pour lesquels il aurait cédé sur à peu près n’importe quoi. Cette manie de se moquer de lui, lui qu’on avait adulé et admiré, le rendait fou et asservi, le trouvant si beau lorsqu’il souriait ainsi que, parfois, inconsciemment, il se retrouvait avec son le regard plongé dans le sien pendant de trop longues secondes. Gellert s’en apercevait, les joues soudain rosissantes d’Albus le trahissaient, et l’irrésistible sourire s’aiguisait de plus belle.

Pourtant, ils semblaient n’en rien voir, n’en rien comprendre. Secret de polichinelle, les deux jeunes garçons faisaient mine de rien, chacun campant sur ses positions, aucun ne se risquant à un premier pas qui pouvait tout briser. La magie de leur lien, cette affection instantanée. Cette impression que l’ennui n’existerait jamais entre eux. Les éclats de rire, cette joie pure et franche qu’ils avaient à se trouver simplement ensemble, trouvant l’un dans l’autre leur centre de gravité respectif. Un énorme livre gisait aux côtés d’un Albus indifférent, plus préoccupé par une boite violette débordant de dragées de toutes les couleurs, plongeant la main au beau milieu pour en pêcher un au hasard, d’une magnifique teinte grenat, qu’il fourra courageusement dans sa bouche ;

- Hummmm…Framboise, ton parfum préféré. Dommage, Gellert, mais peut-être auras-tu de la chance toi aussi…Allez, ne compte pas te défiler !

D’un geste narquois, Albus agita la boîte devant lui. Toujours avec cet air de noblesse impérieuse, Gellert tenta de ne pas se démonter et se saisit d’une dragée. La teinte ôcre avait beau ne pas vraiment inspirer confiance, il l’avala, forcé de conserver sa superbe. Pourtant, la grimace qui se dessina sur son beau visage d’albâtre prouvait la mauvaise pioche. Sans doute poubelle ou cérumen. Devant cette mine déconfite et contrariée, qui tentait tant bien que mal de garder ce masque de dignité qui ne seyait pas à son jeune âge, Albus éclata d’un grand rire spontané, naturel, riant aux éclats, rendu hilare par ce mine boudeuse et vexée qui le rendait irrésistible, peut-être plus beau encore ;

- Alors, dis-moi, tu n’arrives pas à cacher ton dégoût, Gellert. Verdict ?

Des larmes de rire perlaient aux yeux d’Albus. Il les essuya d’un revers rapide de la main, simplement heureux d’être là, avec lui, de rire de cette mine trop sérieuse que lui seul semblait parvenir à dérider. Comme pour prouver son courage, et le provoquer un peu plus, Albus fouilla dans la boîte, en retirant une friandise qu’il glissa entre ses lèvres, les yeux plantés avec un défi amusé dans les siens. Le parfum de menthe le rassura. Pour cette fois, il avait eu bien plus de chance que lui.


©️ plumyts 2016
Revenir en haut Aller en bas
Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
Admin
Âge : 59 ans
Sang : Sang-Mêlé
Nationalité : Austro-Hongrois
Patronus : Phénix
Épouvantard : Albus Dumbledore / Le cadavre d'Ariana Dumbledore / Lui-même vieux et affaibli
Reflet du Riséd : Albus Dumbledore
Baguette : Aucune, confisquée par le Ministère
Avatar : Johnny Depp
Messages : 897
Double-Compte : Darragh O'Sadhbh et Morgan DeWitt
Date d'inscription : 14/02/2019
Âge IRL : 27

Résurrection - Gellert - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Résurrection - Gellert  Résurrection - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMar 31 Jan - 14:01



Résurrection

« IM WASSER VERBRANNT »

Godric's Hollow, été 1899.

Il y avait peu de mots pour décrire ce que Gellert avait ressenti durant ces deux dernières semaines. Malgré l’impression étrange que lui avait laissé cette invitation abrupte chez les Dumbledore, l’ambiance pesante ayant largement joué sur ce qu’il pensait de cette étrange famille mutique et endeuillée, il y avait pourtant ce garçon, l’aîné qui dénotait toujours autant avec les autres membres de son foyer. Au cours de ces quinze derniers jours, Gellert avait appris à mieux le connaître, ce jeune homme à la chevelure de feu et aux yeux aussi bleus que celui du ciel estival au-dessus de leur tête. Sur beaucoup de points, ils s’opposaient mais cela ne faisait que renforcer l’idée étrange qu’ils étaient déjà liés et semblables. Le jeune Austro-hongrois n’avait eu que peu d’amis durant sa vie, peu d’alliés et son expérience en termes de relations affectueuses était plus que limitée. Pourtant, jamais il n’aurait soupçonné de pouvoir autant apprécier une autre personne. Bien évidemment, plus il s’attachait à Albus plus il se mettait des barrières dans son ouverture. Traumatisme encore récent à Durmstrang, il sentait qu’il avait toujours cette pudeur, cette retenue qui l’empêchait de se livrer entièrement à son nouvel et seul ami.

Parfois, il se perdait à le regarder, à le trouver beau, à peut-être souhaiter un peu plus qu’être son ami. Il craignait cependant que ses moments d’errance dans ses yeux ne mettent mal à l’aise Albus, puisque souvent, il était le premier à détourner le regard en rougissant. Gellert, lui, se sentait plus blêmir de crainte d’être repoussé à nouveau, d’être sempiternellement vu comme une monstruosité. Alors il se préservait, tentait d’engager la conversation sur autre chose, tâchant de vite faire oublier ses instants absurdes de lui se noyant dans l’eau claire de ses yeux. Et même lorsque la nuit tombée et venait le soustraire à la compagnie d’Albus, Gellert se perdait à fixer le plafond de sa chambre, avec la Lune pour seul témoin, et ne parvenait à s’ôter l’aîné Dumbledore de la tête, de ce qu’il adviendrait d’eux à la fin de l’été, de ces rêves qu’ils partageaient en commun, à ces ambitions que leurs deux grandes puissances équivalentes pouvaient aspirer. Malgré ces heures nocturnes passées à se torturer l’esprit, à se le gangrener d’anxiétés et de doutes, à tenter de les dissimuler derrière une fierté parfois mal placée et inutile, lorsqu’il revoyait Albus, incarnation parfaite du Soleil flamboyant et chaleureux, il se laissait aller, riant parfois, chahutant et plaisantant.

C’était le cas de cette journée-là, tous deux allongés sous un arbre qui leur faisait un coin d’ombre sous le soleil à son zénith. Le livre qu’ils avaient pris pour s’occuper avait été lâchement abandonné sur l’herbe jaunie par la chaleur, tandis que les deux adolescents lui avaient préféré une poche de dragées aux goûts aléatoires que Gellert ne connaissait pas avant de rencontrer Albus. Ce dernier en avait pioché une de couleur rouge et qu’il avait avalé sans hésitation. Ce dernier fanfaronna en indiquant ayant eu le parfum de framboise et ne tarda pas à agiter le paquet sous les yeux de Gellert. Ce dernier baissa les yeux et vit les nombreuses dragées de couleurs différentes qui remuaient au grès des petites secousses du paquet par Albus. Voulant faire le fier devant son ami, l’Austro-hongrois planta son regard asymétrique dans celui de son interlocuteur et plongea courageusement la main, ne daignant même pas choisir au moins la couleur de sa dragée. Il le mit dans sa bouche et regretta finalement de pas avoir pris un minimum de temps à potentiellement choisir son parfum. Sans être extrêmement répugnant, cela n’en était pas pour autant agréable, surtout sous forme de confiserie mais cela suffisait amplement à la grimace de dégoût qui vint déformer les traits fins du visage de Gellert

— Arrête de te moquer !

Pourtant, Albus semblait n’en avoir rien à faire de son exclamation offusquée, riant aux éclats, se moquant ouvertement de la main malchanceuse de l’étranger qui finit par lui donner une tape vexée sur l’épaule, lui ordonnant de cesser de le ridiculiser. Pourtant, ce rire franc et spontané le faisait sourire quand même et réchauffait à chaque fois son cœur qu’il s’efforçait de ne pas sentir battre un peu plus fortement à chaque fois qu’il passait du temps avec Albus. Pendant un instant, il se perdit à le regarder juste rire, l’accompagnant légèrement, un grand sourire amusé aux lèvres néanmoins.

— C’était… comment cela se dit en anglais ? Muschel… Moules…? C’est ça ?

Il regarda Albus en prendre une seconde dragée, jouant au même jeu téméraire que le sien précédemment et qui ne lui avait pas porté chance. Silencieusement, son regard se planta dans celui de son ami, défiant, se demander si le visage impassible de l’aîné des Dumbledore était sincère du fait d’être tombé sur un parfum convenable ou s’il tentait tant que bien que mal de conserver son calme. Finalement, il estima que la couleur verte de sa dragée lui avait été favorable une nouvelle fois. Piqué au vif par la chance d’Albus, Gellert s’entêta et en piocha un autre, sans regarder une nouvelle fois. Le goût fut horrible. Pire que le précédent. Il tenta tant bien que mal à rester parfaitement impassible, bien que sa mastication lente devait le trahir. Finalement, les larmes lui montant aux yeux et sentant que son corps commençait à lui signifier qu’il allait tenter de rejeter cette chose qu’il estimait non-comestible par tous les moyens à sa disposition, Gellert se leva précipitamment pour aller cracher l’ignominie qu’il avait mise dans sa bouche derrière l’arbre. Il entendait déjà le rire d’Albus se moquer de lui et le voyait déjà se tenir les côtes, inarrêtable. Profondément vexé mais tout de même amusé de sa propre infortune, le malchanceux Gellert revint auprès de son ami et se rassit près de lui.

— Arrête donc de te moquer de moi ! Je t’y verrai bien à goûter œuf pourri, délicat que tu es ! Donne-moi la gourde, s’il te plaît, je l’ai mérité, je crois.

Souriant tout de même, il tendit la main et poussa à nouveau l’épaule de son ami pour tenter d’arrêter de se moquer de lui. Pourtant, il aurait pu passer des heures à l’écouter rire et le voir aussi jovial.
©️ plumyts 2016
Revenir en haut Aller en bas
Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
Âge : 61 ans.
Sang : Sang-Mêlé.
Nationalité : Anglaise.
Patronus : Un Phénix.
Épouvantard : Le cadavre de sa sœur et, depuis peu, la silhouette de Gellert Grindelwald qui s'éloigne de lui inexorablement, et ce malgré sa main tendue vers lui.
Reflet du Riséd : Gellert Grindelwald à ses côtés.
Avatar : Jude Law.
Messages : 215
Double-Compte : Belladone le Fragile, Desiderata la Peste, Aurora la Simplette, Minerva la Sévère, Solveig la Dure à Cuire.
Date d'inscription : 14/02/2019

Résurrection - Gellert - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Résurrection - Gellert  Résurrection - Gellert - Page 2 Icon_minitimeVen 17 Fév - 12:06



Résurrection

« Cimetière de Godric’s Hollow »

Eté 1899


C’était comme si Albus avait rêvé sa vie d’avant. Comme si, avant Gellert, rien n’avait eu de sens. Comme si ses souvenirs n’avaient été que le fil savamment cousu d’une histoire qui n’était pas vraiment la sienne. C’était comme si le sacrifice de sa mère levait le voile sur l’aube d’une existence qu’il avait attendu dans l’ombre de la masure délabrée des Dumbledore, pendant dix-sept ans. Et le jour s’était levé enfin au pâle rayon de lune de la chevelure de Gellert, à la lueur de ses sourires tantôt fiers, tantôt arrogants, tantôt moqueurs, auxquels Albus s’abreuvait jusqu’à oublier les secondes qui s’égrenaient, les déboires de sa trop jeune vie et le fardeau écrasant délesté de ses épaules, lorsque les yeux trop étranges, trop fascinants, dardaient leur ardente rage de vivre sur lui.

Albus ne se souvenait pas avoir trouvé quelqu’un d’aussi beau que lui, dans toute la singularité de cette apparence qui ne le rendait que plus fascinant à ses yeux, de ses prunelles dépareillées à son allure spartiate, en passant par l’austérité sombre de son sempiternel habit noir qu’il ne quittait jamais, et sur lequel luisait les ondulations d’or qui ceignait la sévérité de son visage. Peut-être était-ce pour cette même sévérité que le taquin Albus prenait un bien trop malin plaisir à lui arracher ces moues boudeuses ou outragées qui pouvaient parfois le faire hurler de rire. Gellert avait redressé le menton face au défi, dans cette attitude de provocation mêlée d’un dédain d’apparat qu’il revêtait chaque fois qu’il voulait faire bonne figure. Mais rien à faire. Cette fois-ci, le fier jeune homme n’était pas parvenu à dissimuler son dégoût à l’éclat d’azur aiguisé du regard d’Albus, qui scrutait la moindre des réactions sur le visage fermé qu’il aurait passé des heures à contempler.

Et il était si drôle, Gellert, lorsqu’il prenait cette moue offensée qu’il tentait en vain de cacher, qu’Albus ne se priva pas pour laisser éclater la clarté de son rire à sa face renfrognée, qui se ferma un peu plus, les éclairs de ses yeux et son injonction ne suffisant pas à calmer l’hilarité d’Albus, qui le connaissait et n’était pas intimidé plus que ça par ses accès de colère ou de mécontentement. La tape légère sur son épaule lui fit pourtant lever les yeux, comme s’apercevant soudain de leur proximité. Gellert pouvait se donner des grands airs, il souriait. Il ne l’admettrait sans doute jamais, mais il semblait adorer qu’Albus se joue de lui. Entre eux, tout était une telle évidence qu’il ne semblait y avoir besoin d’aucun mot, d’aucun théorème et d’aucune promesse quelconque pour se comprendre et se fouiller l’âme mieux que personne. Albus rosit un instant de le sentir si près, ses yeux fixés sur la main aux longs doigts de pianiste étalés nonchalamment sur le pan de chemise blanche qui lui couvrait l’épaule. Le geste n’avait duré qu’une seconde, mais il avait suffi à lui faire monter aux joues ces lueurs cramoisies que seul Gellert parvenait à lui infliger. Alors il se raccrocha à la parole que Gellert avait reprise, et un léger rire, bien plus calme, le fit tressaillir une seconde de plus, un immense sourire toujours aux lèvres :

- C’est bien cela. Mais voyons Gellert, tu exagères, tu aurais pu être bien plus malchanceux que ça…

Mais il n’y avait pas à dire, la bonne fortune était pour Albus, en cette belle journée d’été. La menthe était délicieuse, et le jeune homme taquin savoura son triomphe avec délice, mâchonnant d’un air d’extase exagéré sa friandise à la face de son malchanceux comparse. Et cela fonctionna, et si bien qu’il aurait pu s’en tordre de rire de nouveau. C’est comme s’il l’avait toujours connu, comme s’il savait par cœur comment démarrer la moindre émotion chez son acolyte trop fier, qui ne pouvait se résoudre à la défaite, et qui tendit le bras dans un acharnement entêté qu’Albus avait provoqué sciemment. Il s’était décidé très vite, comme pour ne pas laisser passer cet élan de courage, et pourtant, il mâchait avec une prudence effarouchée, qui ne lui évita pourtant pas la malchance qui semblait s’abattre sur lui.

Albus avait raison. Ce pouvait être bien pire, et ce fut pire cette fois-ci. Son stoïcisme forcé, de façade, fut trahi par un réflexe physiologique, contre lequel même l’orgueil et les naturelles prédispositions à l’Occlumancie de Gellert ne pouvaient rien. Des larmes commencèrent à affleurer à ses paupières, et, se sentant trahi et démasqué, décida d’abandonner la partie pour se lever et aller cracher l’ignoble confiserie. Lorsqu’il revint, d’un air qu’il voulait impassible, Albus se tenait les côtes de ses bras tant il se tordait de rire, devant un Gellert vexé mais qui arborait pourtant un large sourire lorsqu’il lui somma l’ordre de cesser de se moquer de lui, et de lui donner de quoi se rincer la bouche et le désaltérer. Cette fois-ci, ce fut au tour d’Albus de prendre un air sévère qui n’aurait convaincu personne, surtout lorsque brillait au fond de ses yeux cette lueur malicieuse, et que les coins de ses lèvres frémissaient d’un sourire qu’il ne parvenait pas tout à fait à réprimer :

- A qui crois-tu donner des ordres Grindelwald ? Je ne suis pas si délicat lorsque je te bats en duel n’est-ce pas ? Et puis d’ailleurs, si tu veux la gourde, tu n’as qu’à venir la chercher. Je ne suis pas ton domestique.

Gellert lui avait de nouveau poussé l’épaule dans une tentative vaine et désespérée de le faire cesser de rire. Albus lorgna son bras tendu d’un air de défi, conscient et amusé de l’avoir provoqué exprès sur le duel qu’il avait gagné la veille, ne connaissant que trop l’orgueil exacerbé de son acolyte qui avait connu la défaite en même temps qu’Albus. De force à peu près égale, pourtant, Albus n’ignorait pas ses propres défaites face à lui, mais il savait à quel point lui rappeler la sienne le froisserait dans son égo. D’un air faussement décidé, Albus se saisit de la gourde, regarda Gellert comme pour la lui donner, puis dédaigna son bras tendu pour tendre le sien dans la direction opposant, dans le défi mutique qu’il opposait à Gellert de venir la chercher, s’il le pouvait.
©️ plumyts 2016
Revenir en haut Aller en bas
Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
Admin
Âge : 59 ans
Sang : Sang-Mêlé
Nationalité : Austro-Hongrois
Patronus : Phénix
Épouvantard : Albus Dumbledore / Le cadavre d'Ariana Dumbledore / Lui-même vieux et affaibli
Reflet du Riséd : Albus Dumbledore
Baguette : Aucune, confisquée par le Ministère
Avatar : Johnny Depp
Messages : 897
Double-Compte : Darragh O'Sadhbh et Morgan DeWitt
Date d'inscription : 14/02/2019
Âge IRL : 27

Résurrection - Gellert - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Résurrection - Gellert  Résurrection - Gellert - Page 2 Icon_minitimeDim 19 Fév - 9:47



Résurrection

« IM WASSER VERBRANNT »

Godric's Hollow, été 1899.

Le goût immonde de la confiserie toujours sur sa langue, Gellert luttait pour ne pas tousser, son corps désireux de se débarrasser de cette affreuse amertume qui lui paralysait le palais. Mais Albus ne semblait malheureusement pas l’entendre de cette façon. Son taquin compagnon avait cette lueur dans le regard que le jeune austro-hongrois ne connaissait déjà que trop, sachant à l’avance que jamais l’ancien élève de Poudlard n’accepterait de lui donner de l’eau afin de se rincer la bouche de cet horrible goût qui lui hantait le palais. Pire encore, le rire d’Albus était inarrêtable, ses épaules secouées de cet amusement qui le forçait à se tenir les côtes. Pourtant, malgré tout, Gellert gardait le sourire, acceptant étrangement d’être tourné en dérision par cet adolescent aux cheveux roux qui se moquait pourtant éperdument de lui. Auparavant, à Durmstrang, il se serait offusqué d’un tel affront commis à son égard. Il se serait froissé et défendu, se vengeant de cet insolent qui ose lui rire au nez. Grindelwald avait l’ego susceptible mais pour une raison qu’il souhaitait ignorer, il riait avec Albus, se moquant de lui-même au passage, le cœur bien trop joyeux de l’entendre s’esclaffait de l’infortune de cet étranger récemment arrivé dans son village.

Puis la provocation fut pire, le jeune britannique ne laissant pas passer l’opportunité d’en remettre une couche, lui rappelant sans aucune subtilité sa récente défaite en duel que Gellert avait dû ravaler non sans difficulté. En effet, le Germanique se savait doté d’un pouvoir non négligeable et d’une grande habilité en duel. C’était par ailleurs l’une des matières phares de Durmstrang et il demeurait invaincu dans l’école, même si quelques affrontements lui avaient donné du fil à retordre. Ainsi, il avait abordé les duels contre Albus de manière confiante mais il s’était vite rendu compte que l’arrogance affichée par son nouvel ami avait été totalement justifiée : oui, l’ancien élève prestigieux de Poudlard était en effet un sorcier plus que prometteur. Gellert aurait pu y voir un rival et développer une sorte de jalousie à son égard mais ce ne fut qu’une fascination sans limite qu’il vouait déjà à ce garçon aux cheveux de feu. Mais l’air sérieux de ce dernier malgré l’éternelle lueur malicieuse de ses yeux confirma à Gellert qu’il n’aurait pas la gourde aussi facilement. Et pourtant sa gorge le brûlait, toujours empoisonnée par ce goût atroce qui ne voulait pas partir et qui commençait même à lui retourner l’estomac.

Alors, naïvement, il tendit le bras, cherchant à s’emparer de la bouteille que lui tendait Albus. Méfiant cependant, Gellert ne fut pas surpris lorsque son ami retira hâtivement son bras et plaça la gourde hors de portée de l’étranger. Il ne fut pas non plus agacé, ni vexé. En réalité, il s’y attendait et savait que tout ceci n’était qu’un jeu entre eux-deux. Du moins, il l’espérait. Encore une fois, il voulait ignorer le pourquoi il se montrait si patient et conciliant avec Albus car il savait que si un élève de Durmstrang se serait amusé à lui faire cela, le vindicatif adolescent lui aurait fait payé cette moquerie qu’il ne supportait plus. Mais il n’y avait qu’avec ce jeune prodige qu’il le tolérait, qu’il s’écrasait, qu’il faisait preuve d’une patience qu’il ne se connaissait pas. Il avait toujours eu ce tempérament explosif, impulsif et incontrôlable mais il se surprenait chaque fois à se trouver incroyablement doux avec Albus et s’amusait même des facéties de ce dernier. Tout semblait si naturel entre eux que Gellert avait dû mal à comprendre pourquoi il était si impuissant face à lui, voire presque soumis. Il savait qu’une partie de lui refusait cette accoutumance au fait de se laisser ainsi railler par l’aîné des Dumbledore mais il n’ignorait pas qu’il n’y avait rien à y faire.

— Allez, donne-la moi s’il te plaît !

Il essaya alors de se saisir de cette bouteille qu’Albus tenait hors de sa portée, un sourire aux lèvres. Toujours dans le jeu, Gellert regarda son ami avec un air faussement agacé, son air amusé le trahissant, et s’approcha de lui pour tenter d’atteindre de ce que sa gorge bafouée réclamait. Puis, sachant qu’il y aurait bien un domaine où le jeune Dumbledore ne le battrait jamais, l’enfant des Alpes, plaça une main sur l’épaule qui tenait la gourde et la plaqua au sol, obligeant Albus à se retrouver allongé sur le dos. Gellert n’eut plus qu’à étendre sa longue et sombre silhouette au-dessus de l’élève prodigue de Poudlard pour récupérer son dû. Lui prenant la gourde de sa main tombée sur la terre, il se redressa rapidement, n’ayant pas fait attention à la brusque proximité de leurs deux corps qui auraient pu sembler très inapproprié pour des regards un peu trop curieux. Fort heureusement, l’endroit était aussi paisible que désert, n’ayant pour compagnie que le bruit des arbres et le chant des oiseaux et des insectes. Tandis qu’il dévissa le bouchon de la gourde pour en boire rapidement une partie du contenu, il jeta un regard emplit de malice à Albus toujours au sol. Gellert versa quelques gouttes sur sa main et fit exprès d’en asperger le visage de son ami près de lui. Un grand sourire aux lèvres, il dit :

— Au moins, je sais qu’en force brute, jamais tu ne me battras, vil prétentieux !

Il referma la gourde et la garda près de lui, bien déterminé à ne surtout pas lui rendre. Il le regarda encore, se perdit dans la douceur de ses traits, la douceur apaisante de ses yeux et la flamboyance de sa chevelure. Gellert savait ce qu’il ressentait pour ce garçon. Il le savait depuis le début mais se refusait de l’admettre, trop apeuré des conséquences, trop nerveux à l’idée de l’après. La crainte d’être à nouveau blessé et trahi était trop forte, résultat d’une enfance passée dans les moqueries et les insultes, que ses différences étaient systématiquement pointées du doigt. Gellert n’était pas dupe. Il savait qu’en Angleterre, aimer les hommes lorsque l’on en était un était mal vu, voire puni. Mais il tenait trop à cet amitié nouvelle pour prendre ce risque. Albus hantait déjà ses nuits et son esprit et tout ce qu’il pouvait faire, c’était se contenter de ce rire si pur et de ses sourires malicieux, tout en évitant une trop grande proximité qu’il souhaitait, malgré tout, banaliser.
©️ plumyts 2016
Revenir en haut Aller en bas
Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
Âge : 61 ans.
Sang : Sang-Mêlé.
Nationalité : Anglaise.
Patronus : Un Phénix.
Épouvantard : Le cadavre de sa sœur et, depuis peu, la silhouette de Gellert Grindelwald qui s'éloigne de lui inexorablement, et ce malgré sa main tendue vers lui.
Reflet du Riséd : Gellert Grindelwald à ses côtés.
Avatar : Jude Law.
Messages : 215
Double-Compte : Belladone le Fragile, Desiderata la Peste, Aurora la Simplette, Minerva la Sévère, Solveig la Dure à Cuire.
Date d'inscription : 14/02/2019

Résurrection - Gellert - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Résurrection - Gellert  Résurrection - Gellert - Page 2 Icon_minitimeLun 27 Fév - 10:50



Résurrection

« Cimetière de Godric’s Hollow »

Eté 1899

C’était si drôle de le regarder s’étouffer dans sa propre fierté de prince arrogant, qu’Albus n’en pouvait plus de rire, les bras autour de ses côtes, à s’abreuver de la beauté grimaçante de son jeune comparse qui semblait mettre un point d’honneur à paraître toujours digne et fort à ses côtés. Et c’était somme toute flatteur, de le voir s’évertuer à se donner l’apparence de déité intouchable destiné -Albus en tout cas voulait y croire-, à impressionner le flamboyant orphelin à ses côtés. Et en réalité, lorsqu’il ne riait pas, il le trouvait tellement beau que l’incroyable vivacité de son esprit s’en trouvait comme ankylosée, la clarté de ses yeux soudain rendue trouble comme après les remous d’un ricochet sur une mer d’huile. Alors soudain il se réveillait de sa torpeur, affolé par la notion du temps qu’il avait soudain perdu, l’œil narquois de Gellert sur le narguant comme s’il l’avait démasqué, comme s’il savait à quel point il le trouvait beau, et à quel point il luttait contre sa propre timidité pour ne pas rosir à chaque fois qu’il se sentait ainsi dévoilé.

Aussi, pour l’esprit sagace et taquin de celui qui promettait déjà de devenir le grand Albus Dumbledore, la provocation, c’était sa manière à lui de lui montrer ce qu’il ne parvenait pas encore à s’avouer vraiment. Rire de sa grimace assoiffée, de sa défaite, c’était le rendre plus accessible, à un jeune homme qui n’avait été que trop peu accoutumé à côtoyer son égal. Car il n’y avait pas à dire, Albus en rajoutait, évidemment. Il avait battu Gellert, cette fois-ci, certes. Mais leur force à peu près égale faisaient d’eux les deux jeunes sorciers les plus puissants de leur génération. Et s’il ne l’avait pas admis, Albus avait pêché par orgueil, en croyant impressionner Gellert plus que de raison et le terrasser en une ou deux parades. Non. Ses yeux avaient brillé d’un éclat stupéfait, qui n’avait pas échappé au perspicace prince des froides contrées, qui lui avait retourné un sourire narquois, avant de poursuivre ce qui fut sans doute pour eux deux le plus exaltant duel de leur jeune vie.

C’était d’ailleurs étrange que Gellert se laisse faire ainsi. Albus ne l’avait pas connu à Durmstrang. Il n’en parlait jamais. Mais, lorsque l’évocation de cette école apparaissait au fil des conversations, il ne pouvait dissimuler, même sous sa fierté impassible d’apparat, cet éclat sombre qui passait subrepticement, comme un éclair, dans les tréfonds de ses jeunes yeux qui semblaient soudain vieillir de plusieurs décennies. Et cet éclair glaçait le sang d’Albus, y entrevoyant une espèce de lueur sombre, coléreuse et agressive, qu’il semblait devoir faire un effort pour réprimer. C’est comme si Albus pressentait, dans un soupçon instinctif, que personne d’autre que lui n’aurait pu rire de Grindelwald à ses dépens. Mais Albus était trop solaire, et trop insouciant à ses côtés pour laisser ce sinistre présage l’assombrir. Non, devant le sourire de Gellert, il retrouvait la joie simple, insouciante, d’être à ses côtés, et son rire s’égrenait de nouveau à l’azur clair du ciel qui abritait leur camaraderie.

Lorsqu’Albus éloigna son bras, Gellert fronça les sourcils d’un air faussement agaçé, mais nullement surpris. Comme s’il semblait s’y attendre. Le jeune homme était resté sourd aux réclamations de Gellert, plus facétieux que jamais, mais lorsqu’il s’était brusquement approché, l’imbattable duelliste qu’avait été Albus à Poudlard eut pourtant une fatale seconde d’hésitation. La pudibonderie de le sentir approcher, sans doute, et qui aurait pu le faire rosir si toutefois il en avait eu le temps. Car c’est à peine s’il avait le temps de distinguer le mouvement de la longue et belle main blanche s’abattre sur son épaule, que déjà il basculait en arrière, étourdi d’être ainsi pris par surprise, et impuissant à se tenter de se dégager d’une étreinte trop forte pour lui, sentiment une fois encore inconnu de l’imbattable étudiant qu’il avait été. L’herbe brûlée de soleil recueillit sa silhouette qui avait basculé avec la facilité déconcertante d’une poupée de chiffon, les brins secs et jaunâtres s’entremêlant à sa chevelure d’une rousseur flamboyante. Encore trop interloqué pour bouger, Albus écarquilla les yeux d’un air nigaud lorsque la longue silhouette de Gellert passa au-dessus de lui, lui dissimulant la lumière du soleil éclatant, pour lui arracher de la main l’objet de sa convoitise que son camarade taquin lui refusait. A le voir ainsi d’en bas, si brusquement vaincu et dans cette position un peu humiliante, lui fit rosir les joues, surtout lorsque Gellert lui fit ce sourire-là, ce sourire qui se moquait de lui, et qui avait l’incroyable pouvoir de transformer Dumbledore en statue de sel. Se délectant exagérément de sa victoire, Gellert but avec délices, aspergeant d’eau le visage rougissant de son comparse encore étendu dans l’herbe, qui plissa les yeux d’un air faussement mécontent, écoutant Gellert lui vanter cette supériorité physique qu’il aurait toujours sur lui. C’était un fait, et Albus, dont la sienne était pourtant non négligeable, ne comptait pas nier l’évidence.

Cette fois-ci, devant son exclamation, Albus rit franchement, se relevant d’un bond de son corps souple, marmonnant d’une voix presque inaudible un sortilège d’attraction qui fit bondir la gourde jalousement gardée par Gellert au creux de sa main. La dévissant, il en avala lui aussi une longue gorgée, lui rendant la pareille en envoyant les gouttes de sa main trempée au beau visage de celui qui prétendait ne jamais souffrir de la chaleur. Puis, sagement, contre toute attente, avec un sourire plus malicieux que jamais, il redéposa la gourde à côté de Gellert, et, dans un élan de cette hardiesse qui en avait fait un des plus brillants Gryffondor de sa génération, il s’adossa contre l’épaule vêtue de noir, dans une posture nonchalante, attrapant cette fois-ci une boîte de patacitrouilles, en avalant une avant de tendre la boîte à son comparse malchanceux ;

- Je ne suis pas prétentieux, je suis lucide. Et toi tu es un mufle, Grindelwald. Mais je suis magnanime. Sers-toi, avec ça tu n’auras pas de mauvaise surprise.

Là, contre son épaule, Albus rosit soudain. Gellert ne pouvait pas vraiment discerner son visage, mais c’est comme s’il s’apercevait soudain de ce qu’il avait fait. Mais tant pis. Advienne que pourra. Le mal était fait, et il était désormais comme incapable de bouger, figé dans son propre élan de courage qu’il avait peur de regretter, et pourtant incapable de se défaire d’une telle proximité qui le figeait et l’étourdissait. Entre appréhension d’une colère terrible de Grindelwald, d’un rejet ou d’une moquerie brutale, il attendait le couperet, blotti là contre son épaule, comme s’il avait cherché cette place toute sa jeune vie et qu’il y était, enfin.
©️ plumyts 2016
Revenir en haut Aller en bas
Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
Admin
Âge : 59 ans
Sang : Sang-Mêlé
Nationalité : Austro-Hongrois
Patronus : Phénix
Épouvantard : Albus Dumbledore / Le cadavre d'Ariana Dumbledore / Lui-même vieux et affaibli
Reflet du Riséd : Albus Dumbledore
Baguette : Aucune, confisquée par le Ministère
Avatar : Johnny Depp
Messages : 897
Double-Compte : Darragh O'Sadhbh et Morgan DeWitt
Date d'inscription : 14/02/2019
Âge IRL : 27

Résurrection - Gellert - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Résurrection - Gellert  Résurrection - Gellert - Page 2 Icon_minitimeLun 27 Fév - 13:03



Résurrection

« IM WASSER VERBRANNT »

Godric's Hollow, été 1899.

En présence d’Albus, le jeune Gellert semblait se redécouvrir. Il le laissait rire de lui, les deux garçons se taquinant mutuellement, chose que le Germanique n’aurait jamais acceptée auparavant. Avec son nouvel ami et seul ami, il se surprenait à développer une patience qui n’en était pas vraiment, ne déployant aucun effort avec Albus pour se contenir ou essayer de ne pas se vexer. Là où certaines situations l’auraient précédemment amené dans une colère violente et vindicative, l’aîné Dumbledore, lui, avait tous les droits. Gellert ne se forçait jamais avec Albus et c’était là le plus important. Tout était agréablement spontané et irréfléchi, naturel, que ce soit leurs fausses chamailleries, leurs facéties mutuelles et leurs petits duels verbaux qui ne faisaient que trahir une complicité innée entre leurs deux âmes qui semblaient se comprendre, ainsi qu’une affection plus que grandissante. Peut-être était-elle là, l’ombre sur ce tableau trop parfait : ce que le cœur de Gellert semblait ressentir pour Albus était ce qui semblait pouvoir tout faire basculer dans un affreux cauchemar. Il était là, le seul frein que se mettait le banni de Durmstrang, la seule chose qu’il ne voulait assumer pour ne pas tout gâcher, essayant même de se le nier à lui-même.

Et pourtant, il était certain qu’Albus n’aurait jamais d’égal. Peut-être était-ce son cœur certes devenu presque comme de la pierre qui se montrait implacablement froid et nihiliste mais sa jeunesse fougueuse ne désirait qu’une seule chose ardemment malgré le fait que ce secret puisse éloigner définitivement les yeux d’Albus de lui. Mais de cela, il préférait tenter de l’ignorer, ne voulant pas tout gâcher une fois de plus. Il s’estimait déjà heureux d’avoir un ami tel que le brillant Dumbledore qui semblait comprendre tous ses secrets sans qu’il n’ait besoin de les lui raconter. Gellert lui avait avoué pour Durmstrang, à moitié. Qu’il s’était fait expulser pour avoir manqué de tuer un élève. Il s’était gardé des raisons, craignant sa réaction également. Quand il voyait la réaction farouche de son frère à son égard parce qu’il était un étranger, il se doutait que ses préférences affectives ne devaient pas être vues d’un bon œil non plus. Mais Albus respectait ses réponses vagues, ses non-dits sur certains sujets. Peut-être un jour, il lui révélerait tout, quand cette guerre dans son cœur se terminerait par la victoire du courage d’être comme il était plutôt que la peur de perdre son seul ami.

Mais pour l’heure il se refusait d’y penser trop, ignorant cette proximité brusque qu’il avait infligé à Albus en le plaquant au sol pour récupérer la gourde. Il crut le voir rougir mais mit cela sur le compte de la chaleur étouffante de cet été caniculaire. Sûrement que lui aussi, ses joues avaient rosies en sentant le corps de son ami non loin du sien mais pour le coup, il avait également extrêmement chaud, même s’il tentait de ne pas le montrer, peu habitué à ce soleil aussi ardent. Mais alors qu’il avait à peine fini de boire, la gourde s’envola de ses mains pour rejoindre Albus, arborant toujours son air triomphant. Gellert le regarda faire, se perdant dans l’ondulation flamboyante de ses cheveux qui retombaient presque lascivement sur ses épaules. Peut-être le regarda-t-il trop longtemps car ce fut quand l’aîné des Dumbledore l’éclaboussa à son tour qu’il recouvra ses esprits avec un sourire un peu naïf face à celui facétieux de son ami. Pendant un instant, il se demanda s’il n’allait pas lui renverser le contenu restant de la gourde sur la tête. Mais contre toute attente, il la posa à côté de lui et avant que Gellert ne puisse dire quoique ce soit, Albus s’adossa nonchalamment, contre son épaule.

Gellert ne dit rien, silencieux et surpris par cette proximité peu coutumière pour l’époque. Après, il se pouvait que les Britanniques soient moins offusqués par un tel rapprochement physique mais il y croyait peu. Cette fois-ci, il sentit ses joues rosir sans qu’il ne puisse mettre ceci sur le compte de la chaleur. Là, comme si de rien n’était, Albus le railla à nouveau, le traitant à nouveau de mufle, ce qui avait tendance à gentiment exaspéré le concerné. Mais encore une fois, venant de l’ancien Gryffondor, Gellert tolérait tout, se laissait faire et ce, sans effort. Son ego, son orgueil étaient naturellement mis de côté, même dans après la défaite cuisante qu’il a subi lors de leur dernier duel. Et là, fier comme il était, il aurait repoussé le corps nonchalant d’Albus confortablement installé contre lui et qui lui proposait insolemment des patacitrouilles. Pendant quelques secondes, Gellert ne bougea pas, soufflé par cette proximité qu’il n’espérait pas, véritable torture pour son cœur si peu habitué à battre aussi vigoureusement. Pourtant, tentant tant bien que mal de recouvrer ses esprits et de ne rien laisser paraître, il se saisit d’une pâtisserie qu’il mangea, retirant définitivement l’horrible goût de la dernière dragée qu’il avait mis dans sa bouche.

Là, il regarda ensuite les cheveux d’Albus lui tomber sur l’épaule du coin de l’œil, ignorant quoi faire et quoi dire. Si Durmstrang l’avait entraîné à devenir froid et impassible en toute situation hostile ou de danger, il se sentait bien démuni face à une telle douceur légère. Il était en terre inconnue et il s’en retrouvait complètement pris au dépourvu. Il tentait tant bien que mal de refuser cela comme un geste de rapprochement d’Albus, s’obligeant à croire qu’il était impossible et improbable que le cœur de son ami batte de la même façon que le sien. Un garçon si brillant et si beau tel que lui devait être non seulement la coqueluche de ses professeurs mais également de la gente féminine de Poudlard. Il avait un tel aplomb mature, une telle aura royale et digne qu’il ne devait être le plus beau Gryffondor que l’école britannique ait eu la chance de voir entre ses murs. Gellert voulait bien croire que son propre exotisme ait de l’intérêt pour l’esprit vif et curieux d’Albus mais peut-être pas au point de se rapprocher ainsi. En vérité, le Germanique était perdu et une foule de questions se bousculait dans sa tête qui avait déjà trop chaud.

Puis, l’insupportable doute s’immisça en lui. Et si, encore une fois, tout cela n’était qu’un piège ? Et si Albus avait senti l’attirance plus qu’amical de l’Austro-Hongrois à son égard et qu’il voulait en être sûr pour mieux se moquer de lui ou le dénigrer ? Même si Gellert s’efforçait de ne pas croire à cela, il voulait également se rendre à l’évidence qu’il était bien trop naïf. L’aîné des Dumbledore était intelligent, malin et malicieux. Peut-être n’était-ce pas une preuve spontanée d’affection avancée mais bien un habile stratagème pour dénicher le secret le mieux enfoui et le plus sensible du banni de Durmstrang. Pourtant, il avait envie de poser sa joue sur le sommet du crâne d’Albus, de profiter du contact doux et chaud de ses cheveux flamboyants contre sa peau trop pâle. Au lieu de cela, il serra les dents, regardant fixement devant lui, perdu, laissant son ami faire comme bon lui semblait, profitant de son épaule comme d’un dossier, qui ne devait pas être, objectivement, si confortable que cela. Indécis, incapable de choisir une solution entre l’audace de choisir ce que son cœur voulait et la raison, nihiliste et paranoïaque de ses traumatismes, il décida de l’ignorer, de le laisser faire, comme si tout ceci était normal.

— Toi ? Albus, tu es magnanime ? Pourtant, il a fallu que je t’arrache cette gourde des mains pour tenter de laver cet horrible goût de ma bouche. Je te trouve plus cruel que magnanime, mon malicieux ami.

Et pour une fois, Gellert pensait à moitié ce qu’il disait. Oui, Albus était cruel de le mettre dans une telle situation où il ne parvenait pas à choisir la bonne décision, le bon geste, à ignorer ce qu’il pensait et voulait réellement. Il était nerveux, désireux de savoir ce que son ami souhaitait lui aussi. Au lieu de cela, il se cachait lâchement dans une indifférence contrôlée et fière, n’ayant aucune arme pour répliquer ni aucun signe pour renchérir.
©️ plumyts 2016
Revenir en haut Aller en bas
Albus Dumbledore
Albus Dumbledore
Âge : 61 ans.
Sang : Sang-Mêlé.
Nationalité : Anglaise.
Patronus : Un Phénix.
Épouvantard : Le cadavre de sa sœur et, depuis peu, la silhouette de Gellert Grindelwald qui s'éloigne de lui inexorablement, et ce malgré sa main tendue vers lui.
Reflet du Riséd : Gellert Grindelwald à ses côtés.
Avatar : Jude Law.
Messages : 215
Double-Compte : Belladone le Fragile, Desiderata la Peste, Aurora la Simplette, Minerva la Sévère, Solveig la Dure à Cuire.
Date d'inscription : 14/02/2019

Résurrection - Gellert - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Résurrection - Gellert  Résurrection - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMar 28 Fév - 20:49



Résurrection

« Cimetière de Godric’s Hollow »

Eté 1899

Là, à l’ombre salvatrice du chêne immense, le silence s’était fait. Sur leur proximité nouvelle, les rires et les coups d’éclat s’étaient envolés, les cieux et la nature dépouillée par le soleil brûlant tout à l’attente des secondes cruciales qui suivraient cette roide immobilité. Cris et rejet, drame et tragédie ? Ou bien la pire des blessures par la raillerie ? Albus n’osait croire à cet affreux dénouement, de son sourire aux reflets de fjords gelés et de promesses mirifiques qui s’étire pour moquer ses espoirs et son affection. Et la fierté narquoise au fond de son regard ? Et cette voix spartiate aux intonations des montagnes alpines, qui se demande si Albus n’était pas devenu fou, qu’il avait été bien audacieux, bien stupide ou bien naïf si il avait cru qu’il ait pu l’aimer ainsi. Face à l’atrocité de l’hypothèse, Albus pâlit une seconde, conscient de ne pas pouvoir revenir en arrière, soudain effrayé par cette audace qui, d’ordinaire, lui était aussi naturelle que la marche ou la parole. Mais comment était-ce seulement possible ? Comment la coqueluche de tous les professeurs de Poudlard, comment l’élève le plus célèbre et le plus adulé, qui avait ri au nez et à la barbe de ses détracteurs, en choisissant d’accompagner la jeune fille la plus impopulaire de sa promotion au Bal, en s’affichant avec son loyal ami Elphias que tous rejetaient pour les vestiges de sa dragoncelle, comment le si prometteur et le si audacieux Albus Dumbledore en somme, pouvait se laisser intimider ainsi par l’exotisme de ce jeune inconnu dont il ne connaissait rien au passé ?

Du fond de son cœur lumineux mais déjà bien éprouvé pour son jeune âge, Albus pressentait plus qu’il ne comprenait à quel point, chaque jour, chaque seconde de plus, il devenait fou de ce jeune Autrichien à la grâce princière et aux longues mains de pianiste, qui le regardait comme si il semblait prêt à se moquer de lui d’une seconde à l’autre. À quel point un battement de cil, un mot ou un claquement de doigt pourrait le terrasser ou le combler de joie. La supériorité qu’il avait sur lui en somme, lui qui n’avait jamais craint ni rien ni personne, et qui avait eu Poudlard et son petit monde à ses pieds. Le revers de la médaille au fond des yeux et sur l’insondable sourire de cette âme rebelle et narquoise, dont la beauté, l’intelligence et la rage de vivre lui auraient fait faire n’importe quoi.

En attendant, il se soumettait à l’immobilité soudaine d’un Gellert comme figé, au silence obstiné, presque mutique. Cette roideur impassible dut en réalité ne durer que quelques secondes, et pourtant. Le cœur d’Albus avait eu le temps de louper un battement, et, lorsque la longue main blanche accepta l’offrande en se saisissant d’une confiserie, il dit réprimer l’immense soupir de soulagement qui fit comme repartir trop soudainement son cœur qui battait désormais la chamade, martelant sa poitrine. Et, une fois n’était pas coutume, Albus était perdu. Gellert ne disait rien. Il l’avait senti se raidir contre lui, comme si ses muscles trahissaient sa surprise. Son déplaisir, peut-être ? Gellert se contraignait-il à une proximité indésirable dans la crainte de le blesser ? Non, Albus ne parvenait pas à y croire. Il l’aurait rejeté, sans nul doute. Il n’était pas le genre à se forcer à quoi que ce soit. De cela, il était persuadé. Mais alors quoi ? La réciprocité d’une affection qu’avait savait trop peu commune, et honnie de beaucoup, lui paraissait trop invraisemblable pour se permettre de l’espérer.

De si près, Albus pouvait s’enivrer de ce parfum étrange propre à son exotique comparse, doux et frais mélange de cimes alpines et de cèdre, dont les effluves lui caressaient le visage à la manière d’une douce brise. Là, tout contre lui, Albus sentit qu’il allait prendre la parole, avant même de l’avoir entendu. Un pâle sourire, plein d’appréhension encore, s’étira sur ses lèvres. C’était vrai, le facétieux Albus pouvait se montrer insupportable, d’autant plus avec Gellert, avec qui il en faisait trop, comme pour dissimuler cette affection naissante qu’il n’assumait pas encore tout à fait. Albus prit une grande inspiration, s’insufflant une immense goulée de ce courage de Gryffondor dont il avait été si digne, pour se montrer sérieux, malgré le sourire un brin malicieux toujours sur ses lèvres, et pour tourner son dos toujours contre son épaule, de manière à lever les yeux vers lui ;

- Je n’ai jamais été cruel avec personne, et je n’ai aucune envie de commencer avec toi. Je voulais simplement te compliquer un peu la tâche, car je suis sûr que tout est toujours bien trop facile pour toi, mon fier ami.

Là, Albus lui offrit un sourire qu’il voulait réconfortant. Il sentait Gellert farouche parfois, comprenait qu’il avait un besoin d’assurance qu’il n’avouerait jamais, la certitude de la bienveillance de son comparse taquin, souvent, cruel, jamais. De plus, Albus sentait son courage vaciller. Alors, soudain, le naturel revint au galop, réintégrant le personnage qui lui convenait le mieux. Le sagace et arrogant trop brillant jeune sorcier, insupportable aux yeux de beaucoup ;

- Mais si tu veux laver ce que tu penses être un affront, nous pouvons régler ça en duel…Mais pas tout de suite, j’ai bien trop chaud…

Comme pour appuyer ses dires, comme pour le narguer un peu plus, ou sans doute parce qu’il en crevait d’envie, il s’alanguit un peu plus contre l’épaule que Gellert lui avait accordé par son silence qui valait acceptation, plongeant la main dans la boîte de confiseries, en pêchant une qu’il fourra distraitement dans sa bouche, tendant une seconde fois le paquet à Gellert. Il se laissa même aller à fermer les yeux. Ce n’était pas grand chose pourtant, presque rien même. Là, contre lui pourtant, il se sentait plus à sa place qu’il ne l’avait jamais été en dix-sept ans. Et, étrangement, cette évidence si claire, pure et limpide, le rassurait plus que de raison, en un brusque éclair d’optimisme. Comment était-ce possible qu’une telle vérité pour lui soit perçue aux antipodes de celui avec qui tout semblait si simple, si évident, si naturel ? Le brillant Albus Dumbledore pouvait-il réellement se tromper à ce point ? Le cas échéant, serait-il seulement capable de se remettre d’une telle erreur de jugement ? Son sort semblait scellé, là, suspendu au bon vouloir d’un Gellert à l’absence d’éloquence qui n’en finissait plus de faire marteler son cœur au fond de sa poitrine, et faire déferler au fond de son âme cette agitation toute nouvelle que personne, jamais, n’était parvenu à ébranler.
©️ plumyts 2016
Revenir en haut Aller en bas
Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
Admin
Âge : 59 ans
Sang : Sang-Mêlé
Nationalité : Austro-Hongrois
Patronus : Phénix
Épouvantard : Albus Dumbledore / Le cadavre d'Ariana Dumbledore / Lui-même vieux et affaibli
Reflet du Riséd : Albus Dumbledore
Baguette : Aucune, confisquée par le Ministère
Avatar : Johnny Depp
Messages : 897
Double-Compte : Darragh O'Sadhbh et Morgan DeWitt
Date d'inscription : 14/02/2019
Âge IRL : 27

Résurrection - Gellert - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Résurrection - Gellert  Résurrection - Gellert - Page 2 Icon_minitimeMer 1 Mar - 12:02



Résurrection

« IM WASSER VERBRANNT »

Godric's Hollow, été 1899.

Les secondes s’égrenaient, lentes et pernicieuses, à l’instar de ce silence pesant que Gellert ne parvenait à briser. Pourtant, Albus était toujours là, prenant ses aises, toujours adossé à son épaule. Et lui, le fier et arrogant perturbateur à Durmstrang, l’enfant étrange qui refusait de se laisser dompter, abattre malgré les moqueries et les insultes était mutique et impassible, incapable de bouger le moindre muscle, de prendre la moindre décision. Son cœur s’était emballé et il craignait qu’Albus ne puisse l’entendre ou le sentir. Pour une fois, il avait l’impression que son Occlumancie naturelle était mise à mal et que son ami pouvait lire ses secrets les plus enfouis comme dans un livre ouvert. L’azur limpide et perçante de ses yeux lui avaient toujours donné cette impression mais là, tout contre lui, la sensation était pire, exacerbée. Un tel rapprochement physique, jamais Gellert n’en avait espéré autant. Ce qu’il ressentait pour Albus, il s’y était déjà fait, n’était que rêverie voire fantasme. Jamais un garçon aussi prodigieux que l’aîné des Dumbledore ne pourrait éprouver pour lui une affection similaire à celle de l’Austro-Hongrois. Il ne s’agissait là que le geste spontané et provocateur d’un adolescent un brin arrogant qui avait tout réussi dans sa courte vie, agaillardi par sa victoire en duel plus tôt dans la semaine.

Puis Albus bougea légèrement de manière à ce que leurs regards puissent se croiser. Gellert fit tout pour paraître le plus impassible, le plus naturel possible. Il ne voulait pas laisser penser à son ami que ce moindre contact lui brûlait déjà les joues. Au pire, il pourrait toujours accuser le Soleil et sa chaleur dont il n’était que si peu accoutumé. Et encore une fois, il le taquina, ce qui rassura étrangement le farouche natif des Alpes qui se sentait plus que pris au dépourvu entre ses peurs et ses désirs. Si Albus le remettait en terrain connu, cela ne l’aida pourtant pas à connaître réellement ses intentions. Et toujours, cette foule de questions qui se bousculaient dans sa tête, l’empêchant d’être téméraire et entreprenant, d’avoir cette audace et ce culot qui lui avaient valu tant de problèmes à Durmstrang et à Nurmengard. Mais Albus était, à ce jour, ce qu’il avait de plus précieux et de plus rare. L’idée même qu’il rejette à cause de sa différence le hantait et le forcerait certainement à quitter Godric’s Hollow, de honte. Car il ne s’était jamais senti autant à sa place que là, sous cet arbre, avec le garçon qu’il aimait, qu’il le comprenait, contre lui.

Finalement, Albus décida de voler à son secours une fois de plus, certainement préoccupé par ce mutisme dont Gellert l’avait si peu accoutumé. Normalement, les conversations entre les deux jeunes hommes étaient dynamiques et denses, leurs esprits jumeaux et brillants ne se lassant jamais d’échanger avec l’autre avec ferveur. Mais cette fois-ci, par ce rapprochement pourtant entre très anodin, l’Austro-Hongrois était muet et dépourvu de réparti. Alors Albus l’avait provoqué en duel, retrouvant son air taquin souhaitant faire réagir son comparse. Pourtant, il accusa la chaleur pour reporter cette opposition passionnante et équilibré, en profitant pour se prélasser un peu plus contre Gellert qui eut l’impression de rougir un peu plus. Cette timidité ne lui ressemblait pas. Lui qui avait déjà des talents d’orateur indéniables se retrouvait privé de ses compétences favorites, tout simplement parce que la peur lui tiraillait le ventre. Peut-être devait-il se montrer aussi audacieux qu’Albus, assumer ce qu’il ressentait pour lui. Mais la blessure qu’il anticipait déjà serait trop importante et il souhaitait se préserver. Pourtant, le sentir là, contre lui, sans pouvoir rien lui avouer, faisait naître en lui une sorte de souffrance qui le frustrait. Il aurait voulu fuir loin pour mettre de l’ordre dans sa tête anormalement embrouillée mais il ne pouvait se résigner à abandonner Albus.

Les secondes continuaient de s’écouler sans que Gellert ne se décide à prendre une décision sur ce qu’il souhaitait faire. Il se débattait pourtant vainement à tenter de trouver une solution à cette histoire, à essayer quelque chose qui permettrait de savoir les réelles intentions d’Albus sans trop se dévoiler pour autant. Ou alors, il pouvait toujours y aller franchement, au culot et à l’audace qui lui faisaient cruellement défaut ce jour-là. Lui demander clairement ce qu’il pensait de lui ou même de eux-deux… Mais il n’y avait rien qui arrivait, aucune étincelle pour le pousser à prendre une décision, le laissant là, immobile, mutique et apathique, perdu dans sa propre tête malgré celle, si proche, d’Albus. Puis un lourd sentiment commença à lui peser sur le cœur. Son incapacité à réagir le frustrait, lui donnait presque honte de ce qu’il était et de ce qu’il ressentait pour Albus. Cela aurait été tellement plus simple si son esprit n’éprouvait qu’une simple amitié, aussi fusionnelle que platonique envers l’aîné des Dumbledore. Il n’aurait pas eu à se torturer l’esprit, à lutter contre lui-même, à essayer de déchiffrer des signes que l’illustre élève de Poudlard ne lui envoyait certainement pas. Finalement, dans sa grande lâcheté, il gigota un peu l’épaule sur laquelle était appuyée son ami et dit :

— Toi aussi, tu me donnes chaud.

Il eut un sourire désolé pourtant, quand il vit Albus s’éloigner de lui. Gellert ne sut, pour la première fois, pas réellement interpréter le regard de son ami mais il ressentit brutalement une grande culpabilité, comme le sentiment d’avoir fait une énorme erreur. Comme rarement auparavant, il était perdu et tout ce qu’il ressentait se mélanger tel un tourbillon dans ses entrailles. Il avait chaud et pourtant si froid en même temps, était furieux mais désespéré à la fois, ignorait s’il venait de faire de la peine à Albus ou le ramener à la réalité après son acte audacieux.

— Albus…

Puis, ce fut comme si son cœur avait cessé d’interagir avec son cerveau et lui avait coupé toute information. Pendant une fraction de seconde, il cessa brutalement de réfléchir, de penser et n’agit que par instinct. Sa main glissa sur la joue de son ami de telle façon à ce que ses doigts finissent par disparaître dans sa chevelure de feu et, en même temps, ses lèvres vinrent se poser sur les siennes. Et l’instant de lâcher-prise total perdura quelques secondes supplémentaires, où son cœur qui avait trop souvent été frappé par les tambours de la rage et de la vengeance, martelait sa poitrine d’une énergie nouvelle, d’une joie vivifiante et d’un bonheur comme il n’en avait jamais connu auparavant. Il profita de ce court instant de cet agréable vide mental, d’avoir le sentiment d’être encore un peu plus à sa place et d’assumer brièvement mais pleinement qui il était. Mais l’éclair de bonheur fut de courte durée, malgré l’impression que ce baiser volé avait duré des heures. Rappelé alors à la raison, réalisant ce qu’il avait fait, il brisa ce contact si doux et fut soudainement empli d’une énorme vague de panique. Il sentit un frisson glacé parcourir son échine, son cœur battre différemment à en devenir douloureux et son souffle, pourtant si paisible quelques instants auparavant, se briser et commencer à devenir erratique. Son regard, d’ordinaire si sûr de lui, paraissait soudainement affolé.

— Albus, je…

Mais avant qu’il n’ait laissé le temps à son ami de répondre quoique ce soit, Gellert se releva brusquement et tenta de paraître aussi impassible et digne que possible, malgré l’angoisse dévorante qui lui tordait les entrailles.

— Je n’aurai pas dû faire cela, je suis désolé. C’était déplacé.

Il le regarda un instant dans les yeux, l’air grave et solennel avant de les baisser brièvement au sol, abattu. Puis, après quelques instants d’errance mentale à se flageller pour ce qu’il venait de faire, s’imaginant déjà perdre cette amitié si précieuse à laquelle il tenait tant, il tourna le dos et commença à s’éloigner rapidement de cet arbre, laissant Albus là, seul. Il ne voulait pas voir le dégoût dans les yeux de son ami et il ne souhait pas que ce dernier puisse voir toute la rage et la honte que Gellert avait envers lui-même. Mortifié et humilié, l’Austro-Hongrois s’éloignait d’un pas vif, essayant tant bien que mal de contenir l’intensité de ses émotions contradictoires qui ne demandaient qu’à exploser.
©️ plumyts 2016
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

Résurrection - Gellert - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Résurrection - Gellert  Résurrection - Gellert - Page 2 Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas

Résurrection - Gellert

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 2 sur 5Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5  Suivant

Sujets similaires

-
» Lettre à Gellert
» Échec et Mat - Gellert
» Le feu sous la cendre - Gellert
» L'ombre des grands - Gellert
» Pensine de Gellert Grindelwald

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Domus Paenitentis :: Grande-Bretagne :: Le Reste du Pays-