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Échec et Mat - Gellert

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Solveig A. Asbjørnsen
Solveig A. Asbjørnsen
Âge : 18 ans.
Sang : Née-Moldue.
Nationalité : Norvégienne.
Patronus : Un loup.
Épouvantard : La silhouette de Grindelwald souriant, baguette pointée sur ses parents, une lumière verte jaillissant sur eux.
Reflet du Riséd : Le même jet de lumière verte qui a tué ses parents, mais qui s'extirpe de sa baguette à elle, frappant la poitrine de Grindelwald. Retour à l'envoyeur.
Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et ventricule de dragon.
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert - Page 2 Icon_minitimeJeu 11 Aoû - 16:38



Échec et Mat

« Grande Salle »

Décembre  1942

C’est en sentant sur elle le regard de Grindelwald durcir presque imperceptiblement que Solveig s’aperçut qu’elle était sans doute allée trop loin. D’ordinaire, sa sagesse et sa mesure lui auraient fait apprécier les risques non négligeables de l’évocation des géniteurs du terrible Gellert Grindelwald. Là, la colère, la tempête d’émotions et l’avide curiosité de tout ce qui avait attrait à la mystérieuse école dont les portes lui avaient été fermées au nez lui avaient fait baisser la garde. Cette sensation de n’être pas à la hauteur, aussi. Solveig avait eu pour habitude d’être parmi les plus brillantes, les plus puissantes de son entourage proche. Hormis les Professeurs bien évidemment, mais jamais ce fossé ne lui avait fait autant de mal qu’avec Grindelwald, parce que sa haine la forçait à se mesurer à lui. Et qu’elle aurait perdu dans tous les domaines. Darragh la valait en théorie et en pédagogie, mais elle était persuadée d’être plus puissante et meilleure duelliste. Et sans doute s’aperçevait-elle là qu’elle n’avait guère eu conscience de ce sentiment de supériorité qui pouvait la rendre un brin méprisante, un brin trop dure pour son âge et pour ses camarades qui n’avaient pas le niveau. Si elle avait été moins inflexible, et s’il ne s’était pas agi de son ennemi juré, Solveig aurait pu admettre que cette révélation forcée lui faisait du bien à l’orgueil.

Pourtant, Grindelwald semblait d’humeur complaisante, en ce doux matin d’hiver. La dureté dans son regard finit par s’étioler, et un léger sourire s’esquissa sur son étrange visage auquel les crimes lui avaient donné l’apparence d’un masque de craie. Elle remercia poliment d’un hochement de tête lorsqu’il la servit, et attendit qu’il daigne répondre à ses questions exhalées en un flot impétueux de curiosité qu’elle ne se connaissait pas. Il commença par la fin, mais ce ne fut pas pour lui déplaire. L’idée d’un Club de Duels la séduisait hautement, et Grindelwald était parvenu à l’exploit d’aiguiser un peu plus cette curiosité qu’elle avait cru à son apogée. Solveig attendit avec une certaine fébrilité qu’il finisse, puis posa sa tasse un peu plus fort qu’elle ne l’aurait voulu sur la table ;

- Ses talents de duelliste sont connus et réputés. J’admire le Professeur McGonagall et pour moi, elle mérite mieux qu’un poste de Professeur Optionnel. Je suis certaines qu’elle serait partante pour un Club de ce genre. Vous pourriez superviser ou donner vos conseils sans baguette. En tout cas, je serai une des premières à m’inscrire.

Parce que Grindelwald ou pas, ce genre de clubs avait un trop grand attrait pour la combattive Solveig pour qu’elle ne s’en prive. De plus, bénéficier de l’expérience d’un des plus puissants sorciers de son époque, fut-ce un criminel et un despote, était un avantage tel que seul un imbécile s’en serait privé. Et puis, après avoir eu la chance d’échapper à la colère de Grindelwald suite à l’évocation de ses parents, Solveig n’espérait même plus un semblant de réponse, se serait contentée d’une ignorance ou d’un oubli feint. Pourtant, lorsqu’il lui fit l’aveu qu’il était orphelin depuis ses dix ans, sur un ton presque léger, avec un pâle sourire, Solveig resta interdite, la bouche entrouverte sur sa tasse d’un air hébété, sans avaler la gorgée de café qu’elle s’apprêtait à boire.

Qu’est-ce que cela pouvait bien expliquer au juste ? Tout et rien, finalement. Elle n’avait pas envie d’y réfléchir, parce qu’elle n’avait pas envie de lui trouver des excuses. Elle n’avait pas envie de compatir avec leur sort commun, mais dont lui était responsable du sien. Elle s’aperçut qu’elle n’avait pas non plus envie de lui asséner une réplique acerbe ou une pique cruelle. Alors elle se contenta de se taire, sans sourire ni lueur dans le regard, face à cet aveu qu’il n’avait dû faire qu’à une poignée de gens triés sur le volet. Puis il expliqua avec indifférence que l’usage du Sortilège d’Amnésie sur des enfants –dont celui qu’il avait été-, ne le choquait pas plus que cela, et que si sans doute les parents ne se révoltaient pas, c’est qu’ils avaient subi le même sort, et que, de fait, ils avalaient tous l’hérédité de cette maltraitance au fil des générations. Solveig fronça les sourcils ;

- Ou peut-être que vous n’êtes pas le mieux placé pour en apprécier la malveillance, parce que vous en avez été la victime, et que l’on vous a expliqué que c’était la normalité ? Si ce n’est certes pas douloureux, cela reste une violation de l’esprit et, puisque vous semblez dire que l’école n’a rien à cacher, un acte de manipulation gratuit et d’une certaine cruauté.

En réalité, Durmstrang commençait à lui apparaître sous des traits de plus en plus déplaisants. Le rejet de sa candidature au motif de l’impureté de son sang l’avait déjà refroidie, certes. Mais là où elle s’était imaginée des conditions d’une rudesse spartiate desquelles elle était plutôt partisane, elle semblait découvrir une violence et une maltraitance inutiles, au nom de traditions stupides et d’idéologies bien peu avouables, dont finalement tout n’avait pas à voir avec la scolarité du terrible Gellert Grindelwald, qui semblait avoir le dos large, et auquel on faisait porter le poids de toutes les ignominies de cette école. A moins qu’il ne lui mente ouvertement, ce qui était très envisageable également.

Lorsqu’il évoqua la réputation de magie noire, il avoua que si elle n’était pas explicitement enseignée ou encouragée, elle était acceptée de manière larvée et que Grindelwald, malgré sa tête à chapeau, n’en avait pas été le seul disciple, loin s’en faut. Lorsqu’il avoua avoir été le plus brillant, néanmoins, Solveig se contenta d’éclater d’un rire sans joie pour seule réponse. En effet, il avait brillé et dépassé les autres haut, très haut la main. Il eut au moins la décence d’afficher un sourire contrit, fut-il authentique ou non, et Solveig préféra changer de sujet, et lui aussi, visiblement. La jeune fille plongea un regard vers l’échiquier, semblant hésiter entre sa compagnie étrangement fascinante qui la troublait ou le calme pour se remettre de ses émotions. Finalement, après une gorgée de café, elle acquiesça d’un hochement grave de la tête ;

- Pourquoi pas. Votre démonstration de tout à l’heure semble prouver que j’ai besoin d’entraînement. Où avez-vous appris à jouer ainsi ?

Y’avait-il un seul domaine dans lequel elle pourrait le ridiculiser ? Il parlait sa langue, connaissait les us et coutumes de la seule école qu’elle avait désirée, s’y entendait mieux qu’elle dans toutes les matières qu’elle aimait, et jouait aux échecs mieux qu’elle, malgré ses heures d’entraînement. Et, incontestablement, en duel à la loyale, elle ne ferait pas le poids. C’était humiliant et déroutant, de se sentir si inférieure lorsque l’on y était pas habitué, que l’on n’y pouvait rien et que l’on haïssait ce rival imbattable qui ne nous opposait qu’une bienveillance polie. D’un geste de la main, elle survola l’échiquier, et les pièces se reconstituèrent pour se dresser, intactes, sur l’échiquier, prêtes à jouer ;

- Mais cette fois, c’est moi qui prends les blancs.
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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert - Page 2 Icon_minitimeLun 15 Aoû - 19:35



Échec et Mat

« THE GAME IS ON »

Grande Salle, 22 décembre 1942.

Solveig se montrait toujours aussi impassible et froide, reflétant parfaitement l’indifférence qu’arborait d’ordinaire Grindelwald. Ce dernier, pourtant, ne s’en formalisa pas. Ce n’était pas une simple conversation, certes à cœur ouvert de la part du renégat, qui allait changer l’opinion qu’elle avait de lui. Par ailleurs, il n’était même pas certain de vouloir chercher absolument son pardon. S’il voulait changer ce que ses victimes pensaient de lui, il lui fallait certainement trouver la Pierre Philosophale en amont. Sa vie de sorcier serait bien trop courte pour cela. Il n’avait pas eu honte de raconter son passé et, même s’il savait que son témoignage concernant Durmstrang ne serait jamais totalement objectif, il avait retranscrit ce qu’il y avait ressenti. Malgré le tempérament visiblement combatif d’Asbjørnsen, l’école et sa politique auraient fini par avoir raison de ses principes. Quelque part, il était soulagé que l’adolescente au passé si tumultueux était de sang moldu. À Poudlard, on se souciait guère des origines des élèves (sauf Serpentard de ce qu’il avait entendu dire), l’école était ouverte à tous ceux désireux d’apprendre la magie. Et la jeune Serdaigle était une élève brillante, selon les retours des professeurs. Un bon élément dont Albus pourrait plus tard se vanter d’avoir eu sur les bancs de sa future école.

Ce qu’elle dit ensuite le surprit pourtant. Pas ce qui concernait le professeur McGonagall : cette dernière avait une réputation d’excellente duelliste, de sorcière brillante et il rejoignait plutôt l’avis de son élève concernant le poste qu’elle occupait actuellement. Gellert savait cependant qu’Albus la préparait à prendre sa place en Métamorphoses une fois qu’il serait nommé Directeur. Même si toutes ces informations n’avaient encore rien d’officiel, cela semblait pourtant acquis dans la totalité du monde sorcier. Il se garda pourtant de signifier la promotion prochaine de Minerva. Il s’agissait, après tout, des affaires intimes de Poudlard. Là où il était surpris en revanche, c’était sa volonté déterminée à rejoindre le club de duels dont il venait de parler. Sa présence ne semblait pas la révulser. Pourtant, il se souvenait de ses regards assassins en début d’année, de sa tentative d’assassinat sur sa personne quelques semaines auparavant. Peut-être y voyait-elle là l’opportunité  de se venger définitivement ? Gellert ne s’en formalisa pas. Peut-être était-ce le cas, mais il se doutait qu’il y avait d’autres élèves qui désiraient s’entraîner aux duels et il n’allait pas refuser Solveig sans aucune raison ni officielle ni apparente. À l’instar de Poudlard, il souhaitait que son éducation soit donnée à tous.

Il acquiesça donc les dires de l’adolescente concernant la professeure McGonagall, sans rien dire de plus. Il remercia silencieusement Solveig de ne pas poser plus de questions sur ses parents. Il n’avait pas envie de la frustrer ou de l’agacer en répondant négativement à ses interrogations mais il souhaitait tout de même garder une part d’intimité sur sa vie. À l’avenir, s’il était certain qu’elle n’utiliserait pas ces informations contre lui, il lui dira certainement tout ce qu’elle voudrait entendre. Ou alors il pourrait lui donner une copie de la biographie que Belladone avait pour projet d’écrire. Cela lui éviterait la douloureuse étape de simplement parler et son ami et collègue n’était pas du genre à enjoliver des faits historiques. Il l’écouta donc répliquer sur la violence du sortilège d’Amnésie, insistant sur le fait qu’il s’agissait d’une violation de l’esprit et par conséquent que cela était plus cruel qu’il ne le laissait entendre. Elle n’avait pas tort. Gellert devait avouer que cela lui était passé au-dessus de la tête. Après tout, il l’avait subi dix fois, deux fois chaque année pour l’aller et le retour. Cela avait été une formalité tout comme les calèches tirées par des Sombrals. Il haussa alors les épaules.

— Tu n’as pas tort. Cependant, l’école a fait bien pire qu’un sortilège d’Amnésie. Comme je te l’ai dit, les méthodes de punitions étaient un peu plus sévères qu’ici. Un peu plus cruelles également. Plus douloureuses.

Plus de quarante ans après son dos en portait encore quelques marques, se mêlant à sa peau devenue aussi blanche qu’elles. Il n’ajouta rien de plus, espérant pourtant qu’elle accepte son invitation à une nouvelle partie d’échecs. Elle releva alors le défi, Gellert essayant de réfréner son léger sourire enthousiaste. La jeune adolescente ne manqua de lui poser une énième question sur comment il avait fait pour apprendre de telles stratégies aux échecs. Tandis que les pièces se reconstruisaient sous leurs yeux, il dit :

— Mon père m’a appris. Le Moldu qui m’a recueilli lorsque mes parents sont décédés y jouait beaucoup aussi. Puis, j’ai fait pas mal de parties avec Dumbledore également. Il doit avoir un niveau bien plus supérieur au mien désormais. L’occasion ne s’était pas trop présentée à Azkaban.

Il avait un peu parlé machinalement, en disant plus qu’il ne l’aurait voulu. Cependant, il était déjà concentré sur sa stratégie, réfléchissant à comment anticiper les offensives de Solveig, sachant qu’elle aurait le premier coup à faire. Il aurait voulu poser également quelques questions à l’adolescente mais il avait l’impression que cela serait malvenu de sa part. Alors il resta silencieux, et avança son pion une fois que la jeune Serdaigle eut avancé le sien. Il se resservit alors une tasse de café, évitant de penser à cette épée de Damoclès qui pesait au-dessus de sa tête et de celle d’Albus depuis que trois personnes étaient au courant de la vraie nature de la relation de deux supposés ennemis. Finalement, il osa demander :

— Sinon, tu te plais à Poudlard ? Hormis que ce n’est pas l’école à laquelle tu aurais voulu aller et ton nouveau professeur de Runes.

Il tenta un léger sourire taquin.

— Si cela peut te rassurer. La nourriture ici est délicieuse. Je t’avoue que j’étais un peu dubitatif, connaissant la réputation de la gastronomie britannique mais je constate que les elfes ici ne s’embarquent pas dans des mets trop… exotiques. Si j’ai goûté du haggis l’autre jour, ce n’était pas si mauvais que cela.

Il parlait avec indifférence, décontraction, normalité. Il aurait pu embrayer sur la gastronomie bavaroise qui lui manquait souvent, surtout après quinze années de famine. D’ailleurs, peut-être qu’il avait appris à apprécier, à tolérer la nourriture britannique car cela était les premiers plats comestibles qu’il mangeait depuis plus d’une décennie.
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Solveig A. Asbjørnsen
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert - Page 2 Icon_minitimeLun 29 Aoû - 14:46



Échec et Mat

« Grande Salle »

Décembre  1942

Elle était vraiment étrange, cette conversation. Car Solveig n’avait jamais rien voulu avoir à faire avec Grindelwald. Trop clairvoyante pour s’imaginer triompher d’une joute verbale ou d’un Duel, elle avait espéré débarrasser le monde de son fardeau meurtrier à coup de poison. Subtilité ou lâcheté selon les points de vue, la méthode avait le mérite d’être rapide et efficace, et de pallier la puissance phénoménale du mage noir, que son seul rival potentiel ne semblait pas disposé à lui accorder la fin qu’il méritait. Mais même cette vicieuse parade, ourdie avec un soin tatillon durant plusieurs semaines, avait été déjouée avec ce qui semblait un sourire tranquille, celui-là même avec lequel il la regardait distraitement, sa tasse de café à l’anse nonchalamment détenue entre ses longs doigts trop blancs pour être exempts de crimes. Solveig sentait sa rage profonde, née du traumatisme infantile de l’éclat vert qui l’avait ébloui en la privant de parents, écumer devant cette arrogance tranquille d’apparat, puis s’étioler devant le naturel déroutant du fil de leur conversation qui avait la limpidité d’une source. Il lui semblait qu’il fallait se concentrer pour rester en colère contre lui, comme si, chaque seconde ou elle se laissait aller à trouver la discussion plaisante, sa hargne muait en frustration, et en une sourde culpabilité de fraterniser avec l’assassin de sa famille.

De plus, ils semblaient d’accord sur un peu trop de sujets. Solveig, circonspecte, le regarda acquiescer à sa critique dithyrambique du Professeur McGonagall. La jeune fille, méfiante, semblait se demander où se trouvait les limites de son honnêteté, et jusqu’où et pourquoi il chercherait à la brosser dans le sens du poil. Après tout, il avait l’avantage, et de très loin. Bien plus puissant, plus intelligent et plus affûté, mais surtout disposant d’une information telle qu’il détenait ni plus ni moins l’avenir de Solveig entre ses mains assassines. Le voyant hausser les épaules d’un air d’indifférence face à un sortilège très discutable que lui et tant d’autres enfants avaient subi, elle l’écouta sans mot dire rétorquer qu’il y’avait eu des punitions bien plus cruelles au sein de Durmstrang, Solveig répliqua sombrement, un peu échaudée par cet idéal qui s’effondrait ;

- Oui, sur ce point, je veux bien vous croire.

Peut-être était-ce son imagination, mais le froid meurtrier avait paru enthousiaste à l’idée qu’elle accepte de rejouer avec lui. Pourtant, cette expression de joie, bien qu’elle n’ait duré qu’une demi-seconde, lui parut saugrenue. Elle n’avait pas vraiment le niveau, et se demandait bien ce que pouvait vouloir d’elle le plus grand criminel de son époque, responsable de la mort de ses parents. La convaincre du contraire, peut-être ? Toujours est-il que Grindelwald, très étonnamment de bonne composition ce matin, ne rechigna pas à lui admettre que son père l’avait initié aux Echecs, et lui fire l’incroyable révélation d’avoir été en partie élevé par un Moldu. Solveig accusa le choc de la manière la plus stoïque que possible, en cela comme au reste inférieure à Grindelwald qui semblait pouvoir dissimuler ce qu’il voulait derrière ce masque d’albâtre et ces yeux étranges. Elle ne s’amusa pas de sa blague, ne lui rendant pas son sourire, tout comme elle n’évoqua ce rapport entre un Moldu et celui qu’elle s’était imaginé les détester au plus haut point. Dotée de sa sagesse de Serdaigle, elle décida de prendre le temps d’y réfléchir à tête reposée, tandis qu’elle embrayait sur un autre point de son discours ;

– Est-ce qu’il existe un domaine dans lequel le Professeur Dumbledore n’est pas plus fort que tout le monde ?

Cela aurait pu être un compliment, mais non. Penchée avec une soudaine sévérité sur l’échiquier, il y’avait dans son froncement de sourcil un léger agacement qu’elle ne s’expliquait pas vraiment, presque du mépris. Ce n’était pas de la jalousie, comme beaucoup en ressentaient pour le grand Albus Dumbledore. Tout comme Minerva, elle avait l’intelligence de s’abreuver à plus fort qu’elle, plutôt que se ronger en amertume de ne pas atteindre quelque chose d’inaccessible. Mais c’était ce triomphe permanent, auréolé d’un sempiternel sourire auquel elle ne pouvait s’empêcher de trouver une certaine niaiserie, cette manie qu’il avait de parader, son manque d’humilité et ce côté fantasque qui lui donnait des airs de gamin mal dégrossi ou de clown qui ne l’amusait pas. Hormis cela, il était un excellent Professeur, ludique, à l’intelligence hors norme et à la culture immense, en plus d’être un duelliste quasiment imbattable. Et puis il agissait pour le bien, malgré que Solveig ait tendance à le trouver trop timoré et trop conciliant. Et lorsque Grindelwald l’arracha de ses pensées, elle n’eut pas l’aplomb nécessaire pour retenir un petit ricanement devant une autre tentative de blague qui, cette fois-ci, fit mouche ;

– A part vous, je ne me plains pas. Même si vous n’êtes pas mauvais Professeur, si l’on met de côté votre…passé.

Elle avait parlé très sérieusement, et pas du tout dans le but de le complimenter. Elle s’appliquait comme dans n’importe quelle autre matière, parce qu’il ne lui volerait pas ses études et son avenir en plus de ses parents. Et ses cours étaient à la hauteur. Son niveau de Runes était excellent, et contrairement au Professeur Raven, il savait maintenir le calme et l’autorité dans son cours. Qu’elle l’exécrât personnellement était une autre affaire. Lorsqu’il évoqua la nourriture, toutefois, elle fronça les sourcils, circonspecte, plutôt d’accord sur le fond mais mitigée malgré tout ;

– Hum…C’est peut-être qu’ils ne vous ont pas encore fait goûter à leur jello et leurs petits pois à la menthe…Enfin, j’admets que la nourriture de Poudlard en règle générale est plutôt bonne, et que le haggis, c’est pas mal…Mais enfin, ça ne vaut pas un bon Kjøttkaker…Ma tante en faisait un exceptionnel à Noël, avec des pommes de terre et du chou bouillis, et en dessert un merveilleux Julekake, avec un bon café ou un vin chaud et des biscuits à la cannelle… Ah, je peux vous dire que c’est autre chose que leur pudding étouffe-chrétien et que…

Solveig s’arrêta un instant, interdite de s’être vue ainsi déballer sa vie en un tel bavardage, elle qui ne comptait rien dévoiler d’elle à Grindelwald. Elle baissa la tête, se sentant presque rosir –ce qui n lui arrivait jamais-, honteuse, frustrée de s’être laissée emporter par la nostalgie face à celui qu’elle considérait certes comme un ennemi, mais devant lequel elle s’était laissé aller parce que, sans doute, lui aussi était déraciné, et que culturellement leurs patries d’origines se rapprochaient bien plus que des Britanniques qui avaient peur du poisson fermenté et des fromages autres qu’orangés. Toutefois, à ses yeux intransigeants, ce n’était absolument pas une raison de s’être laissée aller ainsi, surtout devant lui. Son pion avança de deux cases et puis, le visage résolument rivé sur l’échiquier, elle se contenta de marmonner en changeant de sujet ;

– C’est à vous de jouer, Professeur.
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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert - Page 2 Icon_minitimeLun 29 Aoû - 19:31



Échec et Mat

« THE GAME IS ON »

Grande Salle, 22 décembre 1942.

Si Solveig avait semblé plus ouverte, plus détendue, au fur et à mesure de la conversation, elle semblait désormais lutter avec elle-même. Gellert n’en fut pas si surpris même si créer un conflit internet chez son élève n’avait pas été son but du tout. Après tout, elle jouait avec lui aux échecs, semblait enthousiaste à l’idée de participer au club de duels qu’il souhaitait mettre en place, lui racontait sa vie et écoutait la sienne alors qu’elle le portait responsable de la mort de ses parents. Et il ne pouvait pas la blâmer pour cela. Il portait ce fardeau sans rien dire car même s’il n’avait nullement ordonné la mort de sa famille, il endossait le cruel rôle d’avoir été le chef de l’assassin, pourtant exécuté pour son insubordination. Mais il comprenait la haine de Solveig à son égard et il ne tenterait pas de la restreindre ou de lui faire l’affront de tenter de la raisonner. Il lui jetait pourtant des coups d’œil, discrets, peut-être même un peu inquiets, de temps en temps pour tenter de percevoir ce qu’elle pensait. Cependant, jamais il ne tenterait de forcer son esprit avec la legilimancie. De plus, il était fort probable qu’elle soit une Occlumens douée.

Elle n’ajouta rien sur les punitions de Durmstrang. L’ancien élève de l’école craignait même lui avoir détruit un mythe qu’elle s’était fait durant des années. Quelque part, une partie de lui culpabilisa. Privée de ses parents très jeune, elle semblait s’être fait façonner un caractère des plus austères, s’imposant une rigueur glacial et inébranlable. S’imaginer faire partie d’une école avec la même vision de la discipline et de l’apprentissage qu’elle devait l’avoir soulagé, quelque part. Lui donner un sentiment d’appartenance contrairement à Poudlard, bien trop chaleureux pour lui rappeler la froideur de la Scandinavie. Même ici, elle restait une étrangère sans famille qui devait sans doute regarder les autres élèves partir chez eux tandis qu’elle restait ici pendant les fêtes, au milieu des autres esseulés ou abandonnés comme elle. Sûrement l’avait-il vexée, en lui décrivant comment lui-même avait été traité de paria au sein de l’austère école scandinave, car elle n’esquissa nullement un sourire sur ses commentaires pourtant légers concernant les échecs. Au contraire, même son visage était devenu glacial, impénétrable et semblait nullement enclin à la réjouissance. Elle se permit également un commentaire qui semblait plutôt acerbe à l’égard d’Albus, en témoignait son regard dur. Surpris, Gellert ajouta pourtant :

— Et bien, il y a bien les relations humaines où il a certaines lacunes. Comme nous tous.

Il fut surpris que Solveig ne semblait pas apprécier Dumbledore plus que cela. De ce qu’il avait entendu pourtant, il était un professeur très populaire, si ce n’était le plus populaire. Peut-être s’était-il montré maladroit, un jour, tandis qu’il avait essayé de parler avec la farouche élève de Serdaigle et qu’elle lui en tenait rigueur depuis. Mais cela les regardait eux et il ne souhaitait pas immiscer éhontément dans leurs vies. Albus avait vu passer bon nombres d’élèves et il s’agissait de la dernière année de Solveig. Ils n’auraient sûrement plus rien à se dire l’année achevée. Cependant, le repenti fut satisfait de voir que sa plaisanterie sur sa personne avait réussi à tirer un sourire à l’austère élève de Serdaigle. Il fut également soulagé de savoir qu’elle se plaisait malgré tout à Poudlard, malgré la présence de celui qu’elle tenait responsable de la mort de ses parents ainsi que d’un autre professeur omniprésent qu’elle ne portait pas dans son cœur. Pourtant, l’ancien mage noir eut même droit à un commentaire plutôt amical, bien qu’objectif, de la part de la jeune fille. Avec un léger sourire, il dit :

— Je vais prendre cela pour un compliment.

Puis la conversation enchaîna sur la gastronomie britannique et elle semblait clémente sur ce qu’elle pensait de celle-ci. En effet, elle lui parla de mets qu’il avait omis, notamment les fameux petits pois à la menthe qui restait encore à ce jour un mystère pour lui. Oui, Azkaban avait dû lui faire oublier bon nombre des plats de ses Alpes natales. Évitant de se perdre dans ses pensées, il écouta sa jeune élève décrire les recettes de sa vie en Norvège avec nostalgie, parlant de sa tante, des soirées de Noël. Gellert eut malgré lui un léger sourire attendri et doux, heureux de la voir enfin avec un soupçon de chaleur sur son visage d’ordinaire si froid. Puis, elle s’arrêta brusquement, comme honteuse de s’être ainsi laissée aller à la nostalgie et aux souvenirs. L’ancien mage noir aperçut son visage pâle devenir légèrement rosée et son regard se ferma à nouveau. Elle était redevenue austère en un claquement de doigts, renfermée, sombre et taciturne. D’une voix sans expression, elle indiqua que c’était à son tour de jouer. Gellert la regarda quelques secondes, interdit et hésita à faire comme si de rien était et bouger à son tour son pion, ou bien continuer la conversation d’un ton détaché. Certainement qu’elle allait se demandait pourquoi il s’ouvrait autant avec elle. Lui-même l’ignorait et pourtant, il s’agissait là de quelque chose de complètement désintéressé. Peut-être essayait-il d’oublier lui-même que ce petit rêve à Poudlard pouvait prendre fin du jour au lendemain, entraînant malgré lui l’homme qui lui avait tout donné dans sa chute. Oui, il avait peut-être seulement besoin d’une partie d’échecs, d’une tasse de café et d’une conversation légère sur la nourriture européenne.

— Ma mère était bonne cuisinière. Elle savait faire les spécialités de la Bavière dont était originaire mon père, du Tyrol où nous vivions et de sa Hongrie natale. Beaucoup à base de fromage ou d’oignons, mais toujours bien dosés pour que cela ne soit jamais écœurant. J’adorerais goûter à nouveau ses Spätzles au fromage, je n’ai jamais réussi à les faire comme elle les faisait. Peut-être rajoutait-elle quelque chose ? En revanche, je reproduis très bien ses Strüdels à la pomme ! Je ne sais pas si tu as eu l’occasion d’en manger un jour mais je ne pense pas que les elfes de maison de Poudlard en connaissent la recette.

Il soupira avec un sourire et bougea son pion avec un air distrait, repensant à cette soirée illégale en compagnie de Belladone où il avait tenté de reproduire de tête les recettes de son enfance. Cela avait été globalement un succès mais il lui avait manqué quelque chose, comme l’odeur des pins et de la mousse humide, le chant des oiseaux en haut des cimes alpines, la neige sur le bout des bottes.

— J’avais également beaucoup apprécié la cuisine norvégienne également.

Il repensa aux quelques occasions où il avait pu en goûter et se disait que si la tante de Solveig cuisinait aussi bien que sa mère à lui, il comprenait parfaitement bien l’élan de nostalgie dont avait été victime la jeune élève. L’appétit ouvert en songeant aux rösti et aux autres flammekueches, Gellert se rendit compte qu’il aurait sûrement perdu un peu l’appétit en découvrant les sempiternels plats britanniques des elfes de maison. Il n’ajouta pour rien, ne souhaitant pas bousculer d’avantage sa jeune et sévère adversaire.
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Solveig A. Asbjørnsen
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert - Page 2 Icon_minitimeJeu 1 Sep - 11:17



Échec et Mat

« Grande Salle »

Décembre  1942

Soit cet homme était décidément très fort, soit il y avait quelque chose qui clochait avec elle. Peut-être les deux. Toujours est-il que ce n’était pas normal, cette manière d'interagir avec lui. Solveig la taciturne, trop peu éloquente, trop peu bavarde, trop peu enjouée, à la langue aussi vite, aussi naturellement déliée devant cet homme, celui qu’elle avait passé son enfance à détester, celui dont le trépas lui avait forgé un but, une destinée et des promesses d’avenir. C’était trop étrange, trop déroutant. Un instant, ses sourcils se froncèrent, à l’éventualité qu’il aurait pu l’empoisonner, ou l’asservir sous le sortilège de l’Imperium ou d’un quelconque sortilège de magie noire dont il avait sans doute le secret. Puis elle se souvint qu’elle n’était pas censée être cela, une dinde qui panique sans réfléchir à rien. Elle avait la tête froide, elle était mature et réfléchie. Grindelwald n’était pas armée. La cafetière avec laquelle il l’avait resservie avait un couvercle qu’il n’aurait pas pu soulever sans se trahir, et il s’était servi lui-même et avait bu dans sa tasse. Et pour finir, le mage noir prétenduement repenti n’aurait pas risqué son ultime aller simple pour Azkaban pour l’entendre parler nostalgie de ses Noëls d’enfant et souvenirs de cuisine.

Bon, elle en convenait, mais cela restait étrange, ce naturel avec lequel elle se confiait à lui, et, si elle l’avait admis et si elle en avait eu conscience, peut-être même ce plaisir. Parce que c’était bizarrement agréable, et que cela ne lui plaisait pas du tout, qu’elle culpabilisait et qu’elle voulait le haïr, qu’elle ne comprenait pas ce qu’il cherchait et cela la rendait folle, de lui trouver des airs agréables, quand il lui avait brisé son enfance, et privé de ses parents pour des raisons obscures qu’elle ne voulait même pas essayer de chercher à comprendre. Elle le trouvait étrangement tolérant, avec elle. Elle avait essayé de le tuer, mais il réagissait avec une bienveillance négligée, comme un lecteur embarrassé par une moche qui volète près de lui, que c’en était presque vexant. Même, il ne releva pas la pointe glaciale avec laquelle elle évoqua le Professeur Dumbledore, elle qui d’ordinaire ne serait pas permis, mais qui s’était senti le droit devant le criminel, peut-être par bravade, peut-être par pure provocation. Elle ne sut pas vraiment comment interpréter sa réponse. Sans doute avait-il raison, même si certains étaient sans doute plus doués que d’autres. Solveig, concernant son cas personnel, ne pouvait guère le contredire. Elle n’avait pas beaucoup d’empathie, s’impatientait vite, aimait trop la solitude et avait du mal avec le bruit et le bavardage intempestif des gens de son âge. Alors elle se contenta de hausser les épaules. Après tout, il n’était pas méchant et c’était un excellent Professeur, Dumbledore, et c’est tout ce qu’elle lui demandait. C’était sa personnalité dégoulinante de bons sentiments, de sensiblerie et de fantaisie qui lui faisait hausser les sourcils.

C’est vrai que c’était un peu un compliment, qu’elle avait fait à Grindelwald. Mais cela lui avait tant arraché la bouche, que, lorsqu’il l’exprima à voix haute, elle lui répondit par un grognement indistinct et riva ses yeux sur l’échiquier. Mais lorsqu’elle se prit à évoquer ses Noëls chez sa tante, le problème recommença. C’est comme si Grindelwald n’était plus là, comme si, en fermant les yeux, elle pouvait de nouveau sentir les effluves de clou de girofle dans le vin chaud, et de la cannelle des biscuits sortis du four. Et c’est comme si elle s’était réveillée d’un coup, par une gifle ou par un seau d’eau glacée, et quand elle s’aperçoit qu’elle s’épanche comme cela auprès de celui qu’elle avait considéré si longtemps comme l’ennemi à abattre, et son visage se ferme devant un Grindelwald qui semble soudain surpris, mais elle n’en a cure. Elle rive ses yeux sur l’échiquier, pour oublier qu’elle rougit, pour oublier qu’il la regarde et pour oublier qu’elle doit avoir l’air ridicule.

Et pourtant, c’est lui qui s’épanche, désormais. Ils parlent de ses parents, de son Tyrol natal, et des bons petits plats que lui concoctaient sa défunte mère. Et c’est tellement étrange, de s’imaginer ce criminel honni qui avait terrifié le monde, en petit garçon dégustant les plats de sa mère, que Solveig se laisse de nouveau aller, l’écoute parler des spécialités germaniques qui ont l’air délicieuses, et qui se rapprochent culturellement bien plus de la cuisine qu’elle a eu l’habitude de manger que de celle des britanniques. Ses joues ayant recouvré leur pâleur habituelle, elle consentit à lever son regard vers lui ;

- J’ai goûté une fois les strudels, c’est vrai que c’est très bon. Les Spaëtzle je ne connais pas, mais ça donne envie. Sinon j’ai déjà goûté les Knödel aux lardons et au fromage, c’est délicieux, mais c’est plutôt Allemand je crois. Enfin vous devez connaître, j’imagine.

Grindelwald soupira en bougeant son pion, et, soudain, Solveig n’aurait pu expliquer comment, mais elle était certaine qu’il avait ressenti la même pointe au coeur qu’elle, et que les effluves des odeurs de son enfance lui étaient remontés au visage avec la violence d’une gifle. Etrangement compatissante, elle ne riva pas un regard d’une dureté insolente sur lui, le laissa avancer son pion tandis qu’elle se décidait à bouger un des siens, après quelques intants de réflexion. Elle ne les releva que lorsqu’il évoqua la cuisine Norvégienne ;

- C’est à Durmstrang que vous avez eu l’occasion de goûter à la cuisine Norvégienne ?

Parce que si tel était le cas, ce n’était sans doute pas le meilleur échantillon qu’il ait pu goûter. Malgré tout, l’idée qu’elle s’en faisait restait bonne, et cela flatta intérieurement la jeune fille, restée patriote, s’était toujours sentie un peu étrangère à Poudlard, persuadée que lui était un des seuls qui pouvait comprendre ce sentiment d’être déraciné.
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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert - Page 2 Icon_minitimeJeu 1 Sep - 13:00



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« THE GAME IS ON »

Grande Salle, 22 décembre 1942.

Gellert se retrouvait dans une situation délicate malgré lui. Lui qui était venu simplement pour une partie d’échecs, conscient que son adversaire avait cherché à le tuer et le haïssait au plus haut point, le voilà qui essayait pourtant de la rassurer, de la réconforter comme il le pouvait. Car sa courte vie avait déjà été faite d’épreuves bien trop importantes pour son jeune âge et il avait une bonne part de responsabilités pour cela. Indirectement, il l’avait privé de ses parents et sa mort incarnait désormais son seul but. La vengeance, la haine, la colère, il les connaissait trop bien et ne pouvait blâmer la jeune Solveig d’en être la proie. Comme il lui avait dit, sa mort la soulagerait peut-être mais ne lui apporterait qu’un vide impossible à combler. De plus, elle avait été déracinée de ses terres natales, loin des fjords qui l’avaient vu grandir, à l’instar des Alpes natales de Grindelwald. Pourtant, avec du recul, il savait qu’il aurait mieux valu pour lui d’aller à Poudlard qu’à Durmstrang. Il savait qu’il y aurait rencontré Albus, que l’on ne l’aurait pas traité de paria parce que sa mère était une moldue ou de monstre contre nature pour… autre chose.

Oui, ils étaient deux exilés, deux expatriés qui essayaient de trouver une place, ici, dans les Highlands d’Écosse. Il aurait été mentir que de dire que l’adaptation de Gellert fut simple malgré son expérience. L’ignorance d’Albus à son égard, le regard méfiant de ses collègues dès qu’il rentrait quelque part, les fantômes d’Azkaban qui dansaient chaque soir dans son bureau. Belladone avait été une aide précieuse, malgré leur rencontre un peu houleuse. Le pauvre garçon. Grindelwald ne l’avait pas ménagé, fustigeant à la moindre maladresse bégayante du jeune professeur, lui imposant sa compagnie morose et sombre. Et pourtant, il était celui qu’il l’avait fait tenir debout, lui, l’ancien mage noir qui avait fait trembler l’Europe. Il était celui qui lui avait fait comprendre qu’il n’était pas obligé de survivre maintenant qu’il était débarrassé de la haine et de la colère. C’était peut-être un peu naïf, surtout pour quelqu’un de sa trempe que de dire qu’un bon ami pouvait vous faire garder les pieds sur terre mais pourtant, c’était l’impression qu’il en ressortait. Maintenant, Albus était de retour également, plus lumineux que jamais, lui faisait tout aussi naïvement croire qu’il pouvait être quelqu’un de bien et de simple, voire de bienveillant.

Peut-être était-ce ce qu’il était en train de faire avec Solveig. Se montrer simplement bon avec une élève qui ne savait pas trop où elle en était, confrontée à la source de sa haine, le but unique de sa vie qui semblait être à l’opposé de ce qu’elle s’était imaginé. Sûrement s’était-elle imaginé quelqu’un de grossier, de véhément ou d’agressif. Un être que même les Détraqueurs n’avaient réussi à épancher la soif de sang. La jeune Serdaigle devait être aussi partisane de l’idée qu’il avait manipulé Dumbledore par des mots tout aussi mielleux que ceux qu’il était actuellement en train de dire à l’élève à la chevelure tout aussi polaire que la sienne. Pourtant, non. Rien n’avait été plus désintéressé que cette conversation. Enfin, Gellert avait trouvé un but, à cette discussion : essayer de faire comprendre à Solveig qu’elle avait sa place à Poudlard. Qu’elle n’avait pas besoin d’être solitaire parce qu’elle venait du Nord de l’Europe et non du Royaume-Uni. Que son léger accent ne faisait pas d’elle une déracinée, une étrangère et qu’elle n’avait pas besoin de s’enfermer derrière sa carapace de colère froide pour se sentir à l’aise. Cependant, à sa réponse sur la gastronomie germanique, il eut un sourire doux avant de bouger sa pièce.

— Je vois que tu t’y connais – et par ailleurs, tu prononces très bien l’allemand ! – où as-tu eu l’occasion de goûter ?

Elle lui demanda alors d’où lui venait ses connaissances en gastronomie norvégienne, supposant Durmstrang. À cela, il eut un sourire pâle, sans joie.

— Non, là-bas, ils ne servaient qu’une sorte de gruau inconsistant et fade, voire amer quand on avait de la chance. Cela était toujours plus nourrissant que le pain d’Azkaban, cela dit. J’aime bien cuisiner à mon temps perdu et…

Il marqua une pause, hésitant à continuer la suite de son récit. Il avait sillonné l’Europe, certes, mais dans quelles conditions. Si ses passages dans les différents pays du vieux continent avaient été funestes, cela paraissait tout à fait paradoxal de s’imaginer Grindelwald découvrir la culture de ces civilisations qu’il terrorisait. Pourtant, il désirait véritablement être honnête, alors il reprit :

— Et au grès de mes périples, j’ai eu l’occasion de découvrir certaines spécialités locales. Surtout en grand amateur de viandes, je suis à chaque fois très curieux de savoir comment elle est cuisinée.

Il sourit doucement, espérant qu’elle ne sente pas insultée par ce côté un peu détaché de l’horreur qu’il causait derrière lui. Conscient que cela pourrait largement le desservir, il revint sur l’échiquier :

— Tu devrais faire attention avant de sortir ta reine, si tu comptes le faire. Tu vois, là, le tour prochain, je sors mon cavalier, et tu seras obligée de la reculer si tu ne veux pas la perdre et tu auras perdu un tour pour rien, ce qui va me permettre d’avancer. Je te conseille plutôt de sortir ton cavalier, cela m’empêchera de sortir le mien.

Il se doutait que Solveig n’avait nullement demandé ses conseils. Peut-être le renverrait-elle promener. Gellert ne s’en offusquerait pas néanmoins. Il resta silencieux pourtant par la suite. Il aurait aimé pourtant lui poser davantage de questions. Sur ses amis, ses résultats… Mais il avait cependant peur de paraître trop indiscret et qu’elle se renferme brusquement comme précédemment. Il aurait également voulu parler de Darragh O’Sadhbh et Aurora Bishop, ces deux adolescents qui avaient le pouvoir de détruire cette nouvelle vie qu’il n’avait certes pas méritée mais qu’il n’abandonnerait pour rien au monde. Savoir s’ils étaient du genre à raconter ce secret partout à tout le monde ou s’ils étaient capables de le garder pour eux. Mais il resta muet, ne souhaitant pas brusquer Solveig ou paraître manipulateur. Non, en réalité, il était juste inquiet.
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert - Page 2 Icon_minitimeDim 6 Nov - 15:19



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« Grande Salle »

Décembre  1942

Il semblerait que ces deux âmes qui s’étaient cru aux antipodes aient plus en commun que Solveig n’avait voulu l’admettre. La gastronomie, l’austérité, le goût des choses simples, le mal du pays. Leur culture profonde, peut-être pas commune mais pas si lointaine, qui les rapprochaient malgré tous les efforts de Solveig pour feindre l’indifférence, et continuer de se convaincre que sa haine distillée depuis la plus tendre enfance était toujours aussi tenace et farouche qu’avant de l’avoir rencontré en chair et en os. C’était idiot, mais elle s’était fait l’image d’un Grindelwald à l’apogée de sa puissance. Intouchable, inaccessible, invincible. Pour l’avoir beaucoup épié, elle avait vu arriver à Poudlard l’ombre de ce qu’avait été l’immense despote, fantôme aux orbites comme creusés dans la cire d’un visage abîmé par Azkaban, et un squelette famélique, amaigri par les privations, en guise de la silhouette gracieuse et menaçante dont elle s’était fait le portrait d’un ennemi juré. Aujourd’hui, elle avait tout fait pour étouffer l’empathie qui lui venait aux veines, pour l’homme vieilli et usé qui ne la méritait pas. Et pourtant, à présent qu’elle avait l’occasion de lui cracher sa virulence au visage, il lui parlait de ses Alpes natales et des plats de sa mère, à celui qu’elle s’était toujours refusé à imaginer en enfant, en fils chéri, ne parvenant pas à dépeindre une figure maternelle douce et aimante l’ayant couvé et protégé.

Elle en faisait de même et elle se demandait si l’expérience était aussi déstabilisante pour elle que pour lui, qui semblait ne s’être confié qu’à des occasions rarissimes au cours de sa vie. Solveig n’excluait pas la possibilité qu’il ait cousu les charmantes pièces de cette jolie image d’Epinal simplement pour l’attendrir. Néanmoins, elle restait sur ses gardes. C’était compliqué, pourtant, quand il était le seul de cette contrée à connaître un peu ses us et ses coutumes, et quand sa conversation semblait une Madeleine de Proust à la jeune fille déracinée ;

- Un de mes oncles était jardinier chez une riche famille à Svolvær, et Madame était Allemande. Munichoise, je crois. Comme ils l’aimaient bien, nous avons quelques fois été invités à dîner. Quant à l’Allemand…Nous sommes un peu obligés de s’ouvrir aux autres langues, le Norvégien n’est que bien peu usité. Et puis cela m’intéressait. Je me sens plus proche de la culture germanique qu’anglophone.

Une seconde, elle redevint la petite fille de paysanne timide qui avait peur de s’aventurer dans la trop belle maison de ces gens qui lui souriaient pourtant. Mais elle avait vu tant de condescendance larvée, presque inconsciente dans leurs mains tendues et leurs yeux abîmés par une tendresse exagérée, que ces souvenirs lui causaient plus de malaise qu’une réelle joie. Chassant ces lointains souvenirs, elle revint à Grindelwald, ses lèvres esquissant une grimace devant le menu de Durmstrang et d’Azkaban, qui avaient nourri le plus terrible mage noir de son ère des décennies durant. De plus, il avait semblé hésité à continuer, et Solveig devina vite pourquoi. Ses petites excursions dans toute l’Europe ne l’avaient pas rendu célèbre pour son tourisme culinaire. Elle fronça les sourcils, semblant ne pas relever ce qui, pour une fois, ne paraissait pas être une provocation. Se raclant la gorge, elle bougea sa tour d’un air distrait, plus vraiment à la partie ;

- Dans ce cas, j’espère que vous avez goûté le Fårikål. C’est vraiment le plat typique de la Norvège, il s’agit de mouton en ragoût. Je sais que ce n’est pas dans toutes les cultures d’apprécier cette viande. Quant au Finnbiff, c’est encore pire. Il s’agit de viande de renne et cela paraîtrait complètement improbable aux gens d’ici d’y goûter. C’est dommage pour eux, c’est délicieux, et c’est un de mes plats préférés.

Et c’était reparti. Solveig était persuadée qu’en six années de pensionnat, personne ici n’en savait autant sur elle que Grindelwald après cette conversation. Peut-être le Professeur McGonagall, avec qui elle avait pris le thé quelques fois, et qu’elle appréciait beaucoup. Mais il était bien plus facile d’insuffler sa confiance en une telle personne, honnête, droite et travailleuse, qu’elle considérait comme un modèle, plutôt qu’en l’homme qui avait personnifié l’assassin de ses parents depuis sa plus tendre enfance.

Mais soudain elle darda sur lui un regard d’encre estomaqué, que la surprise rendait plus dur et plus insondable encore. Est-ce qu’il lisait vraiment dans sa tête à cet instant précis ? Ou bien poussait-elle un peu loin la paranoïa ? Après tout, il venait de prouver qu’il était meilleur, bien meilleur qu’elle aux échecs. La théorie la plus raisonnable, mais aussi la plus plausible, voulait qu’il ait anticipé son coup. Toutefois, cela restait tout de même un peu humiliant. Solveig était-elle un tel livre ouvert ? La jeune fille ravala son amertume, redressant la tête comme si elle venait d’essuyer une vexation, ses doigts survolant une seconde sa Reine pour finalement écouter Grindelwald et sortir son cavalier, lui lança un regard mi-provocateur mi défiant ;

- Bien, c’est vous le Professeur…Puis, hésitant une seconde. Dites moi, à ce sujet, et puisque je semble être un livre ouvert pour vous, et croyez-moi, ce n’est pas un compliment que je me fais ; seriez-vous d’accord pour m’enseigner au moins les bases de l’Occlumancie ? Personne d’autre que vous ne voudra en entendre parler ici, et vous savez quoi ? Je trouve ça stupide. Comme pour certaines bases de magie noire. La dissimuler ou faire comme si elle n’existait pas n’empêchera rien du tout, à part nous complaire dans notre ignorance quand nous y serons confrontés.

Si elle paraissait soudain sur la défensive, c’est qu’elle était hésitante. Que Grindelwald allait sans doute l’envoyer sur les roses, qu’il allait avertir les autres Professeurs sur les inclinaisons obscures de l’élève de Serdaigle, d’en rajouter pour lui causer plus d’ennuis qu’elle n’en aurait eu si elle avait posé elle-même la question aux Professeurs McGonagall ou Dumbledore. Mais tant pis, la tentation avait été trop forte, et elle n’était pas fille à regretter lorsqu’il était trop tard. Avec un regard de défi, elle continua de fixer Grindelwald, attendant qu’il joue.
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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert - Page 2 Icon_minitimeLun 7 Nov - 17:08



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« THE GAME IS ON »

Grande Salle, 22 décembre 1942.

La matinée s’avançait lentement, les rayons du Soleil commençant à frapper les vitraux de la Grande Salle, leur douce chaleur commençant à réchauffer les pierres pâles de l’endroit. Pourtant, la conversation, qui se déroulait pourtant cordialement entre les deux individus aux cheveux polaires, cachait habilement une froideur sous-jacente. Gellert savait que ce n’était pas avec cette discussion sur la nourriture de leur enfance que Solveig allait lui pardonner quoique ce soit. De toute façon, il n’était pas là pour tenter de restreindre la haine de la jeune fille à son égard mais seulement à essayer de la convaincre que la voie du meurtre n’était pas celle à suivre. Il la sentait toujours sur la défensive et cela resterait immuable certainement. Ses crimes, ses péchés étaient trop graves à son égard pour qu’elle puisse lui pardonner. Mais cette partie d’échecs partagée avec elle les plaçait tous les deux dans une sorte de bulle hors du temps, hors de l’éprouvante réalité qui était leur fardeau à chacun d’entre eux. Pourtant, la conversation, à l’instar de leur partie d’échecs, avançait prudemment, tous deux choisissant prudemment chacun de leur mot, chacune de leur révélation. Ils avaient de partager ce qu’ils avaient en commun, mais rester naturellement sur la défensive, en retrait.

Alors, toujours aussi prudemment, Solveig commença à parler là où elle avait appris la langue allemande, dans le Nord de la Norvège, au sein de sa famille qui comportait une Munichoise. Gellert l’écouta sans l’interrompre, la laissant s’épancher sur cette tranche de sa vie de laquelle il restait responsable. Aurait-elle appris l’Allemand si ses parents avaient été en vie ? Serait-elle quand même allée à Poudlard s’il avait mieux tenu son sbire ? Il s’en voulait oui, de ce qu’il s’était passé. Malgré l’horreur de certains de ses crimes, la mort du couple Asbjørnsen avait été vain et n’avait desservi aucune cause. Et cela avait été de sa faute, il avait été négligent, avait laissé les doutes s’immiscer en lui et perdre en lucidité. Le massacre de ses parents auraient pu être évité largement. Pourtant il eut un léger sourire lorsqu’elle avoua se sentir plus proche de la culture germanique que britannique. Il aurait pu lui dire qu’il s’agissait sûrement du thé ou à cause de la qualité de la nourriture anglaise, afin de faire un trait d’humour mais il ne s’en donna pas la permission, préférant rester silencieux afin de ne pas vexer la jeune fille en face de lui. Elle reprit pourtant sur la gastronomie, décrivant avec précision les différents mets de son pays natal et Gellert se décida finalement à lui répondre.

— J’ai déjà goûté le Fårikål et je dois dire que j’apprécie beaucoup, effectivement. Tout comme la viande de renne, je trouve cela très bon bien que cela puisse en surprendre certains. Notamment, ici, en Grande-Bretagne.

Il eut sourire amusé avant de reprendre.

— Cependant, je n’ai jamais goûté cette viande dans cette recette dont tu as parlé. Le Finnbiff c’est ça ?

Puis elle écouta ses conseils sur la partie et sembla surprise, presque méfiante et blessée dans son orgueil. Gellert ne comprit pas trop ce revirement de situation, pourquoi se montrait-elle soudain vexée alors qu’il ne lui faisait que lui donner des conseils pour s’améliorer. La raison n’était pourtant pas très loin. Il la savait brillante, réussissait tout ce qu’elle entreprenait ici, à Poudlard et n’avait certainement pas l’habitude de se faire reprendre ainsi pour éviter une défaite expéditive. Cela amusait Gellert de la voir soudain si fière, comme si le naturel revenait au galop et que ce moment d’étrange complicité cordiale avait été balayée comme l’avait failli être sa reine. Malgré son regard défiant, elle l’écouta et sortit son cavalier comme indiqué. Si le repenti avait été aussi fourbe que le commun des mortels le laissait croire, il aurait menti à Solveig pour terminer plus rapidement la partie. Mais il n’en était rien, appréciant les bons duels et cherchant à faire de la jeune fille une adversaire redoutable.

Elle lui fit alors une demande à laquelle il ne s’attendait absolument pas. Interdit, surpris, il la regarda un instant, impassible pourtant. Son ton était devenu plus raide, plus déterminé, plus incisif. Gellert ne l’interrompit pas, la laissant dire ses arguments et se plaignit du fait que la magie noire était tout bonnement ignorée à Poudlard, comme si elle n’existait pas. Gellert lâcha le fou qu’il allait jouer pour continuer de l’épier, presque sévèrement. Pourquoi donc lui demandait-elle de lui enseigner l’Occlumancie alors qu’il était vraisemblablement son pire ennemi, l’homme qu’elle cherchait à abattre ? Pourtant, le pénitent était joueur et tenté d’accepter cette proposition. De plus, l’Occlumancie était un moyen de défense et restait inoffensive, donc nullement illégale et ne constituerait pas une excuse pour de la pratique de magie plus sombre. Il reprit alors son sourire et continua de la regarder sans rien dire pendant quelques secondes. Puis, d’un ton léger, il lui répondit :

— Cela m’étonne que tu veuilles apprendre l’Occlumancie avec moi. J’espère que ce n’est pas là une vile tentative de te retrouver seule avec moi pour tenter de m’assassiner à nouveau.

Il marqua une pause, la regardant droit dans les yeux, toujours avec ce sourire léger et amusé comme si le poison qu’elle avait mis dans son verre n’était pas un acte grave et ne constituait pas là d’un motif de renvoi certain. Finalement, il reprit :

— Quant à la magie noire, je comprends ton point de vue mais je comprends également le positionnement de Poudlard. De plus, les rumeurs qui disent que Durmstrang nous l’enseigne sont fausses. Ils sont assez passifs et laxistes sur le cas de certains élèves qui la pratiquent en cachette mais il n’y a jamais eu un seul cours sur l’enseignement de cette discipline. Néanmoins…

Il la regarda un instant et un léger soupir, comme s’il cédait au caprice d’un enfant.

— Si tu as des questions à propos de celle-ci, je pourrais éventuellement y répondre.

Il fronça les sourcils et dit d’un ton dur :

— Si ce n’est dans le but de parfaire tes connaissances et de satisfaire ta curiosité mais seulement ta curiosité, à l'instar du Professeur Belladone. Pas ton ambition. J’ignore ce que tu comptes faire après Poudlard, mais j’espère fortement que cela… « légal ».

Il continua de la fixer, n’ajoutant rien de plus. Il craignait réellement que Solveig ne prenne un virage dramatique dans sa vie. Et, de par son sentiment de culpabilité à son encontre, il se sentait presque responsable d’elle et devait s’assurer qu’elle ne ferait pas l’erreur qui changerait sa vie à jamais.
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MessageSujet: Re: Échec et Mat - Gellert  Échec et Mat - Gellert - Page 2 Icon_minitimeLun 21 Nov - 12:30



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« Grande Salle »

Décembre  1942

- Au moins, vous, vous avez du goût. Confidence d’étrangère à étranger, vous ne trouvez pas qu’ils ont des goûts très spéciaux, ici ? Vous avez déjà goûté leur gelée ? Et leurs petits pois à la menthe ? Ma curiosité a bien failli me perdre, ces fois-là. Et oui, le Finnbiff. C’est un bon plat d’automne, chaud, revigorant, un peu paysan, mais c’est souvent ma nourriture préférée, à base de crème, de champignons et de pommes de terre.

Solveig avait hoché la tête d’un air appréciateur, qui, après coup, lui avait déplu. C’était insupportable de paraître le détester un peu moins, à mesure qu’ils conversaient. Pire encore, c’était insupportable de se trouver d’indéniables communs, entre elle et l’homme honni depuis sa naissance, assassin, criminel, despote, mage noir. Pour étouffer sa honte, elle se trouvait des excuses, se justifiait. Cela lui ressemblait si peu qu’elle peinait trop à croire à ses mensonges. Non, le seul fait d’être tous deux étrangers ne justifiait pas soudain une telle proximité. Oui, converser des petits plats typiques de leurs contrées natales avec l’assassin de ses parents était honteux. Solveig se fourvoyait. De plus, il lui brodait peut-être un très joli conte complètement faux. Elle n’en savait rien, elle pouvait très bien se faire avoir. La certitude de sentir faible, inférieure, vaincue, aurait presque fait affleurer des larmes de rage à ses yeux. Elle parvenait de moins en moins à le haïr et n’y pouvait rien.

De plus, il était étonnamment tolérant avec ses bravades, sa fierté effarouchée, son orgueil égratigné, d’autant plus qu’elle avait cherché à le tuer, bien qu’elle commençait à se faire doucement à l’idée qu’elle avait visé trop haut. Elle n’y parviendrait jamais, refusait encore de se l’admettre, bien que la certitude se forme déjà en contours flous dans son esprit trop intelligent pour le mensonge. Mais cette clémence absurde ne collait pas. Il la regarda se vexer sans mot dire, sans même la railler ou chercher à l’humilier, parce que se faire écraser ainsi aux échecs, ça ne lui était jamais arrivé. Elle avait perdu, quelques fois, surtout face à Darragh, qui était brillant et bon camarade mais qu’elle avait tendance à trouver empoté. Darragh avait donc gagné plusieurs fois, mais après de longues parties acharnées et de luttes à forces égales. Là, c’était frustrant, humiliant, mais après tout, il fallait bien reconnaître derrière l’odieux criminel l’exceptionnel sorcier de la trempe de Dumbledore, mais qui, lui, s’était fourvoyé.

Pourtant, il ne chercha pas à dissimuler son étonnement lorsqu’elle évoqua des cours privés d’Occlumancie. S’il avait voulu le cacher, elle était certaine qu’elle n’en aurait rien vu. C’était compréhensible. Elle le détestait tant qu’elle avait souhaité sa mort, si ardemment qu’elle avait mis sa propre vie en péril pour le réaliser. Mais son intelligence lui soufflait qu’elle pouvait tirer des choses d’un mage si exceptionnel, formé à des magies occultes dont personne ne voulait entendre parler ici. C’était ridicule. Solveig était une Serdaigle ; savait faire la différence entre un apprentissage de sciences controversées à des fins défensives et leur utilisation pour semer le chaos et le trouble. Et puis, elle se sentait proche de cette branche nébuleuse de la magie qu’était l’Occlumancie, comme si elle l’appelait, comme si elle avait compris que son mutisme et sa prétendue indifférence à tout étaient des prédispositions naturelles à cet art. Malgré l’insupportable petit sourire placide de Grindelwald, elle lui répondit donc très sérieusement ;

- Non. De toute façon, les derniers évènements nous ont prouvé que c’est plutôt moi qui prend des risques à être seule avec vous, non ? Je pense juste que vous êtes le plus qualifié, peut-être même le seul ici. Enfin, il y’a surement le Professeur Dumbledore mais…Déjà, je pense qu’il n’a pas le temps, et puis, je sais que c’est un des meilleurs Légilimens du monde et que de fait, il doit être très bon en Occlumancie mais…Je pense que vous êtes meilleur. Enfin, il n’y qu’à vous regarder, tous les deux.

C’était un raisonnement partial, et, une fois n’est pas coutume, pas vraiment intelligent de la part de Solveig. Parce que Dumbledore était beaucoup plus solaire, parce qu’il ne dissimulait pas ses rires, ses joies et ses peines, elle se l’imaginait moins bon. Mais peut-être ne voyait-il seulement pas la nécessité de cacher ses émotions ? Mais cela, la farouche, la fière Solveig était incapable de le comprendre. Lorsque l’on avait la capacité de dissimuler ses sentiments, comment pouvait-on avoir l’indignité et l’impudeur de les afficher ? En cela, Gellert lui ressemblait plus, et lui inspirait plus de confiance naturelle pour l’Occlumancie. Et en réalité, bien qu’elle ne puisse pas le savoir mais qu’elle l’ait deviné pour les mauvaises raisons, Grindelwald était effectivement meilleur que Dumbledore à ce jeu.

Puis elle haussa les sourcils, circonspecte. Grindelwald était catégorique et ferme. Si Durmstrang laissait couler avec une tolérante passivité les agissements obscurs de certains élèves, jamais un seul cours n’avait formellement inculqué la magie noire. Solveig se contenta de froncer les sourcils d’un air incrédule, mais, cette fois-ci, n’eut pas l’impolitesse de le traiter de menteur. D’autant plus qu’après réflexion, il semblait accepter, presque à contrecœur, de lui inculquer ce qu’elle voudrait en terme de magie noire, à condition que cela reste théorique, et sous la promesse qu’elle ne s’en servirait pour rien d’illégal. Une telle requête, de la part d’un tel homme, faillit laisser éclater un rire amer qu’elle ravala. A présent qu’il la contentait, ce n’était guère le moment de le railler. Et lorsqu’il évoqua le Professeur Raven, elle hocha la tête, trouvant dans ce Professeur qu’elle trouvait faible et sans autorité mais dont elle admirait les connaissances et le goût du travail non négligeables, un argument de poids ;

- Vous voyez, le Professeur Raven est le meilleur exemple de ce que je vous disais tout à l’heure. Il est plus que passionné par les forces du mal, il est vraiment fasciné. Et pourtant, je reste persuadé qu’il n’y a pas plus inoffensif que lui. De fait, non, je vous confirme que je n’ai pas l’intention de faire du mal à qui que ce soit…Enfin, à part vous, mais vous paraissez plutôt confiant, donc j’imagine que vous pouvez m’enseigner ce que vous savez…

Solveig se racla la gorge. Cette conversation était la plus improbable qu’elle ait jamais eue. Aucun ne s’énervait, et le sujet gravissime de la tentative d’assassinat était évoqué avec une légèreté déconcertante, sur fond de café, d’échecs et de nostalgie pour leurs contrées natales. Tout cela n’avait aucun sens. Et pourtant, par cette légère conversation matinale, la jeune fille voyait toutes ses certitudes s’effondraient. La forteresse inexpugnable de sa haine s’écroulait si vite et si facilement sous le verbiage de l’assassin que l’effroi, indicible, la peur de l’inconnu la saisissait à la gorge. C’était réconfortant de détester, de trouver un responsable à tous ces maux. La patience, la douceur de Grindelwald la déconcertait. Peut-être le faisait-il exprès, après tout, mais si c’était le cas, cela réussissait. Solveig n’avait que rarement été aussi peu maîtresse d’elle-même. Alors, pour tenter de reprendre contenance, elle insista ;

- Alors c’est oui, pour l’Occlumancie ?

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Gellert Grindelwald
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Échec et Mat

« THE GAME IS ON »

Grande Salle, 22 décembre 1942.

La conversation suivait son cours, le professeur et l’élève se rendant petit à petit compte des points communs qu’ils partageaient tous deux. Déracinés de leur environnement natal pour venir étudier dans une école à l’autre bout de l’Europe, il s’avérait souffrir l’un comme l’autre d’un léger mal du pays gustativement parlant. Il fallait dire que les Britanniques semblaient fiers de leur désastre culinaire et Gellert n’hésita pas à lever les yeux au ciel lorsque Solveig lui parla des fameux petits pois à la menthe, lui intimant implicitement de ne pas lui parler de cette hérésie. Et pourtant, tandis qu’elle donnait l’impression de s’ouvrir un peu, elle reprenait contenance, retournait dans son mutisme renfrogné et fier. Gellert se demandait si elle finirait un jour par se laisser aller, par cesser de paraître toujours un contrôle permanent de sa personne et de ce qui l’entourait. Cependant, il ne pouvait lui en vouloir d’être aussi farouche, les traumatismes de son passé – dont il portait la responsabilité et la culpabilité – étant une excuse tout à fait valable pour ce retranchement dont elle faisait preuve. À vrai dire, elle lui rappelait lui, au même âge, à désirer se venger de tout le monde en disant le moins possible sur sa personne.

Cependant, elle semblait un peu froissée de son étonnement et de sa réponse concernant les cours d’Occlumancie qu’elle lui avait réclamés, comme si elle ne prenait pas sa position au sérieux. Ne comprenait-elle pas sa réticence à enseigner la magie noire bien qu’il l’eut pratiqué auparavant ? Peut-être était-ce sûrement parce qu’il voyait une version de lui-même plus jeune qu’il s’évertuait à lui faire emprunter un chemin tout à fait différent du sien. Il ne souhaitait pas voir le talent de Solveig gâché par sa rancœur et son désir de vengeance. Il ne voulait pas la voir errer dans la rage et la haine comme il l’avait pendant des décennies. Ce fut pour cela qu’il se sentit un peu froissé par le regard discrètement dubitatif de Solveig et que ses yeux asymétriques s’assombrirent légèrement. La réflexion qu’elle fit également sur Albus et lui l’intrigua. Au vu de l’intervention de Minerva quelques dizaines de minutes auparavant, il craignait que d’autres eurent vent de la relation qu’il entretenait avec son supposé geôlier. Et si O’Sadhbh avait déjà parlé ? Si Bishop avait déjà laissé courir l’information avant son départ pour son Pays de Galles natal ? Il préférait ne pas y penser, mais malgré lui, il dit :

— Nous y regarder, tous les deux, c’est-à-dire…?

Ses sourcils s’étaient légèrement froncés, quelque peu sur la défensive. Il regardait la jeune fille directement dans ses yeux sombres, mais il devait se rendre à l’évidence qu’il ne s’agissait que d’une simple analyse construite et juste. Tentant de reprendre contenance, ne voulant pas laisser filtrer la moindre information concernant Albus et lui, il dit avec un certain détachement :

— Dumbledore est effectivement un excellent Legilimens, peut-être même le meilleur. Il est également un très bon Occlumens mais il s’avère être naturellement moins doué dans cet exercice. Néanmoins, il fait quand même parti des meilleurs dans cette discipline. Quant à mon sujet, tu as effectivement, c’est un peu l’inverse par rapport à Dumbledore.

Il se redressa légèrement et croisa les bras devant lui, regardant Solveig sans rien ajouter de plus, la laissant réfléchir à la suite de sa pensée. Il ne fallut pas beaucoup de temps avant qu’elle parle à son tour de Belladone, indiquant qu’il était inoffensif et que de toute façon, elle ne comptait pas faire le mal avec les connaissances qu’il pourrait lui apporter. Gellert resta impassible face à cette déclaration, qui ne le rassura pas le moins du monde sur les intentions de Solveig qui semblait s’empêtrer dans ses justifications. Elle-même semblait consciente qu’elle s’enlisait dans des litanies qui commençaient à manquer de sens. Puis, elle tenta de revenir sur la conversation de l’Occlumancie, comme pour évincer cette discussion gênante sur la magie noire. Mais Gellert ne s’y laissa pas prendre, car même s’il usait de la même technique qu’elle lorsque les sujets de paroles commençaient à le mettre porte-à-faux, il savait également qu’elle n’était pas très efficace face à quelqu’un de têtu. Il reprit alors :

— Le Professeur Raven n’est pas inoffensif. De par ses connaissances, il est un allié – ou un adversaire – à ne pas sous-estimer. Certes, ce n’est pas le plus puissant sorcier de sa génération mais son érudition est un atout de taille. Ce n’est pas parce qu’il a choisi d’être bon et discret qu’il est inoffensif.

Il marqua une pause et la transperçait toujours du regard.

— Toi, en revanche, tu n’es ni inoffensive ni bien intentionnée. À 18 ans, tu as quand même essayé de me tuer sans hésitation. Je ne te jette pas la pierre, je le mérite. Cependant, t’enseigner ce que je sais sur le magie noire est risqué et pourrait nous attirer des ennuis à tous les deux. De plus, je ne suis pas tout à fait convaincu de ton plaidoyer : qu’est-ce qu’il me ferait dire que tu ne comptes jamais l’utiliser, hormis ta parole ?

Il marqua une pause, ne lâchant pas une seule seconde son regard, ni cillant à aucun moment. Il laissa quelques secondes de silence avant de reprendre :

— Je t’enseignerai la magie noire si tu veux mais plus tard. Nos exercices d’Occlumancie me feront rapidement comprendre si ce serait une erreur ou non.

Un sourire légèrement mauvais se dessina sur ses lèvres pâles. Il semblait que la jeune norvégienne n’ait pas tout à fait conscience de ce en quoi consistaient les cours d’Occlumancie.

— Je tenais à te dire cependant que tu ne réussiras probablement pas à fermer ton esprit du premier coup. Tu vas devoir t’attendre à ce que je le force et à ce que j’y rentre. Je préfère te prévenir avant que tu n’aies de mauvaises surprises, sommes-nous bien d’accord ?

Il baissa le menton, comme s’il regardait par-dessus des lunettes qu’il n’avait pas. À l’instar d’Albus, il voulait s’assurer que son élève ait bien compris les enjeux de ce qu’elle demandait afin d’éviter tout traumatisme évitable.
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