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Lavande Huntergrunt
Lavande Huntergrunt
Âge : 17 ans.
Sang : Née-Moldue.
Nationalité : Anglaise.
Patronus : Une hyène.
Épouvantard : Un Obscurus.
Reflet du Riséd : Elle n'y voit rien, pas même son propre reflet.
Baguette : Branche de hêtre entrelacé, sauvage et inflexible, 24 cm, ventricule de coeur de dragon.
Avatar : Felicity Jones
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Double-Compte : Anthelme de Musset
Date d'inscription : 22/07/2019

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MessageSujet: « Asylum for the Feeling × Belladone Raven  « Asylum for the Feeling × Belladone Raven Icon_minitimeLun 2 Sep - 15:20



Asylum for the Feeling

« Sauve-moi car je ne peux même pas me raccrocher à moi-même. »

Septembre 1942.

Fin du cours d’Astronomie. Il était dépassé les quelques minutes après minuit quand Lavande rangeait silencieusement ses affaires dans son sac. Tout le monde était parti en grande hâte, pressé de retrouver leurs salles communes et leurs lits chauds avant les cours du lendemain. Le bruissement des capes se dispersait dans le néant obscur des couloirs de pierres ; le silence revint pour seul berceuse. Il n’y avait pas de plus douce mélodie. Juste elle et les étoiles qui se voyaient encore dans le ciel, avides et lumineuses. La jeune sorcière laissa promener son regard sur les contours de la lune. Qu’elle était belle, maternelle, aveugle de tout jugement ; et qu’il était agréable de la regarder, d’oublier ses peines de la journée.

En l’observant, ses mains plièrent les parchemins après en avoir souffler l’encre humide – lentement, très lentement. Elle ne voulait tout simplement pas retourner là-bas. Une nouvelle année à ramper le long des murs, tel le serpent qu’elle était censée représenter. Sans jambes ni mains, sans venin ni défense, à se cacher dans les ombres pour rejoindre son lit qui, contrairement à tous les autres, n’était pas plus un refuge que le reste de l’école. Après cinq ans, elle aurait du s’y habituer… mais s’habituer au pire ne signifiait pas pour autant l’accepter. Ce fut donc avec un soupir d’abnégation que Lavande finit d’emballer ses affaires, pressé par l’enseignant qui voulait à son tour partir. Avant de descendre les escaliers, la jeune sorcière jeta un coup d’oeil aux travers des arcs d’or qui encerclaient l’imposant globe terrestre, pour regarder une dernière fois la lune gibbeuse. Enfin, elle détourna la tête et s’enfonça dans les profondeurs obscurs du château. Pour rejoindre sa salle commune, elle devait chuter depuis les sept étages jusqu’aux cachots. Un pénible trajet, long mais envoûtant. Depuis sa première année, Lavande trouvait incroyable de pouvoir observer le château comme vide de toute existence. Seuls les fantômes passaient de temps en temps, faisant parcourir ici et là un vent glacé qui faisait trembler ses épaules. Beaucoup pouvaient craindre une telle atmosphère, privé de toute vie, privé de musique et de lumière. Pour Lavande, cette désolation était synonyme de paix. Un havre consacré aux ténèbres que personne ne souhaitait franchir.

Soudainement, alors qu’elle s’apprêtait à rejoindre l’escalier de l’aile Est au détour d’un dernier couloir, fut-elle arrêtée par de longues silhouettes encapuchonnés. Ils étaient là, devant elle, leurs figures aussi surprises qu’elle de trouver autre âme dé-ambulante. Une paix depuis les ombres, c’était ce qu’elle pensait ; en cinq années, il y avait pourtant eu bien des élèves qui profitaient de ces fameuses obscurités silencieuses, parfois juste pour le plaisir de transgresser le règlement ; parfois pour des actes bien plus occultes. Il n’aurait pas été impossible de heurter quelques rituels de magie noire, commis dans des toilettes abandonnés depuis un livre volé plus tôt à la Réserve. Probable mais rarissime. Lavande sentant un bloc de glace tombant dans ses entrailles terrifiées, recula de quelques pas dans l’espoir de silencieusement les laisser passer. Mais ces silhouettes, dont les insignes avaient été arrachés de leurs capes, la regardaient de haut en bas tandis qu’un sourire vint déchirer le masque froid de leurs visages :

Hey, mais on te connaîtrait pas toi ?

Un acolyte de celui qui s’était exprimé à haute voix se rapprocha de Lavande. Celle-ci serrait très fort son sac contre elle, baissant la tête. Ah, qu’elle aurait souhaité ne faire qu’un avec l’ombre, se fondre dans les pierres ou disparaître dans l’éclat de la lune – seules choses qui éclairaient le couloir à ce moment là. L’acolyte sortit sa baguette et d’un petit lumos, éclaira la figure de la sorcière. Sans prévention ni douceur, il lui attrapa les cheveux et la tira légèrement en arrière pour la forcer à lever la tête :

Aaah oui, c’est la moldue. Enfin, excuseeez moi, la « sang-de-bourbe qui ne veut pas se servir de sa magie », c’est vrai que c’est tout de suite mieux.

Toutes les sombres capes se mirent à rire aux éclats face à une plaisanterie si amusante. Lavande détailla leurs visages, reconnaissant des élèves bien plus jeunes qu’elle. Tous n’étaient pas à Serpentard. Mais la jeune sorcière avait appris depuis longtemps que si l’on plaisait à pointer les verts argents comme les grands méchants de l’école, la haine n’avait pas la limite des couleurs et que toutes les maisons cachaient au fond d’elles son petit lot de pommes pourries par les vers. La peur pétrifiait ses os, faisant courir sur ses joues rouges d’insupportables bouffés de chaleur. Qu’allaient-ils lui faire ? Un petrificus totalus et l’abandonner à son sort dans un coin du couloir pour le restant de la nuit ? La faire danser avec un rat sur la tête tout en baragouinant du lituanien inversé ? Elle avait été la cobaye de bien des fantaisies, d’élèves peu astucieux se demandant combien de sorts on pouvait cumuler sur une seule cible. Bien évidemment, ces imbéciles s’étaient rapidement fait attrapé et punis. Mais ce n’était que des brimades d’enfants stupides, car devant elle se trouvait des yeux injectés de sang qui ne pourraient se limiter à pareils plaisanteries. Elle devait fuir. Son esprit se mit à réfléchir à toute vitesse, élaborant toutes sortes de plans. L’acolyte serra l’emprise sur ses cheveux, amusé et dépité à la fois devant sa non-réaction :

Bon, on en fait quoi maintenant ? On peut pas la laisser partir en sachant qu’elle nous a vu.
On pourrait lui jeter un sort d’Amnésie ?
Ah, pas con. Mais dans ce cas-là ce serait dommage de pas en profiter. Dis-nous, Desiderata, le sortilège qui pourrait être vraiment amusant à tester, et que personne n’a encore pu faire dans notre petit club... ?

Une petite forme devança le groupe, et s’approcha de la victime. Elle était plus petite encore que Lavande, celle-ci supposant une première ou deuxième année. Son épaisse chevelure blonde et bouclée dépassait de sa capuche, mais ses petites dents pointues la faisaient ressembler à un requin. Un frisson visqueux parcourut l’échine de la née-moldue : son regard riait.

Mmh… un petit Imperium ou un Endoloris, ou les deux.
J’ai toujours dis que le sortilège de Mort ne servait à rien de toute façon, à quoi bon !

Mais c’en était beaucoup trop. Il y avait dans leurs voix quelques choses qui assuraient à Lavande que leurs paroles n’étaient pas en l’air, et qu’une sérieuse envie de faire du mal traîner dans leur façon d’arrondir leurs voyelles. Ses genoux commencèrent à trembler de peur ; à force de réfléchir, son cerveau s’embrouilla : elle pourrait, elle pourrait… non ce n’était pas possible. Elle pourrait exploser. Son corps lui faisait cruellement mal, si bien qu’elle ne put s’empêcher de pousser un gémissement de douleur, déclenchant un rire dans l’assemblé. Si elle se laissait faire, non pas à leurs mains mais à elle-même… si elle se débarrassait de cette souffrance, juste pour une fois, juste cette fois. Non. Elle ne pouvait pas, c’était accepter de mourir. Cette certitude au fond d’elle-même lui fit reprendre son souffle. Elle ne se laisserait pas mourir. Son regard vert-d’eau pâle brûlait de rage tandis que Lavande redressa volontairement la tête pour tous les regarder.

Tout alla très vite : ses mains lâchèrent son sac, s’emparèrent de la main de l’acolyte qui tenait la baguette pour la mordre de toute ses forces : plongeant ses dents dans la chair molle, jusqu’à ce que le sang ne coule. Puis une fois que le cri s’échappa de lui-même de la bouche de l’élève, Lavande se faufila entre eux pour courir en arrière, vers la Tour d’Astronomie -le professeur y était peut-être encore. Elle tenta de s’échapper, le souffle court, quand ses jambes se lièrent et la firent s’effondrer sur le sol dix mètres plus loin. Un Locomotor Mortis bien placé qui l’empêcherait d’aller plus  loin. Étouffant un râle de colère, Lavande se mit à ramper, coinçant ses ongles entre les dalles fraîches. Malheureusement, elle fut bientôt rattrapé par le groupe et plus précisément par l’acolyte qui tenait toujours sa main ensanglantée en chouinant. Il s’approcha d’elle et pour l’empêcher de continuer, lui asséna un coup de pied dans le ventre qui l’immobilisa en souffrance. Il ne mit un deuxième avant de se faire arrêter par l’un de ces compagnons:

Bordel, y’a pas à dire des fois la violence physique des moldus ça soulage putain !

Lavande cracha ses poumons, recroquevillé sur son estomac qui lui faisait si mal. Les larmes venaient recouvrir l’écrin de ses yeux. Quelque chose dans son esprit la tirait en arrière, lui ordonnant de s’endormir, de juste… laisser faire. Mais elle s’y refusait, préférant se battre jusqu’au bout, que ce fut contre l’univers entier ou contre elle-même. Rien ne serait jamais de son côté. Naître femme n’était déjà pas facile, mais être née moldue à Serpentard, c’était une erreur ; ne pas pouvoir utiliser sa magie, c’était contre-nature. Bougeant sa carcasse avec le reste des forces fatiguées qu’il lui restait, la jeune fille se poussa sur le dos, s’assit pour récupérer sa baguette dans l’une de ses hautes chaussettes et se servit de son autre main pour reculer tout en menaçant le groupe. Elle renifla tout en begayant dans ses larmes :

Laissez-moi ! Si vous ne le faites pas, m… moi je pourrais vo...vous tuer !

Des menaces qui n’étaient pas à prendre à la légère malgré l’apparente fragilité de la née-moldue. Son corps tremblait, fiévreux, peinant à se contenir. La voix l’imposant à dormir se refaisait plus violente.

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Belladone Raven
Belladone Raven
Âge : 28 ans
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Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal
Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
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MessageSujet: Re: « Asylum for the Feeling × Belladone Raven  « Asylum for the Feeling × Belladone Raven Icon_minitimeJeu 5 Sep - 18:06



Asylum for the Feeling

« Couloirs de Poudlard »

Septembre 1942

La lune était belle ce soir.  Belladone semblait avoir oublié le temps en la contemplant, ignorant la brise vespérale qui s'engouffrait dans la toison d'encre de ses cheveux. Peu lui importait que des mèches brunes folâtrent devant ses yeux au gré de la valse capricieuse du vent. Peu lui importait que ses jolies chaussures cirées du matin se maculent de terre, en s’enfonçant dans l’herbe grasse du parc. Car plus rien ne semblait exister désormais, en dehors de cette lune blonde et pâle qui l’aspirait tout entier, lui, ses rêves et ses espoirs, et la douceur de son âme tendre avide de paix. Le jeune professeur avait le vague à l'âme, bercé de la mélancolie inquiète des esprits tranquilles qui voient leur petit monde se bouleverser. Pourtant Belladone aimait Poudlard de tout son cœur, du loch au pied duquel le château semblait dominer le monde à la plus petite des fleurs qui en parfumait les jardins. Le berceau de ses joies et de ses peines d'adolescent était ancré ici, protégé par l'écrin merveilleux des landes écossaises et des forêts giboyeuses qui en faisait un monde irréel, presque hors du temps. L'école avait abrité ses chagrins et ses déceptions, son amertume et sa résignation, mais aussi ses premières amitiés, ses curiosités insatiables et les premiers émois de son cœur trop tendre. Poudlard avait abreuvé sa soif de culture et son amour du merveilleux. Mais quelque chose tenait le jeune homme éveillé ce soir-là. Ce n'était rien encore qu'un soubresaut au fond d'un cœur trop alerte, rien d'autre qu'une ombre légère qui entachait cette âme claire de toute malice. C'était inexplicable, c'était à peine fondé. Et c'était là malgré tout, niché quelque part, tout au fond de cet océan de rêveries, utopiques et larmoyantes, que la moindre vague venait à troubler. Le sommeil ne l'avait pas accueilli au creux de ses bras tendres, ce soir-là. Et dans les méandres de ce cerveau qui tournait trop vite, il y'avait l'hostilité de ce mage noir, sa présence même en ce lieu dont il ne savait que penser, et ses doutes à lui, cette intelligence qui le rendait humble, clairvoyant envers ses propres inaptitudes qu'il savait incurables, au fond.

Un frisson parcourut l’échine de Belladone, qui, dans un geste, instinctif, resserra les pans de sa robe de sorcier sur sa poitrine. Avec un soupir, le jeune homme tira sa montre à gousset en argent de sa poche de pantalon. Il était minuit. La magie était rompue, il lui fallait rentrer. Avec un regard navré, Belladone fit ses adieux à la lune, lui tournant le dos à regret. Les couloirs de ténèbres, vides de toute âme, accueillirent sa présence solitaire et ses pas silencieux. La lueur qui jaillissait de sa baguette éclairait son parcours noir et esseulé qui le ramenait à son lit, lorsqu’un cri déchira le silence sépulcral des couloirs désertés de vie. C’était un éclat de voix goguenard, comme le soulagement sadique d’une pulsion brutale, dont Belladone ne comprit rien d’autre que le juron sur lequel il s’achevait. Le cœur du tout jeune professeur se glaça d’un pressentiment funeste, tandis qu’il se précipitait vers l’origine du cri, sa baguette pointée devant lui éclairant sa cavalcade hésitante.

Belladone s’immobilisa devant un spectacle terrible. Une étudiante semblait lutter contre quatre agresseurs, bégayante de colère, de douleur et de larmes, sa baguette pointée vers eux avec une hardiesse dans le désespoir qui forçait le respect. Et son cœur se déchira lorsqu’il reconnut la jeune fille qu’il avait réprimandée la semaine passée, pour avoir eu le tort de partager avec lui cet incurable penchant pour l’étourderie. La situation était si cruelle, et pourtant ce n’était que des enfants, dont un, à la taille de la silhouette encapuchonnée, ne devait pas dépasser les onze ou douze ans. C’était brutal à pleurer, d’être jeté ainsi dans les affres de cette violence infantile, qui pouvait se révéler la pire de toutes, parfois. Belladone en avait le cœur brisé, se refusant à admettre qu’ils agissaient en âme et conscience, mentant à son esprit trop tendre, s’inventant des leurres qui dissimulaient cette réalité que, décidément, il ne pouvait pas accepter. Ils ne savaient pas, ils étaient trop jeunes. Mais même enfant, même adolescent, jamais le jeune homme n’avait ressenti le moindre désir de faire du mal. Et la réalité était là, et il fallait bien l’affronter, aussi violente soit-elle pour cet incorrigible rêveur qui aurait aimé ne voir que de la beauté partout. Certains enfants étaient méchants, et ils faisaient du mal, envers et contre toute morale, bafouant cette belle utopie qui se faisait Belladone du monde et des gens.

Alors la colère survint au fond du cœur déchiré de Belladone. Car la scène bouleversait son âme trop jolie, qui croyait en la pureté des jeunes gens, à leurs bons sentiments et à leur aptitude aux émois candides qui s’exemptaient des avanies que l’âge adulte apportait sur son sillage. Et cela le rendait si malheureux, de contempler de si petites silhouettes abriter un tel sadisme, qu’il prit son courage à deux mains, bien décidé à user de son autorité nouvelle que son poste lui conférait pour servir la cause de ce bien auquel il aurait aimé vouer sa vie.

- Que se passe-t-il ici ? Vous, baissez votre baguette !

Belladone s’adressait à l’agresseur de la jeune Lavande, s’étant rapproché, sans même hausser le son de sa voix. Le petit groupe eut un sursaut de désagréable surprise en le reconnaissant, tandis qu’il sentait le regard embué de larmes de la jeune fille se poser sur lui. L’interpellé obéit d’un air furieux, et le couloir ne fut plus éclairé que par la baguette du professeur, qui en pointait la lueur vers les assaillants. Il n’en reconnaissait aucun. Leurs visages étaient à demi-dissimulés sous leurs capuches, et les insignes avaient été arrachées de leurs robes réglementaires. Belladone n’était pas le plus courageux des hommes, loin s’en faut. Pourtant il ne put retenir un tressaillement de colère devant tant de lâcheté. Aussi ce fut d’une voix dont il tâchait de réprimer les tremblements d’indignation qu’il poursuivit cette affirmation d’autorité trop rare, que la colère et l’injustice avaient amorcée :

- Enlevez vos capuches. Pourquoi vos insignes sont-elles arrachées ? Et donnez-moi votre nom et votre maison.

Le bruit des larmes de la jeune Lavande répondit, seul, aux exhortations de Belladone. Le petit groupe semblait furieux et pétrifié, pas de la colère peu inquiétante de ce Professeur trop tendre, mais de l’autorité qu’il représentait, et des ennuis qu’ils risquaient désormais à l’avoir comme témoin des atrocités qu’ils s’apprêtaient sans doute à commettre. Le jeune homme frissonna. Des enfants, en pleine nuit, encapuchonnés, s’en prenant à une élève seule qui gisait en larmes sur l’asphalte glacée du couloir. Un élan d’indignation lui fit de nouveau ouvrir la bouche :

- Préférez-vous que je vous reconnaisse demain, au petit déjeuner, aux lueurs du jour de la Grande Salle ? Je suis certain que Monsieur Dippet vous trouvera une punition bien plus sévère que toutes les miennes réunies. Vos capuches, vos noms et vos maisons. Dépêchez-vous, je vous prie.

La plus petite silhouette fut la première à obéir. Des boucles blondes et angéliques encadraient ce visage poupin qui, pourtant, le fusillait d’un terrible regard d’adulte, un regard plein d’une haine viscérale et d’un sombre désir de vengeance de l’humiliation qu’elle subissait ce soir. De ses lèvres déformées par une rage froide, ne s’extirpèrent que ces deux mots, glacials et à peine murmurés :

- Rosier, Serpentard.

Belladone frissonna. Rosier, bien sûr. Sans doute était-ce la fille de la terrible Vinda Rosier, la sombre acolyte de l’hostile Gellert Grindelwald, lors de son ère glorieuse, alors qu’il haranguait les foules, ébahies et conquises à son message pernicieux à la violence savamment dissimulée. Il n’était guère étonnant que sa la descendance Rosier, sans doute abreuvée dès le berceau de ces idéologies nébuleuses, en vienne aujourd’hui à ces extrémités terrifiantes. Le professeur parut réfléchir un instant, puis lâcha sa sentence, qu’il voulait ferme malgré tout, devant l’extrême gravité de la situation :

- Et bien, Mademoiselle Rosier, vous expliquerez demain matin à vos camarades de la maison Serpentard pourquoi 50 points ont été ôtés à leur sablier au cours de la nuit. Vous aurez également deux heures de retenue, et je tâcherai d’écrire à vos parents, afin de les avertir que vous passez vos soirées dissimulée sous un uniforme arraché pour martyriser une étudiante seule.

Un rictus plein de rage déforma le visage de l’enfant, tandis que Belladone se tournait vers les autres, qui n’eurent d’autre choix que d’imiter leur cadette. La réprimande fut la même pour tous, et lorsque l’agresseur, qui avait une main ensanglantée, tâcha de charger les frêles épaules de la jeune Lavande recroquevillée à terre, c’en fut trop pour Belladone, qui désirait simplement en finir au plus vite avec ces élèves exécrables qui n’assumaient même pas la cruauté de leurs actes ;

- Sans doute, cette jeune fille toute seule, en uniforme réglementaire et son sac de cours à l’épaule, est venue provoquer quatre élèves innocents aux insignes arrachées et aux capuches baissées sur leurs yeux qui rôdaient en pleine nuit dans les couloirs. Allez donc à l’infirmerie pour votre main, et regagnez vos dortoirs immédiatement.

Belladone tourna le dos aux agresseurs, qui ne l’intéressaient plus. C’est d’un air catastrophé qu’il se précipita aux côtés de la jeune fille qui semblait étouffer de larmes et de douleur, et il s’agenouilla un peu trop vite à sa hauteur, posant sur l’asphalte sa baguette qui restait l’unique source de lumière du couloir déserté.

- Oh…Mademoiselle Huntergrunt, allez-vous bien ? Souffrez-vous ? Vous ont-ils fait du mal ?

Et il cherchait à la relever, mais il s’y prenait mal. Ses gestes, toujours mesurés, étaient rendus plus prudents encore par les douleurs éventuelles dont pouvait souffrir la jeune fille qui gisait sur les pavés de pierre froide. Et Belladone sentait son cœur se déchirer de nouveau devant ce visage éploré, défait par la souffrance et surtout la frayeur qu’elle devait avoir eu. Il se souvenait de ce regard d’émeraude délavé, défait par la peine, qu’elle lui avait lancé lorsqu’il lui avait infligé cette punition stupide. Et elle le regardait encore aujourd’hui, mais ses yeux pleins de larmes déchiraient l’âme du jeune professeur qui aurait voulu bien faire, mais qui ne savait guère par où commencer. Alors il se saisit doucement de ses poignets, tâchant de l’aider à se relever de cette asphalte glacée par la nuit.

- Allons, venez avec moi, je vous emmène à l’infirmerie. Pouvez-vous marcher ?

Tout en la soutenant de l’étreinte prudente avec laquelle il enserrait ses avant-bras, Belladone jeta à son élève un regard qui se voulait rassurant, alors que lui-même et sa tendresse exacerbée, était presque aussi bouleversé que cette pauvre jeune fille qui avait été la victime de cette agression gratuite, qui, sans son intervention, aurait bien pu finir bien plus mal.
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Lavande Huntergrunt
Lavande Huntergrunt
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MessageSujet: Re: « Asylum for the Feeling × Belladone Raven  « Asylum for the Feeling × Belladone Raven Icon_minitimeMar 17 Sep - 12:31



Asylum for the Feeling

« Sauve-moi car je ne peux même pas me raccrocher à moi-même. »

Septembre 1942.

La nuit peut protéger toute sorte de choses : les promenades méditatives dans le parc à l’herbe humide, les amours secrets profitant de la seule lumière de la lune pour trouver leurs chemins jusqu’aux lèvres, les révisions à la concentration apaisés par l’épais silence du château… et les sombres desseins, orchestrés par des individus aux esprits malveillants, ne cherchant qu’une victime pour se soustraire à leurs frustrations délurés. Ce n’était que des enfants, certes ; des adolescents et des idiots. Mais c’était souvent à ces âges les plus malléables que l’on trouvait une majorité d’esprit tordu, complètement déconnectés de la réalité et qui hurlent d’envie aux émotions les plus fortes et les plus terribles. Lavande en avait un parfait échantillon devant elle, auquel elle devait échapper coûte que coûte, avant d’en subir les conséquences. Son ventre la faisait horriblement souffrir, à l’habituelle douleur s’étant mêlée les restes du tabassage en règle. Un goût de bile dans la bouche, mêlé aux sels de ses larmes qu’elle retenait de toutes ses forces. Sa baguette tremblait entre ses mains, d’une rage suintant de l’effroi. Lavande ressentait une profonde haine, une colère si pénible et intense contre ce qu’incarnait ces monstres aux allures d’ange.
N’importe qui aurait pu se défendre, mais pas elle.

Les voilà approchant, lentement, très lentement, vers sa silhouette entravée par le sortilège qui liait ses jambes. Lavande se servait encore de sa main libre pour se traîner en arrière, cherchant à retarder le moment où il lui faudrait tenter quelque chose. Cet instant où elle libérerait sa magie… peut-être qu’elle les tuerait, et que ce sera elle qu’on accusera… peut-être fallait-il s’endormir, juste s’évanouir… et laisser les choses faire jusqu’à ce qu’elle se réveille – si elle se réveille un jour. Ses yeux ronds et globuleux de rage les observaient se rapprocher ; sa baguette visant chacun de leurs cœurs à la suite.

« Expelliarmus ! »

Son épée s’échappa de ses doigts, glissant comme s’il fut fait de plume, s’envolant loin derrière elle. « Ça va être plus difficile pour toi de faire quoique ce soit comme ça hein ! » Lavande suivit sa chute du regard, trébuchant sur les dalles et roulant en arc de cercle jusqu’à se cogner contre le mur. Elle ne valait déjà pas grand-chose avec sa baguette, mais sans… son sang pulsa dans ses veines aux rythmes des battements accélérés de son coeur. Leurs visages, toujours plus près, jusqu’à l’observer avec de grands sourires. Ce n’était pas des figures d’enfants. Ces yeux pétillants n’avaient rien d’ignorant. Ils savaient ce qu’ils faisaient et étaient prêt à le faire bien. « Bon, on ne va pas la traîner jusqu’à notre coin secret, j’ai la flemme, un sort la fera bien léviter jusqu’à là-bas. A toi l’honneur ! » Des voix autour d’elle qu’elle n’entendait presque plus, pétrifié par la peur et le grondement de son sang dans ses oreilles et dans sa tête. La macération dans sa poitrine prenait plus de place, lui coupant le souffle dans sa gorge. Elle serra les poings, se cassant les ongles en griffant la dalle. Ne pas hurler ; ne pas s’évanouir. Ils ne s’en sortiraient pas vivants. Cette haine, toujours plus forte : cette impuissance pourrissant l’intérieur de son corps. Comme la goutte d’eau qui faisait déborder le vase, cette intime sensation d’être coincée dans l’obscurité. « Wingardium Levio... »

Prête à sentir son corps mordre les airs, pour de bon défaite par ce qu’on appelait de vrais sorciers faisant de la vraie magie, Lavande ferma les yeux et voulut s’abandonner finalement aux ténèbres qui l’appelaient continuellement depuis les tréfonds incompréhensibles de son propre corps… sa tête heurta le sol...
enfin, une voix arrêta le sortilège.

Cette voix qu’elle eut peur de reconnaître. Elle entrebâilla son pâle regard, aperçu les démoniaques figures s’éclipser de son champ de vision. Le pas de son sauveur se fit plus proche, et petit à petit le poids dans son corps devenait plus léger. Libérée, autant de ses tortionnaires que de cette intense douleur dans la poitrine, elle éclata en sanglot. Allongée sur les dalles, Lavande épuisée sentit les larmes cavaler en cascade jusqu’à tomber dans ses cheveux et dans ses oreilles. Cela faisait tant de bien. Pouvoir évacuer ce soulagement indescriptible, d’avoir survécu à pire encore que la mort. L’ombre dans sa poitrine s’éloigna lentement, à mesure que ses profondes respirations se calquaient aux mots du professeur. Cela ne pouvait être qu’un signe, la jeune fille reconnaissait ce ton – quand bien même était-il déformé par l’indignation et la colère. Elle entendit l’enseignant récupérer les noms de chacun des élèves qui l’avaient agressé. Se faisant, Lavande put reconnaître ceux de sa propre maison. La force lui manquait pour se redresser et faire face à la scène ; elle ne voulait pas non plus se montrer si mal en point devant le professeur Raven. Si heureuse qu’il ait eu l’occasion de la sauver mais si honteuse d’être en une telle position de faiblesse, simple élève incapable de se protéger elle-même et maîtrisée.

Néanmoins, Lavande se redressa sur un coude lorsqu’elle entendit la punition qu’il avait finit de soumettre. De vulgaires points en moins, des heures de retenus et une lettre à des parents qui ne seront certainement que trop fiers des actes de leurs enfants ? Elle se mordit les lèvres et abaissa la tête vers le sol, se retenant de crier à l’injustice contre son sauveur. Avait-elle son mot à dire ? Elle était la victime et n’avait pas l’œil objectif d’un enseignant dont le métier était de saisir pédagogiquement les erreurs de ses élèves. Les larmes qui avaient fini par se tarir revinrent dans le coin de ses cils. Ses mains tentèrent de cacher l’expression de sa douleur quand le Professeur Raven se tourna enfin vers elle. Il en avait fini de congédier les coupables, mais ce silence qui suivit laisser planer leurs souvenirs. Lavande se frotta le visage pour essayer d’en retirer les traces rouges de ses larmes ; quelque chose n’allait pas. Ce n’était pas assez. Il s’agenouilla à ses côtés, et l’intense lumière de sa baguette les englobait dans une bulle d’une intimité à l’atmosphère étrange et onirique. Le coeur de Lavande battait d’émotions contradictoires. Cette ambiance gonflait son coeur d’un romantisme doux et rêveur, tandis qu’une autre partie d’elle voulait encore crier. Le professeur, de ses yeux inquiets, lui demandait si tout allait bien, si elle n’avait pas été blessé. Lavande ne pouvait se permettre de croiser son regard, pas avec la colère qui enlaidissait les siens. Elle ne put pourtant s’empêcher de siffler entre ses dents :

Si seulement… peut-être que vous les auriez davantage punis… si vous aviez su… vous n’avez pas entendu… ce qu’ils voulaient me faire subir.

Toute l’admiration qu’elle ressentait pour ce professeur si tendre et si doux, se muait en un silencieux reproche. Mais aussitôt ses paroles insouciantes avaient quitté sa bouche qu’elle les regretta aussitôt. Lui qui n’aurait pas fait de mal à une mouche venait, sans le savoir, de faire face à une dangereuse équipe de mages noirs amateurs. Il lui avait sauvé la vie – peut-être même bien plus qu’ils ne l’auraient tout deux espérés. Elle réduisait son courage à néant dans ces quelques paroles, parce qu’elle ne pouvait pas mettre son désir de vengeance de côté ; qui grandissait, grandissait… Lavande s’en voulut tellement qu’elle murmura entre ses doigts :

Oh… pardonnez-moi… je ne voulais pas dire ça je… je suis tellement désolée…

Son coeur secouait toujours son corps de tremblements inopportuns, mélange des séquelles de l’agression et la présence si proche de son coup de coeur d’adolescente. Mais il récupéra ses poignets entre ses douces paumes et tenta de la remettre sur ses pieds. La jeune fille tenta de basculer ses genoux sur les dalles, se remettant péniblement sur pieds. Ses jambes toujours contrôlés par le maléfice la faisaient ressembler à une sirène atrophiée, hors de l’eau. Ce ne fut qu’à ce moment, debout devant lui et maintenue par ses bras, qu’elle s’autorisa à regarder dans ses yeux noirs. La baguette, encore sur le sol, les éclairait d’une lueur pâle et diffuse, où l’ombre cassante dessinait les nuances des visages. Aussi Lavande laissa ses yeux parcourir ces traits amicaux ; l’obscurité rendait la profondeur de son iris d’ébène plus sombre encore, hypnotisant. « Pouvez-vous marcher ? » La née-moldue en oublia jusqu’au maléfice, ses genoux plièrent et son corps s’effondra sur le pauvre professeur. Elle se retint de justesse à ses épaules pour ne pas s’effondrer. De la peau de ses joues jusqu’à son cou, la jeune fille rougit. D’aussi près, la joue contre son torse, elle pouvait sentir l’odeur de l’air nocturne, de l’herbe et du bois.

Je… je suis confuse… je… j’aurai du vous prévenir… ils m’ont lancé un maléfice, le locomotor mortis…

Allaient-ils finir le chemin vers l’infirmerie à cloche-pied, elle se retenant à ses épaules d’un bras… ainsi du septième étage où ils se trouvaient jusqu’au premier ? Bien que Lavande n’était pas contre l’idée, un autre souvenir lui vint en mémoire. Le professeur Raven venait tout juste d’y envoyer celui qu’elle avait mordu, celui qui l’avait roué de coups au sol. N’essayerait-il pas de finir le travail ? Ou de lui faire subir un maléfice pire encore, humiliant dans le simple but de se venger en attendant de la capturer une autre fois ? Ce qui était sûre, c’est qu’elle n’était pas prête à flâner à nouveau après les cours d’Astronomie. Mais s’il lui était insupportable d’avouer sa détresse… l’instinct en fit autrement :

Professeur… je souhaiterai éviter l’infirmerie ce soir. Celui que j’ai mordu, c’est celui qui m’a lancé ce sort et qui…

Lavande se refusait à terminer sa phrase. Elle ne tomberait pas dans la description vulgaire de son agression. Mais sa petite voix était incapable d’empêcher sa détresse de poindre. Elle le suppliait intérieurement de trouver une solution et de ne pas l’abandonner. L’enfant qu’elle était souhaitait s’abandonner entièrement à ses décisions; à ce visage d'une tendresse envers elle que son coeur n'avait encore que trop peu connu.

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Belladone Raven
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Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
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MessageSujet: Re: « Asylum for the Feeling × Belladone Raven  « Asylum for the Feeling × Belladone Raven Icon_minitimeLun 23 Sep - 12:31



Asylum for the Feeling

« Couloirs de Poudlard »

Septembre 1942
Lavande savait que la voix de Belladone lui apportait la salvation. Elle y décelait sans nul doute les frémissements de colère qui perçaient le silence lugubre de ces crimes que les cieux d'encre enfouissaient sous leur sépulcre. Elle savait que le clinquement de ces chaussures fraîchement cirées qui se précipitaient sur l'asphalte de pierre sonnait le glas de ses tourments, tout comme elle savait que la lueur qui jaillissait de la baguette de sorbier équivalait au mince rayon de soleil au beau milieu d'un jour de pluie, apportant la délivrance et l'espoir de par ce halo mordoré qui chassait les ténèbres. L'émeraude embuée des prunelles de l'étudiante croisèrent le regard d'encre bouleversé de Belladone, avec une perplexité hagarde, comme pour s'assurer que son esprit ne lui jouait pas un tour cruel, comme pour se persuader que son supplice était bien fini. Et devant ces yeux tendres, amis et bienveillants, la jeune fille baissa vite les siens sur le dalles de pierre, sur lesquelles son corps tourmenté gisait, et éclata en sanglots terribles, bruyants et incontrôlables. Touché en plein cœur par ce retour à l'enfance et à ses crises nerveuses de pleurs qui saisissaient parfois encore les jeunes gens et les adultes qui avaient à surmonter une peine terrible, Belladone se hâta d'expédier les malfaiteurs, l'âme toute entière à l'empathie pour le chagrin de cette pauvre jeune fille. Comme elle avait dû avoir peur ! Et comme le jeune Professeur avait mal, de voir une telle angoisse secouer les membres du jeune corps qui s'était recroquevillé à même la terre, sous l'effroi des sévices à venir !

Belladone tomba presque à genoux devant la silhouette qui ne semblait pas avoir été suppliciée, mais qui était toujours agitée de ces soubresauts dus à la peur terrible que les bourreaux lui avaient infligée. La baguette du jeune homme était tombée à ses pieds, dans un tintement sinistre qui faisait écho aux larmes de Lavande qui, enfin, se tarissaient. Et elle ne le regardait toujours pas, cherchant à essuyer du revers de la main les sillons creusés par ses pleurs avant de lever le visage vers son sauveur qui ignorait de quelles affres de tourments il venait de l'extirper. Et le cœur de Belladone se serra lorsque la voix tremblante des larmes trop versées s'éleva, rendue aiguë par le reproche latent et la colère sourde qui y pointaient. Comme elle le trouvait injuste ! Comme il la prenait en plein cœur, cette indignation offensée envers cette sanction dont elle réprouvait ouvertement la légèreté ! Comment pouvait-il punir des enfants avec plus de sévérité ?  Qu'aurait-il dû faire de plus, lui, le Professeur trop tendre, dont la rudesse de cette sanction lui avait déjà coûté ? C'est blessé et penaud, beaucoup plus que fâché par l'affront que l'étudiante faisait à son autorité de Professeur, qu'il répliqua d'une voix basse, atterrée par le poignant sentiment d'injustice qui avait percé au fond de celle de Lavande :

- Oh Mademoiselle, je ne pouvais guère leur infliger une sanction plus rude. Ils ne sont encore que des enfants et il est de mon devoir de les punir en tant que tel. Je...Si vous le voulez bien, lorsque vous serez remise de vos émotions, vous me raconterez plus en détails les menaces qui vous ont été faites, et, en fonction de leur gravité, je pourrais en référer à Monsieur Dippet, qui a le pouvoir de prendre d'éventuelles mesures plus sévères.

Qu'est-ce que ces enfants encapuchonnés avaient l'intention de faire subir à la pauvre Lavande dont les mains recouvraient le visage bouleversé ? Belladone n'en savait rien. Un frisson lui parcourut l’échine. Ce devait être des menaces terribles, pour qu'elles aient mis cette élève si calme et toujours d'une politesse exemplaire dans un tel état de nerfs. Pourtant elle semblait déjà regretter l’amertume de ce reproche qu’elle s’était permis d’adresser au jeune Professeur, dans toute l’indignation de sa colère et de sa terreur, et à peine ses lèvres tremblantes s’étaient-elles closes sur le silence de la nuit qu’elle demandait pardon pour l’affront qu’elle venait de faire à la faible autorité de Belladone, ses mains dissimulant toujours son visage bouleversé. Elle faisait tant de peine au jeune homme, qu’il prenait soudain conscience d’à quel point cela l’indifférait, de perdre à ses yeux la prétendue prestance dont il avait cru pouvoir se glorifier en lui infligeant cette punition stupide en plein cours, et qui ne lui avait laissé qu’un goût amer au fond de la gorge. Tâchant de se racheter de ce qu’il considérait comme une inconduite et une muflerie envers cette jeune fille qui avait accepté avec une docilité peinée l’humiliation stupide qu’il lui avait fait subir devant ses camarades de classe, Belladone tâcha de la rassurer d’une voix douce :

- Allons, ce n’est rien, vous devez avoir eu très peur, n’en parlons plus.

Il y’avait toujours cette prudence infinie dans ses gestes, alors qu’il tâchait de se saisir des frêles poignets pour remettre la pauvre jeune fille debout. Et elle obéissait docilement à l’aide muette que le Professeur lui apportait, se remit péniblement debout, tandis qu’il ne la lâchait toujours pas, et qu’enfin elle plongeait l’émeraude délavée de son regard dans l’encre bienveillante du sien, dont l’océan sombre s’agitait encore des vagues bouleversées de l’agression terrible dont il venait d’être témoin. La lueur de la baguette que Belladone, dans son trouble, avait laissé choir sur l’asphalte, auréolait les deux visages défaits par le choc d’une lueur pâle. Le jeune homme tenta d’offrir un sourire qui se voulait rassurant à l’étudiante qui ne semblait tenir debout que grâce à l’étau délicat et bienveillant de ses mains qui enserraient toujours ses poignets blancs. Belladone les sentait, ces prunelles d’émeraude agitées qui détaillaient son visage dissimulé sous l’ombre de la nuit, que la faible lueur de la baguette au sol ne suffisait pas à éclairer complètement. Ses joues rosirent légèrement devant ce regard agité par l’horreur que la jeune fille venait de subir, et soudain il remerciait l’étourderie qui lui avait fait oublier sa baguette au sol, masquant la timidité excessive qui le faisait rougir sous la fine barbe noire qui lui mangeait les joues. Et tandis qu’il s’apprêtait à accompagner l’étudiante agressée à l’infirmerie, voilà qu’elle s’effondrait, semblant ne plus tenir sur ses jambes qui vacillaient, se rattrapant de justesse aux épaules du Professeur auxquelles elle s’accrochait, éperdue par le déséquilibre qui assaillait sa frêle silhouette et dont il ne parvenait pas encore à identifier la mystérieuse cause.

Ce fut elle qui la lui expliqua, le nez presque niché dans le creux de la chemise de Belladone qui rougissait de plus belle devant cette proximité accidentelle qui avait sauvé la jeune fille d’une nouvelle chute sur les pavés du couloir glacés par la nuit. Ses jambes clouées entre elles par le maléfice du bloque-jambes, qui la réduisait à l’immobilité et lui interdisaient la station debout ou la fuite face à ses bourreaux. Dans la pénombre sépulcrale du château endormi, le jeune homme n’avait rien vu. Ses sourcils se froncèrent, dans un regain de colère qui assaillait soudain son cœur trop tendre, devant l’indignité de ce guet-apens dont la jeune fille avait été la victime, ne pouvant s’empêcher de murmurer à voix basse, contre ceux pour qui il se devait de faire figure d’autorité :

- Quelle lâcheté…

Son regard désolé se posa sur la jeune fille, toujours prisonnière du maléfice qui l’empêchait de se tenir debout, autrement qu’affalée sur Belladone qui semblait réfléchir à toute vitesse au moyen le plus rapide de lui accorder la délivrance. La baguette de sorbier luisait, inaccessible, sur le sol de pierre, et le Professeur ne pouvait guère lâcher l’étudiante sans la voir s’effondrer de nouveau. Plantant ses yeux plein d’une bienveillante empathie dans le trouble du regard de Lavande, Belladone lui fit part des consignes du seul plan piteux qu’il était parvenu à éluder, pour l’extirper de la fâcheuse posture dans laquelle elle se trouvait :

- Bien, vous allez rester accrochée, tandis que je vais tâcher de m’accroupir pour récupérer ma baguette. Je pourrais ainsi vous sortir de cette désagréable posture.

Ce disant, Belladone pliait les genoux doucement, avec beaucoup de prudence, s’assurant l’emprise des petites mains frêles sur ses épaules ne faiblissait pas, et, dans cette position pitoyable et ridicule, il étira son bras vers le sol, parvenant péniblement à récupérer sa baguette du bout des doigts. Enfin le jeune Raven se redressa, les joues rougies par l’effort et l’inconvenance de la situation, pointant sa baguette qui restait l’unique source de lumière vers les pieds de la jeune fille et balbutiant, quelque peu essoufflé :

- Fi…Finite.

La lueur qui s’échappait du bois répondit seule à son incantation, semblant narguer l’échec du sortilège qu’il venait de bredouiller. Un juron se serait échappé des lèvres de Belladone qui rougissait de plus belle, s’il n’avait pour habitude de ne jamais se laisser aller à l’injure. S’il n’était pas le plus puissant des sorciers, un sortilège tel que l’antisort restait néanmoins à sa portée, d’ordinaire. Le jeune homme s’éclaircit la gorge, tâchant de rassembler ses esprits ainsi que sa concentration perturbée par la situation dramatique qui venait à peine de s’achever :

- Je…Je vous demande pardon, je suis un peu distrait.

La lueur de la baguette éclaira de nouveau les souliers vernis et les chaussettes grises qui faisaient de l’uniforme féminin, et sa voix ne bredouillait plus, et son esprit était tout entier à son incantation, lorsqu’il prononça de nouveau :

- Finite.

Les jambes se délièrent cette fois-ci sous le sortilège correctement formulé, non sans avoir vacillé un instant. Belladone attendit un instant avant de la lâcher, puis s’écarta prudemment, la laissant respirer et reprendre contenance à son rythme, restant toutefois à proximité au cas où la jeune fille, de par la violence du choc ou une quelconque blessure, en venait de nouveau à s’effondrer. Lavande parla de nouveau. Elle refusait l’infirmerie, d’une petite voix implorante, craignant les représailles de son agresseur, que Belladone avait envoyé là-bas. Le Professeur réfléchit un instant, brisé d’empathie envers la détresse palpable de l’étudiante, cette supplication dans la voix qui l’enjoignait à ne pas lui infliger ce danger, et de lui trouver une autre solution. Pris de pitié, conscient d’être l’adulte décisionnaire ici, de celui qui se devait de prendre les choses en main dans l’intérêt de l’étudiante, Belladone lui soumit la proposition qui avait fusé dans son esprit qui tournait toujours trop vite :

- Je comprends très bien votre refus. Néanmoins il ne serait guère prudent de vous laisser regagner votre dortoir dans cet état. Si vous voulez bien me suivre jusqu’à mon bureau, vous boirez une tasse de thé et mangerez quelque chose. Il doit me rester un peu de Philtre Calmant si vous en ressentez le besoin. Lorsque vous serez remise de vos émotions, je vous raccompagnerai à votre dortoir. Est-ce que cela vous convient ?

Belladone jeta un regard inquiet vers la jeune fille, attendant l’approbation de ce qu’il jugeait être la situation la moins mauvaise, se refusant catégoriquement à la laisser rejoindre les cachots dans un tel état de nerfs, l’étudiante se trouvant fatalement sous sa responsabilité, ce soir.

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Lavande Huntergrunt
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MessageSujet: Re: « Asylum for the Feeling × Belladone Raven  « Asylum for the Feeling × Belladone Raven Icon_minitimeLun 14 Oct - 10:45



Asylum for the Feeling

« Sauve-moi car je ne peux même pas me raccrocher à moi-même. »

Septembre 1942.

Ce silence, cet abominable silence agonisant les maintenant sur l'échafaud de l'ignorance. Ils se regardaient tout deux, incapable de communiquer plus loin que les premières phrases d'usage. Comment Lavande aurait-elle pu craquer, dévoiler en quelques secondes toutes les émotions qui l'avaient submergé, cette impression de sombrer dans les ténèbres et de tout simplement : mourir. Elle était bien trop fière pour ça, encore trop pleine de son sang de serpent pour avouer sa détresse, étaler devant le professeur ses délires de victime. Si seulement elle avait pu se défendre, peut-être l'aurait-il renié pour cela, mais au moins aurait-elle eu une quelconque valeur de puissance à ses yeux. Mais la née-moldue n'était que faiblesse. L'injustice coulait pourtant en ses veines en hurlant vengeance, chaque agression s'écoulant une petite perle de plus dans son cœur fatigué. Elle n'en pouvait plus d'être la princesse que l'on sauve, la chose bizarre dans un coin du château, l'ombre des vieilles pierres – bientôt elle ferait autant parti du décor que les fantômes. Néanmoins, voici que le professeur, avec une insupportable douceur, soulignait avec justesse que ce n'était que des enfants et qui les avait puni en conséquence de son ignorance et de leur jeunesse. Qu'elle devait en dire plus pour que cela soit remonté au directeur. Lavande se mordit les lèvres ; avouer ?

Elle baissa les yeux, mis au pied du mur de sa propre impuissance. La tendresse du professeur, toute pédagogique et de sucre enrobée, la rendait plus amère encore. Il semblait si innocent et si bête, à péniblement s'excuser et à mettre les formes les plus rondes pour apaiser sa peine. Mais le délit avait été si grave et la blessure si profonde que la jeune sorcière ne pouvait pardonner. Il lui murmurait que ce n'était rien, qu'elle avait seulement dû avoir peur... tandis qu'à l'intérieur d'elle bouillonnait tant de rage et d'émotion que son visage était pétrifié d'incompréhension. Tant de colère, tant de peine ; jusqu'à la déception de voir l'homme qu'elle s'était érigée en intérêt amoureux essayer de vainement balayer son traumatisme sous le tapis. Non, il ne savait pas, il est arrivé trop tard, il faut le lui dire, il faut parler... les mots tournaient dans sa tête. Elle préféra ne rien dire, se laissant porter par ses délicates mains, le dévorant du regard. Tout revenait à la même musique : il était aussi mentalement doux que physiquement. Cela apaisait petit à petit ses violents esprits, changeant les battements de son cœur paniqué pour un battement tout aussi chaud, mais porté par l'intolérable proximité entre leurs deux âmes. Lavande ne pensait pas une seule seconde que c'était mal d'avoir ce genre d'élan pour un professeur, sachant pertinemment que c'était chose voué à l'échec. Mais ces pensées la rendaient plus douces, et ses malheurs s'en voyaient depuis quelques jours apaisées. Ainsi, à la lueur de la baguette, elle fouillait dans le visage du Professeur Raven quelque chose à garder dans ses souvenirs, quand elle sombra dans ses bras. Obligée de dévoiler une partie des sévices infligés par les mages amateurs, la née-moldue ne put s'empêcher de ressentir une étrange exaltation en entendant l'indignation de l'enseignant.

Puis le plan advient : elle devait resté accroché à lui quoiqu'il en coûte pour qu'il descende récupérer sa baguette et ensuite lui venir en aide. La logique lui échappa quelque peu. Pourquoi rester accroché à lui, alors qu'il pouvait tout simplement la rasseoir correctement et s'occuper après de ses jambes ? Bien évidemment, l'adolescente ne crachait pas sur ce contact permanent ; mais son esprit chauffait au fer blanc. Il ne voulait pas la lâcher, trouvant de faux prétexte afin d'être en contact avec elle ? Avait-il quelque chose à cacher, une réaction honteuse dont il ne voulait faire part ? Cela ne pouvait être qu'un intérêt. Les pensées de Lavande fusèrent à toute allure dans son cerveau prolifique à créer fantasmes et jugement hâtifs sur les sentiments des autres. Elle suivit le moindre de ses mouvements, savourant presque de manière spirituelle ce miroir de leurs corps qui accomplissaient le même acte, comme s'ils n'étaient qu'une tête. On rappelle : l'extrapolation adolescente est présente, forte et impétueuse.

Une fois revenu à la normale, aussi normale que pouvait être cette situation, le professeur prononça un «  finite ». Le sort ne produisit aucune réaction, juste le souffle insignifiant et silencieux d'une lueur ingrate au bout de la baguette. Lavande connaissait ce genre d'échec, elle en vivait continuellement quasiment tous les jours depuis au moins cinq ans. L'enseignant étouffa un juron entre ses dents, certainement peu habitué à une telle défaite. La née-moldue ne pouvait s'imaginer une seule seconde que celui qui faisait à présent entièrement partie de ses fantasmes puisse ne pas réussir à lancer correctement un sort considéré comme « simple ». Il s'excusa par ailleurs, confortant Lavande dans cette idée. Il était simplement troublé, et bien évidemment, le cœur de l'adolescente battait à tout rompre à cette simple idée – qu'il puisse être troublé par la situation tandis elle était en bouillante exaltation. Était-ce des relents d'un certain sadisme, ou de manipulation émotionnelle de la part de la jeune Serpentard ? Elle n'y réfléchissait pas, elle savourait l'instant – regrettant presque le moment où, à la deuxième incantation, il réussit à lui délier les jambes. Lavande se remit sur ses pieds, retrouvant petit à petit l'équilibre et s'arrachant péniblement à l'étreinte du Professeur Raven. C'était à regret qu'elle ne sentait plus sa chaleur réconfortante, mais elle se tint droite. Une douleur intense pointa le bout de son nez, dans le creux de son ventre ; elle y porta la main et se pencha légèrement. Les séquelles des coups de pieds étaient encore présentes, nuls doutes qu'elle porterait des bleus marbrés sur le corps pendant encore longtemps. Le Professeur se pencha vers elle et lui répondit qu'il comprenait bien son refus... mais qu'elle n'était pas encore apte à retourner à son dortoir et qu'il lui faudrait un passage dans son bureau afin de prendre un thé, peut-être même un filtre calmant pour arranger les choses avant qu'elle puisse retourner dans son nid de vipères. Lavande en perdit le souffle.

Son bureau ? Les choses allaient tellement vite, son esprit était déjà embrumé des élans passionnés qui firent rougir sa figure entière. Elle était sous sa coupole, sous le joug de ses décisions pleines de sagesses et de douceur. Lavande hocha timidement la tête, acceptant de ce fait l'offre. Ils attendirent pendant quelques secondes, aucun ne semblant vouloir faire le premier pas vers l'inéluctable intimité que cela impliquait. Ce n'était qu'à manger et à boire, rien de bien folichon. Finalement, ils emboîtèrent le pas et descendirent lentement les premières marches des premiers étages. C'était bien la moitié du château qu'il fallait parcourir pour arriver à son bureau, et ces quelques instants se firent dans un silence gêné ; la langue de Lavande lui brûlait la gorge, désirant par-dessus tout entamer la conversation mais incapable de prononcer le moindre mot ni la moindre idée intelligible. Elle était simplement capable de le fixer, s'abreuvant de son image comme si elle n'allait jamais le revoir. Elle pouvait faire peur. Alors essayait-elle de ne pas trop le regarder, baladant son regard sur les murs mais la tentation était toujours trop forte d'admirer sa démarche soignée, ses beaux vêtements repassés et sa stature impeccable. Sa présence avait fini d'arracher toute colère de ses yeux, il n'y avait plus qu'une faim insatiable de mots interdits et d'émotions suspectes. Mais elle était encore si timide, la mine si basse et le regard si fuyant à chaque fois qu'il tournait la tête vers elle, que la née-moldue passait encore pour une douce victime infantile. Lorsque les marches étaient trop hautes et la faisait souffrir, il était encore là pour l'aider.

Le moment fatidique approchait, l'instant où elle devait entrer dans son bureau. Pour l'instant, ils se tenaient tout juste dans la salle de classe de défenses contre les forces du mal. De nuit, et encore plus en cette compagnie, l'endroit revêtait un côté puissamment solennel que Lavande respirait à pleine gorgée. Durant cette marche, des questions s'étaient imposés à elle ; de terrifiantes questions, la ramenant sans cesse à l'agression qu'elle venait de subir. Le Professeur avançait entre les tables, l'air de rien, soucieux d'offrir à sa protégée des denrées pouvant la sustenter. Mais Lavande resta en retrait, caressant les bureaux d'une main inquiète ; elle vivait pour le moment un rêve, mais que se passerait-il s'ils revenaient à la charge, comment pouvait-elle se défendre ? Avait-elle une chance de survivre. Les yeux dans le vague, elle murmura, assez fort pour être porté par le vide de la salle :

… comment survit-on à un Endoloris... ?

Ne voulant dire clairement les menaces dont elle avait fait l'objet, l'adolescente avait jeté ces mots dans le lointain comme si la conversation tournait toujours de la cuisine. Sa voix était pourtant grave et pleine de sens. Peut-être avait-elle aussi peur de se retrouver seule à seule dans le bureau de son fantasme. Quoiqu'il en fut, la question se devait d'être posée. Dans le silence qui suivit cette question, Lavande s'avançait vers l'enseignant, celui-ci se trouvant déjà sur l'escalier conduisant à son bureau, la surplombant de sa mélancolique aura.

… est-ce que l'on échappe au traumatisme si l'on est subit ensuite le sort d'Oubliettes…? Ou est-on toujours poursuivi par le noir ?

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MessageSujet: Re: « Asylum for the Feeling × Belladone Raven  « Asylum for the Feeling × Belladone Raven Icon_minitimeMar 5 Nov - 14:04



Asylum for the Feeling

« Couloirs de Poudlard »

Septembre 1942
Pour une raison qui échappait totalement à l’esprit bouleversé de Belladone, la jeune élève semblait fâchée contre lui. Elle ne disait rien pourtant, mais ce silence était peut-être bien plus accusateur que la réprobation lancinante qui s’était échappée des lèvres de l’étudiante, rendues acerbes par la frayeur terrible qui troublait encore l’émeraude ternie de son regard. Elle le dévisageait et elle semblait le trouver très bête, lui et ses exhortations indignées, ses réprimandes trop légères et ses théories candides selon lesquelles le jeune âge de ces enfants les exemptait d’une cruauté que, pourtant, ils venaient de prouver. N’avait-il donc rien lu dans le regard terrible de la benjamine, cette fille Rosier à l’ascendance entâchée de complicité avec le mage noir le plus puissant du siècle ? N’avait-il pas vu le rictus sadique qui avait déformé ses lèvres pâles, cette rage sourde, déjà trop bien contenue, qui avait déformé pour quelques secondes ces traits juvéniles, qui promettaient de devenir le véritable et beaucoup trop beau portrait de sa mère, dont le visage avait hanté les journaux, à l’arrestation de Grindelwald ? Sans doute Lavande avait-elle raison. Belladone n’était qu’un idiot, lui et l’universalité de son amour, lui et son cœur trop grand, et lui et son âme trop douce d’enfant qui se refuse à grandir. Elle était là cette réalité qu’il ne voulait pas voir, personnifiée en cette enfant que l’on s’apprêtait à supplicier. On avait arraché ses mains tendres de ses yeux lâches, et soudain la vérité s’étalait là, et le reproche de son ignorance et de cette candeur couarde se lisait dans le silence des traits de l’agneau qui avait manqué d’être immolée sur l’autel d’une cruauté infantile qu’il s’était toujours refusé à accepter.

Son regard était aussi acéré que la langue de l’emblème de sa maison, et Belladone semblait brûler sous le reproche mutique de ces yeux terrifiants d’effroi et de cette injustice dont il pouvait ressentir la colère, tant elle écumait du frêle corps recroquevillé sur la pierre froide. Et les poignets blancs étaient glacés entre ses paumes chaudes, tandis qu’il la remettait debout, et qu’elle le fixait toujours, le visage presque contre le sien, et que l’obscurité bienheureuse dissimulait les pommettes de Belladone, rougissantes de cette proximité malvenue et du malaise inspiré par ce regard dévorant qui exacerbait son sentiment de culpabilité. Et tandis qu’elle s’accrochait à son cou, et qu’il rougissait de plus belle, à la sentir ainsi vaciller contre lui, le jeune Professeur, qui avait brillé par sa culture et son érudition, ne trouva à échafauder que ce plan ridicule, qui rendait leur posture déjà déplacée plus inconvenante encore. Pourtant la jeune élève s’y plia sans rien dire, ses yeux fixant toujours Belladone de cette docilité glaciale, accusatrice, au même titre que si elle l’avait ouvertement pointé du doigt. Et cela rassurait quelque peu le sorcier malhabile qu’il était, de se persuader que c’était un peu à cause de ces yeux là qu’il s’était ridiculement humilié à l’échec premier de l’exécution d’un sortilège si aisé que celui de l’Antisort général. Il le savait pourtant, tout au fond de lui, qu’il était tout simplement mauvais, et que c’était injuste et puéril, de tâcher de faire découler son incapacité magique du regard de la jeune fille, troublé par la frayeur folle et la rage mutique que lui avaient insufflé l’odieuse attaque qu’elle venait d’essuyer. Et lorsqu’enfin il délivra la jeune fille du sortilège qui entravait ses jambes, et que l’inconvenance de l’étreinte maladroite fut brisée, la jeune fille, d’instinct, porta la main à son ventre, et Belladone comprit qu’il n’avait rien vu, et que les larmes avaient coulé sous la douleur des coups, invisibles à ses yeux tendres, dont elle avait dû être rouée. Et comme il avait de la peine à supporter ce regard terrible, ce témoin atroce d’une horreur qu’il n’avait qu’entraperçue, cette douleur immense qui embrumait l’émeraude de ces prunelles juvéniles et semblaient l’accuser de n’avoir rien vu, de n’être que l’ignorant bienheureux du drame terrible dont elle venait d’être la victime.

Et il tâchait de faire de son mieux pourtant, mais elle ne disait toujours rien, cette pauvre jeune fille à l’innocence sacrifiée sur l’autel de ces schémas idiots que l’on inculquait à ces enfants, de la prétendue corrélation entre la pureté du sang et la capacité magique qui s’effondrait devant la simple existence de Belladone, sorcier malhabile et faible, pourtant benjamin d’une des plus anciennes familles de sorciers. Et le tout jeune Professeur n’osait même plus évoquer l’éventualité de l’infirmerie à son élève, malgré l’inquiétude qu’il s’appliquait à dissimuler devant les douleurs abdominales évidentes de la jeune fille. Car il ne voulait guère exacerber ce courroux mutique, au fond duquel il semblait percevoir une once de mépris pour sa bonté et sa candeur immenses, que beaucoup assimilaient à de la faiblesse. Et c’en était doute, car Belladone était bel et bien faible de cœur et d’esprit, lorsqu’il se refusait à admettre que la noirceur de certains enfants était irrémédiable et ne méritait aucune excuse. Il était faible lorsqu’il expliquait la légèreté de ses semonces, là où il percevait au fond de lui bien pire qu’une simple querelle d’étudiants. Il était bel et bien lâche enfin, lorsqu’il se persuadait qu’il n’y avait eu qu’une peur immense et justifiée qui avait soulevé l’âme juvénile de la jeune Lavande, alors que ses yeux brillaient d’une colère immense et d’une soif de justice, si étincelantes qu’elles en perçaient les ténèbres sépulcrales, à peine éclairées de la faible lueur de la baguette du Professeur. Alors, dans les tréfonds de cette faiblesse réconfortée par l’assentiment mutique de l’étudiante, Belladone réprima un soupir de soulagement et tourna les talons, sa baguette pointée droit devant lui éclairant leur chemin tâtonnant vers son bureau ;

- Bien, alors allons y. Et n’hésitez pas à me dire si vous voulez vous arrêter, ou si vous avez besoin d’un quelconque soutien.


Belladone laissait la jeune fille marcher près de lui, prenant garde à ne pas aggraver le malaise de l’étudiante par une proximité inconvenante, mais tâchant malgré tout de rester suffisamment proche en cas de besoin. Car elle ne semblait pas vraiment remise de ses émotions, dévorant le Professeur du regard éthéré et perdu de celle qui ne paraissait pas réellement fixée à cette réalité qu’elle foulait pourtant de ses petits pas incertains. Et il avait été bien avisé d’agir de la sorte, sans doute pour la première fois de la nuit, car à certaines marches trop hautes à peines éclairées, à certains tapis trop épais qui butaient contre les frêles chevilles encore tremblotantes d’émoi, il n’avait eu qu’à glisser sous bras sous le coude glacé de l’étudiante, dans le soutien discret et pudique qu’il s’évertuait à lui offrir sans un mot, dans cette cavalcade nocturne qui devait sembler une traversée du désert à la jeune fille. Le trousseau de clés tintait encore au creux de la main de Belladone, lorsque la porte s’ouvrit sur la salle de classe, sombre et silencieuse, au fond de laquelle se trouvait la porte dérobée menant à son bureau. Mais la jeune Lavande ne se hâtait pas, semblant s’égarer dans la contemplation éperdue de ces bureaux vides, qu’elle n’avait sans doute connu que pleins de vie, de lueur et du chahut de ses comparses.

Une fois encore, la candeur de Belladone l’avait bien éloigné de la dure réalité, à laquelle la petite voix d’outre-tombe de Lavande le ramena brutalement, lui et son esprit lunaire bien trop avide de ces escapades utopiques qui l’arrachaient à ces vérités trop brutales. La question lui glaça le sang. Etait-il possible que ce lynchage affreux duquel il avait in extremis sauvé la jeune fille soit allé aussi loin ? L’atrocité d’une telle menace avait-elle réellement pu s’extirper de lèvres aussi jeunes ? Belladone déglutit. Sans nul doute. Il n’y avait pas de hasard malencontreux, face à cette question, sinistre, que l’étudiante lui posait l’air de rien. Si le Professeur ne voyait pas son visage, il le sentait au timbre terriblement neutre de sa voix qui ne tremblait plus, qu’elle cherchait une réponse au sort qu’elle avait été à deux doigts de subir, et il était si partagé entre le désir de la réconforter et l’horreur de cette situation qui se déroulaient entre ces murs qu’il avait toujours cru infaillible et hermétique au moindre mal, que c’est après avoir dégluti une nouvelle fois qu’il tâcha de répondre à la jeune élève bouleversée :

- Pourquoi avoir ce genre de terribles pensées, Mademoiselle Huntergrunt ? Ne me dites pas que ces élèves vous ont menacé d’une telle chose ? Il s’agit là d’un sortilège impardonnable et le seul fait d’en proférer la menace peut avoir de graves conséquences…Pour répondre à votre question, on ne meurt que rarement d’un Endoloris. Les rares cas enregistrés à avoir succombé à ce maléfice l’avaient subi de manière répétée, même si vous devez bien imaginer que peu en sortent sans traumatisme.

A peine avait-il parachevé sa tirade que Belladone regretta ses mots. Et il se serait frappé le front devant sa propre stupidité, tant il prenait conscience de la rudesse de ses explications, devant cette fille si jeune qui venait de subir un tel choc. Et lorsque l’étudiante continua de s’enfoncer dans les méandres de ses réflexions sinistres, tandis qu’elle n’avançait plus, le Professeur s’essaya à plus de délicatesse, et descendit les quelques marches de pierre qu’il avait déjà gravi, avant de se saisir délicatement d’un des bras de la petite silhouette sombre qui restait obstinément plantée dans la salle de classe vide.

- Ce ne sont pas des questions avec lesquelles vous devez vous torturer l’esprit. Vous avez bien assez subi pour ce soir. Venez donc avec moi, vous serez bien mieux assise dans une pièce éclairée, après avoir bu et mangé quelque chose. Ensuite, seulement, nous parlerons de ce que vous voudrez, vous avez ma parole.

Et c’était le plus délicatement possible qu’il entraînait dans son sillage la jeune fille de la pression légère qu’il exerçait sur son bras, lui faisant précautionneusement gravir les petites marches de pierre escarpée qui menaient à son bureau qu’il ouvrit d’un geste maladroit. D’un geste de sa baguette, la lumière éclaira la petite pièce proprette, tandis qu’un faible feu crépitait doucement dans l’âtre, apportant le réconfort de sa chaleur et de sa lueur pâle, aux reflets mordorés. Et il ne consentit à lâcher le bras toujours obstinément glacé que lorsque la jeune Lavande fut assise sur la chaise qu’il avait tirée pour elle à cet effet, et qui faisait face à son bureau.

- Prendrez-vous du lait ?

Belladone tournait le dos à l’étudiante, s’affairant à disposer sur la table deux petits saladiers en argent dans lesquels il avaient déversé une partie de ses réserves de patacitrouilles et de chocogrenouilles, tandis que la bouilloire sifflait et qu’il déversait le contenu bouillant au fond de la théière de porcelaine qu’il déposa sur la table, accompagnée du sucrier, du pot à lait et des tasses assortis. Et tandis qu’il s’évertuait à servir la pauvre jeune fille encore sous le choc, il lui glissa doucement la tasse fumante entre ses mains blanches et glacées, avant de se saisir de la sienne et de baisser les yeux, ne voulant guère accroître le malaise en la fixant, lui laissant seulement l’opportunité de s’épancher comme elle le voulait.

- Allons, mangez, et buvez tant que c’est chaud. Vous me parlerez de ce que vous voudrez après.

Et ce disant, pour la mettre à l’aise, mais aussi parce que cette mésaventure l’avait bouleversé lui aussi, il se saisit d’une patacitrouille qu’il déchira entre ses doigts avant d’en glisser un morceau entre ses lèvres qui s’étiraient en un sourire qu’il voulait bienveillant, et qui s’ourlèrent du sucre de la friandise qui sembla, instantanément, lui redonner quelque courage.
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Lavande Huntergrunt
Lavande Huntergrunt
Âge : 17 ans.
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MessageSujet: Re: « Asylum for the Feeling × Belladone Raven  « Asylum for the Feeling × Belladone Raven Icon_minitimeMer 4 Déc - 23:04



Asylum for the Feeling

« Sauve-moi car je ne peux même pas me raccrocher à moi-même. »

Septembre 1942.

Les pénétrantes ténèbres de Poudlard rendaient hommage à l’écho de chacun de leurs pas. La progression de tous ses étages, aux corridors aussi longs que des marches à en descendre jusqu’aux enfers, tout se fit dans ce silence parcimonieux, gêné, éreinté par une longue journée de travail et épuisé par les nerfs de ce qui venait de se produire. Tout du long, Lavande n’avait guère prononcé la moindre parole, toute tiraillée par la soif inconsidérée de bonheur à l’idée d’avoir été sauvé par le professeur de ses pensées et toute pleine de rage et de honte envers la cruelle impuissance dont elle avait été victime – ça et le manque de réaction de la part de ce même professeur. Tous ces sentiments contradictoires grandissaient en elle, se battant en duel tandis qu’elle reprenait un souffle profond, se délectant de pouvoir le regarder sans gêne au fond de la demi-pénombre, souhaitant tout bonnement profiter de cette instant qu’elle savait unique. Et comme elle savait qu’il était unique, elle s’en voulait également de ne pas en profiter, de ne pas parler durant tout le trajet, mettant en avant quelque chose d’elle qui lui donnerait envie d’échanger une conversation digne de ce nom – et pas juste un stupide rapport d’un adulte envers une gosse. Mais le fait d’avoir été secouru par lui n’arrangeait en rien la situation, bien au contraire : elle ne se sentait pas légitime.

Ce ne fut qu’à cet seconde, dans cette salle de classe aux pierres glacées, qu’elle s’était sentie le courage de poser une simple question ; accepter par ce fait ce lien tacite d’un élève à son professeur. Une question qui lui tordait les boyaux par sa simple possibilité. Mais l’atmosphère de la pièce, ces squelettes de créatures extraordinaires aux os blanchis par le temps les dominant de toute leur splendeur, le bois des bureaux dont elle caressait lentement les nervures pour s’occuper les mains, les miroirs dont elle esquivait les regards et son souffle chaud qui sortait en volute blanche de ses lèvres entre-baillées et craquelées, tout ceci rendait à la scène une couleur irréelle, pâle et fantomatique, comme si elle sortait d’un rêve. Peut-être était-ce tout cela, couplé à une romantique anxiété et à la fatigue, qui lui avait donné le courage de parler. Après tout, s’il y avait une personne dans cet école à pouvoir au mieux répondre à sa question, ce n’était autre que le professeur de défense contre les forces du mal. C’était à lui qu’elle devait s’épancher, pour comprendre les sortilèges qui lui permettraient de se défendre de ces monstres au masque d’enfant. Bien évidemment, elle n’oubliait pas que la théorie n’était pas tout, et qu’il lui restait de nombreux efforts à pourvoir avant d’apprendre à se défendre correctement. Mais cette question… elle tenait à savoir ce que son incompétence lui faisait perdre, et jusqu’où risquait-elle sa vie, au sein même de Poudlard. Savoir si elle était destinée à tomber plus bas que terre, plus bas encore que le fond inconnu du Lac Noir, s’ils creuseraient sa tombe avant qu’elle ne le fasse elle-même en sortant diplômé de l’école.

Son regard pâle et poisseux comme un marécage en hiver, ne se fixait sur aucun point, se vidant dans le vague instable des ombres qui les entouraient. La première réponse du professeur Raven lui donnait envie de rire nerveusement en haussant les épaules ; pourquoi ne voulait-il toujours pas croire que ces élèves étaient capables, par simple curiosité – et tant qu’à faire, par jeu cruel envers une née-moldue – de tester des sortilèges qu’on leur interdisait, des sortilèges « impardonnables ». Rien que le terme suffisait à exciter plus d’un esprit pervers et malintentionné. Il chercha à la rassurer en révélant que seuls ceux l’ayant subi plusieurs fois d’affilés pouvaient en mourir. Lavande eut un rire aigre ; voilà donc qu’elle n’aurait pas eu la chance de mourir mais bien de souffrir indéfiniment… et sans le savoir. Le professeur Raven sembla regretter ses paroles et sans doute la réaction acerbe de l’étudiante n’y était pas pour rien. Lui qui avait déjà commencé à grimper les marches vers son bureau, le surplombant de son œil inquiet, se remit à descendre pour se rapprocher d’elle. Lavande retint sa respiration quand il saisit l’un de ses bras pour la ramener dans le monde des vivants. Tout son corps s’électrisa de ce simple contact qui fit agréablement rougir ses joues et fit s’envoler ses premiers soucis, se laissant conduire très sagement jusqu’au bureau. Il ne lui lâcha pas le bras une seule seconde, montant les marches à ses côtés comme s’il craignait qu’elle ne s’enfuit comme un animal sauvage blessé en panique.

Mais la jeune sorcière le suivit sans discuter, dans la promesse que sa question sincère et essentielle puis avoir une réponse. La promesse de boire et manger en sa compagnie, comme une petite collation de minuit, la rendait intérieurement si mièvre d’émotions qu’elle était de toute façon incapable de le contredire. Sa gorge déglutissait à mesure qu’elle montait les marches, le voyant lui ouvrir la porte comme un véritable gentleman. Elle n’avait d’ailleurs jamais vraiment fait attention à la manière dont il s’habillait, mais là encore, il la surprenait par la qualité et le maintien de sa noble allure, presque princière. Dans son uniforme rapiécée, Lavande se sentit plus misérable et pourtant plus brûlante encore pour lui. L’enseignant la fit entrer dans le bureau à l’ambiance si chaleureuse et intime, le feu grouillant ses lumières plus sûrement que dans le creux des pensées de l’élève. La petite lumière qu’il offrit par un simple geste du poignet ne gâchait rien à l’effet, absorbant toute son attention. Il lui tira une chaise en seulement là, lui lâcha le bras. Son coeur battait à tout rompre, sa poigne s’arrachant à elle comme une lame se retirant d’une blessure ; elle se sentait toute chose et ne pouvait que sourire, le regard encore troublé et à la limite d’une intense tempête et d’un horizon paisible. Posée comme un sac sur sa chaise, avachie par son dos qu’elle finissait par courber naturellement pour passer inaperçue, Lavande hocha timidement la tête quand il lui proposa du lait.

L’étudiante profita qu’il eut le dos tourner pour jeter un rapide coup d’oeil à l’endroit ; un lieu extrêmement cosy qu’il avait réussi à entièrement personnalisé à sa convenance. Elle était déjà venu dans ce bureau pour faire deux ou trois retenues, quand l’ancien professeur avait trop la flemme de la surveiller dans la salle de cours. Mais ce dernier n’avait aucun sens de l’hospitalité et son bureau ressemblait, à l’époque, davantage à une prison qu’autre chose. Tandis qu’à présent, l’endroit lui donnait de idées de chaleur et de convivialité, d’un lieu où il faisait bon se blottir durant les froides nuits d’hiver, d’une pièce qui lui rappelait la salle commune des Gryffondors lorsqu’une fois, sa meilleure amie avait convaincu la Grosse Dame de la laisser entrer quelques minutes. Elle fut interrompue dans son observation par la chaleur d’une tasse bouillante entre ses mains, qu’elle posa aussitôt sur la table tout en reprenant son observation sur le professeur et la table qui les séparait. Elle profita de ce moment pour y mettre du sucre et se saisir d’une patacitrouille (dont elle raffolait bien plus que les chocogrenouilles, ayant une profonde crainte de tomber sur une grenouille vivante, elle qui n’avait pas beaucoup d’argent pour ce genre de futilité). Ses doigts passèrent près de ceux du professeur Raven. Plutôt que de s’en goinfrer comme une morfale, elle préféra la prendre du bout de ses doigts et la grignoter tranquillement du bout des lèvres, enduisant à son tour celle-ci du sucre. Jetant un coup d’oeil à l’enseignant, Lavande remarqua aussitôt son sourire et ne put s’empêcher d’y répondre aussi amoureusement possible, comme une étincelle dans son visage jusqu’ici morne et fixe. Elle se sentait bien, ressentant quelque chose au plus profond d’elle que la petite sorcière n’avait jamais éprouvé. Une sensation de bien-être profond, d’un confort doux et délicieux l’enveloppant. Elle regrettait de devoir mettre un terme à ce bonheur par les mots qu’elle allait employer… mais il le fallait. Son petit minois se baissa sur sa tasse, son visage s’imprégnant de la bonne odeur de la fumée :

Je ne pourrais jamais assez vous remercier… pour tout ça, votre secours, votre gentillesse, tout ça…

Maintenant qu’ils n’étaient que tous les deux dans un endroit à l’atmosphère aussi intime, toute sa verve lui échappait, luisante de joie. Continuer de se plaindre alors qu’il prenait si bien soin d’elle lui semblait faire preuve d’ingratitude. Ses doigts se resserrèrent sur sa tasse, prenant une profonde respiration. Si tout lui semblait idyllique juste maintenant, il lui fallait se souvenir que bientôt, elle devra retourner au dortoir des Serpentard… confronter les quelques uns de sa maison auxquels elle venait d’échapper. Cette pensée lui retourna l’estomac et elle ne put terminer sa confiserie, qu’elle reposa sur le bord de l’assiette soutenant sa tasse. Dans sa tête, la jeune fille songea : « j’aimerai rester ici pour toujours », et ce n’était pas quelque chose qu’elle pouvait dire à haute voix ; même si ce n’était qu’innocent. Car quoiqu’il en soit, elle se sentait protéger ici – peut-être était-ce par la présence du professeur qu’elle songeait forcément plus compétent qu’elle, car Lavande avait compris que ce n’était pas la puissance qui faisait le sorcier, mais bien son contrôle. Aussi se sentait-elle suffisamment en confiance pour reprendre calmement sa respiration et murmurer doucement entre ses dents de lapin :

Non, vous ne comprenez pas… si vous n’étiez pas intervenu… je les aurais tué.

Instinctivement, elle releva la tête et plongea ses vastes yeux délavés dans les siens. Aux reflets verdâtres se mêlaient des éclats d’argent, tranchant comme une lame de rasoir. Car la seule chose qu’elle pouvait offrir à autrui, c’était bien cette tempête qui grondait au fond d’elle, se cachant dans la profondeur de ses yeux silencieux qui hurlaient pourtant plus fort que sa petite voix. Son regard qui hurlait, sans savoir si c’était de colère, de haine, ou de désespoir. Oui, tout ce qu’elle pouvait offrir, c’était la peur et le dégoût qu’elle inspirait à autrui, raison pour laquelle tout le monde s’acharnait à la détruire petit à petit – autant que l’école le permettait. Mais sa voix était sincère, aussi le professeur ne pouvait – et n’avait pas intérêt – à remettre en question sa prémonition. Aussi, Lavande prit une gorgée de thé pour soigner sa gorge éreintée, qui peinait à mettre trois mots les uns derrière les autres sous la panique extatique de l’instant. Puis elle posa ses mains à plat sur la table et voulut poursuivre :

Je… je ne veux pas que vous pensiez que je suis faible. Que je ne me suis pas défendue parce que je ne le pouvais pas. Je ne suis pas une victime, siffla-t-elle entre ses lèvres.

Son coeur battait à tout rompre, les larmes aux bords des yeux sous l’intensité de toutes les émotions qui la traversaient sans vouloir s’arrêter un instant et prendre l’égide de son esprit. L’idée que, par dessus tout, Belladone Raven puisse la prendre en pitié était la dernière chose que son coeur serait capable de supporter. Elle savait qu’à l’instant précis où tous ses espoirs s’effondreraient, sa pitié serait la dernière blessure qui l’achèverait. Mais devait-elle lui avouer qu’elle n’était pas capable de contrôler sa puissance ? Cela serait une nouvelle fois se rabaissée. Lavande reprit sa respiration et une gorgée de thé  :

Je souhaiterai donc… réellement connaître la réponse à cette question, Professeur… s’ils me… enfin, si quelqu’un… oh et puis… s’ils me rattrapent, teste l’Endoloris sur moi, et qu’ils décident de m’Oublietter juste après. Qu’est-ce que je risque, à part passer un mauvais moment dont je n’aurai plus souvenance… ?

Sa dernière phrase fut prononcée avec tellement de rancoeur et de sarcasme qu’elle toussota pour faire fuir cette voix de sa bouche. Dans sa voix, on pouvait comprendre que ce n’était pas la première fois qu’elle se faisait martyriser ; de par la faiblesse de sa terreur. Lavande ne semblait éprouver aucun effroi à ce qu’elle venait de dire… jusqu’à ce que ses pensées ne se mettent à divaguer, l’atmosphère érotique de la pièce aidant ; une crainte insoupçonnée vint se graver dans son cerveau, quelque chose de plus horrible encore que la torture par magie. La sixième année porta les mains à ses tempes et murmura très vite, comme si elle ne se parlait qu’à elle :

Je sais pour le moment que ça ne m’est jamais arrivé, parce que c’était la première fois que l’on me menaçait de ça, mais… si à partir d’aujourd’hui, je me réveillais le matin sans savoir où je suis et comment je suis arrivée là ? Et si je ne remarquais rien du tout...

©️ plumyts 2016
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Belladone Raven
Belladone Raven
Âge : 28 ans
Sang : Sang-Pur
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Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal
Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
Baguette : 25 centimètres, bois de sorbier et crin de licorne
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MessageSujet: Re: « Asylum for the Feeling × Belladone Raven  « Asylum for the Feeling × Belladone Raven Icon_minitimeVen 20 Déc - 15:58



Asylum for the Feeling

« Couloirs de Poudlard »

Septembre 1942
La brume doucêatre qui s’échappait des tasses de porcelaine voilait le doux visage de l’étudiante, encore tuméfié par les sillons de larmes qui s’étaient échappées de ses grands yeux d’une émeraude dont la pureté aurait été ternie par les outrages du temps. D’un œil timoré, pudique, Belladone la regardait sans rien dire, le spectre de l’infâmie de l’agression récente pâlissant la sincérité chaleureuse de son sourire. Elle représentait beaucoup et si peu, cette tasse emplie du breuvage fumant qu’il lui offrait de toute la largesse de son cœur impuissant à soulager les maux véritables qui torturaient l’âme de l’étudiante. Beaucoup parce que sa fragilité maladroite lui exprimait là l’indéfectible soutien qu’il vouait à la victime d’une si odieuse agression, si peu parce que son thé à la cannelle et ses friandises ne changeraient rien au quotidien infernal de cette pauvre enfant qui subissait là le châtiment expiatoire de l’affront qu’elle semblait avoir fait à ces familles au Sang-Pur, d’être née sorcière d’une union de Moldus. Pourtant Belladone ne pouvait guère les nier, ces réminiscences obscures et un peu floues de repas de famille appesanties par ces théories nébuleuses qui s’extirpaient de la bouche pincée et tordue d’une vieille tante chaque fois qu’elle abusait de whisky Pur-Feu ; et chaque famille au Sang-Pur, même la plus intentionnée, avait à porter le sceau honteux de ces ignominies archaïques, qu’une ou deux brebis galeuses de la tribu se complaisaient à étaler aux yeux du monde sorcier.

La honte était le mot juste. Parce que Belladone peinait à soutenir le regard encore dévasté par l’injustice et la douleur subie par une âme si jeune, et déjà si aguerrie à des tourments qu’elle n’aurait jamais dû avoir à imaginer. Songer aux discours nauséabonds d’un membre de sa propre famille, face à cette si frêle victime coutumière de ces odieuses théories suffit à le faire rougir de nouveau, baissant le nez vers sa tasse tandis qu’il glissait sans réel plaisir entre ses lèvres le reste de sa confiserie. Pourtant son sourire s’attendrissait, malgré la légère nausée qui affluait à sa gorge, face à toute la laideur de ces bourreaux qui tuaient dans l’œuf les espoirs d’enfants qui ne demandaient qu’à vivre. Parce que la jeune Lavande semblait forte, parce qu’elle se remettait doucement, grignotant avec parcimonie une friandise dont il ne subsistait rien d’autre chez Belladone que des doigts collants et des lèvres ourlées de sucre. Et surtout parce qu’elle lui rendait son sourire, avec une douceur exquise dont la candeur juvénile le touchait en plein cœur, parce qu’il sentait à quel point elle était reconnaissante, et parce qu’il savait qu’il n’avait pourtant rien fait pour mériter une telle gratitude. Et lorsque les yeux de la jeune fille, de la couleur emblématique de sa maison, se baissèrent sur sa tasse, dans une imitation de la posture embarrassée de son Professeur, ce fut pour exprimer par des mots ce qu’il avait ressenti dans ce sourire tendre, remerciement mutique à la maigre salvation qu’il s’était fait un devoir de lui apporter.

- Oh ce n’était rien, enfin…C’était bien le minimum que je puisse faire…En fait, je n’ai pas fait grand-chose, mais comme je vous l’ai promis, je pourrais en parler au Professeur Dippet demain, et lui souligner la violence de l’agression, mais si seulement si vous en exprimez le besoin.

Belladone rougit légèrement, touché et honteux par cette gratitude imméritée qui, peut-être, l’aurait rendu fier, si la salvation de la jeune fille avait été assurée après son intervention. Mais le sombre pressentiment de n’avoir fait que retarder l’échéance du supplice de cette brebis sacrifiée lui agitait les entrailles de soubresauts terribles. Il lui semblait qu’il cajolait là l’agneau immaculé, exempt de vices, pour mieux le jeter en pâture aux bourreaux qui attendaient toutes griffes dehors de pouvoir l’immoler sur l’autel de leurs doctrines nauséabondes. Car en quoi l’imminence de son intervention serait-elle fondamentale pour le futur de la scolarité de la jeune Lavande ? Que se passerait-il pour cette frêle étudiante pointée comme paria par tous ces doigts juvéniles et acerbes, une fois que son corps fébrile aurait franchi le seuil de l’alcôve douillette, pour retrouver les draps glacés des cachots hostiles, au cœur duquel son sommeil troublé, jamais, ne serait serein, au beau milieu de camarades ennemis qui lui voulaient du mal. Et cela brisait le cœur trop tendre de Belladone, d’admettre enfin que Poudlard n’était pas seulement l’écrin verdoyant de quiétude familière qui avait bercé ses jeunes années, mais pouvait se révéler aussi, pour de plus malchanceux, la funeste prison de dangers omniprésents. Et l’idée de la renvoyer au creux de ces cachots humides, au beau milieu de ses comparses reptiliens le répugnait tant qu’il lui prenait des envies de lui offrir sa chambre pour la nuit, et de lui-même se recroqueviller dans le fauteuil de son bureau au coin du feu, blotti dans son plaid préféré et bienheureux à l’idée que grâce à lui, la jeune fille dormait du sommeil du juste entre des draps blancs. Mais même la candeur exacerbée du tout jeune Professeur se résignait devant l’inconvenance d’une telle offre, aussi Belladone ravala-t-il l’indécence d’une telle invitation, tandis que les l’émeraude délavée des prunelles de Lavande plongeaient dans l’encre des siennes, avec une brusquerie si impromptue que, pour la troisième fois de la soirée, ses pommettes rosirent d’embarras. Pourtant cette tiédeur inconvenante disparut en un battement de cils, et ses joues pâlirent soudain sous sa barbe brune, parce que la jeune fille avait un discours glaçant, et parce qu’en sondant les tréfonds de ses prunelles marécageuses, Belladone sentait à quel point elle était sérieuse. Pouvait-ce être vrai ? La toute jeune fille qui sirotait à petites gorgées son thé à la cannelle et qui grignotait du bout des lèvres ses confiseries avait-elle réellement été à deux doigts de commettre l’irréparable ? Un imperceptible frisson parcourut l’échine de Belladone, qui peinait à soutenir le pénétrant regard de celle qui avouait l’imminence de meurtres que son arrivée impromptue, à lui, avait évité de justesse. Parce qu’il la sentait agiter ses entrailles, et son âme trop tendre, la véracité de ces dires qui ternissait un peu plus encore l’émeraude de ces yeux juvéniles qui avaient déjà trop vu, et parce que l’étudiante semblait déjà avoir assimilé ce qu’il tentait encore de réfuter, dans une pathétique réplique qui se voulait presque suppliante :

- Allons, ne dites pas cela, je vous en prie…

Ô combien il aurait aimé qu’elle lui dise que ce n’était pas vrai, que ce cri du cœur n’avait été que l’extrapolation éclatante de la rage terrible et légitime qu’elle vouait à ses bourreaux, qu’elle ne le pensait pas une seconde, qu’elle réfute, enfin, que l’escapade nocturne du fragile Professeur avait empêché de justesse la douce jeune fille qui lui faisait docilement face de s’affubler de l’irréparable masque de criminel, qui l’aurait poursuivi sa vie durant. Mais non. La révélation même de l’imminence de son acte semblait avoir durci ses traits et ses réactions, parce qu’elle avala une gorgée de thé, son tendre sourire disparu, cherchant sans doute à se donner contenance, pour parachever ses confidences nocturnes, à l’oreille candide du tout jeune Professeur.

- Je n’ai jamais pensé une telle chose, vous pouvez vous rassurer.

Il s’agissait là d’un mensonge éhonté. S’il croyait à la véracité de ses dires, ayant puisé la sincérité de son aveu dans les affres délavées de ses prunelles d’un vert sombre, il avait bel et bien cru sauver un agneau fragile des griffes de cruels prédateurs, lorsqu’il l’avait découverte gisant sur l’asphalte froide des couloirs de pierre gelée, son visage juvénile baigné d’intarissables larmes. Comment aurait-il pu croire l’inverse, quand son arrivée semblait avoir apporté la salvation de la frêle jeune fille encerclée, sur le point d’être immolée par la dureté implacable de bourreaux à l’âme terrible, exempte de la moindre compassion qui débordait de l’esprit fébrile de Belladone, qui irradiait de toute cette empathie qui semblait déplaire à la jeune fille, refusant d’être ainsi prise en pitié. Et si d’ordinaire le mensonge lui répugnait, il lui semblait là un mal nécessaire, s’en persuadant un peu par lâcheté d’avouer à l’étudiante que l’orgueil de s’être conduit en chevalier servant lui avait réellement traversé l’esprit, mais surtout devant ces yeux d’émeraude trouble qui menaçaient de nouveau de laisser couler les larmes qui affluaient à ses cils bruns. Elle était têtue et obstinée, cette jeune fille, et elle mettait les nerfs trop tendres de Belladone à fleur de peau, en le soumettant à ses raisonnement machiavéliques, sordides presque, lui qui se refusait à imaginer le petit visage tendre qui avalait son thé par petites gorgées se tordre sous les rictus d’abominable douleurs provoquées par le plus cruel des trois sortilèges impardonnables, lui qui n’en avait que trop étudié les spasmes sur les croquis dénichés dans les poussiéreux volumes d’histoire de la Magie du monde entier. Belladone déglutit, avalant une grande gorgée de breuvage sucré, posant la tasse avec un peu plus de force qu’il ne l’aurait voulu, manquant de briser la porcelaine fragile sur le chêne de la table ;

- Puisque je vous ai promis une réponse, malgré que je trouve vos questionnements trop sombres pour un si jeune esprit, je dirais qu’il est difficile de répondre à une telle question, parce que justement les sujets « oubliettés » ne peuvent témoigner sur les conséquences d’un supplice dont ils ne se souviennent plus. Comme je vous l’ai expliqué, la cruauté du sortilège Doloris ne laisse pas de séquelles physiques sur le long terme, s’il n’est pas pratiqué de manière répétée du moins. Quant au sortilège d’Amnésie, il peut avoir des conséquences désastreuses et irrémédiables sur la mémoire et l’esprit s’il est lancé par des sorciers non expérimentés et c’est cela qui serait le plus à craindre, si l’on s’en tient à vos suppositions, bien que je sois d’avis que vous n’avez guère à vous tourmenter de cela…

Sans le savoir, la jeune fille poussait le Professeur dans les tréfonds de réflexions que son esprit tendre n’avait fait qu’effleurer auparavant, mais qui semblaient si importantes à son élève qu’il mettait une sincérité concentrée à lui répondre, d’autant plus qu’il y’avait dans le timbre de sa voix qui ne vacillait pas et dans les membres roides de son visage une résignation à une douleur coutumière qui lui glaçait le sang, comme si elle s’était déjà, du haut de ses dix-sept ans, persuadée de la fatalité de sa souffrance. Et elle semblait éperdue, perdant de la superbe qu’elle s’évertuait à conserver d’un air digne, son petit menton fièrement redressé alors qu’elle évoquait l’éventuel supplice du sortilège Doloris infligé à ses petits membres frêles. Et sa petite voix empreinte de fierté n’était plus qu’un murmure, tandis que ses mains blanches se posaient sur ses tempes, et que ses suppositions pessimistes continuaient à briser le silence pesant de l’alcôve douillette, semblant épouvantée soudain à l’idée d’avoir subi des supplices dont elle n’aurait plus aucun souvenir. Et cette fois Belladone répondit avec moins de répugnance, parce qu’il était plus en mesure de la rassurer sur cette question bien précise :

- Je crois pouvoir vous assurer que vous êtes à l’abri d’un tel sort dans l’enceinte de Poudlard. Le sortilège d’Amnésie laisse des traces perceptibles qui alerteraient à coup sûr bien des membres expérimentés du corps enseignant. Si cela peut vous rassurer, les symptômes indicateurs d’une modification de mémoire sont souvent une expression rêveuse et un regard lointain, perdu dans le vague. De plus, un sortilège d’Amnésie peut être brisé, par un puissant sorcier. Alors n’ayez crainte, avec le Professeur Dumbledore à vos côtés, vous ne risquez guère de subir un sortilège d’Amnésie sans que personne ne s’en aperçoive.

Manquant de cette politesse un peu obséquieuse à laquelle il tenait tant d’ordinaire, Belladone resservit sa jeune invitée en thé fumant, avant même de lui avoir demandé son accord, tandis qu’il lui tendait le saladier de Patacitrouilles, persuadé qu’elle ne se remettrait guère de ses émotions en ne grignotant qu’une friandise du bout des lèvres :

- Vous devriez manger, vous êtes bien pâle. Il ne faut pas craindre pour mes réserves, elles sont presque inépuisables. Mais peut-être préférez-vous les chocogrenouilles ? J’ai également quelques souris en sucre, et il doit me rester quelques fondants du chaudron ; j’en avais fait des réserves dans le Poudlard Express, parce que j’ai du mal à en dénicher, même à Pré-Au-Lard. Mais n’hésitez pas à me dire quand vous voudrez que je vous raccompagne, il est tard. Je pourrais également vous faire un mot pour vous exempter des cours demain matin.

Belladone, d’ordinaire silencieux, était ce soir si volubile qu’il avait soudain le pressentiment d’épuiser un peu plus la jeune fille, aux nerfs déjà rendus à vif par l’odieuse attaque dont il l’avait sauvée. Agité par le malaise de la situation, le jeune homme se leva et tourna un instant le dos à la jeune fille, ouvrant l’armoire de chêne qui débordait des confiseries citées de sa voix tremblotante d’embarras, les posant ça et là sur la table, laissant à la jeune fille le soin de décider ou non si elle voulait piocher dans ses réserves, ou si elle voulait s’en aller, comme suggéré par le Professeur qui s’effrayait de l’embarrasser de sa présence qui faisait auprès d’elle figure d’autorité.

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Lavande Huntergrunt
Lavande Huntergrunt
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MessageSujet: Re: « Asylum for the Feeling × Belladone Raven  « Asylum for the Feeling × Belladone Raven Icon_minitimeMer 1 Jan - 3:30



Asylum for the Feeling

« Sauve-moi car je ne peux même pas me raccrocher à moi-même. »

Septembre 1942.

Il y a de ces moments de chaleur, de calme avant la tempête, d’endroit sublimé par le silence qui ne saurait être atteint par les galères et les mauvais rivages… et toujours cette même sensation d’être incapable de les savourer à leur juste valeur. Comme si ce n’était qu’un rêve, parce que de toute façon, cela ne tiendra pas toute la vie. Ce ne sont que quelques heures, parfois minutes, que l’on arrache à l’insupportable et qui nous semble irréel, jusqu’à nous faire sentir mal à l’aise – pas à notre place. Pourtant, nous y sommes heureux, dans ces lieux où respirent des personnes pour qui cette brume lumineuse est commune place. Ils s’y éveillent tous les matins, leurs yeux voient clairs sous la lumière du soleil. Certainement le professeur Raven ne voyait rien d’anormal dans l’atmosphère de son bureau, chaleureux, intimiste, accueillant, et tout autant d’adjectifs que l’on pourrait user en s’échangeant des roses et des synonymes. Quant à Lavande, elle s’y noyait – pire, s’y brûlait comme l’on se colle à un feu jusqu’à s’en cuire les cuisses après être restée trop longtemps dans le froid. C’était si doux que la simple idée de rentrer jusqu’à son dortoir – fusse-t-il accompagnée par le charmant professeur, était douloureux à lui poindre une lame entre les côtes. Mais cette même idée l’empêchait à savourer l’instant présent pour ce qu’il était, à comprendre le doux goût sucrée du bonbon entre ses lèvres et la fragilité désarmante de l’homme en face d’elle.

Elle repensait aux dalles glacés du couloir, à la lumière de la lune, à la solitude. Mais la jeune fille n’y pensait pas comme on peut envier, mais comme on craint d’y retourner. Comme si en voulant poser les mains sur cette table, quelque chose la retiendrait toujours au passé où elle n’y était pas, et au futur où elle n’y serait plus. Ses mains y étaient pourtant posés, sur cette table. Elle pouvait y sentir la matière, la réalité de ce meuble stable devant elle, les séparant, les reliant. Peut-être était-elle tout simplement perdue, figée dans un cercle vicieux qui ne saurait avoir de fin, les blessures se succédant à la souffrance avec cette question existentielle : qu’y aurait-il après ? Certainement rien, le néant. La jeune sorcière s’en était presque persuadée. Qu’une énième succession de scènes macabres et pathétiques, à l’écriture médiocre et dont les spectateurs ne ressentiraient que de l’amère pitié.

Mais lui se trouvait devant elle et faisait tant pour lui être agréable, pour soulager la peur qu’elle avait ressenti, misérable victime de la décadence juvénile… et il était si mauvais et doué à cela en même temps. Il lui assurait que l’incident serait rapporté au directeur dès le lendemain, et même si Lavande n’avait absolument aucun espoir – si petit fut-il – que cela n’arrange quoique ce soit… le fait qu’il le lui dise, avec cet air si convaincu, et ce sourire qui rendait ses yeux si beaux, si pétillant qu’on les croirait redevenu enfant… tout cela lui faisait plaisir, et adoucissait une part de sa peine. En se plongeant dans son regard, elle avait l’impression de pouvoir s’accrocher un peu au présent. Mais dans ses yeux à elle, il y avait du vide. Cet air ahurie d’une personne non pas rêveuse, mais tout simplement absente – c’était son expression naturelle, car elle lui offrait de s’échapper un peu de son quotidien en se faufilant derrière les brumes de son regard, tout le  monde autour d’elle devenait flou. Elle s’y réfugiait par habitude, et peinait à le quitter quand elle souhaitait réellement être là. S’il prenait sa main, la ramener sur la berge comme on ramène une barque portée par les hauts vents caressant les vagues… Mais c’était impossible. La seule chose reliant d’une quelconque manière leurs mains étaient cette tasse que le professeur Raven lui avait prêté et dont il avait touché la anse, aussi Lavande chérissait soudainement ce breuvage comme un grog assourdissant, donnant du grain à moudre pour son coeur fatigué. Elle attendait ses réponses, elle qui s’était ouverte à lui par instinct, par un immense et insoupçonnable culot également, désirant presque volontairement le choquer (l’impressionner ?) en lui montrant que derrière le rideau de désespoir se cachait un monstre. Elle retint presque sa respiration jusqu’à ce que le professeur ne lui déclare qu’il ne fallait pas dire des choses pareilles, d’une façon que l’élève n’appréciait pas… comme si la simple idée de vengeance lui était trop ignominieuse, ce qui la perturba profondément.

Le professeur Raven poursuivit heureusement, avouant qu’il n’avait jamais pensé une chose pareille. Si cela était vrai ou non, Lavande ne pouvait pas le discerner et de toute façon, même s’il l’avait cru – ce ne pouvait plus être le cas. En tout cas l’espérait-elle de tout coeur. Mais lorsque ses horribles pensées reprirent le dessus, quand la corde du futur se fit trop rêche et trop solide autour de ses poumons, l’empêchant de respirer, la jeune fille ne put plus voir que cela : l’idée qu’on lui arrache encore un peu plus de sa dignité et de sa vertu lui faisait perdre l’équilibre aux abords de sa folie. C’était tout simplement trop. Était-ce ainsi l’escalade de la violence, sa punition pour avoir trop longtemps supporter les brimades sans montrer de signes évidents de faiblesses ? Elle n’était plus assez amusante comme bouc-émissaire, il en fallait un peu plus ? La détruire d’un seul coup – et pourtant pas plusieurs fois afin de varier les plaisirs. Quand le train de ses songes pernicieux se mettait en marche, il fallait un miracle pour qu’il s’arrête et revienne à des météos plus calmes. Si seulement il existait un autre miracle, ou même un sortilège, pour que tout ce calvaire cesse. Depuis quelques temps, elle se demandait même s’il était possible de s’auto-infliger un Avada Kedavra. Plus silencieux encore qu’une pendaison. Elle en oublia presque même jusqu’à la présence de l’enseignant qui se rappela à son esprit en posant fortement sa tasse sur la table, manquant la petite assiette à l’esthétique si britannique. Lavande sursauta, fixant son regard sur le professeur.

Ce qu’elle voyait et entendait lui fit cligner plusieurs fois des yeux avant qu’elle soit sûre d’être bien là. En vérité, il ne se passait rien de bien particulier… mais la voix du jeune homme était devenue soudainement plus sûre, plus construite, moins fuyante. Il répondait à ses inquiétudes comme un véritable maître de savoir et cela obnubilait totalement l’enfant qu’elle était. Oh, son regard n’était pas dans sa direction, mais il était tant perdu dans ses réflexions et dans la prolongation logique de son monologue, expliquant point par point en quoi elle ne risquait absolument rien – du moins aucune récidive possible. Lentement ses mains quittèrent ses tempes et revinrent se poser autour de la chaude tasse. La brume s’imprégna dans ses doigts et doucement la chaleur s’étendait à tout le reste de son corps pendant qu’elle le regardait parler, s’évertuant à la rassurer, à mettre tout en œuvre de tout ce qui se faisait de rhétorique et de connaissance pour lui monter un petit château, où elle pourrait se reposer quand elle aurait peur. Mais il revint par la suite vers elle, brisant quelque part cette magie qui s’était envolée devant eux, lui rappelant que tant que professeur Dumbledore était dans le château, elle ne risquait rien. Lavande baissa silencieusement la tête. Oui, elle connaissait le professeur de métamorphoses, directeur de la maison des Gryffondor. C’était encore l’un des rares enseignants à la laisser faire de la pratique durant les cours ; même si, comme tous les autres, il avait plus ou moins laissé la main en ce qui concernait ses maladresses.

Du thé coula dans sa tasse, attirant l’attention de la demoiselle qui remonta le jet d’eau chaude jusqu’à la théière, de la faïence délicate jusqu’aux mains qui la tenaient et finalement jusqu’à l’homme qui la tenait, qui bientôt lui tendit le saladier rempli de gourmandises. Il commenta la pâleur de son visage, argumenta la liste de ses placards avec entrain, racontant même les endroits où il se les procurait ; le tout avec un visage si tendre et pourtant si gêné que cela perçait son coeur. Il se levait, lui tournant le dos et posant sur la table les boîtes et les poches qui brillaient à la lumière du feu. Lavande le regardait faire, s’éveillant peu à peu de son cauchemar. D’abord bouche-bée, n’osant faire la moindre réflexion ou la moindre réflexion – alors que tout ce qu’elle aurait voulu fut qu’il s’assoit avec elle. Mais l’autorité faite étiquette de son professeur l’empêchait de se montrer si familière, aussi resta-t-elle sage. Pendant quelques secondes, elle laissa poursuivre ce merveilleux cirque où le simple fait de le voir être vivant, avoir un corps qui bouge sous des vêtements qui bruissent, éprouver et exprimer des émotions depuis les ténèbres de ses yeux… tout cela la rendait tout simplement heureuse. Un trop plein qu’elle n’avait pas l’habitude de ressentir, couplé à la tendre absurdité du moment, qui la fit rire. Un éclat libérateur, qui naquit comme un rictus coupable, et s’épanouit dans un doux chant d’oiseau. Son rire était maladroit, bruyant et ridicule comme des rires qui ne s’exercent jamais. Elle riait en se recroquevillant sur elle-même, comme si elle en avait honte. Mais son sourire ne mentait pas et aux coins de ses yeux des larmes de joies commençaient à poindre entre ses paupières fermées. Elle était si heureuse qu’un être comme lui existe.

Pardo… pardonnez-moi, je… je suis pâle parce que... je ne sors jamais dehors…

Répondit-elle enfin, essuyant ses larmes tout en gardant la tête basse. La jeune sorcière avait peur de faire face au beau visage de son professeur et de l’avoir vexé. Lorsqu’elle fut calmée, ses yeux restèrent fixés sur la surface ambrée de son thé… ses joues étaient rouges et soudainement, elle n’était plus si pâle que ça. Un fantôme de sourire restait collé à ses lèvres, tout comme dans ses yeux luisait toujours la joie égoïste, intérieure, secrète et amoureuse qui avait fait voler son coeur dans les airs comme un coup de foudre. Mais il y avait déjà comme une douloureuse mélancolie derrière ce regard. Elle pensait déjà qu’il aurait été doux d’être une femme digne de lui, et que jamais ses attitudes protectrices ne la verraient autrement que comme une pathétique victime. Mais comme elle aimait la façon dont il s’occupait de sa peine, et enfin son attention était tiraillée vers autre chose que le détestable futur.

Pardonnez-moi, je ne voulais pas me moquer de vous… je… je…

« Je vous trouve adorable » ? « Vous savez vous y prendre pour me réconforter » ? … pas réellement des phrases innocentes, bien que Lavande ne les pense le plus sincèrement du monde. Elle espérait simplement que les mots ne seraient pas utiles et qu’il vaudrait mieux laisser le reste de cette phrase incertain. Ses grands yeux fouillaient la table pour prendre sans gêne un exemplaire de chaque sucreries afin de les goûter. Ce fut à ce moment qu’elle trouva les mots exacts pour continuer sa phrase :

Je n’avais encore jamais vu autant de bonbons différents… je ne suis pas sûre d’en avoir un jour goûtée la moitié ! Voir les trois quarts… ah, ça, je ne savais pas que ça existait…

Dans sa voix, un mélange de jeu d’acteur pitoyable et de sincérité qui avançait, bancale sur une corde raide. Disons que c’était la vérité, que cela avait le goût de vérité et l’odeur de la vérité, mais que le son manquait d’harmoniques pour s’accorder avec la phrase précédente. Lavande avait tout simplement changé de sujet, plus ou moins subtilement, et sentait par la même occasion l’épuisement récupérer ses dernières forces. Si elle s’évanouissait ici, qu’adviendrait-il d’elle ? Ses petites joues en rougissaient d’avance, bien que rien ne pouvait arriver – et qu’elle le savait parfaitement. Pendant ce temps, ses ongles ouvrirent quelques paquets et savouraient du bout des lèvres les sucreries suspectes et fantastiques que recelait le placard magique du professeur Raven. Le thé coulait à flot et réchauffait sa gorge, l’enrobant un peu plus dans ce joli monde qu’était son bureau à lui. Elle se battait intérieurement, ne souhaitant pas retrouver le nœud coulant de l’anxiété revenir lui couper le souffle. Quelque chose au fond d’elle grognait, comme un acte manqué, une parole oubliée qu’elle se devait d’annoncer. Après tout, dans leur dégustation respective, chacun s’était plongé dans un silence qui – même s’il n’était étonnamment pas gênant, les éloignait peu à peu. Lavande termina sa gourmandise et la fit couler avec un peu de boisson. Grattant la porcelaine du bout de ses ongles, elle prit une profonde respiration et dit :

—   Je sais que… je me répète mais… merci, pour tout. C’est peut-être normal pour vous, mais c’est… beaucoup pour moi. Vous ne… enfin, quelque chose de très grave se serait passé si vous n’étiez pas intervenu… et pas que pour moi. Si ça se trouve, vous venez un peu de sauver Poudlard, vous vous rendez compte ? (Elle rit un peu, gardant les yeux sur sa tasse durant tout le temps de son monologue :) Ne vous en faites pas pour le mot, j’ai été un peu plus bousculé que d’habitude mais je ne vais certainement pas manquer les cours… en tout cas… je n’hésiterai pas à revenir vers vous si jamais je… je me sens…

« Rêveuse ? » Pourquoi ne pensait-elle qu’à des réparties tendancieuses ou qui en tout cas, l’était à ses chastes pensées d’adolescente nubile ? Elle déglutit. Son coeur battait si fort qu’il l’empêchait de se concentrer. La jeune sorcière voulait parler pendant longtemps, monopoliser la conversation et son attention le plus longtemps possible et que faisait-elle ? Un sous-entendu malsain sur le drame qui aurait pu se produire, une mauvaise blague et enfin quelque chose de sincère mais dont elle n’arrivait pas à terminer la phrase. S’il était possible d’être davantage un déchet social, Lavande voudrait connaître le secret. Au lieu de cela, elle poussa un long bâillement derrière le revers de sa main. L’heure était véritablement indécente. Le cours d’Astronomie s’était terminée à peine une heure auparavant, mais celui-ci ayant commencé à vingt-trois heures environ et terminé tôt le matin…

Excusez-moi… je vous retarde également… il est si tard, vous avez raison.

Elle se leva à contre-coeur, les jambes flageolantes sous toutes ses émotions fortes. Toutes les gourmandises qu’elle avait commencé était terminés et il ne restait plus que les papiers d’emballages. Lavande se mit à observer le feu avec tristesse et poursuivit :

...vous n’êtes pas obligé de m’accompagner, je n’aimerai pas que vous descendiez et montiez tous ses étages juste… pour m’accompagner… il est déjà si tard…

Tout dans sa voix suppliait sobrement qu’il vienne pourtant, même si elle pensait vraiment ses mots. Elle ne voulait pas qu’il se fatigue pour rien alors qu’il devait certainement travailler le lendemain. Mais l’idée de rentrer à son cachot toute seule lui tordait les boyaux.

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Belladone Raven
Belladone Raven
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Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal
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MessageSujet: Re: « Asylum for the Feeling × Belladone Raven  « Asylum for the Feeling × Belladone Raven Icon_minitimeMar 7 Jan - 17:23



Asylum for the Feeling

« Couloirs de Poudlard »

Septembre 1942
Il n’y avait pas âme qui vive, au cœur de cet écrin de magie et d’espoir, qui méritât d’être délaissé. Et c’était idiot et puéril, comme ressentiment, parce que Belladone en voulait à Poudlard, de n’être pas l’utopie merveilleuse qu’il s’était figuré. Parce que si l’école avait abrité son lot de chagrin et d’amertume, comme chaque enfant, elle avait surtout été son foyer, la source merveilleuse de son intarissable soif de culture, l’âtre crépitant de son âme trop tendre pour de si heureuses années qu’il avait presque bondit de joie à l’éventualité d’y consacrer sa carrière. Et voilà que l’on s’était moqué de lui ; parce que les mains qui s’étaient tendues naturellement vers le benjamin d’une des dernières familles bourgeoises au Sang-Pur se retiraient soudain face à la petite pauvresse née de parents Moldus, la laissant subir la cruauté sorcière, dans toute sa brutalité juvénile, avec l’aveuglement dédaigneux de ceux qui se refusent à se compromettre pour une élève de si basse extraction. Alors oui il en voulait à Poudlard, Poudlard la menteuse, Poudlard la traîtresse, qui laissait choir sur son asphalte glacée d’indifférence les élèves malheureux, malchanceux, qui avaient fait au monde sorcier l’impardonnable affront de naître de parents non mages.

Cette déception saisissante avait un goût de sel et de cendres, que le breuvage délicat et abondamment sucré ne parvenait à faire déguerpir de la bouche un peu sèche de Belladone. Ses rêves illusoires d’enfant, cette vision utopique d’une école qui se révélait le foyer de chaque petite âme sorcière s’étiolait avec une violence indicible au fond de cette âme trop calme, et trop désireuse de paix, de bien et de justice. Cette réalité qu’il n’avait jamais su voir se révélait avec une véracité terrible, implacable, dans ces yeux d’émeraude ternie dont les larmes, jamais, n’auraient dû sillonner les joues pâles de la jeune martyre. Il le voyait pourtant, que le peu qu’il lui octroyait, dans la générosité sincère de son cœur trop tendre, ces petits riens qui réchauffent une âme mal-aimée, lui faisaient un bien fou, à cette pauvre jeune fille dont on ignorait la souffrance avec un dédain tel qu’il frôlait l’insulte.

C’était d’une tristesse à pleurer, et cela lui faisait un peu plus de mal encore, de savoir que nulle âme, entre ces quatre murs fantastiques, n’avait consacré un peu de son temps au réconfort de la jeune fille qui l’écoutait avec un silence empreint de sagesse et d’une telle gratitude que c’est le cœur dévasté que le benjamin des Professeurs en arrivait à la conclusion déchirante que personne ne préoccupait de l’état d’esprit de cette enfant. Car il n’avait rien d’insolent, ce mutisme qu’elle opposait aux explications de Belladone, qu’il voulait dans un paradoxe compatissant suffisamment détaillées pour étancher la soif de réconfort de l’étudiante, mais malgré tout suffisamment vagues pour épargner à la jeune fille la cruauté de ces précisions terribles qu’il avait lues non sans tressaillement, lors de la rédaction de son ouvrage. Elle semblait attentive au contraire, et reconnaissante de l’attention que Belladone semblait accorder à son mal-être, et à l’effort qu’il faisait pour tâcher de le dissiper, bien qu’il fut vain.

La jeune martyre aux yeux d’émeraude ne semblait même plus vraiment là, noyée dans les tréfonds de ses tourments, que Belladone, par son flot intarissable d’explications monotones, tentait maladroitement d’apaiser. Seuls les clapotis délicats du thé aux reflets mordorés qui coulait dans la tasse de porcelaine semblèrent extirper l’étudiante hébétée de sa torpeur préoccupée. Soudain mal à l’aise face à ce regard qui le scrutait avec les profondeurs abyssales, troublantes, de quelqu’un qui a vu trop de souffrances en trop peu d’années, Belladone se détourna un instant, un peu par lâcheté, un peu par cette gêne inconsciente qui assaillaient ceux pour qui la vie avait été facile, et qui se confrontaient à la vraie douleur, dans toute sa crudité et son injustice. Et le spectacle pathétique du jeune homme, qui savait se révéler brillant en ce qui relevait de l’assimilation phénoménale de siècles d’informations et sa capacité à synthétiser ces milliers de lignes en quelques chapitres clairs et concis se couvrait soudain de ridicule, maladroit et grotesque, en tentant d’apaiser les émois d’une étudiante qu’il venait d’arracher aux griffes de ses juvéniles bourreaux. Il s’agitait tant et si bien, virevoltant à droite et à gauche, posant çà et là, épars, sa quantité de sucreries, en elles-mêmes déjà grotesques pour un adulte, lorsqu’un éclat de rire résonna en son dos. Il ne s’agissait pas là de ces rires affirmés de ces gens heureux pour qui ils sont presque un second souffle, non. Le rire était maladroit, mal dégrossi, attendrissant de par la franche sincérité qui émanait de cet éclat incertain, un brin chevrotant. Belladone se retourna vers la frêle silhouette qui, tapie sur sa chaise, tâchait en vain de dissimuler sa joie, devant son Professeur qui, malgré le sentiment d’embarras et de vague honte qui rosissaient ses joues et piquait son orgueil, ne parvenait à le mettre en colère. C’était bon de la voir rire, cette jeune fille martyrisée, fut-ce à ses dépens, fut-ce parce qu’il était un idiot. C’était même là la plus belle victoire de la soirée, d’avoir provoqué une hilarité franche chez cette adolescente torturée au visage triste, qui semblait déjà las d’une vie dont le printemps s’éveillait à peine.

Des larmes de joie perlaient aux cils bruns de la jeune fille, tandis qu’elle tentait d’exprimer un pardon confus et balbutiant, la tête baissée en guise d’un repentir qui n’était pas parvenu à étioler sa joie franche, que Belladone ne s’imaginait que trop rarement fleurir au beau milieu de la morne plaine désolée que devait être sa vie. Et la justification relative à la pâleur de son visage juvénile était d’une tristesse telle que jamais le tendre Professeur, dont le cœur semblait se déchirer un peu plus chaque fois que Lavande ouvrait la bouche, ne s’amuserait à la cruauté de rabrouer cet excès de joie, fut-ce à ses dépens. Parce que cela aurait frôlé l’hérésie, de faire de nouveau pâlir ses joues roses de plaisir, malgré les quelques vaines excuses formulées, et malgré ce regard qui restait rivé au fond de sa tasse, et que Belladone devinait pétillant de joie. Pourtant elle formulait de nouvelles excuses, dans une seconde tentative de justifier un accès de joie aussi pétulant devant les réactions d’un de ses Professeurs. Et les grands yeux d’émeraude délavée s’écarquillaient, étincelant d’une curiosité gourmande et d’une joie manifeste que Belladone ne leur avait jamais vus auparavant, tandis qu’elle se servait sans honte ni gêne, au grand plaisir du Professeur qui semblait être parvenu à la mettre un minimum à l’aise, suffisamment pour qu’elle accepte ses confiseries offertes de tout son cœur. Elle était si attendrissante, dans l’aveu qu’elle lui confessait, de ne pas avoir eu l’occasion de goûter la moitié de ces sucreries, et Belladone aurait dû s’en douter, parce qu’elle était enfant de Moldus, et parce qu’il avait beau couvrir de ses mains tendres et lâches ses yeux de velours, il ne pouvait que l’avoir vue, l’usure à l’ourlet de sa jupe grise, le noir de jais de sa robe de sorcière qui se ternissait, et ses souliers dont le cuir s’élimait à la pointe. Et son cœur béait de nouveau devant la malheureuse jeune fille déjà trop éprouvée par la vie, et il la trouvait si touchante et si brave, avec sa douleur digne et mutique, qu’à ses excuses décousues il ne répondit que par un immense sourire, chaleureux et à la sincérité tendre qu’il lui vouait désormais.

- Je ne vous en veux pas. Pour tout vous avouer vous n’êtes pas la première à être déroutée par mon stock indécent de confiseries. Je ne peux guère plus vous reprocher votre manque d’exposition au soleil, moi qui ne sort quasiment qu’au clair de lune. Ne trouvez-vous pas que tout est plus beau, sous la pâle clarté de la lune ? C’est comme si les imperfections du monde se trouvaient gommées, soudain, par l’obscurité qui l’entoure, comme si la violence s’en étiolait, devenant moins agressive… Prenez garde aux souris ! Elles couinent sous les dents, c’est un peu surprenant, lorsque l’on ne s’y attend pas.

Le sourire de Belladone s’élargissait, attendri à mesure que la jeune fille déballait les petits sachets avec une hâte gourmande, et qu’elle arrachait de ses dents blanches la petite tête de la souris en sucre qu’elle venait de déballer. Elle mangeait et buvait avec un tel plaisir que Belladone ne pouvait s’arracher de la contemplation de cette joie que, non sans un certain orgueil, il savait lui avoir apporté. Mais de nouveau elle parut soucieuse, au mouvement mécanique de ses ongles qui s’échinaient sur la porcelaine de la tasse, et à ses lèvres qui s’entrouvrirent, incertaines et confuses. Elle le remerciait encore, et sa gratitude était si poignante, parce qu’y résonnait l’aveu que, sans doute, il était un des premiers à lui apporter cette étincelle de réconfort au beau milieu de la nuit qu’était son quotidien. C’était déchirant, de savoir que personne n’avait jamais pris la peine de lui offrir ces petits riens qu’il lui apportait ce soir, qui étaient si peu et qui comptaient tant pour la douceur de cette âme qui semblait n’être née que pour catalyser la colère et la soif d’injustice de ses bourreaux. Un frisson parcourut néanmoins l’échine du Professeur, tandis qu’elle s’attardait sur la tournure désastreuse qu’aurait pu prendre la tragique situation, si son arrivée impromptue n’y avait pas mis un terme. Et lorsqu’elle l’érigea en sauveur de Poudlard, et qu’un léger rire agita de nouveau son visage au regard rivé vers le fond de sa tasse, Belladone se demanda vaguement à quel point elle était sérieuse, et si elle n’était pas une fois de plus en train de se moquer de lui. Et elle faisait preuve d’une bravoure qui forçait le respect, parce qu’elle refusait dignement l’exemption de cours que son Professeur lui proposait, et que d’autres se seraient empressés d’accepter goulûment, et elle lui faisait la promesse de venir le trouver, si d’aventure son âme tendre se trouvait de nouveau confrontée à la méchanceté des autres. Le jeune homme posa sa tasse vide, laissant choir sur la table le papier qui emballait un fondant qu’il parachevait de mâchonner d’un air distrait ;

- Je vais également me répéter en vous assurant que ce que j’ai fait était bien peu, et le minimum. Je suis malgré tout bien aise d’avoir pu sauver Poudlard, et de vous avoir fait rire un peu. C’est tout à votre honneur d’assurer votre présence aux cours qui auront lieu dans quelques heures, bien que je maintienne que vous en dispenser aurait été tout à fait légitime. Néanmoins je vous approuve et insiste pour que vous n’hésitiez pas à me solliciter si vous avez besoin de quoi ce soit. Nous les Professeurs sommes aussi là pour cela.

Belladone lui avait décoché un sourire amusé, lorsqu’il s’était érigé en sauveur de Poudlard, et qui détonait avec le sérieux placide, un brin monotone, du reste de sa tirade. Sans doute l’ennui provoqué par un si soporifique discours exacerba la fatigue toute compréhensible de la jeune fille qui avait été si secoué ce soir, parce qu’elle étouffa du dos de sa main un long bâillement qui en disait long sur son désir de sommeil. Le jeune homme prit conscience qu’il était fatigué, lui aussi, la tournure des évènements l’ayant détourné de sa lassitude. Et elle s’excusait encore de le retarder, alors que ce serait elle qui serait fourbue le lendemain, son corps meurtri n’ayant disposé que de trop peu de temps pour se reposer. Lavande se leva, et son regard était si triste, et Belladone en comprenait si bien la raison que son cœur se fendait de nouveau devant son impuissance à apporter la salvation véritable à cette jeune fille, bien plus qu’une petite heure d’accalmie dans son quotidien trop sombre, bien plus qu’un éclat de rire, bien plus que quelques confiseries et du thé bien chaud. Ô comme il s’en voulait de l’exiler de nouveau là-bas, au beau milieu de ses bourreaux, qui auraient tôt fait de lui faire payer l’arrivée imminente du Professeur, qui ne pouvait rien faire que la renvoyer aux dortoirs des élèves, car là était sa place, quoi que puisse en penser le trop tendre Belladone Raven. Et d’une petite voix toute basse, timide presque, la jeune fille lui proposait de la laisser repartir seule, car sans doute allait-il se fatiguer, à vagabonder ainsi dans les couloirs déserts et glacés de Poudlard, en pleine nuit. Le jeune homme secoua la tête et eut un soupir triste, n’osant s’imaginer à quel point la jeune élève avait dû s’habituer à être délaissée ainsi, pour croire qu’il ne se dérangerait pas au point de la laisser errer seule, terrifiée et hagarde, peut-être encore à la merci de ses bourreaux nocturnes.

- Il est absolument hors de question que vous repartiez seule à vos dortoirs. Vous êtes sous ma responsabilité, plus encore parce que j’ai pris la liberté de ne pas vous envoyer à l’infirmerie. Je vous raccompagne, mais, un instant je vous prie.

Belladone s’était levé lui aussi, sa chaise grinçant sur le parquet dans le silence nocturne et paisible d’un Poudlard ensommeillé. Ses yeux de velours parcouraient en une ou deux secondes les emballages qui gisaient sur la table, semblant dans un calcul à la va-vite en conclure celles que la jeune fille avait préféré, quand il se saisit du sac de cours qui gisait à terre, à côté du siège qu’elle avait occupé. Le Professeur de Défense Contre les Forces du Mal fourra en vitesse les sucreries dans le sac de toile élimé, avant qu’elle ne puisse émettre une quelconque protestation :

- Je vous laisse quelques bonbons, cela ne pourra pas vous faire de mal, vous restez tout de même très pâle et vous êtes encore tremblante. Mais n’en dites rien n’est-ce pas ? Je ne voudrais pas que les élèves se moquent des provisions qui s’entassent dans mes placards. A la vérité, j’exagère tant parfois, que je me dis que je pourrais rivaliser avec Honeydukes !

Belladone lui offrit un sourire amusé, un sourire qui la suppliait d’accepter, parce qu’il aurait l’impression ainsi d’en avoir fait un peu plus, et d’avoir apporté dans son quotidien un peu de douceur au travers de ses confiseries qu’il savait qu’elle ne pouvait guère s’offrir. Et aussi et surtout parce qu’il avait l’impression de faire un geste, parce que cela lui déchirait l’âme, de la jeter de nouveau dans l’antre glacée qu’était la fosse aux serpents.


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