I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI]



 
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I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI]

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Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
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Âge : 59 ans
Sang : Sang-Mêlé
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Épouvantard : Albus Dumbledore / Le cadavre d'Ariana Dumbledore / Lui-même vieux et affaibli
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MessageSujet: I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI]  I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI] Icon_minitimeMer 27 Nov - 19:54



I Won't Let This Build Up Inside Of Me

« I'M A SLAVE, AND I AM A MASTER »

Automne 1942.

Sortant tout juste d’un de ses entretiens quotidiens avec Albus, Gellert s’arrêta sur le perron du bureau du directeur adjoint et resta pensif et immobile quelques instants. Ces entrevues étaient très souvent institutionnelles pour ne pas dire mornes. La relation entre les deux hommes était délicate, aussi fragile que du verre et donc à manipuler avec une grande délicatesse. Dans la crainte de briser quelque chose, Gellert ne préférait ne pas y toucher pour le moment, se restreignant à juste être sage et observateur face à son environnement. Jusqu’ici, personne n’avait eu à se plaindre de lui, si ce n’était peut-être le professeur de Défense Contre les Forces du Mal avec qui il aimait se montrer taquin à chaque dîner. Sinon, il se tenait studieusement et rigoureusement à la tâche qui lui avait été confié. S’il avait eu une certaine paresse nonchalante lors de ses premiers cours, un certain goût pour la pédagogie avait fini par se montrer. Plus dynamique, plus ludique, Gellert avait fini par trouver sa voie d’enseigner sans que cela ne se soit une contrainte pour personne. De toute façon, avec le temps, il savait qu’il finirait par s’imprégner des lieux, domptant son esprit mutin à des fins plus pacifiques.

Il avait une heure avant de rejoindre la Grande-Salle pour le dîner du soir. La question était de savoir comment rentabiliser ce temps libre en toute quiétude. Quelque peu mélancolique à chaque fois qu’il sortait de la pièce d’Albus, il se souvint alors d’un détail concernant le programme des Troisièmes Années : l’étude des Épouvantards, créatures bien inoffensives en soi et tout autant inutiles mais Gellert y voyait là comme des réponses à ses questions. Depuis qu’il était à Poudlard, oui, il se sentait indéniablement changé. Mais il ne pouvait s’empêcher de se sentir inquiet sur certains sujets. Une certaine appréhension, un sentiment fourbe et malin qui se dissimulait habilement entre ses entrailles sans que Gellert ne puisse avoir l’introspection assez lucide pour déterminer précisément ce dont il s’agissait. Tout le monde avait peur de quelque chose. Et à cet instant le mage noir ignorait de quoi pouvait se nourrir un Épouvantard en le voyant. En soi, c’était une faiblesse. Connaître sa peur permettait de mieux s’en prévenir, de mieux l’appréhender, de la combattre et d’en faire une force. Savoir quelles étaient ses faiblesses était un coup d’avance sur les autres. Mais Gellert avait-il réellement encore des ennemis au sein de ce château ?

Chassant cette idée, il entreprit de se diriger vers la salle de Défense Contre les Forces du Mal, à l’étage supérieur. Oubliant complètement son escorte personnelle d’Aurors derrière lui, il se dirigea vers ladite salle qui était la cible de son esprit. Discret et précautionneux, il ouvrit la porte de la pièce, arrivant dans ce vaste espace où l’éternel squelette de dragon surplombait fièrement au-dessus de sa tête. Raven ne semblait pas être là. Parfait. Les Aurors, occupés à discuter entre eux, étaient restés à l’entrée de la salle, faisant preuve d’une certaine négligence, cette dernière probablement encouragée par la passivité et la docilité de Grindelwald depuis des semaines. Les représentants gardèrent néanmoins un œil sur lui. Ainsi dans le calme et dans une certaine intimité, Gellert chercha la fameuse armoire qui contenait l’objet de son soudain désir du regard. Il n’était peut-être pas professeur de cette manière, mais il n’avait pu s’empêcher de se tenir au courant du programme. Il fit alors venir à lui la commode enfermant l’Épouvantard et la plaça devant lui, se moquant bien de savoir si Raven était dans son bureau ou ailleurs, dérangeant ainsi sa salle de cours. D’un mouvement du poignet, le mage noir déverrouilla la porte de l’armoire et se plaça en face de celle-ci.

Albus Dumbledore en sortit. Le professeur de Métamorphoses se tenait devant lui, un certain sourire calme devant lui, ne disant pas le moindre mot. C’était une projection assez simple mais Grindelwald ne fut pas déçu de ce qu’il avait sous les yeux. Un sourire amusé se dessina même sur ses lèvres, répondant à ce spectre qui représentait sa plus grande peur. Cela apparaissait comme une évidence désormais. Quelque part, il fut fier de voir une telle peur devant lui car elle n’était pas anodine : le sourire tendre du fantôme d’Albus n’avait rien de menaçant ni d’agressif à son égard, bien au contraire. C’était un regard doux et bien particulier que Gellert n’avait pas vu depuis des années et dont il connaissait pourtant parfaitement la nature. Une question pouvait alors se poser : pourquoi en avait-il peur plus que tout le reste ?  Pourquoi redoutait-il cette vision pourtant tendre ? La redoutait-il d’ailleurs ou avait-il peur de ce qu’il se passerait derrière ? Ce n’était, après tout, pas une phobie quelconque, non. Gellert en avait compris toutes les sinuosités métaphoriques. Toutes les subtilités de ce regard électrique derrière ce sourire réellement sincère pour une fois. Avait-il envie de renvoyer cette vision dans son armoire ? Pas le moins du monde. Ainsi plongé devant cette peur viscérale, qui venait piocher dans les abîmes inavouables de son âme, il sentait pourtant un certain réconfort. Ses propres démons dégageaient une certaine chaleur enivrante. Ses ténèbres, ses doutes, ses craintes s’entremêlant, s’imbriquant, s’entrelaçant comme une brume épaisse et confuse, avec ses désirs.
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Belladone Raven
Belladone Raven
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MessageSujet: Re: I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI]  I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI] Icon_minitimeMer 4 Déc - 15:33



Won't Let This Build Up Inside Of Me

Salle de Défense Contre les Forces du Mal

Automne 1942

« Incendio ». Les petites flammes s’échappèrent en minces volutes de la baguette de sorbier, unissant leurs maigres forces pour donner naissance à un feu dansant qui crépitait dans l’âtre. La pierre humide se gelait déjà sous les prémices de l’hiver écossais, et la bise aigre, dans son œuvre pernicieuse, se plaisait à pénétrer par tous les pores du château, de la moindre interstice au-dessous des portes et des tapisseries chaleureuses qui recouvraient les murs. Le poignet de Belladone eut un second petit geste sec en direction de la bouilloire, avant de retomber mollement le long de son corps. Le léger fracas de la baguette retombant sur le bureau du Professeur s’associa à la mélodie délicate du feu crépitant et de la bouilloire qui chauffait. Le jeune homme se tassa un peu plus sur sa chaise, pelotonné dans ce chandail de grosse laine brune que sa mère lui avait tricoté de ses mains, le dernier Noël avant qu’il ne se décide à arpenter le monde pour la rédaction de sa thèse. Et c’était une véritable madeleine de Proust, ce pull, parce qu’il sentait bon le manoir familial, parce que les effluves des roses du jardin et des vieux livres de la bibliothèque semblaient parsemer son sillage, et parce qu’il portait un peu des réminiscences de la joie exaltée qu’il avait ressenti à l’aube de ses huit ans, en déballant le chandail bleu nuit à l’effigie de Merlin qui était son héros de l’époque.

La bouilloire siffla, et c’est à contrecœur que Belladone se leva de son siège pour déverser le contenu du récipient au creux de la théière, dont il avait déjà méticuleusement tapissé le fond de feuilles de thé fraiches. Les effluves délicats ne tardèrent pas à parfumer la pièce d’embruns de cannelle, parachevant là le trio de fragrances qui formaient l’Amortentia du tout jeune Professeur à l’âme trop tendre, qui s’arracha de sa torpeur extasiée non sans un soupir, se rappelant soudain qu’il était de bon ton qu’un Professeur gratifie le dîner de sa présence au sein de la Grande Salle. Et Merlin seul savait à quel point Belladone aurait préféré rester ici, seul et l’âme exaltée, à parcourir la lune en s’abreuvant de thé à la cannelle et en se nourrissant de Patacitrouilles. Car il lui faudrait affronter le monde, ce soir encore, comme les soirs d’avant, et comme ceux qui viendraient ensuite. Il fallait soutenir l’atroce regard de Grindelwald, qui semblait prendre un plaisir sadique à le pousser dans ses retranchements, et à interpréter ses propos d’une manière qui l’avait tellement horrifié, la première fois, que Belladone avait désormais la sagesse de s’en tenir à un silence poli, n’engageant la conversation que pour des civilités nécessaires, ne s’étendant pas à des joutes verbales pour lesquelles il n’avait aucun talent, et dont son adversaire ne profitait que trop de son avantage certain en la matière.

Belladone était morose, comme chaque fois que la réalité l’arrachait au cocon lunaire et éthéré au fond duquel il tentait de se recroqueviller. Parce que c’était trop facile, de s’en prendre à lui, parce que Grindelwald le terrifiait, parce qu’il y’aurait trop de bruit ce soir, et parce qu’il serait observé par toutes ces jeunes paires d’yeux auxquelles il enseignait de tout son cœur, et qui ne le lui rendaient pas toujours bien, parfois. Et les réminiscences de ce regard d’émeraude délavée, embué de larmes de colère et d’effroi lui revint en plein cœur, parce qu’elle n’était rien, au fond, la cruauté de Grindelwald à son égard, face au supplice auquel Belladone avait arraché in extremis l’étudiante qui gisait à terre, offrande prête à immoler sur l’autel de théories nébuleuses et d’un autre âge qui, pourtant, agitaient le cœur de ces trop jeunes enfants. Un long frisson parcourut l’échine du Professeur, lui glaçant les os. Et il le poursuivait, ce regard implorant et terrifié, parce qu’il aurait voulu un monde à son image, et parce que ces yeux plein de larmes l’avaient arraché à sa rêverie égoïste, parce que les gens étaient laids et parce qu’il n’y pouvait rien. Lavande était cet agneau exempt de vices dont il ne pouvait empêcher le sacrifice, et son impuissance l’abattait, parce que c’était un supplice, de contempler la souffrance sans pouvoir y remédier, et parce qu’il était trop lâche, et qu’il aurait préféré ne jamais la voir, cette douleur juvénile, et continuer ainsi à se fermer les yeux sur l’injustice du monde que, toujours, il avait essayé de réfuter.

Le retour à la réalité était brutal, et il ne subsistait plus rien du délicat parfum des roses et de l’odeur rancie de la bibliothèque de son enfance, et le vague à l’âme du Professeur s’exacerbait à mesure que le dîner approchait, quand un fracas le fit sursauter et se redresser d’un bond sur sa chaise. Sans doute n’était-ce là qu’une intrusion farceuse de plaisantins en manque de sensations fortes, et qui cherchaient dans le bric-à-brac de la salle de classe de Défense Contre les Forces du Mal quelque collision avec une créature magique destinée à les effrayer. Et lorsque la porte du bureau s’ouvrit sur un Belladone quelque peu effaré, le spectacle surréaliste qui s’étalait à ses yeux pourtant crédules le stupéfia tant et si bien que la baguette dont il s’était emparé par habitude glissa de ses doigts gourds et tomba au sol dans une chute molle, tandis que l’indignation de Professeur outrée se mourrait dans sa gorge, le jeune homme soudain rendu muet par la scène inconcevable dont il était le témoin contraint et forcé.

La blondeur polaire de Grindelwald surmontait sa haute stature digne. Rien ne trahissait la moindre émotion sur ce visage de glace qui semblait mort, parfois, ses yeux impassibles ne semblant rien fixer de particulier. Les battants de l’armoire de chêne béaient, laissant apparaître les profondeurs sépulcrales de son ventre noir, vide de la créature qu’elle avait recraché dans la salle de classe. Son sempiternel sourire bienveillant aux lèvres, le grand Albus Dumbledore se tenait là, paisible, jetant à l’auguste mage noir ce regard tolérant et un brin paternaliste, non exempt d’une certaine tendresse qu’il semblait avoir pour les fauteurs de trouble repentis. Belladone fut pris d’un violent accès de rougissement, et il s’accroupissait avec trop de précipitation pour récupérer sa baguette, mort de honte et d’effroi d’avoir surpris l’intimité de ce mage noir dont la puissance le terrorisait et qui le haïssait de surcroît. Et le jeune Professeur, dans un paradoxe déconcertant de lâcheté et de délicatesse, aurait volontiers fait demi-tour pour s’enfermer discrètement dans l’écrin joyeux et chaud de son bureau brumeux des réminiscences de son enfance au manoir, mais c’était sans compter sa maladresse qui avait trahi son hasardeuse présence à un très mauvais moment. Alors il ne pouvait rester pétrifié, figé dans l’attente du sort que lui réservait son obscur collègue qui le détestait déjà, tandis que la pâle copie éthérée d’Albus Dumbledore tournait lentement son regard bienveillant vers celui qui attendait son jugement, pâle comme la mort sur le perron du petit escalier qui menait du bureau à la salle de classe.
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MessageSujet: Re: I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI]  I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI] Icon_minitimeMer 4 Déc - 21:00



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Automne 1942.

Toujours perdu dans la contemplation de l’image matérielle de sa plus grande peu, Grindelwald demeurait parfaitement immobile. Son regard se perdait dans les yeux électriques de l’illusion, profitant de ce calme reposant dans lequel il baignait seul. Il avait cette impression qu’il pouvait s’y perdre jusqu’à la fin des temps, comme si ces iris bleues le retenaient par un puissant magnétisme dont le mage noir ne pouvait s’en défaire. Mais celui-ci en avait-il vraiment envie ? Les secondes semblaient s’étirer pour déformer la linéarité du temps lui-même, lui permettant de profiter de cet instant intime indéfiniment. Était-il au moins sûr du réel message de cette projection ? Ce sourire chaleureux de l’image ne réveillerait-il pas en lui une certaine ivresse avide qui l’emmènerait un peu plus dans la perdition ? Ou représentait-il au contraire la promesse d’un salut que Grindelwald redoutait ? Qu’importait, le mage noir avait rendu muettes toutes ses pensées sombres et nihilistes le temps de cette entrevue avec ce songe qui n’était que la partie visible de ce que le sorcier craignait le plus. Une boîte de Pandore aux multiples facettes qu’il valait mieux laisser close derrière ce sourire malicieux mais tendre. Ce n’était pas l’horreur qui se tenait devant lui, mais la promesse de conséquences insurmontables.

Si l’un des deux grands mages finissait par donner sa confiance à l’autre, que se passerait-il après tout ? Que ferait Albus Dumbledore du feu mage noir qui avait mis l’Europe à feu et à sang si l’épave de ce dernier finissait par laisser le professeur prendre la barre ? Gellert Grindelwald essayerait-il de renaître de ses cendres comme un phénix en ayant le vent chaud du directeur adjoint dans ses plumes pour le porter ? La destruction était-elle forcément le résultat d’une entente entre les deux mages ? Ou alors, absolument rien ne se produirait, laissant le monde dans cette tranquillité aveugle et égoïste qu’il semblait toujours avoir désirée ? Une paix candide et naïve, illusoire presque. Grindelwald avait pourtant tenté de lever ce voile pudique sur cette liberté imaginée et idéalisée, en vain. Tout le monde le savait, c’était ainsi qu’on le présentait sûrement en cours de l’Histoire de la Magie. Le sorcier ayant échoué. Mais ce sourire en face de lui pouvait également signifier une promesse d’une aube radieuse, aux rayons rosées. Un nouveau départ, lumineux, sans entrave. Un seul sourire de la part de l’image avait permis de troubler l’esprit pourtant d’acier du mage noir. Amusé d’être ainsi tombé dans le piège de l’épouvantard, il lui rendit son sourire, narquois et insolent cependant.

Un bruit de bois qui tombe sur de la pierre résonna alors dans l’épais silence de la pièce, raisonnant longuement entre les murs de pierre de la salle de Défense Contre les Forces du Mal. Étrangement, l’épouvantard détourna le regard de sa cible. Rien d’étonnant pourtant, sa peur s’étant manifestée en tant qu’un Albus Dumbledore en bonne et due forme. Il était ainsi logique que le sorcier réagisse au bruit parasite. Grindelwald poussa un profond soupir déçu et baissa légèrement la tête en fermant les yeux, entendant sans problèmes les froissements du tissu qui se tordait, se pliait pour probablement ramasser ce qui était tombé. Il s’agissait très probablement de Raven. Il n’y avait que lui pour faire choir sa baguette et dans cette salle de cours qui plus est. Le mage noir ne renvoya pas l’épouvantard dans l’armoire. À quoi bon ? Raven l’avait vu et il ne voulait pas alerter les Aurors pour avoir lancé un simple Riddikulus. Cependant, le professeur avait vu sans nul doute cette projection intime en face du mage noir. Il se sentit mis à nu, lui qui était un si puissant Occlumens, exposé, exhibé, faible.

— Approchez Raven, ce n’est pas le vrai Dumbledore.

Un sourire moqueur se dessina sur les lèvres du mage noir. Il était évident que le pauvre jeune homme savait déjà pertinemment qu’il s’agissait d’un épouvantard mais l’opportunité d’importuner une nouvelle fois son collègue méritait d’être saisie à chaque fois. Lentement, il se tourna vers l’endroit où se trouvait ce pauvre Raven qui faisait presque de la peine à voir. Les mains toujours croisées dans le dos, il regarda un instant celui qui avait osé perturber cette méditation reposante et enrichissante. D’une certaine façon, Grindelwald se sentait en danger qu’une de ses informations très personnelles ait pu être connue par un témoin et surtout, autre que par lui. Le mage noir n’ignorait pas l’admiration que Raven vouait à Dumbledore et il craignait presque qu’il n’aille voir son supérieur pour lui narrer ce dont ses yeux sombres avaient été spectateurs. Cependant, son esprit s’échauffant se rassura en se rappelant du courage légendaire du jeune homme. Il serait incapable d’en parler à Albus, ayant trop peur des représailles de son auguste collègue. Le visage calme, le sourire de Grindelwald se voulut charmeur et jovial afin de mettre en confiance le pauvre morceau d’humain perché en haut de ses escaliers qui semblait aussi farouche qu’une biche.

— Descendez, allez, cessez de penser que je vais vous tuer. Dites-vous que vous pourrez rajouter cette information dans votre thèse si vous continuez de la compléter au fur et à mesure.

Grindelwald ne bougea pas un seul muscle, conservant son sourire sur son visage de craie. Contrairement à ce que pensait probablement Raven, le mage noir était parfaitement sincère et honnête. Bien qu’agacé et assez anxieux, il préféra jouer la carte de la patience et de la sagesse. Bien évidemment, dans d’autres circonstances, Raven aurait été supprimé pour éviter toute fuite mais les choses avaient malheureusement changé. Même terroriser son pauvre collègue ne semblait pas pertinent et pouvait même avoir certaines retombées vis-à-vis du Ministère qui lui avait gracieusement permis d’utiliser un minimum de magie sans être embêté constamment. Mais là n’était ni le propos ni le moment d’y songer. En regardant cette bête effrayée qui se tenait en haut de sa tour telle Juliette craignant par-dessus tout son Roméo, Grindelwald estimait que non, Raven ne descendrait pour rien au monde ou alors, uniquement par crainte que le mage noir ne se déchaine sur lui.

— Je ne compte pas vous faire de mal mais si cela peut vous rassurer, Dumbledore est là pour vous protéger.

Son visage gardait cette expression chaleureuse, contrastant avec la pâleur glaciale de ses joues. Il ne put s’empêcher à cette situation qui devait sembler bien cocasse et absurde pour le pauvre professeur, ayant en face de lui, les illustres Albus Dumbledore et Gellert Grindelwald lui souriant de concert avec bienveillance.
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MessageSujet: Re: I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI]  I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI] Icon_minitimeJeu 19 Déc - 14:56



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Salle de Défense Contre les Forces du Mal

Automne 1942

Immobile, les membres roides, Belladone semblait ployer la nuque au bon vouloir du bourreau qui lui faisait face, et dont il attendait le jugement. Car sans doute l’impénétrable Occlumens ne laisserait pas impunie cette hérésie inconsciente, dont s’était rendu coupable le jeune homme timoré, en faisant irruption au beau milieu de sa propre salle de classe. Et l’ampleur de son audace inconsciente lui clouait les pieds au sol, tandis qu’il restait stupidement planté sur le perron de son bureau, à courber l’échine devant la sentence qu’il devinait déjà cruelle, bien au fait du sadisme à peine dissimulé que l’auguste mage noir se délectait à user avec lui. La pâle copie du Professeur Dumbledore avait quelque chose d’effrayant, dans ce sourire éthéré qui semblait irréel, et cette immobilité fantomatique qui manquait de ce naturel serein dont chacun de ses gestes était d’ordinaire empreint.  Et Belladone, dans cette apathie horrifiée qui glaçait la plus petite goutte de sang de ses veines, ne semblait pas pouvoir détacher de son bienfaiteur ce regard de velours brun affolé par l’imminente catastrophe qui attendait son arrivée impromptue sur les lieux d’un tel spectacle.

Si Grindelwald ne regardait pas son jeune collègue, il était pourtant certain qu’il avait deviné sa présence indiscrète et maladroite, et que sans doute il le laissait ainsi de son plein gré, à jouir des affres de tourments au fond desquels il savait pertinemment que l’esprit de Belladone se noyait en cet instant, éperdu d’horreur à l’éventualité de la vengeance du mage noir. Pourtant c’est une voix moqueuse, exempte de toute trace de colère, qui s’éleva pour déchirer le silence oppressant de la pièce, faisant tressaillir de tous ses membres le pauvre Professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Sans doute aurait-il préféré une rage franche à cette délectation sordide, patiente, du sort que son cruel collègue pouvait bien lui réserver. Et lorsque l’encre du regard troublé de Belladone se posa enfin, incertain et affolé, sur le profil de Grindelwald qui ne se tournait pas encore vers lui, il sut qu’il avait visé juste, à ce sourire sans joie qui étirait les lèvres blafardes du mage noir, et à sa posture sereine, presque méditative, qui ne se troublait pas de ce que son jeune collègue apprenait aujourd’hui.

Jeune collègue qui ne bougeait toujours pas d’un cil, saisi d’effroi sur le perron, n’osant descendre les quelques marches de pierre froide, malgré l’invitation fielleuse de Grindelwald, qui semblait décidément se complaire dans la torture du benjamin du corps enseignant, à défaut de pouvoir réaliser les rêves de puissance et de gloire qui lui avaient valu une geôle sordide dans les cachots d’Azkaban. Et lorsqu’enfin le Professeur de Runes braqua son regard, pâle d’une inertie à peine humaine vers le visage pétrifié de Belladone, dont les joues rougissaient de honte et d’embarras sous sa barbe brune, ses craintes semblèrent atteindre leur paroxysme ; car son instinct couard semblait percevoir, sous ce masque de séduction savamment déguisé et ses paroles de miel, la menace sous-jacente derrière le prétendu réconfort que la tirade fielleuse de Grindelwald semblait vouloir insuffler à Belladone. Le tuer, ô sans aucun doute n’aurait-il pas hésité une seule seconde, si sa baguette avait été nichée dans le creux de sa main pâle, et si une escouade d’Aurors ne l’attendraient pas de pied ferme derrière la porte de la salle de cours, prêts à se saisir de sa glaciale personne et du cadavre encore tiède qu’il aurait laissé derrière lui.

- Lo…Loin de moi cette idée…Je vous l’assure…

L’évocation même d’une telle hérésie avait suffi à faire dresser sur la nuque de Belladone ses cheveux d’encre. Bien que les apparences soient trompeuses, le jeune homme ne se plaisait guère à provoquer l’ire de son terrible collègue, et n’était décidément pas assez courageux pour faire l’affront de coucher sur papier la peur la plus intime d’un des plus terribles mages noirs de tous les temps. Et sans doute était-ce pour cela qu’il se décida à descendre les quelques marches qui le séparait de son dangereux collègue et de la troublante copie de Dumbledore, craignant le déferlement de sa colère implacable s’il continuait ainsi à lui désobéir trop longtemps.

Ce ne fut pas chose aisée d’arriver au bout de ce petit périple. Ses genoux s’entrechoquaient tant ils tremblaient et ses yeux restaient obstinément vissés sur la pointe de ses chaussures, rendant plus que probable une éventuelle chute dans le petit escalier en colimaçon. Arrivé au bout de ce qui lui avait semblé un périple interminable, Belladone se décida enfin à rassembler son maigre courage et sa défense vacillante, pour enfin lever vers son interlocuteur un regard d’encre embué d’une panique qu’il ne cherchait même pas à dissimuler. Grindelwald et la pâle copie de Dumbledore lui souriaient de concert, avec cette joie étrange, machiavélique, qui étirait les lèvres pâles de l’un, tandis que l’autre lui offrait la bienveillance d’un sourire franc, dont l’éclat rieur dans les prunelles d’azur trahissait la chaleur sincère.

Tout se passa si vite que Belladone crut d’abord rêver. Pourtant ses pieds étaient bel et bien sur terre, et ses yeux s’écarquillaient à mesure que le sourire de son bienfaiteur s’effaçait, et que sa haute stature s’amoindrissait. Le temps d’un battement de cil avait suffi pour que la silhouette bienveillante de Dumbledore s’éclipse au profit d’une autre, plus frêle et plus jeune, qui tentait en vain de ravaler ses larmes, tandis qu’elle recroquevillait ses membres roides et douloureux sur l’asphalte glacée.

- Par Merlin…

Et Belladone restait là, pétrifié d’horreur et de stupéfaction, parce que son Epouvantard avait changé, et parce que la représentation du spectacle terrible qu’il avait eu sous les yeux le hantait visiblement bien plus qu’il ne voulait l’admettre, et surtout parce que cette découverte horrifiante était étalée aux yeux du pire témoin qu’il pouvait imaginer. Le jeune homme ne pouvait guère apprécier la réaction de Grindelwald, parce qu’il était tout entier noyé dans la contemplation atroce de l’étudiante qu’il avait arrachée aux griffes de ses comparses, l’ébène de ses longs cheveux collé à ses joues par la source intarissable de ses larmes, qui jaillissaient, incontrôlables, de ses prunelles d’émeraude délavée. Et Belladone déglutissait devant le spectacle déchirant qui le rappelait à son impuissance devant la cruauté d’un monde qu’il ne voulait pas voir, personnifiée en cette élève éplorée qui tendait une main blanche vers lui, lui qui ne pouvait pas s’en saisir, parce qu’il ne pouvait rien, au fond, à ses tourments, et que là était son pire cauchemar, depuis cette affreuse nuit. Cette jeune fille suppliciée avait sonné le glas de la paresse latente d’un esprit candide, semblant vouloir réveiller l’apathie égoïste dans les tréfonds desquels les privilèges de cet enfant de riche l’avait noyé. Il ne pouvait plus se dissimuler la dureté du monde désormais, pas maintenant que son Epouvantard prenait la forme des larmes d’une Née-Moldue tourmentée pour le sang qui coulait dans ses veines, pas maintenant qu’il avait vu les capuches des bourreaux dévoiler leurs visages d’enfants, pas maintenant que ses yeux, contraints et forcés, se posaient sur l’uniforme aux couleurs passées, ainsi que sur la robe élimée qui revêtait le corps grâcile de la jeune fille qui ne se relevait pas, semblant implorer à son Professeur une aide qu’il ne pouvait pas lui octroyer. Et les larmes lui seraient presque montées aux yeux, tandis que la révélation de son impuissance s’imposait à lui avec une telle force, et il restait pétrifié d’horreur, sachant que Grindelwald assistait à la scène, et qu’il était si bouleversé qu’il ne songeait pas même à un « Riddikulus », qui, à défaut de faire oublier la scène à son témoin, aurait au moins eu le mérite de mettre fin à son supplice. Alors, sans vraiment réfléchir, d’un mouvement instinctif, Belladone arracha son regard de cette contemplation sordide de cette jeune fille qu’il avait cru avec orgueil sauver d’un sort inéluctable en punissant deux ou trois élèves et en la protégeant des murs de son bureau pour une heure, pour finalement la renvoyer au cœur de l’antre dans laquelle sévissait ses bourreaux. Alors, enfin, ses yeux horrifiés se posèrent sur Grindelwald, avec la sentiment vague et étrange qu’un lien ténu et quelque peu sordide unissait désormais ces deux êtres que, pourtant, tout opposait.
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Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI]  I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI] Icon_minitimeVen 27 Déc - 16:57



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« I'M A SLAVE, AND I AM A MASTER »

Automne 1942.

Malgré le fait qu’il avait été pris sur le fait, Grindelwald resta parfaitement calme. Il n’avait après tout aucune raison de s’énerver sur ce pauvre Raven qui n’avait rien hormis d’être dans ses appartements. C’était le mage noir, l’intru, ici. Et même s’il considérait toujours que le poste de Défense Contre les Forces du Mal était plus pertinent s’il lui avait été attribué, il n’allait pas prendre d’assaut des quartiers personnels desquels il se ferait expulser en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Gellert resta donc parfaitement serein, même s’il était assez ennuyé à l’idée que son pleutre collègue puisse tout raconter à la forme originale de la projection sortie de l’armoire. Par ailleurs, il n’avait aucune idée de comment réagirait Albus en sachant qu’il est l’épouvantard de son prisonnier. Railleries hautaines et autres démonstrations d’arrogance seraient sûrement présentes. Ce ne serait pas la première fois que Gellert devrait affronter ce pouvoir malicieux qu’exerçait le directeur adjoint sur lui, inoffensif et entravé. Si sa splendeur d’antan avait terni, si son éclat rayonnant avait pali, sa force d’esprit n’avait en revanche nullement faibli. Il serait brave face aux critiques, aux moqueries, à l’humiliation. Il arborerait le même sourire détaché qu’il avait actuellement.

Il regarda Raven descendre les escaliers, lentement. Le pauvre donnait l’impression de ne plus savoir où donner de la tête. Pire, il donnait l’impression de marcher certainement vers une mort inéluctable. Pourtant, Gellert n’avait ni haine, ni colère en lui. Il ignorait presque sa propre stratégie par rapport à Raven. Avait-il réellement besoin d’en avoir une de toute façon ? Son avenir était à son crépuscule. Dans peu de temps, il serait enlisé dans un quotidien banal, fade et sans saveur. Mais était-ce pour autant un problème ? Il pouvait y apporter une touche de douceur afin de rendre cela comme une paisible retraite. Être professeur était en soi une humiliation pour lui, mais il passerait outre. Avec un sourire chaleureux, il accueillit son collègue à ses côtés. Il se permit même de poser sa main sur l’épaule du jeune professeur, le regardant droit dans les yeux. Recula-t-il d’un pas volontairement pour forcer discrètement Raven à être confronté à l’épouvantard ou ce dernier a-t-il changer de proie de plein gré ? La prise du mage noir sur l’épaule de son comparse n’était ni ferme ni autoritaire. Il se positionna juste dans son dos et regarda Albus disparaître sous leurs yeux pour faire apparaître quelque chose auquel Grindelwald ne s’était pas attendu.

En réalité, venant de la part de Raven, il s’attendait à une peur primaire comme un dragon, la mort, quelque chose de basique en soi. Néanmoins, il s’agissait de quelque chose de beaucoup plus profond et d’une tout autre portée. Albus Dumbledore laissa place à une Lavande Huntergrunt éplorée et désolée, suppliant de l’aide de ses yeux verts délavés. La main de Gellert glissa le long de l’omoplate de Raven pour venir se ranger avec sa sœur dans le dos du mage noir qui redressa le menton devant cette vision. Plusieurs interprétations se bousculèrent dans sa tête, certaines beaucoup plus sombres que d’autres. Inquiet pour la santé de l’élève qui l’avait pris sous son aile, Grindelwald plongea son regard dichotomique dans ceux de Lavande qui fixaient pourtant un Raven paralysé par la peur. Ses sourcils se froncèrent. Lui avait-il fait du mal ? Était-ce la matérialisation de sa culpabilité qu’ils avaient tous deux face à eux ? Ou une personnification de quelque chose d’autre ? Gellert en savait trop peu pour avoir un avis précis, tout comme Raven devait ignorer les raisons de l’apparition de Dumbledore. D’une voix grave et basse, le mage noir murmura :

— Qu’est-ce que tu lui as fait…?

Une certaine colère naissait en lui mais il essayait de se contenir comme il pouvait. Il ne devait pas faire de conclusion hâtive, pas de raccourcis subjectifs. Mais il se sentait étrangement concerné par le sort de cette pauvre élève de Serpentard. Malgré lui, Grindelwald s’était attaché à elle, il devait se l’avouer. Cependant, cette affection l’avait lié à elle et d’une manière indéfectible. Le mage noir n’était pas un homme bon ni un homme aimant. Il était souvent qualifié de n’avoir aucune pitié, aucun remord ni principe. Cependant, il demeurait loyal, malgré ce qu’il se disait sur lui, dès qu’on parvenait à susciter son intérêt. Ou du moins, qu’on donnait une raison à son cœur mort de battre. Souvent il avait fait croire qu’une certaine personne avait de l’intérêt pour lui, dissimulant habilement le fait qu’il ne s’agissait qu’un objet pour le mage noir. Mais il y avait des êtres pour qui Grindelwald se mettrait devant pour les protéger. Pour qui il se mettrait en première ligne plutôt que de tirer habilement les ficelles de ses manières. Pour qui ce serait lui, l’objet. Cette fidélité, cette loyauté, cette dévotion, Lavande Huntergrunt en bénéficiait sûrement sans le savoir. Et quiconque lui ferait le moindre mal s’attirerait les foudres du mage noir.

Cependant, un calme glacial émanait du mage noir tandis qu’il continuait à regardait la plus grande peur de Raven. Finalement, Gellert baissa les yeux d’un air las et triste tandis qu’un de ses poings se serra dans son dos. Les Aurors le traquaient pour la moindre utilisation de sa magie, il était vrai. Mais là était sûrement une grossière erreur de la part de tout sorcier que Grindelwald avait pu rencontrer : se concentrer uniquement sur la pratique de quelques pouvoirs surnaturels. Lui était allé au-delà, anticipant ce genre de situation. Il ferma les yeux, ses phalanges toujours serrées entre elles dans son dos. De son autre main, il la posa de nouveau dans le dos de son collègue, entre les omoplates. Puis, son poing vient s’enfoncer d’un geste sec entre les côtes du professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Les bras du mage noir vinrent se replacer dans des gestes souples et lents dans le dos de leur propriétaire dont le visage demeurait impassible. Les sorciers, pour la plupart, négligeaient la force physique brute, qui s’avérait bien utile quand on était dépourvu de baguette… ou que l’on était tout simplement sous surveillance. Sur le même ton froid mais quelque peu las cette fois-ci, Grindelwald répéta, sans jeter un seul regard à sa victime :

— Qu’est-ce que tu lui as fait ?

Le mage noir n’était pas inquiet. Dans quelques dizaines de minutes, Raven serait forcé de s’asseoir à côté de lui, comme chaque soir, pour le dîner. Et il misait sur la lâcheté de son collègue pour que celui-ci n’ait même pas le courage de dénoncer ce coup puissant et bref dans son diaphragme. Sans l’ombre de la moindre joie, Grindelwald regarda de nouveau Lavande, une inquiétude certaine en lui.
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Belladone Raven
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MessageSujet: Re: I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI]  I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI] Icon_minitimeLun 6 Jan - 12:51



Won't Let This Build Up Inside Of Me

Salle de Défense Contre les Forces du Mal

Automne 1942
Il se passait quelque chose. Quelque chose d’imprévu, de terrible, qui pouvait se révéler un quiproquo affreux pour quiconque n’avait pas eu connaissance de la scène tragique de laquelle Belladone avait arraché la jeune étudiante. La main d’albâtre, glacée, qui s’était posée sur son épaule, dans un geste presque empreint de cordialité, semblait se resserrer comme un étau devant la vision pénible et déchirante de la jeune fille qui gisait aux pieds du Professeur de Défense Contre les Forces du Mal, les yeux pleins de larmes et le regard implorant une salvation qu’il n’avait pas le pouvoir de lui accorder. Condamné à la regarder souffrir sous ses yeux de velours impuissants, Lavande personnifiant là le reflet de son inutilité et de son incapacité à apporter sa pierre à l’édifice d’un monde qu’il aurait voulu plus beau et plus juste, Belladone déglutit avec difficulté, parce que la main blanche, acérée comme une serre, ne le lâchait pas, et parce que même le glacial Grindelwald paraissait perturbé par ce spectacle déroutant auquel, sans nul doute, il ne s’était pas du tout attendu.

Etrangement, lorsque la main de l’auguste mage noir glissa dans le creux de son dos pour finalement relâcher complètement son étreinte, l’angoisse de Belladone atteignit son paroxysme. Les bras croisés, surplombant dignement la scène de toute sa hauteur polaire, Grindelwald n’avait jamais paru plus inquiétant aux yeux du tendre jeune homme, chez qui, pourtant, il inspirait toujours une sorte de révérence craintive. Et lorsque le couperet tomba, dans un murmure glaçant, Belladone vit ses pires craintes se révéler au grand jour, devant l’élève suppliante qu’il avait arraché aux griffes de ses bourreaux, dans un élan de salvation éphémère, pour mieux la leur jeter en pâture une heure après. Comment la perspicacité d’un sorcier tel que Grindelwald pouvait-elle se leurrer de cette conclusion, la plus évidente et la plus facile, certes, mais surtout la plus improbable ? Comment pouvait-il admettre un instant l’éventualité que son jeune et tendre collègue, qu’il s’évertuait à martyriser à chacun des dîners et de leurs rencontres fortuites, pouvait délibérément avoir fait du mal à une de ses élèves ?

- Je…Je vous demande pardon ?

Belladone ne semblait pas avoir compris ce que Grindelwald voulait entendre, comme s’il était persuadé que son aîné connaissait déjà la vérité, et qu’il s’agissait d’une question rhétorique, à laquelle le jeune homme, complètement paralysé par l’horreur de la situation, n’avait pas même la présence d’esprit de répondre. Que répondre à cela, en réalité ? L’auguste sorcier aux crimes nombreux, reconnus et punis, semblait déjà s’être forgé une opinion quant à l’Epouvantard insensé de son jeune collègue, et à son prétendu et impensable statut de bourreau d’élèves. Grindelwald pouvait-il réellement ignorer à ce point cette tendresse extrême, si exacerbée qu’elle confinait parfois à la lâcheté, au point de lui prêter de si sombres méfaits ? Le sadisme du Professeur Grindelwald envers son benjamin n’avait-il pas trouvé là l’occasion rêvée de le tourmenter un peu plus encore, s’acharnant à se l’imaginer coupable d’une manœuvre si sordide que l’indignation, mêlée à l’effroi et l’horreur, lui parcourut soudain l’échine, dans un frisson glacial. Le jeune Raven en savait suffisamment sur Grindelwald pour lui prêter de si machiavéliques exactions, leur mesquinerie découlant de son absence de pouvoir et de liberté en ces murs. Le Grindelwald célèbre et tout puissant à ses heures de gloire aurait-il laissé la vie sauve au témoin fortuit de sa plus grande faiblesse ? Belladone le savait, qu’il en avait tué d’autres que lui, pour bien moins que cela, et qu’aujourd’hui il était inoffensif parce que contraint et forcé par l’absence de baguette et par l’armée d’Aurors qu’il était parvenu à semer par un habile tour de passe-passe. Le jeune homme déglutit, conscient que seule la surveillance extrême du plus grand mage noir du siècle sauvait sa peau, et parce que Lavande le regardait toujours de ces yeux éplorés et terribles ; parce que le spectacle devenait insupportable aussi, et parce qu’il était trop idiot et trop sous le choc pour lancer le sort qu’il enseignait pourtant avec ferveur à ses élèves, et qui l’aurait délivré de la personnification de ses tourments les plus enfouis au fond de son âme déchirée par une telle contemplation.

Osant à peine respirer, Belladone risqua un regard en biais vers le Professeur Grindelwald, scrutant avec pessimisme la moindre réaction sur le visage de cire du plus célèbre Occlumens de l’époque. A dire vrai, le jeune homme aurait préféré ne rien discerner sur le visage hostile de celui qui le détestait ouvertement et sans raison apparente. Ô comme il aurait préféré le rêver, ce regard désabusé, un brin mélancolique, qui fit baisser les yeux de Grindelwald vers l’asphalte, se détournant là de l’insupportable spectacle d’une Lavande brisée qui implorait son Professeur, le visage ravagé par les larmes ! C’était un pressentiment funeste que cette ombre de tristesse qui avait voilé les yeux d’ordinaire impassibles d’un si grand mage noir, et Belladone déglutit lorsqu’il sentit de nouveau la main glacée sur poser non sans une certaine et effrayante délicatesse dans le creux de son dos, sonnant là le glas des pourparlers inutiles, à présent que Grindelwald s’était forgé son opinion.

Le choc sourd coupa la respiration de Belladone, qui se plia en deux sous la douleur aussi vive qu’impromptue. Ses yeux se fermèrent un moment, et ses bras s’étaient recroquevillés sur sa poitrine, tandis qu’il courbait l’échine, plié en deux par la violence du coup. Même dépourvu de sa baguette magique, Grindelwald pouvait se révéler une brute, et la stupéfaction d’une attaque aussi grossière avait totalement pris Belladone au dépourvu lui qui, pourtant, prenait garde à anticiper les moindres mouvements d’humeur du mage noir, qui n’étaient pas rares envers lui.  Cette démonstration de force du sorcier avait beau être primaire, elle n’en était pas moins inquiétante, car Belladone qui craignait déjà tant sa puissance découvrait avec effroi la vigueur de cette silhouette bien plus haute et cette carrure bien plus solide que la sienne. Et les entrailles de Belladone étaient agitées du sourd pressentiment que le sorcier n’avait pas même chercher à blesser, et que ce coup à la portée mesurée n’était en réalité que la menace, claire et précise, que le jeune homme avait tout intérêt à coopérer. Aussi ne se fit-il pas prier lorsque la question fut réitérée du ton placide qui ne dissimulait que trop bien la colère froide qui agitait l’esprit du mage noir, tandis que le spectacle de son propre épouvantard torturait tant Belladone que des larmes menaçaient de poindre de ses yeux de velours affolé :

- Mais…Rien…Par Merlin…Je vous le jure…Comment…Comment pouvez-vous croire…Une chose pareille ?

Le benjamin Raven peinait à reprendre son souffle, coupé par le poing vigoureux du mage noir qui maintenait à présent ses deux mains croisées derrière son dos, toujours dignement impassible, sa silhouette haute et fière droite et stoïque, attendant avec calme que le jeune homme se répande en explications. Elles ne tardèrent guère, décousues et balbutiantes, marmonnées d’un ton suppliant, un peu pitoyables en somme :

- C’est un affreux malentendu…J’ai tiré cette malheureuse élève d’un mauvais pas…C’était en pleine nuit et…et ils étaient plusieurs contre elle…J’ignorais que ce terrible spectacle était devenu mon Epouvantard…Comment aurais-pu le deviner ? Je ne me l’explique même pas. Vous vous souvenez sans doute de la surprise et du mécontentement des Serpentard et de leur sablier devenu brusquement presque vide, un matin ? C’était à cause de ce qui s’est passé cette nuit-là…Et je…Oh, par Merlin, je peux tout vous expliquer, mais ce spectacle est si déchirant…Permettez-moi de…Riddikulus !

Le sort échoua lamentablement, dans un mouvement du poignet du professeur Raven qui confirmait là l’image d’incapable que son auguste collègue s’était faite de lui. A présent qu’il se répandait en justifications confuses, le jeune homme tremblait de tous ses membres, si bien que l’échec de ce sort qu’il apprenait à des élèves de treize ans découlait sans doute de cela. Tâchant de se concentrer, Belladone affermit sa prise, plongeant son regard dans celui de l’hologramme de la malheureuse étudiante qu’il avait sauvé ce soir-là, et ses yeux semblaient le supplier tant et si bien de pas la faire disparaître, elle et sa douleur implorante, que déjà une larme perlait à ses longs cils bruns, tandis qu’il balbutiait un nouveau « Ridikku…lus » si entrecoupé et chevrotant que sa baguette ne prit même pas la peine d’avoir le plus infime tressaillement. Un épouvantard aurait-il donc raison de lui ? Aussi peu puissant qu’il était, le jeune homme parvenait pourtant à vaincre son ancienne peur la plus profonde, sans plus de difficultés que cela. Mais aujourd’hui, la stupéfaction horrifiée de découvrir cette pauvre jeune fille implorant son regard impuissant devant l’implacable colère du terrible Grindelwald étaient telles qu’il ne se sentait même plus de taille pour un pauvre Epouvantard, tout occupé qu’il était à refouler ses larmes, se refusant à ce que le mage noir ne les découvre.

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MessageSujet: Re: I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI]  I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI] Icon_minitimeMar 7 Jan - 12:12



I Won't Let This Build Up Inside Of Me

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Automne 1942.

Malgré le coup gratuit qu’il venait d’asséner à ce pauvre Raven, Grindelwald resta impassible et de marbre, figé dans son éternel posture droite, les mains liées malicieusement dans son dos comme pour dissimuler ses méfaits. Il ne regrettait pas son geste, les yeux toujours rivés sur l’image d’une Lavande éplorée. Cette vision, il ne voulait plus la voir. Cela réveilla en lui une vieille blessure, un regard qu’il n’avait que trop connu. Ce n’était pas sa plus grande peur, mais c’était peut-être la chose qu’il détestait le plus. Un innocent en proie à un effroi dévorant qui semblait le dépasser et auquel il ne pouvait être qu’une victime. La colère bouillonna au fond du mage noir. Son collègue avait intérêt à se justifier très rapidement. S’il s’avérait être un bourreau d’enfants, Grindelwald se ferait un malin plaisir de lui creuser une tombe. Cependant, il était mal placé pour juger la cruauté des autres, lui-même ayant une liste de victimes plus longue que son bras. Mais ce qu’il avait fait, c’était pour améliorer la vie de certains. La révolution avait toujours un lot de sacrifices avec elle. Grindelwald reconnaissait volontiers être un meurtrier, mais en aucun cas, il n’était un assassin, choisissant ses victimes au préalable.

Emporté par des élans de justice vindicatifs, le poing impulsif de Grindelwald avait une nouvelle fois montré qu’il s’emportait toujours quand il s’agissait d’injustice. Il ne regardait même pas Raven suffoquer en tentant de reprendre son souffle. Il voulait juste que la vision de Lavande, sa protégée qui plus est, disparaisse rapidement. Dumbledore était plus facilement soutenable que la jeune adolescente. La peur était plus supportable que la colère. Finalement, le jeune professeur prit enfin la parole, de façon décousue, le souffle encore court. Il se défendit, clama que le mage noir se fourvoyait sur l’interprétation de cet Épouvantard, lui expliqua ce qu’il s’était passé une nuit, avec Lavande. Grindelwald resta silencieux et de marbre. Elle ne lui avait jamais parlé de cet épisode. Cependant, il fit confiance à Raven et son honnêteté. Ce pitoyable professeur était trop timoré pour mentir tandis qu’il essayait vainement de lancer un simple Riddikilus. Grindelwald eut un léger soupir, qui pouvait s’apparenter à de la pitié ou de la lassitude. Le deuxième essai de Raven ne se montra pas plus concluant et le mage noir lui jeta un bref regard, discernant un regard humide qu’il tentait de réfréner au détriment de la qualité de son sortilège.

Finalement, Gellert fit venir une chaise, meuble qui ne manquait pas dans une salle de cours et la posa derrière Raven. D’un geste doux, il posa une nouvelle fois sa main sur l’épaule de son collègue et l’invita à s’asseoir, avec une pression pacifique sur le haut de son bras. Le mage noir avait beau considérer le jeune homme comme un incompétent, il ne le voyait pas comme un ennemi. Au contraire, si ce qu’il disait était vrai, il était son allié. Mais en réalité, il n’en avait jamais douté une seconde. D’un geste tout aussi doux, il prit l’avant-bras de son juvénile collègue et de son autre main, emprunta sa baguette sans rien dire, le tout avec une délicatesse précise, d’un effleurement tendre. Il regarda le morceau de sorbier dans sa main, réalisant qu’il était enfin armé. Il jeta un coup d’œil prudent vers l’entrée de la salle à l’extérieur de laquelle se trouvait les Aurors. Il aurait pu exécuter Raven pour sa négligence et entamer une évasion sur le champ, ayant l’avantage de l’effet de surprise. Parcourant le relief sculpté du bois entre ses doigts pâles, il profita de cette sensation boisée sur sa peau. Il se tourna alors vers son collègue en perdition.

Peut-être n’avait-il pas encore réalisé ce qu’il venait de faire. Peut-être n’avait-il pas encore réalisé qu’il était désarmé face au plus grand mage noir du siècle et contre qui, il ne pouvait tout de même pas rivaliser sur un quelconque domaine hormis peut-être celui de l’empathie. Grindelwald jouait précautionneusement avec la branche de sorbier, le temps semblant se figer dans un instant intime où le mage noir avait l’impression qu’un nouveau chapitre pouvait s’écrire à cause de la négligence puérile d’un professeur au courage trop atrophié pour pouvoir s’interposer. De plus, il était à côté de Dumbledore qui devait avoir cours à ce moment-là, sa seule véritable menace. De la même façon que les chiens de garde devant la porte de la salle de classe, le mage noir avait l’effet de surprise en sa faveur. S’il tuait le professeur de métamorphoses, puis Dippet, Poudlard tomberait en suivant. Il essayerait de convaincre Lavande de le rejoindre. Ensemble, ils pourraient créer une révolution plus efficace que la première, libérant définitivement les sorciers de ce joug improbable qu’exerçaient les Moldus sur eux. Ils n’auraient plus d’opposants, plus d’ennemis. Ils auraient la voie libre pour cesser cette sempiternelle injustice.

Grindelwald eut un sourire mauvais en regardant son collègue et entendit du coin de l’oreille l’Épouvantard changer de proie. Albus Dumbledore était réapparu devant lui, son sourire bienveillant toujours encré sur son visage, son regard bleu braqué sur celui dissident. Le mage noir ne bougea pas, soutenant insolemment cette peur qu’il considérait désormais comme grotesque maintenant qu’il était armé. Avec un sourire goguenard, il leva la baguette en direction de la vision mais l’Épouvantard ne semblait pas avoir dit son dernier mot. Il se changea de nouveau, faisant apparaître une nouvelle personne. Une jeune fille, blonde, plus jeune que Lavande par terre, inanimée et le regard voilé perdu au-dessus de la tête du mage noir. Grindelwald perdit le contrôle de son souffle, ses épaules se soulevant dans un rythme irrégulier. Il regarda Ariana gésir à ses pieds pendant quelques longues et affreuses secondes. Son emprise sur la baguette se resserra tandis qu’il relevait les yeux vers son propre reflet qui était apparu derrière le cadavre de l’enfant. Les mains couvertes de sang, son propre spectre arborait un sourire cruel, jouant insolemment avec la baguette de Sureau. Les yeux désunis du mage noir factice semblaient l’inviter à se servir de ce qu’ils avaient tous deux dans les mains.

Grindelwald en oublia Raven derrière lui. Malgré cela, le mage noir se voilait malhonnêtement la face en essayant de se convaincre que cet Épouvantard n’avait aucun sens. Pourtant, son élan d’évasion mutine était mis à mal, dérangé par ce macabre couple de lui-même et Ariana, paralysé par une culpabilité puissante sur un fait pourtant passé depuis plusieurs décennies. Incapable de mouvoir le moindre muscle, Grindelwald était figé, perdant tout sourire insolent face à la créature. Comment sa peur avait-elle pu changer si brusquement, semblant même venir d’une autre personne ? Il baissa les yeux vers la baguette de Raven, ne comprenant pas comment le simple fait d’être armé pouvait changer à ce point sa propre mentalité. Une part de lui était assez lucide et sage pour reconnaître qu’il était dangereux étant armé d’une baguette et que le drame d’Ariana se reproduirait certainement. C’était autant la projection de sa peur immédiate qu’une menace. Finalement, Grindelwald contracta sa mâchoire, frustré. Rien ne l’empêchait de renvoyer l’Épouvantard dans l’armoire et fermer les yeux sur cette vision stupide. Sa peur, il pouvait tout aussi bien la combattre pour éviter qu’elle ne se réalise. C’était grotesque.

Riddikulus.

Le spectre se changea bel et bien, mais pas en la forme escomptée par le mage noir. Apparu alors une vision bien trop familière de lui-même, vieux, édenté, maigre, recroquevillé sur lui-même et vêtu de haillons. Ceci, il l’avait déjà vu. Et la seule fois où cette image lui était apparue dans sa tête, cela l’avait convaincu de tout arrêter. Furieux de cet échec grotesque, Grindelwald leva une nouvelle fois sa baguette et ne prononça rien cette fois-ci. Le vieillard se transforma alors en un inoffensif chaton rayé faisant sa toilette. Le mage noir ouvrit alors la porte de l’armoire et le félin fila s’y cacher. Humilié d’avoir tant de frayeurs à son actif, se considérant comme faible et indécis, Grindelwald regarda une nouvelle fois la baguette en sorbier dans ses mains. Dans un geste vif, il la pointa sur Raven.

— Donne-moi une bonne raison de ne pas te lancer un sortilège d’Amnésie sur-le-champ, Belladone. Et ne m’oblige pas à fouiller ta tête pour vérifier ton honnêteté !

En réalité, le mage noir était plus furieux d’avoir été ainsi mis à nu devant Raven. Par ailleurs, il ne s’était même pas rendu compte que tant de choses l’effrayaient, allant de Dumbledore à lui-même. Ne supportant pas cette faiblesse pourtant saine, quelque part, il tentait de réfréner cette panique incontrôlée qui l’ébranlait.
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MessageSujet: Re: I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI]  I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI] Icon_minitimeVen 10 Jan - 17:08



Won't Let This Build Up Inside Of Me

Salle de Défense Contre les Forces du Mal

Automne 1942
Belladone pouvait sentir le regard polaire du mage noir, fixé sur sa nuque qui se ployait sous la colère de son auguste aîné. L’échine courbée par la volonté impérieuse de Grindelwald, dénué d’armes mais non de ce charisme terrifiant qui lui avait valu son succès d’autrefois, il attendait, placide et non sans un certain dédain la fin des pitoyables balbutiements de son jeune collègue qui s’évertuait à clamer son innocence face à un des plus grands criminels du siècle. Un témoin extérieur aurait pu noter l’injustice criante de ce plaidoyer au cœur duquel s’humiliait Belladone, toujours un peu plus soumis à la volonté inflexible du Professeur de Runes qui avait le don de le faire trembler de terreur, à l’image d’un petit garçon se confrontant à l’autorité paternelle. Car c’était là le délicat, le tendre, le pleutre Belladone qui niait à corps et à cris le méfait sordide dont l’accusait ouvertement le célèbre criminel autrichien.

Et c’était au bord de ses longs cils bruns à lui qu’une larme insidieuse perlait, tandis que Grindelwald avait l’œil sec, et que pourtant l’insoutenable spectacle semblait lui remuer les entrailles, malgré son port altier, droit et fier, dont il ne se déparait jamais. Belladone l’aurait juré ; son Epouvantard faisait du mal au grand Gellert Grindelwald, peut-être même autant qu’à lui, mais ce dernier avait une dignité dans la colère et dans l’horreur que Belladone ne pouvait qu’admirer d’en bas, son peu de fierté et d’orgueil foulés aux pieds dédaigneux de l’illustre mage noir qui avait occupé tant de ses heures de recherche.

Premier essai. Premier échec. Le mutisme de Grindelwald était éloquent, tandis que du bois de sorbier de la baguette du jeune Professeur ne s’échappait qu’un mince filament de magie, fragile, éthéré. La brume pâle, évanescente, s’évanouit au bout de quelques secondes, comme insolente, rieuse de l’impuissance magique du benjamin d’une des rarissimes familles pouvant se targuer de la prétendue pureté du sang qui coulaient dans leurs veines. Deuxième essai. La seconde humiliation ne se fit guère attendre, terrassant le peu de nerfs qui subsistait à Belladone. La larme qui s’accrochait à aux cils de velours s’écrasa en silence sur la joue du jeune homme, terrassé par sa propre médiocrité, par la contemplation atroce du spectacle auquel son impuissance le contraignait, par l’état de frayeur dans lequel le plongeait cette brute de Grindelwald, qui, non content de s’être révélé un des plus grands sorciers de son temps, venait de prouver à Belladone qu’il n’aurait sans doute aucun mal à le tuer à mains nues. La larme creusait un sillon sur la joue du jeune homme qui avait pâli, se perdant dans la toison d’encre de sa barbe qu’il avait taillée le matin même, ayant à peine conscience que ses yeux s’embrumaient de plus belle, et qu’il n’y pouvait désormais plus rien.

Statue de sel, Belladone semblait figé dans son horreur, son cerveau brumeux se refusant à reprendre le contrôle sur ses membres engourdis. Aussi ne vit-il pas la chaise qui s’approchait de lui, et lorsque la main glacée se posa sur son épaule, presque tendre cette fois-ci, le jeune homme leva ses yeux de velours embrumés vers Grindelwald, le regardant sans le voir, tandis qu’il se soumettait docilement à la pression légère de la main roide qui, dans un ordre mutique, lui intimait de s’asseoir. Belladone plia les genoux sans rien dire, comme inconscient, s’abandonnant au bon vouloir de l’homme dont il avait d’ordinaire au moins l’intelligence de craindre les réactions. Et le benjamin Raven semblait toujours absent, soumis à une autorité paternaliste qui s’était imposée avec un naturel étrange, lorsque Grindelwald, profitant de son apathie horrifiée, se saisit de son poignet avec une délicatesse extrême, et qu’une seconde plus tard, toujours avec cette prudence doucereuse, s’emparait de la baguette du jeune Professeur.

Deux autres larmes avaient creusé leur sillon sur les joues cireuses de Belladone, seules preuves que le jeune homme aux membres roides et au visage impavide était encore là, au beau milieu de cette salle de cours, aux côtés du plus grand mage noir de son époque, et face au visage implorant de celle qui était devenu sa plus grande peur. Quelques secondes, quelques minutes s’étaient-elles écoulées, avant que Belladone ne recouvre ses esprits ? Sans doute ne le saurait-il jamais, mais, toujours, il se souviendrait de la révélation terrible qui avait paru geler son âme trop tendre, comme un jet d’eau glacée après un bain de soleil, lorsque son regard horrifié avec croisé celui de Grindelwald.

Le mage noir semblait transfiguré. Armé de la baguette de sorbier du tendre jeune homme, il semblait irradier d’un charisme inquiétant, d’une puissance renouvelée, d’une confiance absolue enfin, en son pouvoir et en sa soif de liberté qui, à chaque seconde, avait dû lui ronger les entrailles. Et dans le sourire cruel, sans joie, qui étira les lèvres pâles du mage noir, Belladone pu discerner, en une fraction de seconde, le scénario terrible dont sa faiblesse et sa négligence seraient les principales fautives ; sa propre mort, en premier, annonciatrice de l’hécatombe vengeresse d’un Grindelwald enjôlé depuis trop longtemps. Celle de Dumbledore, son bienfaiteur, tombé par la stupidité fragile de son protégé, Poudlard qui s’écroule, les enfants qui hurlent, et le glacial despote qui, enfin, recouvrait sa suprématie.

Nul mot n’était nécessaire entre les deux. Les pensées de ces deux êtres que tout opposait se reliaient avec un naturel déconcertant, glaçant, par la seule confrontation de leurs regards qui ne se lâchaient pas. L’Epouvantard, qui s’était résigné à abandonner la proie pitoyable et désarmée que représentait désormais Belladone, s’était tourné vers l’auguste mage noir. Aussi l’hologramme du grand Albus Dumbledore avait effacé l’image déchirante de la douce et implorante jeune élève de Serpentard, et peut-être Belladone aurait poussé un soupir de soulagement, sauvé de l’atroce contemplation que serait désormais son Epouvantard, si le prix à payer n’était pas un Grindelwald armé et tout puissant, par la faute de sa seule négligence. Malheureusement le pauvre Belladone ne semblait pas au bout de ses peines. Lorsque le visage serein et bienveillant d’Albus se dissipa pour un cadavre enfantin, dont la blondeur juvénile des cheveux auréolait le petit visage roide, dépourvu de cet éclat de vie qui faisait briller les yeux et rosir les joues, Belladone eut un sursaut d’horreur. Peut-être même aurait-il perdu connaissance, s’il n’avait pas au préalable été installé sur cette chaise par ce même assassin d’enfant qui avait osé l’accuser d’un crime similaire, quand son Epouvantard prenait la forme d’une dépouille de jeune fille. Tout entier consumé par une peur dévorante, Belladone leva un regard écarquillé d’épouvante vers Grindelwald, dont le poignet armé de sa chère baguette de sorbier s’élevait, s’apprêtait à réduire à néant l’Epouvantard affreux qui semblait atrocement le contrarier.

Le sortilège échoua, en même temps que les craintes de Belladone redoublèrent. La colère de Grindelwald, sans nul doute serait terrible, suite à un échec si cuisant et si honteux, pour un sorcier tel que lui, devant son jeune collègue qu’il exécrait sans raison apparente. L’Epouvantard avait changé de forme. Moins atroce, mais plus glaçant, il pénétrait l’intimité de Grindelwald, dans le reflet de sa propre décrépitude, sa stature haute et fière outragée par les vestiges du temps auxquels lui-même ne pourrait guère échapper. Le vieillard piteux, ayant perdu toute once de sa superbe de jadis, disparut soudain sous un mouvement souple du poignet de Grindelwald, le reflet d’un chaton paisible prouvant là la réussite de son sortilège mutique. Le gouffre béant de l’armoire engloutissait à peine la petite créature enfin maîtrisée par les pouvoirs de l’auguste sorcier, lorsqu’il se tourna enfin vers un Belladone tremblant qui sauta de sa chaise, debout sur ses deux pieds en une fraction de seconde, à la merci de sa propre baguette pointée vers sa poitrine qui se soulevait au rythme saccadé de son cœur affolé.

La menace était claire, sans équivoque. Le sortilège d’amnésie, la légilimancie. Belladone en frissonnait d’horreur, ne sachant que trop Grindelwald capable de tels méfaits. Il avait été capable de bien pire, le cadavre d’enfant qui gisait dans la salle de classe quelques instants auparavant ne le prouvant que trop bien. Que voulait-il bien entendre au juste ? Le jeune homme n’avait nulle intention de confier cette scène à qui que ce soit, honteux lui-même de son propre Epouvantard, conscient aussi de l’inutilité d’un tel bavardage, les crimes de Grindelwald étant connus de tous ceux qui voulaient bien se renseigner un minimum sur l’auguste et sombre personnage qui le tenait à sa merci. Implorer sa pitié ? Grindelwald n’avait que faire de la pitié, et il détestait déjà suffisamment la couardise de Belladone pour exacerber un peu plus la haine qu’il lui vouait à cet instant précis. Le jeune homme déglutit un moment, levant les mains en l’air avec la vague conscience de vivre là les derniers instants de sa courte existence :

- Je n’ai aucune intention de parler de…de…enfin…de tout ça…Vous avez ma parole…Vous n’avez jamais…Jamais voulu me faire confiance mais…Je n’ai jamais rien répété de nos échanges…A personne…Et puis…J’ai honte moi aussi…Je me tairai je le jure, mais je vous en prie, rendez-moi cela…Si les Aurors entrent et vous trouvent armés…Ils vous renverraient à Azkaban…Ou…Ou pire, allons, rendez là moi…

C’était la réalité. N’importe qui d’un tant soit peu informé sur le passé de Grindelwald n’ignorait pas ce qui l’attendrait à la moindre incartade. Et c’est avec ces paroles décousues qu’il tentait vainement, avec l’énergie du désespoir, de gagner quelques précieuses secondes, et de raisonner le grand mage noir, ne voulant pas s’admettre encore cette plaie au cœur, trop infime pour avoir été remarquée, qui l’avait traversée à l’évocation de l’exécution de celui qui avait certes été un criminel mais qui désormais était un collègue de travail et un compagnon de table, omniprésent dans sa propre vie.

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MessageSujet: Re: I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI]  I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI] Icon_minitimeVen 10 Jan - 19:37



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« I'M A SLAVE, AND I AM A MASTER »

Automne 1942.

Encore ébranlé par la succession de faits improbables qui venaient de se dérouler, Grindelwald ne bougeait pas, l’esprit perturbé mais la baguette fermement pointée sur son véritable propriétaire. Le mage noir était en colère et bouleversé en même temps. Son propre échec lui avait procuré un tel sentiment d’humiliation qu’il en avait presque la nausée. La vision d’Ariana à ses pieds l’avait secoué plus qu’il ne l’aurait avoué. Quelque part, l’adolescente avait représenté son échec, peut-être le plus grand de toute sa vie. Être mis à nu ainsi Raven lui donnait envie de… le faire disparaitre une bonne fois pour toute. Supprimer les témoins de ses propres faiblesses qu’il ne pouvait déjà pas s’avouer. Le mage noir s’était toujours efforcé d’être une carapace sans faille, une muraille infranchissable d’impassibilité, dissimulant avec soin la moindre émotion, ne laissant aucune miette à ses ennemis de le connaître plus en détails. Moins les gens en savaient sur lui, plus cela jouait en sa faveur. Grindelwald s’était toujours voilé la face sur ce qu’il pouvait ressentir, pensant que cela pourrait être utilisé par ses opposants. Parfois, il aurait aimé réellement ne rien ressentir. Au lieu de cela, il gardait tout en lui, essayant de ne pas se laisser corrompre par ses propres émotions.

Raven était l’illustration parfaite de pourquoi Grindelwald contrôlait le moindre battement de son cœur qu’il avait fini par rendre glacial. Le professeur de DCFM était avachi sur la chaise sur laquelle le mage noir l’avait délicatement posé. Le jeune homme semblait paniqué, ses yeux embués. Rien n’empêchait le mage noir de le tuer de sang-froid ici et dans l’instant. Deux Aurors ne pourraient rien faire contre lui et il ne mettrait pas longtemps à trouver une baguette plus puissante que celle qu’il avait entre les mains. En réalité, s’il désirait vraiment se débarrasser de son collègue, la force brute de ses bras suffirait amplement à le terrasser. C’était plus discret qu’un sortilège et la détonation n’attirerait pas les gardes à l’entrée de la salle. Tandis qu’il réfléchissait au moyen de procéder, sa conscience le rappela à l’ordre, matérialisée par ce souvenir d’Ariana dont le corps inerte jonchait le sol de la maison des Dumbledore. Les cris, les pleurs, la haine puis la douleur. Un refrain qui reviendrait probablement si Gellert empruntait le chemin que cette baguette lui traçait. Un refrain qui raisonnait pourtant dans les larmes de la jeune Lavande et autres Nés-Moldus, négligés par leurs semblables.

Mais Raven fit l’erreur de prendre la parole, de répondre aux menaces rhétoriques du mage noir qui le gardait en joue. Si Grindelwald commençait à éprouvait certains doutes sur le chemin à suivre, les paroles de son collègue déforma son visage entre un rictus de haine et d’amusement. Il était misérable, à le prier de le gracier, de le croire sur son silence, sur la sincérité de sa honte. Mais les deux hommes n’avaient rien en commun. Si Raven se complaisait dans sa médiocrité, son incompétence, sa faiblesse de cœur, Grindelwald visait des sommets bien plus hauts et avait déjà des strates que jamais son collègue ne pourrait atteindre au bout de cent vies. À cet instant, jamais l’envie de faire taire cette loque parmi les sorciers n’avait été aussi forte. Le mage noir sentit son cœur être afflué par une colère sourde, bourdonnant sourdement dans ses oreilles. Ses doigts se crispèrent sur la baguette tandis que Raven continua à proférer des évidences sur le sort qui attendait le mage noir en cas d’échec. Mais Grindelwald envisageait-il seulement d’échouer, désormais ? Toute sa vie en avait été ponctuée, que ce soit Durmstrang, son rêve délaissé, sa cause humaniste mais despotique qui l’avait rendu vaine ?

— Deux pauvres Aurors ne peuvent rien faire contre moi, Raven. Me sous-estimeriez-vous…? siffla-t-il entre ses dents.

Il le regarda un instant, contenant le plus possible sa main qui commençait à trembler d’une haine incontrôlée. Pourtant, Grindelwald avait souvent été dans une colère sourde, et généralement pour moins que cela. Mais, dans ces cas-là, il ne s’était jamais embêté avec la source de son énervement et pourtant, là, quelque chose retenait son geste final. Quelque chose l’empêchait de tuer Raven, sans qu’il ne puisse déterminer exactement ce que cela était. Peut-être avait-il contenu ses émotions trop longtemps qu’il n’était plus possible pour lui de les reconnaître, trop atrophiées étaient-elles désormais.

— Je me fiche bien de retourner à Azkaban, d’être torturé de nouveau, Belladone. Je pense avoir enduré bien plus, que ce soit physiquement ou mentalement, pour être préparé à ce qui pourrait m’arriver si les Aurors débarquaient maintenant. Cependant, comme je l’ai dit, ils ne peuvent rien contre moi. Comme ils n’ont rien pu faire contre moi précédemment.

Personne n’avait pu arrêter le mage noir. Si celui-ci avait fait un long séjour à Azkaban, cela avait été son propre choix. Il s’était rendu. Après avoir eu la vision de la dernière forme qu’avait prise l’Épouvantard. Il n’avait pas envie de s’étendre là-dessus, ni nul envie qu’Albus n’ait vent de quoique ce soit de ce qu’il venait de se produire. Mais est-ce que cela importait vraiment, s’il tenait sa rébellion au cœur même de la citadelle qui représentait sa plus grande menace ? Tel un loup dans la bergerie, il pouvait faire abstraction de tout ce qui gangrenait son cœur en conservant une part d’humanité en lui, la préservant comme un trésor en péril, se dégradant avec le temps. Il repensa à Ariana, qu’il aurait voulu protéger et venger. Son souvenir passa alors à Lavande, cette jeune perdue qui avait besoin de croire en elle et en son potentiel ou tout simplement en la valeur de sa vie. Peut-être était-ce là, son réel but : ne pas montrer le chemin aux autres mais à une personne en particulier qui pourrait peut-être changer les choses. Ou en tout cas, vivre banalement en paix, comme Albus Dumbledore, qui avait renoncé à toutes ses ambitions par sagesse. Cette dernière s’accordait d’ailleurs mal avec l’impulsivité. Si Grindelwald avait la clairvoyance du savoir, son contrôle sur lui-même avait des failles, l’aveuglant parfois, l’empêchant de voir les abimes dans lesquelles il se précipitait seul.

Le regard figé sur Raven dont le sang avait abandonné tout son visage préservé, Gellert sembla chercher quelque chose au fond des iris noirs de ce pauvre professeur qui aurait probablement voulu se retrouver ailleurs qu’avec son funeste collègue. Ce dernier finit par abaisser la baguette et la lança même à son propriétaire. Grindelwald détourna le regard, humilié, vaincu finalement par l’innocence de Raven et des élèves autour de lui. Enlisé dans un cadre paradisiaque, perdu dans les montagnes écossaises, le mage noir s’était abandonné à cette faiblesse qu’il avait enterré depuis si longtemps : la culpabilité. Ariana en était la représentation la plus équivoque. Il avait enterré ce souvenir douloureux, le faisant emprunter des chemins qu’il l’avait changé à jamais. Lavande était, probablement, une deuxième chance, représentation appuyée par la candeur et l’innocence bienveillante de Raven. Gellert soupira, la tête baisse.

— Ne dis rien à Albus pour l’Épouvantard, s’il te plaît.

Il inspira profondément, ravalant sa fierté d’avoir fait preuve d’une telle politesse devant Raven. Dépité, Grindelwald secoua la tête négativement avant de ricaner nerveusement, déçu de lui-même, ignorant si la décision qu’il venait de prendre était la bonne ou non.
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MessageSujet: Re: I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI]  I Won't Let This Build Up Inside Of Me [PV. Belladone Raven] [FINI] Icon_minitimeJeu 16 Jan - 12:31



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Salle de Défense Contre les Forces du Mal

Automne 1942
Belladone était un idiot. Pas de ces idiots incultes, braillards et violents dont les hauts cris sont jetés à qui veut bien les entendre. Non. Il était ce genre d’idiot paradoxal, qui savait se révéler brillant lorsqu’il s’agissait de belles théories, de collection de dates historiques et de synthèses précises consacrées aux doctrines compliquées qu’il avalait sans effort ; et soudain, lorsque la vie, la vraie, le prenait de cours, l’enfant prodige devenait le simplet bégayant, apeuré et tremblant pour une existence à laquelle il sentait la fin toute proche, stupide, misérable, à l’image de l’inutilité qu’auraient été ses actions pour la cause du bien. Achevé par sa propre baguette, la vue brouillée par les larmes, la gorge brisée par ce sanglot étouffé qui entrecoupait ce qui seraient peut-être ses dernières paroles, et qui avaient le parfum amer de supplications vaines. Pourquoi le grand et tristement célèbre Grindelwald épargnerait-il ce jeune homme faiblard et inutile, dont le mépris pour lui prédominait, peut-être bien plus que la haine ?

Belladone n’était pas prêt à mourir. Et c’était peut-être la seule chose dont il était sûr à cet instant précis, debout mais chancelant sur ses jambes qui flageolaient, les mains stupidement levées vers le criminel désormais armé qui n’aurait pourtant nul besoin de magie pour se débarrasser du témoin gênant qu’il représentait. Ses pitoyables supplications n’y changeraient rien, et même il lui semblait que les traits d’albâtre du grand mage noir se durcissaient un peu plus à chacun de ses mots, tandis que sa prise se raffermissait sur la baguette de sorbier qui n’avait jamais rien connu d’autre que la tendre main un peu faible de son jeune propriétaire.

Cela semblait une étrange hérésie, de voir ce bois tendre, verni et clair, armer la main pâle et roide d’un des plus grands criminels de l’histoire du monde magique, et Belladone ne pouvait s’empêcher de s’égarer dans ce triste constat, comme pour évincer l’inéluctable pressentiment qu’il allait mourir dans quelques instants. Le jeune homme pâlit lorsque Grindelwald éleva la voix. Parce qu’il était si mauvais orateur que ses paroles décousues étaient parvenues à exacerber un peu plus la haine que son trop puissant collègue lui vouait, précipitant là sa fin par un bavardage stupide et humiliant. Pourtant Merlin seul savait à quel point Belladone ne sous-estimait pas le grand Gellert Grindelwald ! Et l’intéressé aurait pourtant dû le savoir, à la peur terrible qu’il inspirait à son cadet, dont il usait et abusait pour le plaisir cruel de le tourmenter.

- Je ne vous sous-estime pas…Je…Oh…C’est simplement que…

A quoi bon continuer ? Les doigts blancs et glacés frémissaient déjà de colère, rendant frémissante la prise sur la baguette de sorbier, et Belladone comprit un peu tard que son silence, seul, pourrait retarder un tant soit peu l’échéance de son trépas ou des lésions cérébrales dont son aîné l’avait menacé. Rien de ce que le chétif Professeur de Défense Contre les Forces du Mal pourrait dire ne jouerait en sa faveur. Grindelwald ne l’aimait pas, Grindelwald lui enviait son poste pour lequel il ne le jugeait pas à la hauteur –secret de polichinelle-, et Belladone passait soudain aux yeux de Grindelwald d’inutile incompétent à témoin gênant à neutraliser.

Alors le jeune homme se tut lorsque le mage noir reprit la parole. Il se tut lorsqu’il évoqua les tortures subies à Azkaban, méthodes indignes d’un monde sorcier qui se targuait d’être civilisé ; il se tut lorsque Grindelwald affirmait pouvoir neutraliser les deux Aurors qui le suivaient comme son ombre depuis son arrivée, et Belladone savait qu’il n’y avait là nul pêché d’orgueil, et qu’en effet plus personne ne pourrait rien contre lui, s’il décidait, à cette seconde, de basculer de nouveau dans les ténèbres sépulcrales du crime et du mal. En réalité un homme, un seul, l’arrêterait pour sûr. La foi aveugle que Belladone vouait à Albus Dumbledore, grand parmi les grands, ne permettait aucun doute. Dumbledore l’arrêterait, parce que Dumbledore était plus grand que Grindelwald. Et si ce dernier le savait sans doute, même le jeune Raven n’était ni suffisamment stupide, ni suffisamment sous le choc pour lui répliquer qu’il aurait trouvé en Albus l’adversaire qui pourrait avoir raison de lui. Non, il ne disait plus rien, ses yeux de velours écarquillés sur son visage trop blanc, fixant les prunelles glaciales du mage noir qui serait peut-être sa dernière image d’un monde qui ne tarderait pas à s’éteindre pour sa candeur peut-être trop fragile pour pouvoir y subsister, après tout. Ses bras, même, étaient retombés le long de son corps, comme un aveu de son propre abandon, parce qu’il ne supplierait plus, parce que cela ne changerait rien et parce que Grindelwald ferait bien de lui ce qu’il voudrait. Sa propre vie ne dépendait même plus de lui, et il se contentait de fixer son adversaire comme un spectateur étranger à la scène, attendant qu’enfin sa propre baguette se lève pour lui altérer ses souvenirs, pour fouiller la plus infime parcelle de ses secrets les plus intimes, ou pour simplement mettre un terme à la monotonie inutile de sa vie, à laquelle, pourtant, il tenait peut-être un peu trop.

La baguette de sorbier s’inclina, pointant vers l’asphalte, cessant par-là de menacer ouvertement son propriétaire des pires tourments. Et ses yeux s’écarquillèrent un peu plus encore, cherchant dans l’impénétrable regard de Grindelwald une infime lueur de réponse, quelque chose, n’importe quoi qui put l’éclairer sur ce revirement de situation, si utopique que même le tendre Professeur n’avait pas eu l’audace d’y songer. A la vérité la stupéfaction était-elle qu’il dut rattraper sa baguette du bout des doigts, in extremis, persuadé que la chère compagne qu’elle avait été depuis ses onze ans serait la traîtresse qui l’enverrait au trépas. Sa main se resserra autour de sa baguette avec la force du naufragé qui s’accroche à une bouée, et Grindelwald avait baissé le regard, comme honteux d’une rédemption que sans doute il considérait comme une faiblesse, et qui avait pour sûr sauvé la vie de son infortuné collègue.

Belladone ignorait comment sa pitoyable défense avait pu avoir raison de l’impitoyable Grindelwald. Toujours est-il que sa stupéfaction ne s’achevait pas là, car celui qui le détestait déjà ouvertement, et qui avait eu là une bonne dizaine de raisons de se débarrasser de lui sans autre forme de procès semblait avoir décidé de ne pas profiter de la sombre opportunité qui s’était offerte sur un plateau d’argent. Car non seulement il ne comptait pas éliminer Belladone, mais l’idée d’altérer sa mémoire ou de pénétrer les méandres de ses pensées ne paraissait même plus le séduire. L’apparition des craintes les plus terribles de Gellert Grindelwald semblaient l’avoir vidé de toute énergie, de toute cette forme de haine et de mépris qu’il vouait à son jeune collègue, dont la fragilité bienveillante reflétait trop le fossé qui séparait ces deux personnalités antinomiques. Car peut-être pour la première fois depuis leur rencontre, le mage noir s’adressait à son benjamin comme à un égal, avec une politesse presque obséquieuse dont il n’usait qu’avec une poignée de gens. Si Belladone n’avait pas tant été sous le choc, ô combien la soudaine confiance que Grindelwald semblait lui témoigner l’aurait touché ! Mais à cet instant, le visage cireux et les lèvres pâles, luttant pour rester debout sur ses jambes et ne pas perdre connaissance, le jeune homme se contenta de bafouiller d’une voix tremblotante du salut de sa pauvre vie qu’il venait de racheter, Merlin seul savait comment :

- Vous…Vous avez ma parole…Je vous prie de…de bien vouloir m’excuser…Je ne prendrai pas part au dîner…ce soir…

Il ne s’agissait pas là d’un caprice. Son visage de craie et ses jambes qui ne demandaient qu’à s’effondrer auraient tôt fait d’attirer la suspicion sur son collègue à qui il venait de jurer de se taire. A quoi bon se compromettre ainsi, quand tout semblant d’appétit avait été réduit au néant, et quand ses interactions sociales se limiteraient à s’accrocher à la semi-conscience au fond de laquelle il paraissait comme hébété. Autant le croire souffrant, ce qui à la vérité n’était pas totalement un mensonge, et ce qui semblait la plus sage des résolutions, Belladone n’osant qu’à peine imaginer à quoi devait ressembler son visage. Et son instinct lui soufflait de ne pas s’exposer ainsi aux changements d’humeur du mage noir repenti, dont le rire aigre n’augurait rien de bon, et de s’en retourner pendant qu’il lui accordait la salvation, sans attendre un brusque changement qui lui coûterait peut-être la vie. Prenant à deux mains les maigres forces qu’il lui restait, Belladone balbutia :

- Je…Je vous souhaite une bonne soirée…Gellert…

Ce disant, le jeune homme, enfin, tourna le dos à son aîné, lui et sa baguette qui avait failli devenir l’arme des potentiels crimes de Grindelwald, et posa la main sur la rambarde du petit escalier en colimaçon menant à son bureau, peinant à gravir les quelques marches qui le séparaient de son bureau, ayant pour seul objectif de s’écrouler au fond de son fauteuil qui faisait face au feu qui ronflait dans l’âtre et oublier toute cette histoire tragique qui avait bien failli lui coûter la vie.


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