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Lavande Huntergrunt
Lavande Huntergrunt
Âge : 17 ans.
Sang : Née-Moldue.
Nationalité : Anglaise.
Patronus : Une hyène.
Épouvantard : Un Obscurus.
Reflet du Riséd : Elle n'y voit rien, pas même son propre reflet.
Baguette : Branche de hêtre entrelacé, sauvage et inflexible, 24 cm, ventricule de coeur de dragon.
Avatar : Felicity Jones
Messages : 291
Double-Compte : Anthelme de Musset
Date d'inscription : 22/07/2019

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MessageSujet: Re: « Asylum for the Feeling × Belladone Raven  « Asylum for the Feeling × Belladone Raven - Page 2 Icon_minitimeVen 24 Jan - 0:54



Asylum for the Feeling

« Sauve-moi car je ne peux même pas me raccrocher à moi-même. »

Septembre 1942.

Lavande ne pouvait que le sentir, le sablier terminant de faire s’écouler son sable blanc au fond du réceptacle de verre. C’était comme si elle pouvait le voir de ses propres yeux, les petits grains tombant sur sa pauvre silhouette avachie, la recouvrant jusqu’à finalement l’enterrer vivante. Elle savourait ses petites sucreries avec application, souhaitant en garder le souvenir dans la bouche ; tout comme elle regardait le professeur Raven pour en graver son image derrière ses yeux pâles. Se souvenir… ne pas laisser ce bel instant rejoindre les ténèbres habituels de son esprit. Ce moment rejoindrait les trop rares instants de bonheur qui constituaient sa vie, y prendrait la première place. Le jour où il lui faudrait apprendre à lancer un patronus, assurément que ce souvenir serait de ceux qui feront naître le plus bel esprit. Lorsque viendra la nuit, alors que la peur au ventre la fera grincer des dents au fond de son lit froid, elle se souviendrait de cet heure idyllique, et en rejouerait toutes les scènes et les accords dans sa tête jusqu’à les amplifier et les rendre fantasques, pour enfin trouver le sommeil. Le professeur ne pouvait se douter de tout ce qu’il faisait déjà pour elle, de cette aide précieuse qu’il lui octroyait à son insu. Qu’en aurait-il penser, de se savoir le prince charmant d’une idiote pauvresse née-moldue qui songeait à lui le soir pour s’endormir et trouver un peu d’espoir dans cette prison ? Certainement en serait-il gêné, et ce serait tout à fait normal.

Elle gardait la tête baissée sur ses friandises, savourant l’onctuosité légère du thé aux douces lumières dorées, et eut un tendre sourire en l’entendant reprendre la parole. Lui-même ne sortait pas souvent, répondit-il. Qu’il n’y avait rien de plus beau que l’obscurité de la nuit dont ne perçait que le franc reflet de la lune… parce qu’il gommait les imperfections de cet insupportable monde, que la violence s’en retrouvait atténuée sous les traits estompés du paysage nocturne. Un instant de silence, le temps d’une respiration et le sourire de Lavande s’affaiblit à son tour. Les ténèbres n’avaient rien d’enviable. Elle ne répondit pas. Elle en était incapable : qu’aurait-elle pu répondre, face à son enthousiasme sincère ? Qu’elle ne voyait la beauté de la nuit que parce qu’elle pouvait s’y fondre et oublier son existence dans le noir comme si elle n’était qu’une ombre ? Que la clarté de la Lune était magnifique, certes, mais d’une splendeur déchirante – seule et belle par-dessus les forêts. Cependant, il avait raison lorsqu’il parlait de cette paix mélancolique, qui rendait la plus triviale des choses dignes d’être peint par les plus grands maîtres. Elle parvenait même à rendre son village d’enfance poétique, la nuit. Les rares fois où elle prenait son courage à deux mains et sortait pour se promener dans les champs voisins, Lavande aimait se cacher dans l’ombre d’un muret – où les ténèbres engloutissaient son image et sa vérité, pour ensuite sortir le bout de son nez et regarder la lune  comme on admire une rayonnante et belle femme dans un bal. Car elle avait longuement envié la beauté de la lune, sa force dans les profondes obscurités de la nuit, sa prestance malgré la solitude de son monde éthérée, le fait qu’elle fut sans nul autre pareille à milles étoiles brillantes… et à présent qu’elle entendait le professeur Raven complimenter également la Lune, Lavande se sentait triste.

Les souris ! Au moment où elle s’apprêtait à mordre dans la tête de l’une, il la prévint. Cela détourna ses pensées de ses songes dépressifs. Elle ne devait pas être triste. Après tout, le professeur Raven s’occupait si bien d’elle et faisait tout ce qui était en son pouvoir pour calmer ses errances. La sorcière ratée ne pouvait se permettre de réduire ses efforts à néant. Après quelques dégustations bien mérités, il reprit en affirmant à nouveau que ce n’était rien et qu’il était heureux d’avoir pu la faire rire. Ces phrases eurent l’effet d’une bouffée de chaleur dans le cou de Lavande, qui n’avait rien à voir avec le feu de cheminée non loin. Être exempté des cours n’aurait pas été une mauvaise chose non plus, mais la jeune élève ne voulait pas manquer le moindre cours. Jamais elle n’avait manqué un seul cours. Sa pratique était inexistante, et la majorité de ses cours la reléguait au fond de la classe où elle répondait à des exercices théoriques sur des monts de parchemins vierges. C’était la seule chose dont elle avait droit et elle tenait à en profiter, surtout que sa mémoire n’était pas exceptionnelle.

« Nous les Professeurs sommes aussi là pour cela. » Pourquoi s’obstinait-il donc pourtant à dire des choses qui rendait Lavande triste ? Le ton procédural de son monologue faisait ressembler le tout à un vague texte pré-inventé qui faisait le café pour  tout type de mécontentement. Il faisait si calme, si bourgeois, dans tout son maintien délicat et la platitude de son verbe à la structure millimétrée. Lavande fut attristée et intimidée, mais sa dernière phrase la ramenait à des songes pleins de rancœur : non, les professeurs n’étaient pas là pour ça. Beaucoup d’entre eux manquaient cruellement de pédagogies, ne s’intéressaient qu’à leur matière propre et à leurs recherches dans ce domaine. Rien ne les excitait plus que de ne parler qu’aux élèves brillants et ingénieux qui permettraient de donner un petit coup de pouce à l’étude du milieu, ainsi qu’à ceux, curieux et désespérés, auxquels ils pourraient transmettre leur savoir – avec ce petit arrière-goût de celui qui vient déposer la bonne parole. Oui, beaucoup de professeurs manquaient cruellement de pédagogies et d’autres d’humanismes. Ce n’était pas si grave, car les êtres humains en général manquaient ironiquement de ces deux qualités à outrance. Elle-même n’était pas sûre d’en posséder beaucoup. Alors Lavande s’était levée, prête à retourner dans le nid des vipères, pour rejoindre son lit en espérant que celui-ci n’ait pas été piégé par un de ses camarades. En dépliant sa frêle carcasse, elle serra les dents ; ses courbatures au ventre seraient plus sérieuses que prévu, mais ça irait.

Le professeur Raven se leva à son tour et insista pour l’accompagner, bien qu’elle lui eut proposer de rester au chaud dans son bureau. A l’heure qu’il était, devoir descendre et monter les étages qui les séparaient du bureau jusqu’aux cachots, ce n’était pas rien. Être sous sa responsabilité avait quelque chose d’agréable néanmoins, Lavande ne pouvait se mentir et dire qu’elle n’était pas heureuse de le voir rester à ses côtés. Il s’activa et saisit un peu de ce qu’il restait sur la table pour l’enfoncer dans son sac à dos. Il lui offrait des bonbons de son placard ? La jeune fille l’observa faire, la bouche légèrement entrouverte sous la surprise. Ses joues rougissent de cette attention, son coeur battant aux rythmes des flammes qui faisaient perler leurs reflets sur les meubles cirés. Elle était si heureuse, sentant tout son corps s’éveiller dans une excitation toute enfantine. Ne restait plus qu’une triste pensée qui assombrissait le tableau : « J’espère que personne ne me les volera... » songea-t-elle. Mais la née-moldue ferait de son mieux pour que personne ne connaisse son butin. Elle n’ouvrirait plus son sac en présence de quiconque, quitte à se cacher dans les toilettes pour pouvoir manger les merveilleux cadeaux de son béguin. Même si elle eut un peu honte qu’il eut à toucher un sac aussi vieux et pitoyable, lui qui resplendissait d’habits propres et éclatants, comme s’ils eurent été cousus à même son corps. Elle rit doucement quand celui-ci lui demanda de ne rien dire, puis regarda ses pieds en se tenant timidement le bras :

Si les élèves se moquent de vos placards, c’est parce qu’ils voudraient avoir la même chose… mais ne vous en faites pas, je ne dirais rien, c’est promis. Je ne voudrais pas qu’on vienne me les voler…

Lavande penserait à lui à chaque confiserie dégustée. Ce serait une façon d’entretenir le souvenir, la chaleur de la cheminée sur sa peau, la tendresse de son sourire et l’écho de son propre rire mal-lunée. Elle prit le sac et l’enfila sur son dos, ressemblant à présent à une vraie petite écolière. Mais elle ne fit pas le premier pas hors du bureau, attendant que le professeur ne lui ouvre la porte. Si aucun d’entre eux n’avait fait le premier pas, refusant tacitement de sortir et de briser cet instant… mais c’était bien trop espéré, et le professeur Raven lui ouvrit galamment la porte pour lui permettre de sortir et descendre les escaliers vers la salle de classe… et ainsi de suite. Elle prit une bouffée d’air en retrouvant l’atmosphère glacé qui dormait dans les couleurs froides des pierres et des vitraux transparents. A cet instant, le monologue de l’enseignant sur la beauté du clair de lune prenait toute sa valeur. Celle-ci retombait mollement sur les livres anciens, sur les squelettes de créature magique et sur cette armoire contenant un Epouvantard… que Lavande ne connaissait que trop bien. Elle esquiva sciemment celle-ci, faisant un grand écart, et poursuivit son chemin. Une fois en marche, le silence se fit bien trop facilement – comme s’ils avaient peur que les murs de Poudlard aient des oreilles (ce qui n’était pourtant que trop vrai). L’écho du moindre de leurs pas terrifiait la jeune fille qui craignait qu’un simple mot de sa part puisse être entendu par toute l’école entière. Sa voix n’était qu’un murmure lorsqu’elle osa :

Vous êtes sûr que cela ne vous dérange pas… ?

Elle se doutait, au vu du trop bon coeur du professeur, de quel serait la réponse, tandis qu’elle descendait la première marche du premier escalier descendant vers le troisième étage… ils passèrent dans un long couloir, ressemblant en tout point à celui dans lequel le professeur venait de sauver Lavande il y avait à peine deux heures. Un frisson parcourut son corps tandis que sa marche ralentit. Ils marchèrent dans les rayons lunaires qui se découpaient dans les fenêtres, tandis que Lavande prit à nouveau la parole :

J’aime beaucoup la Lune aussi...

En sortant du cocon réconfortant du bureau, elle avait retrouvé un certain laconisme qui la caractérisait naturellement. Sa démarche était attiré par le mur, aimant à le longer en y mettant la main pour se tenir si jamais elle trébuchait. Des automatismes qui ne se ressentaient que trop. Même s’il n’y avait pas la moindre âme qui vive autour d’eux, il restait encore les tableaux pour les voir, les fantômes pour les entendre. Finalement, personne n’était jamais vraiment seul à Poudlard. Mais Lavande n’aimait ni les premiers ni les seconds. Lavande n’aimait pas grand-chose. Mais elle aimait la Lune, et par dessus tout, elle aimait le professeur Raven à ses côtés, auquel la lumière céleste conférait une dignité nouvelle, qui lui donnait envie de fondre en larmes.

©️ plumyts 2016
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Belladone Raven
Belladone Raven
Âge : 28 ans
Sang : Sang-Pur
Nationalité : Anglaise
Patronus : Un corbeau
Épouvantard : Lavande recroquevillée au sol, le visage baigné de larmes, qui implore son aide, personnification de son impuissance à combattre les Forces du Mal
Reflet du Riséd : Lui même sauvant Lavande à son bras, des étincelles flamboyantes jaillissant encore de sa baguette, provenant de la bataille qu'il vient de gagner
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MessageSujet: Re: « Asylum for the Feeling × Belladone Raven  « Asylum for the Feeling × Belladone Raven - Page 2 Icon_minitimeMer 29 Jan - 16:28



Asylum for the Feeling

« Couloirs de Poudlard »

Septembre 1942

Belladone s’était saisi au vol de la lanière de cuir élimé, son regard d’encre survolant avec pudeur l’état de décrépitude du sac de classe de la jeune fille, dont les coutures tendues à l’excès menaçaient de craquer. Et l’effet de surprise escompté avait un léger goût d’amertume, parce qu’il ne savait s’il devait rire ou pleurer de ces lèvres qui s’entrouvraient, immobiles, plantées sur le frêle visage de craie que la stupéfaction avait rendu écarlate. Comme prostrée, Lavande contemplait son Professeur garnir de confiseries son sac d’un autre âge, tandis que l’émeraude de ses yeux s’écarquillait de ce spectacle qui semblait avoir pour elle des allures de songe. C’était bien en cela que c’était d’une tristesse absolue, cette stupéfaction insolite envers un égard qui était si peu, et qui pourtant semblait tant compter à ces grands yeux ternes et tristes. Il y’avait du tragique dans cette petite silhouette immobile, roidie par les coups, figée la douceur inattendue du corps professoral qui, jusqu’ici, ne lui avait témoigné qu’une indifférence sombre.

Le jeune homme lui tendit son sac à bout de bras, un sourire bienveillant pâli par sa timidité coutumière étirant son visage fatigué. Ô comme Belladone espérait qu’elle ne pleure pas ! Parce que c’en était trop pour ce soir, qu’il était las et à bout de forces, et que si de nouveau les larmes creusaient leurs sillons cruels sur les joues ternes de la jeune fille, il lui faudrait surmonter l’exploit de retenir les siennes ; parce que c’était lui, son Professeur, parce qu’il faisait figure de référent, et parce qu’il aurait été malvenu et déplacé, de souligner par des larmes inconvenantes le déchirement que lui causait ce qu’il avait pu entrapercevoir de sa triste vie.

Mais la jeune fille ne pleura pas. Se contentant de hisser l’antique sac sur ses épaules, elle baissa les yeux vers l’asphalte, visiblement aussi gênée et émue que son Professeur par la déchirante situation qui avait quelque chose de tristement comique, parce qu’elle eut un faible rire, tandis qu’elle lui faisait la promesse solennelle de ne rien révéler son extravagante réserve à confiseries. Et peut-être Belladone aurait-il souri lui aussi, parce qu’elle était touchante, cette jeune fille qui insufflait une telle dignité à son serment de se taire, et parce qu’elle lui avait procuré la joie tendre d’accepter son offre sans chercher à résister à sa générosité qui lui soulageait un peu l’âme et la conscience. Et si c’était réellement attendrissant, de la voir le défendre en invoquant la jalousie des élèves, c’est la fin de sa tirade qui, de nouveau, assombrit le cœur de Belladone et effaça le sourire naissant qui avait étiré les commissures de ses lèvres.

Quoi, alors on osait donc voler une élève à l’uniforme fané, aux manuels flétris et à la robe si passée que l’on peinait à deviner qu’elle ait pu un jour être noire ? Alors il en existait pour ôter à cette pauvre jeune fille l’essentiel qu’elle n’avait même pas ? Il en existait des mains suffisamment scélérates pour plonger avec avidité dans les tristes abîmes d’un sac si vieux et si usé ? Les bourreaux de cette pauvre martyre poussaient-ils l’indignité jusqu’à la dépouiller du peu avec lequel, tant bien que mal, elle subsistait ? Nul besoin de miroir. Belladone sentait qu’il avait pâli subitement, car la chaleur que lui avaient conféré de concert le feu, le thé et l’émotion d’avoir procuré un peu de plaisir à la malheureuse s’était évanouie soudainement de ses joues dont la fraîcheur subite semblait s’insuffler à son sang qui se glaçait dans ses veines.

Fallait-il vraiment la ramener dans la fosse aux serpents ? Bien sûr que oui. Belladone n’avait guère d’alternatives, et cette impasse lui répugnait tant qu’il tâchait de ne pas trop y réfléchir, parce que cette impuissance le rendait fou, et parce qu’il lui semblait devenir un peu son bourreau lui aussi, en lui infligeant une pareille décision. La résignation de l’intéressée était pire encore, cette soumission mutique à la fatalité de son sort, ses yeux d’émeraude ternie ne réclamant rien à son Professeur, comme ayant deviné son incapacité à la protéger. C’est la voix frémissante d’une indignation mal contenue que Belladone répondit à la jeune fille qui semblait ne plus oser lever les yeux vers lui :

- Si jamais quelqu’un s’avisait de vous les dérober, je vous prie instamment de bien vouloir m’en informer, et vous promet de punir les fautifs à la hauteur d’une pareille bassesse.

Ce semblant d’autorité avait un goût risible de pathétisme. La jeune Lavande n’avait sans doute pas la mémoire courte au point d’oublier les piteuses remontrances infligées à ses bourreaux qui avaient été à deux doigts de torturer la malheureuse élève. Cette promesse tardive faisait-elle figure de pardon auprès de l’étudiante, dont l’œil voilé par les larmes n’avait pu dissimuler la déception cruelle qui avait transpercé l’âme fragile de Belladone ? Peut-être. Parce que devant tant de souffrance, le jeune homme voulait tellement bien faire, mais pouvait si peu que c’était à en crever de rage et de frustration, et qu’alléger quelque peu la peine de Lavande en punissant avec sévérité les auteurs d’un si odieux serait l’exutoire à tant d’indignation impuissante qui ne pouvait que bouillir dans ses veines en silence.

Brisé de lassitude et de chagrin devant une si jeune et si triste vie, Belladone baissa lui aussi les yeux, réprimant un soupir. La nuit avançait à pas sombres, et la prolongation de cet entretien devenait inconvenante. Aussi c’est sans plus réfléchir au fatalisme du destin de l’étudiante qu’il ne pouvait plus empêcher, que le jeune Professeur ouvrit à regret la porte de son bureau, avec au cœur la conscience très nette d’abandonner à son triste sort la malheureuse victime de ces bourreaux juvéniles. L’étudiante sortit docilement et emprunta le petit escalier en colimaçon, suivie par Belladone qui claqua doucement la porte derrière lui. La salle de cours, baignée de soleil et éclatante de rires juvéniles en plein cours, avait en pleine nuit ce calme inquiétant de sépulcre, qui la faisait ressembler à une plaine désolée, les pupitres et les squelettes de créatures magiques prenant soudain des allures de spectre, inondées de la clarté pâle d’une lune ronde et pleine.  

Le retour aux couloirs glacés et silencieux fut abrupt. Après l’alcôve douillette du bureau de Belladone, de son thé à la cannelle à ses confiseries et au feu ronflant qui crépitait joyeusement dans l’âtre, les ténèbres sépulcrales semblaient engloutir leurs silhouettes roides à tous les deux, renvoyant l’écho vrombissant de leurs pas pourtant légers. Seule la lueur de la baguette de Belladone, qu’il pointait galamment devant eux deux, déchirait l’épaisseur de l’obscurité. Plus que grâce à la faible lueur qui émanait de la baguette de sorbier, le jeune homme la savait là, au son intimidé de ses pas, au crissement de sa robe et à sa respiration qui restait saccadée. Lavande pouvait-elle remarquer le faible sourire attendri qui se dessina sur le visage las de Belladone, devant une inquiétude si touchante et si vaine ? La douceur de sa voix se répercuta contre les murs de pierre, qui renvoyaient l’affirmation rassurante du Professeur avec une gravité rogue qui n’existait pas dans sa voix tendre ;

- Bien sûr que non.

Et lorsqu’ils bifurquèrent au troisième étage, empruntant un couloir garni de vastes fenêtres, et que les pâles rayons de lune s’engouffrèrent dans l’enceinte du château, mêlant leur lueur blonde au halo magique que Belladone insufflait à sa baguette, il en profita pour baisser le regard vers la jeune fille, et lui offrir ce rassurant sourire que l’interrogation inquiète avait fait germer sur ses lèvres lasses. Elle ne semblait pas à l’aise, et cela l’attristait tellement, de la voir instinctivement raser les murs et baisser la tête, comme si elle souhaitait plus que tout disparaître, se fondre dans la dureté de la pierre pour ne faire qu’un avec elle, et ne plus jamais subir de ces tourments qu’elle ne subissait que trop. Il semblait à Belladone qu’elle cherchait à s’éloigner de lui, comme par prudence, comme si par malheur il était de tous ces autres qui contribuaient à lui faire du mal, par leur indifférence indécente ou leurs attaques frontales. Pouvait-il vraiment lui en vouloir ?  Comment une élève martyrisée des années durant sous le regard lâche et impassible de ses enseignants pourrait-elle avoir confiance en ce Professeur qu’elle ne connaissait qu’à peine, et qui l’avait si mal défendue, malgré toute la bonne volonté et le cœur qu’il avait mis à l’ouvrage ? Belladone avait le cœur déchiré par cette fille, éberluée de ce Professeur qui se refusait à la laisser vaquer seule et sous le choc dans les ténèbres glacées de Poudlard, peut-être encore à la merci de ses agresseurs. Il avait le cœur brisé parce qu’elle semblait considérer cette prudence des plus élémentaires comme une grâce que l’on semblait faire à sa personne, parce qu’elle n’avait pas pu la dissimuler, cette stupéfaction à pleurer de se voir offrir un thé et quelques sucreries, les recueillant comme l’offrande sacrée de quelqu’un envers qui personne, jamais, n’avait eu le moindre geste de compassion.

La voix basse, incertaine de la jeune fille, troubla de nouveau le silence morgue des couloirs. Elle aimait la Lune elle aussi. Le sourire éteint de Belladone s’élargit de nouveau devant la pureté de cette affirmation juvénile, claire, limpide, et qui l’attendrissait plus que de raison, extirpées des lèvres pâles de cette fille trop triste qui semblait déjà usée par plusieurs vies. Le Professeur Raven baissa de nouveau les yeux sur elle, son sourire pâle mais bienveillant toujours accroché à ses lèvres :

- Ah oui ? Eh bien, notre pâleur commune vient sans doute de notre attrait pour cet astre. Il est fort dommage que nous vous interdisions l’accès au Parc à la nuit tombée, la Lune y est tellement belle. Il me semble qu’elle berce le château un peu sombre, l’inondant de sa lueur douce. J’étais très triste de ne pas pouvoir sortir le soir, lorsque j’étais élève, et j’ai plus d’une fois eu envie d’enfreindre cette règle, mais je n’ai jamais osé.

Le léger rire de Belladone, face aux réminiscences de sa propre lâcheté d’adolescent mourut dans sa gorge. Ils étaient sur le seuil des cachots. Le jeune homme n’avait jamais aimé cet endroit qui lui conférait toujours un malaise inexplicable, le trouvant lugubre et glacial, inadapté, surtout, à des dortoirs destinés aux étudiants. Belladone, cette fois-ci, s’abstint de regarder la jeune fille, craignant que ces yeux d’émeraude ternie annihilent le peu de volonté qu’il avait de l’abandonner dans ces tréfonds glacés du prestigieux château, à la merci des bourreaux qu’il venait de si lâchement sanctionner. Il reprit sa marche, la mort dans l’âme, jusqu’au dortoir de la maison Serpentard, à laquelle appartenait la jeune fille. Belladone s’arrêta devant l’emblème vert et argent qui ornait la porte de la fosse aux serpents, se résignant, enfin, à se tourner vers l’étudiante qui le suivait sans rien dire ;

- Nous sommes arrivés. Avez-vous besoin de quoi que ce soit ? La proposition de passer la nuit à l’infirmerie tient toujours, si vous vous sentez trop faible pour…Affronter vos bourreaux ? Retrouver votre lit glacé ? Dormir d’un œil, aux aguets, surveillant l’attaque potentielle de ceux qui sont censés être vos camarades de maison ? Regagner votre dortoir. Cela ne me dérangerait pas de vous y accompagner, si vous aviez changé d’avis.

Belladone lança un regard encourageant à la jeune fille, rassemblant le peu de forces qu’il lui restait pour ne pas fondre en larmes, et se refuser à la laisser ici, immobile sur le seuil des cachots désolée, sous le joug de l’aigreur des courants d’air et de la cruauté de ses prétendus comparses.

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Lavande Huntergrunt
Lavande Huntergrunt
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MessageSujet: Re: « Asylum for the Feeling × Belladone Raven  « Asylum for the Feeling × Belladone Raven - Page 2 Icon_minitimeVen 14 Fév - 0:49



Asylum for the Feeling

« Sauve-moi car je ne peux même pas me raccrocher à moi-même. »

Septembre 1942.

La jeune fille aux yeux délavés n'avait pas daigné répondre autrement que par un délicat sourire quand le professeur de ses songes lui certifiait virilement que quiconque oserait toucher aux friandises de son élève serait puni à la juste valeur de son crime. Il y avait sincèrement de quoi rire. A quoi pourrait s'attendre des voleurs de bonbons, quand ceux qui tabassaient une élève sans défense s'en tirer à bon compte de retenus et de points en moins dans le sablier vert ? L'un d'eux avait même eu le luxe d'être docilement redirigé vers l'infirmerie pour une simple morsure, alors que Lavande en auait eu bien plus besoin. Mais elle ne se plaignait pas: elle avait pu pénétré dans le bureau magique du professeur Raven, qui sentait la cendre depuis le feu de cheminé, la fragrance sucrée de la patacitrouille et le thé apaisant. Et par dessus tout, l'odeur floral du professeur qui n'avait eu de cesse de hanter les réminiscences de ses narines depuis l'instant où elle avait plongé son museau dans le col de sa chemise, alors qu'elle tombait maladroitement sur son torse. Un autre délicieux souvenir, qui valait peut-être qu'on laisse s'échapper quelques futurs meurtriers. En tout cas, Lavande n'aurait échangé ce moment pour rien au monde.

Ce moment qui venait de se dérouler, et s'achevait à présent dans un silence maladroit. La bulle avait éclaté, brisant l'instant de paix et de bonheur qui avait été le leur pendant quelques minutes – en tout cas l'était-ce pour Lavande. Elle en avait vénéré chaque secondes... mais elle savait parfaitement qu'elle passerait chaque nouvelle seconde après son départ serait une seconde où elle décortiquerait les images du passé, où elle questionnerait chacune de ses expressions faciales et s'inquiéterait longuement de l'aura qu'elle avait du émettre. Elle songerait à la beauté du reflet des flammes qui dansaient à la perfection dans son regard noir, dans ce regard qu'elle avait dévoré sans aucune honte. Mais ils se trouvaient à présent dans les sombres couloirs glacés de Poudlard, plus aucune flammes ne pouvaient venir réchauffer leurs corps et leurs yeux. L'écho de sa voix toute bienveillante se répercuta sur les pierres anciennes, rassurant la née-moldue sur sa conviction. Il l'accompagnerait bien jusque sous la terre. Le coeur de Lavande battait sobrement, reprenant un rythme douloureusement simple, presque brimé, à l'approche de la séparation qui allait venir. Elle ne faisait qu'y penser, elle en avait peur. C'était ces moments où on n'avait pas envie de dire au revoir, où chacun restait dans un silence relatif, sans savoir quand et comment il fallait mettre un terme à la situation. Un moment de flottement. Elle avait envie de se rapprocher de lui, de prendre son bras et de blottir contre lui en attendant le moment fatidique. Mais elle ne le pouvait pas. Au lieu de cela, elle prononça ces quelques mots qui voulaient déjà dire beaucoup pour elle. La jeune fille avait peur des oreilles dans les murs de Poudlard, pourtant elle leur confiait son ombre.

Le professeur Raven lui répondit qu'ils devaient être tout deux pâles parce qu'ils aimaient la Lune. C'était possible. La coincidence fit doucement sourire la jeune fille. Si elle avait le moindre point commun avec lui, elle le prenait avec joie et reconnaissance. Cela lui donnait l'impression de se rapprocher de lui, d'être un peu plus légitime de sa présence. Était-ce la fatigue qui lui donnait des accents de poète ? Toujours est-il qu'il se plaignit qu'on ne laissa pas les élèves faire des promenades au clair de lune, car il en avait toujours rêvé étant gosse.

Comme Lavande aurait souhaité répondre un petit "j'aimerai aussi, je pourrais ainsi vous accompagner dans votre prochaine excursion"... mais elle n'en avait pas le courage. Elle ne pouvait que regarder la beauté de son visage s'élevant vers la lumière de l'astre nocturne, une dernière fois avant que leurs silhouettes ne disparaissent sous terre. La température baissa drastiquement, si c'était encore possible. Lavande frissonna péniblement, mais prit une profonde respiration pour s'habituer au froid ambiant. Il fallait avoir l'habitude, l'humidité des cachots rendait les pierres poisseuses, l'air âcre et froid. Lorsqu'on dort dans de pareils conditions, les réveils étaient toujours difficiles, l'humidité gonflant la gorge et rendant pénible l'élocution au matin. Mais Lavande ne parlait pas, alors c'était beaucoup plus facile pour elle de le supporter. L'odeur des cachots n'avait pas grand chose à avoir non plus avec l'éternelle odeur de renfermé et de moisi qui trainait sur le corps de la jeune fille, une odeur rance qu'elle-même ne sentait plus à force de vivre avec. Était-ce l'humidité ambiante qui faisait que ses cheveux graissaient plus vite que la normale, ou parce qu'elle avait peur d'aller dans la salle de bain quand les autres filles serpentard s'y trouvaient ? Elle ne savait plus tellement, tout se mélangeait dans sa tête.

De toute façon, elle ne voyait que Belladone Raven, dont elle savourait l'image une dernière fois devant l'entrée de la salle commune. Lavande était une fille qui parlait peu mais qui écoutait beaucoup; elle savait que les adolescentes regardaient beaucoup les différents garçons de l'école, gloussant entre elles sur le postérieur, la taille des épaules ou le sourire ravageur de tel ou tel star de maison. Mais ce qui faisait vibrer Lavande, ce n'était rien de tout cela – non, pas même le sourire du professeur. Bien évidemment, elle l'aimait également, mais ce n'était pas le plus important. Non, ce qui comblait ses songes d'une excitation propre aux amoureuses nubiles, c'était ses yeux, qu'ils fussent heureux ou tristes, leurs profondes abimes qui lui faisaient perdre le fil de ses pensées. Elle souhaitait pouvoir se noyer dans ce regard, ne plus penser à rien et juste le fixer dans un silence parfait; pendant qu'il la fixerait à son tour, ainsi elle deviendrait la seule à exister pour lui et inversement. Mais il n'y avait pas que ce tendre regard de chiot qui la faisait fondre, c'était aussi ses mains: des mains d'une immense délicatesse, fine et probablement d'une douceur inégalable. Elle regardait ses doigts se resserrer sur sa baguette, heureuse d'un lumos qui lui permettait de s'ancrer la moindre parcelle de son image dans sa rétine. Cette baguette qui prenait place dans une paume dont elle avait envie de découvrir les monts et versants, les creux de la ligne de coeur, la chaleur de ce sang qui pulse sous la peau. Elle voulait prendre cette main et la garder, comme pour se sortir la tête de l'eau.

Non... je n'ai besoin de rien...

Lavande baissa la tête vers le sol, honteuse de ne pas être capable d'en dire plus. Mais loin de l'atmosphère intimiste et protégée du bureau, sa voix ne portait plus aussi loin, ses mots ne disaient plus grand chose. Elle devenait d'une insupportable platitude, laconique et taciturne pour cacher les tourments qui possédaient son âme. Elle se mordit les lèvres, joua avec ses doigts devant ceux-ci pour qu'il ne voit pas sa bouche qui la complexait tant. Elle soupira et baissa à nouveau les yeux, regarda à droite à gauche. Il était évident pour un oeil pédagogue aguerri qu'elle avait envie de dire autre chose, mais la née-moldue en était incapable. La proposition de passer la nuit à l'infirmerie tenait toujours mais à quoi bon ? Retrouver l'un de ses assaillants ? N'était-ce pas mieux de rester au milieu du nid de vipère ? Les préfets ne l'aimaient pas particulièrement, mais ils étaient tenus à certaines règles.

Mais il lui proposait de l'accompagner, et la proposition était si douce, si tentante. Juste l'idée de passer quelques minutes de plus en sa compagnie lui donner du baume au coeur... mais elle savait que ce n'était que pour une trop courte durée. Une marche qu'ils passeraient dans le silence, parce que Lavande avait peur de parler, et qu'elle ne se sentait plus autant en confiance que dans le bureau aux odeurs merveilleuses. Poursuivre ainsi était inutile, elle le savait. Combien de temps étaient-ils restés là, à s'observer dans un silence gêné, lui la regardant inquiet et professoral, elle cherchant ses mots qui ne venaient pas, dans un ordre où ils ne signifieraient rien. Ce n'était pas à l'infirmerie qu'elle voulait passer la nuit, mais dans ses bras – ou même dans le fauteuil, devant le feu, partout mais proche de lui. Mais elle n'avait pas le droit de dire ces mots, pas lorsqu'il la regardait avec patience et dévotion. Finalement, Lavande prit une profonde respiration et regarda sur le côté, incapable de tenir plus longtemps la force de son regard:

Je vais retourner dans mon dortoir, tout va bien se passer, ne vous en faites pas... ça reste ma... maison. Tout va bien se passer.

Que votre maison devienne votre seconde maison, n'était-ce pas ça que l'on disait lors des réunions de répartitions ? Pour le coup, cela amusait Lavande: sa maison était littéralement devenue sa deuxième maison, pas grand chose ne changeait par rapport à sa ferme dans la campagne arriérée anglaise. Elle eut un petit rire à cette pensée, et poursuivit:

Sachez que je vous serai toujours reconnaissante de m'avoir sauvée.

Ses joues brûlaient d'un rosé crépitant, elle pouvait sentir la chaleur qui venait lui grignoter la chair de son visage; c'était excitant. Mais la fatigue l'empêchait de reprendre consistance d'elle-même, épuisée par sa trop longue nuit. Mais même la fatigue n'était pas capable de l'assommer suffisamment pour lui permettre de parler à coeur ouvert à l'homme de ses rêves. Elle s'inclina une dernière fois, et recula pour s'approcher de la porte. Ne pas lui tourner le dos, lui sourire, et tenter d'accrocher une dernière fois son regard. Elle aurait tant voulu déposer un baiser sur sa joue, ou le prendre dans ses bras.

Alors que la jeune fille répétait que tout allait bien se passer, sa voix était surprenemment posée, comme un texte qu'elle avait révisé mille fois dans sa tête. C'était certainement le cas. Tout va bien se passer, tout va bien se passer. Des mots qu'elle rêvait qu'on lui chuchote dans l'oreille en la couvant d'un bras. Mais c'était pourtant elle qui les prononçait pour Belladone cette nuit-là, comme si c'était à la pauvre née-moldue de rassurer le professeur. Oui, elle le rassurait, de sa posture digne, de son regard mort, et de sa voix monotone aux accents d'un autre siècle. Ses yeux se remplissaient pourtant de larmes, quand, passant le pas de la porte – elle referma celle-ci sur le visage de Belladone Raven.

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