Pensine de Gellert Grindelwald



 
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Pensine de Gellert Grindelwald

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Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Pensine de Gellert Grindelwald  Pensine de Gellert Grindelwald Icon_minitimeMar 17 Aoû - 8:48



Pensine de Gellert Grindelwald

« OHNE DICH »

Godric's Hollow, fin Août 1899.

Le cri d’Abelforth raisonna encore dans sa tête pendant de longues minutes. Un cri qui n’avait rien à voir avec le précédent, survenu quelques minutes auparavant. Là, il s’agissait seulement de désespoir. La douleur était plus forte que son propre sortilège Doloris et jamais Abelforth n’aurait pu ressentir une telle souffrance magiquement que celle qui crevait le cœur. Hormis les cris de son frère, Albus restait muet et immobile, les yeux rivés avec incrédulité sur le corps désormais inanimé à jamais de sa sœur. Gellert, lui, était tout autant de choc que les deux frères. Un pas de recul comme pour s’éloigner, se préserver de l’horreur qu’il venait de faire. Qu’avait-il fait, oui ? Comment avait-il pu s’abandonner à une telle rage aveuglée. Ses yeux qui le brûlaient déjà devinrent troubles et bientôt, sa vision devint aussi trouble que son esprit. Les secondes avaient été suspendues tandis qu’inconsciemment, Gellert continuait de reculer vers la porte d’entrée, le poing fermement serré sur sa baguette, s’écorchant la paume sur ses propres épines. Son dos heurta alors le bois de la sortie. La porte n’avait pas été verrouillée et, sous le poids de l’assassin, s’ouvrit légèrement. Abelforth tenait maintenant la dépouille de sa sœur contre lui, son cri déchirant le silence.

Puis, quand Gellert sentit l’air chaud de l’été caresser son avant-bras, le temps s’accéléra, repartant dans une course folle comme s’il tentait de rattraper le déséquilibre suspendu de l’horreur de la scène. Les secondes avaient repris leur écoulement sempiternel. Gellert ne savait pas ce qu’il faisait. Il n’arrivait pas à réaliser. Dès que le premier pas fut posé sur le perron, le deuxième le suivit et ainsi commença la fuite de Grindelwald. Sa baguette toujours plantée dans sa paume, il se mit à courir, plus vite qu’il n’avait jamais couru. Ses larmes s’écrasaient sur ses tempes. Son corps ignora son souffle erratique. Il passa devant ce champ dans lequel Albus et lui aimaient s’y allonger et regarder les nuages, terrassés par la chaleur caniculaire de l’été qui était désormais inefficace sur l’originaire des Alpes. Rien n’aurait pu arrêter Gellert. Le cri déchirant d’Abelforth raisonnait toujours ses oreilles, donnant l’impression que tout le village l’avait entendu et le regard stupéfait d’Albus hantait toujours ses rétines. Au bout de deux minutes d’une course intensive, la maison de sa grande tante dressa enfin son toit à l’horizon. Arrivé devant la porte, le souffle désynchronisé de tout geste, il s’arrêta et regarda ses pieds, essayant vainement de réaliser ce qu’il venait de se passer. Reprenant difficilement son souffle qui lui brûlait la gorge, il s’essuya les yeux d’un geste brusque du poignet à s’en griffer les yeux et passa la porte.

— Gellert, tu rentres si tôt ? Tout va bien…?

— Il me faut un Portoloin, vite.

Il ignora les remontrances de sa Bathilda sur son manque de politesse et sa rudesse effrontée. Il monta plutôt les marches de l’escalier quatre à quatre et, une fois arrivée à sa chambre, commença à regrouper toutes ses affaires. Vêtements, chaussures, livres… photographies et lettres. S’il n’avait eu le cran d’affronter la colère d’Albus, il était bien trop faible pour avoir le courage de voir la haine dans l’azur du seul qui l’ait jamais aimé. Les yeux toujours ruisselant de larmes, il fourra comme il pouvait les lettres rédigées par l’aîné de la tragique famille Dumbledore. Malgré ses gestes gauches, il ne s’arrêta pourtant pas, refusant un seul instant de repenser à ce qu’il venait de se passer à plusieurs centaines de mètres de là. Il s’attendait à tout moment qu’on vienne le chercher, qu’on l’oblige à être confronté à l’horreur de sa colère impulsive. Il avait perdu la tête quand Abelforth, un sourire goguenard mal contenu, était venu lui arracher le seul qui ait vraiment compté. Albus avait perçu le meilleur en lui mais le naturel était revenu bien vite au galop. Gellert cessa son rangement pendant un instant et regarda ses paumes. Il n’était pas humain. Il n’était pas bon. Il avait pensé être quelqu’un pouvant faire le bien avec Albus mais jamais plus ses mains ne se lieraient à celles de l’amour de sa vie. Il n’était qu’un monstre, comme on s’était évertué à lui répéter depuis son enfance. Finalement, il cacha son visage dans ses mains et laissa échapper ses sanglots. Combien de temps s’écoula, il l’ignora mais il fut interrompu par les coups de Bathilda à la porte.

— Mon chou, ton Portoloin est prêt, il te ramènera en Autriche...

— Merci.

Sa voix était plus éraillée et tremblante qu’il ne l’aurait voulu. Il finit ses bagages et passa devant Bathilda sans rien dire. Le regard bas, il ne voulait croiser le visage préoccupé de sa grande tante, probablement morte d’inquiétude. Pourtant, elle avait eu la décence de ne rien lui demander, de ne pas poser de questions et de se rendre compte de la gravité de la situation par elle-même. Avait-elle su pour Albus et lui ? Certainement. Il lui présenta alors ses adieux et posa la main sur Portoloin et Godric’s Hollow disparut sous ses yeux. Ses Alpes natales apparurent alors et, malgré la beauté du paysage, il ne put s’empêcher de le trouver laid. Ses yeux toujours ravagés par les larmes, il s’effondra dans la boue et n’osa bouger, abattu par le poids de sa propre monstruosité, le poids de l’aube de ses propres crimes. Il n’y avait aucune promesse d’espoir dans son avenir, il s’en rendait maintenant compte. Il avait tué Ariana, qu’il avait apprécié comme sa sœur, et tué l’estime du seul qui avait pu le comprendre, l’accueillir et l’aimer pour ce qu’il était. La solitude avait un goût bien étrange maintenant qu’il la retrouvait, là, dans la boue, au milieu du sentier désert qui séparait la forêt de pins. Finalement, les yeux toujours ravagés par les larmes, ne pouvant plus contenir sa peine plus longtemps, il poussa un cri de rage et de douleur, qui raisonna longtemps sur les cimes des Alpes, faisant fuir quelques corbeaux qui croassèrent leur mécontentement d’avoir été dérangés. Puis, après être resté immobile quelques minutes, fixant les empreintes des chevaux dans la boue, il finit par se lever et prit la direction de Nurmengard.
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MessageSujet: Re: Pensine de Gellert Grindelwald  Pensine de Gellert Grindelwald Icon_minitimeMer 23 Fév - 13:46



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« EPIPHANY »

Château de Nurmengard, fin 1927.

Grindelwald regardait les abîmes des Alpes depuis la grande baie vitrée de son château perché. Affalé nonchalamment dans son fauteuil, il faisait tourner la Baguette de Sureau entre ses doigts, le visage fermé. Le mage noir, après ses déboires à Paris, semblait soucieux et même agacé. Et pour cause. Le Pacte de Sang, artefact précieux contre Dumbledore, lui avait été dérobé. Plus qu’une protection puissante, il avait une valeur bien différente aux yeux hétérochrome du sorcier noir. Une valeur qu’il ne s’avouait pas, qu’il essayait de transformer en haine pure, avec plus ou moins de succès. Mais depuis quelques jours, la donne avait changé. Une vision, nette, macabre, tiraillait son esprit et avait fait naître le doute dans son cœur gangrené. L’éclat vert lui hantait ses pensées. Il revenait encore et toujours et à chaque fois, le corps d’un Dumbledore âgé basculant dans le vide. Il ne comprenait pas pourquoi cette vision l’affectait autant. Cela annonçait sa défaite, son échec dans l’élimination de son ennemi car ce n’était pas lui qui lançait le sortilège de mort. Ce n’était pas lui que le vieillard regardait. Ce n’était pas sa voix qui prononçait la formule à l’origine de l’éclair vert. Quelque chose ne lui allait pas dans ce scénario.

Paris n’avait pas été une victoire non plus. S’il avait réussi à ramener Credence sous son toit, il y avait toujours une part d’insatisfaction. Quelque chose d’inachevé. Un goût amer qui l’empêchait de voir les beaux jours de sa croisade. Et il s’était trompé ? Si sa vision d’un Dumbledore chutant, mort, d’une des tours de Poudlard, ne le gênait pas par orgueil de ne pas l’avoir fait lui-même mais par peine ? Si le vol du Pacte de Sang le mettait hors de lui plus pour la symbolique précieuse et cachée qu’il lui vouait sans l’avouer ? Non, tout de ceci ne lui plaisait pas. C’était impossible. Le visage toujours fermé, il cessa de regarder la beauté écorchée des Alpes pour regarder la fine cicatrice dans sa paume. Celle qui s’y trouvait depuis plus de vingt ans désormais et qui n’avait pas changé. Elle était devenu plus discrète au fur et mesure que les couleurs avaient abandonné la peau du mage noir devenue plus que blafarde mais elle se montrait toujours présente, rappelant ce lien qu’il avait scellé avec celui qui était devenu son ennemi. Plus il se penchait sur la question, plus il constatait qu’il ne pouvait se résoudre à voir Dumbledore mourir.

Flagrante et désagréable épiphanie, il se rendait compte qu’il ne pourrait asséner le coup final à son ennemi malgré cette baguette qu’il faisait gracieusement jouer entre ses doigts blancs. Et si, loin de son âme sœur, tout ce qu’il avait entrepris était voué à un échec cuisant ? Le professeur de Poudlard était sa seule résistance mais pas des moindres. Si en plus, les sentiments, chose pénible qu’il s’était évertuée à tuer, ressurgissaient et l’empêcher d’accomplir son œuvre ? L’empêcher d’éteindre l’éclat malicieux dans l’azur des yeux de Dumbledore. Il les revoyait comme au premier jour, ces iris pétillantes et espiègles de l’adolescent aux cheveux de feu dont les idées et la puissance l’avaient transcendé et avait fait naître en lui un brasier inextinguible de justice vindicative. Mais sans lui, il n’y avait personne pour empêcher les flammes de sa colère de se répandre sur le monde magique, à l’instar de Paris où personne n’avait tenté de le raisonner. Parce que tout le monde le craignait. Son simple nom faisait peser une menace sur les honnêtes gens ou créait un véritable élan d’enthousiasme et d’espoir. Il voulait sauver des peuples tout en massacrant froidement ceux qui s’y opposaient. Tristement, il se rendait compte qu’Albus l’aurait raisonné. Il n’y avait bien que lui qu’il daignait d’écouter, à l’époque. Et il sentait que malgré lui, malgré toute la haine qu’il lui vouait, cela n’avait pas changé. On toqua alors à sa porte.

— Entrez.

Il se surprit à espérer qu’il s’agisse de Queenie, jeune recrue à sa cause qui ne l’avait suivi que par sa naïveté amoureuse envers un Moldu. Sans se rendre compte, l’Américaine trouvée perdue sur les trottoirs de Paris jouait beaucoup sur ses interrogations nocturnes et solitaires, lui faisant prendre conscience de la force que pouvait prendre un amour déraisonné. Il n’y avait pas une once de méchanceté dans l’esprit enfantin de Queenie et pourtant, elle avait traversé ses flammes, pensant que la révolution de Grindelwald lui permettrait d’épouser l’homme qu’elle aimait. Et elle ne s’était pas trompée sur cela. Le mage noir se moquait bien de ces histoires de pureté du sang malgré tout ce qu’on pouvait dire sur lui. Il ne souhaitait pas la suprématie des sorciers sur les Moldus. Seulement, que les siens cessent de vivre caché et se privent de choses basiques telles que… l’amour…

Mais ce ne fut pas Queenie qui était entrée. Il reconnaissait les pas fiers de Vinda Rosier, son bras droit en France et qui l’était restée, un peu malgré lui, au fil des années. Elle se rapprocha de lui et se posa devant lui, dans sa fine et austère silhouette sombre.

— Que veux-tu, Vinda ?

— Je m’interrogeais, maître.

— Cesse de m’appeler maître, je te l’ai déjà dit.

Il ne daignait même pas la regarder. Sa présence avait fortement dégradé son humeur déjà sombre et le fait qu’elle ait l’audace de venir contester certaines de ces décisions l’exaspérait déjà.

— Parle.

— Je me suis bien occupée de la tâche que vous m’avez confiée, celle d’éliminer Arsakov suite à sa désobéissance.

— Et donc ?

— Je me demandais ce qu’il avait de fait de mal en tuant cette famille de Moldus norvégiens.

— Tu l’as dit toi-même, il a désobéi. Je n’ai jamais donné un tel ordre.

— Mais ce ne sont que des Moldus.

— En effet, et toi tu n’es qu’une femme et pourtant, je te donne de l’importance dans un monde où vous n’avez quasiment aucun droit.

Finalement, Grindelwald leva un regard sombre et menaçant sur celle qui se tenait droit devant lui et qui ne trouva rien à redire sur le moment. Docile, elle baissa les yeux.

— Excusez-moi, maî…

Un silence lourd s’abattit entre les deux interlocuteurs que Grindelwald brisa rapidement :

— Tu peux disposer maintenant.

— Vous m’avez l’air soucieux.

— Je te demande pardon ?

— Plus que d’ordinaire.

Surpris, il regarda sa subalterne, les sourcils hauts. Il savait Vinda insistante mais ne l’avait jamais vu si intrusive.

— Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ?

— Je ne crois pas, non.

Finalement, malgré le refus catégorique du mage noir, elle s’approcha de lui et fit légèrement le tour du fauteuil pour poser délicatement une main sur son épaule. Déployant une grande patience dont il n’était pas familier pour ne pas s’emporter, il regarda fixement les Alpes en face de lui sur lesquelles la nuit était tombée. Puis, tout aussi lascivement, Vinda plaça sa deuxième main sur son autre épaule et commença à descendre doucement sur son torse.

— Je te conseille d’arrêter immédiatement.

Pas de réponse de la part de la Française. Pourtant, Grindelwald ne broncha pas, de marbre. Si sa froideur aurait dû la ralentir, il semblait pourtant qu’elle interprétait cela comme une invitation à aller plus loin et s’octroya ce droit. Elle revint alors devant lui et posa une main sur sa cuisse, essayant vainement de regarder son maître dans les yeux. Mais le regard de ce dernier, aussi exaspéré puisse-t-il être, s’efforçait de regarder ailleurs, évitant de la fusiller par le simple croisement de leurs iris. Finalement, tandis que Grindelwald tentait tant bien que mal de se contenir, il pensa soudainement à Dumbledore, à son sourire, ses yeux, son odeur. Il eut presque l’impression de le voir devant lui, comme une sorte de fantôme, de matérialisation de sa conscience enfouie au fond de lui. Sans qu’il ne comprenne à cet étrange brouillard dans son esprit, il sentit pourtant les mains de Vinda se saisir dans une insupportable délicatesse de sa ceinture.

— Continue encore et je t’assure que je te réserve un sort pire qu’à Dumbledore.

Son visage déformé par une colère sourde, il croisa enfin le regard de Rosier qui comprit que le mage noir n’hésiterait pas à mettre sa menace à exécution. De plus, inconsciemment, il avait placé la pointe de la Baguette de Sureau sous les côtes de la femme qui, dans un instinct de survie, comprit qu’il ne s’agissait là nullement d’un jeu. Sans rien ajouter, elle s’éloigna, s’inclina rapidement et partit d’un pas pressé, laissant un Grindelwald furieux qui passerait le reste de la nuit à faire les cent pas avant de disparaître à l’aube pour rejoindre l’Angleterre.
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MessageSujet: Re: Pensine de Gellert Grindelwald  Pensine de Gellert Grindelwald Icon_minitimeMar 5 Avr - 23:52



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« WRATH »

Château de Nurmengard, septembre 1899.

Le retour à Nurmengard avait été douloureux. Le jeune homme était rentré les mains vides et salies, le cœur brisé. Son esprit avait erré plusieurs jours, essayant de se reconstruire progressivement. Adelhard avait écouté. Tout écouté. Il avait toujours tout su, tout deviné quand il s’agissait de son jeune protégé. Il avait tout accepté également mais l’adolescent n’en avait jamais douté. Gellert Grindelwald était rentré changé de son séjour écourté en Angleterre. Et le châtelain s’en était rendu compte immédiatement. Il avait toujours été patient et compréhension et cette fois-ci ne dérogeait pas à la règle. L’adolescent, quant à lui, était resté enfermé dans la propriété, regardant les abîmes des Alpes sous lui, le vent de l’été mourant lui caressant les cheveux encore et encore. Plusieurs jours passèrent où Adelhard essaya tant bien que mal de changer les idées à son fils adoptif, d’essayer de le convaincre que tout ceci n’était qu’une passe, que non, ce jeune homme aux cheveux de feu n’était pas le garçon de sa vie et qu’il en rencontrerait certainement d’autres. Le regard du mentor avait cependant changé quand le futur mage noir aborda la benjamine Dumbledore. De la déception, de la peur, bien que brièvement.

Grindelwald n’avait rien eu à redire, le regard bas, malgré que son mentor ait tenté de le convaincre qu’il ne s’agissait là que d’un accident. L’adolescent était honteux et meurtri, profondément bouleversé au plus profond de lui. Il se savait changé et que le chemin qu’il avait commencé à emprunter ne le mènerait que vers les ombres qui le réclamaient depuis des années maintenant. Sans Albus, où serait sa lumière ? Comment ferait-il pour ne pas s’enliser dans les ténèbres dont tout le monde le disait promis ? Abelhard ne semblait d’accord. Malgré les larmes de son protégé, il l’avait étreint fortement, contre son épaule. Gellert l’avait à son tour serré contre lui, les épaules secouées par des sanglots qu’il ne contrôlait plus et qu’il ne cherchait pas non plus à contenir. Longuement, son père adoptif avait tenté de le convaincre que cela ne faisait pas de lui un monstre, que l’évènement était regrettable, tragique et qu’il avait fauté sans aucun doute mais qu’il n’était pas seul responsable. Il lui avait même conseillé chaudement de reprendre contact avec ce jeune homme britannique qui comprendrait certainement la panique qui s’était emparé de Gellert. Et même s’il ne le comprenait, au moins le jeune germanique aurait fait le minimum pour expliquer son geste.

Mais un autre problème était survenu depuis que le fils Grindelwald était revenu au village : les habitants ne voulaient plus de lui. Son absence avait été rassurante pour ce peuple de Moldus qui n’aimaient décidément pas ce qui était différent d’eux. Si les Grindelwald n’avaient jamais été vraiment acceptés, la progéniture du défunt couple avait déjà une mauvaise réputation sur sa tête et ses années de scolarité loin de Nurmengard avaient été une bénédiction pour les badauds. Mais ils avaient fini par apprendre qu’il ne retournerait pas dans son école. Que rien ne l’empêchait de rester ici, dans les Alpes, avec eux. Les mauvais regards ne se cachaient plus. Il était désormais perçu comme une bête de foire, lui qui portait le fardeau de la mort de celle qu’il avait considéré comme une sœur, la honte d’avoir fui le garçon qu’il aimait. L’aura de Grindelwald était sombre et chargée de peine et de colère et certainement que les villageois la ressentait. Adelhard feignait l’indifférence bienveillante, faisait comme si de rien était. Lui non plus n’avait pas très bonne réputation, suscitant jalousie et convoitise, lui, l’homme dans le haut château, qui pouvait tout s’offrir sans jamais rien manquer et qui accueillait sans sourciller le monstre.

Septembre commençait à faire oublier Août. Le Soleil commençait à faire disparaître ses rayons derrière les pics déchirés des Alpes lorsque l’on frappa à l’épaisse porte en bois du château de Nurmengard. Adelhard, en maître des lieux, intima Gellert à rester lire son livre, avant de se lever. Le jeune homme le regarda enfiler son long manteau brun avant de disparaître. Il entendit la porte s’ouvrir puis, quelques secondes plus tard, se refermer. Après s’être replongé dans sa lecture, l’adolescent ne fit pas attention aux longues minutes qui s’égrenaient sans qu’Adelhard ne revienne à l’intérieur. Le Soleil avait désormais disparu. Il n’y avait plus que comme bruit que le travail du bois et le balancier de la vieille horloge dans l’entrée. Mais ce silence assourdissant, étrangement pesant, fut soudainement déchiré par une détonation d’un fusil. Surpris, Gellert se redressa immédiatement et se saisit de sa baguette non loin, les restes de son cœur menaçant de lui transpercer la poitrine à tout instant, l’angoisse lui enserrant entrailles et gorge. Tout de noir vêtu, ses cheveux blonds flottant souplement derrière lui, il se précipita à l’entrée. D’un geste de baguette, la porte s’ouvrit et vit en contrebas du château, une vingtaine de visages dont les ombres jouaient avec les flammes de leurs torches et lanternes.

Son regard hétérochrome s’attarda sur le canon fumant du fusil que tenait un certain Güller et ce qu’il restait dans sa poitrine cessa de battre. Il osa descendre ses yeux vers le sol pour y voir Adelhard dans une mare de sang qui ne cessait de s’étendre. Le temps se figea. Gellert resta là, les bras ballants, à contempler une nouvelle fois la dépouille d’un être aimé. Son sang commença à affluer dans ses oreilles et ses yeux se brouillèrent par des larmes de rage et de douleur. Cependant ses pieds restèrent figés dans le sol, incapables de se mouvoir vers les meurtriers qui étaient en face de lui. La balle qui fusa proche de son oreille le tira hors de sa torpeur et son regard fou de rage se posa sur Güller qui, à l’instar de ses camarades, sembla prendre peur. De panique, il se mit à recharger son arme. Pour une raison inconnue au Moldu, le bois de son fusil se mit à brûler les mains comme jamais, l’obligeant à la lâcher sur le sol meuble dans un cri de douleur. La panique commencèrent à gagner l’assemblée. Les plus couards, à l’arrière du troupeau, s’en détachaient déjà, craignant les représailles de cet enfant du Diable qui s’approchait déjà d’eux.

Mais leurs chevilles furent entravées et ce ne fut pas la chaleur réconfortante de leur foyer qu’ils retrouvèrent rapidement mais le contact brutal avec la terre sèche. Certains se mirent déjà genoux en suppliant leur Dieu ou Gellert lui-même de les épargner. Mais ce dernier ne détachait pas son regard assassin et vindicatif de Güller, passant près d’Adelhard. Dans la pénombre cependant, il ne vit que celui-ci était à peine mais toujours en vie. Non la soif de vengeance du garçon l’avait d’ores et déjà aveuglé. Arrivé à la hauteur de l’auteur du coup de feu, il le regarda droit dans les yeux, s’attendant à le faire faiblir par la force de son regard hétérochrome. Mais l’homme, bien que visiblement intimidé et effraya, ne céda pas. Ô comme le sortillège Doloris le chatouillait. Ô comme l’envie de voir cet homme s’effondrer par terre de souffrance le tentait. Mais les échos des cris d’Abelforth maintenait le peu de raison qui lui restait lucide. Alors, le souffle court, les yeux rouges de larmes et de colère, le visage déformé par la rage et la douleur, il leva sa baguette et d’un geste vers le bas, força tous les Moldus présents à s’écraser au sol, une main invisible exerçant une forte pression dans leur dos. Une voix affolée s’éleva alors :

— Gellert, je t’assure que nous ne voulions pas…

— LA FERME, MOLDUE.

La vocifération trahissait la perte totale des résidus de calme qu’il lui restait. Le souffle de plus en plus court, il regarda l’autrice de la plainte et la l’ignora, comme il le fit avec tous les autres : il avança entre les échines courbées qui tentaient de se relever. Lentement il se dirigea vers le village. Quand les premiers toits du village apparurent aux yeux furieux de Grindelwald, ce dernier n’hésita pas et d’un geste souple, fit s’embraser les habitations d’un brasier bleu. Des cris commencèrent à s’élever des maisons et ces dernières furent évacuées. Rapidement, les révoltés devant le château accoururent, le maléfice étant rompu. Il entendit alors Güller armer à nouveau son arme et Gellert se protégea de la balle qui fut tirée par un Protego rapidement placé. Puis, son agresseur fut violemment projeté contre le sol et le fusil fut rapidement réduit en cendres dans la foulée.

— Vous ne pouvez rien contre moi !

Les sanglots commencèrent déjà à faire écho à l’incendie glacial dans le village. Il s’approcha alors de Güller et s’accroupit souplement à côté de lui qui peinait à retrouver ses esprits après avoir heurté si violemment le sol.

— Quant à toi, je te laisse une chance pour vivre. Si jamais je te recroise, d’une façon ou d’une autre, je te tuerai, toi et ta famille. À commencer par ta fille.

Il se releva, le visage fermé. Il en profita pour envoyer fermement son pied dans les côtes de Güller, sous le regards des badauds hébétés et terrifiés. Le curé du village sorti alors paniqué de son église proie aux flammes bleues de Gellert et le regarda horrifié en tenant un crucifix entre les mains comme si cela avait un quelconque pouvoir contre lui. Les cris des enfants raisonnaient tandis que les premières charpentes commencèrent à céder.

— Je ne veux plus jamais que vous veniez jusqu’au château. Si, après mes absences, je retrouve le moindre gravier déplacé, le moindre rideau tiré, un seul coin de tapis plié, ce ne seront pas que vos maisons qui finiront en flammes. Réfléchissez bien à qui vous vous attaquez pour une fois.

Puis, juste pour le plaisir, d’un mouvement de baguette, il envoya le corps de Güller contre un des murs en feu sous les cris de stupeur des villageois dont certains se précipitèrent pour aider leur compère.

— Ce n’est pas moi qui ai retiré une vie aujourd’hui.

Tandis que les badauds s’écartèrent rapidement sur son passage, Gellert reprit la route du château. Arrivé au niveau d’Adelhard qui gisait sans vie, son regard se voila à nouveau et la colère disparut de son visage pour ne laisser place qu’à une profonde détresse. Les larmes roulant sur ses joues, il prit la dépouille dans ses bras et le ramena au château où il l’inhumerait au milieu du reste de sa famille.
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MessageSujet: Re: Pensine de Gellert Grindelwald  Pensine de Gellert Grindelwald Icon_minitimeMar 31 Mai - 8:00



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« RUNNING UP THAT HILL»

Château de Durmstrang, octobre 1894.

Les feuilles des arbres qui n’étaient pas des conifères commençaient à prendre une teinte ocre et sang. Le mois d’octobre commençait à s’installer sur les vastes terres froides de Scandinavie. Perdu entre deux pics acérés, entre la mer et les forêts, un château bien caché des yeux du commun des mortels se fondait avec le paysage presque aride de la toundra. Entre ses murailles, plusieurs baraquements la terre humide, presque rendue boue, recouvrait la grande majorité de la place fortifiée. Certains adolescents se tenaient sur les bancs et tables qui se trouvaient dans l’enceinte, des livres ouverts devant eux, une plume s’agitant sur des parchemins. Les jours étaient encore suffisamment chauds et longs pour que les jeunes gens dans leurs uniformes bruns presque militaires profitent encore de l’extérieur. Quelques oiseaux chantaient joyeusement, brisant le calme presque religieux de l’endroit qui aurait pu ressembler à un monastère ou à une école militaire. La cime des résineux s’agitaient également, faisant bruisser leurs épines entre elles. Il n’y avait pas un chuchotement entre les élèves, pas un bruit, tous semblant concentrés dans les études. On entendit alors les consignes d’un professeur au loin, sa voix portée par le vent agréablement frais du début d’automne.

Mais ce calme fut perturbé par un fracas d’une porte contre un mur, le souffle erratique d’un enfant essoufflé, ses bottes s’enfonçant dans la boue. Un genou à terre, le garçon d’une petite douzaine d’années se rattrapa rapidement, s’aidant de sa main afin de recouvrer son équilibre de bipède. Prenant ses jambes à son cou, un livre sous le bras qui n’avait touché le sol, il ne se retourna pas, le regard fixé vers la grande porte qui menait au gigantesque domaine sauvage de son école, ses cheveux blonds collés sur son front pâle et sa nuque. Tandis qu’il mettait de la distance entre lui et le bâtiment dont il venait de sortir, un groupe de garçons bien plus grands et bien plus âgés que lui surgirent de ladite porte. Leurs visages portaient une expression entre la colère et la cruauté, suggérant le fait que le garçon blond avait tout intérêt à courir plus vite qu’eux. Certains des adolescents sortirent leurs baguettes et des sortilèges fusèrent au-dessus des cheveux clairs de l’enfant qui ne s’arrêta pas, préférant changer de direction et se mettre à couvert. Les jets magiques firent relever la tête aux élèves sages et assidus dont la tranquillité venait d’être sauvagement et brusquement perturbée.

L’enfant, de par son changement de trajectoire, se retrouva devant une palissade en bois qui lui barra la route. Sans attendre, il lança le livre par-dessus l’obstacle qu’il entreprit d’escalader, non sans mal, ses bottes couvertes de boue glissant contre la paroi. Après quelques efforts, il parvint à passer son corps par-dessus et se laisser de l’autre côté tandis qu’il entendait les voix de ses camarades plus âgés vociférer son nom. Ne s’attardant pas, il récupéra le livre et reprit sa course. Il parvint à atteindre le grand portail austère de son école dont les grandes plaques de bronze donnaient sur une forêt de conifères assez dense qui serait parfaite pour que le gamin puisse semer ses poursuivants. De sa main libre, il retira à son tour sa baguette de ses mains et d’un geste bref et ferme, fit fermer magiquement les grandes portes, lentement cependant. Son visage ne regagna pas une expression sereine pour autant. En effet, certains des adolescents étaient parvenus à passer et ne s’étaient pas sortis de la tête d’attraper l’enfant qui s’enfuit dans les arbres. Ce dernier n’avait pas lâché sa baguette et d’un geste similaire que le précédent, lança un sortilège sur l’un des arbres. Son tronc fut sectionné en deux et s’effondra sur le sol pour dévaler la pente et arriver à toute vitesse sur les adolescents.

Dans le doute, le garçon abattit encore deux autres arbres, le bruit de l’écorce déchirant le silence et recouvrant son souffle haletant. Il s’arrêta pourtant quelques courtes secondes, tentant de retrouver ce dernier, regardant ses poursuivants retournant, paniqués, vers l’enceinte du château, les troncs se rapprochant dangereusement d’eux. Un sourire triomphal et amusé, presque candide, illumina le visage de l’enfant à l’œil blanc. Un rire victorieux raisonna discrètement et il tourna rapidement les talons continuant l’ascension de sa colline et sortant de la forêt au bout de quelques minutes. De là, il avait une vue splendide sur le domaine, ses forêts, ses fjords, sa toundra. Il aimait ce paysage mais seulement brièvement : quand la neige allait poser son manteau blanc dans quelques jours et que les jours étaient encore suffisamment longs pour en profiter. Après, la longue nuit s’abattrait sur eux, chassant la chaleur réconfortante du Soleil. Le gamin profita de la vue quelques instants, retrouvant son souffle. Puis, sous la grosse pierre sur laquelle il était assis, il déplaça quelques feuilles et brindilles pour récupérer une gourde qu’il avait cachée là. Il décrassa son livre qu’il avait eut sous le bras et commença à le lire, posé sur sa pierre, à dominer le paysage, loin de tous.

Il ne daigna bouger qu’au crépuscule. Il plaça le livre au même endroit que la gourde, dans sa petite cachette et reprit le chemin pour regagner le château. Au fur et à mesure qu’il se rapprochait, il entendait le brouhaha des voix qui montaient. Il était vrai que les troncs d’arbre avaient dû percuter les murailles et faire pas mal de bruit Mais les murs de pierre étaient si épais, si hauts, que le garçon n’avait l’air nullement inquiet. Cependant, il retrouva devant le grand portail les élèves qui l’avaient poursuivi quelques heures plus tôt ainsi que certains de leurs professeurs et des étudiants simplement curieux qui regardaient comment cette histoire de troncs au pied des murs allaient se terminer. Le jeune garçon savait que son nom avait été donné. De toute façon, il y avait des témoins de leur course-poursuite. Il s’approcha alors, résigné mais le cœur léger, comme si ces quelques heures passées au-dessus des arbres, au-dessus du fjord, avaient valu tous les châtiments qui l’attendaient. La fleur au fusil, le pas léger et l’air détaché, il s’approcha de la porte, sortant de l’orée de la forêt. Là, un des adolescents le pointa du doigt, furieux et un des professeurs ne tarda pas à approcher.

— C’est toi qui as fait cela, Grindelwald ?

Le concerné ne répondit pas, mais n’eut aucune insolence sur son visage et baissa plutôt les yeux humblement, avouant silencieusement sa culpabilité. Il s’attendait à ce que l’adulte l’attrape fermement par l’épaule et le traîne à l’intérieur ou quelque chose dans ce genre-là mais rien ne vint.

— Car c’est de la bonne magie que tu as fait, surtout si tu es parvenu à lancer des sortilèges informulés. C’est très impressionnant pour ton âge.

Surpris, l’enfant releva la tête vers son professeur. Il le complimentait ? Ce dernier se tourna vers la petite assemblée d’élèves notamment les adolescents qui l’avaient poursuivi.

— Je vous conseillerai de ne plus chercher des ennuis à Grindelwald à l’avenir. Il pourrait bien être plus doué que n’importe lequel d’entre vous.

Il reporta son attention sur le garçon.

— En revanche, tu sais qu’il est interdit de s’enfuir comme ça dans le domaine. Suis-moi.

Une certaine indignation et une jalousie forte se dessinèrent rapidement sur les visages des adolescents incriminés. Impassible, le visage sans aucune expression, le jeune garçon planta son regard hétérochrome dans ceux de ses opposants et ne dit rien, ne fit rien. Son professeur à côté de lui, il retourna à l’intérieur de l’enceinte, sentant les regards intrigués, envieux et inquiets des divers camarades autour du portail. Discrètement, un sourire fier se dessina sur les lèvres fines de l’enfant, tandis que les grandes portes en bronze se refermaient derrière eux.
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Gellert Grindelwald
Gellert Grindelwald
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MessageSujet: Re: Pensine de Gellert Grindelwald  Pensine de Gellert Grindelwald Icon_minitimeMar 26 Juil - 10:21



Pensine de Gellert Grindelwald

« THE EMPTINESS IS HEAVIER THAN YOU THINK »

Norvège, décembre 1927.

Grindelwald se tenait dans ses quartiers de fortune en Scandinavie, droit, admirant les fjords qui ne lui rappelaient que trop Durmstrang. Il n’aimait pas être ici. Il espérait que sa mission soit vite terminée afin de retourner dans le centre de l’Europe, là où se jouaient les véritables enjeux du monde sorcier. Mais sa présence ici était requise dans sa quête. Recruter des partisans, des adhérents à sa cause était primordiale. S’ils finissaient par constituer un groupe assez conséquent, sa révolution aurait du sens et des chances de réussir. Cependant, certaines choses le tracassaient encore. Certains détails sur l’avancement de son projet. Des doutes. Pernicieux qui s’immisçaient dans son esprit tel un cancer discret qui venait lui ronger des décennies d’inébranlables convictions. Paris avait changé pas mal de choses. Dumbledore qui envoyait Scamander tel un chien bien dressé à sa suite, Leta Lestrange qui avait préféré mourir que de le suivre. Pourtant, la foule avait été nombreuse et réceptive à son discours. Et pourtant. Il était maintenant en proie aux doutes, ces derniers trottant inlassablement dans sa tête. Le mage noir était tendu, agressif. Il n’avait voulu voir personne, pas même Queenie Goldstein, qui le suivait depuis Paris et dont la personnalité naïve mais profondément bienveillante parvenait à le calmer. Parfois.

— Vinda, où est Arsakov ?

Sa seconde était rentrée discrètement dans son bureau. L’atmosphère était désagréablement électrique et il sentait que son bras droit lui cachait quelque chose. Cependant, l’un de ses sbires (loin d’être son préféré cependant) manquait à l’appel alors qu’il avait signifié à ses troupes qu’il avait besoin d’eux. Vinda, cependant, semblait plus timorée qu’à l’accoutumée, presque coupable. Les yeux baissés, elle n’osait regarder Grindelwald dans ses yeux courroucés et asymétriques. S’impatientant, le mage noir dit d’un ton froid et brusque :

— Réponds.

— … Il… il est absent monsieur.

— Absent ?

Vinda sembla se faire petite, ce qui ne lui ressemblait pas. Il y avait définitivement quelque chose qui n’allait pas et cela n’en finit pas d’agacer Grindelwald, toujours immobilement froid, droit comme une statue.

— Tu sais où il est alors maintenant parle.

Elle sembla hésiter.

— Il se trouve dans les îles Lofoten… avec d’autres de nos partisans…

— Et peut-on savoir ce qu’il fait là-bas, sachant que mes ordres étaient clairs ?

Elle s’abstint de répondre. Gellert la regarda un instant avant de sortir de la pièce, furieux. Il disparut alors dans un bruit de craquement et se retrouva aux abords d’un petit village norvégien en proie aux flammes. Les cris de détresse mêlés à des rires rauques et mauvais se dégager du brasier des toits. Soudain, il aperçut un éclair vert, puis un deuxième. Il se dirigea vers la maison concernée et y rentra prudemment. Il entendit le remue-ménage causé par ce qui semblait être ses hommes à l’intérieur et cela ne fit que le plonger un peu plus dans une colère noire. Il regarda un instant le cadavre d’un homme au sol, certainement frappé de plein fouet par le sortilège de mort. Le visage fermé et dur, il releva le regard vers Arsakov dont le visage se décomposa en voyant le mage noir se tenir dans la pièce principale de la maison.

— Bonsoir, Vadim.

— Grindelwald.

Les deux hommes se regardèrent quelques secondes. Si le Russe semblait aussi fermé que son commandant, ses yeux trahissaient sa terreur. Lentement, Grindelwald regarda autour de lui et aperçut une femme décédée, non loin d’Arsakov. Certainement l’épouse de celui qu’il avait à ses pieds. Il dit alors d’une voix posée et d’apparence détachée, bien que toujours aussi glaciale :

— Peux-tu m’expliquer ce que tu étais en train de faire, je te prie ?

Arsakov ne répondit pas, visiblement hésitant. Un nouveau craquement sonore se fit entendre et la silhouette de Vinda apparut dans le cadre de la porte dont cette dernière avait été arrachée. Grindelwald nota le regard que ses deux sbires s’échangèrent et une rage soudaine l’envahit. Garder son calme, tandis que son sang bouillait dans ses veines, devenait de plus en plus difficile.

— Sortez tous.

Ils s’exécutèrent. Une poignée d’autres partisans les rejoignirent alors, penauds aussi de s’être fait attrapés durant leur massacre auquel ils semblaient prendre un malin plaisir. Grindelwald sortit alors sa baguette, ce qui provoqua un frisson de crainte parmi les insubordonnés mais s’en servit uniquement pour faire apparaître des épais nuages noirs au-dessus du village. Rapidement, une pluie épaisse s’abattit sur les flammes. Cela serait certainement la chose la plus normale que verront les habitants moldus. Si Gellert n’aimait pas cacher sa magie, il estimait qu’il fallait ménager les victimes de cet acte cruel qu’il n’avait nullement commandité. Puis, dans un énième craquement, tous disparurent et se retrouvèrent dans les quartiers de Grindelwald en Scandinavie. Les coupables se mirent en ligne, le regard baissé et Vinda, en retrait, échangeant des regards furieux avec Arsakov.

— Je me fiche de la raison pour laquelle vous avez fait ceci. Je pense même qu’il n’y en a aucune. Cependant, je déteste l’insubordination.

Il s’approcha de son ancien camarade avant de lui dire d’une voix basse :

— Je ne sais pas ce que tu as cherché à prouver, Vadim mais tu aurais dû savoir que ma patience avec toi était réduite.

— Vraiment, Grindelwald ? Après vingt ans, tu…

— Silence.

Le regard mauvais et méprisant, son visage à quelques centimètres d’Arsakov, il le regarda quelques instants, dans un silence plus que pesant. Non, Grindelwald ne se montrerait pas miséricordieux. Ni compatissant. L’acte de barbarie gratuit auquel il avait assisté, en plus de la désobéissance, le mettait hors de lui. Il dit alors d’une voix plus forte, s’éloignait d’Arsakov :

— Êtes-vous à ce point stupides ? N’avez-vous donc pas compris, l’intérêt de notre cause, de notre combat ?

Il eut un silence.

— Nous ne sommes pas des barbares. Comment voulez-vous que les sorciers nous respectent s’ils nous craignent ? Nous ne prônons pas la suprématie, n’ai-je donc pas été clair ?!

Il y eut quelques frissons dans l’assemblée. Il n’ignorait pas que la plupart de ses partisans se voyaient plus grands que certains de leurs semblables, estimant que leur sang était plus pur. Le visage de Grindelwald se déforma dans un bref rictus nerveux. Il y avait vu en eux des alliés importants et indéniables qu’il avait cru savoir tenir jusqu’à aujourd’hui.

— Aujourd’hui, vous êtes la honte de ce pourquoi nous nous battons. Je ne tolérerai plus l’insubordination dans mes rangs. Je vais m’abaisser à votre pitoyable niveau de cruauté et me servir de vous comme exemple.

Il marqua un temps et releva le menton, le visage fermé.

— Abernathy, Rosier. Tuez-les.

Il planta son regard dans celui d’Arsakov, celui-ci plus défiant que jamais. Il serait mentir que Gellert ne prenait pas une certaine satisfaction de savoir que l’un de ses tortionnaires de Durmstrang allait enfin perdre la vie sous ses propres ordres. Un plaisir certainement malsain, mélangé à des regrets de ne pas avoir fait cela plus tôt. Les Moldus qui avaient péri ce jour-là étaient morts en vain. De plus, cela ne ferait que diaboliser leur cause, la rendant plus élitiste que jamais alors que cela n’avait jamais été le propos de Grindelwald. Et tandis que l’éclat vert ébloui la salle et que le corps sans vie d’Arsakov tomba au sol, les doutes, plus présents que jamais, continuèrent de couler imperceptiblement l’esprit pourtant insubmersible du mage noir vers la plus primaire des peurs.
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