Aurora S. Bishop Âge : 16 ans. Sang : Sang-Mêlé. Nationalité : Anglo-Galloise. Patronus : Goéland. Épouvantard : L'image de sa mère qui s'éloigne de plus en plus, à mesure qu'elle tend son bras vers elle. Reflet du Riséd : Elle, couronnée du succès de ses produits au beau milieu d'une superbe boutique dont elle est propriétaire, sa mère à ses côtés. Baguette : 26,2 centimètres, bois de cornouiller et crin de licorne. Flexible. Avatar : Ana de Armas Messages : 38 Double-Compte : Belladone / Desiderata / Minerva / Solveig Date d'inscription : 27/10/2020
| Sujet: Re: [Flashback] L'insoutenable légèreté des cancres - Darragh Sam 3 Avr - 18:10 | | |
| L’insoutenable légèreté des cancres
Parc de Poudlard Mai 1942
Calme, paix, silence. Darragh avait beau dire, le programme ne faisait guère rêver sa bruyante et écervelée comparée qui rivait sur lui l’ambre perplexe de son regard. L'adolescente légère avait beau faire montre d'une ouverture d'esprit qui confinait parfois à l'audace, voire à l'insolence, l'esprit trop enjoué de la jeune fille peinait à s'imaginer le plaisir de l'accalmie que lui dépeignait son camarade de promotion. Comme un vent de tempête, la tapageuse élève traînait sur son sillage une tornade volubile de joie de vivre et de démonstrations trop expressives d'enthousiasme et d'une gaieté qu'elle ne réprimait jamais. Et sa présence qui battait l'air et emplissait tout l'espace se peinait des endroits trop vides et trop calmes, mornes plaines désolées d'une vie qu'elle se plaisait à voir partout. Se plaisait dans le bruit, la foule, la musique d'une symphonie ou de l'orchestre des éléments qui se déchainent sous ses pieds nus lorsqu'elle longe une plage agitée par les embruns qui déferlent leur colère. Les silences religieux lui donnent le vertige, le mutisme l'afflige comme une injure personnelle à sa personne, opprobre faite à son encontre, elle qui prenait un si grand plaisir à parler pour tout et n'importe quoi.
- Poudlard vide, ça m'a l'air d'être super triste...'Fin tant mieux si aimes bien !
Aurora lui adresse un léger sourire et une moue toujours perplexe, peu convaincue, persuadée pourtant que Darragh ne lui faisait pas l'affront de lui mentir. N'était-ce pas cela aussi, l'ouverture d'esprit ? Accepter que plusieurs vérités s'entrechoquent et s'acceptent, pour que s'unissent des affections au premier abord incongrues mais qui, au fil du temps, se révélaient souvent les plus solides et les plus profondes. Que Darragh se complaise dans les silences d'églises et les assemblées mutiques ! Peu lui importait au fond. Il y'avait des valeurs essentielles qui comptaient plus que tout pour la jeune fille, et qu'elle avait ressenti dans sa petite litanie pétrie d'empathie et d'une bienveillance qui l'attendrissait et faisait briller ses yeux d'ambre. La conviction qu'il était quelqu'un de bien ne comblait-elle pas ces petits différences dérisoires qui ne les séparaient que d'un minuscule pas, au fond, qu'elle était plus prête à franchir, surtout face à la confiance et à la prévenance qu'il venait de lui témoigner, sans rien réclamer en retour.
N'importe qui d'autre qu'elle aurait réfléchi deux fois à l'étreinte dont elle serra un instant le plus timide de ses camarades de promotion. D'autres, peut-être, auraient même pu y voir un semblant de cruauté, devant le malaise certain qu'une telle proximité pouvait insuffler au pauvre garçon qui peinait déjà à la regarder dans les yeux. Pour Aurora il n'y avait rien d'autre qu'une réaction d'affection spontanée et de gratitude touchée pour cet élève aux antipodes de tout ce qu'elle représentait et qui, pourtant, avait la prévenance de pas se moquer d'elle, et même de tenter de lui insuffler une confiance en ses médiocres capacités scolaires, que ses comparses qualifiés de "grosses têtes" ne manquaient pas de railler, devant elle ou non.
Mais Aurora était bien trop exempte de cruauté, et bien trop innocente dans cette légèreté qui en exaspérait tant, pour sentir le malaise certain du pauvre Darragh qui subissait l'étreinte imposée de plein fouet par la petite tornade aux éclats d'ambre et d'or. Une autre fille, pour sûr, aurait prêté attention au grand corps qui s'était roidi sous ses bras noués autour de son cou. Une autre fille se serait aperçue que ses bras à lui pendaient mollement, se refusaient à se joindre à l'étreinte, dans la patience embarrassée que s'achève enfin l'excès d'affection de sa trop démonstrative comparse. Une autre fille surtout aurait mesuré l'étendue de la gêne à la mine cramoisie qui s'essayait à lui rendre son sourire éclatant, dans un élan de courage et de forces qui menaçaient de s'étioler à chaque seconde qui s'écoulait.
Sourire qui s'élargit, Aurora réprime un éclat de rire devant sa prévenance, avec la vague conscience qu'il pourrait prendre cet accès de joie comme un affront. Après cette après-midi, offenser Darragh devenait bien la dernière chose dont elle avait envie. Mais c'était adorable, et il ne pouvait guère savoir qu'elle n'avait que rarement froid. Et il ne semblait pas l'avoir trouvé si exaspérante que cela, puisqu'il proposait de lui-même de poursuivre leur petite entrevue à l'intérieur. Une joie inexplicable à l'idée qu'il ne soit déjà pas las de sa compagnie fit étinceler de plus belle les petites étoiles qui brillaient au fond de l'ambre de son regard ;
- J'ai pas froid, mais j'ai un peu faim. Je veux bien rentrer. On pourrait aller dans la grande salle, il doit rester quelques petites choses du goûter. Ca te dit ? En fait ce que je trouve triste à Poudlard, c'est que si on est pas de la même maison, y'a pas beaucoup d'endroits où on peut se retrouver.
Et comment blâmer le clivage entre les Maisons, quand tout, à Poudlard, semblait avoir été fait pour les séparer ? Les salles communes interdites aux autres élèves, le Parc inaccessible en hiver, les compétitions diverses. Si Aurora n'avait ni la maturité ni la capacité de réflexion nécessaires pour exposer un avis clair et posé à ce sujet, la vague conscience que ces histoires de maison les liguaient les uns contre les autres la mettait mal à l'aise, parfois. Pourtant fière de la sienne, revendiquant son appartenance, dans un paradoxe étrange, dont elle ne parvenait pas à se démêler, elle admettait aisément qu'il était appréciable de retrouver au sein de son dortoir des valeurs communes et un esprit partagé par ses comparses. Mais l'exemple concret de son affection pour Darragh prouvait bien que le système avait ses limites, et que les affections hors maisons restaient compliquées à entretenir, au sein de l'école.
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